CHAPITRE 1. Une inconnue célèbre.

Le vent soufflait sur San Francisco quand Emma sortit de chez elle. C'était une de ces soirées de novembre, où l'on se demande vaguement si l'on n'aurait pas mieux fait de rester chez soi, comme la plupart des gens normaux. Car la plupart des adultes ordinaires ne sortent pas un mercredi soir, pour se rendre à un travail jugé peu recommandable.

Mais Emma ne s'était jamais considérée comme normale. Et loin d'en avoir honte, elle en était fière. « Les personnes qui se considèrent comme normales, ne peuvent voir que la couverture d'un livre : elles n'en verront jamais le contenu, ni ne seront capables de le comprendre » se disait-elle souvent. Aussi n'éprouvait-elle aucune gêne sur sa différence. Enfant, elle n'avait eu aucune famille et avait grandi sans parent, sous la surveillance de froides surveillantes n'éprouvant aucune forme de tendresse à son égard. En grandissant, elle n'avait eu qu'une seule amie. Qui l'avait, elle aussi, abandonnée, non sans l'avoir préalablement trahie. A 18 ans, elle avait fait la connaissance d'un garçon de son âge, qui lui avait promis monts et merveilles, l'avait mise enceinte, puis quittée.

Aussi, la confiance n'était pas chose aisée pour Emma. Toutes les personnes qui avaient – ou auraient dû compter –, l'avaient déçue. D'une manière ou d'une autre. Immanquablement. Inlassablement. Elle avait à présent 28 ans, et se retrouvait seule pour élever un enfant de 10 ans. Mais elle était habituée à la solitude. Elle la trouvait rassurante. Et lorsqu'elle était entourée de connaissances pendant quelques heures, elle retrouvait avec plaisir sa solitude. Elle l'accueillait à bras ouverts, soulagée, comme une vieille amie.

Ne vous méprenez pas : Emma aimait la convivialité, et était capable d'être aimable. Mais elle ne supportait plus l'idée d'un quelconque attachement affectif.

L'exception qui confirmait la règle était Henry, son fils. Il représentait le monde à ses yeux. Il lui aurait demandé la lune qu'elle aurait trouvé le moyen de la lui offrir sur un plateau, enrubanné d'un collier de fleurs rouges.

Pour élever son fils, elle avait dû trouver du travail. Rapidement. Elle avait d'abord songé à l'abandonner, à sa naissance… mais l'idée de le soumettre à l'enfer qu'elle-même avait vécu enfant, avait été trop dure. Elle l'avait gardé. Pas un jour ne passait sans qu'elle ne maudisse son choix : « Henry mérite mieux », « je ne serai jamais à la hauteur », « je devrais faire mieux » étaient ses mantras quotidiens. Toutefois, pas un jour ne passait sans qu'elle ne bénisse sa décision. Comment aurait-elle pu vivre sans le sourire de son enfant ?

Le vent soufflait donc sur San Francisco lorsqu'Emma sortit de chez elle, en route pour son travail abhorré. Elle était stripteaseuse dans un cabaret branché des bas quartiers, du nom du Moulin Rouge. Ce clin d'œil au célèbre bâtiment parisien n'était, bien sûr, pas fortuit mais même Emma ne pouvait contester la ressemblance entre les deux édifices.

Elle s'était résolue depuis bien longtemps à ne jamais connaitre le destin d'une Satinei, ou d'une Vivian Wardii. Ce n'était pourtant pas le charme qui lui manquait. Emma était une jeune femme magnifique. Et nombreux étaient les clients qui ne venaient au Moulin Rouge que pour la voir danser, et l'entendre chanter. Elle était la star du cabaret : celle que tout le monde attendait, en trépignant d'impatience. Et lorsqu'elle montait sur scène, le public s'affolait instantanément.

Cette impression de pouvoir l'avait grisée, au départ. Elle avait même adoré danser pour eux, fut un temps. Mais cette période était révolue. Rien d'incroyable n'était ressorti de cette vie. Elle avait rêvé rencontrer la personne de ses rêves, dans cet endroit. Elle avait fantasmé sur l'idée que ladite personne serait millionnaire et la sortirait de sa détresse, de ses craintes. Rien n'était arrivé. Et tous les soirs, elle se rendait à son travail, en ayant perdu la flamme qui l'animait auparavant : l'espoir.

