Titre : Charlie

Disclaimer : Vous ne le saviez pas ? Je ne possède ni les personnages ni l'univers de Harry Potter... Par contre, beaucoup, beaucoup de choses écrites ici sont directement issues des livres, interviews de JKR et de sites français et anglo-saxon consacrés à Harry Potter, dont Pottermore, EHP et Wiki Harry.

Catégorie : Family/Romance

Rating : M pour passages citronnés, langage et scènes un peu délicates... Oui, vous lisez du Mandy, ne l'oubliez pas ^^'

D'autre part, il sera question de slash, un Yaoi, bref une histoire d'amour entre deux hommes. Si cela ne vous convient pas, homophobes merci de sortir (à gauche, au bout du couloir, vous ne pouvez pas vous tromper).

Bêtas : Nanola et Wrire

Fréquence de parution : 1 fois par semaine, le dimanche ou le lundi... Et je dis bien "ou" pas "et" !

Note : Je précise que je réponds à chaque review, y compris aux anonymes, sur le forum en ce qui concerne ces derniers (lien sur mon profil). Si par malheur j'oubliais de le faire, n'hésitez pas à m'envoyer une beuglante par MP pour que je rectifie le tir :)

J'ai écrit cette histoire qui, à la base, ne devait être qu'un bonus à la fiction « Identités déclarées ». Comme cela m'arrive souvent, je me suis laissée déborder, c'est devenu un OS puis un two shot puis... une fiction complète qui fait aujourd'hui 17 chapitres.

Elle raconte avant tout l'histoire de Charlie Weasley, le grand oublié de la saga alors qu'il est l'un de mes personnages préférés (sérieux, comment ne pas parler d'un dragonnier ?), de sa naissance au début de sa romance avec Harry Potter, puisque cette histoire est en lien avec ID. Cependant, ne pas avoir lu cette dernière fiction ne gêne en rien la compréhension de celle-ci puisque que Charlie se passe avant ID.


CHARLIE

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Chapitre 1

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Années 1972 - 1978


12 décembre 1972

Les cris de Molly se firent moins forts, moins douloureux tandis que le Médicomage lançait le dernier sort calmant.

Arthur tournait en rond dans la petite pièce. Ce n'était pas normal. Pour Bill, cela avait duré moins longtemps et tout le monde disait que les naissances suivantes trouvaient un déroulement plus rapide. Alors pourquoi donc sa chère et adorée femme souffrait ainsi depuis des heures ? Pourquoi ce satané bébé refusait de sortir du ventre maternel ? Il s'en voulut à peine pour ses pensées envers son deuxième enfant qui tardait à naître. Bien sûr que cela n'était pas la faute de l'enfant, mais tout de même !

Le Médicomage s'éloigna enfin de la table d'accouchement et Arthur se précipita au chevet de Molly.

« Ça va mieux, ma chérie ? » demanda-t-il gentiment alors que son épouse refermait sa main dans la sienne.

« Je suis fatiguée, Arthur, si fatiguée, » souffla-t-elle en réponse.

Le futur papa se retourna vers le Médicomage qui avait l'air sombre.

« Docteur ? Encore combien de temps ? »

« Je l'ignore, monsieur Weasley. L'enfant n'arrive pas à descendre. Si cela perdure, nous serons dans l'obligation de procéder autrement. »

« Autrement ? »

« Oui. Césarienne, » lança l'homme en blouse blanche en le regardant dans les yeux.

Molly se mit à pleurer en entendant la nouvelle.

« Non ! Non ! Je ne veux pas de césarienne ! »

Elle tourna son visage dans les bras d'Arthur en sanglotant misérablement.

« Madame Weasley, nous n'aurons peut-être pas le choix. Pour l'instant, malgré le fait que l'accouchement soit long, tout se passe bien. Mais si vous vous épuisez ou si le cœur du bébé montre un signe de détresse, nous devrons le faire, » essaya de lui expliquer le Médicomage avant de quitter la salle d'accouchement, laissant Molly aux bons soins de la sage-femme.

Après plusieurs longues minutes où Arthur s'affaira à consoler son épouse, l'attente reprit. Grâce au renouvellement des sorts, Molly ne souffrait pour ainsi dire plus. Mais Arthur s'inquiétait, pour elle et pour l'enfant.

« Bill ? » murmura Molly.

« Bill ? Bill est à la maison avec Fabian, Molly. Tu ne t'en souviens plus ? » s'inquiéta Arthur.

« Il doit s'inquiéter. Je lui avais promis qu'il pourrait venir me voir rapidement, avec le bébé. Mon pauvre chéri, il doit croire que je l'ai abandonné ou oublié, » se mit à pleurer la jeune maman.

« Non, Mollynette, ne t'inquiète donc pas. Fabian est avec lui, il a dû lui expliquer que son petit frère ou sa petite sœur n'était pas encore né. Rassure-toi ma chérie. Bill ne pensera jamais une telle chose. »

« Je veux mon petit Bill... Pourquoi ce bébé ne veut pas naître, Arthur ? »

« Il veut naître, ma chérie, il va bientôt arriver. Bientôt tu auras tes deux bébés à tes côtés, » tenta de la rassurer Arthur en lui caressant les cheveux.

Le temps s'écoula de nouveau. De lourds flocons de neige tombaient mollement derrière la vitre de la fenêtre de la salle d'accouchement. Arthur regardait leur chute paresseuse alors que les geignements de Molly reprirent. La nuit était tombée depuis longtemps, la lumière blafarde de la lune et des lampadaires éclairait faiblement les étoiles blanches et glacées qui tombaient sans fin. Arthur soupira intérieurement. Chez eux, Fabian devait somnoler dans le salon, attendant l'appel de cheminette lui annonçant que sa sœur avait accouché. Bill, quant à lui, devait dormir dans sa chambre, dans son petit lit à côté du futur berceau du bébé. Gideon leur avait dit qu'il passerait ce week-end. Ils avaient prévu d'aller chercher un sapin dans la forêt et de le décorer tous ensemble en vu de Noël qui approchait. Molly et lui avaient déjà acheté une peluche pour chaque enfant. Un étrange nœud se forma dans le ventre d'Arthur.

Et si le bébé ne survivait pas ?

Il se secoua vivement pour faire fuir cette pensée funeste. Jamais il ne l'avait eue en neuf mois de grossesse. Jamais il ne l'avait imaginée lors de la naissance de Bill. Alors pourquoi maintenant ? Il jeta un regard anxieux à l'infirmière qui quittait la salle pour aller chercher le Médicomage.

Quand celui-ci entra dans la petite pièce, il s'avança vers Molly pour l'examiner de nouveau, s'attirant quelques plaintes plus fortes.

« C'est bien Molly, je sens la tête de votre enfant, vous allez pouvoir pousser à présent. »

La naissance proprement dite commença enfin. Les plaintes de Molly se firent cris, alors que péniblement, l'enfant sortait de ses entrailles. Mais Arthur n'était pas serein. Il vit les sourcils froncés du médecin, sentit le stress de l'infirmière qui lançait de nombreux sorts pour contrôler le rythme cardiaque tant de la mère que de l'enfant.

