Chapitre 12

Ron fixait Hermione d'un air méchant depuis son lit d'hôpital.

« Mais...mais... commença-t-elle, paniquée.

- Tu m'as trahi, cracha-t-il d'une voix éraillée.

- Mais, je... mais...

- Je t'ai vue avec lui, je t'ai vue. Et j'ai eu le temps de réfléchir depuis deux jours...

- De... de réfléchir ?

- Allez, va-t'en » ordonna Ron.

La jeune fille recula de quelques pas et regarda autour d'elle : ne devait-elle pas appeler madame Pomfresh ? Complètement perdue, elle ne savait quoi faire, tandis que les larmes lui montaient aux yeux. Ron, de son côté, essayait avec plus de mal que de bien de faire bouger ses jambes, terriblement engourdies. Il jurait en bougeant le cou dans tous les sens, et parvint tant bien que mal à diriger ses bras pour qu'ils écartent le drap le recouvrant. Hermione n'en pouvait plus et elle s'enfuit à grandes enjambées.

Elle croisa l'infirmière en sortant, qui entra en criant à Ron d'arrêter de bouger dans tous les sens. Plus loin, elle croisa la directrice Mac Gonagall, qui l'interpella :

« Monsieur Weasley vient de se réveiller ? »

Hermione, malgré son apathie, lui jeta un regard surpris auquel Minerva répondit, comme pour s'excuser :

« La voix de madame Pomfresh porte loin.

- Oui, fit la jeune fille, ne sachant quoi dire.

- Si jamais vous sentez le besoin de parler, je serai dans mon bureau tout l'après-midi. »

Hermione hocha la tête et s'efforça de créer un simili sourire sur son visage, qui disparut presque instantanément quand Mac Gonagall la salua et partit. Au loin, elle entendait toujours l'infirmière combattre le revenant en pleine forme :

« Tu dois rester couché ! Repose-toi ! »

Elle n'entendit pas la réponse de Ron, bien qu'elle tendit l'oreille, et décida alors de sortir prendre l'air, ce qu'elle faisait toujours quand elle se sentait mal. Le vent avait un effet incroyable sur son humeur, comme s'il retirait chaque grain de morosité coincé en elle, comme une douche, en plus vivant. Le vent avait cette vitalité, cette force, qui lui manquait parfois.


Drago se prenait à cet instant cedit vent dans la figure, alors qu'il survolait le chemin menant à Poudlard. Il était couché sur son balais, déterminé à retrouver Hermione pour lui dire coûte que coûte ce qu'il avait sur le cœur. Le garçon arriva au niveau du parc et commença à décélérer, très légèrement, pour réfléchir à la meilleure façon d'atteindre la jeune fille, qui devait sans doute se trouver dans la salle d'infirmerie. Il effectuait un tour du château quand, tout à coup, il aperçut une silhouette marchant dans l'herbe verte, à l'ombre des murs de pierre.

Drago Malefoy perdit de l'altitude pour mieux observer la personne, mais, il en était sûr, il s'agissait de son élue. Les palpitations de son cœur ne se trompait jamais. Le serpentard piqua vers l'avant et son balais prit en un rien de temps une vitesse phénoménale. Il ne pensa pas à ralentir. Il fixait un point, son objectif : Hermione. Cette dernière entendit le sifflement du bois fendant l'air et se retourna pour apercevoir Malefoy qui remontait alors le bout de son balais pour le faire s'arrêter. Se retrouvant pratiquement à la verticale, ce dernier arracha une motte de terre en percutant le sol et repartit vers l'avant dans un mouvement de balancier, éjectant Drago dans une pirouette du plus bel effet. Hermione ne bougeait plus et regarda le jeune homme passer devant elle en volant puis s'écraser dans un buisson, un peu plus loin. Elle resta immobile tel un piquet, hésitant sur la marche à suivre, et surtout terriblement surprise. C'était la dernière personne qu'elle pensait voir ici : n'était-il pas censé être en prison ? Et s'il s'était enfui, pourquoi venir à Poudlard, où l'on pourrait facilement le retrouver ? La jeune fille sentit une sueur froide lui courir dans le dos : peut-être n'avait-il pas supporté qu'elle ne réponde pas à son message ? Elle sortit sa baguette et la serra dans sa main.

« Dr..Drago ? bégaya-t-elle.

- Ah ! Bordel ! lâchait le buisson. Aïe ! Raaah ! »

Le jeune garçon s'extirpa finalement des branchages qui ne le lâchaient qu'à contre-cœur.

« Hermione, souffla-t-il en se mettant debout. Il faut que je te parle... Tu as lu ma lettre ? Je suis désolé pour Ron, vraiment. »

Les yeux de la sorcière s'embuèrent alors presque immédiatement, et Drago continua :

« Mais, il peut encore s'en sortir, n'est-ce pas ? Tout peut s'arranger. »

Malefoy vit alors les larmes d'Hermione rouler sur ses joues et il fit un pas en avant, désespéré de ne savoir comment la consoler. Elle murmura quelque chose, qu'il n'entendit pas.

« Que dis-tu ? questionna-t-il doucement en s'approchant.

- Rien ne peut plus s'arranger ! cria la jeune fille tout à coup. »

Elle sauta en arrière et cria encore :

« Laisse-moi ! Je veux être seule ! »

Drago ne lui obéit pas. Il ne pouvait laisser passer sa chance ; la police magique allait le retrouver et l'enfermer. Il ne la reverrait plus jamais.

« Hermione ! S'il te plaît !

- Ne t'approche pas. Et range ta baguette ! »

Malefoy l'avait sortie en s'arrachant des buissons et, sans s'en rendre compte, la tenait encore dans sa paume serrée.

« Je veux juste te parler.

- Non, on a fait trop de mal, je ne supporte plus ; ça ne se passera jamais bien, laisse-moi tranquille.

- On peut encore partir avant qu'ils me retrouvent ! s'exclama Drago avec conviction. Fuyons dans un autre pays, on pourrait refaire nos vies ! Ensemble !

- Tu t'es enfui, hein ? fit-elle en reculant d'un pas.

- Quelle importance ? Viens !

- Ne t'approche pas ! Tu me fais peur ! »

Hermione pointa sa baguette sur lui, tremblante.

« Mais je ne te veux aucun mal, par Merlin ! ragea-t-il. Je ne t'attire donc plus ? »

La jeune fille larmoyante semblait désemparée et ne répondit rien, ce que Drago prit comme un encouragement. Il avança encore vers elle, mais elle secoua vivement le bout de sa baguette, l'enjoignant à se stopper.

