Disclaimer : Teen wolf appartient aux premiers qui ont fantasmé sur Derek ! Sinon les autres personnages sont à moi ! Rien qu'à moi ! Na !

Rating : M, sinon c'est pas drôle, vous êtes d'accord ?

Paring : Sterek, quelle question ! Ça coule de source.

Note du chapitre : Donc, heu...Eh bien c'est un UA, c'est-à-dire que presque tous les personnages sont des loups-garous. Bon, il y a des humains, des créatures bizarres et des émissaires qui restent des émissaires (c'est à-dire des druides, vous me suivez ?). Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas très compliqué vous allez voir ;)

Et enfin, note de moi : Je peux m'exprimer ? Super ! Bon, tout d'abord, je tiens à vous informer que c'est ma première fic sur ce fandom, je voulais publier ici depuis longtemps mais j'avais une autre histoire à terminer ! Je mets toujours un point d'honneur à clore une histoire avant d'en commencer une autre, parce que sinon je m'y retrouve plus et je sais - en tant que lectrice - que c'est horrible lorsqu'un auteur abandonne une fiction ! Sachez donc que même s'il m'arrive une semaine de ne pas publier, je ne vous lâcherai jamais ! (Bon, à part si j'ai un accident et que je meurs, mais là, ce sera pas de ma faute) BREF ! Je compte donc publier une fois par semaine, les lundis de préférence, mais je vous dis tout de suite que j'ai des tonnes d'exams qui arrivent en plus des partiels, donc je ne peux pourrais pas toujours être cent pour cent opérationnelle dans les semaines qui viennent ! (ayez pitié !). Voilà, j'ai enfin fini mon spitch, alorsj'arrête de vous gaver. Bonne lecture !

Ah oui ! Et n'oubliez pas, un auteur n'est jamais allergique aux reviews ! Et il n'existe pas de lecteurs timides ! (dites merci à l'écran qui vous protège XD)


Petite Note Rajoutée le 08/08/15 : modification du chapitre suite à quelques remarques tout à fait pertinentes (bien que parfois dites avec un peu trop de verve )


Chapitre 1

Combien de temps ?

C'était cette question que se posait Stiles pendant ses rares moments de lucidité. Depuis combien de temps était-il enfermé dans ces sombres cachots ? Cela faisait plus d'une année, il en était certain, mais il ne pouvait dire combien avec exactitude. Il avait perdu le décompte des jours au bout du sixième mois de captivité, juste au moment où sa dernière part d'humanité avait disparu sous les grognements de sa bête.

Il n'avait pu la contenir plus longtemps, il ne l'avait même pas désiré. Stiles, lorsqu'il avait été jeté dans cet endroit, n'avait que douze ans, et il n'avait pu lutter contre son loup qui, enfermé dans son esprit, avait déchaîné sa rage et prit possession de lui. Depuis lors, c'était la bête qui contrôlait ses mouvements, même si ceux-ci étaient très restreints. Elle avait essayé de s'échapper en rongeant la chaîne à sa cheville gauche qui le retenait au mur, mais sans succès. Ensuite, elle s'était attaquée à la jambe, mais ses geôliers l'avaient arrêtée avant qu'elle n'entame l'os et l'avaient puni. Bien sûr, elle avait retenté l'expérience au cours des années suivantes – certainement pour ne pas devenir folle –, mais à chaque fois cela s'était soldé par un échec, toujours très cuisant.

Stiles avait grandi pendant sa captivité, ses gardiens veillant à ce qu'il s'alimente correctement, car, après tout, ils n'étaient pas barbares au point de le laisser crever de faim. Non, ils l'étaient juste assez pour qu'il perde tout espoir de fuite et qu'il se résigne. Mais la bête en Stiles ne s'était jamais résignée. Ni soumise. Jamais. Et si Stiles avait perdu la notion du temps, ce n'était pas son cas et elle savait très exactement depuis combien de temps elle était enfermée entre les barreaux de sa cellule, mais également dans le corps de son hôte.

Huit ans.

Huit longues années qu'elle était en cage, ne pouvant se libérer, regardant simplement son monde réduit par les yeux du garçon. Un garçon qu'elle pouvait maintenant à peine entendre au fin fond de ses pensées qui portaient la couleur rouge de sa colère. Stiles n'était plus qu'un vague souvenir, et pourtant, il lui arrivait parfois de ressurgir. Par exemple, lorsque l'assassin de son père se présentait à lui, vérifiant qu'il n'était toujours pas mort, mais qu'il était resté faible. Lors de ces moments, ils n'échangeaient pas un mot. Stiles avait juste la force de se demander combien. Combien de temps était passé ? Et combien de temps passerait encore avant que son loup ne se résigne à abandonner. Et puis, l'assassin partait, et la conscience de Stiles s'éteignait. Encore.

L'emprisonnement avait transformé ce garçon autrefois si souriant et plein de vie, en une bête féroce et sanguinaire qui n'attendait que son heure pour se venger. Le sceau qu'on lui avait apposé l'empêchait de se changer en loup, mais il n'avait jamais été moins humain depuis. Il l'empêchait également de parler, et plus que la captivité, ce fut cela qui fit basculer la conscience de Stiles.

C'était comme si, avec la parole, on l'avait privé de son identité, de tout ce qui faisait de lui le garçon hyperactif et bavard que tout le monde affectionnait. Et un jour où ses geôliers s'étaient trop acharnés sur lui, lui faisant regretter de ne pas être mort avec son père, ses yeux étaient restés pourpres, ses griffes ne s'étaient plus jamais rétractées, de même que ses crocs qui, depuis lors, blessaient ses lèvres constamment. Il était devenu un loup dans un corps d'humain.

Une bête en cage.

Huit ans plus tôt, la meute des Landes, dirigée par l'alpha John Stilinski, était une meute des plus prospères. Son territoire était assez vaste, s'étendant sur une dizaine d'hectares jusqu'à la frontière sud de Beacon Hills, territoire neutre pour les loups-garous, comme l'était toutes les villes habitées par des humains. Si l'on considérait donc que toutes les meutes pouvaient se réunir dans ces no man's land, dix hectares pour dégourdir de temps en temps les pattes de vingt loups étaient largement suffisants.

C'est pourquoi John Stilinski ne chercha pas à étendre son territoire et obtint facilement une alliance avec la meute des Hale qui possédait toute la forêt nord de Beacon Hills et qui ne cherchait elle aussi que la tranquillité. Cependant, cette alliance fut rompue lorsque Gérard Argent, le bêta et meilleur ami de John Stilinski qui nourrissait des rêves de pouvoirs et de grandeurs, trahit son meilleur ami. Avec l'aide de sa fille, Kate, et de quelques autres membres de la meute, il réussit à renverser l'alpha, le tuer et il prit ainsi la tête de la meute des Landes qui devint la Meute Argent. Les plus fidèles à leur ancien alpha se rebellèrent, mais comme ils ne représentaient qu'un petit nombre de loups, ils furent vite matés par le nouveau pouvoir en place, servant ainsi d'exemples aux autres qui préférèrent se taire et se soumettre.

Pourquoi la meute des Hale n'était pas venue au secours de leurs alliés ? C'était bien simple, Kate Argent s'était employée à les affaiblir juste avant le coup d'état de son père. Elle avait fait en sorte que les Hale ne puissent pas se mêler de leurs affaires, et cela avait très bien marché.

Le fils unique de John Stilinski, lui, ne put accepter cette nouvelle situation et il donna bien du fil à retordre à Gérard et ses bêtas. Le petit était un alpha né, et même à douze ans il combattit avec une férocité propre à son rang. Cependant, l'alpha trouva une solution au problème « Stiles ». Sous la contrainte, l'émissaire de la meute, Morell, dut apposer un sceau de cloisonnement sur le jeune garçon qui ne put alors ni se transformer ni s'exprimer. Gérard le jeta alors dans les geôles construites sous la gigantesque maison de l'alpha, et les membres de sa meute finirent par oublier ce gosse turbulent et hyperactif. Seuls Haigh, Harris, Miller et lui-même, étaient autorisés à y pénétrer.

