Disclaimer : Je ne possède pas Harry Potter.

Warning : Cette fiction est un slash avec scènes de sexe explicites et parfois assez dures alors si vous êtes trop jeunes ou que vous n'aimez pas les relations entre hommes, cette histoire n'est pas pour vous.

Un nouveau chapitre qui terminera cette journée du 23 mai et qui donnera encore du fil à retordre à Severus. Merci pour celles et ceux qui m'ont laissée des reviews, je suis désolée de ne pas pouvoir y répondre. A bientôt !


Samedi 23 mai 1998, 11h54

Cette fois, Hermione n'eut pas besoin d'un signe elle suivit Harry sans y être invitée, et une fois la porte close, persifla, « Quoi maintenant ? Noir ? »

Pressentant qu'il ne pourrait pas discuter de cela aussi prudemment que plus tôt, Harry passa devant elle et alla sécuriser la porte, puis s'appuya dessus, roulant des yeux. « A présent, il veut mes actifs de lignée. Hmm, c'est tout ce que ma mère ou mon père ont possédé avant moi. Il vient juste de me faire transférer le contenu de mon coffre dans le sien. »

Hermione s'assit sur le lit de Ron, ses sourcils se fronçant tandis qu'elle essayait de trouver du sens à tout ça.

Découragé, Harry se laissa tomber sur son propre lit et s'allongea sur le dos. « Je savais que j'aurais à lui donner toutes ces affaires de toute façon, ce n'est pas comme si c'était un grand choc, mais je ne comprends pas pourquoi cela doit être aujourd'hui. »

« Eh bien, je pense que c'est un autre test, » dit Hermione, hochant la tête pour elle-même. « Comme pour la chemise. Je suppose qu'il veut juste voir si tu vas le faire. »

« Je suis à deux doigts de ne pas le faire ! » cria Harry. « C'est la cape de mon père qu'il veut, et la carte du Maraudeur, Hermione ! Et tu penses qu'il va se contenter de regarder un parchemin vierge et ne pas me poser de question ? Il va exiger de tout savoir, je le sais ! »

Hermione fronça les sourcils. « Oui, mais comme tu l'as dit, tu aurais dû lui donner ces deux choses à la fin. Il aurait alors posé ses questions, non ? Le timing ne fait pas beaucoup de différence. »

« Je vais juste mentir, » fulmina Harry. « Il ne mérite pas la vérité, pas après avoir menti à propos de ma mère. Il a dit que mon père n'avait pas de réelles qualités, et que ma mère ne l'aimait que pour son argent et son sang pur, Hermione ! »

Hermione éclata de rire. « Pas de qualités ? Il est devenu un Animagus non enregistré alors qu'il était encore à l'école, par pitié ! Et c'est sans compter la carte ! C'est un chef-d'œuvre de sorcellerie ! »

« Ouais, ça en est un, n'est-ce pas ? » demanda Harry. « Je parie que Rogue n'a jamais fait un truc pareil quand il était encore à l'école ici. Je pense que ce serait amusant de lui mettre ça sous le nez, de lui faire voir à quel point mon père était un grand sorcier ! »

« Tu vas montrer à Rogue comment fonctionne la carte ? »

« Eh bien, je le devrai, tôt ou tard ! » s'exclama Harry. « Quand nous aurons fait l'invocation, ne pas obéir à ses ordres gâchera l'échange de pouvoir, donc je suis plutôt bien coincé. »

Hermione réfléchit à cela, et acquiesça doucement. « Ce n'est pas comme si tu allais encore avoir besoin de la carte très longtemps, de toute façon, » compatit-elle.

« Ouais, merci du rappel ! J'ai hâte de devenir un esclave qui ne pourra aller et venir sans que son maître ne le lui ait dit ! »

« Ce n'est pas ce que je voulais dire, » corrigea calmement Hermione. « Je pensais juste qu'il ne nous restait que quelques semaines à étudier ici. Quelle utilité aura une carte de Poudlard une fois que nous serons partis… oh. »

« Ouais, oh ! » imita Harry. « Je ne vais pas très loin, si ? »

« Je suis désolée, Harry… »

« Moi aussi, » dit-il, mais avec moins d'ardeur. « Ce n'est pas ta faute. C'est juste comme ça. Je dois me calmer ou je vais exploser là-bas et dire quelque chose de grossier, et beurk, c'est pour ça qu'il… tu sais, comment j'en suis arrivé là ? C'est parce que je l'ai traité de trou du cul. »

« Il en est un, à te tester ainsi ! » déclara Hermione, bondissant sur ses pieds.

Harry laissa tomber la procrastination et prit la cape de son père du tiroir où il la gardait. Puis, avec un soupir lourd, il prit la carte également.

Hermione l'étreignit, puis le laissa partir.

Samedi 23 mai 1998, 12h20

Severus observa attentivement la cheminée, convaincu qu'Harry arriverait sous la cape d'invisibilité, mais quand le jeune homme apparut, elle pendait par-dessus sa main, un scintillement de tissu irisé. Son autre main serrait un bout de parchemin plié.

Harry les posa sur la table basse devant le canapé, et sans un regard vers Severus, s'installa dans une position confortable.

« Tous ces aller-retour m'ont vraiment donné faim, » dit-il avec désinvolture, comme s'il ne venait pas de laisser ce qui était visiblement ses biens les plus précieux. « Une chance de déjeuner bientôt ? »

« Dans un moment, » murmura Severus, prenant le parchemin. « Dites-moi de quoi il s'agit. »

Il s'attendait pleinement à entendre les mêmes mots qu'Harry avait écrits pour lui quand il l'y avait poussé, vieux bout de parchemin. A la place, le jeune homme annonça catégoriquement, « C'est une carte de Poudlard. »

La fameuse carte. Severus l'avait aperçue, rien de plus. « Ecrite à l'encre invisible ? » se moqua-t-il. Il pensa plus judicieux de ne pas lancer un Révèle tes secrets à nouveau, ou encore le plus élégant Monstrare toto. Une humiliation face à Harry Potter était plus qu'assez, mais au moins aujourd'hui, il n'y avait pas de loup-garou pour lui arracher la carte. « Eh bien ? Montrez-moi. »

Encore une fois, il s'attendait à de l'hésitation, sans parler de mensonges. Le parchemin aurait soudainement cessé de fonctionner. Harry dirait qu'il ne l'avait pas utilisé depuis un moment, et ne se rappellerait plus du sort. Quelque chose.