« Arrête, dit-elle faiblement. Retourne au ministère.

- Ils m'enverront à Azkaban ! C'est ça que tu veux ?

- Mais non, mais non... Ron vient de se réveiller, et je ne témoignerai pas contre toi. Voilà. Tu n'iras pas là-bas.

- Quoi ? Mais pourquoi ne l'as-tu pas dit ? »

Hermione bredouilla quelque chose d'inintelligible et Drago continua :

« Tu vas te remettre avec lui ? »

Il sentit son cœur se fracturer sous le poids de l'espoir détruit. Il avait finit par y croire, à cette histoire. Le garçon sentit une boule se loger dans sa gorge.

« Tu vas te remettre avec lui, hein ?

- Non, mais, non, arrête. Je sais pas ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment. Laisse-moi, s'il te plaît. Je vais y aller maintenant.

- Tu ne m'as pas laissé parler.

- Une autre fois.

- Non. »

Drago s'avança vers elle, l'air farouche et déterminé, et Hermione lui demanda de ne pas la suivre à de multiples reprises, ce à quoi le garçon répondait qu'elle devait l'écouter.

« Tu es injuste ! Arrête-toi ! » ordonna-t-il en lui mettant la main sur l'épaule. Hermione Granger le repoussa violemment de son bras gauche et, de sa main droite, pointa sa baguette sur lui :

« Je t'ai dit d'arrêter de me suivre ! Petrificus Totalus ! »

Le garçon, grâce à un réflexe surhumain que lui conférait sa frustration, esquiva le sort d'un vif mouvement de bassin. Il la regarda ensuite dans les yeux et, Hermione, terrifiée, ne bougea plus d'un pouce. Elle arrêta même de respirer, et Drago de déclarer :

« Tu vas m'écouter, maintenant. »

Puis il pointa sa baguette sur elle et lâcha sèchement :« Impero ».


« C'est pas des conneries ! assura Harry, qui avait déroulé la carte du maraudeur sur le comptoir. On peut voir tout le monde là-dessus ! »

Alberforth lui jeta un regard perplexe, signe de l'intérêt qu'il portait à l'objet, et rappela à Harry qu'il ne lui avait pas payé sa troisième bièraubeurre.

« Rah, mais je sais enfin ! Tu me fais toujours pas confiance ? s'écria-t-il, légèrement éméché. Je te parle d'un des objets magiques les plus puissants de la planète et tu me saoûles avec tes noises !

- 2 mornilles » corrigea le tavernier.

Harry leva les yeux au plafond puis alla piocha dans sa poche la somme demandée, qu'il posa sur la carte du maraudeur. Baissant le regard sur celle-ci, il s'exclama soudainement :

« Eh ! Mais qu'est-ce qu'il fout ici, celui-là !

- Hein ?

- Malefoy ! Y'a Malefoy, là ! indiqua Harry en pointant du doigt l'entrée du château. Et il est avec Hermione ! Par Merlin ! Et ils vont vers l'infirmerie !

- Eh eh, calme-toi deux minutes, veux-tu ? fit Alberforth en observant les quelques clients de la salle, surpris par l'agitation soudaine.

- Que je me calme ? Ils vont vers Ron ! Elle est où Mac Gonagall ? Bon sang, cette enflure veut finir le travail !

- Attends, tu exagères un peu, petit... »

Mais Harry ne lui répondit pas ; il avait replié la carte et s'était élancé en direction du passage secret reliant la Tête de Sanglier au château de Poudlard. Une fois au sous-sol, le garçon n'hésita pas une seconde et courut à travers le tunnel menant à la salle sur demande. Il pénétra dans celle-ci essoufflé, mais continua quand même, se pressant jusqu'à Ronald, sa baguette bien en main.

Enfin, Harry ouvrit la porte de l'infirmerie d'un coup de pied et cria « Malefoy ! » en entrant dans la grande salle. Madame Pomfresh, qui prenait des notes non loin de Ron, sursauta en l'entendant et marqua d'un long trait noir le parchemin sur lequel elle écrivait.

«Eh ! Ça ne va pas bien ?

- Harry ! s'écria avec bonheur Ron, à demi couché sur son lit.

- Ron ! Tu es réveillé ! » répondit en écho son ami, avec la même joie.

Il s'élança vers lui et le prit dans ses bras, heureux de retrouver son rouquin préféré en bon état.

« Je ne savais pas que tu allais mieux ! dit Harry après qu'ils se soient lâchés.

- C'est tout récent. Mais je me sens en pleine forme !

- Tu ne bouges pas de ce lit ! prévint madame Pomfresh, qui s'était un peu éloignée.

- Je suis sûr que je peux marcher ! »

Joignant le geste à la parole, Ron écarta les draps et posa ses pieds nus sur le sol. L'infirmière l'observait de loin d'un air désabusée, n'ayant aucunement la force d'empêcher le jeune garçon de n'en faire qu'à sa tête. Il poussa tant bien que mal sur ses bras et, ahanant, parvint à se mettre debout.

« Ah ah ! »

La seconde suivante, l'adrénaline retombant, il fut pris de violents vertiges et s'écroula sur Harry -qui ne parvint à le retenir- puis sur le lit à côté du sien.

« Haaan...

- Euh.. Ca va ?

- Ouais, je vais juste arrêter un peu et rester comme ça quelques secondes. »

Harry se frotta la tête, ne répondant rien, et son ami, qui décida finalement de s'asseoir sur le lit, lui demanda :

« Pourquoi t'es rentré en gueulant « Malefoy » au fait ?

- Ah ouais ! Je l'avais oublié lui, avec l'émotion ; il est pas passé ici ?

- Impossible, il est en prison.

- De quoi ? Mais non. Mais comment tu sais ça, toi ?

- Les gens en parlaient autour de moi pendant mon sommeil, expliqua Ron.

- Ton sommeil ? souligna Harry avec surprise, avant d'enchaîner : quoi qu'il en soit, il s'est échappé.

- Échappé ? répéta d'une voix forte son ami.

- Oui, et il est même au château, ce connard ! »

Harry déplia la carte tandis que Ron bondissait de son lit en fulminant, prêt à en découdre.

« Dis-moi où il est !

- Fais pas l'idiot, Ron, t'as même pas de baguette.