Et les voilà, huit ans plus tard, tous réunis dans ce lieu lugubre qui était devenu la demeure de Stiles Stilinski. Gérard, accompagné de ses lèche-bottes, avait improvisé une réunion près de la cage du prisonnier qui était accroupi dans un coin et les observait de ses yeux menaçants. Les bêtas n'étaient pas très à l'aise en sa présence, supportant mal son regard, mais Stiles était attaché et enfermé et Gérard était plus à craindre que ce loup famélique.

- Pourquoi sommes-nous là ? chuchota Miller en regardant son alpha inspecter les lieux et grimacer devant leur insalubrité.

Cael Miller était un loup assez quelconque. Pas aussi grand que ses compagnons, ni aussi fort, il était cependant très intelligent. Assez intelligent pour toujours choisir le côté du plus fort. Il avait autrefois suivi aveuglément Stilinski pendant ses jours de gloire, mais n'avait pas hésité à le poignarder dans le dos en sentant le vent tourner. Il était tout ce qu'il y avait de plus méprisable, mais son esprit tordu séduisait son alpha et c'était l'unique raison pour laquelle il était toujours en vie.

- Nous sommes ici pour nous éloigner des oreilles indiscrètes appartenant à certaines personnes en qui je n'accorde pas toute ma confiance, répondit Gérard Argent de sa voix grinçante, faisant se tasser ses loups sur eux-mêmes. Je sais que quelques-uns des loups de cette meute n'approuvent pas totalement mes méthodes, mais je sais que ce n'est pas votre cas. Vous allez m'être de bon conseil, comme toujours.

- Nous vous écoutons, chef, fit Haigh.

Celui-ci vouait une admiration quasi malsaine pour son alpha. Âgé d'une trentaine d'années, il était un des plus jeunes bêtas de la meute et également celui qui avait le plus subi l'influence de Gérard – en dehors de la propre famille de celui-ci. Quand les parents de Haigh étaient morts vingt ans auparavant, victimes d'une bagarre avec une meute de passage, Gérard avait pris l'orphelin sous son aile, en faisant un parfait petit soldat à sa solde qui avait été très utile pour renverser son prédécesseur. L'alpha était également certain que Haigh serait bien plus fidèle que son fils, Chris, qu'il soupçonnait être un tantinet réfractaire à se soumettre à son autorité.

- Je veux le territoire de Hale.

Cette déclaration ne surprit personne. Ses bêtas savaient pertinemment que Gérard voulait annexer la forêt des Hale car elle était placée très stratégiquement par rapport à Beacon Hills. De là-bas, on pouvait anticiper l'arrivée de meutes ennemies et de dangers occasionnels. C'était aussi une très bonne cachette pour eux qui se trouvaient extrêmement à découvert dans la rase compagne, rebaptisée les Landes par Stilinski. Le gibier y était aussi très abondant, et les loups-garous préféraient la chasse en forêt plutôt que de se déplacer sur les territoires humains pour s'approvisionner.

Mais surtout – et c'était probablement la raison numéro une de l'alpha – en s'emparant du territoire des Hale, il étendrait son influence sur des dizaines et des dizaines de kilomètres carrés, pouvant ainsi envisager des alliances avec des meutes voisines plus fortes.

- Je ne pense pas que Derek Hale vous cédera son territoire de son plein gré, intervint Harris. Et nous sommes en infériorité numérique par rapport à sa meute.

Gérard Argent dévisagea son bêta, un tic agitant le coin de sa paupière. Adrian Harris avait le don de toujours lui taper sur les nerfs, mais, derrière ses paroles emplies de sarcasmes et de mépris, se cachait une certaine sagesse qui lui avait déjà servi.

- Je le sais. C'est pour cela que je veux m'allier avec Deucalion.

- Deucalion ?! s'exclama Haigh surpris. Mais…je ne comprends pas. Il vous a déjà proposé plusieurs alliances par le passé que vous avez toutes refusé…

- En effet, mais je pense que c'est le bon moment pour signer un contrat. Je suis conscient que nous n'avons aucune chance de gagner seuls face à la meute des Hale, mais avec Deucalion avec nous…

- La victoire est assurée, acquiesça Miller.

L'alpha inclina la tête, dévisageant ses bêtas avec un rictus inquiétant. Gérard Argent avoisinait peut être les soixante-cinq ans, mais il n'avait pas froid aux yeux et son agressivité était légendaire, voilà pourquoi il valait mieux faire profil bas lorsqu'il était dans les parages.

- Je voudrais que l'un de vous contacte Deucalion pour lui proposer un rendez-vous sur le lieu de son choix, tant que celui-ci est neutre. Dites-lui que je suis prêt à accepter son offre et même à céder ma fille s'il le souhaite.

- Kate ne va pas être d'accord.

- Kate n'aura pas le choix, répliqua l'alpha. Deucalion la veut depuis des années et c'est la seule raison pour laquelle je n'ai pas voulu conclure un accord avec lui. Aujourd'hui, s'il faut que je vende ma fille pour étendre mon territoire, je n'hésiterai pas.

Les trois bêtas frissonnèrent et baissèrent les yeux sur le sol pavé des cachots. Ils ne pouvaient pas dire que la nouvelle ne les réjouissait pas – personne dans la meute n'aimait cette salope de Kate –, mais si leur alpha était prêt à marchander sa fille pour des terres, alors il était capable de tout et devenait encore plus redoutable.

- Vous pourriez peut-être tenter de parler à Hale, suggéra Miller. Des rumeurs courent sur le fait qu'il serait en train de se chercher un compagnon.

- Il a définitivement laissé tomber ses pétasses ? demanda Harris en levant un sourcil.

- Ouais. Il se cherche un mec. Peut-être que si nous lui donnons ce qu'il veut, il acceptera de fusionner nos meutes et de se ranger sous votre autorité, chef.

- Et quel homme serait assez sain d'esprit pour vouloir s'accoupler avec ce fou dangereux de Hale ? fit l'alpha intéressé par la proposition.

- Oh, pas besoin qu'il le veuille, chef.

Gérard haussa les sourcils et son bêta fit un mouvement de tête en direction des cellules. Ils se tournèrent alors vers Stiles, réfugié au fond de sa cage et aussi alerte que possible étant donné son état. Il n'avait pas quitté les loups des yeux un seul instant, mais n'avait pas compris un traître mot de ce qui s'était dit. Cependant, lorsqu'il sentit l'attention se focaliser sur lui, il sut qu'il était en danger et la bête réagit instantanément. Il se jeta sur les barreaux de se prison avec l'énergie de désespoir, rugissant, essayant d'atteindre d'un coup de griffe ces loups qui restaient hors de portée.

- Depuis quand est-il aussi vigoureux ? demanda Gérard en dévisageant le prisonnier agité d'un œil mécontent.

- Il ne l'est plus depuis longtemps, répondit Miller, mais il lui arrive d'avoir un regain d'énergie de temps à autre lorsqu'il est trop nourri.

Le bêta avait répondu d'une voix détendue, cependant, il fit un pas en arrière lorsque Stiles se jeta une nouvelle fois sur ses barreaux, faisant clique-tiquer sa chaîne au sol.

- Ce n'est pas bien du tout ça, observa l'alpha en plongeant ses yeux rouges dans ceux de la bête qui lui faisait face, les crocs dévoilés. Faites en sorte qu'il soit docile pour Hale, j'ai entendu dire que ce dernier était effectivement désespéré. Peut-être l'est-il au point d'accepter ma proposition, qui sait ?

Ses bêtas acquiescèrent et regardèrent leur alpha commencer à gravir les marches menant au rez-de-chaussée de sa somptueuse demeure. Au moment d'ouvrir la trappe, Gérard s'arrêta, jeta un coup d'œil à la bête emprisonnée avant de dire à ses subordonnés :

- J'enverrai Morell le remettre en état, alors…faites-vous plaisir.

Un sourire cruel se dessina sur le visage de chacun des bêtas, et lorsque leur chef disparut en refermant délicatement la trappe derrière lui, Haigh, Miller et Harris se concertèrent du regard avant de se tourner vers le mur des tortures.

- Je prends le fouet clouté, dit Haigh en souriant comme un gamin excité devant un manège.

- Moi la batte, déclara Miller.

