Bonjour à tous !

Voici une histoire que j'ai commencé à écrire il y a presque trois ans maintenant. Les chapitres sont très longs (40 pages word en moyenne, je vous laisse imaginer), j'ai donc décidé de les publier en deux parties. Concernant le rythme de publication, je publierai tout les premiers du mois (comme c'est une date facile à retenir, je n'oublierai pas), et dès que l'histoire sera finie de mon côté, j'augmenterai la fréquence de publication (je suis gentille, hein ?). Pour le moment, i chapitres terminés, donc, j'ai encore un peu de marge.

Une dernière précision sur l'histoire, pour ne pas vous spoiler la suite de l'histoire avant la parution des chapitres, le résumé de la vignette est susceptible de changer en cours de publication (d'autant que l'histoire se déroule sur plusieurs années). Je n'annonce aucun pairing, mais ceux et celles qui connaissent un peu mes histoires connaissent mes chouchous. Seront-ils/elles ensemble ? Rien n'est moins sûr !

Un big up pour ma bêta-lectrice et correctrice Clhook. Elle n'a pas publié depuis longtemps, mais allez quand même checker son profil, il y a des choses sympas ;)

Je fais également un gros bisou à mon autre bêta qui se reconnaîtra.

Voilà ! Et maintenant, mesdames et messieurs, place à l'histoire !


Chapitre 1 : L'Enfant Seul

T'es comme une bougie

Qu'on a oublié d'éteindre dans une chambre vide,

Tu brilles entouré de gens sombres voulant te souffler

Celui qui a le moins de jouets

Le moins de chouchous

Celui qu'on fait chier

Le cœur meurtri et meurtrière est ta jalousie

L'enfant seul se méfie de tout le monde, pas par

choix, mais dépit, pense qu'en guise d'amie

Son ombre suffit

L'Enfant Seul – Oxmo Puccino

Harry ouvrit les yeux. Dans le noir de son placard, il crut voir un éclair de lumière verte, avant de se souvenir qu'il était dû à son rêve.

Dans le couloir, sa tante, Pétunia, martela encore une fois la porte de petits coups secs.

- Debout ! Grinça-t-elle de sa voix perçante. Lève-toi et va faire cuire le bacon.

Harry ne répondit pas. De toute façon, pensa-t-il, Tante Pétunia n'attend pas de réponse.

Aussi sagement que possible, il obéit à sa tante. Aujourd'hui était le jour anniversaire de son cousin Dudley. Donc, aujourd'hui encore plus que d'habitude, Harry devait faire comme s'il n'était pas là. Quand il eut fini de servir son Oncle, sa Tante et son Cousin, Harry engloutit son propre petit déjeuner aussi vite que possible, prit son cartable et se faufila hors de la maison, direction l'école.

Harry faisait toujours cela depuis le début de l'année précédente, quand il était entré à l'école primaire. Il arrivait très tôt, ce qui lui permettait de lire et relire ses livres de classe, et quand il s'en lassait, de réfléchir à l'injustice du monde. Harry aimait beaucoup son école. Les bâtiments en briques rouges étaient bien plus chaleureux que la grande maison froide et impersonnelle des Dursley. La classe de Harry se trouvait au premier étage du plus grand bâtiment de l'école, réservé aux cours. Un bâtiment plus petit en face abritait l'administration, et enfin, un grand gymnase accueillait les enfants et leurs professeurs pour les cours de sport.

Ce matin là, Harry n'avait pas le cœur à relire son livre. Une vague de tristesse l'avait submergé quand il avait aperçu la montagne de cadeaux qui attendait son cousin. Son propre anniversaire arrivait à grand pas, et bientôt, il aurait 7 ans. Mais il n'était même pas assuré que les Dursley s'en rappellent, et si c'était le cas, il n'aurait pas de véritable cadeau. En général, son Oncle et sa Tante lui offraient une pièce de monnaie, ou bien un vêtement ayant appartenu à Dudley.

Régulièrement, Harry se torturait l'esprit pour trouver ce qu'il avait bien pu faire aux Dursley pour qu'ils le traitent ainsi. Et de plus en plus souvent, un sentiment de colère lui étreignait la poitrine et il concluait qu'ils étaient simplement méchants. Quand la colère refluait, il changeait immédiatement d'avis avec horreur. C'était de sa faute, sans aucun doute, bien qu'il ne sache pas ce qu'il avait pu faire.

ooOOOoo

Nelly Clarkson était l'institutrice chargée de la classe de seconde année de l'école primaire de Little Whinging. Cela faisait maintenant vingt ans qu'elle enseignait, et jamais elle n'avait connu d'enfant comme Harry Potter. Certes, elle avait déjà vu des enfants s'attirer toutes sortes d'ennuis, des enfants qui semblaient fuir leur domicile en arrivant parfois une heure avant l'ouverture de l'école, ou encore des enfants isolés, sans amis. Mais elle avait rarement vu des enfants cumuler tout cela. Et ce petit garçon avait cette tristesse presque constante quand elle le voyait assis sur le banc en face de l'école. Sauf quand il se concentrait sur ses livres, les lunettes menaçant de tomber de son nez.

Ce matin-là, en arrivant à l'école pour préparer ses cours, Mrs Clarkson aperçu comme à l'accoutumée le jeune Potter assis sur le banc. Son visage reflétait le désespoir. L'institutrice fit alors quelque chose qu'elle n'avait jamais osé faire dans sa carrière. Elle se dirigea vers Harry.

Quand il vit que son institutrice se dirigeait vers lui, le jeune garçon prit un air étonné.

- Bonjour Harry, dit-elle d'une voix douce.

- Bonjour Mrs Clarkson, répondit poliment le garçon.

- Je me demandais, comme tu es là très tôt, voudrais-tu venir avec moi pour m'aider à installer la classe ?

Pendant un instant, Harry se demanda si c'était un piège, puis il se rappela que Mrs Clarkson n'était pas comme les Dursley et il accepta.

Dans la salle de classe, Harry obéit en silence à toutes les directives que lui donna son institutrice. Son attitude calme, presque soumise, fit réfléchir Nelly.

J'espère, se dit-elle, qu'il arrivera à s'ouvrir un peu avant la fin de l'année.

Ensemble, ils installèrent les polycopiés qui serviraient pour la leçon de mathématiques sur chacune des petites tables. Puis, l'institutrice écrivit la date au tableau, Mardi 23 Juin 1987, de sa belle écriture ronde. Comme ils avaient fini et qu'il restait un peu de temps avant la sonnerie, Mrs Clarkson autorisa Harry à rester dans la classe et à lire un livre de la bibliothèque. Et chaque matin de la semaine, la scène se répéta. Les premiers jours, Harry resta parfaitement silencieux et discret, bien que Nelly essaya de le faire parler. Il répondait bien souvent par des phrases simples, voire monosyllabiques. Puis, un matin, il posa une question. C'était une question anodine, sur un des exercices qu'avait donné Mrs Clarkson la veille. Mais c'était une initiative inattendue, et l'institutrice en fut si ravie qu'elle répondit avec plus d'enthousiasme que nécessaire. Si bien, qu'à la place d'aller lire un livre de la bibliothèque de la classe, Harry s'assit à côté de Mrs Clarkson pour revoir l'exercice.

Le manège continua pendant plus d'une semaine avant que la directrice de l'école ne finisse par s'en apercevoir. Elle convoqua Mrs Clarkson dans son bureau.

- Nelly, dit-elle, il faut que vous compreniez que cet enfant n'a rien à faire dans l'école avant l'ouverture.

- Mais, tenta de se défendre l'institutrice, je suis persuadée qu'il est maltraité chez lui, et je pense pouvoir faire en sorte qu'il s'ouvre à moi et …

- J'entends bien, coupa la directrice un peu sèchement. Mais en terme d'assurance, s'il arrive quoique ce soit, l'école ne sera pas couverte, et vous risquez gros. Sans compter le fait que nous ne sommes pas l'aide à l'enfance et que vous n'êtes pas assistante sociale.

