Disclaimer : Ils sont à Tokita/Yadate/Tomino je les emprunte et j'essaye de ne pas les abîmer, en tout cas, ils ne se sont encore jamais plaints. Les autres personnages ne faisant pas partie de l'univers de GW sont ma propriété.

Genre : Hurt/confort/Amitié, tranche de vie.

Lectrice 01 : Arlia Eien.

Acteurs : Quatre, Duo, Trowa, Heero, Relena.

Début d'écriture 25 juillet 2013


Changement

Prologue


AC 205

Quatre Raberba Winner se réveille dans un lit d'hôpital. Il doit admettre qu'il souffre atrocement, seulement il n'avait pas vu d'autres solutions pour atteindre son but. Et puis cela faisait un moment qu'il y pensait, bien avant de le rencontrer.

Il aurait pu endurer encore son corps, cela faisait tout de même quinze ans qu'il vivait avec lui à l'époque mais pour pouvoir continuer à le supporter, l'homme qu'il aimait aurait dû poser un autre regard sur lui après avoir avouer ses sentiments. Si lui l'avait accepté comme il était, il aurait pu s'accepter à la longue, il en est sûr même s'il n'aurait jamais été vraiment bien dans sa peau.

Quatre ferme les yeux, il ne veut pas laisser la tristesse l'envahir. Il sait qu'il a pris la bonne décision et que sa vie va prendre réellement un tournant heureux.

Parce qu'il doit bien avouer qu'il n'a jamais été heureux. Les gens autour de lui riraient, s'ils entendaient ses arguments pourtant c'est le cas. Ce n'est pas parce qu'il était né avec une cuillère en or dans la bouche qu'il avait été aimé par son père et ses sœurs qu'il a été heureux.

Il n'avait jamais eu l'impression d'être à sa place. Son père voulait qu'il soit l'héritier. Il avait conçu une multitude d'enfants pour l'obtenir.

Même si son père donnait un rôle important à ses sœurs, être médecin ce n'est pas rien. Si elles pouvaient travailler à de hauts postes de la société minière, ce n'était que pour lui préparer le terrain et les avoir à ses ordres plus tard.

Il ne s'était jamais senti mieux qu'elles parce qu'il avait quelque chose entre les jambes qu'elles n'avaient pas.

Il avait en horreur les jouets que son père lui achetait. Pourquoi ne pouvait-il pas jouer avec les poupées de ses sœurs ? Pourquoi devait-il jouer avec des voitures ?

S'amuser avec les animaux de la ferme, son père le tolérait mais ce n'était pas ce qu'il préférait.

Il passait des heures à observer ses sœurs et reproduisait devant le miroir de sa chambre leurs gestes maniérés. Il adorait faire des vêtements pour les poupées que ses sœurs avaient oubliées dans un coin.

Quand son père s'en était rendu compte, il avait fait faire une razzia dans les jouets qui traînaient dans le manoir, donnant aux enfants des ouvriers tous ceux qui ne convenaient pas à l'héritier Winner.

Son père l'avait emmené de force chez le coiffeur quand il l'avait trouvé devant la glace en train d'essayer plusieurs coiffures avec des pinces de ses sœurs. Il l'avait aussi entraîné pour voir des matchs de cricket, de polo.

Plus Quatre prenait de l'âge moins il se sentait à la place dans ce monde et dans son corps.

Tout ce qui plaisait au jeune garçon dans la vie n'avait pas l'aval de son père quand il le découvrait. Il rayait l'activité parce qu'elle n'était pas assez virile au goût du patriarche du clan.

Quand Quatre s'était mis à la musique, il était resté avec la crainte de se faire ôter un nouveau plaisir. Et pour finir, ce fut la seule occupation que son père accepta de bon cœur.

Avec la préadolescence, le jeune Quatre se sentait encore plus mal dans sa peau, il voyait certains muscles prendre du volume, son corps se sculpter de manière disgracieuse à ses yeux avec tous les exercices physiques que son professeur lui imposait quotidiennement pour en faire un homme digne de reprendre la société Winner.

