Dernière Ligne Droite vers l'Enfer

J'ai retrouvé ceci dans mes archives et je serais bien incapable de vous dire pourquoi j'avais renoncé à l'époque à le poster. L'un de mes lecteurs hors FFN m'a encouragé à le faire... alors voilà, je me lance.

Avertissement: le personnage principal est poussé à l'extrême. Mais qui peut savoir comment l'on réagirait dans les circonstances décrites? Attention, ce n'est qu'une FICTION mais .. ne jouez jamais avec des allumettes, vous risqueriez de vous brûler!

Les personnages ne m'appartiennent pas. J'ai juste pensé que le Blondinet semble parfois si désemparé lorsqu'on s'attaque à son copain , je me suis dit qu'un jour, il aurait pu franchir une ligne et...

Alerte: munissez-vous d'une boîte de kleenex, ça peut servir.

Traduction de « One Hell of a Road to Christmas », quoi que parfois je me suis permis d'adapter un tantinet en français. J'ai demandé permission à l'auteur… elle était d'accord (LOL)

Je pense devoir le classer "T", pour le langage et très certainement pour le contexte. Vous êtes prévenus.

C'est parti!


Prologue

Je me sens bien ici. Comme toujours. Sur la plage. Seul.

L'océan ne me pose jamais de questions. Ne me juge jamais. N'essaie jamais de me consoler avec des mots qui sonnent faux ou de me redonner espoir. Il est là, c'est tout. Il roule, encore et encore, jour après jour.

Il est là depuis une éternité. Vague après vague, il nettoie la crasse de la plage. Sa mélodie nettoie la crasse dans mon âme. J'ai toujours aimé venir ici. Je venais m'y promener avec LUI. Quand j'arrivais à le convaincre, on venait faire un jogging. On prenait des photos des oiseaux qui venaient becqueter le pain dans la paume de nos mains. On s'asseyait sur le sable et on regardait l'horizon, en silence, côte à côte.

Tout ça, c'était AVANT. Avant que tout n'arrive. Avant que le monde ne s'écroule. Avant qu'IL ne tombe. Dans une autre vie. Sur une autre planète. L'horizon était différent.

Je ne vois plus rien en dehors de la minute présente. A chaque instant, je lutte pour survivre. Le pire, c'est que plus j'essaie, plus je vois le bout du tunnel. Pourtant, au bout de ce tunnel, il n'y a pas de lumière brillante et salvatrice. En fait, il n'y a rien au bout de mon tunnel, rien qu'un brouillard gris qui m'appelle. Je marche vers lui. Ça fait des mois que je vais dans cette direction.

Ils m'ont tous dit que je mettrais du temps à m'en remettre. C'est de la foutaise! Plus les jours passent et plus ça me détruit. À l'intérieur, je ne suis plus qu'un déchet, dont tout le monde se fout. Moi y compris. Au début, ils se sont inquiétés de mon état. Pendant un temps. J'ai fini par les repousser loin de moi. Parce que j'avais trop mal, je ne voulais pas les entraîner dans ma chute. J'ai même fini par repousser ma femme, elle qui avait traversé la moitié du monde pour me rejoindre. Il y a des années-lumière.

Elle se retrouve seule. Je n'ai plus la force de prendre soin d'elle. J'arrive déjà pas à m'occuper de moi! Je l'aime trop pour essayer. Dieu sait que je l'aime. Elle mérite tellement mieux. Il lui faut un homme, fort et aimant, et pas la merde que je suis devenue.

Si seulement je pouvais lui dire ce que je ressens et lui montrer le fond de mon coeur. Je suis déchiré. J'ai mal. J'ai honte. Je me sens si coupable.

Coupable. Parce que je n'étais pas au bon endroit au bon moment. Je suis coupable de ce qui s'est passé ce jour-là. C'est moi qui aurait dû tomber. Je n'ai pas réagi assez vite. Je ne suis qu'un lâche, bordel!

Et ce n'est pas la première fois. Je ne lui ai pas toujours dit ce que je ressentais quand nous étions assignés à une mission difficile, quand il était là pour moi et que je n'ai pas dit merci. On n'a jamais vraiment eu besoin de parler, lui et moi, mais des fois, j'ai l'impression qu'il aurait aimé entendre les mots quand même, ne serait-ce que de temps en temps. Un simple "Merci, partenaire".

On se regardait et tout était dit. Mais j'aurais dû quand même prononcer les mots. J'aurais dû lui dire "Merci, partenaire!"

Comment pourrais-je lui dire merci d'être tombé à ma place?

J'ai préféré être lâche. Je n'ai rien dit. Je suis resté à ses côtés jusqu'à ce qu'il parte.

Putain! Je suis en manque de lui, de sa main sur mon épaule, de ses yeux bleus qui voient jusque dans le fond de mon âme, de son sourire apaisant quand j'ai mal, de sa voix, le matin au téléphone "T'es prêt? J'arrive!", de nos bières partagées. De tout ce qui est LUI.

Je sais que je ne le reverrai plus.

Il est trop tard pour moi.

Je suis perdu depuis longtemps.

J'en ai marre d'avoir mal et de me sentir coupable. C'est pour ça que je suis venu ici. Pour prendre congé de l'océan. Et de Lui.

L'océan SAIT ce qui nous unissait. Le jour où nous avons jeté nos badges, dans un même élan parfait, parce que nous en avions marre du système, l'océan ne nous a pas jugés.

Aujourd'hui, je fais mes adieux. Il vaut mieux que je parte à présent, que je rentre à l'appartement et que je fasse ce que j'aurais dû faire depuis des semaines. J'ai laissé un mot dans la cuisine, à côté de mon mixeur. Ils comprendront. Personne ne peut plus m'aider. Cette blessure ne guérira jamais.

Tout ce que j'ai envie de dire en cet instant, c'est "Pardonne-moi, bonhomme, je t'aime."

Il retourne à son appartement. Sa femme n'y est plus. Il va dans la chambre. Ferme les fenêtres et tire les rideaux épais. Il fait noir. Il allume la bougie. A côté de la bougie, il y a une cuiller, une seringue et une petite pochette de papier. Il y en a assez pour faire une overdose. Il chauffe la mixture jusqu'à ce qu'elle soit prête à être aspirée dans la seringue. Il pose un garrot sur son bras. Se saisit de la seringue.

Une dernière pensée lui traverse l'esprit.

J'ai toujours su, au fond de moi, que je finirais ainsi.

Maintenant, c'est la dernière ligne droite. Et quelle ligne!

Je t'aime, bonhomme. A jamais.

Il prend la seringue et approche l'aiguille de sa veine.

(à suivre)


Alors, vous tenez le coup ? J'aimerais beaucoup lire vos réactions, quelles qu'elles soient. Merci de votre visite et à tout bientôt pour le ch2.

Amitiés,
Lyxie