Il décrocha la solide batte de base-ball en fer, tandis qu'Harris sortait simplement la dague qu'il avait toujours sur lui. Ils adoraient ce genre de festivité. Lorsqu'ils s'approchèrent de Stiles, menaçants, celui-ci reconnut les outils qui lui promettaient mille et un supplices et il se rejeta au fond de sa cage en gémissant, espérant échapper à sa punition.

La nature combattive de son loup s'était fait la malle en courant et il regardait le fouet clouté avec de grands yeux apeurés. Il détestait cette lanière qui déchirait sa peau et ses muscles encore plus violemment que la batte ne lui brisait les os et que la dague ne s'enfonçait dans son corps. Mais sa prison ne pouvait pas lui permettre de se protéger et les cachots résonnèrent bientôt de ses cris de douleurs pendant de très, très longues minutes alors que les bêtas se donnaient à cœur joie de le faire souffrir.

Gérard Argent sortit des cachots avec un immense sourire aux lèvres. Voir son prisonnier dans un tel état de faiblesse et d'impuissance le mettait toujours d'excellente humeur. Entendre les gémissements rauques de douleur lorsque le fouet s'abattait sur la peau du fils de feu son ennemi était un pur bonheur pour ses oreilles. Sentir sa détresse, sa peur et sa solitude était encore mieux que tout.

Oui, Gérard Argent était un sadique et la plus grande partie de sa meute le craignait, ce qui lui convenait tout à fait. Il ne voulait pas être aimé par ses bêtas, car c'était cet amour qui avait détruit John Stilinski, ce vieux loup qui s'était un peu trop reposé sur ses lauriers. Non, non, il n'avait pas besoin d'être aimé pour diriger la meute. Être craint c'était beaucoup mieux, il était ainsi sûr que personne n'oserait se rebeller et contredire ses ordres directs.

- Grand-père ? fit une voix derrière l'alpha.

Gérard ferma la trappe qui menait au sous-sol, étouffant ainsi les plaintes du prisonnier avant de se tourner vers sa petite-fille. Il ne se départit pas de son sourire qui se modifia cependant pour devenir plus doux.

- Oui, Allison ? Tu sembles soucieuse.

Gérard adorait sa petite-fille plus encore que Kate et Chris, ses propres enfants. Allison, âgée de vingt-et-un ans, était grande et très belle. Mais sa beauté était aussi froide que son caractère changeant. Elle avait de longs cheveux bruns qui ondulaient sur ses épaules, entourant un visage de porcelaine dans lequel brillaient deux yeux noirs. De vrais joyaux, selon son grand-père qui l'admirait à chaque fois qu'il la voyait.

La jeune femme était une chasseuse redoutable. Gérard l'avait formé au tir à l'arc, au combat à l'arme blanche comme à mains nues et elle était vite devenue sa meilleure guerrière. Il avait fait d'elle une sentinelle. Avec deux autres loups de la meute, elle était chargée de patrouiller sur leur territoire et d'éliminer toute menace un peu trop proche, et jusque là, elle s'était acquittée de sa tâche avec brio.

Mais en cet instant, son visage normalement impassible arborait quelques lignes d'inquiétude qu'elle chassa assez vite. Elle ne pouvait pas demander à son grand-père ce qui se passait réellement là-dedans. Elle avait peur de la réponse. Elle craignait qu'il ne lui révèle la présence d'un garçon, un garçon qui avait disparu de la surface du globe huit ans plus tôt après la mort de son père.

De nombreuses rumeurs courraient au sein de la meute à son sujet, d'ailleurs. Certaines disaient qu'il était tout simplement mort, d'autres qu'il s'était enfuit loin d'ici et avait survécu, mais les rumeurs qu'Allison redoutaient, c'étaient celles qui racontaient que Gérard l'avait capturé à cause de ses yeux rouges et enfermé, éliminant un concurrent potentiel pour la place d'alpha. Mais Allison (tout comme beaucoup d'autres loups de sa meute), était persuadée que, si cette rumeur était vraie, le garçon serait devenu complètement fou au fil des années et on aurait entendu parler de son existence – rien qu'en entendant ses hurlements de détresse. Aucun être vivant, humain ou non, ne pouvait rester sain d'esprit en étant enfermé dans un lieu sombre et exigu pendant autant de temps.

Les derniers bruits qui circulaient étaient les moins crédibles pour la jeune femme. Certains loups-garous, les plus âgés de la meute, racontaient qu'ils avaient déjà vu le garçon se transformer entièrement huit ans auparavant et qu'il serait revenu à la vie sauvage Mais Allison n'y croyait pas, c'était tout simplement impossible. Jamais elle n'avait entendu parler d'un seul loup-garou capable de réaliser une transformation complète en ce jour. Il semblait logique pour elle de penser que si même son grand-père n'y parvenait pas, personne ne pouvait le faire. Et encore moins un gamin âgé de douze ans à l'époque. Et puis, elle n'en avait pas non plus le souvenir.

En réalité, même si elle avait quasiment le même âge que Stiles, elle ne se souvenait pas vraiment de lui. Ils n'avaient pas été amis à l'époque, car le garçon traînait beaucoup avec Garrett et Violet qu'elle-même détestait. Ils étaient trop…tordus et n'étaient animés que par la soif de reconnaissance et l'envie de faire du mal aux autres. Garrett lui avait déjà joué des tours pendables quand ils étaient enfants, et elle n'avait jamais vraiment pu le digérer.

Elle avait la vague impression que Stiles avait essayé une fois ou deux d'intervenir en sa faveur auprès des deux terreurs, mais c'était tout ce dont elle se souvenait. Elle ne se rappelait même plus à quoi il ressemblait, juste qu'il avait de grandes fossettes autour de la bouche et que celle-ci souriait en permanence…Mais c'était il y avait bien des années, aujourd'hui, Stiles devait avoir énormément changé et n'avait certainement pas eu beaucoup d'occasion de rire…En considérant qu'il puisse toujours être en vie.

- Non, tout va très bien, répondit la jeune louve avec un temps de retard. Je voulais juste te dire que j'ai rassemblé la meute dans le salon, comme tu m'as demandé de le faire.

- C'est très bien, ma fille. Allons-y.

Gérard posa une main protectrice sur l'épaule d'Allison et ils se rendirent dans le vaste salon de la maison de l'alpha et de sa famille. Le patriarche des Argent avait toujours eu le goût du luxe, aussi, lorsqu'il avait pris le pouvoir, s'était-il empressé de construire cette demeure à l'image des villas romaines dans les films hollywoodiens à l'emplacement du chaleureux cottage des Stilinski qu'il avait fait rasé.

Allison détestait cette maison. Tout y était trop glacial, trop austère, trop ordonné, exactement à l'image de son grand-père. Un grand-père qui lui avait toujours fait froid dans le dos. Son père, Chris, n'avait pas grand-chose en commun avec Gérard. Il était beaucoup plus paternel et attentif à elle, il la rassurait et lui apportait du réconfort lorsqu'elle en avait besoin, même s'il pouvait parfois se montrer très sévère dans ses enseignements. Victoria Argent, était en revanche tout le contraire de ce qu'on pourrait attendre d'une mère. Hautaine et froide, elle n'avait jamais vraiment manifesté d'amour pour sa fille et, de part son caractère, s'entendait extrêmement bien avec le père de son mari. En fait, la jeune femme ne pouvait réellement se fier qu'à son père…

Ainsi, comme Allison l'avait dit, la meute était rassemblée dans le salon, attendant leur alpha. Lorsque Gérard arriva, vêtu de son élégant costume gris sur-mesure, les loups-garous se levèrent de leur siège et inclinèrent la tête dans sa direction en signe de soumission. Un sourire satisfait étira les lèvres de l'alpha qui se positionna en face de ses bêtas. Il adorait leur docilité et il adorait le pouvoir qu'il avait sur eux.