- Donne-moi ta baguette !

- Mais non, je m'en occupe.

- Donne-moi ta baguette, bordel ! Il est où ? »

Madame Pomfresh, qui suivait la discussion de loin, s'approcha alors pour les enjoindre à se calmer, surtout Ron, qui devait se reposer, ce à quoi ce dernier répondit quelque chose se rapprochant de « Ta gueule, la grosse » ; après quoi l'infirmière alla s'enfermer dans son petit bureau, tandis que son ami soupirait.

« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises » déclara Harry à la carte étalée sur le lit. Se dessina alors sur cette dernière le plan du château, et, avec lui les petits points représentant chaque personne. Ils repérèrent immédiatement Drago Malefoy, et, à côté de lui, Hermione Granger.

« Hermione est avec lui ! s'écria Ron.

- Eh oui...

- Tu le savais ! lui reprocha-t-il.

- Bon, où vont-ils comme ça ?

- On s'en fout ! On y va !

- Y a quoi là-bas, déjà ? »

Harry pointait une salle sur la carte, où semblait se diriger les deux sorciers. Mais Ron ne regardait plus et s'était déjà relevé de son lit pour entamer quelques pas vers la sortie. Il zigzagua sur dix mètres, puis, finalement, réussit à adopter une marche quasi linéaire.

« Mais ! Ron !

- Bouge-toi ! »

Harry jura et lui emboîta le pas. A peine sorti de l'infirmerie, il l'avait rattrapé, et Ron lui demanda :

« C'est par où ? »

Le Survivant secoua la tête, blasé, et prit la direction indiquée par la carte qu'il tenait toujours ouverte entres ses mains.

« Eh, mais je me souviens de ce que c'est, là-bas, déclara Harry après quelques temps.

- Quoi ? fit Ron, quelques pas derrière.

- C'est là où sont rangés tous les balais de Poudlard !

- Merde !

- Ils veulent se barrer !

- J'avais compris ! »

Harry s'arrêta à un croisement, regarda la carte, et redémarra alors que Ron le rattrapait à peine.

« Sont juste là ! »

Le Survivant empoigna sa baguette pour la dernière parcelle du chemin, ce que Ron aurait aussi aimé faire, s'il ne s'était pas retrouvé pieds nus, en chemise et pantalon de lin, sans autre arme que sa colère.

Harry, une fois devant la porte qui le séparait de Malefoy, n'hésita pas à une seconde et tourna la poignée en poussant de tout son poids. La salle, assez longue, se terminait par un balcon qui déversait sa lumière sur les balais accrochés aux murs, comme une multitude d'épées dans leur râtelier. Drago tenait un éclair de feu noir à la main et tendait un deuxième balais à Hermione, qui semblait hébétée.

« Bouge plus ! » hurla Harry en pointant sa baguette droit devant lui. Malefoy lui jeta un regard noir en l'apercevant et trancha l'air de sa baguette, faisant ainsi apparaître une boule d'énergie qui fonça vers son assaillant. Elle alla frapper la porte qu'il venait d'ouvrir et, celle-ci, dégondée, fut propulsée dans le couloir extérieur. Ron, alors qu'il demandait de nouveau à Harry de lui donner sa baguette, se la prit de plein fouet. Le choc avec le battant en bois l'envoya au sol sans qu'il n'ait pu terminer sa phrase, ni obtenir de réponse. Harry, de son côté, était bien trop occupé à contrer les sortilèges que Drago lui lançait, inlassablement, et il ne vit même pas la rencontre entre Ron et la porte.

« Hermione ! cria Harry à la jeune fille qui attendait sagement, appuyée contre un mur, son balais à la main. Fais un truc !

- Aide-moi ! » lui ordonna alors Drago.

Granger lâcha son balais et pointa sa baguette sur Harry, qui s'exclama avec énervement :

« Putain ! Expelliarmus ! »

Le sort envoya balader l'arme d'Hermione, qui la regarda avec détachement s'envoler vers Drago. Ce dernier lâcha alors son balais et grogna « Accio » en pointant sa propre baguette sur celle d'Hermione, qu'il récupéra dans sa main gauche.

« Eh ben, il est où ton petit copain, Potter ? fit Malefoy en le menaçant des deux baguettes.

- Dans ton cul.

- Ouais, c'est ça. Finissons-en. »

Le serpentard passa à l'attaque en lançant plusieurs stupefix d'une baguette, obligeant Harry à se protéger, tandis qu'il levait celle d'Hermione au dessus de sa tête, comme pour l'abaisser tel un sabre. Une lueur verte apparut soudain au bout de celle-ci -une lueur de mort- et Hermione trouva la force d'hurler depuis le coin de la pièce :

« Noon !

- Avada...

- Drago ! Arrête...» supplia Hermione, luttant pour reprendre le contrôle.

Celui-ci tourna la tête pour la regarder, stoppant son bras et sa formule dans les airs. Le temps comme en suspend, Malefoy s'arrêta dans les yeux larmoyants de la gryffondor. Il eut un déclic dans son esprit, et ses doigts se décrochèrent des baguettes, laissant tomber les deux armes au sol. Hermione s'approcha alors doucement, par petit pas, le bras légèrement en avant, invitant ainsi Drago à la rejoindre. Aucun des deux ne regardait du côté d'Harry, qui respirait à grand peine, sûr d'avoir échappé à la mort une nouvelle fois, et qui n'entendit lui-même pas Ron se relever derrière lui.

« Je... murmura Malefoy face à la jeune fille, je...

- Ça va aller, le rassura-t-elle.

- Je suis désolé... je vais aller à Azkaban... continua-t-il, les yeux paniqués.

- Non, non, ne t'inquiète pas. On va trouver un...

- Gros enculé ! » l'interrompit une voix puissante qui se rapprochait d'eux à la vitesse de l'éclair.

Ron montait un balais récupéré dans la salle et fonçait sur eux. Il percuta Malefoy de toute la puissance de son genou, l'envoyant rouler contre la rambarde du balcon. Hermione fit un bon en arrière avant de se couvrir la bouche des deux mains, horrifiée. Elle regarda Ron s'envoler en dessinant des formes géométriques imparfaites dans le ciel puis se jeta sur Drago, qui ne bougeait plus.

Weasley, quant à lui, ne contrôlait visiblement pas sa monture qui bifurqua à toute vitesse vers la façade du château, tandis que le jeune homme poussait de longs cris aigus.