Subitement, la sage-femme se précipita vers le Médicomage. Ils ne parlaient pas, toutefois Arthur comprit que quelque chose n'allait pas.

« Vite, vite, » souffla l'homme. « Il l'a trois fois autour du cou ! »

Des sorts fusèrent de la baguette de l'infirmière alors que Molly poussait encore en criant. Arthur put à peine voir une petite tête rousse, puis un corps bleuté qui ne bougeait pas avant que l'infirmière ne prenne son enfant et ne court sur une petite table à langer installée plus loin.

Le père de famille ne savait plus quoi faire ni où aller. Son épouse geignait pendant que le médecin lui parlait doucement tout en lui proposant une fiole de potion à boire. Arthur réalisa soudain qu'il ne savait pas s'il avait un fils ou une fille et que surtout, l'enfant n'avait toujours pas pleuré. Il sentit la main de son épouse, qui jusqu'alors emprisonnait la sienne, se faire plus molle. Un rapide coup d'œil lui apprit qu'elle s'endormait. Une autre infirmière pénétra dans la pièce et sans même se présenter, bouscula le jeune papa pour prendre sa place aux côtés de sa femme.

Arthur était perdu. Totalement perdu. Une peur sans nom l'engloutit. Était-il en train de perdre sa femme et son enfant ? Est-ce que ce qui devait être l'un des plus beaux jours de sa vie allait devenir le pire ?

« Mais... mais ! » balbutia-t-il enfin.

« Tout va bien pour votre épouse, monsieur Weasley, ne vous inquiétez pas, » lui lança rapidement le médecin entre les cuisses de sa femme, sa baguette à la main.

Arthur l'entendit et s'en sentit soulagé. Pourtant cette peur, qui ne le quittait pas, l'étouffa de nouveau. Et l'enfant ?

Il se réveilla brutalement de cet étrange état de torpeur dans lequel il était plongé pour se précipiter cette fois au chevet de son bébé. Le sage-femme ne lui jeta pas un regard alors qu'elle s'activait sur le corps de son fils. Oui, c'était un petit garçon. Il ne bougeait toujours pas et ne semblait pas respirer.

« Oh Merlin ! Non ! Charlie ! » s'écria Arthur. Son Charlie, son bébé Charlie ne pouvait pas mourir avant d'avoir vécu ! Non !

Il aimait tant ce prénom. Molly préférait Perceval, tandis que lui voulait Charlie. C'était un prénom qu'il avait toujours adoré. Quand il était plus jeune, avec ses frères, ils avaient un jour parlé de leurs futurs enfants. Ce prénom, énoncé par Bilius, l'avait aussitôt marqué. Et ne l'avait jamais quitté. Molly ayant déjà choisi celui de William, ils avaient décidé que si l'enfant qu'elle portait était un garçon, il se prénommerait Charlie. Arthur ne l'avait jamais avoué à sa femme mais il espérait en secret que son enfant à naître serait encore un fils. En effet, ils n'avaient pas voulu savoir le sexe du bébé, préférant garder la surprise pour la naissance.

Le grand homme roux savait parfaitement que son épouse voulait une petite fille, ayant déjà son petit garçon qu'elle couvait plus qu'une poule et adorait par dessus tout. Arthur, lui, voulait son petit Charlie, un fils qu'il pourrait peut-être un peu plus approcher et pouponner qu'il n'avait pu le faire avec Bill.

Et là, son petit Charlie ne bougeait pas !

« Ça va aller, monsieur Weasley, attendez s'il vous plaît, » fit la voix calme de l'infirmière qui s'activait toujours sur le petit corps. À peine eut-elle dit cette phrase que l'enfant bougea, le vagissement typique des nouveaux-nés sortit enfin de sa bouche et sa peau se colora.

L'infirmière le prit doucement dans ses bras en le berçant un court instant.

« Voilààà. Tout va très bien maintenant, hein petit coquin ? Quelle idée tu as eu de t'entortiller de cette façon dans ton cordon ? Tu as fait très très peur à ton papa, chenapan. » Elle sourit à Arthur qui sentit ses joues s'humidifier. Mais c'était des larmes de joie, bonheur et soulagement.

Il tendit ses mains vers le petit qui gesticulait. L'enfant était chaud, humide et le regardait de ses yeux bleus. Un véritable coup de foudre s'abattit sur Arthur. Il rit tout en pleurant, serrant tendrement le bébé contre son cœur.

« Oh mon chéri, mon bébé d'amour, papa a eu si peur pour toi. Ne refais jamais cela, mon Charlie. »

En tenant toujours son fils dans les bras, il suivit l'infirmière dans une salle encore plus petite à côté de celle d'accouchement. Il jeta un rapide regard sur Molly. Le Médicomage lui sourit lui aussi en lui faisant un signe de la main pour qu'il continue de suivre l'infirmière. Tout allait bien. Pour une raison qu'il ignorait, Molly avait été endormie afin qu'on lui fasse les derniers soins. Mais elle allait bien et n'avait visiblement pas besoin de lui.

Arthur suivit donc docilement l'infirmière qui venait de remplir une minuscule baignoire d'eau tiède. Le jeune papa s'avança, bien décidé à donner lui-même à son enfant son premier bain. Il n'avait pas osé le faire pour Bill. En réalité, il avait craint pendant plusieurs jours de s'occuper du bébé, si petit et fragile, par peur de lui faire du mal. Par la suite, Molly avait pris en charge tout ce qui concernait Bill, ne laissant que peu de place à Arthur. Et puis, à chaque fois que Bill était plongé dans l'eau, il se mettait à hurler, ses joues devenant aussi rouges que ses cheveux, ce qui n'avait jamais incité Arthur à le baigner.

S'attendant au même comportement avec son cadet, Arthur le plongea précautionneusement dans l'eau tiède. Pourtant, l'enfant ne dit rien. Il ne pleurait plus et se laissa porter par les mains de son père dans l'eau qui le rinçait. Ses yeux bleus ne voyaient certainement pas grand chose, mais il tournait la tête et clignait des paupières. De nouveau, Arthur ressentit une si grande vague d'amour pour ce petit être calme qu'il en fut submergé.

Une fois l'enfant lavé, il le porta, l'emmitoufla dans une serviette douce et se décida à l'habiller. Il lui passa d'abord un petit body blanc, cadeau de Gideon qui serait son futur parrain, donnant par la même occasion son prénom au bébé, après celui de Charles. Par dessus, il lui enfila un pyjama tout doux, d'un bleu tendre avec un Vif d'or brodé sur le ventre, cadeau de tante Muriel. Étonnant d'ailleurs, car la femme, Gryffondor jusqu'au bout des ongles, n'offrait en général que du rouge ou du jaune. Sans doute était-ce à cause du Vif. Et enfin, Arthur posa sur les cheveux roux un fin bonnet blanc en coton doux qu'avait tricoté Molly durant le dernier mois de sa grossesse. Le bébé avait fermé les yeux pendant ce qui devait être une épreuve pour lui, bercé par les mains et la voix émue de son père qui gazouillait sans discontinuité des mots d'amour à son fils.

