Titre : L'enfant loup

Résumé : Une soirée trop arrosée. Le moral au plus bas. Un inconnu dans une chambre, entreprenant, dominant. Un désir violent, subit, inquiétant. Stiles, jeune androgynus qui n'assume plus son corps, tombe enceint sans l'avoir désiré. De cet inconnu brûlant dont il ne gardera en souvenir que la couleur unique de ses yeux sauvages. Mais l'enfant qu'il met au monde transformera son dégoût de lui en amour profond. Et ce n'est pas n'importe quel enfant. C'est un louveteau. La race la plus rare des canidés. Protégé, caché, ce petit grandira à l'abris les trois premières années de sa vie. Jusqu'à ce que des loups découvrent son existence.

Stiles, aidé de son meilleur ami Scott et de son père, devra se battre pour garder son enfant auprès de lui.

Rating : M (difficile de faire autrement xD)

Genre : Aventure/Romance/Violence/Sexe et Mpreg

Disclaimer : les personnages et l'univers de Teen Wolf appartiennent à Jeff Davis (bénissez-le!) Quant à l'univers thérianthropes issu du manga Love Pistols, il appartient au mangaka Tarako Kotobuki

Nombre de chapitres prévus : 10~15

Ndla : et voui, me voilà de retour avec une nouvelle tentative ... j'espère que vous accepterez mes plus humbles excuses pour ma disparition. Je ne sais pas si certains d'entre vous se souviennent, mais j'avais essayé une première version de cette fic il y a quelques mois, c'était une fic très sombre, très violente, qui a fini par me miner complètement le moral et m'enlever l'envie d'écrire. Je vous prie de me pardonner pour ne rien vous avoir dis, mais comme je n'étais absolument pas certaine de revenir avec cette histoire, j'ai préféré ne pas donner de faux espoirs. Seulement ... il y a quelques semaines, en pleine nuit, j'en ai eu ras-le-bol de ruminer tout ça, alors j'ai attrapé un cahier, un stylo, et j'ai craché ce premier chapitre, comme ça ! Et puis le reste à suivi ... Donc, ce sera une fic bien moins sombre que la précédente. Le début sera un peu identique à la première version, donc, pour ceux qui ont encore en tête ce qu'il se passe dans les premiers instants, j'espère que vous ne vous ennuierez pas ;)

Je vous retrouve en bas mes petits louveteaux ... en espérant grandement que ça vous plaise *toute nerveuse*

Ps : attention à vous, présence immédiate de lemon


1

- Mec, j'crois qu'j'vais gerber …

- … non, non, pas trop, en fait j'suis pas très film à gros budget, genre j'ai jamais vu Star Wars.

- Hey, Scotty … j'me sens mal …

- … jamais vu ? Star Wars ?! Tu sais pas ce que tu loupes !

- Ouais on me l'a déjà dit.

- Scotty, c'est normal que le fauteuil me regarde méchamment ?

- … jamais vu non plus le Seigneur des Anneaux, ni Avengers, ni même Harry Potter. Euh si, j'ai dû voir le premier quand même, mais j'm'en rappelle pas.

- Scoooootty !

- Mais j'suis prêt à rattraper mon retard !

- Ah oui ?

- Ouais genre on pourrait se programmer des journées films si ça te dis, et tu me feras découvrir tout ça.

- Scotty ?

- Comme … des rendez-vous ?

- Quoi ?! Non ! Non, non …

- Merde, j'ai un goût de chocolat dans la bouche … me rappelle pas 'voir mangé d'chocolat.

- Enfin, ouais, des rendez-vous si tu veux.

- Scotty, le fauteuil me fout la trouille !

- D'accord, ça me plairait bien.

- Scotty Scotty Scotty Scotty Scotty Scotty !

- Putain mais quoi ?!

Stiles, un grand sourire nigaud aux lèvres, adressa un regard vaseux à son meilleur ami, prit une grande inspiration et lâcha le rot le plus sonore de l'histoire de tous les rots. La jeune fille qui se trouvait en face de Scott, belle, délicate, et asiatique, fronça un peu le nez sans s'empêcher de sourire. Quant à Scott, il leva les yeux au ciel, très gêné.

- Hé hé hé hé hé, se mit à rire Stiles.

- Je t'adore, mon pote, lui murmura Scott en se penchant vers lui avec un air de conspirateur, mais là tout de suite je voudrais juste t'enterrer vivant !

- Hé hé hé hé hé !

- Allez, va cuver ailleurs ! Tu me casses mon coup ! Et tant que t'y es, si tu pouvais mourir d'un coma éthylique dans un coin, ça m'arrangerait.

Tout en continuant à rire, les joues rouges à cause de l'alcool, les cheveux hirsutes sur le haut de son crâne et collés à son front par la sueur, Stiles se redressa en tanguant, l'air de vouloir se dissoudre en une flaque de bière-vodkaorange-ponch-liquidenonidentifié à tout instant. Un peu inquiet tout de même, car il n'était pas dans les habitudes de son meilleur ami de se mettre dans des états pareils, Scott le suivit du regard avant d'en revenir à la jeune femme assise en face de lui, sur le canapé. Elle lui souriait. Elle semblait à la fois amusée et attendrie. Sa précédente relation s'étant très mal terminée – quelle idée aussi de se mettre en couple avec une félidée ! – Scott était bien décider à passer à autre chose. Et cette fille, cette Kira belle comme une déesse, canidée en plus de ça, semblait être un ange tombée du ciel rien que pour lui redonner le sourire. Alors il oublia Stiles.