Il essayait de coller aux souhaits de son papa, seulement cette attitude créait un véritable écœurement envers ce qu'il sentait être au plus profond de son être.

Bien sûr, ce malaise grandissant avait fini par le rendre hargneux et détaché de tout. Il cherchait d'où pouvait venir son mal-être. Il avait fini par se dire que c'était parce qu'il n'était pas un humain à part entière puisqu'il était juste un bébé éprouvette. Un être crée par son père pour avoir un héritier digne de ce nom.

Il commençait à en vouloir à son géniteur de l'avoir créé et surtout de ne pas vouloir le laisser vivre selon ses aspirations.

Combien de fois n'avait-il pas entendu des railleries de son père quand il le trouvait devant sa garde-robe à chercher ce qu'il allait mettre, à accorder les couleurs entre elles.

Il avait fini par adopter comme style vestimentaire ce que son père trouvait ridicule. Il en avait fait acheter plusieurs exemplaires pour ne plus devoir en changer et se tracasser de cela. Il ne s'aimait pas quand il se regardait dans la glace avec ses cheveux trop courts qu'il ne pouvait même pas coiffer à sa guise, ses vêtements sans formes à ses yeux.

Il aurait préféré des chemises à jabots, des frous-frous, au moins il pouvait porter du rose sur lui sans essuyer trop de critiques.

Quand son père était en déplacement, ce qui n'arrivait pas si souvent, il filait s'enfermer dans la chambre d'une de ses sœurs qui avait la même taille que lui. Là, il revivait en passant des pantalons bouffants, des chemisiers colorés. Il passait des chaussures ouvertes à talons aiguilles et il marchait en se souriant dans la glace.

C'est comme cela qu'il s'aimait le plus mais ces moments de bonheur ne duraient jamais longtemps. Il devait reprendre un rôle qui ne lui plaisait vraiment pas.

Il voyait avec horreur son corps se développer, ses bourses descendre, son sexe prendre du volume. Le pire pour lui s'était les poils disgracieux qui poussaient dessus et qu'il traquait à la pince à épiler tous les matins avant de s'habiller.

Ce qui lui avait fait aussi beaucoup de bien pour son moral c'était sa rencontre avec les Maganacs. Il reprenait enfin confiance dans sa condition d'être humain et pas seulement de bébé éprouvette. Et puis la totalité de ces personnes l'acceptait tel qu'il était sans vouloir lui imposer des choix. Mais c'était surtout avec l'instructeur H qu'il s'était senti le mieux, avec lui il pouvait parler de tout.

Pourtant Quatre essayait de se faire apprécier de son père. Il acceptait de se laisser former pour reprendre la société familiale alors qu'il rêvait de pouvoir assembler des morceaux de tissus pour créer des vêtements dans lesquels il se sentirait à l'aise.

Depuis que son corps changeait, il ne rentrait plus dans les vêtements de ses sœurs, d'autant plus qu'il en restait de moins en moins au manoir. Dès qu'elles arrivaient à l'âge adulte, elles partaient vers leur destin qu'elles avaient pu choisir, elles. Ce qui rendait encore plus jaloux Quatre.

Il fut bien obligé de changer sa garde-robe pour essayer de masquer ce corps qu'il n'aimait pas. Il faisait faire ses pantalons sur mesure avec deux pinces sur le devant pour les faire bouffer et masquer cette protubérance qui l'incommodait.

À quinze ans, il avait voulu montrer à son père qu'il était capable de prendre sa vie en main, il avait décidé de choisir une option qui pourrait rendre son père extrêmement fier de lui en le voyant défendre une cause qu'il appréciait plus que tout.

Évidemment, il n'avait pas pris la voie que son père aurait préférée pour bien montrer à ce dernier qu'il n'était pas son pantin, qu'il avait une identité propre. Il avait choisi la voie des armes pour instaurer la paix dans les Colonies et sortir de l'emprise d'OZ.

C'était pour cela qu'il était parti vers la Terre, pour que les gens qu'il aimait puissent vivre dans un monde en paix et qu'il n'y ait plus de morts. C'était également pour prouver à son père qu'il avait droit comme les autres à la liberté d'être lui.