Les bêtas, donc, relevèrent la tête une minute plus tard, comme le voulait la coutume, et sur un signe de Gérard, ils purent se rasseoir. L'alpha les contempla un instant, les jaugeant comme à chaque fois. Il savait que les loups comme Haigh, Miller et Harris exécuteraient ses ordres sans rechigner. C'était aussi le cas de Brunski, un homme d'une cinquantaine d'années, qui, malgré qu'il ne soit plus de la prime jeunesse, était un des loups les plus sordides dont il avait eu l'honneur de croiser la route. Et puis, il y avait également Silas, sa deuxième sentinelle, qui le suivrait quoi qu'il pourrait dire…

Mais il y avait également des loups comme son fils, Chris, et aussi comme Jordan Parrish, qui, même s'ils ne le disaient pas, n'appréciaient pas les pratiques de Gérard et parlaient dans son dos.

- J'ai pris une importante décision, commença enfin l'alpha en croisant ses mains derrière son dos. Depuis quelque temps, vous avez remarqué que nous nous faisons de plus en plus attaquer par les créatures de passage et les meutes nomades, et que cela est dû au fait que nous soyons sur un territoire ultra découvert.

Gérard marqua une pause le temps que ses bêtas montrent leur assentiment par des hochements de tête. Jusque là, tout le monde était d'accord. Depuis plus de deux mois, ils avaient déjà dû repousser une dizaine de korrigans malveillants, une famille de wendigos et une meute inopportune. Sans leur druide, beaucoup d'entre eux auraient pu laisser la vie dans ces dernières batailles, mais même s'il n'y avait pas eu de pertes, leurs défenses étaient affaiblies. Changer de territoire était aujourd'hui une question de survie, car malgré l'efficacité des sentinelles, leurs frontières étaient faibles.

- Que proposes-tu, père ? demanda Chris Argent qui était resté debout aux côtés de sa femme.

L'alpha dévisagea son fils tout en se demandant si celui-ci ne finirait pas par le décevoir à un moment ou à un autre. Sa femme était vraiment parfaite, mais lui…Il avait des idées bien trop différentes des siennes.

- Nous allons prendre le territoire des Hale.

Cette annonce jeta un froid sur la meute. Ils savaient tous que la meute Hale comptait plus de loups-garous que la leur et qu'ils ne feraient pas le poids face à leur alpha. Derek Hale était réputé pour être un combattant redoutable et sans pitié. Des tas de légendes couraient sur lui et même si la plupart étaient certainement fausses – comme le fait qu'il aurait tuer une goule en lui arrachant la gorge avec ses crocs –, il y avait certainement une part de vérité dans ce qui se racontait. Et rien de ce qui se racontait ne mettait Derek Hale en position de faiblesse, pas une fois.

- Je suis conscient du fait de notre infériorité numérique, continua Gérard conscient de la tension de ses bêtas. C'est pourquoi je vais essayer de marchander avec l'alpha. Haigh, Harris, Morell et Kate viendront avec moi à Beacon Hills pour rencontrer Derek Hale. J'ai entendu dire qu'il est souvent fourré avec ses bêtas dans ce bar à l'extrémité de la ville…

- Le Level One ? fit Garrett, un des plus jeunes loups de la meute.

Allison n'essaya même pas de retenir sa grimace. Garrett sortait beaucoup avec sa compagne, Violet, pour faire les quatre cents coups à Beacon Hills et ce n'était pas étonnant qu'il connaisse cet endroit où de l'alcool pouvait certainement être servi aux mineurs. Bon d'accord, elle était peut-être un peu coincée, mais c'était seulement parce qu'elle n'avait pas eu d'amis avec qui elle aurait pu sortir !

- C'est ça.

- Et si tu n'arrives à rien avec Hale ? demanda Chris.

- Alors je demanderai de l'aide à Deucalion.

- Quoi ?! s'écria Kate en bondissant de son fauteuil. Mais, père ! Tu sais que Deucalion ne veut s'allier avec nous seulement si tu…

- Seulement si j'accepte qu'il fasse de toi sa compagne, oui, oui, je sais. Tu devrais d'ailleurs te faire à l'idée, car Hale est une tête de mule.

Kate eut l'air de vouloir protester une nouvelle fois, mais son père leva une main et la foudroya du regard. Kate était peut-être bien la seule de la meute à se ficher totalement de ce qui pourrait lui arriver si elle désobéissait à l'alpha. Allison admirait littéralement sa tante pour cela, même si elle avait de nombreux défauts. A commencer par son goût vestimentaire…

- Il me semble que par le passé tu as déjà eu à faire la putain pour un alpha et que cela ne t'a pas dérangé. Ce ne sera pas très différent cette fois-ci, je t'assure, ajouta Gérard d'une voix sèche.

La femme rougit jusqu'aux oreilles et s'abstint de faire un nouveau commentaire. Les hommes de la meute la regardaient avec des sourires goguenards qui la firent se renfrogner et bouder dans son coin. Il était vrai que huit ans plus tôt, son père lui avait demandé de séduire Derek Hale afin de détourner l'attention de sa meute pendant qu'il s'occuperait de l'alpha Stilinski. Kate avait mené sa mission à bien d'une main de virtuose : elle avait couché avec Derek, alors âgé de dix-huit ans, et avait acquis sa confiance, ce qui lui avait permis de s'approcher de sa meute et de mettre le feu à la demeure du couple alpha sans qu'ils ne soupçonnent rien.

Kate avait réduit la famille Hale en cendres la nuit où son père avait tranché la gorge de John Stilinski. Sans elle, il ne serait pas là où il était aujourd'hui, même si elle ne pouvait nier qu'elle avait adoré jouer avec le jeune Derek… Eh, elle avait quand même du mérite ! Et certainement aucune envie de se frotter à Deucalion ! Si elle avait peur de quelqu'un, c'était bien de lui, ce mec était un véritable monstre !

- Avant de partir, reprit Gérard en voyant que sa fille s'était calmée, je voudrais que tu ailles t'occuper du garçon, Morell. Tu as dix minutes.

La druide, restée à l'écart du reste de la meute, se raidit en entendant ces paroles, mais ne contesta pas son alpha. Elle s'éclipsa rapidement du salon et se dirigea vers la trappe menant au sous-sol. Combien de fois y était-elle allée pour soigner le pauvre garçon qui y était retenu prisonnier ? De trop nombreuses, semblait-il. Et elle avait toujours gardé le secret, ne révélant pas sa présence, ne confirmant aucune rumeur, elle s'était docilement soumise aux ordres de son alpha. Alors qu'elle se résignait à devoir descendre dans les cachots, la trappe s'ouvrit brusquement, laissant sortir Harris, Miller et Haigh, tous trois essoufflés et couverts de sang, mais arborant des sourires fiers et satisfaits. Ces trois brutes épaisses avaient encore fait du mal à Stiles…

- Oh, Marine, fit Miller d'une voix séduisante. Tu viens voir comment va notre prisonnier ?

- L'alpha veut que j'aille le soigner avant que nous partions à Beacon Hills, répondit-elle d'une voix grinçante.

- Tu viens avec nous voir Hale ? s'étonna Harris.

- Il semblerait…Maintenant, laissez-moi passer, ordonna la femme sans se laisser impressionner par les trois loups-garous qui lui faisaient obstacle.

Ces derniers échangèrent des regards amusés avant de s'écarter de la trappe, révélant les escaliers qui s'enfonçaient dans la noirceur du sous-sol.

- Fais bien ton boulot, Marine, s'esclaffa Haigh. Il faut que la bête soit au goût de Hale, après tout !

- Comment ça ?

Mais les trois loups ne lui répondirent pas et s'éloignèrent en riant à gorge déployée, et en se donnant l'accolade, partageant une blague connue d'eux seuls. Marine Morell fronça les sourcils avant de les chasser de son esprit et de commencer à descendre les marches. N'étant pas un loup-garou, elle ne voyait rien dans le noir, mais elle ne trébucha pas, connaissant cet escalier par cœur. Dieu qu'elle le détestait, cet escalier !