Ce-dernier, à quelques pas de là, s'approcha du buffet où se trouvaient des dizaines de bouteilles d'alcool ouvertes, et s'y agglutina en tanguant, soudé à la table, tel un pauvre naufragé accroché à une bouée en pleine tempête. Il attrapa un verre qui trainait là, et qui appartenait vraisemblablement à une femme à voir les traces de rouge à lèvre sur les bords, et but ce qu'il contenait. Il déglutissait à peine qu'un haut-le-cœur le prit. Trop d'alcool. Trop mal au ventre. Trop envie de gerber.

Malgré les litres d'alcool dans son sang, Stiles resta tout de même assez lucide pour penser que vomir au milieu du salon de la belle Lydia Martin n'était pas une bonne idée. Certes, la jeune femme ignorait totalement son existence et Stiles aurait tout fait pour qu'elle le voie enfin, mais recouvrir son beau parquet d'alcool régurgité n'était peut-être pas la meilleur des façons de faire. Alors, vaille que vaille, il fendit la foule à coup de brasses vigoureuses – fier marin au milieu de la tempête ! – et nagea courageusement vers le premier étage. A moins qu'il ne se trompe, la salle de bain était en haut.

Parvenu à destination, il remercia le ciel de trouver la petite pièce blanche et dorée totalement vide d'une autre présence humaine, s'enferma, releva la lunette des toilettes et vomit tout ce qu'il savait. Tout à son affaire, il se dit que ce serait pas mal de réussir, par la même occasion, à faire sortir cette chose de son corps. Cet organe en trop dont il ne voulait pas, mais qu'il avait été forcé d'accepter. Cet utérus.

Grandeur et décadence de la société thérianthrope du vingt-et-unième siècle : la chute démographique était telle, surtout chez les canidés, de plus en plus supplantés par les félidés et leurs supers lions reproducteurs, qu'une nouvelle loi avait été votée et approuvée. Parmi la population la moins pure – du genre bâtard sans pédigrée – cinq pourcents des jeunes, choisis au hasard évidemment, devaient être transformés en androgynus. Autrement dit, des jeunes mâles comme lui se voyaient forcés d'être transformés en femelle. Enfin, pas tout à fait. Ni tout à fait homme, ni totalement femme. A présent, Stiles était un garçon de seize ans avec un utérus, qui pouvait tomber enceint dès qu'un mâle aux phéromones suffisamment puissants parviendrait à le faire ovuler et, accessoirement, à le baiser. Oui, parce que, Stiles étant malchanceux de naissance, il avait évidemment été tiré au sort pour être transformé. Le seul de tout l'état de Californie. Vive la reine d'Angleterre. Vive l'Amérique, et surtout, vive le ponch !

Après avoir arrosé une dernière fois les délicats toilettes de Lydia Martin d'une nouvelle vague de vomis malodorante, Stiles se redressa, prit une grande inspiration, et se sentit tout de suite plus léger. Avoir moins d'alcool dans l'estomac l'aidait déjà à y voir plus clair. Mais ça ne l'aidait évidemment pas à oublier la douleur pulsante et aigüe qui tordait son ventre. Le développement de l'utérus était censé être terminé depuis trente-six heures selon le médecin, tout semblait s'être bien déroulé, mais la douleur était toujours là. Horrible. Comme un corps étranger dans son propre corps. Sentant une vague de colère et de dégoût le submerger, Stiles regretta aussitôt de s'être si efficacement débarrasser de l'alcool. Voilà, maintenant il allait falloir tout recommencer à zéro, verre après verre, quitte à vomir sur Scott. Tiens d'ailleurs, ce serait bien fait pour lui.

Tout en riant de lui-même, des larmes au coin des yeux, Stiles fit couler l'eau du robinet, se pencha au-dessus du lavabo et s'arrosa le visage avant de se rincer la bouche à l'aide d'un bain de bouche trouvé sur une étagère. Puis, sans raison particulière, il se savonna les mains. Maintenant, il était sûr et certain que Lydia, la belle et intelligente Lydia, ne le verrait jamais. Il y avait déjà très peu de chance avant pour qu'elle le regarde un jour, mais alors maintenant qu'il était androgynus, tout était foutu – et il avait bien conscience que, s'il avait été invité à cette super fête d'anniversaire dans la maison des Martin, c'était uniquement grâce à Scott, co-capitaine de l'équipe de Lacrosse du lycée. Et c'était tout autant cette constatation que ces douleurs abdominales qui l'avait rendu dépressif. Certes, son père et Scott, de même que Mélissa, la mère de Scott, qui avait elle-même suivi sa transformation puisqu'elle était infirmière, l'avaient énormément soutenu. Son père, Shérif de la ville, ne l'en avait aimé que davantage, le rassurant chaque jour, ne cessant de lui répéter que, malgré cela, il resterait son fiston. Mais cela n'empêchait pas Stiles de se sentir mal. Terriblement mal.

C'était comme si son corps ne lui appartenait plus, comme s'il n'avait plus aucun contrôle sur sa vie et sur la personne qu'il était réellement. Quelqu'un l'avait dépouillé de ce droit, l'avait privé de ce faible pouvoir de décision. Mais qui ? Qui haïr pour ça ? N'ayant personne sur qui reporter sa rage et son désespoir, Stiles se punissait lui-même. Avec l'alcool. Avec les larmes. Avec les insultes. Hors de question qu'il s'en prenne à son père, à Scott ou à sa mère défunte qui lui manquait cruellement. Il se haïssait lui-même. Il se haïssait pour ce qu'il était devenu, alors qu'il n'était responsable de rien.