Lorsqu'Emma arriva au Moulin Rouge, elle ne perdit pas de temps pour se changer et se maquiller. Mécaniquement – bien que méthodiquement – elle se prépara, songeant à Henry. Depuis tout petit, elle l'avait laissé seul le soir, chez eux. L'enfant était habitué. Il savait qu'il devait se brosser les dents puis se coucher. Mais dix ans après, Emma ne le supportait toujours pas. Elle ne supportait pas de ne pas être capable de lire une histoire à son fils pour qu'il s'endorme. Elle ne supportait pas l'idée que si leur appartement venait à être cambriolé, Henry serait seul et sans défense.

Elle aurait eu les moyens de s'acheter une maison. Mais la convoitise et l'insécurité auraient alors étaient bien plus grandes. Et la solitude d'Henry bien plus pesante. Elle avait donc renoncé à acquérir un bien immobilier de cette envergure : leur appartement, parfaitement aménagé et suffisamment grand pour deux, leur suffisait amplement après tout. Seul le travail d'Emma posait problème, au fond. Mais qu'aurait-elle bien pu faire d'autre ? Elle n'avait aucune qualification. Et l'avantage d'être stripteaseuse était la quantité d'argent qu'elle gagnait. Elle n'aurait jamais pu pourvoir aux besoins d'Henry sans cela…

« Toujours aussi rêveuse, bouche d'or », une voix rieuse l'interpella.

Emma ne se retourna même pas. Elle se contenta de regarder son interlocutrice dans le reflet du miroir qu'elle utilisait. Elle haussa un sourcil et répondit, d'un ton enjoué – et forcé :

« Je me prépare mentalement, Ruby »

Ruby était la danseuse qu'elle préférait au Moulin Rouge. Elle avait toujours été gentille avec elle – bien qu'elle eut pris la fâcheuse tendance à l'appeler « bouche d'or ». Ce surnom lui venait du fait que, passée une certaine heure, tous les clients scandaient son prénom. Pour une raison quelconque, Ruby en était arrivée à ce sobriquet. Emma avait fini par se faire une raison, et l'avait accepté, las. De plus, Ruby semblait être la seule personne de son lieu de travail à ne pas avoir peur de lui parler. Les autres filles, sans être hostiles, étaient indifférentes et silencieuses à son égard. Mais peu importait à Emma.

« Tu parles. Ils t'attendent tous. Comme si tu avais besoin d'une préparation » Ruby s'esclaffa.

Emma sourit en retour. Mais en se regardant dans le miroir, Emma ne put voir que le vide de ses yeux, et ses lèvres figées, froides. Elle pouvait duper ses collègues de travail. Mais elle ne pourrait jamais se cacher à elle-même le trou béant qui semblait occuper sa poitrine et investir son regard.

« Tu entends ça ? Il est même pas 10h, et ils commencent déjà à te réclamer ! » Ruby poursuivit, hébétée.

« Ne me dis pas que tu n'es pas habituée depuis le temps » Emma ricana, sarcastique.

« Je le suis. Et cela m'impressionne toujours » la jeune femme persifla. « Tu devrais y aller, bouche d'or. Gold va pas être content si tu les fais trop attendre »

Emma grimaça à l'entente de ce nom. Encore une raison pour laquelle elle n'aimait pas son travail : son employeur était un vieux lutin perfide et sournois que toutes ses employées craignaient.

Comme tous les soirs, son entrée en scène fut un triomphe. Et comme tous les soirs, son assurance et son charisme enflammèrent le cœur de ces hommes et femmes perdus, à la recherche de quelques secondes de répit, dans ce monde qui tourne toujours plus vite. Trois heures plus tard, son service était terminé. Elle était exténuée… mais pouvait rentrer chez elle. Ce fut donc d'un pas énergique et guilleret qu'elle se dirigea vers son patron pour récupérer son argent. Mais celui-ci la retint.

« Une seconde, Emma. Un client veut te voir. En privé » lui dit-il.

Son rictus en disait suffisamment long.

« Vous savez très bien que je ne fais pas ça, Gold » Emma le mit en garde.

« Je sais. Mais ce n'est pas le genre de personne à qui l'on peut dire non, Emma » Gold répondit, menaçant.

