Bon voilà, je me lance enfin dans cette histoire, qui je l'espère vous plaira.

Ombre et Lumière

Chapitre Un

Le jour se levait lentement et depuis son poste d'observation, derrière sa fenêtre, le jeune homme observait le soleil se lever avec grâce, déposant des teintes rosées sur son visage, le caressant agréablement. Un soupir franchit la barrière de ses lèvres alors qu'il se tourna pour regarder d'un œil morne sa toute nouvelle chambre.

Cela ne faisait qu'un jour seulement qu'ils étaient arrivés, son père et lui, et pourtant, elle était déjà dans un état déplorable. Le sol était jonché de vêtements éparpillés un peu partout de gros cartons encore remplis empêchaient de se déplacer correctement et le lit était à peine monté.

Chaque adolescent qui déménageait dans une nouvelle ville et qui devait abandonner tous ses amis passerait son temps à se morfondre et à faire la tête contre ses parents. Stiles, non.

En onze ans, il avait fait plus de vingt-six écoles et villes différentes. Le changement, il connaissait. Pour cette raison, il n'essayait jamais de s'accrocher car il savait qu'il finirait par partir un jour ou l'autre. L'autre raison pour laquelle il n'avait jamais vraiment eu d'ami était qu'il était une personne assez spéciale. Du point de vue des autres du moins.

Étant hyperactif depuis qu'il était capable de poser un pied devant l'autre, ça ne l'avait jamais aidé à se faire des amis. La plupart des enfants et des adolescents ne supportaient pas quelqu'un qui ne faisait que babiller des paroles sans aucuns intérêts et qui réfléchissait beaucoup trop vite pour eux.

Il s'y était habitué. Ou en tout cas, il le croyait fermement et se le persuadait. Son père comblait l'absence d'amis et c'était bien assez suffisant pour Stiles. C'était à cause de son travail qu'ils étaient tous deux obligés de changer constamment de villes.

Sous le métier de sheriff, il s'occupait de toutes les affaires paranormales qui surgissaient. Pour la sécurité de Stiles, disait-il, il se faisait un passer pour un sheriff et pouvait ainsi surveiller et protéger la ville deux fois plus. Un mal pour un bien.

Pourtant, Stiles soupçonnait qu'il était devenu un chasseur de créatures surnaturelles suite à la mort de sa mère lorsqu'il avait six ans. Il n'avait jamais su la véritable raison de sa mort, seulement que son père avait changé de comportement brutalement.

Bien que Stiles, crut fortement que son paternel était tombé sur la tête avec ses histoires de monstres féroces, il le laissait plongé dedans, ne voulant pas briser son illusion, que sa femme était tout simplement morte à cause d'un loup des plaines qui se nourrissaient d'humains dès qu'ils en attrapaient.

Malgré toutes les rentrées que Stiles avait dû subir, parfois en plein milieu du mois de Décembre ou bien même du mois de Mars, il les détestait toujours autant, avec une telle force que son grand-père se retournerait dans sa tombe, lui qui adorait l'école.

Stiles n'aimait pas être qualifié comme « le nouveau », surnom duquel on l'affublait dès qu'il changeait de lycée. Mais surtout, ce qu'il ne supportait pas, c'était d'être considéré comme un objet de foire, que tout le monde se complaisait à étudier sous tous les angles. Être au centre de l'attention n'était pas fait pour lui.

Stiles était plutôt du genre à passer inaperçu aux yeux des autres, exceptés lorsqu'ils avaient besoin d'un service ou d'aide pour leurs devoirs. C'était dégradant de voir qu'il ne servait qu'à cela et que personne ne le voyait réellement. Le monde était ainsi fait et il n'aurait pas pu le changer, même s'il le voulait très fort.

Mais il ne s'en plaignait pas. Après tout il y avait des personnes qui étaient dans des situations bien pires que lui.

–Fiston, tu vas être en retard au lycée !

La voix de son père le sortit brutalement de ses pensées et il poussa un nouveau soupire avant de prendre son sac à dos collé au pied de ce qui ressemblait vaguement à un lit, et se dirigea avec une lenteur presque calculée vers les escaliers qu'il descendit la mort dans l'âme.