Il se redressa, appuyé au lavabo, et croisa son regard dans la glace. Il avait l'air complètement défoncé, si torché, qu'il en rigola de surprise. Pas mal pour un gamin de seize ans ! Il n'aurait jamais imaginé tenir à ce point l'alcool. Puis, tout sourire disparu, il inspecta son visage. Sa peau pâle, ses grains de beauté, ses yeux dorés, ses cheveux bruns relevés et recoiffés par l'eau. Rien ne semblait changé. Les injections d'œstrogène prescrites pour aider son corps à supporter l'utérus étaient si faiblement dosées que son visage n'en avait même pas été transformé. Un peu ses hanches, peut-être, légèrement plus fines. Et sa pilosité. Pas eu besoin de se raser ce matin. Non pas que ses poils soient du genre hyper envahissant, mais quand même, il avait pris l'habitude, par coquetterie, de sortir le rasoir tous les matins. Mais là, pas besoin. Et ç'avait été comme un coup de poing dans l'estomac.

Lorsqu'il prit conscience qu'il se regardait dans les yeux depuis plusieurs minutes, il éclata de rire, se redressa, adressa un salut militaire à son reflet dans le miroir, et sortit. En bas, la musique, les rires et les voix continuaient, sans se soucier de sa petite crise existentielle. Et tant mieux. Personne au lycée, ni même dans la ville, mis à part son père, Scott et sa mère, n'était au courant pour lui pour le moment. Et c'était mieux ainsi. Cette loi était peut-être dégueulasse, mais elle garantissait l'anonymat aux sélectionnés. Du moins jusqu'à ce que leur odeur de femelle soit repérée par les plus malins des mâles autour d'eux. Et pour ça, Stiles était hors de danger. Tous les mecs au lycée de Beacon Hills étaient des pieds de table, il ne craignait rien.

Le couloir de l'étage était silencieux. Stiles, un goût chimique de menthe poivrée dans la bouche, prit une grande inspiration, se glaçant littéralement la gorge, et s'arma de courage pour repartir à l'assaut des bouteilles d'alcool qui n'attendaient que lui dans le salon. Mais soudain, le silence parla. Une voix étouffée, des gémissements. Quelque chose qui sembla percuter un mur. Stiles dressa l'oreille et fit volte-face, scrutant le long couloir qui s'étendait devant lui. Belle moquette rouge, murs blancs, lustre au plafond, photographies de Doisneau et Depardon accrochées tout du long sur près de sept mètres. Et ces gémissements en fond sonore, ces grognements. Intrigué, curieux comme un jeune chiot, Stiles se risqua dans le couloir, un petit sourire aux lèvres.

Surprendre Scott en pleine séance de léchouille avec sa conquête de la soirée, belle petite renarde, avait de quoi le réjouir. Très vite, le jeune canidé identifia la chambre d'où étaient issus les bruits, et s'invita à la fête. Sauf que ça n'était pas Scott. Et ça n'était pas la renarde non plus.

En fait, c'était Allison, l'ex-petite amie de Scott, félidée un peu trop imbue d'elle-même et autoritaire qui n'en restait pas moins sympathique mais toujours en quête de liberté. Elle n'était pas seule. L'homme avec elle, un canidé d'après l'odeur brûlante qu'il dégageait, lui était totalement étranger mais Stiles décréta derechef qu'il le trouvait antipathique avec ce visage renfrogné, ces sourcils froncés et cette puissance bien trop significative qui se dégageait de son corps massif. Gros gabarit. Gros gabarit aux phéromones agressifs. Gros gabarit aux phéromones agressifs interrompus en plein milieu d'un déshabillage intensif. Car Allison, essoufflée, les joues rouges et les cheveux défaits, n'avait plus sur elle que sa jupe courte relevée sur ses cuisses, et son soutien-gorge. Son chemisier, quant à lui, avait échoué aux pieds d'un lit volumineux aux draps sombres. Quant au canidé, il était torse nu et la braguette de son jean noir était grande ouverte.

- Hé hé hé hé hé, rigola Stiles en montrant la jeune félidée du doigt.

- Stiles ! éructa cette-dernière, à la fois agacée et honteuse.

- Aaaaaaaaloooooooors ! J'croyais qu'tu voulais plus 'voir affaire aux ! aux canidés ?

Allison, tout en rajustant l'une des bretelles de son soutien-gorge, lui jeta un regard noir. Trois mois plus tôt, lorsqu'elle avait quitté Scott, elle lui avait balancé à la figure qu'elle le trouvait bien trop dépendant, collant, affectueux bref, en gros elle lui avait reproché de ne pas être un félidé. Et la tristesse de Scott avait été si terrible que Stiles l'avait encore en travers de la gorge.

L'ennui c'est que le garçon venait de se rendre compte que, contrairement à ce qu'il avait cru, cette petite séance de vomissement ne lui avait pas rendu totalement sa lucidité. Sa voix était encore incertaine, sa bouche pâteuse, et il hoquetait. De plus, il était manifestement obligé de s'adosser à la porte pour ne pas tomber. Ce qui fit comprendre à Allison qu'il n'avait sans doute pas l'intention de bouger. Alors qu'en fait, Stiles n'avait aucune idée de ce qu'il allait faire, il se contentait de rester là et de sourire en retenant ses vertiges, le corps chaud et la tête lourde.

