Bonjour/Bonsoir ! Je donnais à m'excuser pour le retard. Etant actuellement en stage à l'étranger, je n'ai pas beaucoup de temps à moi pour écrire. Fort heureusement, tout reviendra à la normale... Au mois de Juin. Peut-être. D'ici là, j'essaierai d'écrire et de poster mais je ne promets rien ^^

Bonne lecture et merci pour vos reviews !


Chapitre 9

Plusieurs jours passèrent et Théo et Kafei n'eurent aucune nouvelle de leur amie. Bien que Théo ne s'inquiète pas plus que ça – si elle était avec Viscen, elle n'avait rien à craindre selon lui – Kafei se demandait chaque jour si elle était partie par sa faute. Il espérait que non, pas lorsqu'il avait enfin compris certaines choses qu'il devait mettre au clair avec les personnes concernées, dont Anju. Malheureusement, sans savoir où elle était partie, il ne pouvait pas aller à sa recherche.

Au milieu de la nouvelle semaine, Pierre ramena une lettre au fils du Maire. Ils ne s'échangèrent pas un seul mot mais leurs sentiments réciproques pouvaient se ressentir à travers leurs yeux. Lorsque le facteur partis enfin, Kafei ouvrit fébrilement l'enveloppe, son cœur frappant violemment contre sa poitrine, pensant que c'était Anju qui lui écrivait. Il fut déçu de voir qu'elle provenait de Cremia qui lui disait qu'elle était de retour au Ranch et qu'il pouvait passer quand il le souhaitait. Cela tombait bien. Au lieu de se ronger les doigts pour Anju, il irait voir Cremia. Il n'était pas sûr qu'elle apprécie l'objet de sa visite mais il espérait tout de même qu'elle comprendrait.

C'est donc d'un pas résolu qu'il quitta la ville et prit la direction du Ranch Romani. Perdu dans ses pensées, préparant ses futures paroles, il ne vit pas le temps passer et il lui sembla arriver très vite au Ranch. Bien vite, l'odeur des vaches, des poules et du foin assaillirent ses narines. Il n'aimait pas énormément l'odeur des ranchs, mais pour Cremia, il faisait toujours un effort. Kafei avançait vers la petite maison, prêt pour la discussion qui allait avoir lieu lorsque ses yeux croisèrent ceux du Capitaine Viscen. Aussitôt, il se stoppa. Que faisait Viscen ici ? Anju était-elle avec lui ? Avait-elle été si proche de lui tout ce temps ? Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Si, comme il l'espérait, Anju avait été avec Viscen tout ce temps et se trouvait actuellement au Ranch Lon Lon, alors cela signifiait qu'elle avait côtoyait Cremia. Lui avait-elle raconté la soirée d'anniversaire ? Etait-ce pour cela que Cremia lui avait une lettre ?

Le capitaine des chevaliers s'approcha du jeune homme et le salua avec un grand sourire aux lèvres.

« Kafei ! Comment vas-tu mon grand ? »

Viscen faisait partis de ces personnes qui avaient tendance à oublier qu'il était majeur. Cela agaçait le jeune homme mais il faisait comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes.

« Je vais très bien merci, et vous ?

— Je suis en forme. J'ai hâte de retourner en ville.

— C'est vrai que vous êtes partis depuis longtemps. Rien de grave, j'espère ? Fit Kafei comme s'il était inquiet.

— Anju est venue me voir pour que je l'accompagne. Elle voulait retrouver Cremia et comme elle n'était pas au Ranch… »

C'était donc bien cela. Bon sang, il se demandait ce que les deux femmes avaient pu se dire pendant tout ce temps !

« Et je ne peux rien refuser à Anju. Elle est comme ma fille ! Tortus et moi étions les meilleurs amis du monde !

— Ah ? Je n'étais pas au courant, s'étonna le fils du Maire.

— Vraiment ? Un jour, je te raconterai tout ce que nous avons fait lui et moi ! J'ai été le témoin à son mariage et j'ai vu la petite Anju naître ! Je suis même son parrain ! »

Anju ne lui avait jamais dit qu'elle et Viscen étaient parrain et filleule ! Il ne savait même pas que les deux personnes se connaissaient autant. Il avait apparemment encore beaucoup de choses à apprendre de sa meilleure amie et il s'assurerait de profiter de la moindre occasion pour cela.

