CHAPITRE 17 : Une passerelle

Le lendemain matin, Teddy était dans la cuisine des Potter, en train de prendre le petit déjeuner, lorsque la sonnette retentit. Harry se leva pour aller ouvrir. Ginny était déjà partie pour déposer Lily chez ses parents et emmener les garçons à l'école. Elle avait perdu beaucoup de temps à cause d'Albus qui était descendu sans ses lunettes et il avait fallu chercher près d'une demi-heure avant de finalement mettre la main dessus : il les avait cachées la veille dans un pot de fleur et avait lui-même oublié où il les avait fourrées. James avait encore pleurniché un peu pour aller à Poudlard avec Teddy mais sa mère lui avait fait enfiler son manteau de force et ils s'étaient rapidement retrouvés sur la route.

Des voix émanèrent du rez-de-chaussée puis Harry revint en compagnie d'un homme de grande taille au visage en lame de couteau et aux cheveux d'un blond si pâle qu'ils en semblaient presque blancs. Ses yeux gris se fixèrent sur l'enfant, il eut un bref froncement de sourcils avant de le saluer d'un léger signe de tête.

« Draco, je te présente Teddy, mon filleul. C'est le fils du professeur Lupin, tu te souviens de lui ?

_ Vaguement oui, c'est… (il se retint) c'est vieux tout ça. »

Teddy était persuadé que ce n'était pas ce qu'il avait eu l'intention de dire au premier abord et il avait parfaitement raison, Draco s'était retenu à la dernière seconde de demander s'il s'agissait bien de l'homme qui avait failli tous les dévorer le soir où Sirius Black s'était enfui de Poudlard à dos d'hippogriffe. Il avait finalement trouvé sa répartie un peu trop virulente face à un si jeune enfant.

« Si tu veux que je repasse à un autre moment, quand tu seras seul, pas de soucis. »

Mais déjà Harry avait déposé une tasse de café fumante entre ses mains. Elle était si chaude que Draco fut forcé de la poser sur la table pour ne pas se brûler les doigts. Par la même occasion, il en profita pour s'asseoir. Au pire, il buvait le café et filait immédiatement. Il n'aimait pas beaucoup venir chez Harry, il avait toujours un peu peur d'y tomber sur Weasley et si nouer des liens plus ou moins amicaux avec son ancien ennemi d'école n'était pas évident, il était parfaitement hors de question qu'il fasse le moindre effort pour Weasley. Celui-ci pouvait bien aller se faire empailler par les sombrals, il ne voulait surtout rien avoir à faire avec lui.

« Teddy est au courant de l'histoire, dit Harry en se servant lui-même une seconde tasse de café. C'est plus ou moins lui qui m'a aidé à mettre la main sur Rowle l'année dernière. »

Intrigué par la tournure que prenait la conversation, le garçon leva le nez de son bol de céréales.

« Thorfinn Rowle s'est évadé, dit-il.

_ Ça, on est au courant, rit Malfoy. D'ailleurs ça a fait pas mal de bruit au ministère.

_ Ah oui ? »

Teddy jeta un coup d'œil à son parrain. Il ne lui en avait pas touché le moindre mot. Mais Draco, lui, ne semblait pas gêné du tout d'en parler.

« Depuis quelques temps on commence à raconter que Azkaban est devenue la prison la moins sûre du monde. L'ennui c'est que c'est aussi la seule où l'on met nos criminels.

_ Comme ton père, rappela agressivement Harry.

_ Mon père n'est pas un criminel, Potter. »

Merlin, ce que c'était difficile de garder son sang-froid et de ne pas se laisser emporter. Sans la présence de l'enfant, Draco aurait certainement balancé tout le contenu bouillant de sa tasse au visage de cet effronté d'ancien Gryffondor.

Durant un court instant, les deux hommes se jaugèrent du regard et Teddy ne put faire autrement que deviner la tension qu'il y avait entre eux. Il aurait aimé dire quelque chose pour pouvoir détourner la conversation mais rien ne lui venait à l'esprit. Il détestait les disputes. Il baissa les yeux sur son bol de céréales à moitié entamé. Il n'avait plus très faim.

« Est-ce que tu as découvert quelque chose de particulier ? demanda Harry.

_ Les néo-Mangemorts sont frileux, Potter. Ils ne m'acceptent que très difficilement. »

Draco se retint de mentionner que maintenant, il n'appartenait plus à aucun groupe. Il était un paria aux yeux de tous, Mangemorts comme non-Mangemorts. Il avala sa dernière gorgée de café.