Ce fut seulement une fois arrivée en bas qu'elle tâtonna à sa gauche pour trouver l'interrupteur. Une lumière orangée et vacillante se répandit aussitôt dans les cachots lorsqu'elle appuya sur le bouton. Les circuits électriques, vieux et mal entretenus, grésillaient dangereusement et l'émissaire frissonna, tant à cause du froid qui régnait dans l'endroit qu'à cause de son atmosphère lugubre. Et puis, il y avait l'odeur métallique du sang…

Etait-elle prête à découvrir le jeune homme étendu dans une mare de sang pour la énième fois de sa vie ? Elle savait qu'elle en ferait encore des cauchemars pendant très longtemps et que son impuissance face à la situation la tarauderait en permanence…

La femme se mit en marche d'un pas hésitant entre les cellules vides, jusqu'à arriver devant celle du prisonnier, située tout au fond du cachot. Lorsqu'elle découvrit avec horreur la scène qui s'étendait devenant elle, elle poussa un cri et plaqua une main tremblante devant sa bouche. Elle en avait vu des choses moches depuis que Stiles était enfermé ici, mais rien n'équivalait le spectacle atroce auquel elle assistait.

Le sol de la cellule était marqué par des traînées de sang et toutes convergeaient vers la loque de chairs sanguinolentes entassée dans l'angle que formaient les murs de la cellule. Sans hésiter un instant, la druide entra dans la cage que les bourreaux du garçon n'avaient pas refermée. Elle s'approcha de lui à pas lents, évaluant la situation. A chaque fois qu'elle venait voir le prisonnier, il était toujours inconscient et ne remarquait pas sa présence, mais jamais elle ne l'avait vu autant blessé. Les loups s'étaient acharnés sur lui sans aucune pitié jusqu'à laisser le garçon pour mort.

Morell s'agenouilla à côté du garçon sur le sol froid de la cellule et elle l'examina sans le toucher. Seulement vêtu d'un caleçon sale, il était recroquevillé sur le côté droit, la tête cachée entre ses bras et les jambes repliées. Il avait essayé de se protéger du mieux qu'il l'avait pu sans beaucoup de succès. Le fouet clouté avait fait de nombreux ravages, lacérant son dos, sa poitrine et ses jambes tandis que des coups de poignard étaient visibles sur son abdomen. Il perdait énormément de sang par toutes ses blessures et la majorité de ses os semblaient brisés.

La druide jeta un coup d'œil à l'extérieur de la cellule, ses yeux se posant sur le mur qui exhibait les nombreuses armes de tortures. La batte en fer était couverte de sang, de même que le fouet et Morell devina que cette ordure d'Harris s'était servi de son propre couteau pour transpercer la peau du garçon. Il l'avait toujours sur lui, le faisant en permanence tourner entre ses doigts comme une menace silencieuse…

Ravalant ses larmes et sa honte d'appartenir à une meute capable d'une telle cruauté, l'émissaire de la meute Argent sortit des herbes de la sacoche qu'elle avait toujours sur elle et entreprit de soigner les plaies du garçon. En dix minutes, elle pouvait arrêter les hémorragies et accélérer le processus de cicatrisation, mais rien de plus. Le pauvre Stiles allait rester marqué à vie par cette séance de torture comme il l'avait été de toutes les précédentes. Morell espérait juste qu'elle parviendrait à le sauver cette fois encore…

Une heure plus tard, Gérard était au Level One accompagné de Kate, Harris, Haigh et Morell. Cette dernière était dans un état semi-léthargique lié à toutes les dépenses d'énergie qu'elle avait dû faire pour garder le gamin en vie. Elle était extrêmement fatiguée et choquée par ce qu'elle avait vu et encore plus effrayée par son alpha et ses compagnons.

Elle regrettait presque d'avoir sauvé le prisonnier, peut-être aurait-elle fait preuve de clémence en le laissant mourir…C'était certainement ce que Stiles désirait depuis longtemps, ne plus supporter la faim et la soif, les tortures quotidiennes, le manque de chaleur, l'absence de liberté…

Oui, Morell aurait mieux fait de le laisser mourir, mais si elle l'avait fait, l'alpha l'aurait violemment puni à son tour. Et même si elle était courageuse, elle tenait assez à sa vie pour ne pas défier Argent. La druide se frotta inconsciemment les bras. Elle avait dû rester un long moment sous la douche à se frotter vigoureusement pour enlever toutes les traces de sang et elle avait aussi jeté ses vêtements imbibés d'hémoglobine, n'essayant même pas de les récupérer. Elle ne savait même pas si elle aurait un jour la force de retourner dans les cachots et de supporter cela…

Lorsque Gérard était entré dans le bar bondé suivi par ses bêtas, les humains avaient tourné la tête vers eux avant de vite regarder ailleurs, conscients des emmerdes ambulantes qui venaient de franchir la porte. L'alpha avait toujours eu cet effet glacial sur les gens qu'il mettait un point d'honneur à cultiver. Ça lui donnait de l'importance. Sans faire plus attention aux humains ou au barman qui ne les lâchait pas des yeux, il fouilla du regard la salle, cherchant Derek Hale. Ce dernier ne devrait pas être très difficile à repérer après tout.

- Ils sont au bar, chef, déclara Haigh une seconde plus tard en désignant le comptoir par-dessus la musique et les bruits de conversations.

Gérard tourna la tête dans la direction indiquée et un sourire torve étira sa bouche. Derek Hale était assis sur un tabouret de bar, lui tournant le dos. L'alpha était reconnaissable entre tous, car, en plus d'être très grand et baraqué, il portait toujours le même blouson en cuir noir avec un loup frappé dans le dos. Et puis tout dans sa posture indiquait qu'il n'était pas n'importe quel loup, mais un alpha. Un vrai.

Gérard repéra vite les deux bêtas d'Hale flanqués à ses côtés, chacun buvant une bière en rigolant joyeusement. Ils semblaient jeunes et l'un d'eux ne devaient avoir guère plus de dix-huit ans. Il n'avait même pas l'air d'être majeur, pour tout dire.

- Très bien, déclara Gérard. Allons voir Hale et surtout, restons courtois.

Ses bêtas acquiescèrent en souriant et suivirent leur chef, restant un pas derrière lui alors que Kate trottinait aux côtés de son père. Celle-ci était carrément excitée à l'idée de revoir son ancien amant après huit ans. Savait-il que c'était elle qui était à l'origine de la mort de ses parents et de sa sœur, Laura ? Savait-il qu'elle n'avait fait que le manipuler pour parvenir à ses fins ?

Oh, oui, cela ne faisait aucun doute, mais il n'avait certainement pu jamais le prouver, voilà pourquoi la meute Hale n'avait jamais cherché à se venger. Et puis, après l'incendie, Derek était devenu l'alpha et il avait probablement eu plein de choses à remettre en ordre pour s'autoriser à penser à la trahison de Kate. Ce qu'il avait eut le temps de faire les huit années suivantes…Cela aurait dû refroidir Kate, mais ce fut l'effet inverse. Après tout, Derek pourrait toujours lui en vouloir, mais jamais il ne pourrait nier avoir pris son pied avec elle.

Lorsque les membres de la meute Argent arrivèrent à quelques pas derrière les trois autres loups-garous, les deux bêtas se tournèrent sur leur siège, les regardant avec surprise et circonspection. Le plus vieux des deux avait la peau mate – sûrement due à des origines mexicaines –, et il avait les épaules larges et les bras musclés, montrant que même s'il était jeune, il était un combattant.

C'était de lui, plus que de l'autre bêta plus mince et moins grand, que Gérard devrait se méfier si leur prochaine discussion tournait mal. Kate, qui avait toujours aimé les mecs plus jeunes qu'elle, ne put s'empêcher de le trouver vraiment, vraiment craquant. Les jeunes étaient influençables, malléables, c'était ça qui faisait tout leur charme à ses yeux de femme accomplie.

- Qu'est-ce que tu veux, Argent ? demanda l'alpha Hale d'une voix rauque.

Celui-ci ne s'était toujours pas retourné pour faire face à Gérard, lui manquant ostentatoirement de respect.

- Parler, répondit l'alpha.

Derek Hale, après avoir avalé la dernière gorgée qui restait au fond de son verre de whisky, se tourna enfin vers eux. Le cœur de Kate se mit aussitôt à battre la chamade et elle sentit son excitation descendre aussitôt vers des zones plus équatoriales de son anatomie, oubliant totalement le petit jeune. Bon sang, Derek avait toujours été très attirant par le passé, mais il n'avait plus rien à voir maintenant avec le jeune homme qu'elle avait connu huit ans plus tôt.