Abasourdie, Nelly sortit du bureau. Intérieurement et avec colère, elle compara un peu méchamment la Directrice à Mademoiselle Legourdin, terrorisant Mademoiselle Candy (1). Mais elle obéit. En partie du moins. Elle s'était attachée à cet enfant. Si elle ne pouvait aider le jeune Harry à l'école, elle l'aiderait à l'extérieur. C'est ce qu'elle proposa à Harry le lendemain matin.

La première réaction du garçon fut de refuser arguant, qu'il ne voulait surtout pas déranger. Patiemment, Mrs Clarkson le convainquit et c'est ainsi que le jour même, Harry se retrouva à la table de la cuisine de son institutrice, devant le goûter le plus gargantuesque qu'il eut jamais pris. Son jeune estomac, habitué aux privations en tout genre eut du mal à tout avaler, et Harry eut l'impression qu'il allait exploser.

La maison de Mrs Clarkson était petite et accueillante, et Harry s'y sentit bien. Les fauteuils couverts de chintz étaient confortables, quoique trop grands, et l'enfant s'y perdit un peu. De jolies fleurs en pots égayaient les différentes pièces que Harry pu visiter (même la salle de bain!) et le jeune garçon s'émerveilla devant un aquarium où nageaient joyeusement une myriade de poissons de toutes les couleurs. Mrs Clarkson lui donna les noms des différentes espèces puis ils passèrent aux devoirs.

Harry resta plus d'une heure à travailler avant de remercier chaleureusement son hôtesse et de partir.

Le reste de la semaine passa tranquillement. Les Dursley, habitués à ce que Harry rentre peu avant le repas du soir, ne remarquèrent rien.

Le Samedi, Nelly Clarkson reçu une lettre de mutation. Après vingt ans passés à Little Whinging, ses services étaient requis dans le Kent, et, dans sa grande mansuétude, l'État lui offrait un logement de fonction, quelques semaines avant la reprise des cours de Septembre. Elle décida de ne pas en parler tout de suite à Harry. Après tout, il restait trois semaines de cours avant le début des vacances d'été, et elle avait tout le temps de lui exposer la situation. Nelly savait que lorsqu'elle partirait, l'enfant resterait seul, sans personne pour l'écouter. Elle avait compris d'instinct un certain nombre de chose sur la vie du petit Harry Potter, et cela lui déchirait le cœur.

Le Lundi Mrs Clarkson réitéra l'invitation à venir prendre le goûter chez elle. Le garçon fut tout aussi réticent que le vendredi précédent, mais il finit par céder une nouvelle fois. Après avoir fini son goûter, l'enfant et l'institutrice se mirent aux devoirs. Harry remarqua que Mrs Clarkson était plus sombre que d'habitude. Elle, si douce et gentille, semblait broyer du noir et parlait moins qu'habituellement. Le commandement numéro 1 des Dursley, "Ne pose pas de question", était très profondément ancré chez Harry. Mais celui-ci savait que ce précepte n'avait pas cours avec son institutrice. Malgré tout il ne pouvait s'empêcher de penser que cela serait grossier de sa part de poser une question aussi personnelle. Finalement, après de longues minutes de combat intérieur, il prit son courage à deux mains et demanda d'une petite voix.

- Quelque chose ne va pas ?

Nelly fut quelque peu décontenancée. L'enfant parlant d'habitude très peu, venait de lui poser la seule question à laquelle elle n'avait pas prévu de répondre. Mais, pensa-t-elle, autant prendre le taureau par les cornes quand l'occasion se présente.

- Et bien, commença-t-elle lentement, j'ai reçu une très mauvaise surprise ce week-end. J'ai reçu un ordre de mutation.

Harry fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que c'est ?

- On me demande de changer d'école, expliqua l'institutrice.

- Dans la ville voisine ?

- Non Harry, soupira Nelly d'un ton las. Bien plus loin. Tu te souviens de tes cours de géographie ?

Harry acquiesça.

- Je vais dans le Kent. Je vais déménager.

Harry ouvrit la bouche, comme pour dire quelque chose. Puis la referma brutalement. Son visage prit une expression que Nelly n'avait jamais vu chez lui : de la colère.

- Vous m'abandonnez ! S'exclama Harry.

Et avant que Mrs Clarkson ait pu faire le moindre geste, le garçon ramassa ses affaires et s'enfuit de la maison.

Harry courut jusqu'à un parc, se réfugia dans un bosquet et s'assit contre un arbre où il essaya de calmer sa respiration. Mais c'était difficile. Sa tête et son cœur étaient bombardés de sentiments violents. Colère, déception, tristesse.

Mrs Clarkson est pire que les Dursley, pensa Harry. Elle lui avait donné l'espoir de ... pour le lui reprendre brusquement. Il aurait dû s'en douter. Il était orphelin, jamais il n'aurait de f... . C'était trop dur d'y penser.

Ce jour-là, Harry se jura de ne plus faire confiance à un adulte.

Les jours suivants furent difficiles pour Mrs Clarkson. Elle essaya de parler à Harry, mais celui-ci l'évitait efficacement.

De son côté, la colère de Harry était retombée. Après trois jours de silence, il se présenta après la classe auprès de l'institutrice. Harry savait par expérience que les adultes ne s'excusent pas auprès des enfants, même s'ils ont tort. C'est pourquoi il venait présenter ses excuses. Mais la réaction de Mrs Clarkson l'étonna.

- Ne t'excuse pas Harry, Tu as parfaitement le droit d'être en colère contre moi. Je pars alors que j'ai promis de t'aider, même si ce n'est pas moi qui décide de partir. Néanmoins, il nous reste deux semaines et demi pour passer un peu de temps ensemble. Veux-tu venir goûter chez moi ?

Les deux semaines passèrent à une vitesse ahurissante. Harry venait désormais chaque jour, même le week-end. Mais la confiance timide qu'il avait placé en Nelly s'était évanouie. A aucun moment Mrs Clarkson n'arriva à le faire parler de sa situation familiale.

Les cartons de déménagements se faisaient chaque jour plus nombreux. Puis, un beau matin, le premier des vacances d'été, ce fut le grand départ.

Harry était là aux aurores, pour regarder les déménageurs emporter les derniers cartons. Sans même qu'il s'en rende compte, les larmes se mirent à couler sur ses joues. Nelly serra l'enfant contre elle, émue, elle aussi. Puis, en regardant Harry elle dit.

- Je n'ai pas tout emporté dans mes cartons. Et comme je sais que tu aimes lire, je veux te faire un cadeau.

Elle lui tendit un paquet enveloppé dans du papier de couleur. Harry ouvrit de grands yeux. C'était la première fois que quelqu'un lui faisait un cadeau. Un vrai cadeau.

- Je ne peux pas accepter, balbutia-t-il.

- Mais si, fit Nelly avec un sourire. Dis-toi que c'est un cadeau d'anniversaire en avance.

Harry ouvrit avec précaution le papier. Il en sortit en volumineux ouvrage, relié de cuir, les pages un peu jaunies, intitulé « Contes et Légendes du Monde ».

- J'ai pensé que c'était exactement le genre de chose que ton cousin ne te piquera pas. Il est un peu compliqué pour ton âge, mais je sais qu'avec de l'entraînement et de la patience, tu parviendras à le lire.

Harry sauta au cou de Mrs Clarkson, éperdu de reconnaissance. Il resta sans voix de longues minutes durant lesquelles il observa le livre sous toutes ses coutures.

Puis, l'enfant et l'institutrice furent interrompus par un déménageur à l'allure de dolmen qui venait les informer qu'il était l'heure de partir.

