Cela faisait 10 ans que Link était revenu de Termina, et, à son grand soulagement, la situation en Hyrule avait fini par se stabiliser. Les Gorons et Le Zoras faisaient désormais des plus en plus de commerce avec les Hyliens. De plus, le roi avait réussi instaurer un climat diplomatique avec les Gerudos. Désormais, tout allait bien en Hyrule.

La princesse Zelda allait se marier avec le fils d'un roi voisin et son jeune frère Alkios allait lui commencer un apprentissage avancé d'escrime.

Et Link dans tout ça ?

Eh bien, le petit garçon de 12 ans avait bien grandi, et vivait désormais dans le bourg d'Hyrule où il faisait danser et s'émerveiller les Hyliens au son de son ocarina. Toutes les mélodies qu'il avait apprises à Termina s'ajoutèrent à son répertoire déjà bien rempli. Pourtant, il y avait un chant qu'il n'avait jamais joué en public : c'était le chant de l'Apaisement.

C'était une ballade tellement sinistre et mélancolique qu'il ne pouvait l'exposer. Au fond de lui, il savait que ce chant appartenait à Termina, et pas à Hyrule. Et ce cette mélodie était là pour apaiser les morts et les mourants.

Link vivait ainsi, entre ses représentations et ses phases tranquilles de repos : il avait vraiment mis son costume de héros au placard.

Mais, un jour, on toqua à sa porte en plein milieu de sa pause de l'après-midi. Interloqué, Link ouvrit la porte et laissa une silhouette encapuchonnée entrer chez lui. La silhouette enleva sa capuche, dévoilant son visage : C'était la princesse d'Hyrule, Zelda. Le héros étouffa un cri de surprise, les yeux écarquillés :

« Princesse ?! Que faites-vous ici ?

- Link, j'ai besoin de votre aide.

- Pardon ?

- On vante vos talents de musicien partout dans le royaume, et je pense que vous pouvez apaiser mon père. Il est très malade, voire mourant, et vos chants pourraient apaiser son esprit.

- Eh bien, j'en serais très honoré, princesse. Je suis flatté que vous ayez pensé à moi.

- Bien. Soyez au palais pour 19 heures. Je veillerai personnellement à ce que vous puissiez entrer. »

La princesse repartie, Link s'assit et se mit à réfléchir. S'il devait apaiser les tourments du roi, c'était le chant de l'Apaisement qu'il devait jouer. Or, il s'y refusait. Ce chant avait des pouvoirs insoupçonnés. Finalement, il soupira. Le roi devait être soulagé, et c'était la princesse Zelda qui lui avait demandé : il ne pouvait se dérober à cette tâche. Alors, Link prit sa partition et commença à la retravailler.

Lorsque Link arriva aux portes du palais, il constata qu'il put rentrer très vite : la princesse n'avait pas failli à sa parole. D'ailleurs, ce fut elle qui conduisit le héros en face de son père. Elle le regarda un instant, l'air grave :

« Faites en sorte que tout se passe bien. »

Puis, après avoir parlé, elle recula d'un pas. Link aperçut brièvement Alkios, le frère de la princesse, qui le fixait d'un air impossible à déchiffrer.

Le jeune homme prit alors son ocarina et entonna le chant de l'Apaisement, tout doucement, sans brusquer le roi qui paraissait vivre ses derniers instants. Puis Link recommença à jouer plus rapidement la douce et sinistre litanie. Enfin, le roi l'observa de son regard sage mais fatigué :

« Merci, jeune homme….Quel est ton nom ?

- Link, votre Altesse.

- Je te remercie avec toutes les forces qu'il me reste encore. Si tu étais héros ou chevalier, je t'aurais offert la main de Zelda avec grand plaisir, mais la vie est décidément mal faite….Pour te remercier, voici un modeste présent. C'est une harpe sertie d'argent qui appartenait à mon ancêtre, qui était plutôt mélomane. Je te la confie, car ce trait de caractère n'est désormais plus récurrent dans ma famille…

- Merci, mon roi. J'en prendrai soin. »

Soudain, un homme d'une vingtaine d'années entra dans la salle du trône. Il était grand, plutôt bel homme, aux muscles bien dessinés et aux cheveux plus noirs que le charbon, mais son regard était animé d'une lueur mauvaise et malveillante :

« Mon bon roi…..Vous m'avez promis votre fille depuis presque deux ans maintenant. Il serait peut-être temps d'officialiser l'union !

- Calmez-vous, Majora, commença la princesse. Maintenant que Père est apaisé et presque guéri, nous allons pouvoir nous marier.

- Oh ! et qui a guéri le roi ?

- Moi. »

Link avait parlé d'une voix forte, ses instruments à la main. Le dénommé Majora s'approcha de lui, l'air narquois et lui murmura à l'oreille :

« Je sais qui tu es, Enfant de la Lune, et c'est moi-même qui a possédé Skull Kid il y a 10 ans. Je suppose que le nom de Termina t'évoque quelque chose, n'est-ce pas ? Tes pires craintes se sont réalisées. Tu aurais peut-être pu vaincre le masque, mais comment vas-tu en terrasser l'incarnation humaine ? »

Majora recula, fixa Link d'un air goguenard et tourna les talons.