Une baguette en bois de houx tapota légèrement le parchemin, Harry se penchant pour dire, « Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. »

Severus ferma la bouche, sûr qu'il était bouche bée, et c'était avant que l'écriture ne commence à défiler à la surface du papier, les auteurs s'annonçant en caractères gras, un titre ridicule s'inscrivant à l'encre, La carte du Maraudeur.

Quand Harry déplia le parchemin, des pièces apparurent les unes après les autres, accompagnées de petits points mobiles, soigneusement étiquetés.

Severus laissa échapper un soupir et observa.

« Mon père était un bon sorcier, » dit doucement Harry, les yeux brillant de fierté. « J'ai essayé de comprendre quels sorts se cachaient là-dessous, comment elle fonctionnait, mais… » Il haussa les épaules.

« C'est un truc d'enfant stupide ! » corrigea Severus, attrapant la carte. « Quels sorts, en effet. Consultez n'importe quel texte sur le sujet et vous découvrirez qu'ils ne sont pas si obscurs. »

Même cela n'amena pas le jeune homme à prendre la défense de son père, bien que la carte soit bien sûr très impressionnante, et Severus le savait. En y regardant de plus près, il vit plusieurs passages secrets, certains lui étant inconnus. Soudainement, certaines farces que James et Sirius lui avaient faites prirent de nouvelles dimensions, et Severus révisa son opinion sur la carte. La magie derrière cela était impressionnante, mais pas l'utilisation que ces garçons cruels et vaniteux en avait faite.

« Est-elle précise ? » demanda-t-il, faisant sonner les mots comme une insulte.

Potter ne réagit pas, excepté pour dire, « Elle savait que Maugrey était en réalité Croupton. »

« Vous saviez que Croupton enseignait ici incognito pendant toute une année, et vous n'avez rien dit de tout ça ? » rugit Severus, cette fois sans falsifier ses émotions.

Harry se contenta d'hausser les épaules. « Elle savait aussi que le rat de Ron était en réalité Peter Pettigrow, mais je ne l'ai pas compris non plus, jusqu'à ce que ça n'ait plus aucune importance. »

« Vous êtes doué pour ça, non ? »

« Pour quoi ? » questionna Harry, ses yeux verts perplexes.

« Ne pas comprendre les choses, » ricana Severus, le ton chargé de mépris. Il n'allait pas accepter ce comportement ridicule d'esclave même si pour aider Harry à en sortir, il devait le submerger d'insultes. « Vous avez entendu un Basilic dans les murs et n'avez pas compris que vous deviez en parler à un membre du personnel ! Vous avez laissé la deuxième prophétie de Trelawney vous passer au-dessus, puis avez aussi manqué les indices sur la carte et rendu au Seigneur des Ténèbres son serviteur. Vous saviez que nous voulions que vous fermiez votre esprit, mais vous l'avez laissé grand ouvert pour finir par être trompé ! »

« Je sais, » soupira Harry, fermant les yeux, la voix horriblement plate. « J'ai tué Sirius. »

Severus lâcha la carte, surpris. Il n'avait pas eu l'intention de faire référence à Black, mais plutôt au refus d'Harry envers toute étude de l'Occlumencie. Le garçon n'avait pas essayé, n'avait pas pratiqué, n'avait pas voulu apprendre.

« Lestrange l'a tué, pas vous, Harry, » corrigea-t-il calmement. « Ne redites pas que vous l'avez tué. »

« Très bien, » répondit Harry, de ce même ton morne, et Severus sut exactement ce que cela signifiait. Très bien, je ne le dirai plus… pas Très bien, je ne suis pas responsable.

Passant une main dans ses cheveux, Severus décida qu'ils avaient fait suffisamment de tests pour une matinée. En fait, il ne savait pas ce qui briserait cette humeur que le garçon avait adoptée. Peut-être que quand ils en arriveraient à se toucher, Severus pourrait demander… non. Non. NON. Il se força à ne pas poursuivre cette pensée. Ce serait une sérieuse erreur d'utiliser leur moment d'intimité pour autre chose qu'établir les bases d'une compatibilité. Si Severus utilisait son autorité à mauvais escient et prenait avantage de l'étrange obéissance d'Harry pour prouver quelque chose, ou pour briser les résolutions du jeune homme, il y aurait de graves répercussions pour le futur.

Ils pourraient ne plus être en mesure d'invoquer le rituel du tout, du fait du ressentiment et du sentiment de trahison qu'Harry éprouverait. Et même s'ils le pouvaient, cela rendrait plus difficile l'accroissement de leur pouvoir.

Déjeuner, décida-t-il, comme Harry l'avait mentionné. Puis un petit interlude. Quelque chose qui les ferait progresser dans leur apprentissage de l'intimité nécessaire à l'invocation, mais rien qui ne menacerait assez Harry pour réduire leurs progrès à néant. Sensatus, à nouveau. Ce qu'il avait à l'esprit n'était pas si différent de ce qu'ils avaient déjà fait, mais le simple fait d'être dans sa chambre et sur son lit dérangerait probablement Harry.

Ou peut-être pas, si Harry conservait ce comportement docile.

« Venez manger, » conseilla-t-il tranquillement, et il prit le chemin de sa bibliothèque privée.


Samedi 23 mai 1998, 12h45

C'était plus facile d'être avec Rogue, décida Harry, quand il avait aussi quelque chose pour s'occuper. C'était probablement la raison pour laquelle leurs temps d'étude se passaient bien, excepté pour les Potions. Déjeuner lui avait donné beaucoup de choses à faire, surtout depuis qu'il observait attentivement Rogue pour imiter ses manières.