–Rappelle-moi pourquoi je suis obligé d'y aller ? Demanda-t-il en s'affalant devant son petit-déjeuner.

–Pour que tu aies un métier convenable qui t'assures une protection et que tu ne sois pas obligé de changer de villes tous les six mois.

–Ah oui c'est vrai. J'avais presqu'oublié, répondit-il ironiquement.

En quelques minutes seulement son petit-déjeuner fut engloutit. La nourriture l'appelait toujours et dès qu'il se trouvait en face de quelque chose de comestible, Stiles ne pouvait s'empêcher de le manger. Il pourrait dire que c'était à cause de la période hormonale par laquelle un adolescent passait toujours lors du processus qui le menait vers le monde des adultes, pourtant cette petite période était déjà passée pour lui. Il avait simplement un grand appétit, disait-il quand on lui posait la question. Pas que beaucoup de personnes ne se soient assis à sa table lors du déjeuner.

Stiles s'essuya la bouche, déposa ses couverts dans le lave-vaisselle et prit son sac, prêt à partir au lieu de tous les enfers.

–Stiles ! Je t'emmène aujourd'hui, c'est ton premier jour, il faut que je parle avec ton directeur. Tu rentreras à pied ce soir, je ne pourrais pas me libérer du boulot pour venir te chercher. Ta jeep ne devrait pas tarder à arriver.

–C'est vraiment obligé que tu m'accompagnes, papa ?

–Oui, Stiles, c'est vraiment obligé.

La moue de l'adolescent ne parvînt pas à faire changer d'avis son père. Ils sortirent de leur maison et une grimace déforma le visage de Stiles lorsqu'il se rendit compte qu'il n'aurait pas d'autre choix que de se rendre au lycée dans la voiture de police de son père.

Même s'il se fichait des opinions des autres à son sujet et de ce qu'ils pourraient bien dire, Stiles savait que les autres élèves allaient directement le cataloguer sans même le connaître. Il ne serait que le fils du sheriff, celui avec lequel il ne fallait pas traîner au risque de se faire arrêter par son père. Parfois, Stiles détestait sa vie.

Le trajet se passa étonnamment vite, à son plus grand malheur. Stiles était tellement nerveux que son estomac ne cessait de se nouer et de se compresser inlassablement, lui donnant une soudaine envie de vomir qu'il refréna du mieux qu'il pu. Autant ne pas salir ses vêtements le premier jour.

Il n'avait pas envie d'y aller et d'être confronté à de nouvelles personnes qui allaient le regarder bizarrement, sous prétexte que son QI était supérieur à la moyenne. Stiles eut à peine le temps de souffler un grand coup que déjà, ils se trouvaient sur le parking de l'établissement, au milieu d'une marre de lycéens.

Ces derniers dévisageaient tous la voiture de police pendant que Stiles se recroquevillait sur le siège passager, essayant d'échapper à leurs regards inquisiteurs. Il pouvait presque entendre le ton moqueur dans leurs phrases s'il faisait véritablement attention à ce qui se passait en dehors de l'habitacle protecteur de la voiture.

–Ne te fais pas du mourons fiston, tout va bien aller. Tu as l'habitude maintenant.

–Ouais, justement, répondit-il amèrement.

–Il ne te reste qu'une seule année au lycée et je t'ai promis qu'on ne déménagerait pas.

–Je sais papa. C'est juste que…

Il soupira tout en se frottant une main sur le visage.

–Laisse tomber. On y va ?

Son père acquiesça lentement et sortit de la voiture, non sans lui jeter un dernier coup d'œil. Stiles descendit à son tour et ensemble, ils se dirigèrent vers l'entrée du bâtiment, sous les regards curieux des élèves.

La voiture du sheriff s'en alla promptement dans un capharnaüm qui fit soupirer Stiles. A croire qu'il ne faisait que cela depuis le matin-même. Le moment tant attendu de la journée était enfin arrivé pour lui. Ô joie ! Son emploi du temps, remit par le proviseur Davis, indiquait qu'il commençait par un cours de physique en salle B123.