Alors, tout en adressant à peine un regard à son partenaire à moitié nu, Allison ramassa son chemisier, prit le temps de l'enfiler, et sortit de la chambre, laissant les deux canidés ensembles. Et Stiles rigola lorsqu'elle passa près de lui. Et il rigola encore lorsqu'elle fut partie. L'ennui c'est que l'homme resté dans la chambre ne semblait, lui, pas trouver ça drôle.

Il parla. Mais Stiles n'entendit pas. Ça raisonnait dans sa tête, ça bourdonnait dans ses oreilles. Et il avait chaud, soudainement très chaud. Le canidé s'approcha et son odeur brûlante, musquée, tenace, frappa Stiles de plein fouet. Les phéromones étaient incroyablement puissantes, même pour un gros gabarit. Le plus jeune sentit son corps s'alourdir. Se relaxer. S'ouvrir …

Ses yeux s'écarquillèrent. L'homme était tout proche, si proche qu'il pouvait voir, malgré l'obscurité, la couleur étonnante de ses yeux gris-bleu nuancés de vert. Si proche qu'il pouvait voir ses crocs et sentir plus encore la force très distincte de ses effluves, comme s'ils avaient une volonté propre. Un loup. C'était un loup. Les plus puissants et les plus rares des canidés. Un loup, ici, à Beacon Hills ?! Lydia avait très certainement, pour s'amuser, mélangé de l'ecstasy au ponch. Ah, la bonne blague ! Il faudrait qu'il pense à lui raconter cette histoire bien drôle. Enfin, le jour où elle aura remarqué sa présence, bien sûr.

Stiles déglutit. Dans son ventre, un fourmillement remplaça la douleur. Et là il sut ce que le loup en face de lui était en train de faire. Il était en train de l'appeler. Ses formidables sens décuplés avaient senti la femelle à peine formée en lui et se délectaient à provoquer son corps nouveau, à provoquer … une ovulation. C'était un appel à l'accouplement. Stiles se raidit et, inconsciemment, recula, mais son dos ne fit que heurter la porte. Et lorsque les lèvres charnues du loup remuèrent, cette fois il fit l'effort d'écouter.

- … androgynus, hein ? Je parie que t'es la petite pute de ton lycée.

Stiles voulu répliquer, une petite pique bien sarcastique et bien cinglante, telle était sa marque de fabrique, mais ses lèvres tremblaient et sa voix refusa de sortir. Tout son corps semblait en fusion. Son sang était si chaud qu'il lui faisait mal, et son ventre fourmillait tant qu'il lui semblait qu'un millier de fourmis s'étaient invitées dans ce creux, ce creux si intime et si obscur de lui-même qu'il haïssait depuis des jours. Cet utérus. Ouvert. Prêt à accueillir. Prêt à recevoir la semence. Malgré son dégoût. Malgré qu'il n'en ait pas envie.

C'était ce que Mélissa lui avait dit lorsque, ivre de colère après qu'il eut appris qu'il avait été tiré au sort pour la transformation, il s'était mis à hurler qu'il ne serait jamais une femelle, jamais une poulinière, et qu'aucun mâle ne le sauterait jamais. Là, la mère de son meilleur ami lui avait dit, avec un calme olympien :

- Tu n'auras pas le choix, Stiles. Ton corps se soumettra pour toi.

Et c'était exactement ce qui était en train de lui arriver. Une peur panique et justifiée l'envahit et Stiles tenta une volte-face afin de s'échapper de l'emprise du loup, mais ce-dernier avait de bien meilleur réflexe que lui, sans compter que le jeune canidé, encore sous l'emprise de l'alcool, tangua dans le mouvement et percuta la porte, ce qui freina sa tentative.

D'abord, il eut le souffle coupé, puis il ouvrit la bouche pour hurler, mais le loup l'en empêcha en écrasant une main brusque sur ses lèvres. Rapidement, ils se retrouvèrent sur le lit. Stiles se débattit mollement. A cause de l'alcool, oui, mais surtout parce qu'il en avait de moins en moins envie.

Pourtant, les mâles ne l'avaient jamais vraiment intéressé bien que, et il n'avait pas peur de l'admettre, il lui était déjà arrivé d'en regarder quelques-uns et de les trouver intéressant. Mais là, en ce moment, ce loup qui le surplombait à moitié nu ; ce loup sur lui qui tentait de le déshabiller tout en l'immobilisant ; ce loup n'était pas seulement intéressant. Il était diablement … appétissant. Des épaules larges et puissantes, un torse musclé recouvert d'une fine toison noire, des bras forts et brusques, des mains grandes et autoritaires. Et ce regard, hypnotique, brûlant. Du gris. Du bleu. Du vert. Du rouge. Le loup prenait le dessus, difficilement rabroué par l'humain. Et Stiles comprit que cet homme si sexy qui venait d'habilement le débarrasser de son pantalon, était bourré lui aussi. Il le sentait dans son haleine chaude, par l'odeur que dégageait sa peau brune, rugueuse, et par l'éclat désinhibé de ses yeux aux couleurs si intimement liées. Donc, ils étaient complètement torchés tous les deux, et ils s'apprêtaient à coucher ensemble. Trente-six heures seulement que sa transformation était terminée, il ne pouvait pas déjà être fécond, si ?