Une assiette de fruits habilement coupés, pour commencer. Harry aurait mangé avec les mains, mais Rogue utilisa une fourchette et un couteau pour couper chaque morceau en lamelles soignées et même égales, donc Harry en fit de même. Ce n'était pas trop difficile, en fait, mais quand le plat suivant arriva, ses yeux s'exorbitèrent. Un poulet miniature ? Posé entier et rôti dans son assiette, entouré de pommes de terre à la peau rouge mouchetées de beurre, de persil et de menthe.

Harry avait préparé beaucoup de poulets pour la Tante Pétunia, mais jamais rien d'aussi minuscule. Il tenta de copier les gestes fluides de Rogue, mais son propre poulet finit par avoir l'air complètement mutilé. Celui de Rogue, par opposition, ressemblait à une créature soigneusement pelée et disséquée que l'on aurait préparée pour l'incorporer dans une potion. Ce n'était pas une image très propice au repas, mais Harry avait suffisamment faim pour se contenter de secouer la tête et chasser l'image de son esprit avant de poser son couteau et de commencer à arracher des morceaux de viande avec sa fourchette. « Où pensez-vous que les elfes de maison trouvent des poulets aussi petits ? » pensa-t-il à demander.

Rogue esquissa un petit sourire. « Ce sont des poules de Cornouailles. »

Harry n'en avait jamais entendu parler, et dit juste, « Oh. Eh bien, vous mangez vraiment bien. » Pas étonnant que le Maître des Potions soit connu pour sauter des repas dans la Grande Salle assez fréquemment.

« Vous n'en avez jamais mangé avant, je suppose ? »

« Ni de soufflé, de mousse ou de sole grillée sur du riz, » plaisanta Harry.

« Qu'est-ce que votre famille vous donnait à manger ? » s'enquit Rogue avec désinvolture.

Harry ne put s'empêcher de froncer les sourcils. « Oh, vous savez. »

« Je n'ai jamais dîné avec des Moldus, donc non, je ne sais pas. »

« Eh bien, je mangeais beaucoup de sandwiches au jambon, » dit Harry, décidant de ne pas mentionner le nombre incalculable de fois où il avait mangé ça alors que les Dursley dégustaient un poulet qu'il avait préparé pour eux. « Ou des haricots sur des toasts. » Rogue avait l'air révolté, ce qu'Harry trouva plutôt intéressant.

Rogue posa sa fourchette. Une tasse de thé fumante apparut devant lui, tandis qu'Harry recevait un monticule de crème anglaise servie sur un sablé, avec un autre verre de jus de citrouille. Il haussa un sourcil, se demandant si les elfes de maison s'étaient trompés, mais Rogue ne paraissait pas perturbé, donc c'était probablement tout ce qu'il avait commandé. Après qu'Harry ait expédié chaque bouchée, léchant même les dernières traces de crème pâtissière de sa cuillère, Rogue offrit, « Encore faim ? Vous pouvez en avoir davantage, vous savez. »

« Non, merci, » répondit Harry, balayant la pièce du regard. Il s'était senti plus ou moins bien pendant le repas, mais à présent, il commençait à être nerveux, et pour une bonne raison. Il était probablement temps pour Rogue de lui demander de retirer sa chemise, ou un truc du genre. Peu désireux d'en arriver là, même s'il avait compris comment le tolérer, Harry chercha un moyen de repousser ce moment. « Donc, euh, avez-vous vraiment lu tous ces livres ? »

« J'aime lire. »

« Des préférés ? »

« Rien qui ne vous intéresserait. »

Harry ne savait pas pourquoi il s'était senti autant insulté par la remarque c'était sûrement juste l'honnête vérité. Les livres étaient sans doute tous des traités de Potions, ou quelque chose comme ça.

« Je pense que nous allons essayer une nouvelle fois de vous faire boire un peu de vin, » poursuivit Severus. Une bouteille fraîchement débouchée et une unique flûte en cristal se matérialisèrent au centre de la table l'homme avait visiblement bien entraîné les elfes de maison. Rogue versa un demi-verre et le tendit à Harry.

C'était probablement grossier de sa part, pensa Harry, mais il le renifla avant d'y goûter. Cette fois, le vin semblait beaucoup plus piquant. Il fit une légère grimace, et pensa à dire qu'il n'aimait pas, mais Rogue dit, « Buvez, » et il réalisa qu'il devait le faire. Harry prit une grande gorgée au goût aigre, puis une seconde.

« Je n'ai pas dit de le gober, » se moqua Rogue. « Mais je souhaite que vous le finissiez dans les quelques minutes qui viennent. Puis, nous irons dans ma chambre. »


Samedi 23 mai 1998, 13h32

Tandis qu'Harry se tenait nerveusement au bout du lit, Severus agita sa baguette en direction du foyer et alluma un feu qui luisait doucement. Un autre sort avait enchanté la fenêtre pour qu'elle fasse apparaître la vue d'une nuit étoilée. A la pensée que l'effet plongeait la pièce dans plus d'obscurité que ce qu'il avait escompté, Severus alluma quelques bougies. Là maintenant, c'était mieux.

Harry, remarqua-t-il, était déjà plongé dans cette respiration profonde signe qu'il était en stress et essayait de ne pas le montrer. Severus alla jusqu'à lui et resta debout face à lui, ses mains se posant sur les joues d'Harry. Ah, tellement tentant, de se pencher pour un autre doux baiser, comme il l'avait fait la veille au soir. Harry ne le repousserait pas il en était sûr. Il pouvait l'entourer de ses bras, le serrer contre lui, et ouvrir leurs lèvres pour un vrai baiser, leur premier, parce que ce baiser violent ne comptait pas, si…

Severus réprima son envie.

Qu'Harry ne le repousse pas ne voulait pas dire que le moment était bon, surtout considérant pourquoi il ne résisterait pas. Son foutu comportement d'esclave. Severus était déterminé à y mettre fin, mais pour l'instant, pour leur interlude… il était décidé à agir comme il l'aurait fait dans tous les cas.

Comme il l'aurait fait si Harry avait encore haleté d'appréhension et fait des petites réponses grossières à chaque mot que Severus prononçait.