« Par Merlin ! s'exclama une voix féminine depuis le montant de la porte. Que s'est-il passé ici ? »

Harry eut juste le temps de voir Mac Gonagall avant qu'un hurlement plus puissant encore ne se fasse entendre depuis l'extérieur, suivit d'un bris de verre.

« Ron ! s'exclama Harry.

- Professeur ! appela Hermione en se redressant depuis le corps immobile. Drago ! Drago !

- Allez chercher madame Pomfresh et dites-lui d'avertir Sainte Mangouste en urgence, ordonna d'une voix ferme Minerva, qui avait très vite compris la situation. Et puis cherchez où a atterri monsieur Weasley. »

Harry acquiesça et partit en courant, laissant les deux femmes auprès du serpentard.


Dix minutes plus tard, il cherchait Ron dans toutes les salles de l'aile du château, sans succès. Harry commençait à paniquer quand, au détour d'un couloir, il remarqua une marque ensanglantée en forme de main contre le mur. Étrangement, cela le rassura, et il continua à suivre les petites traînées de sang qu'avait laissées sans nul doute Ron sur les pierres de Poudlard. Harry atteignit rapidement l'entrée de la salle sur demande, auprès de laquelle une flaque s'était formée, signe que son ami s'était arrêté ici un instant. Une fois à l'intérieur de la salle, cependant, aucun signe de Ron. Aucune trace non plus d'hémoglobine.

«La salle a dû se nettoyer après son passage » songea-t-il. Harry Potter hésita un moment, ne sachant pas si Ron était ressorti et par où, puis décida d'avancer vers le passage secret menant à la Tête de Sanglier. C'est ce que lui aurait fait dans la situation du sorcier. Il se fraya un passage dans le souterrain obscur et, une fois arrivé au bout, poussa le tableau cachant la galerie dans l'arrière-salle du bar.

Le tableau tapa dans quelque chose en s'entrouvrant, et une voix grave s'exclama :

« Eh ! C'est quoi encore ? »

Harry s'excusa en reconnaissant Alberforth tout en se glissant au travers de la petite ouverture qu'il s'était créée. Le tavernier tenait une serpillière entre ses deux grosses paluches, et regarda Harry méchamment :

« Toi aussi tu viens saloper mon établissement ?

- Ron est passé ici ? Il est blessé !

- Oui j'ai bien vu qu'il était blessé, ronchonna Dumbledore. Je l'ai foutu dans un coin de la salle avec un remontant.

- Un remontant ? Mais il a dû perdre des litres de sang ! s'exclama Harry. Faut l'amener à l'infirmerie !

- Écoute, petit, je te dis que je m'en suis occupé. Maintenant, laisse-moi finir le sol ».

Le Survivant ne dit rien et regarda un moment Alberforth, qui s'était remis à frotter le sol avec insistance pour faire disparaître les dernières traces écarlates.

« Pourquoi tu n'utilises pas la magie ? questionna le garçon, surpris.

- Ah la magie. Une belle chose la magie. Jusqu'à ce qu'elle te pète à la gueule. »

Harry toucha sa cicatrice par réflexe, mais ne dit rien. Il préféra sortir de la salle, laissant le vieil homme finir son travail. Une fois dans le bar, il reconnut immédiatement Ron dans le fond, bien que celui-ci ait enfilé une sorte de robe de sorcier trois fois trop grande pour lui.

Harry s'assit en face et écarta au passage le verre de whisky pur-feu que l'ancien blessé avait devant lui. Ensuite, ne sachant par où commencer, il lâcha : « Bon sang, qu'est-ce que tu fous ? »

Face au mutisme de son ami, il décida de prendre un ton plus posé :

« C'est Alberforth qui t'a soigné ?

- Yep.

- Et la robe...

- Aussi. »

Ron fixait la table avec intensité, comme s'il pouvait la mettre en flammes de son regard. Harry soupira, et continua, trop agité pour se muer lui aussi dans le silence :

« Ron... Qu'est-ce qui t'a pris ?

- Quoi ? Je t'ai aidé comme j'ai pu.

- Hermione m'a sauvé. Toi, tu lui as juste éclaté la tête pour rien.

- Pour rien ? s'énerva Ron, tu te moques de moi ?

- C'était pas nécessaire ! On est censés envoyer les enfoirés à Azkaban, pas les buter ! »

Ron releva les yeux vers Harry, qui y vit de l'inquiétude.

« Il est... ? commença-t-il, fébrilement.

- J'en sais rien !

- Oh, merde. Merde merde merde, merde merde mer...

- Stop ! Je t'ai dit que je savais pas. Faut qu'on retourne voir Mac Gonagall.

- T'es fou ? Tu veux que j'aille en vacances chez les détraqueurs ?

- On peut lui faire confiance, tu le sais aussi bien que moi. Et puis Malefoy a quand même lancé deux sorts interdits. Enfin un et demi.

- De quoi ? s'exclama Ron, soudain vif.

- Déjà, je pense qu'Hermione était sous Imperium. Et ensuite...

- Putain j'espère qu'il est crevé ce chien ! l'interrompit avec fougue son ami. T'as raison on y retourne, je vais le finir ! »

Harry tapa du poing sur la table avec violence. Il sentait la colère monter en lui :

« T'as fait assez de conneries comme ça pour aujourd'hui ! On va voir la professeur Mac Gonagall, et c'est la seule personne qu'on ira voir ! C'est clair ? »


Quinze minutes plus tard, les deux garçons marchaient dans Poudlard en direction du bureau de la directrice. Alors qu'ils frappaient pour la troisième fois à la porte, sans succès, une petite voix se fit entendre derrière eux :

« Elle n'est pas dans son bureau.

Professeur Flitwick ? fit Harry avec surprise. Où pouvons-nous la trouver ?

- Minerva m'a demandé de vous dire de l'attendre dans vos anciennes chambres.

- Où est-elle ? C'est important, insista le jeune sorcier.

- Je le sais, monsieur Potter, mais les ordres de madame la directrice sont très clairs. Elle m'a aussi donné ça pour vous retrouver. Je peux vous la rendre maintenant. »

Filius lui tendit la carte du maraudeur et son étui.

« Que..comment ?

- Je crois que vous l'aviez oubliée dans la salle d'infirmerie. Bref, direction l'aile gryffondor.

- Est-ce que vous avez des nouvelles de Malefoy ? demanda tout à coup Ron, qui se tenait en retrait depuis le début.