B123 ?! Qui avait déjà eut une salle qui se nommait B123 ?! Oui, insensé. Cela le dépassait un peu. Stiles erra un peu partout dans le lycée, priant intérieurement pour que la chance soit de son côté, au moins pour ce jour-ci et qu'il tombe miraculeusement sur cette satanée salle de classe.

Arrivé au bout d'un couloir, l'adolescent tourna à gauche et percuta de plein fouet une personne qui vînt s'échouer sur lui de tout son long, mais surtout, le plus important, de tout son poids. Et mon Dieu, ce n'était certainement pas la personne la plus légère qui soit !

–Euh… excuse-moi mais, ce n'est pas que je ne t'aime pas ou quoi que ce soit mais en fait je ne te connais pas et bon, tu me tombe dessus comme ça et…

–La ferme !

La voix grave et hérissé le fit sursauter et en moins d'une seconde il se retrouva collé contre le mur, un bras appuyant sur sa gorge. Avisant la veste de sport rouge et blanche, Stiles pouvait dire qu'il faisait parti de l'équipe de sport du lycée. Et qu'il semblait être une brute, s'il devait en juger par la façon dont il lui avait sauté à la gorge, sans qu'il n'ait rien fait pour mériter cela.

–Je ne te connais pas, le nouveau, mais ta tête ne me reviens pas, alors je te conseille de rester loin de mon chemin. Fais gaffe à toi, sinon je ne serai pas aussi gentil et prévenant avec toi !

Son bras intensifia sa pression, empêchant l'air de passer et le faisant suffoquer.

–Lâche-le, McMiller !Retentit une voix.

Qui que ce soit, Stiles le bénissait de passer par là mais surtout d'être intervenu avant qu'il ne s'évanouisse par manque d'oxygène. La prise se desserra instantanément et Stiles pu enfin prendre une grande goulée d'air. Il n'avait jamais autant aimé sentir l'air passer dans ses poumons et en ressortir qu'en cet instant. C'était l'extase à l'état pure, c'était brutal, c'était puissant et…

–Rien de cassé ?

Stiles sursauta en entendant la même vois qui l'avait précédemment sauvé. Il se redressa vivement, inspectant la nouvelle personne qui lui faisait face. Un jeune garçon de son âge, avec des cheveux bruns coupés courts et légèrement bouclés, des yeux chocolat qui semblaient attendre une réponse. Qui semblaient attendre une réponse ? Stiles se reprit en un instant quand il se remémora la question qu'il lui avait posé.

–Euh… ouais, ouais, tout va bien. Merci euh…

–Isaac.

–Merci Isaac, lui répondit-il avec un sourire. Moi c'est Stiles. Bon en fait, ce n'est pas vraiment mon vrai nom mais si tu le connaissais tu comprendrais pourquoi je l'ai en horreur. Pour tout te dire c'est la grand-mère de ma mère qui a pratiquement obligé mes parents à me donner ce nom affreux et…

–Ça va, ça va, j'ai compris.

Un léger rire s'échappa de ses lèvres. Blessé, Stiles se retourna sans rien attendre d'autre et me remit en quête de cette salle B123.

–Eh, attends ! Ne sois pas fâché, c'était juste pour rire. Peu de personne sont comme toi, ça fait du bien dans ce lycée.

Isaac lui fit un sourire sincère et Stiles ne pu s'empêcher de sourire à son tour. S'ils étaient tous dans son genre, cette année pourrait enfin être la bonne, celle qui ne l'obligera plus à fuir les gens. L'image de la brute lui revint en tête et l'adolescent grogna tout en passant ses doigts sur son cou.

Stiles espérait de tout cœur qu'il n'aurait pas de marque, sinon son père ne risquait pas de laisser la personne qui lui avait fait ça s'en sortir aussi facilement et impunément.

Le sheriff était un peu mère poule quand il s'agissait de son fils. Mais Stiles savait se défendre maintenant (même si c'était grâce à son père qu'il avait ce savoir), il n'avait plus autant besoin de lui qu'avant.

–Stiles !

L'adolescent sursauta avant de se tourner vers Isaac.