Severus posa ses mains sur le bouton du haut de la chemise verte d'Harry, et le libérant, murmura, « Mon tour de vous déshabiller, je crois. »

Le jeune homme resta muet et immobile et le laissa faire. Bien sûr. En réalité, une petite plaisanterie aurait été bienvenue, même une légère résistance, parce qu'au moins, cela aurait été naturel. Cette attitude contre nature qu'Harry avait adoptée était vraiment pénible, réalisa Severus, et pour bien d'autres raisons que le simple fait que cela interférerait sans doute dans l'invocation du rituel. Il s'en fichait purement et simplement.

Il tira le bord de la chemise d'Harry d'où il était caché avec un peu plus de force que nécessaire, mais Harry ne réagit pas. Il se tenait juste à sa place, les yeux fermés, la respiration profonde et égale, la poitrine se soulevant et se baissant en rythme. Severus déboutonna ses poignets, puis fit doucement glisser la chemise de ses épaules, et Harry n'indiqua pas qu'il ressentait la plus légère gêne, ni avec des mots, ni avec des halètements, ni avec des gestes.

Abandonnant négligemment la chemise, Severus passa une main sur ses clavicules, et touchait avec respect de ses doigts le pouls qui battait dans sa gorge. Ah, là était… la preuve, s'il en avait besoin, qu'Harry n'était pas aussi calme que cette façade ne le suggérait. Pourquoi voulait-il feindre la sérénité, cependant, c'était ce qui intriguait Severus. Il n'avait pas pris la peine de le faire avant mercredi, quand ce dramatique changement l'avait balayé, apparemment corps et âme.

Il y avait déjà réfléchi, bien sûr… à ce qui avait entraîné ce changement. Mardi soir avait été riche en événements de plusieurs façons : la provocation franche d'Harry en quittant la leçon de Potions, ces confessions à propos de ses horribles rêves, ce baiser brûlant…

Mais Harry Potter, comme Severus le savait très bien, était loin d'être un lâche, donc Severus croyait réellement qu'aucun de ces événements n'avaient à voir avec l'apparition de cette nouvelle incarnation du Garçon-Qui-A-Survécu.

Intéressant… le pouls battait de plus en plus fort et de plus en plus vite à mesure qu'il laissait ses doigts dessus, alors que d'après tous les autres signes extérieurs, Harry restait aussi calme et placide que jamais. Severus déplaça sa main sur le biceps fort du jeune homme et appuya ses doigts contre la chair ferme et souple. Ah, magnifique… ses bras étaient légèrement bronzés, la peau lisse sur des muscles juste parfaits. Pas mous, ni bombés, juste toniques et tendus. Une force soigneusement maîtrisée, comme la magie elle-même.

« Harry, » dit Severus, se raclant la gorge quand sa voix fut plus rauque qu'il ne l'avait voulu. « Ouvrez les yeux. »

Le vert en eux était presque somnolent, mais pas de plaisir Severus avait assez d'expérience pour voir la différence. Cette somnolence était proche du vide, d'une absence de pensée. Et bien que Severus ait souvent accusé Harry Potter d'être sans cervelle, la dernière chose qu'il voulait était de voir le jeune homme le devenir, même pour une tentative bizarre d'obéissance que Severus n'avait même jamais demandée.

Il claqua vivement des doigts, droit devant le regard étourdi d'Harry, et quand le jeune homme cligna des yeux et secoua la tête, annonça sèchement, « Ne vous endormez pas maintenant. Vous êtes supposé apprendre à apprécier que je vous touche, vous vous souvenez ? »

Harry acquiesça lentement, le regard à nouveau vide. Severus ne le supportait pas. Il avait eu l'intention de le toucher bien plus longtemps, mais pensa soudain qu'il valait mieux, peut-être, se diriger vers ce à quoi il pensait depuis des jours.

« J'aimerais que vous m'enleviez ma chemise, à présent, » annonça-t-il paresseusement. « D'accord, Harry ? »

Aucune résistance, pas même à cela. « D'accord, » dit-il simplement, la voix pas si somnolente mais comme… morte. Le regard aussi, au grand désespoir de Severus. Les doigts d'Harry étaient forts et sûrs tandis qu'il délivrait les boutons de leur attache, les uns après les autres, ses mains descendant en rythme régulier le long de la chemise noire de Severus. Il ne s'attarda pas dessus comme Severus l'avait fait, mais passa méthodiquement du devant de la chemise aux poignets, pour les détacher.

Ses yeux effleurèrent la Marque des Ténèbres, puis se fermèrent, mais Harry ne réagit pas autrement.

« Venez au lit, » murmura Severus, l'attirant tandis qu'il parlait, bien que la chair du jeune homme ne résiste pas. C'était comme si son esprit avait cessé de fonctionner, comme s'il était devenu quelque espèce d'objet magique, seulement capable de faire ce qu'on lui ordonnait. Aucune personnalité, aucune conscience de soi, Harry était moins qu'un esclave, moins qu'un elfe de maison. C'était comme s'il s'était métamorphosé en une baguette qui exécutait simplement ce qu'on lui demandait.

Severus se rendit compte avec une sorte de désespoir profond qu'il détestait Harry ainsi. Il pensa à s'arrêter, à en parler, à le forcer à cesser cette absurdité d'une manière ou d'une autre, mais il avait peu d'espoir que ce qu'il dirait ferait une différence. Harry avait abandonné ses biens les plus précieux et avait même expliqué à Severus comment fonctionnait la carte il avait répondu aux questions hautement intimes sans même un signe de malaise. Il était plongé si loin dans cette attitude que sa propre existence avait complètement cessé d'être.

Severus ne savait pas comment le ramener, excepté au travers de quelques excès d'intimité, et il sut d'instinct que ce serait une erreur monumentale.

Soupirant, il fit ce qu'il avait eu l'intention de faire depuis le début, ce qu'il avait projeté de faire toute la semaine. Il s'allongea sur le lit, attira Harry avec lui et les installa tous les deux sur le flanc, sa longue poitrine nue contre le dos chaud d'Harry. La tête d'Harry reposa contre le bras de Severus, Severus le rapprocha de lui de son bras libre, effleurant des doigts les côtes du jeune homme, et sans plus de préliminaires, commença à embrasser sa nuque.

