Auteur : ella_bane

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Traductrice : Aconit

Rating : M

Résumé : Quand un prince en visite jette son dévolu sur Merlin, Arthur n'est pas amusé. Une histoire d'amour, de loyauté et de secrets dissimulés depuis trop longtemps. Merthur.

NdT : D'abord, désolée pour ce retard ! Quelques problèmes indépendants de ma volonté (comme ma connexion Internet qui a subitement décidé de rompre avec moi) m'ont empêché de traduire comme je le voulais, mais tout est rentré dans l'ordre ;)

Donc, voici la dernière partie de cette fic ! J'espère qu'elle vous plaira ^^ D'ailleurs, un grand merci à toutes celles qui ont suivi cette histoire ^^


Partie 4

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Merlin se réveilla dans le lit d'Arthur, sous un amas de fourrures. Il cilla en voyant que le jour s'était transformé en ténèbres pendant son sommeil ; seul le rougeoiement de la cheminée illuminait la pièce. Il resta là, à regarder le baldaquin, les pensées disperses mais calmes. Après être partis de la tente, Arthur et lui étaient revenus dans les appartements d'Arthur. Là, Merlin lui avait parlé des menaces de Steffan et de ses plans pour Merlin.

Arthur avait été furieux. « Il veut t'utiliser comme arme de destruction ? »

Merlin n'avait fait que hocher la tête, plus que satisfait de l'indignation d'Arthur. Après ça, Arthur avait fait les cents pas en décrivant toutes les façons dont il aurait aimé tuer Steffan ; et puis, il s'était arrêté et avait agrippé les épaules de Merlin. « Je veux savoir plus de choses sur ta magie. Tout, en fait. »

Les questions avaient été sans fin, et même s'il garda certaines histoires sous silence, Merlin ne cacha rien de ce que voulait savoir Arthur. À chaque réponse qu'il donnait, son cœur s'allégeait ; il n'avait pas réalisé l'étendue de son fardeau avant de pouvoir le partager avec Arthur. Ç'avait été épuisant, et, il avait fini par s'endormir. Il ne rappelait pas s'être couché dans le lit d'Arthur, et il sourit en imaginant Arthur l'y déposer.

Il s'assit et frotta ses yeux ensommeillés. « Arthur ?

— Tu as dormi la plus grande partie de la journée, dit Arthur en s'asseyant près de lui.

— Je vais vous apporter votre dîner. » Peu importait l'heure, Merlin savait qu'il pouvait trouver un assortiment de viande, de pain et de fromage pour Arthur dans la cuisine, en un jour de festin.

« Non, Merlin. Tu ne bouges pas. » Arthur posa une main sur l'épaule de Merlin pour le forcer à se rallonger. « Et ne t'inquiète pas. J'ai mangé.

— Au festin ?

— Non, je n'y suis pas allé. Je suis resté ici. »

Merlin regarda par la fenêtre. Le ciel était noir. Il s'était endormi lorsque la lumière du soleil dessinait encore des formes au sol. « Tout ce temps ? Mais comment avez-vous…

— Je n'ai pas souffert de défaite dans un tournoi depuis mes débuts en tant que chevalier, Merlin. Mon absence ne surprendra personne.

— Je suis désolé. Je ne savais pas qu'il allait faire ça, qu'il allait utiliser de la magie pour tricher.

— Steffan n'a aucun honneur. »

Merlin ne dit rien, sachant que, pour Arthur, c'était l'insulte ultime.

« Tu as faim ? J'ai de la nourriture pour toi, dit Arthur.

— Pour moi ?

— Oui, Merlin. Toi.

— Oh. »

Arthur revint avec un plateau couvert de pain et de fromage, de viande et de cidre. Il découpa un petit morceau de fromage et l'apporta aux lèvres de Merlin. Sa saveur forte éclata sur sa langue.

Un gros morceau de pain suivit ; Arthur laissa Merlin en mordiller les bords, le regard intense et fixé sur la bouche de Merlin. « Prends une autre bouchée », dit-il.