Son visage avait perdu toutes ses anciennes rondeurs, révélant des pommettes saillantes et une mâchoire carrée. Une barbe de plusieurs jours mangeait son menton et le creux de ses joues, ce que Kate trouva cela super méga sexy. De même que son regard bleu-vert qui avait gagné en intensité et qui se teinta furtivement de rouge lorsqu'il se posa sur elle…Elle en eut la chair de poule…

- Kate, cracha-t-il d'une voix furieuse alors qu'il serrait les poings. Que me vaut le déplaisir de cette visite ?

- Je voudrais m'entretenir avec toi, fit Gérard. Pouvons-nous aller dans un endroit plus discret ?

Derek le jaugea du regard avant de toiser les deux bêtas et l'émissaire derrière eux. Celle-ci avait l'air quelque peu déconnecté, ne faisant pas attention à ce qui se passait, et les deux autres ne représentaient clairement pas une menace pour un alpha de son envergure. Sans vouloir se vanter, Derek connaissait très bien la mesure de sa force et il pouvait également faire confiance à ses compagnons pour l'épauler en cas de besoin.

Voilà pourquoi il suivit Gérard Argent sans mot dire jusqu'à une table dans un coin reculé du bar où les oreilles humaines ne pourraient les entendre. Ils s'assirent face à face et Derek laissa l'autre alpha prendre la parole en premier. Après tout, c'était lui qui sollicitait une entrevue, alors qu'il parle. Et vite. Derek avait une bouteille de whisky à finir avant de rentrer chez lui. Sans compter que la présence de Kate à quelques centimètres de lui, lui hérissait littéralement le poil.

- Voici Harris et Haigh, deux de mes bêtas, fit Gérard en présentant les deux hommes assis à ses côtés. Et Morell, notre émissaire.

La jeune femme à l'air perdu leur fit vaguement un sourire avant de baisser la tête sur la table. Derek trouva qu'elle ressemblait à son propre émissaire, Alan Deaton, mais il se faisait certainement des idées.

- Et voici Kate, ma fille, mais je crois que vous vous connaissez.

Derek étouffa un grondement menaçant. Bien sûr qu'il connaissait cette garce ! Elle avait détruit sa famille ! L'alpha prit pourtant sur lui pour ne pas exprimer sa colère à voix haute, et présenta ses bêtas à son tour :

- Scott, Liam.

Scott était le beau mâle au teint mat et Liam le plus jeune. Hmm. Kate se lécha les lèvres. Bon, Derek restait le spécimen le plus alléchant, mais il avait plus l'air de vouloir l'étrangler que de l'embrasser. Dommage…Elle aurait bien voulu remettre ça avec lui, en huit ans, il avait dû affiner ses techniques…

- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda abruptement l'alpha des Hale en plongeant son regard vert d'eau dans celui de Gérard.

- Trouver un arrangement.

Derek s'adossa à sa chaise, croisant ses bras sur sa poitrine. Ce mouvement écarta les pans de son blouson en cuir, dévoilant un tee-shirt gris qui épousait chaque muscle saillant du torse de l'alpha. Kate en eut l'eau à la bouche – encore – et son père ne put s'empêcher de grimacer, déplorant le manque flagrant de contrôle de sa fille. Elle avait toujours été dirigée par ses hormones, se foutant complètement des risques qu'elle prenait et qu'elle faisait courir aux autres.

- A quel sujet ? demanda encore Derek en ignorant le regard appréciateur de son ancienne petite-amie.

- Ma meute se trouve sur un territoire extrêmement exposé et plusieurs de mes femelles sont enceintes, déclara Gérard d'un ton posé, sachant que Derek serait plus enclin à considérer sa proposition s'il dévoilait ses faiblesses.

Bien sûr, il mentait. Aucune des femelles de la meute Argent n'étaient enceintes, mais ni ses bêtas, ni sa fille, ni son émissaire, ne le trahirent. Kate était bien trop obnubilée par Derek pour penser objectivement à quelque chose, Morell était toujours aussi absente, et Harris et Haigh marchaient à fond dans son plan. Derek avalerait son mensonge…

- Et en quoi cela me concerne-t-il ?

…ou pas finalement.

- Je voudrais avoir ta permission avant d'installer ma meute dans la forêt, déclara Gérard sachant qu'ils arrivaient au cœur de la conversation.

Hale fronça les sourcils avant de décroiser les bras. De toute évidence, il ne s'attendait pas à quelque chose dans ce genre, mais il avait à présent toute son attention.

- Tu veux que je te cède un morceau de mon territoire ?

Ses bêtas, Scott et Liam, se tendirent aussitôt, retroussant juste assez leurs lèvres pour dévoiler le bout de leurs crocs. Un léger grondement naquit de la poitrine du basané qui menaçait Harris du regard. Celui-ci venait de sortir sa dague fétiche. Il regarda un instant Scott avec un petit rictus, avant de commencer à graver le bois de la table. Le barman, derrière le comptoir, les regarda, mécontent et désapprobateur, mais il n'osa pas intervenir.

Ces mecs avaient l'air dangereux à des kilomètres et il connaissait assez Derek Hale pour savoir qu'il ne valait mieux pas se mêler de ses histoires. Il préférait payer les dégâts après plutôt que de devenir lui-même un dommage collatéral…

- Dans l'idéal, je voudrais que tu me cèdes ton territoire et ta meute, mais un morceau de territoire me conviendrait assez pour l'instant, plaisanta Gérard.

Évidemment, tout le monde comprenait par ces paroles qu'elle était sa véritable intention. De toute façon, deux alphas ne pouvaient pas vivre en se partageant un territoire sans que l'un des deux n'essaye de prendre le dessus sur l'autre. À moins qu'ils ne soient compagnons, évidemment. Ce que Gérard et Derek ne seraient – et tout le monde pouvait l'affirmer sans hésitation – jamais.

- Et tu penses que je vais sérieusement envisager de te laisser t'installer, ta meute et toi, près de la mienne ? fit Derek d'une voix rauque et emprunte de menaces.

- J'ai peut-être quelque chose à te donner en échange.

Derek haussa un sourcil. Qu'est-ce qu'Argent pourrait-il donc avoir qui le convaincrait de céder son territoire et de mettre en péril la sécurité de sa meute ? Parce qu'il était absolument hors de question que cette traîtresse de Kate ne s'approche à moins d'un kilomètre de l'endroit où il vivait ! Il avait parmi sa meute de jeunes loups-garous encore vulnérables qui ne sauraient pas comment se défendre face à cette harpie.

- Qu'est-ce que tu peux bien me proposer qui ait autant de valeur que mon territoire ? Je suis curieux de le savoir.

Gérard lui adressa un sourire indulgent alors que sa fille lui jetait un regard interrogateur. Il ne l'avait pas mise au courant de la nature de leur monnaie d'échange, et il était certain qu'elle n'allait pas en être heureuse, tout comme il savait qu'elle avait toujours eu un malheureux faible pour l'alpha Hale. Kate était au courant que leur prisonnier était encore en vie, mais elle avait toujours eu l'interdiction formelle de l'approcher. Gérard savait que s'il avait laissé sa fille s'amuser avec Harris, Miller et Haigh, le jeune Stilinski aurait rendu l'âme depuis longtemps, et ce n'était pas ce qu'il souhaitait.

- J'ai un jeune mâle loup-garou – homosexuel de surcroît – tout juste prêt à être sailli. Et j'ai entendu dire que c'était ce que tu recherchais en ce moment…

Une lueur d'intérêt s'alluma aussitôt dans les yeux de l'alpha et Gérard sut qu'il l'avait ferré. Passé un certain âge, les lycanthropes se vouaient corps et âme à la recherche d'une ou d'un partenaire avec qui ils pourraient fonder une famille. Derek Hale avait vingt-six ans et cela devait probablement le travailler jour et nuit.

- QUOI ? s'écria Kate attirant une fois de plus l'attention sur elle. Qu'est-ce que…Père ! Derek n'est certainement pas attiré par les mâles, je peux te le certifier !