–Ça fait trois fois que je t'appelle. Tu as cours en quelle salle ?

–B123. Comment c'est possible qu'une salle s'appelle B123 ? Je n'arrive pas à comprendre depuis tout à l'heure, ça me perturbe. J'ai beau essayer de comprendre, la solution m'échappe, comme si la salle B123 était un secret qui devait à tout prix être gardé. C'est ça hein ? Dis-moi que c'est ça. En fait, ils ne veulent pas de moi dans ce lycée, c'est une conspiration, pas vrai ? Tout depuis ce matin me met en rogne et se ligue contre moi.

–C'est bon Stiles, j'ai compris, l'interrompit Isaac, un sourire en coin. La B123 est la salle au dernier étage, il n'y a qu'un seul cours qui est donné là-bas, et la porte n'est jamais fermée, tu ne peux pas la louper. Je dois y aller, je vais être en retard. On se retrouve au déjeuner.

Stiles n'eut pas le temps de lui répondre qu'Isaac était déjà loin. Un énième soupire lui échappa. Il se décida enfin à trouver ces fichus escaliers qui lui permettraient d'accéder à sa salle. Mais ces derniers semblaient s'amuser à l'empêcher de les trouver.

Mais quelle impression allait-il donner au professeur s'il était déjà en retard lors de son premier jour. L'excuse d'être nouveau et de ne pas connaître ce lycée comme sa poche ne le sauverait pas, il en était certain, et ce, même si c'était la pure vérité. Les professeurs étaient vils.

Un léger cri de victoire sortit de sa bouche alors qu'il se mettait à danser lentement, bougeant le bassin et passant d'un pied sur l'autre pour montrer sa satisfaction. Il avait enfin trouvé où se cachait les escaliers ! Et qui disait escaliers, disait dernier étage, et qui disait dernier étage, disait salle B123.

Stiles monta en courant les marches et se précipita dans le dernier couloir, jusqu'à la porte du fond qu'il apercevait, la seule qui était entrouverte.

Dans son élan, la porte s'ouvrit en plus grand avec un vacarme monstre et alla s'échouer contre le mur dans un fracas assourdissant. Stiles se rattrapa au chambranle de la porte et avec la force de ses bras (le peu qu'il en avait) se remit en équilibre sur ses deux pieds.

Il entra finalement dans la classe tel un boulet de canon, les joues rouges d'avoir autant couru, la sueur dégoulinant sur son front et sa nuque, le souffle erratique qui s'entendait jusqu'au parking. La fin justifiait les moyens, d'accord ?

–Mr. Stilinski, vous nous faites enfin l'honneur de votre présence, ô combien attendue. Allez-vous asseoir et que je ne vous reprenne plus à être en retard.

L'adolescent acquiesça avec peine de la tête avant de se tourner vers la classe et de remarquer les trente-six paires d'yeux fixées sur lui. Il était bon en maths, c'était tout. Stiles déglutit péniblement et avança lentement, tentant de trouver une place libre. Il en repéra une au fond de la classe et s'y précipita rapidement.

–Hum… je peux m'asseoir ici ?

Le regard noir qu'il reçut ne l'aida en rien à se débarrasser de l'encombrante nervosité dont il faisait preuve, bien au contraire. La peur ne faisait que s'accroître alors que les mêmes yeux tout aussi effrayants le parcouraient de bas en haut. L'autre garçon eut un reniflement dédaigneux une fois sa courte inspection faite.

–Mr. Stilinski ! Est-ce dont si difficile pour vous de trouver une place et de vous y asseoir ?

La voix du professeur le fit sursauter une fois de plus. Le garçon enleva son sac de la chaise et Stiles s'empressa de se laisser tomber dessus sans plus de cérémonie. Il tourna la tête vers son voisin et décida que faire les présentations s'annonçait nécessaire.

–Salut, je suis Stiles.

Il lui sourit cordialement et lui tendit la main qui fut superbement ignorée. Il ne récolta qu'un autre regard noir de sa part. Cela s'annonçait plus difficile que prévu, en réalité.

–Et toi, tu es ? Osa-t-il demander.