Harry commença à respirer plus profondément. Inspire, expire, inspire, expire, tandis qu'il laissait Severus faire à sa guise. Mais il était supposé apprendre le plaisir, pas à faire le mort ! Severus se demanda à nouveau s'il devait mettre un terme à cela. Il ne le voulait pas il ne voulait pas laisser partir cette sensation de chaleur et de douceur que lui apportait le fait d'avoir Harry dans ses bras, Harry dans son lit.

Il n'y avait plus qu'une chose à faire. Harry devait apprendre le plaisir, donc il aurait du plaisir. « Sensatus, » murmura Severus, touchant l'épaule d'Harry de sa baguette.

Et le corps d'Harry reprit vie.

Il arqua subitement son corps en arrière, étirant son cou de manière complètement désinhibée, et gémit profondément, ses mains venant couvrir celles de Severus sur sa poitrine. Geignant sous la force du baiser brûlant sur son épaule, il se tordit légèrement, son corps reconnaissant le plaisir et la passion qu'il avait ressentis mais niés toute la semaine.

Severus caressa la poitrine du jeune homme, et l'étreignit davantage, inspirant son parfum chaud et propre, son baiser bougeant vers cet endroit sensible derrière l'oreille d'Harry, lançant à nouveau le Sensatus jusqu'à ce que le jeune homme commence à se raidir. Il apprit avec les mains, la bouche et les dents la courbe de l'épaule d'Harry, l'étendue plate de son estomac, les muscles tendus de sa poitrine.

Enfin, il laissa Harry refaire surface, repérant l'instant exact où il émergea ses doux bruits de plaisir cessèrent et furent remplacés par la cadence stable de sa respiration profonde. Tout ce temps, Harry était étendu sur le dos, Severus à ses côtés mais légèrement penché vers lui. Baissant la tête, Severus enveloppa doucement de ses lèvres un petit mamelon sombre, sa langue en faisant le tour régulièrement tandis que ses doigts taquinaient son jumeau.

Il s'était attendu à entendre Harry demander davantage de Sensatus, mais le jeune homme gisait tranquillement et acceptait, mais ne participait plus du tout.

Frustré, Severus se souleva et repoussa Harry. « Levez-vous, » grinça-t-il. « Sortez de mon lit. »

Harry s'assit calmement, fit pivoter ses jambes vers le bord, et se leva, dos à l'autre homme. Puis il se retourna, les yeux vides cherchant sa chemise au sol. Il la ramassa et fut sur le point de la remettre. Malgré son calme apparent, ses doigts tremblaient légèrement.

Pensant que ce serait peut-être le moment où son obéissance se fracasserait, Severus ordonna rudement, « Habillez-moi, pas vous, esclave. »

Les mains d'Harry s'agitèrent, sa mâchoire se serra, mais la minuscule rébellion fut avortée avant qu'elle n'ait atteint ses lèvres. « Oui, Severus, » dit-il seulement, et il laissa tomber sa chemise verte pour ramasser une chemise noire chiffonnée.

Severus l'observa d'un air désespéré, mais ne le laissa pas voir au travers de son expression dure et de ses mots encore plus durs. « Vous êtes pitoyable, » cracha-t-il, déterminé à percer cette soumission une fois pour toutes. « N'avez-vous vraiment pas de jugeote pour m'offrir un vêtement souillé à porter ? Vous êtes censé utiliser votre esprit tout autant que votre corps pour me satisfaire, vous savez ! Donnez-moi une chemise propre, et abstenez-vous d'une telle stupidité à l'avenir ! »

Cela étant, les insultes ne firent que plonger davantage Harry dans son état de transe. D'un signe de la tête, il alla ouvrir l'armoire. Le Harry que Severus connaissait aurait au moins ricané devant la rangée de vêtements noirs, sans autre couleur apparente. Il aurait dit quelque chose qui dénigrerait intelligemment les vêtements de l'homme. Ce badinage manquait à Severus, le défi que représentait le vrai Harry Potter.

Ce jeune homme complètement vide commençait à l'effrayer. Très peu de choses faisaient peur à Severus, mais la perspective d'un Harry Potter qui n'émergerait jamais de sa confusion était l'une d'elles. Bien sûr, Severus avait conscience qu'Harry n'agissait ainsi que lorsqu'il était avec lui aux repas dans la Grande Salle, il avait paru aussi animé que d'habitude. C'était une maigre consolation. Bien trop tôt, les amis d'Harry quitteraient l'école pour commencer leur nouvelle vie, Harry serait avec Severus, et il tomberait si profondément dans cette attitude de soumission qu'il ne s'en sortirait jamais.

Irrité, Severus saisit la chemise des mains d'Harry et l'enfila. « Qu'attendez-vous ? » railla-t-il, adoptant son expression la plus dédaigneuse tandis que ses yeux ratissaient de long en large la silhouette de l'homme plus petit. « Êtes-vous si désireux de Sensatus que vous ressentez le besoin de vous exhiber ainsi ? Remettez votre chemise ! »

A nouveau, aucune réaction aux insultes.

Severus s'avança d'un pas lourd vers le salon, se laissa tomber dans un fauteuil et attrapa la carte du Maraudeur sur la table basse. Vraiment, c'était plutôt ingénieux, et aussi une œuvre d'art. Cet aspect devait provenir de Lupin, raisonna-t-il. La pure majesté de la magie était plutôt du fait de Potter. Et de Black.

Harry sortit de la chambre, sa chemise entièrement boutonnée et glissée dans son pantalon, ses cheveux lissés avec un peu d'eau.

« Venez vous asseoir à côté de moi, » ordonna Severus. « Par terre. »

Il le fit aussi, et Severus en fut complètement dégoûté.