Merlin tendit la main vers le pain, mais Arthur l'écarta d'une tape. « Non. Laisse-moi faire. Garde tes mains sur tes genoux.

— Je ne suis pas un enfant.

— Dois-je t'attacher les mains ? » demanda Arthur en haussant un sourcil.

C'était supposé être une blague, Merlin le savait, mais il ne put empêcher un rougissement spontané de s'étendre sur ses joues. L'air se chargea de possibilités. Merlin baissa les yeux, le cœur battant, et il dit, « Si vous le devez. »

Le murmure d'Arthur, « Putain », alla droit à sa queue. Merlin releva les yeux.

Les lèvres d'Arthur étaient entrouvertes, ses yeux noircis de désir. Quand il vit que Merlin le regardait, il laissa tomber le pain sur le plateau. « Tu n'as pas fini de manger. » Il prit un petit bol et y plongea un doigt. « Là. » Son doigt était enduit de miel épais et dégoulinant.

Merlin releva la tête pour se mettre à sucer le doigt sucré et collant d'Arthur, en utilisant sa langue pour lécher avec soin toute la phalange d'Arthur.

Arthur retira son doigt avec un frisson. « Merlin », murmura-t-il en posant une main sur sa nuque. Il le rapprocha et sa bouche s'ouvrit lorsqu'elle rencontra sa jumelle. Il sentait le vin et le miel sur sa langue, et Merlin savoura le goût alors que le baiser s'approfondissait.

Leurs langues s'enroulèrent, lentes et curieuses. Cette exploration prudente était excitante, mais Arthur était trop loin au goût de Merlin. Il tira le bras d'Arthur et brisa le baiser pour dire, « Venez. » Il força Arthur à suivre son mouvement lorsqu'il s'allongea.

Arthur était au-dessus de lui, en équilibre sur une main alors que l'autre repoussait les fourrures loin du corps de Merlin, tandis qu'il faisait de son mieux pour que sa bouche ne quitte pas le corps de Merlin. Arthur s'arrêta pour rester au-dessus de Merlin, le bloquant de son corps, le regard inquisiteur.

« Embrassez-moi, Arthur », dit Merlin et il fit glisser ses mains sur le dos d'Arthur. Quand elles atteignirent le creux de son dos, il le rapprocha de lui. Il sourit quand il sentit son poids sur lui. Ils échangèrent un baiser paresseux et profond, et leurs hanches roulèrent, lentes et pressantes. Bientôt, les lèvres d'Arthur parcouraient le cou de Merlin, et il murmura, à son oreille, « Assied-toi. Je veux te voir. »

Arthur l'aida à enlever sa tunique, et une fois que le torse de Merlin fût nu, Arthur le repoussa en arrière sur le lit, en recommençant à déposer des baisers sur son cou, ses clavicules, sur ses tétons, puis sur son ventre. Merlin enfouit ses doigts dans les cheveux d'Arthur, arquant le dos à chaque souffle humide qu'Arthur laissait derrière lui.

Quand Arthur atteignit la lisière du pantalon de Merlin, il fronça les sourcils devant le vilain nœud qui le maintenait. Il voulut le défaire avec ses dents, mais Merlin rit. « Laissez-moi faire. » Il murmura un sort et le nœud se défit, et Arthur, après une seconde d'hésitation, fit glisser le pantalon le long des jambes de Merlin.

Il était à présent nu, entièrement, et les mouvements d'Arthur s'arrêtent quand il fut sur ses genoux. Il regarda le corps de Merlin, les doigts sur la cuisse de Merlin. Merlin savait ce qu'il devait voir ; il était maigre et pâle, sa queue était dure et rougie contre son ventre, tremblante. « Arthur, dit-il, Je veux… Je veux que vous…

— Merlin. » La voix d'Arthur était rauque. « Tourne-toi. »

Merlin agrippa l'ourlet de la chemise d'Arthur. « Laissez-moi vous voir, d'abord.