Nelly et Harry s'étreignirent une dernière fois. Mrs Clarkson monta dans le camion de déménagement qui démarra et disparut bientôt au bout de la route, laissant Harry Potter, seul, sur le trottoir.

ooOOOoo

Harry trouva l'été particulièrement long. Maintenant que Nelly Clarkson n'était plus là, il n'avait plus de raison de sortir du 4 Privet Drive et sa Tante en profita pour lui donner chaque jour des tâches à faire. Harry se demandait bien pourquoi, car sa Tante souffrait d'une 'légère' obsession pour la propreté, et passait systématiquement derrière lui. Quant à son Oncle, il estimait que tout ce qui n'allait pas dans la maison était la faute de Harry. Le lait qui déborde ? La faute de Harry. Le journal qui n'est pas livré à l'heure ? La faute de Harry. Le verre qui explose ? La faute de Harry. Le rosier mal taillé ? La faute de Harry. Les mauvaises notes de Dudley ? La faute de Harry. Chaque remontrance était accompagnée d'une brimade, souvent sous la forme d'une privation. Cela, il pouvait l'accepter. Harry ne possédait pas grand chose et était habitué à ne pas beaucoup manger.

Mais ce qui rendait sa vie encore plus injuste était son cousin. Chaque jour, la Bande à Dudley venait jouer au 4 Privet Drive, et bien vite, ils baptisèrent leur jeu préféré « La Chasse au Harry ». Le soir, dans son placard, Harry comptait ses bleus, tout en essayant de réprimer des bouffées de colères de plus en plus fréquentes. Son cousin réussit l'exploit de tordre ses lunettes trois fois pendant l'été. Ce n'était pas les lunettes les plus solides ni les plus belles du marché, mais Harry y tenait beaucoup. Sans elles, ils ne pourraient pas lire le Livre de Mrs Clarkson. Le Livre, avec un L majuscule, qu'il avait caché dans un recoin sombre du placard sous l'escalier qui lui servait de chambre. Harry essayait d'en lire un peu chaque jour. C'était difficile. Le garçon ne comprenait pas tout les mots, mais il espérait qu'avec le temps, tout devienne plus limpide.

Puis, à l'immense soulagement de Harry, les feuilles jaunirent sur les arbres, les jours raccourcirent visiblement, et le temps se rafraîchit. Les vacances d'été prirent fin.

ooOOOoo

Christopher Maker venait d'être muté dans la petite école de Little Whinging. Cet instituteur entre deux âges n'enseignait ni par vocation, ni par envie. Une erreur d'orientation dans sa jeunesse avait mené à une série d'échecs, de désillusions, de démotivations. Il avait fini par passer le concours d'entrée pour devenir enseignant. Pas pédagogue pour un sou, pas plus motivé, ses élèves trouvait ses cours mornes et ennuyeux. Malheureusement pour les trublions en herbe, Mr Maker était par contre d'une discipline à toute épreuve. On pouvait dire de lui qu'il était meilleur Caporal qu'enseignant.

Très vite, le jeune Harry s'aperçut que son nouvel instituteur n'avait rien à voir avec la douce et gentille Mrs Clarkson. Grand et sec, le visage continuellement fermé, Mr Maker n'inspirait pas la confiance. Cela ne dérangeait nullement Harry. Les adultes ne lui apportaient jamais rien de bon au final, cet homme froid ne l'intéressait pas. Et l'instituteur le lui rendait bien.

Pour Mr Maker, l'élève Harry Potter n'était pas particulièrement brillant. Travailleur et consciencieux, il avait certainement une des meilleures moyennes de la classe, mais il ne participait jamais à la moindre leçon. Christopher avait bien remarqué l'étrange manège de Harry le matin, mais ne s'en formalisa pas. Un matin, Harry arriva en classe avec un coquard. Mr Maker commença à se poser des questions.

- Que t'est-il arrivé Harry ? Demanda-t-il.

- Je suis tombé dans les escaliers, répondit son élève avec le visage innocent de la vérité vraie.

Et pour cause, ce n'était pas un mensonge. Harry omit volontairement de dire qu'il était tombé parce que son cousin l'avait poussé. Ce qui avait fait hurler de rire son Oncle. Unviolent sentiment d'injustice avait submergé Harry. Au même moment, sans raison apparente, une fenêtre de la cuisine s'était fissurée. Cet incident avait provoqué l'ire de son Oncle. L'enfant en avait été la cible, renforçant plus encore le sentiment d'injustice qui luiétreignait le cœur. Il avait alors fini la soirée sans manger, dans son placard. Son oncle, dans une pulsion purement sadique, avait coupé l'électricité de ce qui servait de chambre à Harry.

En repensant à ces instants d'isolement forcé, seul, blessé, en colère, dans le noir, envahi d'une peur claustrophobique, un frisson parcourut la colonne vertébrale du garçon. Mais Mr Maker ne remarqua rien, et parut satisfait de l'explication de l'escalier.

Mrs Clarkson aurait su, pensa Harry avec tristesse. Mais penser à son ancienne institutrice lui fit mal et il s'efforça de chasser ce souvenir de sa tête.

ooOOOoo

L'année s'écoulait, morose. A chaque nouvelle brimade, Harry serrait un peu les dents et les poings, mais il ne décolérait pas. Pour éviter son Oncle, sa Tante, et surtout son cousin, le garçon se cachait dans le parc non loin du domicile de ses tuteurs. Harry se cachait souvent au milieu d'épais buissons dont les noms d'espèces étaient indiqués aux promeneurs sur des plaquettes de plastique vert. Ou bien, il traînait dans la roseraie à contempler la multitude des roses, respirant leur parfum, caressant le velouté de leurs pétales, essayant de deviner à qui pouvaient faire référence leurs noms. Il avait pris goût à ces escapades, et les gardiens du parc ne s'étonnaient plus de trouver un jeune garçon au milieu des bosquets du parc, assis par terre à écouter la nature environnante. C'était bien plus reposant que chez les Dursley.

Alors qu'il se cachait dans son buisson favori, au pied d'un grand conifère, il tomba sur un serpent. L'enfant et l'animal se figèrent, tentant de juger si l'autre était un ennemi. Et Harry entendit.

- Que fait-il iccci cccelui-là ?

Il ouvrit des yeux ronds et s'entendit répondre avec toute la candeur de l'enfance.

- Tu parles ?

- Bien sssûr que je parle. CCCe qui est plus zzz'étonnant, ccc'est que toi tu comprennes.

- Pourquoi ? Les gens ne te comprennent pas d'habitude ?

- Non. CCC'est étrange que toi tu le puisssses. Es-tu un sssorcccier ?

- Sorcier ? Bien sûr que non.

- SSSi, tu dois zzz'être un sssorcccier, sssinon tu ne me comprendrais pas.

Mais avant d'aller plus loin dans la conversation, des cris d'enfants retentirent et le serpent s'enfuit en sifflant.

- CCCiao, petit sssorcccier.

Cette rencontre fit intensément réfléchir le jeune Harry, pendant des jours, des semaines. Il se souvint de chaque chose étrange qui se produisait autour de lui et dont son Oncle et sa Tante semblaient le tenir pour responsable. Il se souvint des brimades, des punitions, des méchancetés.

Parallèlement, il passa beaucoup de temps dans la bibliothèque du quartier pour en découvrir plus sur les serpents. Il découvrit que le serpent à qui il avait parlé était une Coronelle Lisse, une espèce rare au Royaume-Uni, et que cette espèce pouvait mesurer entre 50 et 70 centimètres. Mais dans aucun livre de sciences, il n'était fait mention de serpent parlant.

Dans le Livre, celui toujours bien caché sous son matelas, il s'abîma dans les récits narrant la légende de Quetzalcóatl, le Serpent à Plumes, ou de Waagal, le Serpent Arc-en-Ciel.

Et après cette intense réflexion, il prit une décision.

Le jour de son anniversaire, Harry rassembla tout son courage. Il allait violer la Règle numéro 1, le tabou absolu. Il fallait, il devait, poser une question à la Tante Pétunia. Celle-ci était comme d'habitude, toute à son ménage, rangeant et lavant la cuisine.