« Je pense que cette carte sera vraiment très utile, » commença Severus d'un ton contemplatif. Tendant une main, il passa ses doigts dans les cheveux d'Harry et caressa les mèches, les rendant à leur habituel état désordonné. « Je n'aurai plus besoin de me promener dans les couloirs sombres à la recherche d'élèves qui violent le couvre-feu. A présent, je pourrai me relaxer ici en buvant mon thé du soir, en notant qui va où. » Il éclata de rire et tira légèrement les cheveux d'Harry comme il disait, « Ce n'est pas ce que votre père avait en tête lorsqu'il l'a conçue, j'en suis certain. Evidemment, je suis aussi sûr qu'il n'avait pas projeté que vous deviendriez le giton de quelqu'un, encore moins le mien. Que dirait-il, s'il vous voyait assis par terre, en train de vous faire caresser comme un chien ? »

Harry ne répondit pas, jusqu'à ce que Severus grogne, « Ce n'était pas rhétorique ! Que dirait votre père s'il vous voyait ainsi ? »

Harry ferma les yeux. « Je n'en ai aucune idée, Severus. Je ne l'ai jamais connu. »

Bon point. « Que dirait Black, alors, s'il savait que je vous aurai dans mon lit ? »

La voix d'Harry ne montra aucun signe d'émotion. « Sirius vomirait. »

« Et Lupin ? » ricana Severus. « Vous vous êtes bien entendu avec lui, si je me souviens bien. Presque comme un deuxième parrain pour vous pendant quelques temps, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il dirait s'il savait que vous êtes mon esclave, mon esclave sexuel ? Vomirait-il aussi ? »

« Non, Remus comprendrait, » affirma calmement Harry.

« Oh, Remus comprendrait, » imita cruellement Severus. « Qu'est-ce qui vous fait penser cela ? »

Harry posa la tête contre l'accoudoir du fauteuil, une action qui porta la main de l'autre homme à son cou, pourtant Severus ne pensait pas que c'était la raison pour laquelle il l'avait fait. Harry était simplement las, et le montrait. « Remus sait ce que c'est que d'être confronté à quelque chose de plus grand que soi, de plus grand que tous ses espoirs et ses rêves, » expliqua Harry. « La pleine lune vient pour lui tous les mois, et il ne peut pas l'arrêter, ou empêcher sa transformation, et aucune volonté ne peut changer son destin, même légèrement. Remus dirait que Cambiare Podentes est ma pleine lune, et que je dois apprendre à vivre selon ses phases.

Plutôt bien raisonné, pensa Severus. En effet, c'est ce que Lupin penserait.

Severus reporta son attention sur la carte, notant distraitement que le directeur faisait les cent pas dans son bureau.

« Accio parchemin, accio plume et encre, » dit Severus, une idée lui venant à l'esprit. « Je crois que nous allons mettre l'ingéniosité de votre père à profit pour quelque chose de mieux que les ruses et les farces, mais je ne suis pas d'humeur à m'ennuyer. » Il poussa brusquement le matériel d'écriture vers Harry et étala la carte sur la table basse. « Faites-moi la liste de tous ceux qui dépassent les limites. Assurez-vous de noter à côté de chaque nom l'heure et le lieu de chaque infraction. »

Il pensait avec certitude qu'Harry Potter, le héros de Gryffondor, ne s'abaisserait pas à cela.

Mais Harry brandit simplement sa baguette et lança, « Tempus sempre, » afin qu'une horloge spectrale émerge à son bout, les mains luisant de bleu et de gris tandis qu'elles bougeaient. Puis, il étudia la carte et commença à écrire les noms.

Severus cacha son soupir, et attrapa un manuel de potions, commença à lire, son esprit pas tant concentré sur la poussière de fée que sur le comportement étrange qu'il avait devant les yeux.


Samedi 23 mai 1998, 16h06

« Très bien, assez, » dit finalement Severus quelques temps plus tard. « Faites-moi voir votre liste. »

Harry lui remit sans un mot, le visage vide de toute expression.

« Une raison pour que vous n'ayez pris la peine de noter que les Serpentard qui avaient enfreint les règles ? » demanda Severus, les sourcils levés.

Harry leva les yeux de là où il était assis sur le canapé et haussa les épaules. « Ce sont les seuls qui ont dépassé les limites. »

Soit c'était une petite partie de rébellion intelligente, soit c'était la stricte vérité. Severus ne pouvait pas le dire, et cela ne valait pas la peine de s'introduire dans l'esprit de quelqu'un. Quand il jeta un œil à la carte, il ne vit que des Serpentard où ils n'auraient pas dû être. « Brûlez la liste, » dit-il à Harry. « Je ne retire pas de points aux Serpentard. »

Harry ne protesta pas, il s'y était pourtant attendu.

« Alors, quelle est l'incantation pour faire disparaître la carte ? »

« Méfait accompli, » répondit Harry.

Severus se renfrogna. « Des méfaits n'étaient pas ce que votre père et ses amis faisaient avec ça. Leur fond de commerce était la cruauté envers les autres. Vraiment, ils auraient tous dû être à Serpentard. » Quand les yeux du jeune homme redevinrent vides, Severus se rendit compte qu'il avait peut-être trouvé la clé du problème. Il s'était planté sur la manière de faire, pensant comme un Serpentard, essayant de tricher et manipuler Harry pour le faire sortir de son état apathique. Une chemise de couleur différente, des insultes, lui faire abandonner ses biens plus tôt que prévu. Ce n'était pas étonnant qu'Harry n'ait pas réagi comme il l'avait espéré.

C'était un Gryffondor. La manière de se glisser sous son crâne épais avait probablement plus à voir avec une honnête franchise qu'avec une ruse intelligente, et Severus savait qu'il aurait dû le réaliser dès le premier soir où Harry avait commencé à agir aussi bizarrement. Que cela lui ait pris si longtemps pour en arriver à une chose aussi simple était en fait assez perturbant.

« Bon sang, quel est le problème chez vous, Potter ? » éructa abruptement Severus.