–Ecoute-moi bien, je me fiche de savoir qui tu es, je me fiche de connaître ton nom, je me fiche de toi et je ne veux surtout pas que tu m'adresses la parole, c'est assez compréhensible pour ton cerveau de demeuré ?

–En fait, j'ai un QI supérieur à la moyenne générale des adolescents de notre âge. Je suis plus intelligent que la totalité des élèves présents dans cette classe. Mais bon, c'est juste comme ça.

–Génial, un geek !

Une jeune fille rousse devant eux se retourna et fusilla du regard son voisin avant de se tourner vers Stiles en souriant.

–Ne l'écoute pas, il est toujours comme ça avec les personnes qu'il ne connaît pas. Jackson est un vrai timide en réalité, bien caché je te l'accorde. Je suis Lydia.

L'adolescent lui sourit en retour et serra la main qu'elle lui présentait.

–Ravi de te rencontrer Lydia.

–N'essaies même pas de l'approcher le geek, elle est ma copine !

Stiles leva les yeux au ciel en entendant sa réplique plus que stupide et digne des plus grands films de comédie que seules les filles en mal d'amour aimaient regarder. Stiles n'était pas en mal d'amour.

Enfin, si, il l'était, mais pas au point de se morfondre toute la sainte journée, de regarder des films romantiques tout en mangeant un pot de glace. Bien que Lydia soit jolie, elle n'était pas vraiment son genre de fille, alors la pensée de tenter quoi que ce soit avec elle ne lui serait jamais venue à l'esprit. N'importe quelle fille, en réalité.

Ce n'était pas qu'il n'était pas attiré par elles, cependant, elles ne lui faisaient pas plus d'effet que ça, chose bien étrange pour un adolescent de dix-sept ans, supposément en pleine phase hormonale qui ne pense qu'avec son cerveau qui se trouvait au sud.

–On se détend, je n'y pensais pas une seule seconde, mais tu es très jolie, je te rassure.

–Pas besoin, je le sais déjà.

La modestie ne semblait pas du tout l'étouffer, à première vue. Lydia rejeta sa chevelure en arrière et se concentra de nouveau sur le cours, abandonnant Stiles à ses pensées.

Quand midi sonna et que tous les élèves se précipitèrent hors des classes pour se ruer vers la cafétéria, avides de dévorer les délicieux mets qui les attendaient, Stiles les suivit mollement, tel un automate, ne sachant que faire.

C'était habituel pour lui de se retrouver seul lors de la pause déjeuner. Lorsqu'il était au bord de la rupture émotionnelle, prêt à craquer à tout instant, il sautait dans sa jeep et roulait en ville, pour se trouver un fastfood où il savait qu'il ne croiserait aucune personne de son établissement, bien qu'il fût peu probable qu'ils le reconnaissent.

Cependant, et ça il le savait parfaitement, sa chère jeep n'était pas encore arrivée à Beacon Hills. Elle était toujours en chemin, venant de San Francisco. De ce fait, Stiles n'avait aucune possibilité de s'échapper au regard des autres. De plus, son nouveau lycée était perdu, loin de chez lui et de l'agitation de la ville, à l'orée de la forêt. Autant dire qu'il ne traînerait pas pour rentrer chez lui après les cours, sauf retenue, si retenue il y avait.

Perdu au milieu de ses réflexions, Stiles se rendit compte que ses jambes l'avaient mené aux portes de la cafétéria. Le familier bruit des chaises qui raclaient contre le sol et le brouhaha incessant des adolescents lui parvînt. Sa nervosité resurgit subitement alors qu'il tentait de réfréner les battements de son cœur qui pulsait bien trop rapidement à son goût.

Il entre d'un pas, puis d'un autre et se décida enfin à entrer complètement. Ses pieds le dirigèrent du côté des plats, sans qu'il ne l'ordonne réellement, comme si l'odeur de la nourriture qui l'appelait était plus forte que tout.

Stiles ne s'attarda pas sur ce qu'il mettait sur son plateau. Son seul but était actuellement de s'empresser de trouver une place libre et de se faire oublier.