Bien sûr, seul il n'aurait pas osé partir, il avait eu l'appui de l'instructeur H et surtout des Maganacs qu'il avait permis de se libérer il y avait plusieurs années.

C'était avec beaucoup d'espoir d'obtenir une vie meilleure pour lui et les Colonies qu'il s'était engagé dans ce combat.

Au départ, il croyait être le seul, c'était aussi pour cela qu'il avait fait appel aux Maganacs qui avaient retrouvé leur semblable dans un village au fin fond du désert sur le Terre.

Rapidement, Winner s'était rendu compte qu'il n'était pas l'unique combattant pour la paix. Il y avait d'autres armures semblables à la sienne, même si elles étaient différentes dans leur fonction.

Le premier qu'il avait rencontré lui avait fait chavirer le cœur. Il avait déjà remarqué son penchant pour la gent masculine dont il n'estimait pas vraiment faire partie. Il se sentait plus proche de ses sœurs que des hommes qu'il côtoyait.

Il avait réalisé qu'il était différent d'elles vers ses six ans et depuis il avait très difficile de se comprendre. Même durant la guerre, il ne pouvait que s'interroger sur ce qu'il était surtout en côtoyant les autres pilotes.

Duo Maxwell, malgré ses cheveux longs, on voyait directement qu'il se considérait comme un homme, il le revendiquait haut et fort par son comportement, sa façon de se déplacer, de se tenir, il n'avait aucune once de pudeur.

Parce qu'un moment Quatre avait simplement cru qu'il était homosexuel puisqu'il était attiré par les hommes. Seulement, Heero Yuy ne lui ressemblait pas non plus dans sa façon d'être. Et pourtant, il était tombé sur Duo et Heero en plein corps à corps qui n'avait rien d'une bagarre.

Il avait senti que les deux jeunes gens faisaient plus cela pour éliminer les tensions des combats contre OZ. Entre eux, même s'il y avait quelque chose qui ressemblait à de l'affection ou de l'amitié, peut-être un amour naissant seulement, ils ne pouvaient pas le laisser grandir, ils avaient bien trop le sens du devoir pour cela.

Alors pourquoi se sentait-il si différent ? Il avait été accepté par les autres pilotes seulement il n'avait pas l'impression de faire partie d'un groupe à la façon dont il les énervait parfois. Il se demandait où il avait mal agi, qu'est-ce qu'il faisait qu'il était si différent ? Pourquoi ses pensées ne convenaient-elles jamais aux autres combattants ?

D'accord qu'il était plus en stratégie que d'aller au combat et taper dans tout ce qui se présentait. Eh non, ça ne pouvait pas faire toute la différence.

Malgré ses interrogations personnelles qui l'avaient perturbé grandement à la mort de son père et d'Iria, une de ses sœurs qui avait quitté la maison dans sa petite enfance. La guerre reculait de plus en plus pour qu'on arrive enfin à la paix.

Relena était au pouvoir, elle voulait maintenir la paix avec des idées pacifistes qui étaient si semblables à celles que le père de Quatre avait, il en était tout ému.

Bien sûr dans toutes les guerres, il y avait des pertes des deux côtés. Si les cinq pilotes avaient survécu, ce n'était pas le cas de son instructeur et des mentors des autres.

Même lui avait failli y rester dans une phrase d'armes au fleuret contre Dorothy.

Voyant le regard attristé de Trowa, Quatre avait puisé en lui la force de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis qu'il l'avait rencontré. Ils avaient survécu, Quatre estimait pouvoir penser à lui. Il n'avait plus de compte à rendre à personne puisqu'il était orphelin.

Après avoir pris une petite inspiration, il s'était lancé le cœur rempli d'espoir.

-« Trowa, je t'aime, tu pourrais rentrer avec moi, nous vivrions ensemble. »

Barton se lève et s'en va vers la porte. Winner sent la terre s'effondrer sous ses pieds, il est encore plus abattu quand il l'entend lui dire avant de refermer la porte :

-« Je n'ai jamais été attiré par les hommes. Je t'aime comme un petit frère. Je suis désolé si tu as mal interprété mes gestes. »

Est-ce qu'il aurait dû ne pas lui dire ?