« Ah, Kafei ! Tu es venu rapidement ! » Lança la douce voix de Cremia.

Les deux hommes se tournèrent vers l'origine de la voix et remarquèrent les deux meilleures amies, l'une à côté de l'autre. Cremia avait les bras croisés et l'autre les bras derrière le dos. Le regard de cette dernière dévia lorsque celui de Kafei se posa sur elle. Je m'occupe d'Anju après. Je dois d'abord parler à Cremia. Kafei s'approcha de sa petite-amie alors qu'Anju la saluait et s'éloignait d'eux. Puis la jeune femme et Viscen s'éloignèrent ensemble.

« Tu vas avoir beaucoup à faire pour qu'elle comprenne que tu ne regrettes pas.

— Oh oui… Attends, quoi !? »

Cremia ricana avant de lui faire signe de la suivre. Ils entrèrent dans la maison et la jeune femme fit signe à Kafei de s'asseoir à table. Puis elle lui versa du café et s'installa près de lui.

« Je pense que nous devons parler, lui déclara soudainement la rousse, ce qui le surprit.

— Tu lis dans mes pensées ?

— Qui sait ? »

Ils restèrent silencieux pendant quelques instants avant que la rousse ne reprenne :

« Anju m'a dit qu'elle avait fait une bêtise le soir de ton anniversaire.

— Une bêtise ? Répéta le jeune homme en cherchant dans sa mémoire. Il ne se souvenait pas l'avoir vu faire une bêtise.

— Il paraitrait qu'elle aurait profité de toi alors que tu n'étais pas très sobre.

— Elle n'a jamais fait ça. En fait… C'est plutôt moi qui aie profité de mon état.

— Je n'en doute pas un seul instant, fut la réponse que Cremia lui donna.

— Comment ça ?

— Ne me prends pas pour une idiote. Je sais très bien ce qu'il se passe entre vous deux depuis quelques temps. »

Kafei la fixa, hébété. Avait-il bien entendu ?

« Tu sais ?

— Kafei… Ca fait combien de temps que tu ne m'as pas dit que tu m'aimes ? Tu n'as qu'Anju à la bouche ! Exceptée Anju, tu étais le seul à ne pas t'en être rendu compte. Mais ça a changé maintenant, non ?

— Eh bien euh… Tu as raison. J'ai été trop bête pour ne pas comprendre avant. Je suis désolé, Cremia.

— Désolé pour quoi ? Pour avoir enfin ouvert les yeux ou pour être idiot ?

— Non, pour t'avoir fait souffrir sans en avoir l'intention. »

Elle écarquilla les yeux et ricana.

« Est-ce que j'ai l'air de souffrir ? »

A bien y penser, Cremia prenait cet aveu très bien. Peut-être un peu trop bien, d'ailleurs. S'il y avait bien une chose qu'il savait, c'était que Cremia et Anju avaient un point commun : elles cachaient leurs vrais sentiments au plus profond d'elles-mêmes pour n'inquiéter personne.

« Cremia, je…

— Il y a quelque chose que je ne comprends pas, le coupa-t-elle.

— Quoi donc ?

— Qu'est-ce que tu fais encore là ?

— Euh… ? Je parle sérieusement avec toi ? Je passe du temps avec toi aussi. Tu es mon amie, c'est normal, non ? »

Il n'aurait jamais cru que dire que Cremia était son amie était aussi simple. C'est comme si nos quatre mois de couple n'ont jamais eu lieu… Dois-je en être triste ou non ?

« Non ! Tu devrais parler avec Anju maintenant ! N'attends pas que Pierre te la prenne ! »

La mention de Pierre fit froncer les sourcils du jeune homme. Il en était hors de question ! Anju ne se mettrait jamais avec cet homme, foi de Kafei ! Cremia attendit qu'il termine son café avant de l'obliger à se lever et de l'obliger à sortir.