« Qu'est-ce qu'il veut ? Une danse ? » Emma souffla, battue.

« Qu'est-ce qu'elle veut. C'est une femme, ma chère » se moqua le petit homme.

Emma se sentit immédiatement rassurée. Elle aimait les femmes. Ou en tout cas, préférait les femmes aux hommes. Elle trouvait celles-ci moins dangereuses, moins terrifiantes. Plus belles, aussi.

« OK. Elle est où ? »

Gold la conduisit dans le carré VIP. Elle ne se rendait dans cet endroit que les soirs d'anniversaire. Lorsqu'elle était certaine de récolter un maximum d'argent... et qu'aucune de ses collègues ne pouvait assurer le show.

Gold se contenta de lui ouvrir la porte, et ne prit même pas la peine de passer l'embrasure. Cela ne serait surement pas bien vu par la cliente, supposa Emma. Cette dernière rentra donc dans la pièce, sans hésitation. Avec toute l'assurance dont elle était capable. Et stoppa net, dès que son regard se posa sur la créature assise devant elle.

Cette femme ne ressemblait à aucune autre femme qu'elle avait croisée au Moulin. Elle était habituée aux androgynes, aux filles coincées, et aux dames perdues, en quête d'une aventure d'un soir. Elle n'avait jamais rencontré une personne qui irradiait le pouvoir par tous les pores de sa peau. Qui n'avait pas besoin de se mouvoir pour avoir l'attitude d'une reine, et l'arrogance d'un monarque. Qui n'avait pas besoin de la regarder pour que son corps entre en fusion.

Car c'était bien de cela qu'il s'agissait : Emma était tombée amoureuse de cette femme dès que son regard s'était posé sur elle.

L'inconnue daigna enfin lever les yeux dans sa direction. Jusqu'à présent, son portable avait semblé plus intéressant. Elle arqua un sourcil en la dévisageant. Et voyant qu'Emma restait interdite, elle lâcha avec la plus grande ironie :

« Bonsoir »

Sa voix était grave. Emma sentit son estomac se tordre. Aucune voix n'était comparable à celle de cette brune ténébreuse.

« Bonsoir » Emma répondit, presque timidement.

Son assurance s'était soudain envolée. La brune sourit.

« Je vous en prie, asseyez-vous »

Emma fronça les sourcils, interdite. Ce n'était pas le genre de requête habituelle. Elle s'exécuta pourtant.

Voyant qu'Emma ne parlerait pas, la jeune femme ténébreuse prit la parole une fois de plus :

« Regina Mills » se présenta-t-elle froidement.

« Emma Swan » répondit la stripteaseuse.

La poignée de main fut sèche, sévère, et brève. Pourtant Emma ne put réprimer un frisson. Elle n'avait encore jamais rien ressenti de tel pour qui que ce soit. Elle se sentait intimidée. Excitée. Sa réaction était tout bonnement ridicule.

« Vous vous demandez surement ce que je vous veux, Mademoiselle Swan ? » Regina continua, froidement.

« Je suppose que vous ne m'avez pas fait venir pour parler chiffons ? » Emma hasarda, regagnant peu à peu son assurance devant la froideur de la jeune femme.

Elle n'aurait pas su comment réagir si cette déesse s'était montrée aimable avec elle. Mais le dédain ne l'effrayait pas. Si Regina avait besoin de combler sa solitude – et son lit – Emma ne refuserait pas.

La brune eut un rictus.

« Non, en effet. Je suis avocate. Il se trouve que l'un de mes clients recherche une jeune femme pour sa prochaine comédie. Je me demandais si cela vous intéresserait ».

Le ton était professionnel. Calme. Posé. Emma éclata de rire. Pour la première fois depuis longtemps, elle rit authentiquement. Regina la fixa dédaigneusement, silencieuse. Emma se calma rapidement et ricana.

« Vous savez, il vous suffit de me dire que vous voulez m'amener chez vous pour la nuit. Pas besoin de me raconter des histoires »

Regina ouvrit de grands yeux ronds devant l'audace affichée de cette danseuse. Après quelques secondes pourtant, elle surmonta sa surprise, et réintégra son masque d'indifférence sarcastique.

« Je croyais que vous étiez une danseuse. Pas une prostituée » fit-elle remarquer.