— Tu me vois tout le temps.

— Pas comme ça. »

En quelques secondes, la chemise d'Arthur était au sol, tout comme son pantalon, et il regrimpa sur le lit. Merlin se mit sur ses genoux venir à sa rencontre, en s'abreuvant de la vue d'Arthur nu, d'Arthur dur et plein de désir pour lui.

Quand Merlin posa ses mains sur les épaules d'Arthur, leurs queues entrèrent en contact et Arthur murmura un juron. « Je voulais m'occuper de toi quand tu t'es réveillé. Je voulais te faire un massage, avec de l'huile. Mais maintenant, tout ce que je veux, c'est t'avoir. » Ses yeux étaient immenses, bleus et sérieux. De l'affection, profonde et durable, inonda le cœur de Merlin.

« Vous pouvez faire les deux », dit Merlin, en anticipant la sensation des mains fortes et calleuses d'Arthur sur sa peau nue.

Arthur hocha la tête, avec ferveur, et ses doigts s'enroulèrent autour de la courbe de l'épaule de Merlin, pour essayer de le retourner, mais Merlin résista et dit, « Attendez. Laissez-moi faire ça d'abord. » Il toucha le torse d'Arthur, en regardant ses propres mains alors qu'il caressait toute cette peau offerte, qu'il passait rapidement ses doigts sur les mamelons durs d'Arthur, qu'il tirait légèrement sur une poignée de cheveux, qu'il regardait Arthur trembler sous son toucher.

Le frémissement d'Arthur ramena l'attention de Merlin à son visage, et il le prit en coupe, embrassa ses paupières et le coin de sa bouche, doucement et avec révérence. Il sentait les mains d'Arthur caresser ses côtes, puis saisir sa taille pour faire rouler leurs bassins l'un contre l'autre, dans un mouvement langoureux qui faisait se toucher leurs queues à intervalles réguliers. Merlin l'embrassa sur la bouche, et Arthur lui rendit son baiser avec avidité, ses mains revenant sur le dos de Merlin, larges et protectrices.

Merlin se laissa retomber sur le lit et se retourna, enfouissant sa tête dans ses bras comme Arthur le faisait souvent. Il ferma les yeux et sourit en entendant le son familier de la bouteille d'huile qui s'ouvrait, et il sursauta en la sentant couler, tiède et épaisse, sur le bas de son dos.

Les mains d'Arthur étaient fortes et assurées lorsqu'elles se mirent à faire pénétrer l'huile dans la peau de Merlin. Elles étaient partout à la fois, sur son torse et ses épaules et puis à nouveau sur son dos. « Mm, vous êtes doué à ça, dit Merlin. Pouvez-vous faire ça... »

Les mains d'Arthur s'étaient déplacées jusqu'à ses fesses, et un doigt enduit d'huile s'aventura jusqu'à son entrée. « Merlin, dit Arthur. Est-ce que je peux ? »

Pour toute réponse, Merlin se redressa légèrement sur ses genoux et attrapa un oreiller pour le mettre sous son ventre, le pouls battant à toute allure. Il le voulait.

Arthur prit une brusque inspiration ; Merlin sourit et agita son cul.

Un léger baiser atterrit sur la fesse gauche de Merlin et Arthur rit. « Catin. » Et puis, d'une voix beaucoup plus douce, « As-tu déjà fait ça avant ? »

Pendant une fraction de seconde, Merlin voulut mentir. Mais il ne pouvait pas, pas à Arthur, plus maintenant.