Soudain, leurs yeux s'accrochèrent. Sans doute parce que Stiles avait brutalement cessé de se débattre. Le loup semblait le questionner du regard. Et dans ces yeux, le plus jeune y vit le même égarement qu'il avait vu dans les siens, quelques minutes plus tôt, dans la salle de bain. Un égarement qu'il avait d'abord feint de ne pas remarquer. Des jours que Stiles avait l'impression de ne plus être lui-même, que son corps ne lui appartenait plus, ni sa vie d'ailleurs, et tout ça, il le lisait aussi dans le regard du loup au-dessus de lui. Ils étaient perdus, l'un et l'autre, en quête d'une autre issue.

Une vague puissante d'effluve frappa Stiles une seconde fois, et l'androgynus gémit sans pouvoir s'en empêcher. Du regard, il donna son accord. Parce qu'il en avait envie. Parce qu'il voulait retrouver le contrôle de son corps. Parce qu'il voulait se donner l'illusion de pouvoir encore prendre les décisions. L'autre ne se le fit pas dire deux fois et, brusquement, le pénétra. Stiles en eut le souffle coupé.

Contrairement à ce qu'il avait cru, le sexe du loup glissa facilement en lui, mais non sans douleur. Facilement, sans aucune préparation, pourquoi ? Deux choses : la force des phéromones du loup, et le corps très réceptif de Stiles. Mais aussi parce que les androgynus avaient cette capacité de se lubrifier eux-mêmes, comme les femelles. Dégoûtant. Stiles frissonna, gémit, les yeux fermés, des perles de larmes accrochés aux cils.

Au-dessus de lui, frissonnant de désir contenu, le loup grogna, montra les crocs, donna un coup de rein agressif, puis fondit sur son cou et sembla vouloir se cacher au creux de sa clavicule. Puis il commença à imprimer de vifs va-et-vient, secs, puis plus lents et plus profonds. Stiles gémit, de brefs grognement à peine distincts tant la douleur était encore présente, puis il se mit à gémir presque sans interruption lorsque le plaisir devint diffus. La douleur était toujours là, mais elle accompagnait le plaisir à un degré supportable qui lui permettait de garder les pieds sur terre. Le souffle du loup sur sa gorge était chaud, et sa peau brûlante et rugueuse contre la sienne, plus douce.

Ils ne firent pas l'amour. Impossible, ils ne se connaissaient même pas. Ils baisèrent. Par cet acte charnel totalement instinctif, ils tentèrent de reprendre le contrôle sur eux-mêmes. Stiles ignorait évidemment la raison qui poussait ce loup à se sentir si perdu, si blessé, et à vrai dire il s'en fichait. Le plus important pour lui pour l'instant était de retrouver le contrôle.

Sauf que, le plaisir allant crescendo, ce contrôle ne faisait que lui échapper. Mais il se réconciliait avec son corps. Ce corps qu'il haïssait depuis des jours, et qu'il apprenait à aimer. Parce que c'était bon. Terriblement bon ! Alors il ferma les yeux et se mit à crier. Ce qui ne plut pas vraiment au loup qui, lui, se contentait de grogner son plaisir en tentant de rester le plus discret possible. C'est qu'ils n'étaient pas seuls, dans cette maison.

Alors, se redressant, il donna un violent coup de rein qui fit crier le plus jeune, se retira de lui, le retourna sur le ventre, et replongea dans son corps avec une facilité déconcertante. Stiles recommença à crier mais, cette fois, tout en se laissant de nouveau tomber sur lui, le loup lui plaqua une main sur la bouche, comme il l'avait fait précédemment, étouffant sa voix.

En fait, ça ne dura pas longtemps. Dix minutes ? A peine quinze ? Le loup, fatigué par l'alcool et une colère bouillonnante que Stiles pouvait sentir à travers ses mouvements agressifs et désespérés, semblait vouloir trouver la délivrance dans la jouissance. Dans l'abandon. Il éjacula dans un grognement guttural, la bouche tout près de l'oreille de Stiles, et ferma les paupières alors que ses yeux se voilaient de milliers de petits points noirs. Sous lui, Stiles gémit une dernière fois, la voix cassée, puis se tut. Totalement embrumé de plaisir, il ne réalisa pas tout de suite que le loup ne s'était pas retiré avant de jouir.

Il y pensa uniquement lorsque, la peau piquetée de frissons, il revint à lui quelques minutes après que le loup eut disparu. Il était seul dans la chambre, sa tête était chaude, ses oreilles bourdonnaient, ses jambes tremblaient et ses reins semblaient en feu. Mais rien d'autre n'habitait le jeune canidé que cette certitude, en cet instant : il devait se nettoyer. Maintenant. Avec les gros gabarits, surtout ce genre de gros gabarit puissant, les choses pouvaient aller très, très vite. Il l'avait appris en cours d'éducation sexuelle thérianthrope. Les premières minutes étaient primordiales s'il voulait se nettoyer efficacement. Alors Stiles bougea, se redressa en poussant sur ses bras, se répétant en boucle :

- Salle de bain, salle de bain, salle de bain, mais qu'est-ce qu'il m'a pris, putain, qu'est-ce qu'il m'a pris ?! J'boirais plus jamais une goutte d'alcool de ma vie ! Plus jamais ! Scotty la prochaine fois que tu m'invites à une fête j'te lynche !

Avant de descendre du lit, il eut la présence d'esprit de se vêtir correctement, histoire de ne pas avoir l'air de quelqu'un qui venait de baiser avec un parfait inconnu si jamais il croisait quelqu'un dans le couloir, et constata dans une grimace un peu dégoûtée que sur ses cuisses se trouvaient quelques traces de semence. Avec un peu de chance, ce foutu loup avait visé à côté. Mais, quand même, mieux valait être sûr. Alors il se leva.