« A priori ils ont pour but d'essayer de ramener Voldemort à la vie.

_ Mais est-ce que c'est réellement une grande nouvelle ça ? »

Draco haussa les épaules.

« Je n'ai pas plus d'informations pour l'instant. Ils ne sont pas très nombreux et Yaxley ne m'a pas laissé rencontrer les autres membres. »

A la mention du nom, Teddy, qui avait jusqu'ici écouté très attentivement la discussion, se redressa.

« Je connais Yaxley. »

Les regards des deux hommes convergèrent soudainement dans sa direction et, l'espace d'un instant, il se sentit effroyablement gêné. Il déglutit et se tassa un peu sur sa chaise mais c'était trop tard, ils voulaient en savoir plus.

« Comment ça tu le connais ?

_ Il… il vient à Poudlard pour recruter. »

Harry se pencha en avant, il avait soudainement l'air très soucieux.

« Tu es sûr de ce que tu dis ? C'est très grave Teddy, si tu te trompes, ça peut avoir d'énormes implications.

_ Je ne me trompe pas. Il recrute à Poudlard.

_ Est-ce qu'on peut se permettre de te demander comment tu le sais ? demanda Draco qui visiblement ne semblait pas penser que l'avis d'un enfant de douze ans puisse avoir de l'importance.

_ Parce que je… je l'ai rencontré en fait mais je ne suis pas le seul ! Il y a Mélusine aussi.

_ Et qui est cette Mélusine ? demanda Harry avant que Draco ne se montre encore brutal.

_ Fudge… »

Teddy savait que son parrain travaillait pour le ministère de la magie et n'ignorait rien de l'identité de la fille de l'ancien ministre. Il savait aussi que ça ne lui plairait pas de la savoir impliquée dans une telle affaire. Et de fait, les deux hommes avaient l'air préoccupé.

« L'affaire est grave, murmura Harry, bien plus qu'on ne l'avait cru.

_ Je ne veux pas aller dans une école moldue ! »

L'intervention de l'enfant attira l'attention de Draco et de Harry. Tous deux se tournèrent subitement vers lui, les sourcils froncés.

« Mais qui te parle d'aller dans une école moldue ? »

Teddy déglutit avec la sensation d'avoir fait une bêtise de plus.

« Le professeur Rockwell l'avait mentionné à un moment donné et… »

Il vit le visage de son parrain se crisper sur un masque de colère. Il tapa même du poing sur la table, faisant sursauter Draco et Teddy.

« Celui-là, je vais m'assurer qu'il compte les têtards du lac jusqu'à la fin de ses jours.

_ Non ! Je ne veux pas que tu t'en prennes à lui. C'est mon professeur préféré et il est comme toi, il essaye de m'aider et de me protéger.

_ Il te raconte beaucoup de bêtises. »

Teddy se leva, cette fois en colère.

« Toi aussi tu m'en racontes. Tu dis tout le temps que tu n'as pas de temps pour moi mais je sais que tu emmènes James et Albus en sortie. Tu n'as même pas le cran de me dire que tu ne veux pas passer de temps avec moi. Tu ne réponds même jamais à mes lettres. »

Harry en resta bouche-bée et Draco avait soudainement l'air mal à l'aise.

« Je vais vous laisser. J'ai à faire. »

Et il fila. Quelques secondes plus tard, ils entendirent se refermer la porte d'entrée. Nul doute qu'il avait rapidement transplané. Harry et Teddy n'avaient pas fait un geste et se jaugeaient du regard. L'Auror avait l'impression d'avoir été poignardé en plein cœur. Toute son enfance il avait reproché aux Dursley de l'avoir négligé pour ne pas dire maltraité, et il se rendait compte qu'à plus petite échelle il était en train de faire pareil avec Teddy. Il eut l'impression de suffoquer et lorsqu'il parla, ce fut d'une voix chevrotante.

« Je… je te demande pardon Teddy. »

Bien qu'ils n'en aient plus reparlé, le voyage du retour se fit dans un silence pesant. Une fois devant la porte du parc cependant, n'y tenant plus, Harry serra son filleul dans ses bras.

« Je me soucie de toi, je te le promets. Je suis juste un idiot et je ne sais pas m'y prendre avec les enfants. Mais je vais faire de mon mieux.

_ Tu le jures ?