Pétunia Dursley était une femme très angoissée, que l'astiquage systématique de sa maison permettait d'apaiser. Elle transportait une pile de tasses à café en porcelaine quand son neveu arriva et creva la bulle de sécurité que Pétunia avait gonflée autour d'elle. Le choc fut si rude que la demi-douzaine de tasses se retrouvèrent par terre, en morceaux.

- Papapardon ? Bégaya la Tante Pétunia.

- Est-ce que je suis un sorcier ? Répéta Harry d'un ton plus ferme.

- Bien sûr que non ! Rugit l'Oncle Vernon que le bruit avait fait rappliquer.

L'Oncle et la Tante échangèrent un long regard. Vernon attrapa son neveu par le col en vitupérant.

- Regarde dans quel état tu as mis ta Tante avec tes sornettes !

Il poussa Harry dans son placard et coupa l'électricité. Maîtrisant tant bien que mal son malaise claustrophobique, Harry tenta de remettre ses idées en place.

S'il était un sorcier, il devait être capable de certaines choses, non ? Il se concentra de toutes ses forces. Il crispa les poings, serra les dents, mais après plusieurs minutes, rien ne s'était produit. L'abattement le prit. Il poussa un soupir. Le sentiment de claustrophobie revint. Pas que l'enfant soit dans un lieu inconnu, il connaissait les moindres détails de son placard. Il savait que le petit lit dépliant s'affaissait quand on s'asseyait trop au bord. Il savait quand pencher la tête pour ne pas se cogner contre la forme des marches qui composait le plafond. Il savait exactement où il avait mis les petits soldats cassés de Dudley, récupérés un jour dans une poubelle. Il pouvait les toucher du bout des doigts sans avoir à tâtonner. Non, vraiment, la lumière n'était pas une nécessité. C'était un besoin primaire, préhistorique presque. La lumière réconfortante, tueuse d'ombre, révélatrice d'ennemis.

Après un temps infiniment long, la Tante Pétunia appela Dudley à table. Celui-ci dévala les escaliers, faisant trembler le placard de Harry.

L'enfant avait faim. Il était dans le noir. Une colère sourde, plus puissante qu'à l'ordinaire le prit aux tripes. Il ne pouvait penser qu'à cela. Il pleurait presque de rage, d'être seul, affamé, dans le noir.

Et la lumière fut.

Harry fut si surpris qu'il en oublia sa colère. Son Oncle, sa Tante et son cousin, autour de la table, ne remarquèrent rien. Harry sourit. Il avait réussi à s'éclairer.

Quelque part, au cœur de Londres, un étrange appareil carillonna en éjectant un bout de parchemin. Un homme, bizarrement habillé de violet, lu l'inscription :

Harry Potter, 8 ans, 6 heures, 17 minutes, 56 secondes.

Le 31 Juillet 1988, 20h33m14sec.

Acte Magique sans baguette enregistré : sortilège éclairant.

Présence d'individus non magiques : Néant.

L'homme en violet pensa que décidément, le jeune héros sorcier collectionnait les actes magiques incontrôlés, et rangea le parchemin dans un dossier déjà épais.

ooOOOoo

Pendant le reste des vacances d'été, Harry ne parla plus d'être un sorcier. Ce n'étaient ni son Oncle ni sa Tante qui répondraient à ses questions. D'ailleurs, ils n'en parlèrent pas non plus. Les choses continuèrent comme à leur habitude. Les corvées s'enchaînaient, toutes plus stupides les unes que les autres. Harry lava les carreaux trois jours de suite, jusqu'à ce que la Tante Pétunia les juge suffisamment propres. Il tondit la pelouse tous les deux jours, ce qui était parfaitement ridicule. Il tailla les rosiers en se servant d'un fil tendu pour que rien ne dépasse, ce qui relevait plus de la maniaquerie pathologique que d'une envie d'esthétisme.

Mais en secret, Harry s'entraînait. Après trois jours d'intense concentration, il parvint à allumer de nouveau la lumière de son placard. A la fin des vacances, il parvenait à allumer et éteindre n'importe quelle lumière à volonté.

Au Département de Contrôle de la Magie, à Londres, les formulaires d'actes magiques sans baguette au nom de Harry Potter s'empilaient, ce qui finit par alerter un fonctionnaire du Ministère. Après étude du dossier, la Directrice du Département décida d'envoyer quelqu'un pour enquête.

Un matin maussade de début Septembre, un petit homme ventripotent et vêtu d'un costume vert pomme frappa à la porte du 4, Privet Drive. La Tante Pétunia, seule à la maison, ouvrit la porte. Croyant qu'il s'agissait d'un démarcheur, elle voulut refermer la porte avec un « Pas intéressée » de circonstance. Mais le petit homme fut plus rapide qu'elle.

- Je m'appelle Marcus Cassius. Je travaille au Ministère de la Magie, débita-t-il en exhibant son badge d'employé.

Le visage de Pétunia Dursley vira au verdâtre. Elle jeta un regard angoissé aux alentours, mais la rue était complètement déserte. Elle fit entrer l'homme en vert pomme pour éviter qu'il ne soit vu par un voisin, mais ne le fit pas avancer plus loin que le hall.

- Qu'est-ce que vous voulez ? Demanda sèchement la Tante Pétunia.

- Je suis ici pour évoquer le cas Harry Potter avec ses tuteurs légaux. (Il sortit un parchemin de sa poche). Vous êtes bien Mrs Pétunia Elisabeth Evans, épouse Dursley ?

- Oui, c'est moi, répondit-elle d'une voix crispée.

- Vous n'êtes pas sans savoir que le jeune Monsieur Potter est un sorcier répertorié ?

Pour toute réponse, Pétunia serra les lèvres.

- Depuis quelques temps, nous avons enregistré un pic d'actes magiques sans baguette que nous qualifions d'incontrôlés. Vous êtes vous aperçue que Monsieur Potter avait des prédispositions pour la magie ?

A ce moment, Pétunia Dursley, que la présence du petit homme indisposait, décida de mentir.

- Pas du tout, dit-elle. Devant nous, il n'a jamais fait acte de quoique ce soit de magique.

Le mot sembla lui brûler la bouche.

Le fonctionnaire posa encore quelques questions, puis finit par demander.

- Puis-je voir l'intéressé ? Afin de lui poser quelques questions.

A dire vrai, le protocole n'incluait pas de questionner l'enfant, seulement son entourage. Très souvent les enfants ne s'apercevaient même pas qu'il faisait de la magie sans le vouloir, et depuis longtemps, leurs témoignages étaient considérés comme peu fiables. Marcus savait tout cela, mais il s'agissait de Harry Potter.

- Il est à l'école. Nous avons fini ? Demanda-t-elle froidement.

Après les politesses d'usage, Marcus Cassius partit faire son rapport. Après délibération, Harry Potter fut qualifié de Magiquement Précoce, mais sans danger pour la Sécurité du Secret Magique. Et l'affaire fut classée, l'appareil qui suivait la Trace de Harry Potter fut partiellement désactivé, n'enregistrant plus que les actes magiques en présence de Moldus.

S'il en avait été autrement, le Ministère de la Magie aurait enregistré une escalade de ces fameux actes magiques, mais surtout, une diversification. Car après un an d'entraînement intensif, Harry Potter n'était plus seulement capable d'allumer les lumières, mais aussi de déplacer de petits objets, et même parfois de commander au temps. Ce n'était arrivé qu'une fois, et il n'était même pas sûr que ce soit de son fait.

Harry se gardait bien de faire des tours de magie en présence d'autres personnes. Son Oncle le prenait pour responsable pour la moindre chose irritante qui pouvait se produire (d'autant que l'Oncle Vernon était facilement irrité), et Harry se disait à juste titre qu'une lampe qui s'allume toute seule pourrait faire partie des choses que l'Oncle Vernon trouvait irritantes.