Trop vite. Beaucoup trop vite.

D'abord, il chancela légèrement mais, habitué à être dans cet état depuis au moins deux bonnes heures, il n'y prit pas garde. Sauf que, quand ses yeux commencèrent à se voiler, là il comprit que le temps lui était compté. Et qu'il ne lui restait genre que trente petites secondes avant qu'il ne …

- Et merde, marmonna-t-il avant de tomber évanouit.

...

C'est après avoir échangés leurs numéros et la promesse de se revoir que Scott et Kira se séparèrent. Il était près d'une heure du matin et la jeune fille, censée être de retour chez elle depuis deux heures, ne pouvait plus s'attarder. Scott se retrouva donc seul à sourire comme un imbécile heureux, le cœur enfin léger. Envolée, la tristesse causée par sa séparation avec Allison. Oublier la jeune félidée lui semblait impossible, mais les souvenirs lui paraissaient moins douloureux.

Le jeune homme tenta de retrouver un intérêt quelconque à cette fête d'anniversaire, à laquelle il n'était allé que dans l'espoir de se changer les idées – mission accomplie ! – mais le bruit autour de lui, l'odeur d'alcool et de sueur, lui paraissaient bien moins attrayant que lorsqu'il était arrivé. Kira partie, Scott n'avait plus aucune raison de rester ici. Soudainement las, souriant toujours, il prit la direction de la sortie en saluant quelques personnes complètement bourrées sur son chemin, avant de s'arrêter au milieu du salon. Mince, il avait failli oublier Stiles.

Un sourcil arqué, rendu sourd par la musique qui raisonnait à fond autour de lui depuis des heures, il se mit à scruter la foule à la recherche de son meilleur ami. Pas de trace de lui ici. Ni même sur la terrasse, ou dans le jardin, ou encore au bord de la piscine. Profondément, Scott huma l'air. Il ne l'avait jamais avoué à Stiles, devenu très sensible suite à la transformation qu'il avait subie, mais son odeur avait changé. Subtilement. Lui qui le côtoyait tous les jours depuis qu'ils avaient trois ans, il avait presque immédiatement remarqué la différence, même si elle était minime. Sauf que là, il ne sentait rien.

Inquiet, il retourna à l'intérieur. Là, il manqua percuter un homme aux épaules massives, aux cheveux en désordre et à la chemise ouverte froissée, qui laissait voir son torse et son ventre musclé. Manifestement, il semblait pressé de sortir, laissant dans son sillage une odeur de phéromones incroyablement actifs et brûlants. Soit ce canidé avait furieusement envie de s'accoupler, soit il venait justement de tirer un coup. Scott le suivit des yeux, incertain. Les gros gabarits de cette puissance étaient rares chez les canidés, alors soit celui-ci était un étranger, du genre européen – ce qui lui parut cependant improbable tant les traits de ce mâle semblaient issus d'un lien de parenté mexicain pas si lointain –, soit il s'agissait d'un …

- Qui a retapissé ma salle de bain de vomis ?! s'écria la belle et délicate Lydia Martin, ses beaux yeux verts rendus froids par la rage.

Scott arqua un sourcil. A moins qu'il ne se trompe, il connaissait le coupable. Evitant soigneusement de se faire remarquer par la maitresse de maison, Scott gagna l'étage, de plus en plus inquiet. Stiles avait besoin de lui en ce moment, tant il était troublé à cause de sa soudaine androgynéité, et lui il avait passé la soirée à draguer une inconnue, aussi charmante soit-elle, plutôt que de s'occuper de son meilleur ami.

L'odeur qui l'assaillit lorsqu'il termina de grimper les escaliers le fit reculer d'un pas tant c'était agressif. Un mâle très fort avait manifestement marqué son territoire ici. Et l'identité des effluves lui disait quelque chose. C'était ce même mâle qu'il avait évité de justesse en bas. La même odeur brûlante, si excitée et dominante que même les murs semblaient vouloir reculer. Le cœur au bord des lèvres, les muscles tendus à s'en faire mal, Scott osa un pas dans le couloir et renifla par brefs à-coups, prudemment. Si ce genre d'odeur soumettait à coup sûr une femelle, elle rendait au contraire les autres mâles agressifs et inquiets. Scott empiétait en ce moment sur le territoire d'un homme bien plus fort que lui, et bien qu'il sache que cet homme était parti, il n'en était pas moins nerveux.

Puis, il se figea. Il venait de reconnaitre une autre odeur derrière la première, plus subtile, totalement recouverte. Il n'y avait pas que les femelles qui se soumettaient en sentant ce genre de phéromones, il y avait aussi les androgynus. Stiles.

N'écoutant plus que son instinct, Scott se rua en avant. Très vite, il trouva la chambre. Au début, il ne vit rien d'autre que le lit sombre aux draps défaits, mais un gémissement se fit entendre et il s'approcha de quelques pas. Stiles, étalé par terre, le nez dans la moquette, semblait être en pleine bataille avec une gueule de bois carabinée. Il semblait aller bien. Mais l'odeur tout autour de lui … non, l'odeur sur lui ne trompait pas. Scott s'agenouilla près de son meilleur ami, le souffle court, et tenta de le réveiller. Mais Stiles, bien qu'il gémit de nouveau et remua faiblement, garda les yeux clos.