_ Sur tout ce que j'ai de plus sacré oui. »

Teddy accentua l'étreinte mais le temps filait et il dut la rompre plus vite qu'il ne l'aurait voulu. Il embrassa une dernière fois son parrain sur la joue avant de filer vers l'école.

Sam, Jesse et Napata avaient pris ses devoirs en son absence. Dans la salle commune de Gryffondor, le rouquin empilait les parchemins qu'il avait dupliqués pour lui.

« Rockwell nous a parlé des options pour l'année prochaine, dit-il, elles ont toutes l'air géniales.

_ Sauf la divination, grogna Jesse. C'est sûr que je ne suivrai pas une matière pareille. Ça ne devrait même pas être enseigné.

_ Tu rigoles ? s'étonna Sam. Le professeur est un centaure, Jess ! C'est mille fois mieux que Binns !

_ Ah ouais ? Et si tu as une mauvaise note il te file un coup de sabot peut-être ? »

Teddy écoutait la conversation d'une oreille distraite. Jusqu'ici, il avait toujours pensé comme une évidence qu'il allait devenir Auror mais depuis qu'il s'était rendu au chevet de sa grand-mère à Sainte Mangouste, une autre idée était en train de faire son chemin dans sa tête.

« Vous voulez faire quoi comme métier vous après Poudlard ? les coupa-t-il.

_ Auror ! s'écria Jesse sans la moindre hésitation. Comme toi. Même qu'on sera les deux Aurors les plus célèbres et les plus compétents du monde entier.

_ Et toi Sam ? »

Le rouquin haussa les épaules.

« Courir après les méchants, je ne pense pas que ce soit mon truc. Je ne sais pas trop ce que je voudrais faire, peut-être de la photographie. Ça doit être bien.

_ Tu parles, répliqua Jesse. On ne t'a même jamais vu avec un appareil.

_ J'en ai un ! Mais je ne l'emmène pas à l'école parce que j'ai peur qu'on me le vole.

_ Ben peut-être que la divination t'aiderait à le retrouver du coup. Les centaures ont peut-être un flair aussi développé que celui des chiens.

_ Ne te moque pas d'eux, soupira Sam qui en avait visiblement assez de se disputer avec son ami. Les centaures sont réputés pour être les plus grands astrologues et probablement les plus à même de décrypter les signes de divination et de prescience. »

Cette dernière phrase interpella Teddy.

« Tu en es sûr ? »

Ravi d'avoir trouvé un allié potentiel, Sam acquiesça vivement, envoyant plusieurs mèches de cheveux dans ses yeux.

« Aussi sûr qu'on puisse l'être. C'est ma mère qui m'en a parlé.

_ Et l'un des professeurs de divination est un centaure. »

Teddy se passa une main sur le menton. Il avait effectivement déjà croisé le centaure à plusieurs reprises mais il n'avait pas été certain, jusque-là, de son rôle dans l'école. Il avait supposé qu'il était là au même titre que les sombrals, les hippogriffes et les scrouts à pétard même s'il avait conscience que ça serait terriblement vexant. Après tout, les centaures étaient en partie humains. Il regarda sa montre, il n'était pas très tard.

« Il faut que je lui parle. »

Il n'écouta pas les exclamations de ses amis qui devaient commencer à avoir l'habitude de le voir les planter là sans rien leur dire.

« Je vous dirai quoi à mon retour. »

Il passa à toute allure le trou du portrait qui le traita de « mal au trou » ou peut-être plutôt de « malotru », Teddy n'avait pas eu l'occasion de bien entendre et puis de toute façon tous les Gryffondor de Poudlard savaient que la Grosse Dame n'était pas quelqu'un à écouter. Il descendit les escaliers, ravi de constater que, pour une fois, ceux-ci ne cherchèrent pas à le détourner de sa route. Peut-être étaient-ils fatigués après une longue journée de déambulation à amener des élèves à destination ou, au contraire, à les perdre. Il cavala jusqu'à la salle des professeurs devant laquelle il s'arrêta finalement, à bout de souffle. Il prit quelques instants pour respirer puis frappa à la porte. Il patienta, espérant qu'il y ait bien quelqu'un jusqu'à ce que le professeur Londubat vienne finalement lui ouvrir.

« Teddy, s'exclama-t-il. Qu'est-ce que tu fais ici ?