« Non. Mais je veux que vous le fassiez. »

Arthur grogna, les mains caressant l'arrière des cuisses de Merlin. Il attrapa les hanches de Merlin et les ramena contre lui, de façon à ce que sa queue se glisse entre ses jambes. Merlin sentait les mains d'Arthur sur ses fesses : un massage doux et ferme. Un baiser humide fut déposé sur l'une d'entre elles, et Arthur dit, d'un murmure qui n'était qu'un souffle chaud contre le dos de Merlin, « Je ne te ferai pas mal. Je le jure. »

Merlin sentit le lit bouger alors qu'Arthur s'installait derrière lui, et il tourna la tête, curieux, mais se figea alors que des étincelles de plaisir éclataient dans son corps sous la langue chaude et humide qui glissait de son entrée à ses testicules. Il gémit désespérément, les doigts agrippés au lit. « Arthur. »

Il sentit plus qu'il n'entendit le rire d'Arthur contre ses fesses, et puis les doigts d'Arthur se refermèrent autour de la queue de Merlin, et Merlin ne put plus rien dire. Arthur le branla sans que sa langue ne cesse de lécher et de tourner autour de son trou, en voyageant occasionnellement jusqu'à ses testicules. Merlin ne pensait pas que ç'aurait pu être meilleur, et puis la langue d'Arthur se pressa dans son entrée, et un tout nouveau monde de béatitude envahit Merlin.

Merlin gémit sous les sensations ; ses mains étaient agrippées aux fourrures, ses hanches bougeaient sauvagement, et même s'il savait qu'il ne faisait que rendre l'effort d'Arthur très, très compliqué, il ne pouvait pas s'arrêter. La disparition de la bouche d'Arthur et de ses doigts forts sur sa taille le firent s'immobiliser, et Arthur dit, « Merlin, retourne-toi. »

Merlin obéit en gémissant, et Arthur était sur lui, le maintenant plaqué au lit alors qu'il léchait le bout de la queue de Merlin. En haletant, Merlin leva la tête pour voir sa queue disparaître lentement dans la bouche chaude et humide d'Arthur. « Ar…Arthur », bégaya-t-il en fermant les yeux et en laissa sa tête retomber en arrière, sur l'oreiller de plumes.

Arthur écarta les cuisses de Merlin d'une main douce, et son doigt s'insinua dans le trou de Merlin, bougeant de plus en plus profondément en lui. Merlin s'arqua contre le lit avec un grand halètement quand Arthur toucha quelque chose en lui, et sa queue pulsa dans la bouche d'Arthur.

Résolu à voir, Merlin releva la tête et regarda Arthur se redresser, les lèvres teintées du sperme de Merlin, sa main pompant les derniers jets de la queue de Merlin.

Quand il eut enfin fini, Merlin s'effondra, le corps lâche et fatigué. Il sentit un baiser doux et humide être déposé sur son ventre.

Merlin se souleva sur ses coudes, prêt à s'occuper d'Arthur, mais c'était trop tard. Une main agrippée à la cuisse de Merlin et l'autre autour de sa propre queue, Arthur était sur le point de jouir. Ses yeux étaient fermés, ses lèvres entrouvertes, encore humides de la semence de Merlin. Ce n'était pas ce dont avait toujours rêvé Merlin ; il avait toujours imaginé que ce serait lui qui le branlerait. Mais ça, ce spectacle, hypnotisait Merlin. Les doigts d'Arthur se resserrèrent autour de la jambe de Merlin et il laissa échapper un cri en se répandant entre ses doigts, des gouttelettes chaudes éclaboussant le ventre de Merlin et les poils noirs qui bouclaient autour de sa queue.

Merlin se redressa, les doigts caressant l'épaule d'Arthur. Les yeux d'Arthur se rouvrirent sous le toucher et il se releva pour venir à sa rencontre. Ses bras l'entourèrent pour que le torse de Merlin soit collé au sien, et ils s'embrassèrent encore, et encore.

« Je te l'avais dit, dit Arthur en allant chercher un linge humide pour les nettoyer, que je n'allais pas te faire mal.

— C'est vrai », acquiesça Merlin une fois qu'Arthur fut revenu au lit avec lui. Le dos de Merlin était collé au torse d'Arthur. « Mais pour… vous savez. »

Arthur embrassa sa nuque, une main possessive sur la hanche de Merlin. « Nous avons le temps. »


Arthur rêvait.