- Il est à l'hôpital. Toujours parmi nous, si c'est ce que vous vouliez savoir, monsieur Weasley. Pouvons-nous y aller maintenant ? »

Le petit professeur n'attendit pas de réponse et démarra, suivit d'Harry, puis de Ron, qui laissait un léger sourire poindre sur son visage.


Les deux garçons passèrent la fin de l'après-midi sans nouvelles de la directrice, et ne sortirent de leur chambre que pour aller manger quelque chose dans la cuisine, où s'activaient quelques elfes de maison, même lorsque aucun élève n'était présent. Plus tard, Ron dénicha un jeu d'échecs ensorcelé et les deux amis y jouèrent jusqu'à tard dans la nuit, oubliant par le jeu l'heure comme les raisons de leur présence ici. Aux alentours des trois heures, ils entendirent quelqu'un monter les escaliers menant à leur chambre. Pensant qu'il s'agissait de Mac Gonagall, les deux garçons stoppèrent leur partie et s'assirent sur leurs lits respectifs. Cependant, c'est Neville qui apparut devant eux et, sans doute encore plus surpris qu'eux ne l'étaient, sursauta en les apercevant.

« Neville ? fit Harry.

- Harry ? Ron ?

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Eh bien, je... mais vous ?

- On dort ici en attendant Mac Gonagall, expliqua Harry.

- Vous dormez pas, là, nota Neville.

- On jouait aux échecs, dit Ron.

- Ouais, d'ailleurs ça commençait à bien faire, ajouta Harry, je suis nul à ce jeu. Tu nous as pas dit ce que tu faisais là, toi.

- C'est un peu compliqué... »

Ron fit un signe de la main, invitant Neville à venir s'asseoir sur un lit.

« Vous croyez qu'ils peuvent préparer de la bièraubeurre, en cuisine ? demanda-t-il ensuite.

- C'est bon Ron... lâcha Harry d'un ton qui ne prêtait guère à la discussion.

- Vous voulez pas dormir, plutôt ? proposa Neville.

- Mais non, raconte-nous ce que tu fais là ! dit Ron en s'allongeant.

- Oui, tu nous fais languir : qu'est-ce qu'y se passe ?

- Rien du tout, j'avais pas envie de rentrer chez ma grand-mère. En fait, j'étais chez Luna et...

- Oooh... firent en même temps Harry et Ron, tout en se jetant un regard amusé.

- Non mais les gars ! fit Neville, dans une tentative de s'énerver.

- Allez, continue ! l'enjoignit Harry.

- Ben, on discutait dans son salon...

- Ouais, vous discutiez ! interrompit Ron, rieur.

- Mais laisse-le finir !

- Ouais, bon... on était dans le salon... et à un moment, elle me dit qu'elle va se coucher.

- Ne me dis pas que t'es parti à ce moment-là, supplia Harry.

- Ben, quoi ? Je dors où, moi ?

- Non mais nous, on est pas bons en drague, dit Ron avec amusement, mais toi t'es vraiment complètement bidon en fait.

- Vous pensez qu'elle voulait que je la suive ? questionna Neville.

- On peut pas savoir, mais ça valait le coup d'essayer, non ? Elle t'a rien dit quand t'es parti ? demanda Harry.

- Non... enfin : « au revoir », je crois.

- Après, c'est Luna aussi » lança Ron.

Harry s'allongea dans son lit en riant doucement et avoua qu'on pouvait s'attendre à tout de sa part. Neville, de son côté, sortit son pyjama pour la nuit, les sourcils froncés, et se changea tandis que Ron s'endormait, calfeutré dans sa longue robe. Dix minutes plus tard, Harry s'était aussi assoupi. Neville, quant à lui, fixait le plafond et, après une longue réflexion, murmura : « C'était peut-être une invitation... » mais personne ne lui répondit.


Le lendemain, à l'aube, Minerva Mac Gonagall se tenait devant leurs trois lits et annonça :

« Monsieur Potter et monsieur Weasley, je vous attends dans mon bureau dans un quart d'heure. Monsieur Londubat, je ne sais pas ce que vous faites ici, mais vous apprendrez que Poudlard n'est pas un hôtel. »

Elle s'en alla immédiatement sur ses paroles, tandis que les garçons sortaient doucement de leur torpeur.

« C'était quoi, ça ? demanda Harry, ensommeillé.

- Mac Gonagall vous attend dans son bureau, répondit Neville, les yeux fermés. Elle avait pas l'air de trop rigoler.

- Eh, Ron ! Ron ! Réveille-toi ! »

Celui-ci releva doucement son torse et, après ce qui parut une éternité à Harry, se retrouva assis sur son lit. Il bailla longuement avant de déclarer :

« J'ai fait un rêve trop bizarre, j'sais plus vraiment ce que c'était, mais y'avait Mac Gonagall dedans. »

Harry secoua la tête et lui annonça que celle-ci les attendait dans son bureau. Dix minutes plus tard, Ron était descendu de son lit, et Neville ronflait. Harry avait déjà commencé à descendre les escaliers.

Une fois dans le bureau de la directrice, les deux garçons s'assirent prudemment sur les chaises que celle-ci leur présenta et attendirent qu'elle commence à parler.

« J'ai beaucoup de choses à faire, donc je n'irai pas par quatre chemins : vous êtes tous les deux dans un gros pétrin. J'ai pu en discuter avec mademoiselle Granger, donc je sais ce qui s'est passé et ce qui a mené à cette situation, mais monsieur Malefoy est blessé très gravement, et malgré les sorts interdits, vous ne pouvez pas être exemptés de toute responsabilité.

- Professeur Mac Gonagall, je suis seul responsable de l'état de Malefoy, déclara Ron d'un ton solennel.

- Cela n'est pas vrai. De plus, Harry a déjà eu des problèmes avec la justice avant-hier ; ce n'est vraiment pas bon. Le ministère est déjà au courant de tout ça et n'apprécie pas du tout.

- Ne pouvez-vous pas... intercéder en la faveur d'Harry ? questionna Ron.

- Pourquoi croyez-vous que vous êtes ici, dans mon bureau, et non pas au Ministère de la magie ? »

Les deux garçons firent la moue, réfléchissant à la tournure que prenait les événements et à l'importance de Minerva Mac Gonagall dans ceux-ci. Cette dernière continua :

« Il est aussi vrai que vous n'êtes pas le problème principal du ministère.

- Ah oui... Ce Seabed ? tenta Harry.