Son père lui jeta un regard agacé quand Harris lui répondit :

- Tu devrais prêter plus d'attention aux rumeurs, Kate. Apparemment, Hale s'est fait larguer par sa dernière copine – Paige, c'est ça ? – parce qu'il l'avait trompé avec un jeune humain.

Derek poussa un grognement mécontent dans sa direction et ses griffes éraflèrent soudainement la table. Sa vie privée ne regardait personne, et ce qui s'était passé avec Paige ne devait en aucun cas être répandu, il avait assez honte comme ça.

- Oh, on dirait que j'ai visé juste, n'est-ce pas ?

- Adrian, reste tranquille, lui ordonna Gérard à voix basse. Nous ne voudrions pas nous battre dans une zone neutre, n'est-ce pas ?

Cela eut le mérite de ramener la conscience de Derek à la surface, et il arrêta de grogner tandis que ses griffes se rétractaient. Cependant, il dut prendre sur lui pour ne pas trancher la gorge de Kate lorsque celle-ci le regarda d'un air effaré.

- Un mâle ? Sérieusement ? Tu…Tu cherches un mâle pour compagnon ?

- Pas toi ? rétorqua Derek d'une voix encore plus grave que d'habitude.

Cela eut le mérite de faire taire Kate un court instant et il put se concentrer de nouveau sur Gérard Argent, la réelle menace ici.

- Où est l'entourloupe, Argent ?

- Eh bien, c'est un mâle particulier, répondit le père de Kate en souriant.

- Particulier comment ?

- Il est un peu sauvage et rebelle. J'ai dû l'enfermer pour un temps parce qu'il contestait mon autorité.

- Enfermé ? releva Derek.

Il n'était, bien sûr, pas sans savoir que Gérard Argent était un alpha qui pouvait se montrer très cruel envers les membres de sa propre meute, mais il ne pensait pas qu'il pouvait aller jusqu'à emprisonner un de ses loups-garous. Même lui, connut pourtant pour son absence de pitié envers ses ennemis, ne pouvait pas résister à ses bêtas. Il avait horreur de l'avouer, mais ils réussissaient à l'amadouer assez facilement.

- Il n'a pas été facile à mâter et il lui arrive parfois d'avoir des élans d'insoumission, mais c'est un jeune vigoureux et plutôt séduisant.

- Il est vierge ?

- C'est important ? s'étonna Gérard.

- Oui. Je veux savoir s'il pourra résister à mes assauts, dit Derek d'un ton extrêmement sérieux.

Kate grimaça, ne pouvant en croire ses oreilles. Son ex était vraiment pédé, ça, c'était un coup dur à encaisser pour elle. Mais après tout, peut-être lui restait-il une chance de le faire changer d'avis. C'était un tel gâchis de ne pas profiter d'autant de testostérone concentrée dans un mâle aussi séduisant que Derek Hale. De son côté, ce dernier était en train de prier pour que la réponse soit négative, car il n'avait absolument pas envie de s'embarrasser d'un mâle inexpérimenté qu'il faudrait prendre le temps de séduire.

- Eh bien, je crois qu'il est vierge, répondit Gérard en interrogeant ses bêtas du regard.

Ceux-ci hochèrent discrètement la tête. Ils n'avaient pas touché au prisonnier. Du moins, pas de cette façon. Ils ne se seraient jamais abaissés à ça ! Derek poussa un grognement affligé puis haussa les épaules.

- Mais il est résistant, ça je peux te l'assurer, insista le patriarche Argent.

Hale sembla réfléchir jusqu'à ce que son bêta, Liam, s'exclame :

- Voyons, Derek ! Tu ne vas sérieusement pas envisager leur proposition !

- Son nom ?

- Pardon ? fit Gérard.

- Le nom du mâle que tu veux me présenter, grogna Derek.

- Oh, il se fait appeler Stiles, mais je suis certain qu'il ne dirait pas non si tu le baptises autrement…

L'alpha au blouson de cuir ne releva pas le sarcasme est se perdit dans ses pensées. Stiles. Cela ne sonnait pas comme un vrai prénom, mais plutôt comme un surnom. Qui appellerait volontairement son fils Stiles ? C'était quasiment un crime contre le bon goût. En tous cas, Gérard parlait de lui comme d'une épine embêtante dans son pied…Peut-être que ce mâle en valait le coup tout compte fait ? Mais certainement pas assez au point de laisser son territoire à Argent !

- Je veux voir ce mâle, ce Stiles, déclara enfin Derek après une minute de réflexion.

- Non ! l'interrompit encore Kate. Je t'assure qu'il n'en vaut pas le coup, bordel ! C'est juste un gamin complètement abruti ! Il est faible et maigre ! En clair, il n'a absolument rien pour lui !

Gérard abattit sa main sur la table avec force, les faisant tous sursauter. Pour autant, sa fille ne se recula pas et continua de dévisager Derek avec un air courroucé. Depuis qu'ils étaient assis autour de cette table, elle faisait tout pour attirer son attention, mettant en avant son décolleté pigeonnant et ses lèvres barbouillées outrageusement de gloss. Elle ne se rendait même pas compte que pour une femme d'une trentaine d'années sa dégaine était tout ce qu'il y avait de plus vulgaire.

- J'en jugerai par moi-même, fit Derek d'une voix sourde en la fusillant du regard.

Cela ne la dissuada pas d'arrêter ses jérémiades pour autant.

- Je t'assure qu'il n'y a rien de…ded'attirant chez cet avorton !

- Bien sûr, ricana Derek, alors que chez toi…

- Je suis heureuse que tu t'en rendes enfin compte, mon lapin. Tu sais, si ce qui t'intéresse c'est la s…

- Kate ! s'exclama son père outré.

- Enfin, tu vois de quoi je parle, reprit Kate sans prêter attention à Gérard. Je serais très honorée de remplir toutes les utilités que tu peux trouver chez un mâle.

Scott et Liam grimacèrent simultanément alors que Derek contemplait son…erreur de jeunesse avec des yeux pleins de dégoût.

- Oh, non, Kate, détrompe-toi, tu ne peux pas me donner ce qu'un compagnon, plus qu'un mâle encore, pourrait m'apporter.

- Si c'est juste une queue que tu veux trouver, cherche quelqu'un d'autre que Stiles !

Plusieurs têtes se tournèrent vers eux et Kate eut la décence de rougir de gêne.

- Il ne fera pas un bon compagnon, chuchota-t-elle férocement.

Le coup de pied qu'Haigh mit dans sa chaise la ramena à l'ordre et elle ferma enfin sa grande bouche.

- C'est vrai, ça, dit Derek en fixant de nouveau l'alpha Argent. Qu'est-ce qui me certifie qu'il sera un bon compagnon ? Et qu'il est gay, surtout ?

- Je te l'ai dit, il est parfait pour un alpha, surtout dans ton genre. Vif, rebelle… Et pour ce qui est du reste…Je suis sûr que tu arriveras à le convaincre, il ne fera pas le difficile.

Derek se mordilla les lèvres, laissant croire à Gérard qu'il pesait le pour et le contre. Franchement, qu'est-ce qu'il ferait d'un mâle, jeune, vierge et peut-être même pas gay ? Mais il n'allait pas non plus se mentir, en ce moment il était tellement désespéré qu'il pourrait accepter une rencontre avec le dernier des clochards. Bon, peut-être pas à ce point, mais pas loin quand même…

- Je dois bien avouer que tu as piqué ma curiosité, mais pour ce qui concerne mon territoire…C'est non, déclara Derek mettant fin au suspens.

Scott et Liam semblèrent particulièrement satisfaits par cette réponse tandis qu'Argent esquissait une moue disgracieuse. Ses bêtas étaient nerveux et parmi eux, seule Kate paraissait avoir trouvé son compte dans cette conclusion.

- Mais je veux bien voir ce fameux mâle.

Gérard éclata d'un rire cruel tout en secouant la tête. Les quatre bêtas – et même Kate cette fois – ne purent s'empêcher de frissonner en sentant ce son grinçant résonner jusque dans leurs os. Évidemment, Derek Hale n'était pas si facilement impressionnable et il se contenta de rajuster son blouson. Il ne se faisait aucune illusion sur Gérard Argent et savait très bien ce qui allait se passait ensuite.