« Ne vous méprenez pas, Regina. Je ne vous ferai pas payer ce… service » Emma répondit, cherchant délibérément à tester les frontières de son interlocutrice.

Mais à son grand étonnement, ce fut au tour de Regina de rire ouvertement.

« Je ne cherchais pas un moyen de vous attirer dans mon lit, Mademoiselle Swan. J'ai pour habitude d'être directe. Je l'aurais été si j'avais voulu coucher avec vous, croyez-moi » Regina dit.

Son masque d'ennui était revenu sur son visage, mais pourtant ses yeux la trahissaient : elle aimait cet échange, peut-être autant qu'Emma.

« Dans ce cas, vous ne voulez pas coucher avec moi ? »

« J'ai suffisamment d'amants pour le moment » Regina feignit l'ennui.

« Pour quelqu'un qui se veut direct, je trouve votre réponse assez ambiguë » Emma remarqua.

Regina sourit largement, cette fois ci. Et son sourire semblait réel.

« Parfait, Mademoiselle Swan. Vous savez danser. Vous savez chanter. Vous savez flirter. Et vous savez réfléchir. Ma proposition tient toujours, vous savez. Si vous êtes intéressée, je suis persuadée que mon client le sera aussi »

« Très bien, Miss Mills. Je rentre dans le jeu. Qu'est-ce qu'une avocate telle que vous fait ici ? Comment se fait-il que le client dont vous me parlez ne me fasse pas lui-même sa proposition ? »

Regina sourit encore. Mais cette fois, son sourire était carnassier.

« Je suis ici parce que votre patron avait une affaire pour moi. Et je lui devais un service. Mon client n'est pas ici, mais à New-York pour le moment. C'est un ami proche, cependant. Et je sais que votre profil pourrait l'intéresser ».

Emma siffla, ironique.

« Vous connaissez un réalisateur new-yorkais, mais vous devez des services à des personnes telles que Gold, donc ? »

Regina roula les yeux. Elle commençait à se lasser, visiblement. Emma sourit encore plus largement. Parfait, songea-t-elle.

« Oui, Robert était un ami proche de ma mère. Et comme vous devez le savoir, nous ne choisissons pas nos familles. Par conséquent, je réponds encore à l'heure actuelle des agissements stupides de mes parents »

« Ça doit pas être facile pour une grande avocate telle que vous de se retrouver ici pour réparer les erreurs de sa famille » Emma haussa un sourcil.

Son ton n'aurait pu être plus sarcastique. Elle s'attendait à voir Regina se lever et partir sans regarder en arrière, mais celle-ci la surprit encore.

« Vous n'imaginez pas à quel point… Mademoiselle Swan »

Son ton, purement sexuel, fit presque entrer Emma en transe. Et c'était ce que voulait Regina, bien entendu.

« Okay… Comment s'appelle votre ami ? »

« Son nom n'a aucune importance, pour le moment » Regina répondit, évasive.

« Si vous voulez une réponse concrète, son nom a de l'importance, Regina Mills. Je n'ai aucune envie de me retrouver à l'arrière d'une voiture, taillant une pipe à un inconnu alors que l'on me filme »

« J'ai bien compris que vous vous sentiriez plus à l'aise avec une femme qu'avec un homme, Mademoiselle Swan. Mais je peux vous assurer que le travail que je vous propose actuellement n'a rien à voir avec de la pornographie »

Emma se retrouva bouche bée. Elle ne savait plus quoi répondre à présent. Et c'était chose rare que de réduire au silence cette force de la nature. Elle n'en respecta l'inconnue que davantage…

« Bien… je n'ai malheureusement pas le temps de chercher à vous convaincre. C'est votre problème, après tout. Si vous préférez rester ici, grand bien vous fasse. Toutefois, je serai sur San Francisco pour les trois prochains jours. Voici ma carte, n'hésitez pas à me contacter si vous changez d'avis. Bonne soirée, Miss Swan »

Sur ce, la déesse partit. Emma se retrouva seule, l'image de Regina Mills imprimée sur sa rétine. Et ses mots résonnant dans sa tête. Elle enfouit mécaniquement le bout de papier dans la poche de sa veste et quitta l'établissement.

Se pouvait-il que Regina eut-été sérieuse ? Elle n'avait pas cherché à profiter d'elle… Elle n'avait rien fait de déplacé d'ailleurs. Elle s'était contentée de lui laisser sa carte. Et une personne mal intentionnée ne s'en serait surement pas arrêté là, n'est-ce pas ?