Une fois celui-ci habillé, Arthur reprit aussitôt son précieux fardeau dans ses bras, pour le couvrir de baisers. Il regarda son fils avec une admiration sans retenue. Il aimait ce bébé, il l'aimait tant. Son autre bébé, désormais grand frère, devait encore dormir, cependant Arthur n'avait qu'une envie : se précipiter dans la cheminée avec son nouveau-né dans les bras, pour aller embrasser son aîné tout en lui montrant sa deuxième merveille.

Tenant toujours le nourrisson contre lui, il sortit avec l'accord du Médicomage de la salle et se dirigea vers l'une des cheminées du service maternité. À cette heure avancée de la matinée, il n'y avait encore personne. Arthur jeta une poignée de poudre dans l'âtre, avança sa tête et entreprit de réveiller Fabian, endormit sur le canapé, afin de lui annoncer la bonne nouvelle.

Une fois cela fait et avec la promesse de son beau-frère d'emmener Bill dès que le bambin serait prêt, Arthur décida de retourner dans la chambre que Molly devait occuper. Normalement, elle devrait y être, en train de dormir.

Effectivement, en entrant dans la chambre où le prénom Charles était maintenant collé sur la porte, Arthur constata que son épouse était encore dans les bras de Morphée. Son bébé fermement maintenu contre son torse, Arthur s'installa dans le confortable fauteuil, le plus près possible de Molly. Il le positionna de façon à pouvoir être presque allongé.

Son tout petit garçon dormait toujours, la tête sur son cœur. Il devait entendre celui-ci battre à son oreille, le rassurant et le berçant tout à la fois. Une nouvelle fois transporté par l'amour inconditionnel qu'il portait à cette toute petite chose, Arthur l'embrassa, encore et encore. De son doigt, il retraça le contour du fin visage, le passa sur le tout petit nez et sur les lèvres désormais bien roses. On aurait dit deux petits pétales de la fleur du même nom. Et dire qu'une heure auparavant, celles-ci étaient bleues !

« Ne me refais plus jamais une telle frayeur, Charlie Gideon Weasley, » chuchota-t-il avec adoration. « Je te promets, mon doux petit lapin, mon fils d'amour, je te promets de tout faire pour que tu sois heureux. Tu m'entends, Charlie ? Papa sera toujours là pour toi. »

Ses pensées furent brutalement interrompues par le nourrisson. Arthur était estomaqué. C'était impossible, non ? Pourtant, le nouveau-né qui dormait paisiblement dans ses bras était en train de sourire.

... ... ...

Novembre 1973

« Bonjour, ma chérie. »

« Bonjour, mon amour. Alors comment s'est passée ta journée ? »

« Très bien, très bien. Où sont les garçons ? »

« BILL ! PAPA EST RENTRÉ ! » hurla de sa douce voix Molly Weasley.

Un petit ouragan roux franchit bientôt la porte de la cuisine. Arthur recula sous le choc de son fils aîné qui venait de se jeter dans ses bras.

« Papa ! A y est ? Tu as fini le cravail ? »

« Oui, mon chéri. Où est ton frère ? »

« Là ! » fit le jeune rouquin en montrant un tout petit bonhomme qui se tenait dans un équilibre précaire sur ses deux jambes, la main agrippée au mur. « Cha'lie y me suis pa'tout à quat'e pattes ! On a bien joué tu sais, papa ! » continua l'enfant.

« Alors, mon bébé, c'est vrai ça ? Tu as passé une bonne journée avec ton grand frère ? » demanda Arthur en s'accroupissant.

« Papa, » fit le bébé. Mais au lieu de se mettre dans sa position préférée depuis plus de trois semaines, à savoir le fameux quatre pattes, le bambin lâcha le mur de sa main. Tout sourire, il avança un pied, puis l'autre, lentement et de façon incertaine.

« Papa, » redit le tout petit alors qu'il faisait ses premiers pas en direction de son père.

« Maman ! Cha'lie, y ma'che ! » cria aussitôt Bill, surexcité.

La jeune maman lâcha rapidement sa cuillère avant de se précipiter aux côtés de son mari et de son fils aîné.

« Oh mon Dieu, Arthur ! Ses premiers pas ! » s'écria-t-elle à son tour.

Le tout petit continuait sa marche hésitante, se rapprochant lentement de son père, qu'il ne quittait pas des yeux. Bientôt, deux petits bras potelés s'enroulèrent autour du cou d'Arthur.

« Papa ! » fit le garçonnet, ravi d'avoir atteint son but sans tomber sur ses couches. Arthur l'embrassa et le serra contre son cœur. Puis il redressa sa haute taille, l'enfant toujours dans les bras. Il prit une petite main toute douce, ronde où se creusaient des fossettes sur les articulations. Arthur embrassa la paume de son bébé qui se mit à rire, dévoilant deux autres fossettes sur ses joues rebondies. Merlin, qu'il pouvait aimer ces petits creux et aimer son tout petit bonhomme.

« Tu marches, mon chéri. Tu marches. »

La voix du père de famille était émue. Il se sentait bien un peu ridicule, après tout, chaque enfant marchait un jour, mais il était si fier de son bébé. Il venait de faire ses premiers pas, à pas encore tout à fait onze mois.

« Et voilà, un nouveau petit trotteur dans la maison, » conclut Molly en embrassant à son tour son fils. « Et encore une fois, c'était pour toi ! » dit-elle à son mari en se moquant légèrement.

Arthur rougit un peu, ses yeux plongés dans les perles bleues de son fils. Oui, son premier sourire, son premier bain, sa première couche pleine avaient été pour son père. Bien que pour cette dernière, il s'en serait passé en toute honnêteté. Même le premier mot de Charlie avait été ''papa'', puis ''Bill''... Enfin, ''Bi'' pour être tout à fait exact, le minuscule doigt pointé vers le grand frère, extatique. Charlie avait refusé de manger sa toute première purée de carotte quand Molly lui avait présenté la cuillère mais avait ouvert toute grande sa jolie bouche rose quand son père avait voulu tenter à son tour de lui donner la becquée.

« Molly... » marmonna Arthur. Il avait parfois un peu peur que son épouse ne prenne ombrage de ce fait.

« Ce n'est pas grave, Arthur. Charlie est fou de son papa et c'est très bien. Je sais bien qu'il aime aussi sa maman. Hein, mon poussin ? » fit-elle à l'adresse du bébé qui lui fit un sourire éblouissant, dévoilant quatre quenottes sur les gencives.

« Maa ! » fit le tout petit, comme pour approuver ce que disait sa mère.

« Mais oui, mon chéri, moi aussi je t'aime, » dit Molly en embrassant son bébé avec amour.

Le petit se mit à rire et à battre des mains, enchanté d'être le centre de l'attention parentale. Molly se baissa et prit son plus grand dans ses bras, enfouissant son nez dans le cou du garçon pour le couvrir de baisers.

« Et comme cela, maman a plus de temps pour son grand garçon ! Qu'en penses-tu, mon amour ? »

« Ouais ! » cria Bill. « Maman, on mange ? J'ai faim. »

... ... ...

Juin 1976

Alors que l'immense crocodile aux dents longues et pointues allait se jeter sur lui, l'enfant se réveilla en sursaut. Son petit cœur battait à une vitesse folle, il respirait vite et ses larmes autant que son cri d'effroi ne demandaient qu'à sortir de son corps.

