«Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort »

- 1er épître aux Corinthiens 15 v.26

Repris par J.K Rowling dans Harry Potter et les reliques de la mort

Relecture et correction : katoru87 (si tu passes par là, merci et bonne année ! Amitiés !)


EPILOGUE


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Sur l'un des chemins bucoliques du Dix, un gamin courait vers eux.

- Oncle Jack ! Hé, oncle Jack ! criait-il. Oncle Ianto ! Regardez-moi ! Regardez ce que je fais !

Agile comme un saltimbanque, il fit la roue.

Ianto en resta bouche-bée. Ce gamin avait pour parents deux rats de bibliothèque. Pourtant, on aurait pu aisément le prendre pour le fils de Jack. Il avait exactement la même personnalité intrépide.

Jack rit et saisit la main de Ianto dans la sienne. Il faisait souvent ça quand il était content. Instaurer un contact. Comme pour partager son hilarité avec lui. Ianto enlaça ses doigts aux siens.

- Génial, Dean ! cria Jack à son neveu.

Ianto ne pouvait tout simplement pas se résoudre à dire quoi que ce soit. Si le gamin se cassait quelque chose, il était pratiquement certain que Tosh en ferait une crise d'apoplexie.

Difficile de croire que cette femme avait pu être une espionne au service des rebelles en plein cœur du Capitole quand on la voyait prête à tourner de l'œil quand Dean faisait seulement mine d'escalader le moindre muret. Et l'insouciance de Gray n'aidait pas franchement à la rassurer. Gray était sûrement le père le moins stressé de tout Panem. Au fond, il fallait au moins ça pour compenser… Tosh.

Ianto se disait toujours que l'éternelle attitude « à la cool » de Gray venait forcément de ces années où il avait dû se restreindre et se surveiller en permanence. Les gens qui le côtoyaient au Capitole à cette époque ne l'auraient sûrement pas reconnu aujourd'hui. En admettant qu'ils soient encore en vie.

C'était un miracle que Tosh et Gray le soit. L'existence de Dean était un miracle vu tous les risques que ses parents avaient pris avant même d'envisager seulement de se mettre ensemble. Durant toutes les années où Ianto avait observé Gray évoluer avec aisance au Capitole, il l'avait silencieusement plaint. Gray lui était toujours apparu comme une personne infiniment seule. En réalité, il avait Tosh. Née au Capitole, elle aurait logiquement dû se moquer totalement du sort des tributs et autres oppressés des districts. Elle n'aurait jamais dû être capable de percevoir la sensibilité de Gray derrière son masque. Mais elle l'avait fait. De fil en aiguille, avec une immense lenteur dictée par leurs extrêmes méfiances mutuelles, Gray et Tosh étaient devenus amis. Et à quelques mois de la troisième Expiation, quand la crainte de voir son frère renvoyé dans l'arène avait fait gonfler la colère et le désir de révolte en Gray, il avait trouvé un soutient inespéré en la jeune femme. Tosh était l'espionne rêvée : d'une discrétion presque surnaturelle, sachant se faire oublier mieux que personne. Ensemble, ils avaient travaillé à fournir de précieux renseignements aux rebelles. Ils avaient tenu leurs positions aussi longtemps que possible puis avaient profité de la débâcle pour se cacher et échapper aux geôles où Snow enfermait ceux sur qui pesait le moindre soupçon.

Jusqu'à très récemment, Ianto ne savait presque rien de la folle cavale de Tosh et Gray dans les réseaux clandestins du Capitole. Il en découvrait un nouvel épisode tous les soirs après le dîner en ce moment, à la faveur des réclamations de Dean. Gray racontait son passé à son fils de la même manière que Jack l'avait fait avec Ianto bien des années plus tôt : en ne perdant jamais de vue le comique de situation.

Quant au fait que Ianto et Jack puissent être là à regarder Dean Harkness faire le pitre dans la campagne du Dix… Ça tenait presque de l'intervention divine. En oubliant leur passage respectif dans l'arène des Hunger Games, chacun d'eux aurait pu mourir au moins vingt fois. En menant la révolution dans le Dix. Puis en luttant jour après jour pour maintenir le pouvoir rebelle en place dans leur district. Les soldats du Capitole les ciblaient en priorité. Tout particulièrement Jack. Parce qu'il était un leader chez les vainqueurs rebelles et dans son propre district.

Après la victoire des rebelles et la chute de Snow, Jack aurait pu être maire du Dix, s'il l'avait voulu. Beaucoup, ses parents en tête, s'étaient attendus à le voir embrasser une carrière politique une fois la paix difficilement installée. Jack n'avait même pas voulu en attendre parler. Ianto savait ce qu'il voulait : ne plus avoir à parader. Jamais. Pouvoir être lui-même.

