Bonjour les gens, ceci est ma première incursion dans l'univers d'Harry Potter. C'est une traduction d'une fiction que j'ai particulièrement appréciée, écrite par BadGirlgoesworse, un pseudo comme je les aime. Pourquoi cette histoire parmi la centaine que j'ai lues en anglais ? Déjà pour le couple Harry-Severus. Ensuite, parce que ce n'est pas le seul, il y en a d'autres qui sont plutôt bien amenés et pas juste en arrière-plan. Enfin, parce que l'histoire a un cours lent et privilégie la psychologie des personnages, qui sont à la fois respectueux du livre de JK Rowling et différents. Les chapitres sont assez courts et au nombre de 42. Mais soyez assurée, la traduction est bien avancée et ira à son terme. Voilà, j'espère avoir suscité votre intérêt et vous emmener avec moi pendant quelques semaines.


Chapitre 1 - Chambardement


Le directeur Albus Dumbledore se tient devant la fenêtre de son bureau saccagé, en train de regarder dehors la cour de l'école baignée par les rayons du lever de soleil.

Sirius, espèce d'imbécile.

Il avait fait des plans le concernant. Le réinstaller à la tête du clan Black et surtout utiliser son siège pour influencer le Wizengamot. Ça fait bien trop longtemps qu'il essaye de faire abolir certaines lois. Mais plus pour très longtemps. Harry aura dix-sept ans dans un an pile. A partir de là, tout devrait bien se passer.

Et puis, il voulait jeter en pleine face à ses honorables membres leur incompétence. Quoiqu'il peut encore le faire. Après tout, ils détiennent désormais Pettigrew. A ce sujet…

Il se dirige vers son bureau et retire de son tiroir un parchemin vierge, de l'encre et une plume. Il griffonne quelques instructions destinées à Alastor. Il scelle et charme le tout afin que seul le vieil aurore puisse le lire, avant de le remettre à Fawkes en lui chuchotant sa demande. L'instant d'après, le volatile est parti dans une envolé de flamme. Ils doivent être les premiers à l'interroger.

Il reprend sa position près de la fenêtre.

Finalement, c'est peut-être mieux ainsi. L'influence que Sirius avait sur le garçon était au mieux douteuse, au pire nuisible. Pourtant, le gamin a besoin d'une sorte de figure paternelle vers laquelle se tourner. Remus jouera ce rôle.

Pauvre enfant ! Le fait d'être le témoin de la chute à travers le voile de son parrain adoré l'a pratiquement brisé, tout en révélant immanquablement la prophétie.

Chose qui n'a pas ravi Dumbledore. C'est trop tôt, beaucoup trop tôt ! On n'en serait pas là, si le plan avait fonctionné. Tout avait été préparé minutieusement, du fait d'ouvrir l'esprit du gamin, de suggérer l'idée à Tom et de lui en donner l'opportunité, de la ruse du garde jusqu'à la scène finale. Jamais dans ses rêves il n'aurait imaginé qu'Harry réussisse en fait à empêcher le transfert.

Ce n'est pas grave, il y aura d'autres occasions. Pas maintenant c'est certain, et pas dans un futur proche. Les circonstances interdisent d'agir au cours de ce trimestre, et ce jusqu'à ce que le garçon soit prêt. Il jette un œil aux décombres autour de lui et réfléchit. Si l'on prend en compte tout ce bazar, cela ne devrait pas être long. De toute façon, il est suffisamment occupé en ce moment à regagner son influence à la fois au sein de l'école et au ministère, à regrouper l'Ordre, à frapper pendant que Tom est encore faible, à construire son réseau d'espions…

Dumbledore fronce les sourcils de fureur.

Pourquoi ? Pourquoi diable Severus est allé informer Sirius de l'opération en cours ? Pourquoi il n'a pas contacté le quartier général ?

Il n'a pas pu s'empêcher d'aller le titiller, voilà tout. Ce garçon a besoin d'être remis à sa place, et vite. Les informations qu'il donne sont tout juste dignes d'intérêt.

Evidemment, depuis son retour à ses côtés, Tom n'a jamais cessé de faire confiance à Severus. Si ce n'était pas pour la marque, Dumbledore l'aurait cantonné à brasser des potions. Il devrait le retirer de l'école et le faire d'une façon assez convaincante pour que cela calme Tom bien entendu. Il s'est montré suffisamment indulgent. Il est temps de le reprendre en mains.