Affolé, le petit cligna des yeux en essayant de se calmer. Dans ces conditions, il ne put rien faire quand il sentit un liquide chaud l'inonder ainsi que son lit. La sensation le réveilla tout à fait, le faisant gémir. Oh non, il venait de faire pipi au lit, comme un bébé ! Le petit garçon se retint de pleurer. Il avait encore peur et en plus, il était trempé. Il ne savait plus trop quoi faire. D'habitude quand il faisait un mauvais rêve, il allait directement dans le lit de Bill. Là, avec son pyjama souillé, c'était hors de question. L'enfant avait envie d'appeler sa maman, mais s'il criait, il allait réveiller tout le monde, ce n'était donc pas une très bonne idée non plus. Surtout que papa avait bien dit qu'il fallait laisser maman se reposer, à cause du bébé dans son ventre.

Charlie resta donc de longues minutes dans son lit sans bouger. Son pipi finit par refroidir, le faisant trembler. Il n'aimait vraiment pas cela et se sentait sale. Il n'avait plus le choix, impossible de se rendormir comme ça.

Sans faire de bruit, il s'allongea sur le matelas, la tête en bas, afin de regarder sous le lit. On ne savait jamais, il pouvait très bien y avoir un crocodile caché dessous ! Ne voyant rien d'anormal, il descendit de son lit, ses pieds nus sur le plancher. Bien que se trouvant pour le moins courageux, le petit rouquin attrapa néanmoins son doudou au passage et fourra son pouce dans sa bouche, éprouvant un vrai réconfort dans la succion. Il avança ensuite prudemment, ouvrit la porte de sa chambre sans faire trop de bruit puis la referma derrière lui avec tout autant de précaution. Tremblant un peu de froid malgré la douceur de cette nuit de juin, mais aussi de peur, l'enfant s'approcha à pas de loup jusque devant la chambre de ses parents. La porte était entrebâillée et il entendait son père ronfler.

Le petit garçon entra, son doudou contre lui, le pouce toujours dans la bouche et un doigt dans ses cheveux qu'il entortillait. Il s'approcha de sa maman, qui dormait avec plusieurs coussins autour d'elle.

« Maman, » chuchota le tout petit. Pourtant sa mère ne bougea pas. Est-ce que le crocodile l'avait blessée ? Non, ridicule, son père ne ronflerait pas tranquillement à côté, sinon.

« Maman ! » fit-il un peu plus fort.

Cette fois, la mère de famille grogna, ainsi que son père, puis leva un œil maussade sur lui.

« Charlie, file dans ton lit ! » grommela-t-elle.

« Ze peux pas, » répondit l'enfant. « Y'a un 'rorodile dans ma chambre et z'ai fait pipi, » il murmura la fin de sa phrase, craignant la réaction de ses parents.

Molly grogna de nouveau en se retournant dans son lit, lui tournant le dos. « Mais c'est pas vrai, je venais juste de m'endormir ! Arthur ! Occupe toi de ton fils, je suis fatiguée, ramène-le au lit, » râla-t-elle d'une voix éteinte par la fatigue.

Charlie attendit en se balançant d'un pied sur l'autre, le pyjama froid lui collant désagréablement sur le ventre et les cuisses. Il téta plus fort son pouce alors que ses doigts entortillaient toujours une mèche de ses cheveux, son doudou dans son cou.

« Papa, » geignit-il au bout de quelques secondes.

Son père bougonna et finit par se lever. Il contourna le lit et s'avança vers la porte en le poussant par l'épaule au passage.

« Allez, viens, mais je t'assure, il est trois heures du matin, retourne au lit. »

« Mais, papa, » protesta le petit alors qu'ils se retrouvaient dans le couloir. « Papa ! » Charlie s'arrêta tandis que son père allait ouvrir la porte de sa chambre.

« Quoi encore ? » demanda Arthur en se retournant vers l'enfant dont les lèvres s'étaient mises à trembler.

« Pipi, » pleurnicha le garçonnet.

Cette fois, Arthur se frotta le visage et contempla son fils, son esprit embrumé se réveillant enfin.

« Oh, Merlin, Charlie, tu as fait pipi au lit ? » s'exclama-t-il.

Le jeune rouquin hocha la tête tout en frottant son doudou contre sa joue. Son père se baissa vers lui et lui caressa les cheveux.

« Pardon, mon poussin, je n'étais pas très bien réveillé. Viens, on va à la salle de bains. »

Le père et le fils allèrent donc dans la pièce désignée. Là, Arthur enleva le pyjama trempé, le haut comme le bas, avec une moue de dégoût sur le visage. Non, les pipis, ce n'était vraiment pas son truc. Il passa ensuite un rapide coup de gant avec de l'eau tiède sur les fesses potelées, la toute petite bistouquette, les cuisses et le bidon tout rond avant de le sécher délicatement. Ensuite, nu comme un ver, il le prit dans ses bras et lui fit un bisou dans le cou. Charlie passa ses bras autour de son papa et frotta son nez contre sa joue. Arthur se retint de l'embrasser encore et de caresser ce petit corps doux et velouté. Son bébé était adorable, totalement craquant mais là, il était tard et il n'était plus l'heure des cajoleries. Il le porta dans la chambre où l'odeur de l'urine se faisait sentir. Aidé d'un faible « Lumos », il choisit un pyjama propre dans l'armoire, habilla rapidement son garçon puis d'un geste de baguette, enleva les draps sales et nettoya le lit.

Mais Charlie lui fit de nouveau les bras, demandant silencieusement avec ses yeux d'être encore porté.

« Allez, poussin, il faut faire dodo, c'est la nuit. »

« Z'ai peur du 'rorodile, » chuchota le petit en remettant son doigt dans la bouche. Il adressa un regard suppliant à son père. « Ze peux faire dodo avec toi ? »

Le patriarche regarda attentivement son fils avant de pousser un soupir. Comment dire non à une telle merveille ? La réponse venait d'elle-même. Impossible. Il attrapa son bambin, le serra contre son torse et retourna avec lui dans sa propre chambre.

Doucement, il le glissa entre les draps et s'allongea à son tour. Aussitôt le petit se lova contre lui comme un chaton, se mettant à téter son pouce avec vigueur. Il attrapa son doudou et ferma les yeux. Arthur le colla un peu plus contre lui, se disant que c'était uniquement pour pouvoir laisser de la place à Molly. Non, ce n'était pas du tout parce qu'il voulait avoir Charlie le près possible de lui et embrasser les cheveux doux de son fils. Une petite main se glissa alors pour lui caresser les cheveux dans sa nuque. Moins de cinq minutes plus tard, l'enfant dormait profondément dans les bras de son père, bien au chaud, avec un énorme sentiment de sécurité et d'amour au fond de son cœur.

... ... ...

Août 1976

Arthur avançait, tenant Bill dans une main et Charlie de l'autre.

Les deux garçonnets, de trois ans et demi et cinq ans et demi, se jetaient des coups d'œil dubitatifs.

Leur maman avait accouché la veille d'un petit frère. C'était Fabian qui les avait gardés toute la journée, puisque leur papa était parti à la maternité avec Molly.