- Oh, non, Hale, ça ne marche pas comme ça, dit soudainement Gérard en passant de l'hilarité au sérieux tellement vite que s'en était d'autant plus flippant. Ton territoire, le mâle, c'est aussi simple que cela.

Derek secoua la tête. Pour rien au monde il ne trahirait la confiance de ses bêtas en permettant à Gérard et sa bande de tortionnaire de s'approcher d'eux, simplement pour un mâle, même s'il en avait tellement envie.

- Non.

- Ce n'est pas discutable ?

- En effet. Je ne te céderai pas mon territoire, même une petite partie.

- Alors c'est officiel, déclara Gérard en se levant.

Derek en fit instantanément de même et ses bêtas se rangèrent à ses côtés, jaugeant les autres du regard, laissant étinceler leurs yeux de loups.

- Qu'est-ce qui est officiel ?

- C'est la guerre, Hale. Si tu ne veux pas me céder ton territoire de ton plein gré, j'irai le chercher.

- Tu pourras toujours essayer, grogna Derek toute sa tension se ressentant dans ses épaules.

Harris et Haigh étaient toujours engagés dans un combat de regards avec Scott et Liam, et Kate rayonnait littéralement de bonheur en contemplant Derek avec un air de chatte en chaleur. Celui-ci essayait de l'ignorer du mieux qu'il pouvait, mais c'était réellement difficile alors qu'elle l'ensevelissait de phéromones et qu'elle battait des cils dans sa direction. Yeurk !

- J'imagine donc qu'on ne se serre pas la main, continua Gérard avec ironie.

Derek serra les lèvres et ses sourcils se froncèrent jusqu'à former une seule ligne au-dessus de ses yeux. Il resta une bonne minute à soutenir le regard de l'alpha ennemi avant que celui-ci, sur un dernier rictus, ne lui tourne le dos et sorte de l'établissement accompagné de ses bêtas. Kate, elle, était restée plantée devant Derek qui la regardait maintenant avec hostilité.

- Dégage, Kate ! aboya-t-il.

- Ok, ok, fit la femme en levant les mains. Mais ma proposition tient toujours, beau gosse.

Elle caressa d'un doigt la joue rugueuse de Derek avant de tourner les talons et de passer la porte à son tour à grand renfort de tortillements, attirants tous les regards sur elle. Elle avait toujours fait des humains son quatre-heures, mais Derek était bien placé pour savoir qu'elle préférait ceux de son espèce. L'alpha soupira avant de se frotter la joue, essayant de faire disparaître les derniers fourmillements désagréables que le contact de Kate avait fait naître sur sa peau.

- Il y a eu un truc entre vous ? demanda soudainement Scott en regardant son alpha avec une expression clairement désapprobatrice.

- Malheureusement oui, grommela Derek en se rasseyant sur une chaise du bar, imité par ses bêtas qui commandèrent chacun une nouvelle bière et un whisky pour lui.

Derek vida son verre cul sec et le reposa bruyamment sur le comptoir, ignorant Scott et Liam qui semblaient attendre plus d'explications et qui finirent par se résigner devant son silence. De son côté, l'alpha faisait tout pour ne pas repenser à ce qui s'était passé entre Kate et lui, une tentative qui échoua lamentablement.

- En tous cas, continua le basané le distrayant de ses pensées, elle a toujours l'air à fond sur toi cette belle garce !

- C'est clair ! rit Liam. Et elle a des arguments !

- Pas pour Derek !

Les deux bêtas s'esclaffèrent alors que leur alpha les ignorait royalement. Kate l'indifférait. Elle avait réussi à le berner autrefois seulement parce qu'il était encore jeune et influençable. Aujourd'hui, toute sa personne ne lui inspirait que du dégoût et de la haine.

- Qu'est-ce que tu comptes faire à propos d'eux ? demanda Scott après s'être calmé.

- Argent n'a pas l'air de vouloir en rester là, remarqua l'autre bêta.

- Je sais. Mais je ne pense pas qu'il va attaquer tout de suite, sa meute ne ferait pas le poids face à la nôtre.

- Alors il est probable qu'il se cherche des alliés…

Derek hocha la tête, réfléchissant sérieusement à ce qui pourrait se passer si Argent attaquait sa meute aux côtés d'un autre alpha. Ses propres bêtas étaient de sacrés bons combattants, quoique pas complètement stables, et il ne doutait pas de leur victoire même s'ils se retrouvaient en infériorité numérique. Mais Derek ne prendrait pas non plus de risques inconsidérés, il ferait appel à ses propres alliés si nécessaire. Après tout, ses parents s'étaient assurés de lui créer un réseau de relations plutôt dense.

- Et à propos du mâle ? De…Stiles ? demanda Liam, soucieux.

- Eh bien quoi ? fit Scott.

- Il a dit le retenir prisonnier !

- Et alors ? Cela ne nous concerne pas ! Il fait ce qu'il veut avec ses loups ! Et tant pis s'ils sont trop bêtes pour accepter ça !

Liam ne sembla pas d'accord avec Scott et protesta violemment, mettant en avant le fait qu'un loup ne devrait jamais être retenu en prison, même s'il était coupable de meurtre envers un des siens ! Les coutumes voulaient que dans ce cas, le responsable soit tué plutôt qu'enfermé.

- J'avoue que Gérard m'a intrigué, déclara lentement Derek.

- Et puis ? Tu comptes faire quoi ? Aller le délivrer en douce ?

- C'est bien ce que je veux faire, ouais.

Scott écarquilla les yeux, estomaqué. Derek n'avait jamais énoncé un de ses propres souhaits et il ne pouvait pas le trouver égoïste alors que l'alpha avait fait tant de choses pour eux, mais…c'était quand même inconscient de sa part.

- Est-ce que tu as bien conscience que si le prisonnier d'Argent se volatilise, il saura que c'est toi le responsable ? Et qu'il voudra probablement se venger ?

- Scott, Argent vient de me déclarer la guerre, alors voler son prisonnier ne pourra pas empirer la situation…, dit l'alpha d'un ton pragmatique.

- Mais bon sang, est-ce qu'on peut savoir ce que tu as en ce moment à vouloir mettre à l'épreuve tous les mâles potables qui croisent ta route ? s'énerva Scott alors que Liam se tassait sur lui-même, ne voulant pas participer à la dispute qui pointait le bout de son nez.

Cependant, et contre toute attente, Derek conserva un calme olympien dont il n'avait jamais fait preuve auparavant.

- Je ne te demande pas de comprendre, Scott, mais juste de m'obéir.

Liam sentit son cœur s'accélérer et des gouttes de sueur perler sur son visage tandis que Derek tournait des yeux rougeoyants dans leur direction. Il admira aussi Scott pour avoir le courage de regarder leur alpha en face alors que celui-ci adoptait une attitude si dominante que l'atmosphère sembla s'alourdir autour d'eux et que l'air commença à manquer. Cette attente était insupportable pour le jeune bêta qui gémissait tout bas et faisait ses grands yeux de chiot perdu. Il détestait lorsque son alpha avait besoin de réaffirmer son autorité sur l'un d'entre eux, c'était toujours une expérience très pénible.

Finalement, Scott cessa de jouer au dur et baissa les yeux. Il montra sa nuque à Derek, se soumettant ainsi à son autorité tout comme à sa décision. Il n'avait aucunement envie de défier l'alpha ni de le mettre en colère. Oh non, parce qu'il ne faisait vraiment pas bon vivre dans le périmètre d'un Derek en colère ! Et enfin, satisfait par la reddition de son bêta, l'alpha poussa un grognement et Liam se liquéfia de soulagement sur sa chaise lorsqu'il sentit le poids qui pesait sur sa poitrine s'envoler.

- Je veux ce mâle. Et je l'aurais.


Une première impression ?

J'espère que ce premier chapitre vous a plu, je ne sais pas vraiment ce que ça vaut, donc n'hésitez pas à me dire vos impressions. Je répondrais à tout le monde et je suis une adepte des RAR donc les anonymes peuvent se lâcher, je leur répondrai sur le prochain chapitre !

Sinon, je vous dis à lundi prochain les amis !