_ J'aimerais rencontrer le professeur… euuh… je ne sais pas son nom, c'est un centaure. »

Il se sentit rougir jusqu'à la pointe des cheveux. C'était quand même assez indélicat de sa part de le décrire ainsi. Il aurait pu dire le professeur de divination mais il avait peur de ne pas être assez clair. S'il se souvenait bien, il y avait aussi le professeur Patil qui occupait ce poste. D'ailleurs, il se demandait comment ils se partageaient les cours. Est-ce qu'ils enseignaient tous les deux en même temps dans la même classe ? Est-ce que le professeur Patil montait sur le dos du centaure pour se donner un peu plus d'allure ?

« Firenze, il s'appelle Firenze. (le professeur de botanique fronça les sourcils.) Mais pourquoi est-ce que tu veux lui parler ?

_ C'est… enfin… pour mon orientation !

_ Ton orientation ? »

Visiblement, le professeur n'entendait pas un traître mot de ce qu'il était en train de lui raconter et Teddy avait envie de lui crier de cesser de poser des questions sur des sujets qui ne le regardaient pas mais c'eut été malpoli et il aurait mérité des points en moins si ce n'était carrément une retenue. Il poursuivit néanmoins dans son mensonge. De toute façon, il ne pouvait clairement pas lui dire la vérité. Encore, Harry, ça aurait été possible, mais certainement pas lui, héros de guerre ou non.

« Le professeur Rockwell a parlé aujourd'hui des différentes options que l'on pouvait prendre l'année prochaine et je voulais me renseigner.

_ Tu sais, le professeur Firenze n'enseigne la divination qu'aux sixième et septième années. Le reste, c'est le professeur Patil qui s'en occupe. Si tu choisis de prendre la divination, tu auras d'abord cours avec elle. »

Voilà qui répondait à sa question de comment les deux professeurs se partageaient les cours. La jeune femme ne montait pas sur le dos du centaure et il s'en sentit néanmoins un peu déçu. Ça aurait fait une drôle de configuration pour les cours et sûr que ça aurait valu le coup d'œil.

« Je voudrais quand même lui parler. Il paraît que les centaures sont les meilleurs astrologues. »

Le professeur de botanique laissa échapper un sourire et Teddy sut que l'affaire était dans la poche.

« Il ne vient jamais dans la salle des professeurs. Sauf quand il y est vraiment obligé. La plupart du temps, il reste dans sa salle de classe. C'est celle qui porte le numéro dix du côté de la cour de métamorphose. »

Teddy le remercia et se dépêcha de suivre ses indications. Il sortit dans la cour de métamorphose et sentit un courant d'air glacial s'infiltrer sous ses vêtements. Les vacances de Noël approchaient à grands pas et l'hiver venait avec. Lorsqu'ils sortaient tôt le matin, ils pouvaient apprécier toute à leur guise la petite croûte de gel qui se formait sur le parc pendant la nuit.

Le garçon frappa à la porte et attendit qu'une voix profonde et rauque lui dise d'entrer. La main un peu tremblante, il obéit.

L'intérieur de la salle de classe n'avait strictement rien à voir avec le reste de l'école et Teddy en resta bouche bée. Ici, il n'y avait ni table ni chaise, pas même de tableau. Les grandes fenêtres donnant sur le parc avaient disparu, le sol également. Tout était caché par une clairière luxuriante. Le sol était tapissé d'une pelouse d'un vert émeraude. Des arbres et arbustes occupaient certains endroits. Au pied de ce qui ressemblait à un chêne séculaire, de l'humus fleurissait. Le plafond faisait un peu penser à celui de la Grande Salle. Il affichait un ciel, pour l'heure de nuit, couvert d'étoiles. Teddy reconnut quelques-unes des constellations mais il y en avait certaines dont il n'avait même jamais entendu parler. Quelques faux nuages passaient ici et là, venant masquer brièvement l'éclat d'un croissant de lune.

Le professeur Firenze, qui était en partie allongé au pied du chêne, se leva pour rejoindre Teddy. Le bruit de ses sabots était étouffé par la végétation.

« Ouah ! s'écria l'enfant. Votre salle est magnifique !

_ C'est gentil jeune humain. J'ai appliqué toute ma magie à recréer la forêt. Les centaures ne sont pas faits pour vivre dans un château.

_ Pourquoi ne pas en partir alors ? »

Un sourire triste fendit le visage bourru de l'équidé.

« C'est une bien longue histoire et je doute que c'est pour l'entendre que tu es venu me voir. Je n'ai pas l'honneur de te connaître.