Les deux enfants avaient beaucoup discuté depuis qu'ils savaient qu'ils allaient avoir un petit frère. Bill avait dit, de façon fort juste, que ça aurait pu être pire : ça aurait pu être une fille !

Déjà que là, ils ne savaient pas trop ce qu'ils allaient bien pouvoir faire avec un petit frère... Leur père leur avait bien dit que les premiers temps, les bébés étaient tout petits, ils ne pouvaient pas jouer et ne faisaient pas grand chose, à part manger et dormir. Fabian avait rigolé en ajoutant « Oui, sans oublier pleurer toute la journée et toute la nuit ! »

Franchement, Bill et Charlie n'en voyaient vraiment pas l'utilité. D'autant que leur mère n'avait pas arrêté de leur répéter qu'ils allaient être des grands frères, qu'ils allaient devoir être gentils avec le bébé et lui montrer le bon exemple. « Quelle barbe ! » avait conclu Bill.

La veille, tous les deux dans le lit de Charlie, les deux enfants s'étaient tenu la main et s'étaient jurés aide et fidélité éternelles face à l'adversité qui s'annonçait.

« T'en fais pas, Charlie, tous les deux, on forme une équipe ! On sera toujours ensemble, » avait affirmé Bill d'une voix sérieuse.

Et là, ils allaient à la rencontre de l'intrus. Perceval avait dit leur père. En entrant dans la chambre, ils virent tout d'abord leur mère qui leur tendit les bras. Leur papa les monta sur le lit de Molly où ils lui firent un bisou tout en s'accrochant à son cou. Bill tendit ensuite la tête au-dessus d'un petit berceau.

« C'est ça, le bébé ? »

« Oui, votre petit frère, Percy, » déclara Molly en caressant les cheveux de son aîné. « Alors, vous êtes contents d'avoir un petit frère, mes chéris ? »

Charlie sauta en bas du lit et s'approcha du berceau. Se mettant sur la pointe des pieds, il leva son nez pour regarder à l'intérieur. Une chose rosâtre et grimaçante, avec un bonnet sur la tête, était dedans. Effectivement, comme avait dit son père, le bébé était ridiculement petit. Il se remit sur ses pieds puis dévisagea ses parents d'un air grave.

« Z'aurais préféré un Niffleur. »

... ... ...

Noël 1977

Le nez aplati contre la vitre givrée, Charlie attendait. La maison sentait bon la dinde et les marrons, les haricots verts, le chocolat et les bonbons. Au-dessus de tout cela, planait la délicieuse odeur du sapin.

Charlie adorait Noël. En plus, cette année, son parrain et son tonton viendraient passer le réveillon de Noël et tout le lendemain avec eux. Le petit n'en pouvait plus de les guetter. Enfin, deux silhouettes s'avancèrent vers le palier.

Charlie poussa un cri suraigu puis se précipita vers la porte, l'ouvrant en grand avant même que ses oncles n'aient eu le temps de frapper.

« Gideon ! Fabian ! » hurla le petit garçon en sautant dans les bras de son parrain.

« Comment ça va, mon grand ? » fit le plus jeune des frères, Gideon.

« Trop bien ! » répondit le gamin.

Les deux frères entrèrent dans le salon et furent bientôt entourés par le reste de la famille Weasley. Une fois l'effervescence des retrouvailles passée, tous s'installèrent à table. Charlie voulut bien sûr se placer à côté de son parrain et Bill à côté du sien. Muriel décida d'autorité qu'elle présiderait comme chaque année la tablée.

Charlie dévorait sa part de pudding quand Molly décida de monter coucher Percy qui s'était endormi dans sa chaise haute.

« Ça va aller, ma chérie ? » demanda Arthur.

« Oui, ne t'inquiète pas, » répondit Molly. Cette dernière était enceinte et ils avaient eu confirmation qu'elle attendait des jumeaux. Cette nouvelle les avait grandement étonnés puisqu'il n'y avait pas eu d'autre naissance gémellaire dans leurs familles, du moins à leur connaissance.

« Eh bien, Arthur, j'espère qu'après ces naissances-là, vous vous abstiendrez de mettre de nouveau ma nièce enceinte. Elle ressemble à une baleine ! » fit la vieille dame acariâtre après plusieurs minutes de silence, chacun dégustant son dessert.

« Molly est enceinte de jumeaux, tante Muriel. Évidemment qu'elle a un bon tour de taille ! Les bébés sont prévus pour avril en plus, cela ne va donc pas aller en s'arrangeant ! » rétorqua aussitôt Fabian.

« Cette vieille bique est insupportable, pas vrai, gamin ? » chuchota Gideon à son filleul qui explosa de rire.

« Et pourquoi il rigole, celui-là ? Tu es content d'avoir encore deux autres frères qui t'enquiquineront toute la journée, sans doute ? Ou tu es trop stupide pour le comprendre ? » lança Muriel, vexée de s'être fait remise en place par son neveu.

« Muriel ! Charlie est loin d'être stupide ! Je vous prierai de ne pas dire une telle chose dans mon foyer ! » scanda Arthur.

« Humpf ! De toute façon, dès qu'il s'agit de celui-là, vous montez tout de suite sur votre Sombral. Franchement, Arthur, je ne vous comprendrai jamais. Vous aviez déjà trois héritiers, pourquoi vous acharner de la sorte ? Celui-là est nettement moins bien réussi que William. Perceval, ma foi, il est encore trop jeune pour savoir quoi que ce soit à son sujet, même s'il me paraît bien dégourdi pour son âge. C'est ridicule de vouloir à ce point des enfants. William était très bien ! Quel est l'intérêt d'en faire d'autres ? » Elle désigna Bill du doigt. « Regardez comme cet enfant est beau ! Il fera craquer toutes les filles dans quelques années ! »

« C'est vrai que mon Bill est magnifique ! » fit alors Molly d'une voix claire alors qu'elle revenait à table. N'ayant entendu que la fin de la tirade de sa tante, la pauvre mère de famille ne comprit pas pourquoi les trois hommes autour d'elle lui lancèrent un regard noir.

Charlie baissa le nez dans son assiette. Il n'avait jamais fait attention au fait qu'il était moins beau que Bill ou plus stupide. En plus, sa maman ne disait rien à tante Muriel, alors c'est qu'elle devait être d'accord avec elle. Son pudding lui resta sur l'estomac. Heureusement, son papa, lui, l'avait défendu. Alors tant pis, il s'en contenterait. L'enfant redressa le nez et rencontra les yeux bleus d'Arthur qui le dévisageaient. Le petit garçon lui adressa un grand sourire auquel son père répondit.

Le lendemain matin, deux petits rouquins surexcités dévalèrent les escaliers pour se précipiter au pied du sapin.

« Les cadeaux ! Les cadeaux ! » s'écria Charlie en battant des mains.

« Vite, Charlie ! Celui-là est pour toi ! » s'exclama Bill en lui lançant un paquet rouge. Bill savait lire, du moins, il apprenait et savait en tout état de cause reconnaître depuis longtemps son prénom et celui de ses frères.