La première chose qu'Harry Potter a faite après avoir quitté le bureau de Dumbledore, c'est d'aller voir ses amis à l'infirmerie. Il a poussé dans un coin sombre de son esprit la douleur et les révélations qui pèsent lourdement sur lui, estimant que cela peut attendre qu'il se soit assuré de leur bien-être. Ils ont tous été soignés et sont en train de dormir. Hermione est la seule à avoir été gravement touchée. Le sort de découpe que Dolohov a utilisé contre elle, ne réagit pas bien au traitement habituel. Après avoir subi un examen approfondi et quelques remarques, Harry s'est vu prescrire un somnifère, lui permettant de dormir toute la journée sans être dérangé.

Il est midi et il vient de se réveiller. Les événements de la nuit dernière lui tombent dessus d'un coup, le faisant suffoquer. Il doit s'extirper de là et aller dans un endroit calme et solitaire, là où personne ne le trouvera. Il enfile rapidement des vêtements propres et s'enfuit pratiquement en courant avant que madame Pomfrey ne le puisse mettre la main sur lui.

Il marche dans les couloirs vides. Incapable de rejeter les exigences de son estomac qui se plaint bruyamment, il décide de faire un détour par les cuisines. L'idée d'aller dans le grand hall faire face à ses camarades qui ne se doutent de rien, lui est pour l'heure insupportable.

Les elfes de maison, bien que très occupés, sont aussi accueillants que d'habitude. Avant même qu'il n'ait terminé sa demande, ils lui fournissent tout un tas de nourritures et de boissons variées. Quelles merveilleuses créatures, songe-t-il. Pourquoi déjà est-ce que Hermione tient tant à les libérer ?

A proximité de la peinture représentant une coupe de fruits, il pose au sol ses possessions et sort la carte des maraudeurs. Il l'étudie minutieusement et opte pour la pièce où était détenu Fluffy en première année. Le couloir du troisième étage est généralement utilisé pour du stockage et de ce fait, est déserté par les étudiants et les professeurs. Même Rusard ne s'y rend pas, à moins que sa charge ne l'y pousse. Harry reprend ses affaires, enfile sa cape d'invisibilité et se met à marcher.


Cette nuit-là, Severus Snape, l'actuel professeur de potions, est assis dans son salon devant un feu crépitant, un verre de whisky pur feu à la main et une bouteille à moitié vide sur la table à côté. Il sait qu'il ne devrait pas prendre du bon temps à cet instant. Le Seigneur des Ténèbres pourrait l'appeler à tout moment et dans ce cas, il aurait besoin de toutes ses facultés mentales pour survivre à cette épreuve.

Bon sang quel gâchis ! Quasiment la totalité du premier cercle a été exposée et arrêtée hier soir. Bien sûr c'est une bonne chose. Cependant, si l'on considère sur quelle peau va s'abattre la colère du Seigneur des Ténèbres, il n'arrive pas à rassembler assez de joie pour s'en réjouir. Il vérifie dans ses poches qu'il a bien ses plus forts analgésiques et ses autres potions de soin.

Le point positif, c'est que le clébard pouilleux n'est plus. Paradoxalement, la mort de son rival honni ne lui apporte pas cette sorte de profonde satisfaction qu'il espérait. Sûrement parce que les circonstances n'étaient pas suffisamment douloureuses à son goût. C'était trop rapide. Ce salopard ne méritait pas d'en finir aussi vite ! Surtout au regard de ce que Severus a dû régulièrement subir.

Peut-être cela provient-il aussi du fait que même décédé, Sirius prend une place plus importante que lui aux yeux de Dumbledore. Toutefois, aujourd'hui il pourrait presque espérer, puisque la seule concurrence qu'il ait, se résume au Golden Boy et au loup, deux personnes dont l'espérance de vie est inférieure à la sienne.

En parlant du garçon, il va avoir des ennuis.

Il va sans doute tout me coller sur le dos, et bien sûr, le directeur ne fera rien pour le dissuader.

Severus ne se fait aucune illusion quant au pourquoi. Dumbledore a une boite pleine de boucs émissaires sous la main. Tout ce qu'il voulait lui, c'est qu'on l'apprécie pour son travail.

Une douleur vive et lancinante traverse son bras et le verre vient se fracasser en morceaux au sol. Le Seigneur des Ténèbres est en effet en colère. Il avale une potion de dégrisement et d'un mouvement de baguette, répare le verre qu'il pose sur la table avant de sortir.


C'est une nuit typique de juin, chaude et claire, illuminée par les étoiles scintillantes et une lune presque pleine. Arrivant par la fenêtre ouverte, un vent léger et le chant des grillons au dehors sont les éléments perturbant la quiétude de la vaste chambre.