- Oui, et la disparition de mademoiselle Whenits. Sans doute liée.

- La juge Whenits ? Je devais la revoir lundi... demain. Non ?

- Ça va être difficile si elle a été kidnappée par l'autre type, lâcha Ron, soudain plus à l'aise qu'on ne parle plus de lui.

- La majorité de la police spéciale et une partie des aurors la recherchent actuellement, ne vous en faites pas. Mais ce n'est pas le sujet, je voulais vous demander de rester à Poudlard pour quelques jours encore, peut-être une semaine.

- Une semaine à Poudlard ? s'exclama Harry. Pourquoi ?

- On pourrait aider à retrouver ce sorcier ! ajouta Ron avec enthousiasme.

- Ne dites pas de sottises. Une semaine. Le temps que je vous évite le tribunal. Vous n'avez pas bonne réputation là-bas. La plupart des hauts-placés ne vous y aiment pas, et ils n'attendent que ça : de vous tourner en ridicule. Surtout vous, monsieur Potter.

- C'est très généreux de votre part, répondit-il, mais je pense être assez grand pour me défendre tout seul.

- Il serait bon que vous arrêtiez de faire n'importe quoi pour au moins une semaine, leur dit sèchement la directrice. Maintenant, vous m'excuserez, mais j'ai beaucoup à faire ».

Minerva ajusta ses lunettes et leur indiqua la porte. Les deux garçons, un peu perdus, la saluèrent et s'en furent pour retourner dans leurs lits, bien que trop agités pour y dormir.


Plus tard dans la matinée, après avoir écrit de nombreuses lettres, Mac Gonagall passa au Ministère pour rencontrer le nouveau directeur des finances, qui accepterait peut-être d'aider à nouveau l'École à terminer ses réparations. Elle avait envoyé Flitwick recruter une nouvelle équipe de chantier, ne voulant pas l'avoir dans les pattes si sa réunion se passait mal et qu'elle devait aller négocier avec Gringott's. La directrice avait aussi promis à Hermione de lui rendre visite à Sainte-mangouste dans l'après-midi.

Cette dernière était justement chez elle pour se changer et prendre une douche après avoir passé la nuit dans une salle d'attente de l'hôpital, espérant avoir des nouvelles de Drago, ou mieux, avoir l'opportunité de le voir. Les médecins l'avait rassurée sur son état physique, mais il n'était pas en mesure selon eux de recevoir de visite si tôt. Hermione avait l'impression de revivre encore la même chose ; il lui semblait que ça faisait une éternité qu'elle s'inquiétait pour un garçon blessé. Pourtant, l'accident de Ron n'était arrivé qu'il y a trois jours.

« Enfin, l'accident... songea-t-elle, rien de tout cela n'est arrivé par accident. »

Bizarrement, elle n'en voulait pas à Ron, pas plus qu'à Drago, où quiconque. Même elle ne se sentait plus responsable : sa culpabilité s'était comme envolée. Ne restait que la tristesse et l'inquiétude. Toute la nuit, la jeune fille avait revécu la scène dans la salle des balais : le regard de Drago comme un appel à l'aide. Elle avait senti à ce moment-là que tout était possible. Cela n'avait duré qu'un instant, que quelques secondes, mais la bouffée d'euphorie qu'elle avait ressentie s'était ancrée en elle, ne laissant plus que l'envie d'être avec lui.

Cet idiot de Ron avait tout gâché, presque tout détruit, mais ça ne faisait rien. « Drago va s'en sortir, il n'ira pas en prison, et on pourra vivre ensemble » pensa Hermione en souriant doucement.

Un peu plus tard, et après avoir mangé un morceau, la jeune fille passait l'enceinte de l'hôpital, marchant à travers le petit parc que les jardiniers avait aménagé dans le style anglais, c'est-à-dire chaotique, ou naturel.

A l'approche de la salle d'attente la plus proche de la chambre où était installé Drago, elle entendit des cris, comme une dispute entre plusieurs personnes.

« Je veux voir mon fils ! hurlait une femme blonde face à deux infirmiers.

- Il n'est pas en état de recevoir des visites, madame Malefoy, lui dit posément le plus grand.

- Je sais qu'il est ici ! continua-t-elle, vindicative.

- Vous êtes dans un hôpital, madame, intervint le deuxième, visiblement agacé. Veuillez baisser d'un ton, ou je serais obligé de vous demander de sortir.

- Vous n'avez pas le droit de m'empêcher de le voir ! C'est mon fils ! Mon Drago ! »

Les deux hommes tentèrent encore de la calmer en lui assurant qu'il était entre de bonnes mains, mais rien n'y fit, et Narcissa finit par sortir sa baguette d'une main tremblante, signe de la crise psychologique qu'elle traversait.

Hermione avait jusque-là réussi à ne pas se faire remarquer, sachant pertinemment que sa présence aggraverait la situation, cependant la mère de Malefoy tourna sur elle même, vérifiant la présence d'adversaires potentiels dans la salle, et son regard tomba sur la jeune fille.

« Toi ! cracha Narcissa Malefoy. Que fais-tu ici ! C'est de ta faute, tout est de ta faute ! »

La main qui tenait sa baguette se crispait de plus en plus, pointant vers Hermione.

« Les sang-de-bourbes ! Vous n'apportez que la tristesse, le déshonneur, le malheur ! Vous êtes le mal ! rugit la sorcière. Et toi ! Toi, tu es la pire !

- Narcissa, intervint une voix ferme depuis le pas de la porte. Lâchez cette baguette.

- Non ! Je n'ai pas d'ordre à recevoir du sang impur ! » répondit-elle à Minerva Mac Gonagall, qui s'avançait désarmée dans la salle.

Cependant, derrière Minerva, l'infirmier le plus petit avait sorti sa propre baguette et s'exclama, tout en visant Narcissa :

« Ça suffit, maintenant ! Petrificus Totalus ! »

Le sort frappa la sorcière dans le dos, la figeant comme une barre de fer, et le deuxième infirmier, très professionnel, sauta sur elle pour l'empêcher de chuter en avant.

« Merci » fit Mac Gonagall d'un air soulagé. Elle se tourna ensuite vers Hermione :

« Et si nous allions faire un tour ?

- Avec plaisir, professeur. »

La jeune fille remercia ensuite les infirmiers, tandis qu'ils plaçaient Narcissa sur une civière, et leur demanda de la prévenir si jamais elle pouvait voir Drago.