Charlie prit le paquet et ânonna en suivant les lettres de son doigt : « Ch-a-r-lie. Oui ! C'est pour moi, c'est pour moi ! »

« Évidemment, idiot, je viens de te le dire ! » fit Bill, tout en déchirant l'un de ses propres paquets.

« Je suis pas un idiot, pauvre crétin ! » hurla alors Charlie en laissant tomber son présent.

« Charlie Weasley ! Que veulent dire ces hurlements ! » hurla à son tour Molly qui arrivait en bas des escaliers.

Mais l'enfant ne l'écouta même pas. Dans une colère noire, les joues rouges, il tenait ses poings crispés vers son frère.

« T'es qu'un crétin, pauvre crétin ! » beugla-t-il encore.

« CHARLIE ! » tonna alors la voix d'Arthur.

Le silence se fit dans la maisonnée.

Charlie se tourna vers son père en clignant un peu stupidement des yeux. Jamais son père n'avait élevé la voix ainsi contre lui. De toute façon, Arthur n'élevait que très rarement la voix. Tout le monde le regardait donc, Fabian et Gideon encore en pyjama avec Percy dans les bras.

Les lèvres de l'enfant se mirent à trembler et ses épaules s'affaissèrent.

« Je suis désolé, Charlie, je n'aurais pas dû te traiter d'idiot. Bien sûr que tu n'es pas un idiot. Tu es mon petit frère que j'aime, » fit alors Bill en venant à son secours.

Le cadet se retourna alors vers son aîné et se réfugia dans ses bras.

« Moi aussi je suis désolé, Bill. Tu es le grand frère le plus génial du monde ! » pleurnicha le garçonnet. Bill était un héros, aussi sûr que deux plus deux faisaient...euh... C'était sûr, un point c'est tout !

Les adultes se détendirent, comprenant par ces paroles la raison de la dispute enfantine et aussi qu'elle était terminée. Chacun s'affaira donc à déballer ses cadeaux, dans la bonne humeur retrouvée.

« Alors mon lapin, tu aimes tes cadeaux ? » fit Arthur en prenant son jeune garçon sur ses genoux. Le petit hocha la tête tout en jouant avec une figurine de dragon.

« C'est quoi celui-là, papa ? »

« Un Vert gallois mon chéri. Regarde, Charlie, je crois qu'il te reste encore un cadeau à ouvrir, » lui montra le père de famille en pointant du doigt un long paquet bleu que tenait Gideon en souriant.

« Encore un cadeau pour moi ? » fit le petit, les yeux brillant de joie et d'excitation.

Son parrain se baissa en tendant le paquet vers lui.

« Oui, je connais un très beau petit gars, très intelligent, qui a aussi été très, très, sage cette année et qui a bien mérité ce cadeau, » dit l'homme avec gentillesse.

Charlie sourit en montrant toutes ses dents, moins une qui était tombée deux jours avant son anniversaire. Son parrain était génial, pas de doute à avoir. De son fauteuil, Arthur eut un hochement de tête en direction de son jeune beau-frère. Ils avaient bien compris la raison de l'énervement et de la colère du petit tout à l'heure. Cette vieille chèvre de Muriel n'était plus là, heureusement.

Charlie regardait le paquet, sans l'ouvrir. Cette forme... Non, ce n'était pas possible. Si ? Il leva de nouveau sa petite frimousse constellée de taches de rousseur vers son oncle.

« Parrain...Tu crois que c'est... un balai ? » chuchota-t-il, la voix pleine d'envie.

« Je crois que pour le savoir, tu devrais l'ouvrir, Charlie, » répondit Gideon.

Sans attendre un instant de plus, l'enfant prit le paquet et déchiqueta le papier. Ses yeux bleus s'écarquillèrent de joie.

« Un balai ! Un balai ! » cria-t-il en sautant à pieds joints comme un fou. « Je veux l'essayer, tonton ! Viens, tonton ! Vite ! »

« Charlie ! Tu es encore en pyjama, mon grand, » lui rappela Fabian, en attrapant au passage le petit qui fonçait déjà vers la porte d'entrée. Il le jeta sur son épaule, faisant rire aux éclats le garçon.

« Allez, on s'habille les petits gars ! » décréta l'oncle en portant toujours le bambin comme un vulgaire sac de farine.

En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, les deux petits Weasley s'habillèrent avant de sortir dans le jardin. Molly poussa des hauts cris et leur courut après, aussi vite qu'elle le pouvait, afin de leur enfoncer jusqu'aux sourcils les bonnets bien chauds qu'elle avait tricotés les semaines précédentes.

Son bonnet et ses moufles vertes bien en place, Charlie s'installa sur son balai avec l'aide de son parrain. Bien sûr, ce n'était pas un vrai balai d'adulte, mais un jouet balai qui ne s'élevait qu'à quelques dizaines de centimètres, une cinquantaine tout au plus, du sol. Il n'allait pas bien vite non plus, pourtant pour l'enfant, c'était le plus beau cadeau dont il pouvait rêver. Au bout de deux fois, il s'élança, intimant l'ordre à son parrain de le lâcher. Comme c'était grisant !

Charlie prêta ensuite le balai à son frère, pour que lui aussi puisse essayer. Mais Bill n'avait pas l'air plus emballé que cela.

« Alors, mon grand, tu es content ? » demanda Gideon. Pas qu'il doutait un seul instant de la réponse, tant il était évident que Charlie adorait son cadeau.

« Oh oui, alors, » répondit effectivement le petit, des étoiles plein les yeux. « Tonton Gideon, est-ce que je pourrai aller un jour avec toi sur ton balai ? »

L'homme se mit à rire. Charlie lui posait cette question, inlassablement, depuis qu'il savait parler et chaque fois qu'ils se voyaient.

« Oui, tu pourras, » dit-il en souriant. Les fossettes du bambin en face de lui se creusèrent un peu plus. « Qu'est-ce que tu dirais de... hum... Disons, aujourd'hui ? »

« Aujourd'hui !? » s'écria Charlie d'une voix aiguë.

« Oui, et même je dirais, maintenant ? » continua l'homme aux cheveux bruns.

Charlie se mit à crier et à taper des mains. Il regarda son parrain sortir sa baguette pour faire venir à lui d'un « accio » informulé son précieux balai. Le Nimbus 1700 atterrit délicatement dans la paume ouverte de Gideon. Charlie l'étudia sans retenue. Ce balai, c'était sans doute l'un des meilleurs. Non, c'était le meilleur au monde ! Le manche en bois sombre était parfaitement lustré, les reposes-pieds en métal léger brillaient et la brosse incroyablement aérodynamique était en nylon. Bien sûr, Charlie ne savait pas ce que aérodynamique voulait dire, mais Bill l'avait dit avec tellement de révérence que cela devait sans aucun doute être quelque chose de formidable.

Gideon enfourcha son balai et lança au gamin, toujours en pleine admiration « Allez, Charlie, grimpe, »

Le petit tendit ses bras à son oncle qui le porta et l'installa sur le manche, devant lui.