Merlin était nu à ses côtés, une jambe entre celles d'Arthur. Les yeux fermés, Arthur le chercha à tâtons.

La peau qu'il toucha était chaude, solide et réelle. Arthur cligna des yeux et Merlin resta là. Avec un grand sourire tremblant, il se pencha pour déposer un doux baiser sur le front de Merlin.

Quand ses yeux s'ouvrirent, Arthur était prêt. Ils allaient le faire. Il toucha le visage de Merlin, suivit l'arête tranchante de sa pommette, enroula autour de son doigt une mèche des cheveux noirs de Merlin.

« Arthur », dit Merlin en étirant ses longs bras au-dessus de sa tête, souriant avec une affection manifeste.

Arthur l'embrassa alors, d'une simple pression sur les lèvres. « Je veux que tu t'agenouilles devant moi. »

Le sourire de Merlin se fit timide, mais il s'exécuta rapidement, en se glissant hors du lit sans un bruit. Ce n'était pas ce qu'Arthur avait en tête, mais sa queue ne le savait pas. Il la dissimula sous la paume de sa main, pour la forcer à se calmer. « Je ne peux pas croire que ce je suis en train de dire, mais remets ton pantalon.

— Pourquoi ? » La déception dans la voix de Merlin le fit presque changer d'avis.

« Je veux que tu fasses quelque chose. »

Merlin resta silencieux en se rhabillant, lançant à Arthur des regards curieux alors qu'Arthur s'habillait aussi. Il n'avait pas pensé à grand-chose d'autre depuis que Merlin s'était endormi. Son visage au repos était une merveille, nouveau et si précieux que c'en était choquant. Arthur aurait tué pour protéger ce visage.

« Je suis habillé.

— Je veux que tu me prêtes serment d'allégeance. »

La voix de Merlin était dubitative. « Est-ce que je peux faire ça ? »

Arthur fixa le bouclier arborant l'emblème des Pendragon sur le mur. « Tu n'es ni un chevalier ni un noble. Tu n'as aucune terre. Tu n'es même pas un homme de Camelot. »

Merlin hocha la tête. « C'est vrai, je ne suis qu'un paysan. »

Il était d'abord un sorcier, mais le dire l'aurait condamné. Arthur prit les mains de Merlin dans les siennes et embrassa ses paumes. Ça pouvait ne rien dire, ne rien empêcher, mais c'était tout ce qu'il avait. « Alors, tu jureras en tant que paysan. Peu importe. C'est la seule mesure de protection à laquelle je peux penser, tant que mon père est en vie. »

Merlin s'agenouilla devant lui, le regard fixé sur son visage.

Arthur tendit une main. « Place ta main sur mon anneau et répète après moi. Moi, Merlin, fils de…hmm, d'habitude c'est le nom de ton père qui doit être cité, mais Hunith ira. Moi, Merlin, fils de Hunith… »

Merlin soutint le regard d'Arthur sans ciller. « Moi, Merlin, fils de… Balinor.

Balinor ? Grand Dieu, Merlin, s'il y a d'autres secrets… » Et puis, des souvenirs de ce jour lui revinrent. « Balinor était ton père ?

— Je ne le savais pas moi-même avant ce matin-là. Et lui non plus. » Le sourire de Merlin était faible et mélancolique. « Mais nous nous sommes retrouvés, au moins. Avant qu'il… avant qu'il ne meure. C'était un seigneur des Dragons. Vous souvenez-vous ? »

Arthur s'agenouilla devant Merlin, prit sa main et caressa de son pouce la peau fine de son poignet, en regardant le réseau délicat des veines qui y étaient visibles. Ce que Merlin avait enduré, ce qu'il continuait à endurer, à cause d'Arthur, le submergeait, le remplissant d'une gratitude immense. « Je me souviens. Me jureras-tu allégeance ?

— En tant que paysan ?