« Dépêche-toi ! Et si tu dois la faire pleurer, fais que ça soit de joie, pour une fois ! »

Elle le poussa en dehors de la maison et referma vivement la porte derrière lui si bien qu'il n'eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit. Il voulut rentrer pour lui demander ce qu'il n'allait pas mais s'en empêcha. Si Cremia l'avait sortir sans même un regard, c'est qu'elle ne voulait pas le voir pour le moment. Bon sang ! Etait-il destiné à faire souffrir les femmes qu'il appréciait ?

Serrant les poings, il entreprit de faire demi-tour et de se dépêcher de retourner à Bourg-Clocher. Maintenant il devait parler à Anju.

XXX

Dès qu'elle eut refermé la porte, Cremia se laissa glisser contre celle-ci et ferma les yeux. Son cœur battait à cent à l'heure et elle avait l'impression qu'il allait exploser sa poitrine afin de pouvoir s'échapper. Elle n'arrivait pas à croire que tout était fini. Ou plutôt, elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu réagir de cette façon. Finalement, y avait-il eu ne serait qu'une once d'amour entre elle et Kafei ? Très certainement. Mais quand avait-elle disparu ? Etait-ce lorsqu'il était retourné à Bourg Clocher ? Ou bien lorsqu'elle l'avait vu au côté d'Anju et qu'elle avait pensé, pendant un bref instant, qu'ils formeraient un beau couple ?

Lorsqu'Anju était venue la voir sur le chemin du retour et qu'elle lui avait dit ce qu'elle avait fait, elle avait senti son cœur se serrer. Non pas parce qu'elle avait été jalouse mais parce que sa meilleure amie avait mentis pour protéger la relation qu'elle entretenait avec Kafei. Anju avait été prête à perdre son amitié juste pour s'assurer que Cremia et Kafei soient heureux.

Idiote, pensa la rousse. Tu n'es qu'une idiote, Anju. Quand vas-tu comprendre que toi aussi, tu as le droit d'être heureuse ? Au final, c'était ce qu'il lui faisait le plus mal. Anju ne se croyait pas autorisée au bonheur. Elle pensait qu'elle n'avait le droit que de regarder de loin ceux qui l'entouraient et qu'elle chérissait de tout son être. Cremia poussa un soupir. Kafei était la seule personne capable de faire comprendre à la brune qu'elle avait aussi le droit au bonheur.

Je compte sur toi. Et si tu la fais souffrir… Un sourire sadique apparut sur ses lèvres. Oh oui, elle lui ferait savoir sa façon de penser !

XXX

Devant la porte de l'auberge, Kafei soupira pour la énième fois. Bien qu'il ait promis de parler à Anju rapidement, il hésitait à pénétrer dans l'auberge. Il n'avait pas oublié la façon dont elle avait dévié le regard lorsqu'ils s'étaient revus quelques heures auparavant et il avait peur qu'elle recommence, ou pire qu'elle se sauve. Finalement, il s'arma de courage et pénétra dans l'enceinte de l'auberge.

Il fut malheureusement accueilli par la mère d'Anju qui lui montra bien à quel point elle n'était pas heureuse de le revoir. Il ignora le dédain qu'il pouvait lire sur son visage et, de la voie la plus calme et du ton le plus poli possible, il demanda :

« Excusez-moi, serait-il possible de voir votre fille ? »

La femme renifla et d'une voix mauvaise répondit :

« Anju n'est pas ici.

— Vraiment ? Où se trouve-t-elle ?

— Ca ne te regarde pas ! »

Forcément. Pourquoi se serait-il attendu à une réponse de sa part ? Depuis quelques temps maintenant, la femme ne pouvait pas le voir. Que lui avait-il fait ? Il n'en avait pas la moindre idée et il n'avait pas envie de se prendre la tête avec elle afin de comprendre sa réaction.

« S'il vous plaît, c'est très important.

— Il est hors de question que tu t'approches de ma fille, jeune homme ! Depuis que tu es revenu, rien ne va plus ! »

Je doute que ce soit depuis mon retour…, pensa-t-il mais il se retint de justesse de le lui répliquer.

« Ecoutez, reprit-il. Je ne sais pas pourquoi vous m'en voulez autant et, à dire vrai, ce n'est pas la chose qui m'intéresse le plus pour le moment. Que vous le vouliez ou non, je dois voir Anju !