« Tu te tiens bien au manche, d'accord, Charles ? Tu ne le lâches sous aucune prétexte. »

L'enfant, qui ne pouvait toujours pas répondre apparemment, leva son visage aux joues rouges vers son parrain pour acquiescer en hochant gravement la tête. Gideon lança un sort collant l'enfant contre lui et s'élança, le sourire aux lèvres. Il entendit vaguement Molly qui sortait de la maison comme une furie. Tant pis, il gérerait la colère de sa sœur en rentrant. Nul doute que ses oreilles allaient souffrir pour avoir osé kidnapper l'un de ses précieux rejetons afin de l'emmener dans les airs.

Il baissa les yeux sur son filleul qui riait à s'en décrocher la mâchoire. Il prit un peu de vitesse, monta encore plus haut dans les nuages et redescendit en flèche, le tout accompagné des hurlements de bonheur de l'enfant.

« Alors, ça te plaît, Charlie ? » demanda-t-il en stabilisant l'engin dans le ciel.

« Ouiiiiiii ! » cria Charlie, extatique.

« Tu veux faire un looping ? »

« Ouiiiiii ! » hurla de nouveau l'enfant.

Deux ou trois loopings plus tard, Gideon restabilisa son balai et regarda son neveu. Celui-ci n'était même pas un tout petit verdâtre. Non, il riait toujours et en redemandait.

« C'est un beau cadeau de Noël, hein, poussin ? »

« Tonton, tu es le plus fort ! » fusa la réponse.

Ils restèrent un instant, tranquillement à planer et à regarder en bas. Le Terrier ressemblait à une maison de poupée, avec des petits personnages dans le jardin qui bougeaient un peu.

« Charlie, ne crois pas un seul instant ce qu'a dit tante Muriel. Elle peut être vraiment vache, parfois. »

« Une vache, une chèvre, la pauvre, quand même... » se moqua Charlie. Il plongea ses yeux bleus dans ceux marron et chauds de son parrain avant d'exploser de rire. Puis son petit visage redevint sérieux.

« C'est vrai que je suis pas moche ? Ni un idiot ? »

« Tu n'es ni moche, ni idiot, » le rassura son oncle.

Prenant enfin son courage à deux mains, l'adulte se pencha en avant pour commencer sa descente vers le sol. Ils atterrirent en douceur et Arthur vint prudemment chercher son fils. Il le prit dans ses bras et après un petit sourire d'excuse envers son beau-frère, se recula. Molly, blême de rage, s'avançait à grand pas vers son frère.

« GIDEON PREWETT, COMMENT AS-TU OSÉ ! TU DEVRAIS AVOIR HONTE ! CE N'EST QU'UN ENFANT, IL N'A QUE CINQ ANS ET TOI, ESPÈCE DE GRAND ÉCHALAS, TU L'EMMÈNES AVEC TOI À DES KILOMÈTRES DE LA TERRE FERME !

« N'exagère pas, Molly, pas à des kilomètres ! Quelques centaines de mètres tout au plus. En plus Charlie-mini a vraiment adoré et... »

« ET TU N'AVAIS CERTAINEMENT PAS À LE FAIRE ! SANS MON AUTORISATION EN PLUS ! CHARLIE AURAIT PU ÊTRE BLESSÉ ET TOI... » hurla la matriarche qui de blanc, était passée au grenat, les mains sur les hanches.

Arthur posa ses mains sur les oreilles cachées sous le bonnet de son enfant et rentra prestement à l'intérieur la maison, laissant Molly vociférer après son malheureux beau-frère. Charlie n'avait pas à entendre la voix mélodieuse de sa mère proférer de possibles injures sous le coup de l'émotion.

Gideon en sortit toutefois miraculeusement indemne : une vie entière passée auprès de Molly et de leur mère l'ayant apparemment immunisé contre ce genre de débordement vocal.

Les deux frères restèrent avec leur sœur et sa famille toute la journée. Charlie passa la majeure partie de son temps sur les genoux de son parrain ou de son père, ou encore, sur son balai. C'était vraiment Noël, car après l'avoir fait grimper sur son balai, son parrain l'autorisa à jouer avec sa baguette, s'attirant là encore les foudres de Molly.

Charlie adorait cette baguette, fine, souple et d'un bois plutôt clair par rapport à celle de son père.

« La baguette, elle me fait des guilis, » rigola-t-il en s'adressant à son oncle.

Les adultes se regardèrent, un peu étonnés.

« Vraiment, poussin ? » demanda Arthur.

« Oui, elle me chatouille, » répéta l'enfant en faisant un mouvement circulaire de sa main. De petites étincelles de couleurs vertes s'échappèrent aussitôt de la baguette, faisant rire le petit garçon.

« Je crois que ma baguette t'aime bien, elle aussi, » conclut Gideon.

La nuit tombée et le dîner englouti, Charlie grimpa de nouveau sur les genoux de son parrain qui était installé sur le canapé du salon. Il avait certes cinq ans et malgré les réflexions de son frère, il avait encore un horrible vice dont il n'arrivait pas à se défaire. Oui, à sa grande honte, il suçait toujours son pouce. Tout en se pelotonnant contre le torse de son parrain, il enfouit son pouce dans sa bouche et commença à le téter avec bonheur. Il glissa son autre main dans le cou de Gideon et attrapa une mèche de cheveux qu'il entortilla entre ses doigts. Bientôt, ses paupières se firent lourdes alors que son oncle caressait le pyjama en velours doux. Charlie se mit à somnoler, le sommeil l'engloutissant peu à peu. Il entendait vaguement les adultes qui parlaient, d'une voix basse et grave.

« Les temps deviennent plus sombres, » dit Fabian. « Dumbledore est en train de monter un groupe de résistants. Gideon et moi, nous allons en faire partie. Cette menace noire devra disparaître, il en va du salut de notre monde. »

« Cet être est malfaisant, Fabian, je suis entièrement d'accord avec vous, » fit Arthur. « Vous pouvez dire à Albus que je serai à ses côtés. »

« Moi aussi ! » assura Molly.

« Non, hors de question Mollynette, je le refuse. »

« Mais, Arthur... »

« Arthur a raison, Molly. Le danger nous guette tous. L'Ordre doit s'organiser et nous aurons besoin de logistique, c'est là que tu pourras aider, si tu le souhaites. Mais pas sur le terrain, c'est trop dangereux. Tu as tes enfants, ils sont petits et ont besoin de leur mère. » La voix de son parrain résonnait contre lui, Charlie trouvait cela rigolo. « Je te dirai quand aura lieu la prochaine réunion, tu pourras nous accompagner, » poursuivit son parrain. Néanmoins, Charlie ne sut jamais à qui il s'adressait car il tomba dans un profond sommeil.

... ... ...

Été 1978

Les bébés hurlaient de toute la force de leurs poumons. Charlie posa ses mains avec défaitisme sur ses pauvres oreilles. Fred et George avaient des cordes vocales surdéveloppées, il ne voyait pas comment ils pourraient faire autant de bruit autrement. Même avec ses paumes bien plaquées contre lui, il les entendait toujours. L'enfant soupira avec fatalisme en essayant de lire quand même son livre sur les licornes. C'était des bêtes magnifiques. Sa maman lui avait assuré qu'elle en avait vues à Poudlard. Ah, Poudlard ! Vivement qu'il soit suffisamment grand pour y aller.