— Non, dit Arthur, prêt à tester le mot sur sa langue. En tant que sorcier. »


« Ça va être joyeux, dit sombrement Arthur, alors que Merlin se débattait avec les dernières attaches de son plastron. Je vais être humilié aux yeux de Camelot deux jours de suite.

— Vous pouvez le vaincre. Je sais comment il triche. Je vais m'en occuper.

— Je ne veux pas que tu me lances de sort », dit Arthur, la mâchoire serrée. Il ne céderait pas sur ce point.

Merlin se mit à s'occuper de l'épaule d'Arthur. « Faites juste votre part de guerrier, et vous le vaincrez. Je le jure.

— Ma part de guerrier ?

— Arthur, faites-moi confiance. »


Regarder Merlin traverser le campement jusqu'à la tente de Steffan fut une des choses les plus difficiles qu'avait jamais faites Arthur. Merlin disparut dans la tente et Arthur eut l'impression qu'on le frappait au ventre. Steffan pouvait ne pas savoir qu'Arthur connaissait la vérité, mais ça n'enlevait rien au fait qu'on ne pouvait pas faire confiance à Steffan.

Un instant plus tard, Steffan sortit de la tente, Merlin sur ses talons, avec un sourire pour la foule qui applaudit son entrée. Les trompettes sonnèrent et Steffan s'avança en faisant tournoyer son épée de cette vitesse effrayante qu'Arthur avait vue la veille.

'Faites-moi confiance.' Les mots résonnèrent dans la tête d'Arthur et il sursauta. Il chercha Merlin du regard. Leurs yeux se croisèrent et Merlin hocha la tête. 'Allez-y'.

En rabattant son casque sur son visage, Arthur s'avança rapidement vers Steffan, puis se tourna pour s'incliner devant son père. Uther inclina la tête en retour, les lèvres déjà plissées de désapprobation.

Il leva son épée vers Steffan et le combat commença. À peine vingt secondes plus tard, Steffan était déjà un tourbillon de mouvements, comme avant. Il fallut toutes les compétences considérables d'Arthur pour le maintenir à distance, mais ça arrivait de nouveau ; Steffan était trop rapide. Arthur se retrouva sur la défensive alors que Steffan le poussait de plus en plus vers le mur. Et puis, dans son esprit, Merlin parla.

'Maintenant.'

Au départ, le ralentissement de l'épée de Steffan fut imperceptible, mais, alors que passaient les secondes, Arthur regagna du terrain. Au bout de dix secondes, ils étaient de retour au centre de l'arène. Au bout de vingt, Steffan était sur la défensive, et au bout de trente, Steffan était sur ses fesses, l'épée arrachée de sa main par un coup brutal d'Arthur. Il leva les yeux vers Arthur, la bouche s'ouvrant et se fermant comme celle d'un poisson.

Arthur se pencha, et dit, « J'ai gagné.

Merlin ! » gronda Steffan.

Arthur hocha la tête. « Il est très loyal. »

La foule rugissait, les cris de 'Arthur ! Arthur !' devenant de plus en plus forts alors que de nouvelles voix se joignaient aux acclamations.

Le visage de Steffan se tordit de rage. Il bondit sur ses pieds et siffla, « Pour cela, je vous maudis tous deux ! » Il leva ses deux mains puis se mit à crier, d'une voix bien plus sonore que celle que devrait posséder un homme, « Arthur Pendragon... »

Et puis Merlin était là, et tous les sons du monde s'évanouirent. L'audience survoltée et leurs mains levées de joie se figèrent. Ils n'étaient pas endormis ; ils n'étaient pas morts. Ils étaient des statues de chair et de sang. Merlin baissa la main et se plaça aux côtés d'Arthur. « Vous disiez, » dit-il à Steffan.