Arrivée chez elle, Emma vérifia que son enfant dormait, avant de se diriger dans sa chambre. Elle se déshabilla et se démaquilla en vitesse avant de s'asseoir dans son lit et d'ouvrir son ordinateur. Une recherche Google rapide, et quelques secondes plus tard, elle trouva ce qu'elle voulait.

Regina Mills

Regina Lana Mills, née le 15 juillet 1977 à Brooklyn dans l'État de New-York, est une avocate américaine. Elle est aujourd'hui principalement reconnue pour son rôle de premier conseiller près le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. Son statut d'avocat international spécialisé en droit des affaires internationales et en droit humanitaire l'a amené à fréquenter des diplomates, très rapidement.

En 1999, elle obtient son diplôme de droit international public à Harvard. En 2000, elle devient agrégée de philosophie, et gagne un concours de dissertation parrainé par la Croix Rouge.

Emma arrêta sa lecture. Elle n'arrivait pas à croire qu'une telle personne ait pu la remarquer, elle. Lui adresser la parole. Flirter avec elle. Elle se rongea nerveusement les ongles.

Sa proposition était donc réelle, cela ne faisait plus aucun doute. Mais comment oserait-elle la rappeler maintenant qu'elle savait tout ça ? Elle passerait vraisemblablement pour une idiote, inculte et inintéressante… mais après avoir vu le profil de Regina, c'est ce qu'elle était sans aucun doute… Elle n'avait aucune chance avec une femme comme elle, c'était évident. Emma se rappela soudain les propos qu'elle avait tenu… elle se serait giflée. Comme avait-elle pu parler si crument ?

Exaspérée par son propre comportement, elle referma violemment son ordinateur et se laissa tomber en arrière, sur ses coussins. Elle se mordit la lèvre, en fermant les yeux. Et chercha à se remémorer mot pour mot tout ce qu'elle avait dit à cette déesse. Le résultat fut embarrassant. Et Emma ne put s'empêcher de ricaner de sa bêtise.

« Ce ne sont pas des choses qu'elle doit souvent entendre à l'ONU » songea-t-elle. « Au moins, elle se souviendra peut-être de moi »

Elle s'endormit finalement. Mais elle ne trouva le repos qu'en imaginant tout ce qu'elle aurait aimé faire à cette prodigieuse et célèbre inconnue…

SQSQSQSQSQSQSQSQSQ

Le lendemain matin, Emma se réveilla au son de son réveil. Machinalement, elle l'éteignit et se dirigea dans la cuisine pour faire le petit-déjeuner de son fils. Celui-ci se leva quelques minutes après, et vint lui faire un bisou avant de s'attabler. Ce n'est que lorsqu'ils eurent bu leurs chocolats chauds qu'ils s'adressèrent la parole… le réveil était toujours un moment difficile pour les Swan.

« Ça a été le travail hier soir ? »

« Ca va, oui » Emma répondit à son fils.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Regina lui revint en mémoire. Elle s'étrangla presque dans son jus d'orange.

« M'man ? Tout va bien ? » Henry demanda, inquiet.

« Oui, oui, ça va. Je viens juste de me rappeler quelque chose » sa mère éluda.

Henry eut un sourire en coin.

« C'est qui ? »

« Comment ça, c'est qui ? » Emma lança, paniquée.

« Ce quelque chose dont tu viens de te rappeler… c'est qui ? » Henry expliqua, excédé des réticences de sa mère.

Emma se serait fâchée du ton de son fils, si elle ne l'avait pas trouvé aussi amusant. Henry était vraiment trop perspicace pour son âge.

« Elle s'appelle Regina. Elle m'a proposé du travail »

« Tu as déjà du travail » Henry fit remarquer.

« Elle m'a proposé de rencontrer un réalisateur » Emma précisa.

Henry ouvrit de grands yeux.

« Un réalisateur ? Elle t'a proposé un travail d'actrice ? »

« Je crois bien, oui » Emma affirma.

« Oh mon Dieu, M'man ! C'est génial ! Quand est-ce que tu le rencontres ? » Henry demanda, au comble de l'excitation.