Depuis le temps, il y avait suffisamment repensé avec les psychologues et les psychiatres qu'il avait dû consulter pour arriver ici. Et il en revenait toujours à la même conclusion, il devait lui dire.

Cela avait également motivé encore plus sa décision et la dernière pierre c'était Duo qui l'avait amenée avec sa remarque quand il l'avait trouvé en pleurs dans sa chambre d'hôpital après le départ de Trowa.

-« Tu as si mal que cela ? » Demande paniqué Duo.

-« Non, Trowa ne veut pas de moi ! »

-« Oh, tu trouveras quelqu'un d'autre. Tu es mignon, tu es fortuné, tu vas avoir le monde à tes pieds. »

-« Je ne veux pas le monde à cause de mon nom et de mon argent. Je veux qu'on m'aime pour moi et ce que je suis. » Avait-il hurlé.

Oui, c'est là qu'il avait pris la décision de trouver sa voie quel qu'elle soit et de découvrir pourquoi il était si mal dans sa peau depuis si petit.

À l'hôpital, après sa blessure au flan et avant de rentrer chez lui, il avait eu le temps de discuter avec beaucoup de médecins et de psychologues parce qu'il se sentait perdu et seul.

Même si elle n'avait pas le droit de donner son opinion, il ne remercierait jamais assez la doctoresse Louisa de l'avoir aidé à mettre des mots sur son malaise, de l'avoir aidé à prendre sa vie en main.

Il était trop jeune pour pouvoir réaliser les premières démarches qui le mèneraient au bonheur.

À cause d'un coup d'État, il avait dû revoir les autres. Trowa avait toujours la même attitude protectrice qui lui retournait le cœur maintenant. Heero et Duo semblaient toujours aussi proches et s'entendaient bien mieux que durant la guerre.

Une fois la paix installée, il avait voulu détruire les armures aussi pour tirer un trait sur le passé. Jusqu'à sa majorité, les affaires de son père seront gérées par le conseil d'administration. Quatre savait déjà que même après c'est eux qui continueraient à les gérer. Il ne voulait pas de cela dans sa nouvelle vie.

Avec l'appui de son psychiatre, Quatre avait commencé à entreprendre les démarches qui allaient être nécessaires pour son existence.

Il avait entrepris des études de stylisme et avait commencé à laisser pousser ses cheveux dès son inscription. Depuis deux ans, tous les matins avant de partir en cours, il prenait tout un traitement hormonal que lui avait prescrit un endocrinologue. Même si légalement, il n'avait pas encore le droit de le faire, avec un bon avocat, il s'était inscrit sous le nom de Maria-Louisa Winner à l'école de manière à pouvoir s'habiller comme il l'avait toujours souhaité.

Il savait bien qu'il venait de prendre une décision qui l'obligerait à prendre un traitement à vie, mais il n'en avait rien à faire parce qu'au moins maintenant il était enfin lui et mieux dans sa peau. Il pouvait se regarder dans une glace sans se dégoûter.

Quand sa poitrine, sous l'action des hormones, avait commencé un peu à se développer, il avait souri à son corps jusqu'au moment où il avait vu le rebondi dans sa culotte.

Il avait dû patienter pour arriver à la dernière étape. Deux années de vie à devoir faire semblant d'être une femme avant de pouvoir commencer ce traitement qui petit à petit le transformait en vraie femme. Deux ans à paniquer que son psychiatre ne l'autorise pas finalement à passer à l'étape hormonale qui avait déclenché sa puberté féminine et sa renaissance.

Il avait encore dû attendre la fin de ses études et trois ans avant de pouvoir devenir réellement Maria-Louisa Winner en subissant une vaginoplastie qu'il avait eue la veille.

Au moins, il sait que son corps ne le répugnera plus en se regardant dans la glace à la sortie de la douche.

Son avocat s'occupait en ce moment de la partie changement d'identité à l'état civil.

À Suivre…