Alors qu'il allait s'asseoir à une table vide au fond de la salle (et pour cause : elle se tenait près de l'odeur pestilentielle de la poubelle à déchets), une main se posa sur son épaule, manquant de lui faire renverser son plateau. Il maudit silencieusement la personne qui s'amusait à faire sursauter les autres.

–Hey Stiles, tu t'assois avec nous ?

Stiles fut soulagé un instant d'entendre la voix amicale d'Isaac. Il avait eu peur que ce soit le type qui l'avait cloué au mur le matin-même.

Il adressa un timide sourire à Isaac et le suivit jusqu'au centre de la cafétéria, où un petit groupe (deux filles pour trois garçons) mangeait avec joie et empressement, parlant fortement pour exprimer leur opinion. Stiles grimaça lorsqu'il vit Jackson, de sa classe de chimie assit à cette table-là.

–Les gars ! S'exclama Isaac, faisant taire la petite assemblée. Voici Stiles, il vient d'arriver ici.

Stiles le remercia intérieurement de ne pas l'avoir appelé « le nouveau » ou traité comme tel. Ça faisait du bien que quelqu'un ne le considère pas seulement comme un nouvel arrivant dans un lycée en plein milieu du mois de Février.

Pourtant, chaque personne présente à cette table l'examina minutieusement semblant juger si oui ou non ils devaient l'accepter parmi eux.

Tous, excepté Jackson qui se contenta de renifler dédaigneusement ainsi que Lydia, trop occupée à manucurer ses ongles. Stiles se rapetissa lentement sur lui, sentant l'oppression de leurs regards peser sur lui et l'enserrer dans un étau étouffant.

Un des jeunes, un brun aux yeux marrons clair se leva prestement et empoigna Isaac par l'avant-bras.

–Je peux te parler deux secondes ? Exigea-t-il plus qu'il ne demanda, les dents serrées.

Ils s'éloignèrent d'un pas rapide jusqu'à ce qu'ils soient hors d'atteinte des oreilles des autres attablés.

Stiles resta debout devant la table, son plateau entre les mains, indécis quant à ce qu'il était supposé faire maintenant que la seule personne qui semblait l'apprécier un tant soit peu n'était plus là. Il jeta un bref coup d'œil aux adolescents qui ne lui prêtaient plus aucune attention.

Soupirant fatalement, Stiles se retourna, marcha jusqu'à la poubelle, y jeta ce qu'il avait sur son plateau, donna ce dernier à la cuisinière et s'en alla hors de ce climax festif et bruyant qui n'était pas fait pour lui.

Il se promena dans le lycée quelques minutes avant de sortir à l'entrée de l'établissement. Stiles ne savait pas quoi faire pour s'occuper durant l'heure restante. N'ayant pas sa jeep adorée, il marcha péniblement en direction des bois et commença à s'enfoncer à l'intérieur au moment où il fut hélé.

–Stiles ! Hey attends !

L'adolescent soupira puis fit face sans surprise à un Isaac qui se hâtait de le rejoindre. S'il fut étonné de voir qu'Isaac n'était en aucun essoufflé après sa longue course, il n'en fit pas la remarque et n'y prêta pas plus d'attention.

–Pourquoi t'es partis comme un voleur ?

–Visiblement tes amis ne sont pas favorables à ma présence parmi vous.

Stiles se rembrunit alors qu'il disait ces mots à voix haute. Le dire haut et fort rendait le tout bien plus réel que lorsqu'il se le disait dans sa tête.

–Scott est juste méfiant avec les personnes qu'il ne connaît pas. Il se protège, en quelque sorte.

–De quoi ? De moi ? Il a peur de quoi ? Que je vienne chez lui et lu vole son écureuil pour le tuer et que mon grand-père puisse le vider de ses boyaux ?

–Ton grand-père travail à la morgue ? Demanda Isaac, légèrement perturbé et confus face à leur conversation qui avait complètement dérivée de leur but premier.

–Je n'ai pas de grand-père ! Cingla Stiles au bord de la crise de nerfs.