— Comment oses-tu me parler sur ce ton !? Il est hors de question que ma fille traîne avec un vaurien de ton espèce ! »

Les deux personnes se toisèrent du regard pendant ce qu'il parut des heures du point de vue de Kafei. Mais il ne se laissa pas abattre : il verrait Anju quoiqu'il arrive !

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? »

La voix les tira de leur combat visuel et les deux personnes se tournèrent vers la grand-mère qui faisait rouler son fauteuil roulant.

« Rien de bien important. Ce vaurien allait partir. » Répondit la femme.

Kafei voulut répliquer mais la vieille femme répondit aussitôt :

« Ah eh bien tu tombes bien, jeune homme. Pourrais-tu m'accompagner jusqu'à la banque ?

— Eh bien je…

— Allez, on y va ! »

Kafei fit une moue boudeuse mais accepta néanmoins d'accompagner la vieille femme. Il était évident qu'Anju n'était pas à l'auberge et, si elle l'était, sa mère ne l'aurait jamais laissé la voir. Alors il aida la grand-mère de sa meilleure amie à faire avancer son fauteuil. Pas un mot ne fut prononcer tout le long du chemin et ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent à la banque que la vieille femme lui dit :

« Merci Kafei. Anju est chez Théo. Tu devrais aller la voir, vous avez beaucoup de choses à vous dire, je crois. »

Elle lui fit un clin d'œil complice et Kafei eut un grand sourire sur les lèvres avant de la remercier chaleureusement et de se diriger rapidement vers la maison de Théo. Il toqua à la porte et attendit patiemment. Puis il entendit un énorme bruit, des jurons et la porte s'ouvrit enfin.

« Toi ! S'exclama son ami en voyant son visage. Tu arrives au bon moment !

— Ne me dis pas que j'ai encore fait une bêtise !

— Non, mais j'ai besoin de ton aide ! »

Et sans lui en dire plus, il entraina le jeune homme aux cheveux mauve jusque dans le salon où ils retrouvèrent une Anju, manches retroussées, en train de nettoyer.

« Empêche-là de détruire mon bazar !

— Tu ne penses pas que tu devrais la remercier ?

— Non ! Elle est en train de me déranger tout ce que j'avais rangé ! »

Kafei arqua un souril. Il appelait cela « rangé » ? Bienvenue dans la logique d'une personne bordélique…, pensa-t-il avec amusement. Malgré son scepticisme, le jeune homme tenta tant bien que mal de s'approcher de sa meilleure amie qui avait réussi à nettoyer une petite partie du salon. Puis il se mit à ses côtés, la regarda faire pendant quelques temps avant de lui déclarer :

« Tu sais, lorsque tu auras terminé et que tu seras partis, il recommencera. Tu pourras revenir le lendemain, ça sera pire qu'aujourd'hui.

— Alors je recommencerai. » Fut la réponse de la jeune femme.

Kafei se tourna vers son ami d'enfance mais celui-ci avait disparu. Il fronça les sourcils mais il se dit que c'était sa chance et qu'il pouvait parler à Anju. Et si Théo revenait alors il s'arrêterait et reprendrait une prochaine fois. Prenant son courage à deux mains, il commença :

« Anju, tu pourrais arrêter ton ménage deux minutes ?

— Impossible ! J'en ai pour des heures ! »

Le faisait-elle exprès pour éviter la conversation ou bien était-elle réellement concentrée sur le rangement ? Kafei n'arrivait pas à savoir la réponse.

« Puisque je te dis que ça ne sert à rien. » Soupira-t-il.

Elle s'arrêta net et il eut l'espoir qu'elle avait finalement entendu raison. Cependant, elle se tourna vers lui, le regard furieux et le menaça de son balai.

« Tu dis ça maintenant mais lorsque tu seras marié, tu seras bien content que tout soit rangé ! Maintenant, laisse-moi travailler.

— Wow, calme-toi, je disais juste que ce que tu fais ne sert à rien dans le cas de Théo. »

Anju le fixa un long moment avant de reprendre son travail. Ennuyé, Kafei lui prit le balai des mains malgré les vives protestations de la jeune femme qui lui lança un regard noir.

« Rend-moi ça !

— Après que tu m'auras accordé un peu de ton attention.

— Je ne veux pas t'en donner.

— Tu es une vraie tête de mule, ma parole !