Sur le rebord du châssis, un jeune homme tout juste sorti de l'adolescence est assis, les genoux serrés contre son torse, les restes d'un repas hâtivement ingéré jonchant le sol derrière lui. Il serait incapable de s'asseoir ainsi pendant des heures s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de lancer un charme de confort. Ses yeux vert émeraude, rougies et gonflés, cherchent dans la nuit sans rien voir.

Harry a pleuré jusqu'à ne plus avoir de larmes à verser, reflétant bien le vide qui a envahi son corps. Pourtant, la peine qui le consume ne semble pas se tarir, même s'il ne parvient pas à réfléchir plus ou moins clairement. Et réfléchir c'est justement ce qu'il aurait dû faire hier. Jamais plus, se jure-t-il silencieusement, il ne posera un pied devant l'autre sans au préalable peser le pour et le contre.

Malheureusement, c'est trop tard pour Sirius. Je parie que Snape est en ce moment en train de pavaner.

NON ! Plus de conclusion précipitée ! Pense, analyse les faits. Snape au moins t'a toujours dit de procéder ainsi !

Le seul hormis Hermione, et ce n'est pas peu dire. Ça doit vouloir dire quelque chose, bien qu'il ne sache pas quoi à l'heure actuelle, mais il saura.

Tu apprendras ou tu feras tuer quelqu'un d'autre. Il n'y a pas qu'autre alternative.

Il prend une grande inspiration et vide à nouveau son esprit de toute pensée. C'est plus facile qu'il ne l'avait prévu. Même sa cicatrice ne le gêne plus.

Eh bien, félicitations Harry, tu y es enfin arrivé ! Malheureusement encore une fois, trop tard pour Sirius.

Tout ce qu'il a eu besoin de faire, c'est d'imaginer son placard tard le soir, juste après qu'il ait eu quatre ans et qu'il ait compris pour la première fois qu'il était vraiment seul au monde. Ce n'était vraiment pas dur, c'était juste le bon moment.

Les révélations de Dumbledore étaient sensées répondre à toutes ses questions. Au lieu de ça, elles ont conduit à de nouvelles qu'il n'aurait jamais imaginées enfouies au plus profond de lui, et ont ramené au premier plan un nombre inquiétant d'incohérences qu'il a bien l'intention d'examiner de plus près. L'une après l'autre, sinon il deviendra fou. Il se rend désormais compte des avantages offerts par une pensive. Toutefois, comme il n'en possède pas, il devra recourir à la seule technique de l'occlumencie.

Par où commencer ? Par le début, ricane-t-il en se souvenant des paroles de Dumbledore. Et où alors ? Ah oui, mes parents !

A compter de cet instant, il décide en toute conscience que peu importe ses parents. Il ne les a pas connus et ne peut plus se fier à ce qu'on lui en a dit. Le meilleur exemple reste le gâchis avec les souvenirs de Snape. Indéniablement, il leur ressemble. Il se peut même qu'il ait hérité d'une partie de leur personnalité, mais c'est tout. Il n'a pas été élevé par eux, n'a pas de souvenir d'eux au-delà de ce qu'il a vu lorsque les détraqueurs se sont approchés, et le plus important, ils ne sont pas là pour se plaindre.

Bien sûr, il ne les blâme pas, mais il ne peut se résoudre à laisser des supposées ou réelles attentes influencer ses futures actions. Bon sang, il ne sait même pas comment ils vivaient ! D'ailleurs, n'est-ce pas quelque peu étrange et suspect ? Que ça ne lui ait jamais venu à l'esprit est assez troublant. Cela ressemble définitivement à une manipulation de la part de Dumbledore. Donc la question est, pourquoi ? Quelles sont les raisons qui ont poussé le directeur à cacher quelque chose d'aussi trivial à un orphelin placé sous sa protection ? Il sent que la réponse viendra à lui lorsqu'il aura enquêté sur l'histoire de sa famille.

Harry se déplie de sa position originale sur le rebord de la fenêtre et sort sa baguette.

- « Accio parchemin, encre et plume ! »

Il espère vraiment que ses camarades de dortoir sont déjà endormis, sinon cela risque d'être un spectacle étrange à voir.

Moins de dix minutes plus tard, les objets invoqués sont en train de planer devant lui. Il les saisit dans les airs et les pose avec précaution sur le bureau de fortune qu'il a transfiguré à partir d'une serviette de rechange, après avoir d'un mot allumé les torches suspendues aux murs.