Les bouffées de colère se faisaient de plus en plus violentes pour le petit garçon. A chaque nouvelle brimade, humiliation ou punition, un sentiment qui ressemblait de plus en plus à de la haine gagnait Harry. Un sentiment bien trop grand pour un si petit corps, qui menaçait de déborder. Ce sentiment terrifiait le garçon, persuadé qu'il était quelqu'un de mauvais. Les gens bien ne rêvent pas secrètement de faire mal à leur famille, n'est-ce pas ?

Mais ni l'Oncle Vernon, ni la Tante Pétunia ne semblait s'apercevoir de quoique ce soit, ce qui rassurait Harry quelque peu.

Il ne pouvait pas plus se tromper.

Vernon Dursley était un homme particulièrement obtus. Il avait ses habitudes et s'en écartait rarement pour ainsi dire jamais. Il achetait toujours la même marque de voiture, prenait toujours la même route pour aller à son travail, mangeait toujours dans le même restaurant le midi, achetait toujours le même journal et votait systématiquement pour le même parti aux élections. Patron d'une petite entreprise, il gagnait bien sa vie et subvenait seul aux besoins financiers de sa famille. Pétunia avait été secrétaire avant l'arrivée de l'anormalité sous son toit.

L'anormalité était tout ce que Vernon détestait. Imprévisible. Et quand quelque chose d'imprévisible arrivait, Vernon réagissait toujours de la même manière : il se mettait en colère. Et depuis que son neveu habitait dans sa maison, l'anormalité était devenue presque quotidienne.

Pétunia et Vernon avaient longuement parlé de la visite de l'agent du Ministère. Discrètement, Vernon Dursley avait espionné son neveu. Pas souvent, pas longtemps, mais ce qu'il avait vu l'avait glacé d'effroi. Le gamin faisait de la m... (Vernon n'arrivait même pas à penser ce mot). Volontairement. Il n'était pas censé pouvoir faire de la m... aussi jeune. Mais il l'avait vu allumer une lampe rien qu'en la regardant. Cela avait catastrophé Pétunia, qui ne s'en remettait toujours pas.

Plus grave encore (si on pouvait faire plus grave), Vernon avait surpris des coups d'œil de son neveu, où il avait pu lire la colère et presque la haine sur son visage. Cela l'avait terrifié, et il n'en avait pas dit un mot à Pétunia. Mais Vernon n'avait pas pour autant changé son comportement. Crier sur le garçon faisait diminuer la peur. Ayant compris cela, Vernon ne dérogea pas à ses bonnes vieilles habitudes, et c'est avec application qu'il réduisit sa crainte.

ooOOOoo

Le temps passait et Harry devenait de plus en plus habile avec sa magie. Il arrivait désormais à faire bouger des objets de plus en plus lourds, comme un livre ou un plat. Il s'entraînait à écrire en faisant bouger le crayon par la pensée. C'était difficile car il fallait se concentrer sur le crayon et sur ce qu'il voulait écrire, mais il faisait des progrès.

Une véritable avancée dans la maîtrise de ses pouvoirs fut un week-end. La bande à Dudley jouait à leur jeu favori, la Chasse au Harry, et cette fois, Harry n'avait pu leur échapper. Dudley l'avait frappé à la tête pendant que Piers et Malcolm lui tenait les bras. Harry avait entendu un crack sinistre. Pendant quelques instants il avait cru que Dudley lui avait cassé le nez. La douleur envahissait son visage, et du sang coulait. Mais ce n'était pas son nez qui était cassé, c'était ses lunettes, et un bris de verre lui avait écorché la peau. Harry avait senti la panique l'envahir. Si ses lunettes étaient cassées, il ne pourrait plus lire, ni suivre en classe. Et il savait par expérience que les Dursley ne lui achèteraient pas une nouvelle paire dès le lendemain.

La Bande à Dudley l'avait laissé là où il était tombé, se rabattant sur Dragon Quest II, un jeu vidéo que Dudley avait eu pour … pour rien en fait.

Harry avait enlevé précautionneusement ses lunettes pour ne pas se blesser encore plus, et au travers de sa vision floue, les avait regardées, abattu. Il avait besoin de ses lunettes. Il ne voyait rien sans elles. Il se concentra de toutes ses forces. Et les lunettes se réparèrent. Un soulagement sans nom envahit le petit garçon quand il chaussa de nouveau ce qui lui permettait de contempler le monde, aussi laid soit-il.

Puis il se rendit compte de ce qu'il venait de faire. Il se précipita dans son placard avec la ferme intention de tout réparer. Il répara ses livres de classe, d'occasion et déchirés. Il répara les seuls jouets qu'il possédait, des petits soldats en plastique, tordus, sur lesquels Dudley avait marché. Il répara ses chaussettes trouées. Il répara son vieux matelas, percé d'un côté. Quand il eut fini, et que l'excitation quitta son corps, la fatigue le gagna d'un coup. Avant de s'endormir il eut la force de se dire que peut-être il en avait fait un peu trop d'un coup.

Le temps passait, et parfois Harry se sentait seul. Bien sûr, il avait toujours été seul. Il s'était déjà senti seul comme enfant. Cette fois il se sentait seul comme sorcier. C'était dur de n'avoir personne à qui parler de ses pouvoirs, de ses progrès, de sa fierté, de sa peur. Il aurait voulu avoir un ami à qui se confier.

Le temps passait et Harry avait appris à contrôler sa colère, à ne rien laisser paraître. Il avait compris comment canaliser sa frustration, en faire de l'énergie, la transformer en magie, pour faire des choses bien plus impressionnantes que d'allumer les lumières ou écrire avec un crayon en lévitation. A présent, quand la Bande à Dudley le pourchassait, il lui suffisait de se cacher dans un coin, fermer les yeux, se concentrer et il atterrissait dans le bosquet où deux années auparavant, il avait rencontré le serpent. La sensation du voyage était désagréable, comme s'il passait dans un tuyau un peu trop étroit, sa respiration se bloquait souvent, mais cela le sauvait des coups de son cousin. Alors il n'en avait cure.

Le temps passait, et les vacances d'été approchaient. Les dernières avant que Dudley ne soit envoyé à Smeltings, un collège privé. Les dernières vacances d'été avant que Harry et son cousin ne soient plus dans la même école. Ce n'était pas la première fois que Harry avait hâte que les vacances d'été se terminent, mais jamais il ne l'avait souhaité avec autant d'ardeur. Plus de Dudley cela signifiait plus personne pour terroriser ceux qui s'approcheraient un peu trop près de Harry Potter. Plus de Dudley cela signifiait qu'enfin Harry pouvait espérer se faire des amis. Avoir un ami. Le rêve absolu.

ooOOOoo

Dudley Dursley se réveilla ce matin là avec la certitude qu'il allait passer une bonne journée. Aujourd'hui c'était Samedi. Aujourd'hui il avait 11 ans. Il s'étira longuement, paressant au lit. Il entendit sa mère toquer à la porte du placard de son cousin, en disant que tout devait être parfait pour son petit Popkin. Dudley ricana. Il détestait quand sa mère l'appelait Popkin (surtout devant ses amis), mais c'était largement compensé par l'idée que son cousin devrait se tenir encore plus sage que d'habitude. Et qu'il devrait passer la journée chez cette horrible Mrs Figgs. Il décida de se lever pour prendre le petit déjeuner, qu'il savait par avance pantagruélique, bien qu'il ne sache pas vraiment ce que ce mot voulait dire.

Dudley dévala les escaliers, prit soin de bousculer son cousin qui faisait cuire le bacon, et s'assit à table, sur une vieille chaise qui gémit sous son poids. De sa place, par la porte qui menait de la cuisine à la salle à manger, il pouvait voir une montagne de cadeaux qui n'attendaient plus que lui. Dudley était tellement surexcité par ses cadeaux d'anniversaire qu'il envisagea sérieusement la possibilité de sauter le petit déjeuner pour les ouvrir tout de suite. Il ne considéra pas l'idée longtemps cependant car son estomac lui fit savoir qu'il n'était pas d'accord.

