Comme j'ai beaucoup de temps pour moi, j'ai décidé de me lancer dans la traduction de la plus belle fanfiction qu'il m'ait été donné de lire, et croyez-moi, j'en ai lu : Auf Wiedersehen, Sweetheart par George deValier. Voici le lien pour les bilingues qui voudraient lire la fanfiction originale, ce que je vous conseille fortement car elle est juste magnifique : s/6565449/1/Auf-Wiedersehen-Sweetheart

L'histoire se passe en AU!WWII, en Italie. George deValier a écrit plusieurs fanfictions avec cet AU, qui se passent à la même période mais selon différents points de vue qui se croisent et se complètent. Cette fic là développe le point de vue de Feliciano et Ludwig. Et bien sûr, c'est du GerIta. Mais il y a aussi apparition d'autres couples, vous verrez.

Maintenant, bonne lecture!


Feliciano ne savait pas quoi faire d'autre. Cet officier qui lui criait dessus ne pouvait-il pas voir qu'il ne parlait évidemment pas allemand? Feliciano tenta sa chance à nouveau, agitant encore plus vite son petit drapeau blanc. Il l'emportait toujours en prévision de ce genre de situation mais cela ne semblait pas fonctionner ce jour-là.

« Je ne comprends pas ce que vous dites! Kein Deutsch! Je voudrais vraiment vous répondre mais je n'ai pas la moindre idée de ce que vous racontez! Sprechen sie Italienisch? Englisch? »

Cela ne marcha pas non plus. L'Allemand se contenta de crier plus fort. Feliciano grinça des dents sous l'assaut verbal et essaya de paraître encore plus petit qu'il ne l'était déjà. C'était complètement injuste! Tout ce qu'il voulait c'était aller au magasin du village pour acheter de la farine et il avait été arrêté en chemin par ce bruyant soldat allemand qui était visiblement très en colère à propos de quelque chose et n'arrêtait pas de lui hurler dessus dans cette langue peu familière. Feliciano était habitué à voir des Allemands dans et autour du village, mais il n'avait jamais eu à faire face à une pareille situation. Il était terrifié.

« Je suis désolé! » pleura-t-il tandis que l'Allemand s'énervait encore plus et que sa voix montait à un volume assourdissant. « Je ne sais pas ce que vous... » Le cœur de Feliciano s'arrêta dans sa poitrine quand l'Allemand sortit son révolver de son étui. La rue toute entière et les champs environnants parurent soudain tournoyer autour d'eux. Mais le soldat ne le pointa pas avec l'arme. A la place, il la leva au-dessus de sa tête et Feliciano ne put que regarder la crosse du révolver tomber rapidement vers lui. Il ferma les yeux et se prépara à l'impact. Qui ne vint pas. Au lieu de cela, la voix d'un autre Allemand parvint à ses oreilles et Feliciano se risqua à ouvrir un œil.

Ce nouvel Allemand était grand, large, blond et parlait avec colère au soldat dont il retenait le bras d'une main ferme. Il semblait n'être sorti de nulle part. Feliciano regarda, les yeux écarquillés, l'officier blond s'énerver encore un peu avant de lâcher le soldat et de le renvoyer sèchement. Ce dernier le salua et partit promptement. Feliciano se saisit de son drapeau blanc, prit une profonde inspiration et attendit nerveusement. L'officier baissa le regard vers lui et commença à parler en allemand avant de s'interrompre. Après quelques instants de tension, il demanda : « Je suppose que vous ne parlez pas anglais? »

Feliciano lâcha un soupir de soulagement. « Oh, Dieu merci! Oui, je parle anglais! Ce soldat, il n'arrêtait pas de me crier dessus et je ne savais pas ce qu'il voulait et il était vraiment bruyant et en colère et effrayant et je vous remercie du fond du cœur de l'avoir empêché de me frapper et est-ce que vous allez m'arrêter? »

L'Allemand eut l'air stupéfait. « De rien. Et non, je ne vais pas vous arrêter.

- Oh, super! » Feliciano sourit et l'officier attendit un peu avant de poursuivre.

« Je vous demande pardon à son sujet. Il voulait voir vos papiers d'identité.

- Oh! » fit Feliciano, se débattant pour récupérer les papiers dans sa poche arrière. « Je les ai ici, je...

- Non... » L'Allemand leva les mains. « C'est bon, vraiment. Est-ce que vous... Est-ce que vous allez bien? »

Feliciano sourit encore. C'était le soldat allemand le plus gentil qu'il ait jamais rencontré, même s'il avait l'air sévère et ne souriait pas. « Oui, je vais bien. Merci. »

L'Allemand hocha machinalement la tête. « De rien. » dit-il encore. Feliciano attendit mais l'Allemand ne poursuivit pas et se contenta de le regarder d'un air attentif. Feliciano sentit son souffle s'accélérer tandis qu'il lui rendait son regard. Il avait presque l'impression que l'Allemand voyait à travers lui. Ses yeux étaient la chose la plus bleue que Feliciano ait jamais vue.