« Bien sûr, mademoiselle Granger, répondit le plus petit. Tant que vous ne criez pas... ».


La directrice et son ancienne élève marchèrent en silence dans le parc, savourant ce moment de paix, seulement troublé par le gazouillis des oiseaux peuplant les nombreux arbres plantés en bosquet. Elles s'arrêtèrent au bord d'une mare et s'assirent sur un banc à leur disposition, attirant ainsi de nombreux canards curieux. Un moldu -car le parc, contrairement à l'hôpital, n'était pas caché pour les moldus-, aurait très bien pu les prendre pour une grand-mère et sa petite-fille en balade un dimanche après-midi. Après tout, ce n'était pas bien loin de la vérité.

Mac Gonagall regarda la jeune fille avec bienveillance :

« Comment vous sentez-vous, mademoiselle Granger ? »

Cette dernière réfléchit un instant, avant de répondre :

« Plutôt bien, je crois. J'ai l'impression, sans vraiment savoir pourquoi, d'avoir repris les rênes de ma vie en main. Je crois que c'est important.

- Je le crois aussi. »

Un long silence s'ensuivit, avant qu'Hermione, légèrement gênée, ne reprenne la discussion :

« Je ne voudrais pas accaparer votre temps, professeur, vous avez sans doute beaucoup à faire.

- Oh, oui, certes. Mais j'ai besoin de me détendre, et rien ne vaut un parc silencieux et une petite étendue d'eau pour ça. Poudlard est malheureusement beaucoup trop agité, avec toutes ces acromentules.

- Et le kraken, blagua Hermione.

- Oh, non, le kraken ne m'a jamais ennuyé, répondit très sérieusement Minerva. Aussi, je voulais vous parler de quelque chose. Comme vous l'avez soulevé, j'ai beaucoup de travail, et si je dois assumer mes responsabilités de professeur en plus de celle de directrice, l'année prochaine, je ne m'en sortirai sans doute pas. Je pensais donc, dernièrement, engager une assistante. Une assistante sur qui je pourrais me reposer.

- Vous pensiez à moi ? réagit la jeune fille. Mais, je travaille au Ministère...

- Oui, le choix vous revient. Vous pourriez m'aider sur nos nombreux problèmes administratifs, gérer la bibliothèque... Mais pas seulement, bien sûr. Pour être honnête, j'aurais aimé vous enseigner ce que je sais sur la métamorphose, si cela vous intéresse ».

Hermione regarda la directrice, bouche bée, avant de s'exclamer :

« Ce serait un honneur, professeur ! ».

Cette dernière sourit derrière ses petites lunettes, et se replongea dans la contemplation de la surface aqueuse, miroir du ciel. Un bruissement se fit tout à coup entendre, puis un minuscule hibou se posa sur une branche non loin d'eux. Une petite lettre était attachée à sa patte droite. Il fixait Hermione. Cette dernière reconnut immédiatement Coquecigrue et fronça les sourcils.

« Ne serait-ce pas le hibou du jeune Weasley ? » fit Mac Gonagall.

La jeune fille acquiesça sans rien dire, tandis que ledit oiseau venait atterrir sur ses genoux. A côté d'elle, Minerva, qui savait pertinemment que Ron n'avait amené aucun hibou à Poudlard, soupira et lâcha : « Ces jeunes sont impossibles... ».

Hermione,

Nous partons avec Ron à la recherche de Seabed, qui a kidnappé la juge Whenits, en espérant que cela permette de racheter nos erreurs. Nous ne sommes pas devenus méchants, et je voulais te dire que je m'excuse pour tout ce qui s'est passé, c'est allé bien trop loin. Ron n'est pas au courant que je t'écris, c'est pourquoi mon message est court. Je pense qu'un peu d'aventure lui fera le plus grand bien.

Ton ami, Harry.

La jeune fille, une fois sa lecture finie, passa la lettre à une Mac Gonagall inquiète devant le mutisme d'Hermione.

« Je ne savais pas pour mademoiselle Whenits, dit cette dernière.

- Oh... Mais pourquoi leur ai-je parlé de ça... » se morigéna Minerva tandis qu'elle repliait le papier.

Elle se tourna ensuite vers Hermione et lui mit la main sur le bras.

« Je suis sûre qu'on la retrouvera dans les jours à venir ».

La jeune fille sourit, ne sachant que dire.

« Excusez-moi, fit une voix venant de derrière elles, on m'a dit de vous prévenir que monsieur Malefoy vous demandait. Enfin, Hermione Granger ».

Celle-ci se retourna vivement. Une jeune femme en tenue d'infirmière la regardait avec perplexité.

« C'est bien vous, n'est-ce pas ?

- Oui, oui ! Merci ! lui dit Hermione avec joie, tout en se levant du banc. Il m'a vraiment demandée ?

- Euh... c'est ce qu'on a compris en tout cas... ».

La jeune fille partit sans attendre, ne saluant même pas Mac Gonagall, et se mit à courir sur le chemin.

« Il va donc mieux ? questionna poliment la directrice.

- Mieux, mieux, oui. Enfin... il a quand même pris un bon coup sur la tête » répondit avec hésitation l'infirmière.


Hermione parvint dans la salle d'attente, où elle fit une pause d'une dizaine de secondes pour reprendre son souffle et se calmer. Son cœur battait à une vitesse folle, symptôme de son excitation autant que de sa course. Enfin, elle prit une profonde inspiration, expira, et ouvrit la porte de la chambre de Malefoy.

La pièce était plongée dans une lumière venant de la grande baie vitrée qui se trouvait à l'opposé de la porte. Drago était couché dans un long lit blanc, la tête sur un oreiller surélevé et tourné vers la fenêtre, comme assoupi. Cependant, quand Hermione ferma la porte, il tressauta et émit un faible bruit.

« Drago ? Tu veux me voir ? » demanda doucement Hermione, qui commençait à avoir peur de faire face à la même réaction que celle de Ron.

Le serpentard bascula sur le dos -il ne semblait pas blessé- et tourna la tête vers la jeune fille. Il planta son regard sur Hermione, ouvrit la bouche, et bava un petit peu.

« Drago ? ».

Elle s'avança vers lui, jusqu'à s'accroupir à côté de son lit. Il ne l'avait lâchée du regard, non plus n'avait cessé de bavé, si bien que de son coussin commençait à dégouliner de la salive sur le lit, comme en cascade. Hermione ne savait que dire, désemparée devant l'état de l'élu de son cœur.