Sa mère le prit dans ses bras en roucoulant un « joyeux anniversaire » débordant d'affection pour son fils. Fils qui souriait de toutes ses dents, malgré les embrassades plus que gênantes. Son père lui ébouriffa les cheveux en lui souhaitant son anniversaire, et tout le monde se mit à table. Son cousin servit le bacon, les toasts et les œufs, et Dudley se fit un devoir d'engloutir tout ce qui lui tombait sous la main, qu'importe à qui cela pouvait appartenir. Il savait de toute façon que sa mère ne mangeait pas le matin, que son père s'était déjà servi sa sempiternelle tasse de café et ses trois toasts beurrés (il prenait toujours la même chose au petit déjeuner) et que son cousin … on s'en fichait. Ce n'est pas comme si ses parents allaient le disputer pour voler de la nourriture à son cousin.

Quand il eut fini son petit déjeuner, il se précipita dans la salle à manger, manquant de renverser son cousin qui débarrassait la table.

Dudley se fit un devoir de compter chaque paquet cadeau. 1, … 2, … 3, … C'était long, c'était fastidieux (encore un mot dont il ne connaissait que vaguement la définition), mais cela avait un but. Année après année, Dudley recevait toujours plus de cadeaux. L'année précédente il en avait reçu 37. Donc cette année, il devait en recevoir au moins 38. Il savait que ses parents trichaient un peu. Chaque jeu de console était emballé séparément, par exemple. Mais Dudley s'en fichait. Ce qui comptait, c'était le nombre de paquets différents.

34, … 35, …

35 ?

- Il y en a 35, fit remarquer Dudley.

- Tu as oublié de compter celui-là, répondit son père. Le petit, de la part de ta Tante Marge, sous le gros cadeau que t'offrent Papa et Maman.

- D'accord, ça fait 36, dit Dudley d'un ton sec. L'année dernière j'en ai eu 37.

Dudley vit le coup d'œil alarmé que son père lança à sa mère.

Il fit alors ce qu'il savait faire le mieux devant ses parents. Jouer la comédie. Ses joues devinrent rouges, ses yeux se remplirent de larmes, mais avant qu'il n'explose, sa Mère dit précipitamment :

- Et au Zoo, nous t'offrirons encore deux autres cadeaux. Ça te va mon poussin ?

Déjà trop occuper à imaginer ce qu'il pourrait faire acheter à ses parents, Dudley répondit :

- Alors ça m'en fera, trente, euh... trente

- Trente-huit, mon trésor, finit sa mère à sa place, soulagée d'avoir évité l'incident diplomatique.

Satisfait, Dudley commença à ouvrir ses cadeaux.

Harry regarda le tas monstrueux de cadeaux pour Dudley. Il soupira intérieurement, contrarié que cette année, l'anniversaire de Dudley tombe le week-end. Même s'il retournait dans son placard, il serait tout de même obligé d'entendre les bruits extasiés que Dudley poussait dès qu'il ouvrait un nouveau paquet. Même quand cela ne lui plaisait pas, il criait de contentement, car il savait que cela rendait Harry triste. Et rien ne faisait plus plaisir à Dudley que d'embêter Harry.

En plus de cela, Harry savait qu'il ne pourrait même pas se réfugier dans son placard. Le week-end, Tante Pétunia lui donnait une liste de corvées à faire, et gare à lui s'il ne la finissait pas avant le Dimanche soir.

Donc, Harry prit son mal en patience, débarrassa la table du petit déjeuner, et entreprit de faire la vaisselle. Ce week-end, il avait encore moins de temps pour s'occuper de ses tâches, car il était supposé passer la journée chez Mrs. Figgs pendant que son Oncle, sa Tante, Dudley et ses amis passeraient une formidable après-midi au Zoo. Ils verraient certainement des Lions féroces, des Serpents dangereux, des animaux sauvages fascinants et des oiseaux fabuleux.

Et Harry lui, ne verrait que des chats, des chats en photo, des chats peints sur des assiettes, des chats brodés dans des cadres... L'ennui mortel. Le seul avantage à passer la journée chez Mrs Figgs était qu'il pourrait manger un bon goûter.

Harry ruminait ses pensées en faisant la vaisselle, tout en essayant de refouler sa colère montante, quand le téléphone sonna, le faisant légèrement sursauter. La Tante Pétunia alla décrocher le téléphone. Quand elle revint dans la pièce, elle avait les lèvres pincées de contrariété, et elle lança à Harry un regard lourd de reproches.

" Qu'est-ce que j'ai encore fait ? " Se demanda le jeune garçon en réprimant sa peur. Il commença à essuyer la vaisselle, quand il entendit la Tante Pétunia dire à l'Oncle Vernon :

- Mrs Figgs est malade. Elle ne peut pas le prendre aujourd'hui.

Un fol espoir prit Harry aux tripes. Peut-être que son Oncle et sa Tante allait le laisser seul dans la maison ? Il pourrait regarder la télé, grignoter quelque chose, et même jouer avec l'ordinateur de Dudley, sans que personne ne le sache.

- Il est hors de question qu'il reste ici ! Tonna l'Oncle Vernon en entrant dans la cuisine, talonné par la Tante Pétunia.

- Peut-être que ta sœur pourrait le garder ? Questionna timidement la Tante Pétunia.

- Tu sais bien qu'elle déteste cet enfant, riposta immédiatement l'Oncle Vernon.

- Nous n'avons plus qu'à l'emmener avec nous, conclut la Tante Pétunia. Il n'aura qu'à rester dans la voiture.

- Ma voiture est toute neuve, pas question qu'il reste seul dedans ! Tant pis, il viendra avec nous au Zoo.

L'estomac de Harry fit une cabriole. Il n'était jamais allé au Zoo. Ce devait être un endroit génial ! Mais Harry vit l'expression de Dudley et su que son bonheur allait être de courte durée. Dudley avait sa tête d'enfant battu, de grosses larmes menaçant de tomber de ses yeux, il se précipita sur sa mère.

- Je veux pas qu'il vienne ! Pleurnicha-t-il. Il gâche toujours tout !

- Oh, mon trésor, fondit la Tante Pétunia immédiatement. Maman va faire en sorte qu'il ne gâche pas ta journée rien qu'à toi.

Mais aucun d'entre eux n'eut le temps de proposer une solution de secours qui convienne à Dudley, car la sonnerie de l'entrée retentit, annonçant l'arrivée d'une partie de la Bande à Dudley. Piers et Dennis étaient à la porte, escortés par leurs Mères respectives. Dudley cessa aussitôt sa comédie, et se désintéressa du sujet 'Harry', préférant se vanter sans vergogne en montrant un par un les 36 cadeaux qu'il avait déjà reçus.

Et tout le monde partit au Zoo. Harry fit très attention à se tenir à l'écart du groupe que formaient les trois jeunes garçons turbulents. Il savait par expérience que lorsque Dudley se serait lassé des animaux, il se rabattrait sur son occupation favorite : la Chasse au Harry. Ils mangèrent dans le restaurant du Zoo. Dudley commanda une glace qu'il jugea trop petite lorsqu'on la lui apporta, et Harry eu le droit de la finir. Il n'avait jamais mangé au restaurant avant cette journée, et il trouva tout délicieux.

Après avoir mangé, les trois brutes se dirigèrent avec autorité vers le vivarium, dans l'espoir de voir des serpents énormes. Et il y en avait. Le serpent le plus gros, que Dudley repéra assez vite, était un boa constricteur de plus de trois mètres de long. Il dormait profondément visiblement, ou au moins faisait semblant.