— Contente que tu l'ais compris. Maintenant, rends-moi mon balai.

— Non, tu m'écoutes d'abord. La fuite a assez duré, Anju ! »

Pour toute réponse, elle croisa les bras sous la poitrine et attendit. Au moins, elle va m'écouter, se dit-il. C'est la partie la plus difficile.

« C'est au sujet de ma soirée d'anniversaire…

— C'est déjà oublié, le coupa-t-elle avant de tendre les mains pour récupérer son balai.

— Non, répliqua-t-il en éloignant l'objet des convoitises. Non, je ne peux pas oublier et tu ne le peux pas non plus.

— Désolée pour toi si tu as une super mémoire.

— Anju…

— Si tu as peur que ça détruise ta relation avec Cremia, alors ne t'en fais pas, je me suis arrangée pour que ça ne soit pas le cas.

— Elle ne t'a pas cru, tu le sais ça ? »

Il vit sa meilleure amie pâlir et pendant un bref instant il regretta de lui avoir dit.

« Je…Ah… Je suis désolée…

— Ne t'inquiète pas, tout va bien.

— Je voulais juste qu'elle…

— Anju, c'est bon je te dis ! Elle ne t'en veut pas. Je lui ai tout avoué.

— Mais… Elle n'a pas été trop en colère ? »

Kafei secoua la tête et elle parut soulagée.

« Tant mieux alors.

— Nous avons rompus. »

A la vue de la soudaine blancheur de son visage et du regard choquée d'Anju, Kafei se maudit lui-même. Peut-être n'aurait-il pas dû lui annoncer si abruptement ?

« Je suis vraiment désolée, bredouilla-t-elle. Ce n'était pas mon attention !

— Calme-toi. Même sans ça, nous aurions rompus de toute façon.

— Comment ça ?

— Disons que j'ai beaucoup réfléchi et que ce n'est pas Cremia dont je suis amoureux.

— Je ne comprends pas…

— Anju. C'est toi que j'aime. »

La jeune femme le fixa un long moment, yeux ouverts encore plus grands que quelques minutes auparavant – et il se demanda comme elle en était capable – avant de répliquer sèchement :

« Tu mens.

— Pas le moins du monde.

— Arrête ça.

— Arrêter quoi ? De dire la vérité ?

— Non, de jouer avec mes sentiments. »

Les deux personnes se fixèrent silencieusement tandis qu'un tendre sourire apparaissait sur le visage de l'homme et que des rougeurs venaient colorer les joues de la femme.

« O-Oublie ce que je viens dire ! Balbutia-t-elle.

— Impossible. »

Gênée, Anju voulut partir mais non seulement fut-elle bloquée par un amas d'objet sur le sol mais aussi, Kafei lui attrapa le bras pour l'empêcher de s'enfuir. Puis il la prit dans ses bras et la serra fort de peur qu'elle ne disparaisse.

« Je ne mens pas Anju. J'ai enfin compris pourquoi j'étais si jaloux de Pierre, pourquoi je n'aimais pas te voir avec un autre homme que moi. Ca peut te sembler grotesque ce que je dis, mais crois-moi je n'ai jamais été aussi sérieux de toute ma vie. Je veux être à tes côtés.

— Mais Cremia…

— Cremia a très bien compris ce qu'il se passait et m'a poussé à venir te voir, répondit-il. Je sais qu'elle est triste, elle ne peut pas me le cacher, mais je pense… Je pense qu'elle s'est déjà fait une raison. »

La brune le fixa intensément et il put lire dans ses yeux bleus le doute et la peur qui l'accaparaient. Il la serra un peu plus fort et huma l'odeur de ses cheveux. Myrtille. Il l'appréciait déjà.

« Je ne sais pas, Kafei, déclara-t-elle après un long moment de silence. C'est si soudain… »

Le jeune homme ne répondit pas mais un sourire étira ses lèvres lorsqu'elle posa timidement ses lèvres sur sa joue. Ce n'était pas grand-chose mais pour lui, c'était comme un nouveau d'abord qui commençait.