De toute évidence, Steffan était secoué. Arthur trouvait difficile de rester calme. C'était terrible à contempler : la foule gelée, le silence anormal. Plus il regardait autour de lui, pire c'était. Un oiseau en vol était suspendu dans l'air, immobile ; plusieurs de ses chevaliers avaient le poing levé, la bouche ouverte en une acclamation silencieuse. Son père était figé en plein applaudissement, comme beaucoup autour de lui. Gaius avait été en train de les rejoindre et une de ses jambes était tendue devant lui, le pied à plusieurs centimètres du sol.

En déglutissant bruyamment, Steffan fit face à Merlin. « Tu ne peux pas les garder figés pour toujours. Tu vas devoir les libérer et quand tu le feras, je…

— Je vais vous tuer. Ici et maintenant, si vous ne vous taisez pas, dit Merlin.

— Je regarderai », dit Arthur, fier que sa voix soit assurée. Il les entendit alors, le faible son du forgeron frappant sur son enclume, le rythme familier des sabots des chevaux qui heurtaient les pavés. Les sons de la basse-ville. Connaître le rayon de la magie de Merlin l'aida à respirer un peu plus facilement.

« Et comment expliquerais-tu ma mort ?

— Arthur vous a tué au combat.

— Mais tous ont vu le contraire.

— Je peux changer ce qu'ils ont vu.

— Tu mens. Aucun sorcier, aucune sorcière ne peut altérer la réalité.

— Aucun d'entre eux, dit Merlin, n'est moi. »

Steffan émit un cri de rage pure. Il leva une main et ses yeux étincelèrent, dorés. Et puis il s'arrêta, figé comme la foule silencieuse autour d'eux.

Arthur haussa un sourcil. « C'est un truc, ça. »

Merlin haussa les épaules. « C'est différent. Il peut nous voir et nous entendre. »

Arthur fixa le visage de Steffan. Ses yeux bleus glace scintillaient de haine. Arthur prit son épée, la pointa vers le torse de Steffan, et regarda ses yeux se remplir de peur.

« Vous êtes sans défense. Souvenez-vous-en. Quand nous aurons fini ici, vous vous inclinerez devant moi, devant mon père, et vous sourirez à la foule. Puis vous partirez, rapidement et sans bruit. Vous n'empêcherez pas Camelot d'attaquer la Mercie cet automne. » Il agita une main pour montrer l'audience gelée. « Merlin a fait ça, et Merlin est à moi. Son pouvoir est mien, et d'un mot de ma part, il décimera vos armées si vous osez interférer de nouveau dans les affaires de Camelot. J'en fais le serment. »

Et parce qu'il ne pouvait pas ne pas le faire, Arthur regarda Merlin pour qu'il approuve ses mots. Merlin hocha légèrement la tête, les lèvres étirées en un sourire sombre, les yeux bleus teintés d'un doré inquiétant.

« Laisse-le partir, » dit Arthur.

La révérence de Steffan devant Arthur fut un hochement de tête qui dura un battement de cil, mais celle qu'il présenta à la foule fut suffisamment élégante. La délégation de Delian, les chevaliers comme les courtisans, se dirigèrent vers Steffan, et plusieurs d'entre eux jetèrent des regards ouvertement hostiles à Merlin en quittant le terrain.

« Je viens de me faire un ennemi d'un royaume entier », remarqua Merlin. Il souriait à présent et ses yeux étaient d'un bleu innocent. « Me pardonnerez-vous ? » Malgré tout ce qu'il avait fait, malgré tout l'immense pouvoir qu'il venait de démontrer, il fut facile à Arthur de voir le sorcier et le paysan comme une seule personne. C'était juste Merlin.

« Merlin, murmura Arthur en remarquant le déferlement de gens qui allait arriver. J'ai terriblement envie de te baiser.

— Eh bien, dit Merlin. Si vous le devez. Mais après, ce sera mon tour. »

Arthur, submergé par un déluge brusque de possibilités, se pencha vers Merlin. L'anticipation fit trembler sa voix. « Je doute de pouvoir t'arrêter. »


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Épilogue

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Arthur voulait une épée pour son anniversaire, mais Merlin lui dit que l'épée qui unirait Albion viendrait en temps voulu, et pas pour son anniversaire.