Dudley ordonna sèchement à son père de le faire bouger. Un boa en mouvement, même derrière une vitre, est plus impressionnant qu'un boa endormi. Mais le reptile, Harry avait appris que les serpents étaient des reptiles, ne se réveilla pas. Dudley en conclut que l'endroit était très ennuyeux et se dirigea vers un crotale qui, paraissait-il, pouvait tuer un être humain en quelques minutes.

Harry resta à contempler le boa. Et pour une raison qui lui échappa, il se mit à lui parler.

- Désolé, dit-il. Il ne sait pas ce que c'est d'être constamment enfermé.

- Tu es zzz'un Parleur ? Fit la bête surprise en levant la tête.

- Il paraît oui. D'où viens-tu ?

- De Bolivie d'après la fichhhe. Mais jjje sssuis né à la ménagggerie.

- Moi non plus je n'ai jamais connu mon milieu naturel, plaisanta sombrement Harry.

A ce moment-là, le serpent s'était rapproché de la vitre et dressait le cou, ondulant gracieusement. Et ce qui devait arriver, arriva. Dudley aperçu le manège du serpent, et se précipita, bousculant Harry et le faisant tomber. La colère s'empara du petit garçon qui focalisa sa rage sur la seule chose qui lui vint à l'esprit : se venger.

Brutalement, Dudley tomba en avant, dans le vivarium, la tête la première dans une mare d'eau. Quant au boa, il profita de la disparition de la vitre pour s'échapper. Se dirigeant vers la sortie, il lança un dernier « Merccci, Amigo » et zigzagua entre les pieds des visiteurs. Il y eut un premier hurlement, quand une jeune fille se rendit compte qu'un serpent de trois mètres se baladait librement, et bientôt, ce fut la cohue.

Le Directeur du Zoo se répandit en excuses devant Mrs et Mr Dursley, ne comprenant visiblement pas comment la vitre avait pu disparaître quand Dudley s'était appuyé dessus. Il leur offrit un chèque cadeau pour la boutique du parc, et des entrées gratuites à vie. Cela n'eut pas beaucoup d'effet sur la Tante Pétunia qui ne cessait de répéter que ce parc n'était pas aux normes et qu'elle allait les attaquer en justice. Mr Dursley resta bizarrement silencieux, mais les coups d'œil furieux qu'il lançait à Harry, firent craindre le pire au petit garçon.

Car l'Oncle Vernon avait compris. Et la punition que Harry reçut fut la plus dure et la plus longue qu'il n'ait jamais endurée. Il était enfermé dans son placard, avec un seul repas par jour (la cantine du midi pour les jours d'école, et juste un bol de soupe pendant les week-end), dans le noir, car l'Oncle Vernon avait enlevé l'ampoule de la lampe.

Tantôt envahi par la terreur de la claustrophobie, tantôt submergé par la rage et la haine, l'enfant se tenait recroquevillé sur son lit, en position fœtale, tremblant, jusqu'à ce qu'il s'endorme d'épuisement. Il ne pleurait pas, Harry ne pleurait plus depuis bien des années, mais le poids sur son cœur et le nœud dans son ventre ne voulaient plus partir.

Enfermé dans le noir, Harry parvint après quelques jours à surmonter sa claustrophobie grâce à une minuscule boule lumineuse qu'il faisait apparaître. Mais cela le fatiguait énormément, si bien que ce maigre réconfort était rare.

Quand la punition prit fin, les vacances d'été avaient débuté depuis plus d'une semaine. La routine presque rassurante des corvées recommença. L'Oncle Vernon remit l'ampoule au plafond du placard, et Harry se sentit un peu moins enfermé dans ce qui lui servait de chambre.

Les jours passèrent, sans surprise, mornes, ternes et fatigants pour Harry. Jusqu'à un matin.

Ce matin-là, Dudley paradait, fier comme un paon d'une demi-tonne, dans l'uniforme de son futur collège. Le Collège Smelting faisait notamment porter à ses élèves un canotier et une canne, en plus d'un frac marron à queue de pie, et un pantalon de golf orange. Le tout donnait l'impression que Dudley allait à un bal costumé. Harry, habitué à recevoir des taloches derrière la tête dès qu'il donnait son avis, se contenta de rire intérieurement.

Puis, ils entendirent le bruit caractéristique du courrier glissé dans la fente de la porte. Aussitôt l'Oncle Vernon demanda à Dudley d'aller chercher le courrier.

- Harry n'a qu'à y aller Papa, répondit Dudley

- Va chercher le courrier mon garçon ! Ordonna l'Oncle Vernon

Harry esquiva un coup de canne, et se précipita pour aller chercher le courrier. Il préférait être seul dans le couloir, qu'avec le reste de sa famille dans le salon. Il ramassa les lettres par terre, et par curiosité, regarda à qui elles étaient adressées. Il y avait deux lettres à l'apparence officielle, sans doute des factures, une carte postale adressée à la Famille Dursley, et une enveloppe épaisse cachetée à la cire... adressée à Harry.

Harry Potter

Dans le Placard sous l'escalier

4, Privet Drive

Little Whinging

Surrey

Une foule de pensées assaillirent le jeune garçon. Qui pouvait bien lui écrire ? Comment cette personne pouvait savoir qu'il logeait dans le placard sous l'escalier ? Que contenait l'enveloppe ? Et surtout … Quelle serait la réaction des Dursley en voyant qu'il avait reçu du courrier ?

La réponse à la dernière question n'était pas très difficile à imaginer. Dudley lui arracherait la lettre des mains, l'Oncle Vernon et la Tante Pétunia ne réagiraient pas, et Harry ne reverrait peut-être pas sa lettre.

Alors, il fit ce qui lui sembla le moins risqué. Il glissa sa lettre sous la porte de son placard.

Il eut toutes les peines du monde à se concentrer sur ses corvées. La Tante Pétunia lui fit repasser trois fois l'aspirateur dans le salon, car à chaque fois, il oubliait un endroit essentiel. Comme sa Tante était partisane du tout ou rien, le jeune garçon dut relaver toute la pièce.

Enfin, le soir arriva, et, après sa douche, Harry put retourner dans son placard.

Les lettres émeraudes, calligraphiées à la plume, brillaient presque dans le noir.

Harry Potter

Dans le Placard sous l'escalier

4, Privet Drive

Little Whinging

Surrey

C'était si inattendu, si saugrenu qu'une lettre lui soit adressée que Harry n'osait pas l'ouvrir. Il n'osait pas regarder le contenu de la lettre car il avait peur de se rendre compte qu'il s'était trompé, que la lettre n'était pas pour lui, que quelqu'un lui faisait une blague. C'était peut-être un mauvais tour de son cousin ? Harry considéra la question longuement, avant de conclure que Dudley savait à peine écrire, et savait encore moins écrire à la plume.

Avec des gestes tremblants, Harry ouvrit la lettre. Deux parchemins s'en échappèrent. Il prit le premier parchemin et le lut.

COLLÈGE POUDLARD, ÉCOLE DE SORCELLERIE

Directeur : Albus Dumbledore

Commandeur du Grand-Ordre de Merlin

Docteur ès Sorcellerie, Enchanteur-en-chef, Manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers

Cher Mr Potter,

Nous avons le plaisir de vous informer que vous bénéficiez d'ores et déjà d'une inscription au Collège Poudlard. Vous trouverez ci-joint la liste des ouvrages et équipements nécessaires au bon déroulement de votre scolarité.

La rentrée étant fixée au 1er septembre, nous attendons votre hibou le 31 juillet au plus tard.

Veuillez croire, cher Mr Potter, en l'expression de nos sentiments distingués.

Minerva McGonagall

Directrice adjointe

La respiration de Harry se bloqua. C'était une chose de 'savoir' qu'il était un sorcier, c'en était une autre que la chose soit confirmée. Pour la première fois de sa vie, Harry ne se sentait pas seul. Il n'était pas seul.