« Alors... » fit finalement Feliciano avec la sensation de briser un sort en parlant. « Est-ce que je peux aller au marché maintenant? Parce que je suis censé acheter de la farine et je suis déjà en retard et je ne veux pas que mon Papy s'inquiète. »

L'Allemand cligna plusieurs fois des yeux avant de les reposer finalement sur Feliciano. « Je t'en prie. » Il fit signe à Feliciano de reprendre sa route.

« Merci, monsieur le gentil soldat allemand! » fit Feliciano en se mettant à courir le long de l'étroite route de campagne en direction du village. Après quelques pas, sans trop savoir pourquoi, il se retourna. L'Allemand le suivait des yeux mais détourna immédiatement le regard.

Feliciano décida qu'il devait s'agir de son jour de chance. Après l'incident avec les soldats allemands, il se débrouilla pour trouver plein de farine à acheter au marché, ainsi que des pommes et même un peu de sucre, ce qui était quasiment impossible à trouver depuis le début de la guerre. Feliciano courut joyeusement hors du village, saluant les habitants qu'il croisait, et reprit l'étroite route de terre qui menait à sa petite ferme. Le soleil de fin d'après-midi baignait le chemin, les arbres et les champs d'une chaude lueur orangée et Feliciano chantonnait joyeusement pour lui-même en balançant le panier de courses à son côté.

Il adorait la campagne, les jours comme celui-ci. Il pouvait presque oublier la constante présence allemande dans le village, ne pas entendre le bruit des bombes qui se répercutait en écho dans les montagnes, laisser ses yeux survoler le tank ravagé et brûlé sur le côté de la route. Tout était presque paisible. Alors qu'il marchait, Feliciano se demanda ce qui avait poussé l'officier allemand à empêcher le soldat de le frapper, plus tôt. Feliciano n'avait jamais vraiment eu affaire aux Allemands, essayant désespérément de les éviter, mais son grand-père et son frère lui avaient toujours dit qu'ils étaient tous horribles, mauvais et diaboliques. Cet officier ne lui avait pas du tout paru horrible ou diabolique. Feliciano ne pouvait s'empêcher de se demander s'il le reverrait un jour. Mais il n'aurait pas dû y penser. Il n'aurait pas dû s'en soucier. Alors pourquoi était-ce le cas?

Feliciano prit l'allée qui menait à la porte d'entrée et fut immédiatement accueilli par des bruits de rires et de chants. Il sourit et courut jusqu'à la maison. Alors qu'il entrait dans le salon bondé, il fut salué par des cris de joie. Lovino était debout sur une table au centre de la pièce, jouant de sa guitare et menant la foule dans un chant révolutionnaire passionné. Feliciano rit... Lovino devait déjà être très ivre. La pièce n'était pas très grande et paraissait d'autant plus étroite lorsqu'elle était pleine de révolutionnaires en fête. Papy Roma traversa la salle et prit le panier de Feliciano avant de le remplacer par une bouteille de vin et de l'attirer à lui dans une accolade. « Bienvenu à la maison, Feliciano! Oh, tu as des pommes et du sucre, bon garçon!

- Papy, qu'est-ce qu'il se passe? » demanda Feliciano, intrigué au sujet de ce que la foule célébrait, ce soir.

« Aujourd'hui est un bon jour pour une Italie libre! »

Feliciano savait ce qu'il voulait dire. Il l'avait suffisamment entendu jusqu'à maintenant. « Quelle était la récompense, aujourd'hui?

- Une cargaison de munitions venues des montagnes. » Roma se retourna et lança à travers la pièce : « C'est un chargement de balles que les allemands ne tireront pas! »

La salle explosa à nouveau de cris de joie. Feliciano applaudit avec eux mais le cœur n'y était pas tout à fait, cette fois-ci. « Vous étiez nombreux? Est-ce que tout le monde va bien?

- Les pertes étaient toutes du côté des allemands, aujourd'hui. » Roma saisit la main de Feliciano et l'éleva dans les airs, tout comme sa bouteille de vin, pour un salut. Il prit une profonde gorgée avant de finalement relâcher la main de Feliciano. « Trois conducteurs, sept gardes. Ton vieux grand-père en a abattu trois à lui tout seul!

- Bravo Papy! » Feliciano prit une lampée de vin et tâcha de s'entendre penser derrière les chants, les discussions et les cris de joie de la pièce pleine de révolutionnaires. Il n'y avait jamais réfléchi. Papy disait toujours qu'un bon soldat allemand était un soldat allemand mort. Mais Feliciano pensa soudainement que ces soldats qui avaient été tués auraient pu être comme l'allemand qu'il avait rencontré sur la route, ce jour-là. C'était étrange... Papy lui avait parlé de nombreuses fois des soldats qu'il avait tués et Feliciano n'y avait même pas pensé. Mais, dorénavant, ce diabolique allemand qu'on lui avait appris à haïr avait un visage. Un visage avec des yeux aussi bleu que le ciel...