Il doit s'organiser, ou alors son occlumencie ne l'empêchera pas de tourner en rond. Ça fait trop à garder dans son seul esprit, d'autant qu'il n'est pas encore un maître en occlumencie comme Dumbledore ou Snape. D'un autre côté, il doit se protéger contre les regards indésirables. Par conséquent, des charmes de sécurité et de confinement sont à l'ordre du jour. Heureusement, il a appris un bon nombre d'entre eux lors de la période Ombrage, bien qu'il sache que ceux-ci ne pourront pas stopper des sorciers puissants. Son mot d'ordre désormais est d'opérer dans le plus grand secret.

Un frisson court le long de son épine dorsale alors qu'il comprend la portée de ses actes. Même Albus Dumbledore ne n'est plus dans son camp. Pire, il se peut bien qu'il n'ait jamais été de son côté.

Harry a toutes les raisons d'être effrayé. Il est seul et possède une longue liste d'ennemis, un destin qui plane au-dessus de sa tête et désormais, aucun allié au-delà du cercle restreint de ses amis, dont la loyauté pourrait se fracasser contre la sienne dans un futur proche. Le caractère désespéré de sa position le submerge, le privant de sa détermination.

Il respire un bon coup et vide son esprit. Voilà, c'est mieux !

Il n'y a que quatre possibilités qui s'offrent à lui : le suicide, la fuite, l'obéissance ou le combat. Il prend sa plume en sachant pertinemment quelle voie il s'apprête à prendre.

'Vigilance constante' à partir de maintenant, sinon tout sera perdu. Il repose sa plume, saisit sa baguette et lance tous les sorts pouvant protéger son intimité. Satisfait, il revient à sa tâche.

Sa famille. Les Evans et les Potter. Qui pourrait l'aider sur ce sujet ?

Tante Pétunia très certainement, s'il demande de la bonne façon. Elle pourra lui parler de sa famille moldue, ne serait-ce que pour critiquer. Les Potter sont supposés être une lignée de sang pur, autrement dit d'autres sang pur doivent connaitre leur histoire, leurs possessions et leur position politique et sociale. Bon, il suppose qu'il pourrait demander à Ron, mais il ne peut s'empêcher de ressentir un malaise à cette évocation. Si Ron savait quelque chose, pourquoi ne l'aurait-il pas mentionné avant, en sachant qu'Harry est toujours avide d'en savoir plus ? La réponse lui vient immédiatement à l'esprit. Sans surprise c'est la jalousie, la plus grande faiblesse de Ron, celle que cette fois Harry ne pourra pas pardonner.

Une autre inspiration, et une autre, tremblante cette dois, des larmes traîtresses qui brûlent ses yeux, menaçant de tomber. Je ne vais PAS pleurer ! Pas pour Ron, jamais pour Ron !

Il repousse ses émotions avec brutalité. Il ne peut pas se permettre de craquer pour le moment. Il a du travail à faire, beaucoup de travail, sachant instinctivement que c'est la seule fois avant longtemps où il le fera sans être observer. Sa respiration se calme, et il sait que son visage est devenu impassible bien qu'il n'ait pas de miroir pour le voir.

Qui alors ? Malfoy ? Impossible de ne pas rire en imaginant la scène dans sa tête. Le visage de Malfoy en particulier. Soudain, son rire s'évanouit, le choquant au passage.

Bien sûr ! Neville !

C'était tellement simple et facile que ça ne lui serait jamais venu à l'idée auparavant. La clé concernant sa famille, ainsi que la compréhension de toute cette société et comment elle fonctionne, est dans les mains de ce garçon timide, en apparence incapable. Tout ce temps, la réponse était devant ses yeux. Par les couilles de Merlin ! A-t-il toujours été aussi stupide ?

Non, reconnait-il sobrement, seulement distrait et manipulé. Un peu dépassé aussi. Donc, ce sera Neville. Il le note sur sa liste de choses à faire.

Point suivant : les Dursley.

Est-ce qu'il a été simplement laissé sur leur pas de porte avec une lettre ? Quelle sorte de dispositions a été faite en ce qui le concerne, quel versement mensuel ou autre ? Il est allé à l'école primaire, est-ce que cela signifie au moins qu'ils recevaient une aide gouvernementale ?

Il résumé tout ce qu'il sait sur eux et tout ce qu'ils lui ont dit au sujet de sa présence avec eux. Il conclut qu'il n'y a rien. Tout ce qu'il était censé faire, c'était gagner sa maigre pitance.