« Et comment le sais-tu ? » demanda Arthur alors qu'il aiguisait ses dagues, en lui lançant un regard oblique, baigné dans la lueur dorée du soleil.

« Je suis un puissant sorcier. Je sais certaines choses. » Merlin mit de côté son panier de lavande et s'agenouilla près du robuste buisson de romarin pour attraper un autre panier vide. L'herbe était douce sous ses genoux et la brise de cet été précoce charriait avec lui un tourbillon de senteur : angélique, fenouil, thym, rose trémière, et une dizaine d'autres encore.

« Dis-moi, oh puissant sorcier, ce que tu sais sur cette épée. »

Merlin s'agita près du romarin. « N'avez-vous jamais entendu parler du roi-garçon qui a rencontré le roi-troll ?

— Si, dit Arthur.

— Vous connaissez la partie où le dragon forge l'épée dans son souffle ?

— Ouais, mais cette épée trahit Arthur. »

Merlin s'arrêta dans sa cueillette pénible. « Arthur ? »

Le rouge monta aux joues d'Arthur. « Le roi-garçon est appelé Arthur dans les histoires que j'ai entendues. Il n'était pas appelé Merlin, dans tes histoires ?

— Non, c'était juste le roi-garçon.

— Continue. »

Merlin sourit en faisant courir ses doigts dans les brins fins comme des aiguilles. « Votre épée, celle qui unira Albion, a aussi été forgée dans le souffle d'un dragon. Je l'ai, euh, regardé le faire.

— Le dragon que tu m'as laissé croire que je l'avais tué ? Ce dragon ?

— Eh bien, il n'y a toujours eu qu'une seule créature comme ça. Je vous l'ai dit. »

Arthur fit crisser la pierre à aiguiser contre la lame. « Où est-elle maintenant ?

— La créature ? Je ne sais pas.

— Non, Merlin. L'épée.

— Euh, dans un lac. » Merlin soupira en écrasant une autre branche du romarin. « Cette plante est une horreur. » Il agita une main vers le château. « Pourriez-vous ? »

D'un air renfrogné, Arthur scanna la zone derrière le jardin d'herbes. « C'est bon. »

Merlin murmura un sort, et plus d'une vingtaine de brins en bon état apparurent dans le panier, suivis d'une soudaine odeur qui emplit l'air chaud entre eux.

Arthur sourit d'un air suffisant. « Quelle arme de destruction massive tu fais. Fais le reste à la main.

Les épines malfaisantes du buisson de rosier étaient encore à venir. « D'accord, mais quand j'arriverai aux roses…

— Attends une seconde ! Tu as dit que mon épée rouillait au fond d'un lac ? »

Merlin se rassit sur ses talons. « C'est une longue histoire. Puis-je vous en parler plus tard ?

— Très bien. » Arthur s'agenouilla sur l'herbe à côté de Merlin, prit son visage en coupe entre ses mains et l'embrassa, longuement et lentement. Merlin soupira dans le baiser, les doigts enroulés autour du biceps d'Arthur. Quand ils se séparèrent, Arthur traça du doigt les contours du visage de Merlin. « Continue. Je vais m'entraîner. » Il ne fit cependant aucun geste pour bouger, le regard s'attardant sur Merlin. Puis il pencha la tête, déposa ses lèvres sur la joue de Merlin et murmura, « Mon amour. »

Il se leva brusquement et s'éclaircit la gorge, le regard fuyant, puis attrapa son épée pour commencer les enchaînements de mouvements compliqués que Merlin avait appris à connaître par cœur.

Le jour était chaud, le ciel azur, et une joie simple et facile commença à éclore dans l'âme de Merlin. Elle grandit en même temps que son sourire, à chaque brin qu'il cueillait. Il savait que lorsqu'il attendrait les roses, Arthur monterait la garde.