XXX

Le plus discrètement possible, Anju quitta l'auberge. Elle ne souhaitait pas que sa mère sache qu'elle avait rendez-vous avec Kafei : celle-ci s'était énervée lorsqu'elle avait su qu'elle avait rencontré Kafei chez Théo. Inutile de dire qu'elle ne lui dirait jamais ce qu'il s'y était passé. A vrai dire, Anju elle-même avait encore de la peine à y croire.

Une fois à l'extérieur, elle se félicita d'avoir mis son gilet et elle prit la direction de l'Observatoire. Lorsqu'elle arriva enfin au lieu, elle trouva Kafei et le vieil homme en pleine discussion. Ils se tournèrent vers elle et elle eut un sourire timide lorsqu'elle vit celui narquois de leur hôte. L'astronome leur souhaita une bonne soirée avant de retourner auprès de son télescope géant, tandis que Kafei attrapait la jeune femme par la main et la faisait sortir de l'Observatoire.

Une fois à l'extérieur de l'Observatoire protégé des monstres par une barrière qui entourait les lieux, Kafei aida Anju à monter sur le toit du bâtiment où une nappe avait été installée.

« Est-ce que c'est une bonne idée de pique-niquer sur le toit de l'Observatoire… ? Le toit est arrondis et…

— Mais non, tu verras, on s'en sortira.

— Tu as souvent dit ça et généralement, ça s'est mal passé.

— C'est-à-dire ? » Lui demanda-t-il d'un air suspicieux.

Un sourire en coin apparut sur les lèvres de la jeune femme et elle ne dit rien pour laisser un peu de mystère.

« Anju… ? »

Elle alla s'asseoir silencieusement sur la nappe comme si de rien n'était.

« Anju, qu'est-ce que tu sais que tu ne devrais pas savoir ?

— Hm… Par exemple, la fois où tu as promis de récupérer le chat d'une habitante et qu'il a fallu monter aux arbres. « Tout ira bien », as-tu dit… Et paf, un Kafei sur le sol !

— Attends… Comment t'es au courant de ça !? »

L'air choqué de Kafei était si drôle qu'elle attrapa le fou rire. Elle le vit faire une moue boudeuse et cela accentua son fou rire. Il vint se poser à ses côtés, les yeux plissés et croisa les bras. Lorsqu'enfin, elle arrêta de rire, elle lui répondit :

« Je ne dévoilerai pas mes sources.

— Théo ?

— Non.

— Cremia ?

— Non plus ? »

Elle vit ses sourcils se froncer mais elle n'ajouta rien de plus. Il était hors de question qu'elle lui dise qu'elle était présente sur les lieux lorsqu'il avait essayé de récupérer le chat dans l'arbre. A cette époque, elle l'avait trouvé courageux maintenant, elle le trouvait inconscient. Elle lui tapota l'épaule avant de remarquer ce qu'il portait autour du cou.

« Tiens, tu le portes.

— Hum ? Oh, le collier ? Je le veux depuis que je suis petit alors maintenant que je l'ai… !

— Contente qu'il te plaise ! Déclara-t-elle puis elle ajouta plus pour elle que pour lui : peut-être que la vendeuse avait raison…

— Raison sur quoi ?

— Euh… Rien, oublie !

— Non ! Cette fois-ci, tu me le dis ! »

Et il lui fit un tel regard de chien battu qu'elle eut pitié et se sentit obligée de lui raconter l'histoire que la vendeuse lui avait raconté à propos du collier. Kafei l'écouta sans la couper un seul instant. A la fin du récit, il fit mine de réfléchir puis déclara :

« Ah, mais en fait, tu as fait exprès de m'offrir ce pendentif !

— Quoi !? Jamais je… Je n'ai jamais cru un seul instant que… ! Je t'assure que je n'y ai pas pensé une seule fois !

— Relax, je te taquinais. »

Pour toute réponse, Anju fit une moue boudeuse et son petit-ami (et cela lui faisait réellement étrange de l'appeler ainsi après tant d'années à espérer) se moqua ouvertement d'elle avant de la prendre dans ses bras et de lui susurrer à l'oreille qu'elle était très mignonne. Anju frissonna de plaisir et se laissa aller contre le torse de Kafei, se disant qu'elle pourrait passer le restant de ses jours dans les bras de son cher et tendre.

A ce moment-là, elle était loin de se douter que quelques épreuves encore l'attendaient.