Deux jours après que Katniss Everdeen avait tué le président Snow, Jack, Ianto, Gray et une Tosh complètement paumée étaient venus s'installer définitivement au Dix. Et Jack avait carrément parlé de Ianto à tout le monde comme son compagnon de longue date. La plupart des gens s'étaient montré ravis pour eux. On était ravi de revoir Gray, ravi de voir qu'il avait amené sa « petite fiancée » avec lui (les braves gens du Dix avaient mis ces deux-là ensemble avant même qu'ils ne le soient réellement) et ravi surtout de voir que leurs vainqueurs, ceux qui les avaient guidés lors de la révolution, revenaient au District 10 comme on revient chez soit.

Les frères Harkness bossaient depuis leur retour sur la mise en place d'un mode d'agriculture et d'élevage révolutionnaire pour le Dix et le Onze. Depuis quelques années, ils parlaient de réinvestir une bonne partie de leurs bénéfices dans une restructuration complète des mines du Douze. C'était comme ça qu'ils voulaient changer le monde. Et ils s'en sortaient très bien.

Leur business était une affaire de famille. Tosh et Ianto y avaient été impliqués depuis le début. En fait, Ianto avait carrément donné sa maison à son beau-frère. Ils faisaient plus que travailler tous ensemble, ils vivaient ensemble. C'était presque comme si Ianto et Jack étaient les seconds parents de Dean.

Des familles miséreuses du Dix avaient été relogées dans les maisons vides du village, dont celle de John. Lorsqu'il passait devant et entendait les gamins qui chahutaient à l'intérieur, Ianto souriait en songeant combien John aurait détesté ça. Parfois, une petite voix dans la tête de Ianto prenait les accents sardoniques de celle de John pour sortir de petites piques assassines. Comme si le cerveau de Ianto, habitué à l'humour noir et à l'ironie blasée de John, comblait son absence en l'imitant. De là à dire que John lui manquait, il n'y avait qu'un pas que Ianto ne franchirait pas. Mais sa mort et celle de Gwen lui avaient brisé le cœur et retrouvé les tripes. Ce n'était pas des tributs que Jack et lui avaient perdus lors des soixante-quinzième et derniers Hunger Games, c'était des comparses. Peut-être même des amis.

La mère de Gwen avait gardé la maison de sa fille. Ianto la croisait parfois. Une vieille dame aux cheveux blancs qui marmonnait toute seule. Elle filait un peu les jetons à Dean. Et probablement à Tosh aussi.

Parfois, Ianto racontait à Dean une version très édulcorée des Hunger Games. Les autres enfants en parlaient à l'école alors le tenir dans l'ignorance aurait été ridicule. Tôt ou tard, Dean entendrait parler des deux tributs que ses oncles avaient menés à la victoire, puis perdus quelques années plus tard. Et Ianto ne pouvait qu'espérer que jamais Dean ne verrait les images de John et Gwen assassinés sous une pluie de sang artificiel. Il y avait encore de nuits où il se réveillait en hurlant après en avoir rêvé.

Jack de son côté stimulait l'imagination de son neveu avec ses histoires de Docteur. Il n'avait jamais retrouvé Rose. La découverte de la réalité de l'existence du District 13 avait été un immense espoir mais la vieille amie de Jack n'avait probablement pas eu la chance d'atteindre la terre promise des rebelles…

Il n'y avait plus de rebelles maintenant. Chaque soir quand il se couchait près de son amant, Ianto priait en silence pour qu'il n'y ait plus jamais besoin d'en avoir. Il n'était pas assez naïf pour ignorer que c'était un vœu vain. Il y aurait toujours des oppresseurs, comme il y aurait toujours des Jack et des Katniss refusant de vivre à genoux.

Et c'est avec cela à l'esprit que Ianto souriait à Jack dans la pénombre.


FIN


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Voilà, c'est fini … Un immense merci à vous qui m'avez suivi dans cette « aventure ». Je trouvais ce projet de crossover complètement tiré par les cheveux au départ, mais vous m'avez encouragé quand j'en ai parlé, puis adhéré quand j'ai commencé à publier et je ne saurais vous dire à quel point votre soutien et votre enthousiasme me sont allés droit au cœur !

Je vous souhaite évidemment à tous une excellente année 2015, pleine de belles découvertes et de bonnes lectures ! Je n'ai toujours pas dis mon dernier mot, ni pour le fandom Torchwood, ni pour les fanfictions en général donc j'espère de ne pas mentir en vous disant « à bientôt » !

Amitiés,

Kate