Ce dernier forma alors une sorte de sourire sur son visage simplet, qui tourna plus en rictus, mais dont la signification n'échappa pas à Hermione, qui lui sourit en retour. Le garçon aux yeux bleus, alors heureux comme jamais, lui dit :

« R'mione... 'Mione... miaaan...

- Oui, Drago, je suis là.

- Miaaan... ».

La jeune fille, souriant toujours, écrasa une petite larme sur le coin de ses paupières, et déclara :

« Je suis là. Je vais bien m'occuper de toi. »


A des lieux de là, dans un bar mal famé de Pré-au-lard, alors que le soleil commençait à faiblir dans le ciel, trois jeunes hommes étaient attablés, accompagnés de leurs chères et tendres bièraubeurres qu'ils embrassaient à intervalles réguliers. Harry, Ron et Neville. Trois jeunes mais grands sorciers, aventuriers du dimanche, qui ne savaient pas bien par où commencer. Par où recommencer.

« Elle aurait pu te donner un indice, en te demandant de nous trouver, la vieille Mac Gonagall, dit Ron à Neville.

- Le professeur Mac Gonagall m'a demandé de vous « surveiller », rectifia-t-il.

- Et t'as pas mieux à faire ? Genre aller voir Luna ? fit Harry, qui n'appréciait guère qu'on le materne.

- Mieux à faire je sais pas, mais c'est ma supérieure. Et ça aurait pu être la vôtre aussi, si vous grandissiez un peu.

- Qu'est-ce que tu dis ? lâcha Ron, en sortant son nez de sa boisson.

- Harry, en tant que professeur de défense contre les forces du mal, et toi, Ron, euh... Je sais pas, tu connais bien le château... concierge ?

- Quoi ! s'écria celui-ci. Je pourrais être auror !Tu m'as pris pour un cracmol ?

- Eh, qu'est-ce que t'as contre les cracmols ? s'énerva Neville.

- Calmez-vous, les gars, tempéra Harry. De toute façon, le vieux Rusard est toujours présent.

- Présent ou pas, je serai concierge à Poudlard le jour où Alberforth sera marié à Mac Gonagall !

-Oh ! fit le tavernier depuis son comptoir, vous pensez que ce serait possible ? »

Harry, qui était dos à lui, se retourna et l'interrogea :

« Tu suis toujours les discussions de tes clients, ou c'est juste nous ?

- Mais, Mac Gonagall, elle est pas... enfin, elle s'intéresse pas aux hommes... lui répondit Ron. C'est pour ça que j'ai dit ça...

- De quoi ? s'écria Harry, surpris.

- Elle a déjà été mariée, vous savez, annonça Neville tranquillement. Et avec un homme. Vous êtes vraiment perdus, tous les deux.

- Ah, vous voyez, c'est possible, lança Alberforth. J'avais un sacré succès quand j'étais plus jeune, n'empêche ».

Ron roula des yeux, exaspéré d'avance, tandis qu'Harry le relançait :

« T'aurais pas quelques astuces pour Neville, par hasard ?

- J'te ferais remarquer que toi aussi t'es tout seul ! lui dit ce dernier.

- Non, mais moi, c'est pas pareil. J'crois que je suis pas fait pour ça.

- Je vous ressers la même chose, les gars ? proposa le tavernier en s'approchant de la table.

- Non, un pur-feu pour moi, lâcha Ron d'un air qui n'augurait rien de bon. Dites, vous voulez pas qu'on parle d'autre chose, hein ?

- Oh, ça a pas l'air d'aller, toi, lui dit Alberforth.

- Bravo. Perspicace le vieux. »

Le vieux en question leva les yeux au ciel et repartit derrière son comptoir, où il expulsa un client venu se servir directement à la source. A la table, Harry ne savait que dire d'intelligent pour remonter son ami et tenta un léger : « Ça va aller, tu verras» qui n'obtint aucune réaction. De son côté, Neville, passablement éméché après avoir fini sa chope, s'exclama :

« Toute façon les filles, c'est trop compliqué ! Un coup elles viennent, un coup elles repartent, on y comprend rien !

- Ouais, t'as raison, acquiesça Ron. A tous les coups, Hermione va se faire jeter par l'autre fanfreluche, et elle reviendra. Sans que j'aie rien à faire !

- De toute façon en ce moment, quand tu fais un truc, c'est complètement con, lâcha Harry.

- Oh, eh ! Dixit celui qui a fait exploser sa maison !

- J'étais empoisonné ! Empoisonné par ta connerie même !

- Non mais les gars... tenta Neville, désabusé.

- Ah ouais ? Et ça, c'est empoisonné ? »

Ron attrapa sa chope des deux mains et en jeta le contenu dans la face d'Harry, et un peu dans la face de Neville, car il visait mal.

« Ca suffit ! tonna Alberforth, l'air furieux. On joue pas avec la boisson, par Merlin ! Barrez-vous de mon établissement, je veux plus vous voir aujourd'hui ! »

Les trois garçons, dont deux dégoulinant, se regardèrent, dubitatif. Le grand tavernier s'approcha alors vivement d'eux et attrapa Ron par la ceinture. Il le porta jusqu'à la porte, qu'il ouvrit d'un coup de pied, avant de jeter le garçon à l'extérieur. Alberforth se retourna ensuite vers les deux autres :

« A vous, maintenant ! ».

Harry et Neville se levèrent d'un bond et déguerpirent sans demander leur reste, mais en disant poliment au revoir en passant devant Dumbledore. Ils retrouvèrent leur ami allongé dans le gazon, dans la semi-obscurité du soleil couchant.

« Putain, il a de la force pour un vieux... marmonna le garçon à terre.

- Ca va ? questionna Harry, j'suis désolé, hein, j'sais pas ce qui m'a pris de dire ça.

- Ouais, ouais, c'est bon.

- Du coup, on fait quoi ? demanda Neville en s'asseyant.

- Eh ben ! On va trouver l'enfoiré qui a kidnappé la juge ! dit avec force Ron, avant de se relever. Allez ! J'ai besoin d'action ! ».

Celui-ci partit sur le chemin, laissant ses deux amis derrière lui. Au bout d'une quinzaine de mètres, il leur cria : « Vous venez, bon sang ? ».

Harry haussa les épaules, jeta un regard à Neville, et lui tendit la main pour l'aider à se relever.