Il fronça ses sourcils et se reconcentra tout en déchiffrant les lettres. Il devait absolument savoir lire correctement quelques mots avant la rentrée scolaire, dans moins d'un mois. Ses parents leurs avaient annoncé la veille que Bill et lui iraient à l'école en septembre. L'école moldue.

Les deux garçons n'avaient pas vraiment compris pourquoi leurs parents les envoyaient à l'école communale de Loutry Ste Chaspoule, puisqu'ils avaient toujours pensé que ce serait leur maman qui leur ferait la classe avant leur rentrée à l'école de sorcellerie de Poudlard. Molly et Arthur leur avaient simplement dit qu'ils ne pouvaient pas faire autrement à cause des plus petits.

Il avait donc mis les bouchées doubles pour ne pas être ridicule. Bill lui avait assuré qu'il se débrouillait très bien et qu'il ne serait pas ridicule. Beaucoup d'enfants ne savaient pas du tout leur alphabet quand ils rentraient en primaire, contrairement à lui. Donc, si Bill le disait, c'est que c'était vrai.

Les hurlements cessèrent et Charlie enleva ses mains. Ouais, les licornes étaient vraiment des animaux intéressants. Tout en regardant l'image où deux jeunes licornes couraient dans une forêt, Charlie s'interrogea. Qu'est-ce qu'il allait faire quand il serait plus grand ? Joueur de Quidditch ou Magizoologiste ?

Bill en face de lui reprit ses explications à Percy, un abécédaire ouvert devant lui.

« Donc, tu vois Perce, dans ton prénom il y a un 'A' »

« 'A' ? 'Est où ? »

« Ici, P-e-r-c-e-v-A-l, » fit le plus grand en écrivant sur un parchemin le prénom de son jeune frère à l'aide d'une plume grise.

« Et là, est 'E', hein, Bill ? »

« Oui, très bien ! Tu es très doué, tu sais ? »

Le petit garçon prit un air suffisant.

« Oui, 'a sais. »

Charlie lança un regard un peu perplexe à son grand frère qui se retenait de rire. Eh bien, si à deux ans à peine Percy disait cela, ça promettait pour la suite ! D'accord, le petit savait très bien parler pour son âge et reconnaissait quelques lettres, mais quand même !

Tout en secouant ses boucles rousses, Charlie retourna à son livre. Ses cheveux étaient trop longs, sa mère avait décrété ce matin qu'elle leur ferait une bonne coupe, à tous les trois, le soir. Charlie avait les cheveux plus souples que ceux de Bill, qui étaient raides comme des baguettes. Les siens ondulaient légèrement et à force de les entortiller le soir entre ses doigts avant de s'endormir, certaines mèches étaient même bouclées. Sa maman détestait les cheveux longs.

Les pas d'Arthur dans les escaliers se firent soudain entendre. Le petit garçon savait que ce dernier devait avoir Fred ou George dans les bras et qu'il le déposerait dans le parc des jumeaux. Sa mère allait arriver ensuite avec le bébé restant pour faire de même.

En effet, quelques instants après, le père de famille entra dans la cuisine, sans bébé à couche pleine dans les bras.

« Eh bien, les garçons, vous êtes bien studieux, » constata-t-il.

« Papa, est 'A' » fit Percy en montrant le 'B'.

« Hum ? Je crains que tu te trompes légèrement, fiston, »

« Non, ça c'est 'B', Perce, le 'A' c'est celui-là, » soupira Bill. Il commençait à en avoir légèrement plein le chaudron de devoir montrer encore et encore les lettres à son jeune frère.

« Tu vas où, papa ? » demanda Charlie en voyant que son père sortait de la pièce.

« Au jardin, tant qu'il ne fait pas trop chaud. »

« Attends ! Je viens avec toi ! » fit aussitôt l'enfant en bondissant de sa chaise.

Il adorait être dehors, bricoler dans le potager ou s'occuper des poules, mais plus que tout cela, la perspective de passer du temps seul avec son papa était plus qu'alléchante. Car pour Charlie, son père était un dieu vivant. Il était très grand, même pour un adulte, très fort, c'était un super sorcier et en plus il savait raconter des histoires incroyables le soir avant d'aller au lit. Et puis, le plus important, c'était que non seulement il ne criait jamais ou presque, mais c'était que quand il lui parlait ou le regardait, Charlie avait l'impression d'être quelqu'un d'important, qui comptait. Il avait l'impression d'être, eh bien un peu unique, voire particulier. Et ça, c'était génial.

Avec un immense sourire qui dévoila des petites quenottes blanches, dont une manquait sur la gencive inférieure, ainsi que deux admirables fossettes, le petit garçon plaça sa main dans celle, énorme, de son papa.

« Je vais t'aider, papa, » dit le bambin, le regard éperdu d'admiration pour son idole.

Arthur serra la fragile petite menotte puis ils sortirent tous les deux en direction du potager. Le père regardait le fils avec autant d'amour et d'admiration que le petit. Charlie voulait toujours l'aider et passer du temps avec lui. Dans le regard de son fils, Arthur se sentait un homme bien. Oh, il n'avait aucun doute sur le fait qu'il était un homme bien. C'était juste qu'il devenait plus que simplement Arthur Weasley, petit fonctionnaire du ministère dont se moquait allègrement un certain grand blond riche comme Crésus et hautain comme un Hippogriffe à chaque fois qu'il le croisait. Comme la veille par exemple. Certes, il n'était pas riche, mais dans les yeux pétillants de son fils, Arthur trouvait quelque chose de plus précieux que des Gallions. Il était aimé, respecté et étrangement, il se sentait compris.

« Viens, mon bébé, papa va te montrer comment faire pour repiquer des salades. Et ensuite, si tu veux, on ira faire un tour vers le petit bois. Il me semble bien que j'ai aperçu dans un buisson un nid de Jobarbilles. »

« Tu crois qu'on pourra voir des licornes, aussi ? »

« Non, les licornes ne vivent pas par ici. »

« Dommage... Papa, on pourrait garder un Jobarbille ? Ou alors, je ne sais pas, un Niffleur ? J'aimerais bien avoir un lézard aussi. Et un chat. Et aussi un Hippogriffe ! »

Arthur grimaça, surtout au dernier nom. Merlin, parfois Charlie avait des idées bizarres et s'attachait à des créatures pour le moins étonnantes. Enfin, tant qu'il ne devenait pas fanatique des monstruosités comme Hagrid, il s'estimerait heureux. Mais quand même, un Hippogriffe ! Comme ce sale type de Malfoy ! Quoique... Arthur se passa l'image mentale d'un Lucius Malfoy avec un collier autour du cou et attaché à une niche ou mieux encore, vivant dans une porcherie. Quelle image réconfortante ! Il se secoua mentalement et se gronda un peu. Non, ce n'était pas digne d'un Weasley que d'avoir des pensées aussi peu charitables.

« Charlie, tu sais, les Hippogriffes ne sont pas vraiment connus pour être très sociables. »

« Ah... Et pour les autres ? »

« Je pense que pour le moment on va se contenter de nos poules et d'Errol, » fit Arthur tout en pénétrant dans le potager. Il sourit à l'enfant et lui ébouriffa les cheveux.

... ... ...

À suivre

... ... ...