Il lut et relut le parchemin, en fronçant de plus en plus les sourcils. « Nous attendons votre hibou » Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Était-ce une sorte de code ? Harry décida de ne pas trop s'y attarder, et déplia le second parchemin. C'était une liste de fournitures.

COLLÈGE POUDLARD - ÉCOLE DE SORCELLERIE

Uniforme

Liste des vêtements dont les élèves de première année devront obligatoirement être équipés :

1) Trois robes de travail (noires), modèle normal

2) Un chapeau pointu (noir)

3) Une paire de gants protecteurs (en cuir de dragon ou autre matière semblable)

4) Une cape d'hiver (noire avec attaches d'argent)

Chaque vêtement devra porter une étiquette indiquant le nom de l'élève.

Livres et manuels

Chaque élève devra se procurer un exemplaire des ouvrages suivants :

Livre des sorts et enchantements (niveau 1), par Miranda Fauconnette

Histoire de la magie, par Bathilda Tourdesac

Magie théorique, par Adalbert Lasornette

Manuel de métamorphose à l'usage des débutants, par Emeric G. Changé

Mille herbes et champignons magiques, par Phyllida Augirolle

Potions magiques, par Arsenius Beaulitron

Vie et habitat des animaux fantastiques, par Norbert Dragonneau

Forces obscures : comment s'en protéger, par Quentin Jentremble.

Fournitures

1 baguette magique

1 chaudron (modèle standard en étain, taille 2)

1 boite de fioles en verre ou cristal

1 télescope

1 balance en cuivre

Les élèves peuvent également emporter un hibou OU un chat OU un crapaud.

IL EST RAPPELÉ AUX PARENTS QUE LES ÉLÈVES DE PREMIÈRE ANNÉE NE SONT PAS AUTORISES À POSSÉDER LEUR PROPRE BALAI.

Harry désespéra. Où allait-il trouver tout ce que demandait l'école ? Il ne connaissait aucun endroit où on pouvait se procurer une baguette magique ou des livres de magie. De plus, il doutait que les Dursley acceptent de l'aider. Sa Tante lui recommanderait d'arrêter de faire des plaisanteries de mauvais goût d'un ton sec, et Vernon se mettrait à hurler sans cohérence avant de lui mettre des taloches derrière la tête et de l'envoyer dans son placard. Non, en parler aux Dursley était une mauvaise idée.

Alors que faire ? Harry n'avait ni argent, ni moyen de contacter cette école, Poudlard. Il envisagea de fuguer pendant quelques minutes, mais pour aller où ? Non, le meilleur choix était d'attendre pour le moment. Peut-être que, ne recevant pas de lettre de sa part, le Directeur de l'école enverrait une autre lettre plus explicite.

Il n'y avait qu'à attendre.

En espérant que ce soit le bon choix.

ooOOOoo

- Ça ne te dérange pas si je fume ?

Severus Snape n'attendit pas l'assentiment de la femme allongée à côté de lui, et alluma la cigarette. C'était un rituel. Il fumait toujours une cigarette après l'amour, depuis la première fois. La jeune femme lui envoya une œillade noire, avant de se lever pour entrouvrir la fenêtre. Severus en profita pour admirer longuement le corps nu de la femme. Elle avait la peau blanche, les cheveux roux, ondulés, les yeux verts. Elle lui rappelait … Mais tous ce que voyait Severus était qu'elle avait les cheveux trop clairs, les yeux trop sombres, les lèvres trop minces pour vraiment ressembler à …

Severus tira sur sa cigarette. La jeune femme remarqua le regard de Severus fixé sur elle.

- Ce que tu vois te plaît ? Demanda-t-elle d'un ton aguicheur.

Severus se contenta de recracher la fumée, tout en continuant de la regarder avec insistance. Elle s'installa à califourchon sur lui, et dans un geste pour dégager ses cheveux de son visage, elle offrit sa gorge.

Severus posa une main sur sa hanche, jeta sa clope dans le cendrier tout proche, et renversa les positions. Il la sentait languissante sous lui, bien déterminée à l'allumer.

- Je n'ai pas le temps de remettre ça, susurra-t-il si près de son oreille qu'elle en eu un frisson. Je vais finir par être en retard.

- Je croyais que tu étais en vacances, contra-t-elle avec une moue boudeuse.

- Sauf aujourd'hui.

Severus se leva, prit quelques vêtements dans une armoire et se dirigea vers la salle de bain.

- Je suppose qu'on ne se reverra pas avant un bout de temps, soupira la jeune femme, toujours allongée sur le lit.

- Je te téléphone, dit Severus avant de passer la porte.

Quand il revint dans la chambre, après sa douche, la jeune femme était déjà partie. Sa voiture n'était plus non plus sur le petit parking de Spinner's End. C'était mieux comme ça. Pour elle, comme pour lui.

Severus enfila ses robes par dessus son col roulé et son pantalon noir, prit sa baguette, et se dirigea vers la cheminée du salon. Il était convoqué pour une des réunions traditionnelles entre Dumbledore et ses Directeurs de Maison.

Severus arriva dans le bureau du Directeur, dans un tournoiement de robes. Il était pile à l'heure, mais il savait par expérience qu'il serait certainement le premier arrivé. Il avait raison, même si Minerva McGonagall arriva quelques secondes après lui. Suivie de près par Filius Flitwick et Pomona Chourave.

- Maintenant que nous sommes tous là, nous allons pouvoir commencer, débuta gaiement Dumbledore. Du thé ?

La réunion du jour consistait à écouter Albus faire la liste de tous les futurs premières années qui n'avaient pas répondu à la Lettre de Poudlard. Chaque Directeur de Maison était ensuite chargé de contacter les familles, Moldues, pour leur expliquer que la Lettre n'était pas un canular. Cela n'enchantait pas du tout Severus qui estimait qu'il avait mieux à faire que d'expliquer à des gamins ahuris et des adultes circonspects que le monde de la magie existait bel et bien. Mais, comme il aimait à le répéter à ses élèves les moins dociles, 'on fait rarement ce qu'on veut'. Si bien que Severus s'obligeait à obéir à Dumbledore.

Albus était en train d'égrener les noms des élèves dont ils n'avaient pas reçu de réponse, quand l'un d'eux fit sensation dans le staff réuni : Harry Potter.

Severus se retint de lever les yeux au ciel. Même pas encore dans l'école, et déjà Potter se faisait remarquer. Pire que son père, si cela était possible.

- Voulez-vous que j'y aille Albus ? Demanda Minerva.

- En vérité, le cas de Monsieur Potter est un peu différent des autres cas. Sa famille Moldue connaît l'existence du monde magique. J'espère que cela est un oubli de leur part.

Mais le Directeur ne semblait pas convaincu, nota Severus. Une lueur de tristesse traversa ses yeux pendant un quart de seconde, et Severus se demanda s'il avait bien vu.

Mais il n'y fit pas plus attention que ça. Le Directeur devait être déçu que son futur élève préféré ne souhaite pas entrer à Poudlard, et préfère se laisser chouchouter par sa famille.

- Je préfère attendre encore un peu, et si besoin est, j'enverrai Hagrid.

McGonagall eu l'air contrarié. Sûrement déçue de ne pas pouvoir aller voir le futur Gryffondor, à n'en pas douter, pensa Severus.

La réunion finie, Severus retourna à ses occupations. Il avait un projet de potion qui pourrait s'avérer extrêmement utile s'il parvenait au bout.

A des kilomètres de là, Harry Potter prit une décision. Il allait parler de cette histoire de Poudlard à son Oncle et à sa Tante.


(1) Mademoiselle Legourdin est l'affreuse directrice de Matilda dans 'Matilda' de Roald Dahl, et Mademoiselle Candy est la gentille institutrice qui a su comprendre que Matilda était exceptionnelle.


J'espère que cette première partie de chapitre vous a plu. N'hésitez pas à m'envoyer vos réactions, vos sentiments en review, j'y répondrai !

Merci et à dans un mois !