Alors Scott le souleva comme il put, le remit sur ses jambes, passa l'un de ses bras mous autour de son cou, son propre bras autour de ses hanches – plus fines qu'avant – et le fit sortir de cette chambre. La proximité avec l'odeur agressive de l'autre mâle, dont Stiles était recouvert, lui provoqua un haut-le-cœur et il laissa échapper un grognement sans pouvoir s'en empêcher, mais il tint bon jusqu'à ce qu'ils soient dehors. Là, il se félicita d'avoir accepté à ce que ce soit Stiles qui les amène tous deux à la fête dans sa Jeep, ainsi il n'avait pas à se soucier de sa moto. Grognant et ahanant, Scott fit entrer Stiles sur le siège passager, puis se mit derrière le volant.

Sa mère était de garde à l'hôpital toute la nuit, alors que le Shérif, lui, attendait chez lui le retour de son fils. Ni une ni deux, Scott prit la direction de sa maison. Hors de question que le père de Stiles sente ce qui recouvrait son fils. Sur la route, les yeux braqués devant lui, Scott sentit une colère intense le submerger et il frappa le volant en contenant un cri. Stiles gémit. Etrangement, son visage était détendu. Il puait l'odeur de ce mâle. Scott se maudit, s'insulta. Pourquoi l'avait-il laissé seul ?!

Si quelque chose arrivait à son meilleur ami, ce serait de sa faute.

...

Lorsqu'il se réveilla, Stiles grogna de douleur. Mal à la tête. Mal aux jambes. Mal aux reins. Mal aux bras. Mal aux fesses. Mal au nez. Mal, mal, mal, mal. Comment ça mal au nez ? Il ouvrit les yeux avant de les refermer derechef. Trop de lumière. Alors il attendit simplement, espérant se rendormir. Ou mourir. Plus jamais d'alcool, jamais, jamais, jamais !

- Stiles ? appela doucement une voix à ses côtés. Mec, ça va ?

Grognement.

- Sérieux Stiles, faut te réveiller là.

De nouveau, Stiles ouvrit les yeux, grimaçant à cause de la lumière. La lumière d'une lampe. Pas celle du soleil. Il glissa son regard tout autour de lui, puis releva la tête. Au-dessus du lit, la fenêtre était fermée. Dehors, il faisait noir. C'était encore le milieu de la nuit. Et il n'était pas dans sa chambre. Mais dans celle de Scott.

- Stiles, sans déconner, reprit ce-dernier en le secouant doucement. Réveilles-toi.

- Mouein ? Woua ?

- Désolé de te dire ça mon pote mais … faut que tu te laves là.

- Mal au nez, baragouina Stiles en grimaçant.

- Ouais, désolé, quand je t'ai sorti de la voiture tu t'es pris la portière. Allez, debout.

- Lâches-moi … dormir.

- Putain Stiles ! Sérieux !

La secousse fut plus brutale que la précédente et Stiles fut forcé de se redresser. La douleur revint, pulsante, et il serra les dents. Sauf que cette fois, ça n'était pas à cause de son nez, mais de ses fesses. Son anus, plus exactement. Et c'était quoi cette odeur bizarre ?

- Ça fait presque une heure que je te secoue, reprit Scott en lui attrapant l'épaule. Faut que tu te laves tu … tu sens le mâle dominant à des kilomètres, ça devient écœurant, même pour moi.

Surpris, Stiles fixa son ami dans les yeux, interdit. Pourquoi sentait-il le mâle ? Et là, quand il vit la douleur sur le visage de Scott, et son expression fautive, il se souvint. Les souvenirs le frappèrent si violemment qu'il retint son souffle. Le mâle étranger, dans la chambre, avec Allison. Sauf qu'à un moment, plus d'Allison. Rien que lui et l'autre mâle. Le loup. Et il s'était laissé faire. Totalement dominé par les puissantes phéromones, il avait cessé de se débattre et s'était ouvert en quelques secondes. Des larmes emplirent brusquement ses yeux.

- Scott, gémit-il sur le point de pleurer. Scott !

- Je sais ! lui répondit ce-dernier, ravagé par la culpabilité. Je sais, j'suis désolé mon pote, désolé ! Allez debout, j't'emmène à la salle de bain. Debout !

Stiles accepta l'aide de son ami et se redressa. Ses jambes tremblaient encore. L'odeur avait imprégné ses vêtements, sa peau, même l'intérieur de son corps. L'intérieur de son corps. Le loup avait éjaculé en lui. Stiles laissa échapper un sanglot.

- On y est presque, lui dit Scott en le soutenant toujours.

Ils entrèrent ensembles dans la salle de bain. La lumière s'alluma, et tout dansa autour de lui. Stiles savait qu'il était au bord de l'évanouissement, mais il résista. Scott l'aida à s'assoir sur le bord de la baignoire et l'obligea à se déshabiller. Stiles se mit à trembler. Il fallait qu'il se nettoie. Qu'elle heure était-il ? Combien de temps avait-il gardé la semence de ce mâle en lui ? Son regard accrocha une petite pendule au-dessus du miroir du lavabo – il savait qu'elle se trouvait là car il savait que Scott, qui aimait se bichonner le matin dans cette même pièce, avait besoin d'un indicateur de temps pour ne pas être constamment en retard au lycée. Il était une heure cinquante-cinq du matin. La dernière fois qu'il avait vu l'heure, c'était dans le couloir, à l'étage de la maison de Lydia, un peu avant de s'abandonner au loup, et il était à ce moment-là un peu plus de minuit et demi. Son souffle s'accéléra, sa tête lui tourna et une larme roula sur sa joue. Presque une heure et demie. Etait-ce suffisant ? Les choses pouvaient-elles aller aussi vite avec un gros gabarit ? Son utérus, stable depuis seulement trente-six heures, était-il assez mature pour provoquer des ovulations. Il sentit la main de Scott sur sa hanche lorsque ce-dernier tenta de le faire revenir à lui pour qu'il retire son pantalon, et Stiles bondit sur ses jambes, le souffle coupée. Scott avait raison, il devait se nettoyer. Mais il était hors de question que son ami voit ça. Hors de question qu'il le voie recouvert de …

- Sors ! s'écria Stiles en tremblant. Sors !