L'aspect vitreux des yeux d'Harry ne s'atténua pas au ton sévère. « Rien. »

« Oh, rien, » répéta Severus. « Vous ne faites que dormir debout à chaque visite ! »

Harry cligna des yeux. « Dormir debout ? »

« Oui ! » gronda Severus, se penchant en avant pour claquer des doigts devant les yeux d'Harry. « A présent, réveillez-vous ! »

Un autre battement de cils. « Je suis réveillé, Severus. De quoi parlez-vous ? »

« Vous savez exactement de quoi je parle. » Quand Harry ne répondit pas, Severus soupira. « Cette soumission exagérée que vous avez adoptée. Il faut que cela cesse. »

Ses yeux verts semblaient maintenant confus. « Je fais juste ce que vous dites. »

« C'est plutôt comme si quelqu'un d'autre faisait ce que je dis ! »

Encore davantage de confusion, si bien que Severus se demanda cette fois ce qu'il se passait dans la tête du jeune homme. « Je ne comprends pas, » dit Harry, le fixant. Merlin, il ressemblait à quelqu'un sous hypnose, les yeux fixes et à présent, sans ciller.

« Vous n'agissez pas comme vous-même, » expliqua Severus. « Et c'est vous que vous devez me donner, Harry, pas une sorte de mannequin qui vous ressemble. Pensez-vous que c'est le moyen de satisfaire les exigences de Podentes ? Je peux vous assurer que ce n'est pas le cas. »

« Mais c'est moi, » dit lentement Harry.

« Non, ce n'est pas vous ! Harry Potter proteste, désobéit, furète partout et est en général un sacré casse-pieds ! »

A nouveau, ce battement de cils. « Vous voulez que je proteste, désobéisse et furète partout ? »

« Non ! » rugit Severus.

« Alors je ne comprends pas, » dit calmement Harry.

Severus devait l'admettre, à ce moment ce qu'il ressentait à propos du problème était loin d'être clair. Il ne voulait pas d'un Harry provocateur et désobéissant. Ce serait désagréable à vivre, et en plus, cela les empêcherait d'accroître leur pouvoir. Mais cette soumission abjecte était tout aussi mauvaise, et interférerait avec Podentes tout autant, et Severus ne pouvait pas la supporter. « Vous êtes censé lutter, » expliqua-t-il succinctement. « Vous devriez être plus tendu que cela. »

Quand Harry se mit à genoux comme s'il y réfléchissait, Severus cria, « Vous ne devriez pas être assis par terre comme si c'était parfaitement normal, ou supporter si placidement que j'insulte constamment votre père ! »

Au lieu de réagir vivement, Harry dit avec douceur, « Je m'assiérai sur une chaise si vous préférez. » Il bougea pour faire ce qu'il venait de dire.

« Et vous vous fichez des insultes ! » accusa Severus, commençant à songer à quoi il ferait attention.

« Je m'y attends plus ou moins, » dit Harry. « Je préférerais que vous n'évoquiez pas mon père. Est-ce ce que vous voulez savoir, que vous m'avez blessé ? » Il haussa les épaules. « Je suis humain, Severus. Si vous me coupez, je saigne. »

« Je n'essaie pas de vous blesser, » corrigea Severus, se rendant compte que cela devait y ressembler pour Harry. « J'essaie de vous trouver. Je sais que vous aimiez Sirius Black. Comment pouvez-vous affirmer si tranquillement qu'il vomirait de savoir ce qu'il adviendra de vous ? »

Un autre haussement d'épaules, avec indifférence. A vrai dire, pas du tout comme un Gryffondor. « Parce que c'est ce qu'il ferait, » expliqua Harry, l'air d'avoir quelque chose au fond de lui qui réprimait la douleur pour qu'il puisse continuer à parler. « Sirius réagit sans penser aux conséquences qui en résulteraient. Cela vient peut-être du temps qu'il a passé auprès des Détraqueurs. »

« Votre parrain n'a jamais été de ceux qui prennent en compte les conséquences de leurs actions, » corrigea brusquement Severus. « Je ne pense pas qu'il lui soit venu à l'esprit que de provoquer la mutilation d'un de ses camarades aurait causé son expulsion et celle de Lupin très probablement. »

Harry serra ses mains, puis les relâcha en se penchant vers l'arrière.

« Assez au sujet de Black, » prononça Severus. « Ce que nous devons résoudre ne concerne que nous. »

« Si vous me disiez juste ce que vous voulez, je le ferais, » affirma patiemment Harry. « Je ne sais pas quoi dire d'autre. »

Tant de franchise typique de Gryffondor, pensa Severus. Cela ne lui correspondait pas de toute façon, non ? Son esprit était bien plus équipé pour la stratégie. Il bougea vers l'endroit du canapé où se trouvait Harry, assez proche pour le toucher, et s'enquit onctueusement, « Et si je vous disais de retirer chaque morceau de vêtement pour que je puisse voir ce que je gagnerai grâce au Podentes ? »

Au moins, il devint livide à la question, mais cela ne l'empêcha pas de commencer avec les boutons de ses poignets. Severus claqua des mains et secoua la tête, regrettant d'avoir lancé le défi. Il n'avait pas eu l'intention de laisser cette bataille de volontés empiéter sur la relation intime qu'ils devaient établir. Il voulait juste que le jeune homme lui résiste, qu'il demande à négocier, qu'il soit fort… même dans le contexte d'obéissance exigé par Podentes.

Mais qu'est-ce qui le ferait réagir ? Les petites insultes étaient totalement inefficaces, et Harry s'était montré plus que capable de se soumettre à des ordres insignifiants, voire même absurdes. Un autre ordre, quelque chose de profond, quelque chose à laquelle il ne pourrait jamais consentir volontairement, quelque chose qui le ferait se réveiller.

Lui dire d'abandonner une chose à laquelle il tenait profondément… non, la carte et la cape étaient le mieux qu'il puisse trouver dans cette direction. Quelqu'un, alors.

« Ne parlez plus à Miss Granger, » annonça froidement Severus. « Plus un mot. »

Harry lui lança un regard étrange, que Severus ne pouvait pas vraiment interpréter. Ce n'était pas du défi, mais ce n'était pas une acceptation franche non plus. « Je lui ai déjà dit de ne plus interférer à nouveau, » dit tranquillement le jeune homme. « Elle sait qu'elle doit rester en dehors de tout ça. »

« Ça ? »

« Ça. » Harry parcourut la pièce du regard. « Nous. »

Severus inclina la tête. « Peu importe, vous ne lui parlerez plus. »

« Qu'est-ce que ça peut vous faire ? » pressa Harry, se redressant, ses mains serrées entre ses genoux.