_ Je m'appelle Teddy Lupin et je voulais vous parler parce que je pense que j'ai un don de prescience. »

Le centaure haussa les sourcils et se passa pensivement une main sur le menton.

« Quel critère te fait dire une telle chose ?

_ J'ai rêvé que Thorfinn Rowle s'évadait d'Azkaban et le lendemain, j'ai vu dans le journal qu'il s'était vraiment évadé.

_ Tu as rêvé…

_ Dans les moindres détails. Je suis sûr que tout s'est passé comme je l'ai vu. C'était comme si j'observais toute la scène. J'ai… ça me fait un peu peur. »

Le centaure acquiesça.

« Viens donc t'asseoir. »

Il se choisit une souche sur laquelle il s'installa. A sa grande surprise, elle n'était pas dure sous ses fesses mais plutôt confortable.

« La magie revêt bien des facettes. En quelle année d'études es-tu ?

_ En deuxième, chez les Gryffondor.

_ Je n'ai pas l'honneur de t'avoir dans mes élèves alors. Le don de prescience est souvent mal vu des gens, la plupart des sorciers considère qu'il s'agit d'une vaste mascarade ouvrant la porte de la fortune aux charlatans.

_ Ils disent le même de la médecine des moldus. »

Firenze acquiesça, ravi d'avoir face à lui un étudiant enfin à l'écoute.

« Exactement. Beaucoup des humains pensent que la taille de leur cerveau et le nombre de leurs jambes suffisent à leur donner le droit de dominer les autres races. »

Teddy sentit de la rancœur dans son ton. Il avait toujours entendu dire que les créatures dites hybrides – ce qui était désormais un terme péjoratif – souffraient de bien des discriminations. Lui-même s'était souvent mis en colère en entendant dire que les loups-garous et parfois même les métamorphomages n'étaient pas des êtres naturels.

« Mais pourquoi est-ce que j'ai rêvé de ça ? Je veux dire je n'ai jamais eu la moindre vision d'autre chose. Je ne fais pas ça habituellement.

_ La magie, mon jeune ami. Elle semble être très forte chez toi. »

Teddy rougit sous le compliment et le regard du centaure s'illumina.

« Tu es un change-forme !

_ Je préfère qu'on dise métamorphomage. Ça fait moins… truc bizarre.

_ Je comprends. Effectivement ton essence magique est très puissante. Ce Thorfinn Rowle t'interpelle n'est-ce pas ?

_ Il a cherché à faire du mal à ma meilleure amie, dit-il en acquiesçant. J'ai peur qu'il ne recommence.

_ Et tu l'as approché de près ? »

Teddy gonfla la poitrine.

« Je l'ai même combattu. Bon pas longtemps mais un peu.

_ Eh bien voilà. Tu as créé une passerelle entre toi et lui.

_ Nous sommes liés ? »

Il sentit un frisson d'angoisse lui remonter la colonne vertébrale comme lui venait en tête l'histoire de son parrain qui était lié à Lord Voldemort. Il n'avait pas du tout envie de suivre le même schéma.

« Non, vous ne l'êtes pas. Tu as juste des prédispositions pour la divination. J'aimerais beaucoup te compter dans mes élèves. »

Teddy se leva de sa souche.

« Alors c'est juste ça ?

_ Peut-être.

_ Comment ça peut-être ? Je ne comprends pas.

_ La magie n'est pas une science exacte, elle n'en fait qu'à sa tête. »

Lorsqu'il quitta la forêt intérieure, Teddy ne savait pas s'il avait eu une réponse ou non. D'un côté, il avait compris comment il avait pu avoir une telle vision. D'un autre, les réponses du centaure avaient ouvert plus d'interrogations que de réponses.

En rentrant dans la salle commune des Gryffondor, il vit un attroupement devant le panneau d'affichage. Il n'eut pas à se frayer un chemin, Sam et Jesse lui fondirent dessus.

« Trop bien ! s'écria Sam. Le prochain match de Quidditch aura lieu juste avant les vacances de Noël !

_ Quelles équipes ?

_ Serpentard et Poufsouffle évidemment, répondit Jesse, puisque les deux autres ont déjà joué. Tu as trouvé ce que tu cherchais ?

_ Oui, je crois que je vais choisir la divination comme option l'année prochaine. »

Jesse en resta bouche-bée. Sam, lui, afficha un large sourire victorieux.