Cette journée était un vrai désastre et elle n'était même pas encore finie ! Généralement, ses rentrées ne se déroulaient pas particulièrement bien, mais pas au point de se faire plaquer au sol par un rustre de première classe qui ne connaissait pas les bonne manières et contre un mur par la suite, ni qu'il soit prit en grippe par un professeur qui ne le connaissait même pas, ou qu'un groupe de personne le prenne pour un insecte que l'on se devait d'écraser à tout prix !

Il avait simplement été en retard de quelques minutes pour son premier cours de la journée mais il avait pourtant couru. Ça devait compter ! Mais non, on le prenait pour un moins que rien, un simple fils de flic qui n'avait certainement pas dut faire de connerie dans sa jeune vie.

–Eh calme-toi, Stiles. Ça ne fait rien. Ne te mets pas dans des états comme celui-là pour si peu.

Isaac essayait de le calmer mais ça avait l'effet contraire, le rendant plus enragé.

–Pourquoi tu restes là ? Pourquoi tu te montres si aimable avec moi ? Pourquoi tu ne fais pas comme les autres ?

Alors qu'Isaac amorça un mouvement un vers lui, Stiles aperçut une ombre près d'un arbre à quelques mètres de là.

–Isaac, gronda une voix. Manifestement ce jeune homme souhaite être seul. Viens ici, nous avons quelque chose à régler avec les autres.

L'ombre se détacha de l'arbre et s'avança vers eux. Cet homme (car il s'agissait bien d'un homme qui n'était aucunement dans leur lycée) traînait une barbe de plusieurs jours sur ses joues et son menton. Son air sombre, renforcé par la veste en cuire qu'il portait, inquiéta Stiles avant qu'il ne remarque ses yeux. Étonnamment, ces derniers étaient aussi clairs que du cristal, d'un bleu limpide qui vous transperçait du regard. Des yeux glacials bien que sublimes.

Isaac grogna et s'en retourna auprès de lui, non sans jeter un dernier coup d'œil à Stiles.

–Va rejoindre les autres à la voiture.

Il voulut parler mais le regard qu'il reçut l'en dissuada. Stiles regarda scène, peu sûr de la façon dont il devait réagir à cet échange. L'homme attendit qu'Isaac soit hors de vue pour se tourner vers Stiles et le sonder du regard.

–Tu es nouveau dans le coin, non ?

Stiles se renfrogna à cette mention. Il détestait qu'on l'appelle ainsi, viscéralement. Et pourtant, c'était comme si chaque personne se mettait en tête de le nommer « le nouveau » pour le voir s'énerver.

–Je suis le fils du sheriff.

Il préférait le dire d'emblée pour que cet homme n'ait pas dans l'idée de lui faire subir les pires sévices et tortures que l'on pourrait imaginer. Son air méfiant n'échappa pas à son homologue.

–Derek Hale, dit-il en lui tendant la main.

Stiles la serra, restant sur ses gardes.

–Stiles Stilinski.

L'autre eu un toussotement qui ressemblait fort à un rire que l'on tentait de dissimuler. Stiles soupira et retira sa main de la sienne.

–Pas un seul commentaire sur mon nom, que ce soit clair.

Derek leva les mains en l'air, essayant de cacher l'amusement dans ses orbes. Il reprit son sérieux en un temps record.

–Ne traînes pas dans les bois tout seul, même si on est en pleine journée. On ne sait jamais ce quoi on peut tomber.

–C'est une menace ?

Stiles haussa un sourcil en direction de cet homme plus que mystérieux. Ce dernier ne lui répondit que par un fin sourire en coin, à peine perceptible à ses yeux, si bien que Stiles crut l'avoir imaginé. Il s'en alla en le laissant seul, au milieu de la forêt.

Même s'il ne lui faisait pas confiance, Stiles préféra l'écouter et retourner au lycée, là où toute la population normale ou presque se trouvait.

Ce n'était que le premier jour dans cette nouvelle ville de Beacon Hills et pourtant, Stiles avait l'impression qu'il avait vécu ici toute sa vie. Que pouvait-elle lui réserver ? Que cachait-elle ? Stiles sentit que vivre ici ne serait pas de tout repos, bien au contraire.

A suivre