« Alors bois, Feli, et fête une nouvelle victoire pour La Resistenza! »

Les membres de la résistance, bruyants et excités, applaudirent à nouveau. Feliciano les connaissait tous... Des villageois et des fermiers qui s'opposaient à la présence militaire allemande en Italie, qui avaient joint leurs forces pour lutter contre eux et saboter leurs opérations. Ils se retrouvaient souvent à la ferme des Vargas ou dans une petite cantina du village, le plus souvent pour planifier une mission ou en célébrer une qui avait été accomplie. Ils étaient la Resistenza... La résistance italienne... et ils étaient, en ce moment, les personnes les plus recherchées de toute l'Italie. Intercepter les cargaisons allemandes, bombarder des voitures et des tanks, rassembler d'importantes informations tactiques; La Resistenza travaillait sans relâche pour saboter les efforts des troupes allemandes en Italie. Et quand ils faisaient la fête, c'était avec la même passion et la même ampleur.

Lovino acheva le refrain de sa chanson, sauta de la table et jeta un bras autour de Feliciano. « Hé Feli! » Feliciano avait raison... Lovino avait sûrement déjà bu trop de vin. Il n'était aussi joyeux et sociable qu'après quelques verres et une victoire décisive.

« Tu n'étais pas impliqué dans les opérations, aujourd'hui, pas vrai? » demanda Feliciano, soudainement préoccupé. C'était déjà assez dur que Papy y aille toujours et se mette tellement en danger. Il ne voulait pas avoir à s'inquiéter aussi pour son frère.

Lovino roula des yeux. « Si seulement. » Lovino se tourna vers Roma. « Quand est-ce que tu vas me laisser venir avec toi sur une vraie mission, Papy? J'en ai marre de juste planter des bombes dans des voitures. Je veux voir un peu plus d'action! » Roma se contenta de rire et de poser son bras libre autour des épaules de Lovino.

« Vous savez que je n'aime pas voir mes petits fils adorés en danger. » fit Roma en serrant Feliciano et Lovino contre lui.

Feliciano rit. Papy n'avait pas à s'en faire pour lui. Il était le premier à admettre qu'il essayait toujours de rester le plus loin du danger possible. Il aidait quand même le mouvement, généralement en récupérant les informations qu'il pouvait auprès des villageois au sujet des mouvements des allemands dans la zone. Feliciano était reconnaissant que son grand-père cherche à le garder en sécurité, mais, en même temps, il voyait bien qu'il était traité comme s'il était toujours un enfant. Lovino, de son côté, essayait de participer à l'action depuis des années, même si Papy n'arrêtait pas de lui dire que le principe de la résistance était d'être vu le moins possible et que les conflits étaient rares. Mais chaque pouce de responsabilité supplémentaire que Papy lui autorisait ne le rendait que plus avide.

« La prochaine fois, Lovino, c'est promis. » dit Roma, souriant joyeusement et ébouriffant les cheveux de Lovino.

« Tu dis ça à chaque fois. » grommela Lovino, chassant la main de Roma.

Roma se contenta de rire et prit la guitare des mains de Lovino. « Souris, Lovino. Fais la fête et chante avec nous! » Roma gratta les cordes, se retourna pour saluer la pièce et commença à jouer une mélodie immédiatement reconnaissable. Le salon bondé éclata dans un tonnerre d'applaudissements ravis. Puis Roma entonna une chanson qui leur était, à tous, bien familière.

Una matina mi son svegliato,

O bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao!

Una matina mi son svegliato,

E ho trovato l'invasor.

Les révolutionnaires se joignirent à lui. Lovino, ivre de vin et d'euphorie, parut oublier immédiatement son agacement et commença à danser avec une des filles du coin. Feliciano ne put s'empêcher de se laisser emporter. Il but du vin à la bouteille et se joignit au chant. Il salua joyeusement diverses personnes qui venaient lui parler. Il rit, fit la fête et écouta les récits de victoires puis cria fort avec les autres pour réclamer à Papy Roma de jouer la chanson à nouveau. Il dansa et applaudit et chanta la chanson encore et encore jusqu'au dernier vers que chacun chanta si fort que Feliciano fut certain qu'on les avait entendus jusque dans le village.

E questo il fiore del partigiano,

O bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao!

E questo il fiore del partigiano,

Morto per la libertà!

Cette nuit, épuisé, rassasié et heureux, Feliciano s'allongea, essayant de s'endormir avec les ronflements de Lovino venant du lit à côté du sien. Il avait passé la nuit à manger, boire, parler et chanter des chansons sur la liberté italienne avec la résistance locale. Mais alors qu'il fermait les yeux et glissait avec contentement dans le sommeil, la dernière image qui lui traversa la tête fut celle d'un officier allemand aux cheveux blonds et aux yeux bleus, se tenant dans la lumière du soleil et posant son regard sur lui.


Un matin, je me suis réveillé,

Ô bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao!

Un matin, je me suis réveillé,

Et j'ai trouvé l'envahisseur!

.

Ceci est la fleur du partisan,

Ô bella, ciao! Bella, ciao! Bella, ciao, ciao, ciao!

Ceci est la fleur du partisan,

Qui est mort pour la liberté!