- Je peux t'aider, tenta maladroitement Scott. C'est de ma faute tu !

- S'il te plait sors ! Sors, sors sors !

- Ok, ok je sors !

Stiles se retrouva seul et ferma la porte derrière lui. Il y avait tant de douleur dans les yeux de son meilleur ami, tant de douleur. Mais, à cet instant, Stiles n'y pensait pas. La seule chose à laquelle il pensait, c'était de se nettoyer. Alors il termina de se déshabiller, fit jaillir l'eau dans la cabine de douche et se glissa dessous sans même attendre qu'elle soit chaude. Immédiatement, il attrapa la savonnette et frotta sa peau entre ses cuisses, ses fesses, puis sur tout le reste du corps, secoué par des haut-le-cœur mêlés à quelques sanglots. Puis il laissa tomber la savonnette à ses pieds, enfouit deux doigts en lui, retint un cri de douleur, et tenta de faire sortir de son corps ce que ce mâle y avait laissé.

Il essaya pendant près de vingt minutes. Mais si peu de liquide sortit qu'il sut que c'était inutile de faire ça plus longtemps. Alors, appuyé des deux mains sur le mur, l'eau enfin chaude giclant implacablement sur sa nuque, Stiles pleura. Son instinct tentait de lui dire ce que sa raison refusait d'entendre.

Lorsqu'il sortit enfin de la salle de bain, quelque peu calmé, il était en fait sortit de la douche depuis trente-cinq minutes. Presqu'une heure qu'il était dans la pièce, seul. Presqu'une heure que Scott faisait les cent pas, inquiet, dans sa chambre. Il était deux heures cinquante du matin.

Vêtu de pied en cape d'un jean froissé et d'un tee-shirt qui sentait la sueur qu'il avait trouvé dans la corbeille à linge sale près du lavabo, Stiles s'adossa au chambranle de la porte et croisa les bras sur sa poitrine étroite. Porter des vêtements de Scott, sentir son odeur, le rassurait. Elle arrivait presque à lui faire oublier celle du loup. Court silence entre les deux amis.

- Si tu veux on va dans le jardin et on brûle tes fringues, tenta maladroitement Scott, indécis quant à la marche à suivre.

Face à lui, les cheveux encore humides, Stiles n'eut qu'un très mince sourire et s'évertua à éviter le regard de son meilleur ami. Il déglutit avant de lui dire :

- Tu ne diras rien à mon père, d'accord ?

- Ouais mais … Stiles je … enfin merde, quoi, et si ?!

Nouveau silence. Les lèvres pincées, le regard dur, Stiles ressemblait à un mur.

- Putain j'suis désolé, reprit Scott d'une petite voix, couinant presque. J'aurais dû !

- Rien du tout, le coupa Stiles en le regardant enfin dans les yeux. J'étais bourré, j'ai pas réfléchis, et t'es pas ma nounou d'accord ?

- Ton père va me tuer !

- Mon père ne te fera rien, parce qu'il ne saura rien !

- Mais Stiles et si ?

La douleur et la peur qu'il lut dans le regard de son meilleur ami convainquit Scott de ne pas aller au bout de sa phrase. Alors, à la place, il dit bêtement :

- Putain, je l'ai vu en plus ce connard !

Le visage de Stiles se ferma de nouveau, douloureux, et il détourna le regard. Lui, il ne se souvenait de cet homme que de ses yeux, la texture de sa peau, et l'odeur de son corps. Il frissonna. Pria pour oublier. Pria pour qu'il ne se passe rien. Mais pria qui ? Sa mère.

Dès le lendemain, lorsqu'ils se virent au lycée, aucun des deux ne parla de ce qu'il s'était passé. Les vêtements de Stiles avaient été brûlés, il fut dit à son père qu'il s'était vomis dessus et que, trop saoul, il n'avait pas réussi à conduire et que c'était Scott qui l'avait ramené.

Scott qui réussit à garder le secret pendant deux semaines. Scott qui vécut, pendant quinze jours, avec la certitude que tout était de sa faute. Et qui finalement, trop honteux de lui-même, en parla à sa mère.


J'espère que les quelques brins d'humour que j'ai placé ici et là sont suffisants pour pas que ça paraisse trop sérieux. J'ai remplacé la scène de viol traumatisante de la première version par une scène un peu plus ... enfin un peu moins ... enfin, voilà quoi xD

Z'avez aimé ? J'suis ouverte à toutes les critiques.

Pour la pauvre Allison, je sais qu'elle semble avoir, à première vue, le mauvais rôle, mais elle va se révéler au fil de la fic :)

Quoi dire d'autre euh ... j'ai un peu peur :P

Bisou les louveteaux ! Chapitre 2 bientôt ('fin, une dizaine de jours ;)) Derek apparaitra.

J'espère que vous apprécierez de revoir Wyatt ;)