« Ben en fait… quand Regina m'a dit tout ça, je l'ai pas vraiment crue, tu vois ? Enfin, c'est logique, non ? Et du coup, j'ai dit des choses assez stupides je pense. Mais en rentrant à la maison hier soir, j'ai fait des recherches sur elle, et il se trouve qu'elle ne mentait pas, et… » Emma s'arrêta, en faisant un geste de la main exaspéré.

« Et tu ne veux pas la recontacter parce que tu as peur de passer pour une imbécile ? » Henry devina.

« Oui… on peut dire ça comme ça » Emma soupira, découragée.

« Tu sais, on s'en fout de ce qu'elle pense de toi, Maman. Si elle peut te faire rencontrer un réalisateur, c'est ça le plus important, non ? Tu devrais lui téléphoner… ou aller la voir directement et t'excuser de ton comportement d'hier soir ? C'est toujours ce que tu me dis de faire quand j'agis pas correctement » Henry proposa.

Emma rit doucement.

« Oui, c'est vrai, petit. Mais je ne sais pas vraiment où la trouver » Emma fit remarquer.

« Si tu l'as aussi facilement trouvée sur Internet, je pense que ce sera facile de voir ou elle est susceptible de se rendre dans les jours à venir »

Emma regarda son fils avec de grands yeux ronds.

« Tu es sur que tu n'as que onze ans ? » s'enquit-elle.

« Certain. Tu as besoin d'aide pour chercher sur Internet, ou ça va aller, Mamie ? »

Emma rit. Quelques minutes plus tard, ils cherchaient ensemble.

« Wow ! Elle est à l'ONU ? Ouais, je comprends mieux pourquoi tu as peur de passer pour une imbécile, maintenant… » Henry dit, amusé.

« Merci Henry. Tu m'aides beaucoup » Emma répondit, sur le même ton.

« J'ai l'impression qu'elle donne une conférence ce soir »

« Où ? » Emma demanda, avec un peu trop de précipitation peut-être.

Henry ricana.

« A Stanford, à 18 heures »

« Évidemment… » Emma grimaça. « Tu n'as pas un peu plus précis ? Je suis quasiment sûre que Stanford s'étend sur des kilomètres »

« Oui, une trentaine de kilomètres pour être précis… mais bon, à mon avis, le secrétariat de l'université saura t'indiquer » Henry lui dit, sarcastique.

« Elle est portes ouvertes sa conférence ? »

« Aucune idée… c'est pas indiqué » Henry fronça les sourcils.

Il n'aimait pas ne pas avoir de réponse. Emma sourit.

« Merci, Hen'. Bon allez, file te préparer, et je t'emmène à l'école »

Henry se prépara en un temps record, et ils se retrouvèrent en route en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

« Tu vas y aller alors ? »

« Je ne sais pas… la conférence est à 18 heures, tu finis les cours à 15 heures… et je commence le boulot à 21 heures… » Emma réfléchit.

« Donc c'est bon » Henry insista, jovial.

« On en reparle tout à l'heure » Emma sourit.

« M'man ? Je pourrai venir ? »

Emma le regarda, surprise.

« Ça te ferait plaisir ? »

« C'est mon rêve d'être accepté à Stanford… et Regina travaille pour l'ONU » il lui répondit.

Emma sourit. Mais elle était soucieuse. Cette université coûtait une véritable fortune.

« Très bien. On ira tous les deux, alors »

Son choix était fait. Henry voulait être accepté dans une grande université, elle aurait besoin d'encore plus d'argent. Son fils passait avant tout. Et tant pis si elle devait se ridiculiser devant cette femme. Son coup de cœur ne se mettrait pas en travers de l'avenir d'Henry…

i Moulin Rouge, Nicole Kidman

ii Pretty Woman, Julia Roberts

Bonjour à tous !

J'ai deux autres fanfictions à écrire – oui, je sais, c'est pas bien – mais j'ai pas pu m'empêcher de commencer celle-là. On m'a récemment demandé pourquoi je n'écrivais pas en français (non je ne parle pas du tout de toi Loulouche :p), et du coup je me suis un peu interrogée… pourquoi pas, après tout ?

Du coup, me voilà. Dites-moi ce que vous en pensez. Et surtout dites-moi si une suite vous intéresserait ! Bonne journée a tous :) Et belle vie, les amis !

S.