« Ce n'est pas votre affaire, » cingla Severus. La légère résistance d'Harry était bonne à voir, pensa-t-il. Un coup encore plus fort, et ce comportement d'esclave se briserait, et ils pourraient passer à la vraie relation qu'ils devaient construire. « Vous êtes à moi, et vous ferez ce que je vous dis, que ça vous plaise ou non, que vous le compreniez ou non ! »

Harry leva des yeux flamboyants, mais quand il rencontra le regard de Severus, tout changea. La lueur dans ses yeux s'atténua, tremblota et disparut totalement. « Très bien, » dit-il calmement, puis il jeta un coup d'œil à la carte, son doigt touchant un nom. Son nom, sans aucun doute. « Est-ce que je dois lui rendre son aspect vierge ? » demanda-t-il, changeant de sujet. « Ou voulez-vous que je la laisse ainsi ? »

« Méfait accompli, » dit Severus lui-même, tapotant le parchemin de sa baguette et regardant l'écriture s'effacer. « Que voulez-vous dire par 'Très bien' ? »

Harry replia la carte, puis la laissa sur la table. « Ce que vous avez dit. Je ne parlerai plus à Hermione. »

« Et cette perspective ne vous dérange pas ? » laissa échapper Severus, trouvant le concept tout entier choquant. Harry et la fille avaient pratiquement vécu ensemble depuis la première année ! Allait-il l'abandonner sans même une objection ? Sans demander de vraie explication ? Pourquoi ne râlait-il pas contre lui, comme il l'avait fait quand Severus lui avait donné l'ordre de s'abstenir ?

Severus ne voulait rien de plus que secouer le jeune homme et lui demander Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait d'Harry Potter ?

« Ça me dérange, » répondit Harry.

« Mais vous n'allez pas débattre davantage du sujet ? »

« Non. »

« Je suppose que vous pensez au fait qu'il ne vous reste que trois semaines avant la fin, de toute façon, » ricana Severus, pensant que frotter un peu de sel sur la blessure ferait des merveilles. « Vous ne la verrez plus jamais, après cela, donc il faut bien commencer à vous y habituer. Est-ce ce que vous pensez ? »

« Je pensais au fait qu'il aurait été agréable de profiter de ces trois semaines, » répondit Harry avec calme. « Mais si vous le demandez, je ne parlerai plus à Hermione. »

D'un seul coup, Severus trouva qu'il n'avait pas envie de dîner avec Harry, sans parler d'une nouvelle session sous Sensatus. Il voulait juste que le jeune homme disparaisse de sa vue.

« Dehors ! » rugit-il, bondissant sur ses pieds. « Sortez ! Immédiatement ! »


Samedi 23 mai 1998, 17h11

« Tu plaisantes, » dit Hermione, fixant le parchemin qu'Harry avait brutalement poussé dans sa main. « Il a vraiment ordonné que tu ne me parles pas ! »

Harry se pencha et écrivit, oui.

« Et tu vas le faire ! » Cette fois, il acquiesça.

Hermione soupira. « Je croyais que tu ne tombais dans cette routine du arrête-de-penser-et-contente-toi-d'obéir que lorsque tu étais avec lui, Harry. »

Pas exactement, écrivit Harry, mais il n'allait pas expliquer à Hermione que Rogue lui avait demandé de s'abstenir. Trop embarrassant. De toute façon, c'est plus sûr ainsi, ajouta-t-il.

« Je suppose que oui, » soupira Hermione. « Je veux dire, si nous discutions comme avant lorsque nous sommes ici, nous pourrions nous tromper et le faire pendant les repas ou dans les couloirs, et il pourrait nous voir. Mais quand même, je n'aime pas ça. Par écrit, Harry ? Ne crois-tu pas que c'est un peu puéril ? »

Harry grimaça et écrivit, S'il veut être stupide, alors moi aussi.

« Donc tu penses que c'est juste un autre test, comme la chemise verte ? »

Harry mit un doigt à sa bouche car derrière les rideaux fermés, ils entendirent quelqu'un entrer. Seamus, apparemment. Tu écris aussi, griffonna-t-il. Aucun nom. Ecoute, il a agi un peu bizarrement avec moi dernièrement. Comme s'il me provoquait. Mais mon oncle en avait l'habitude, aussi. Il me poussait encore et encore pour que je me révolte et qu'il ait une excuse pour utiliser sa ceinture sur moi. C'est pareil, je pense. Il voulait que je résiste et que je crie, je dirais. Ça l'a en quelque sorte rendu fou que je ne le fasse pas, mais pas assez pour qu'il me punisse, comme il l'aurait fait si j'étais entré dans son jeu.

Harry pouvait déjà le dire, tout écrire deviendrait usant.

Hermione lut la note, acquiesçant, et ajouta, Sois prudent. Puis, après un moment, Si nous continuons ainsi, Ron sera obligé de le remarquer. Les autres, également. Qu'allons-nous leur dire ?

Harry haussa les épaules. Tu es la plus intelligente. Tu trouveras quelque chose.

Le bout de la plume était bien mâché le temps qu'Hermione écrive, Nous pourrions dire que c'est une tradition moldue pour la semaine des examens. Pour porter chance.

Harry ne put s'en empêcher il éclata de rire bruyamment, puis tenta de l'étouffer.

« Qu'est-ce qui est si drôle ? » demanda Seamus.

« Oh, rien, » répondit Harry, mordant sa main entre chaque mot. « Je repensais juste à ce cours, souvenez-vous, où Lupin nous a appris à combattre l'Epouvantard. »

« Ouais, l'araignée à roulettes, » rit Seamus. « Rogue en vêtements de grand-mère. »

Je n'avais pas besoin de cette image, écrivit Harry, et cette fois, ce fut Hermione qui dut refouler son amusement.


A suivre