En outre, c'est précisément ce que Dumbledore visait en leur imposant Harry. S'il y avait eu une allocation, Harry doute qu'il eût été traité ainsi. Après tout, les Dursley se considèrent comme des gens décents, surtout tante Pétunia. Qu'auraient pensé les voisins sinon ! Madame Figg a été placée dans le quartier pour garder un œil sur ce qui se passait, et rapporter tout ce qui le concernait.

La raison qui a poussée Dumbledore à opérer ainsi est claire comme le jour, surtout si l'on tient compte de la prophétie. Il avait besoin d'un petit sauveur, humble et reconnaissant, un pion parfait. Harry est arrivé dans le monde sorcier tel une page blanche qui ne demandait qu'à être écrite par le premier homme venu, ou sorcier en l'occurrence.

Eh bien, tout ça c'est terminé !

Harry essaie bien d'être en colère, mais constate qu'il ne peut pas. Il doit reconnaître à ce salaud que, stratégiquement, c'était une initiative brillante. Une chose le laisse perplexe cependant : qu'est-il arrivé au testament de ses parents ? Il rajoute un point sur sa liste.

Ensuite, mon introduction dans ce monde.

D'après ce qu'il en a discuté avec Hermione, Dean et bien autres, Harry sait que tous les nés de moldus ainsi que les orphelins sorciers qui vivent dans le mode moldu ont été personnellement rencontrés par un membre du personnel et un représentant du ministère, chez eux ou dans un endroit arrangé à l'avance. Ils procèdent ainsi pour garder le secret et permettre l'enregistrement de tous les moldus ayant connaissance du monde magique. Les parents sont informés de leurs droits et de leurs devoirs, de même que des possibilités éducatives pour leurs enfants. Les enfants reçoivent des brochures expliquant toutes sortes de sujets en relation avec le monde magique, son histoire, sa société, son système d'éducation, l'hôpital St Mungo, la banque Gringotts, le ministère, les lois, les endroits magiques, les transports, et ainsi de suite. On leur remet aussi une liste de livres qu'il est recommandé de lire sur les sujets les plus importants. Après cette étape, une sorcière ou un sorcier désigné accompagne la famille lors de leur première incursion sur le chemin de traverse.

Hagrid a été envoyé pour entrer en contact avec Harry et l'emmener sur le chemin de traverse pour faire ses achats, et répondre à toutes les questions qu'il avait.

Nul besoin d'être une voyante pour prédire le résultat. Harry a quitté le chemin guère plus informé qu'à son arrivée, à l'exception de la raison de sa célébrité et que les Serpentards sont tous mauvais. Dumbledore voulait qu'il ne sache RIEN !

Rien de nouveau, n'est-ce pas ?

Il annote sur sa liste de demander à Hermione s'il peut lui emprunter ses brochures et ses livres, qu'elle aura sûrement avec elle cet été. Il disposera alors de suffisamment de temps pour en venir à bout. Une chose est certaine, c'est qu'il n'est pas question qu'il permettre encore une fois aux Dursley de l'enfermer et de le forcer à travailler non-stop.

Harry pose sa plume et se frotte les yeux, fatigué. Ça fait beaucoup à faire pour les vacances d'été, mais il peut rien y faire. La connaissance est une arme qui a précisément été utilisée contre lui avec une certaine efficacité dans le passé.

Très bien, quoi d'autre ? Ah oui, la répartition, et Harry Potter dans toute sa naïveté !

En toute honnêteté, Harry ne sait pas à cet instant s'il devrait en rire ou en pleurer. Rire de ses a priori enfantins, de la bêtise monumentale concernant ses convictions et de l'aisance avec laquelle Dumbledore a réussi à les implanter dans son esprit. Ou pleurer pour le garçon simple, enjoué et discret qui est tombé dans le voile avec son parrain, pour ne plus jamais revenir.

Harry Potter, le garçon-qui-a-survécu, le prince des Griffondors, le Golden Boy, l'homme de Dumbledore est mort !

Le jeune homme assis sur le rebord de cette fenêtre est Harry Potter, l'élu, le sauveur, le serpent caché chez les lions, son propre lui. Nul besoin de le nier plus longtemps, le Choixpeau magique avait raison depuis le début : il aurait été à sa place chez les Serpentards.

Essayer de se faire des alliées dans les autres maisons, surtout à Serpentard, écrit-il sur le parchemin. Malgré la magnanimité qu'il affiche sans cesse, Dumbledore a estimé que les Serpentards ne valaient la peine qu'on s'intéresse à eux. Et pas seulement les Serpentards, mais tout personne touchant de près ou de loin aux mangemorts. C'est comme s'il était resté bloqué sur la conviction inébranlable que les gens se définissent par les choix qu'ils font. Harry partage volontiers cette idée, mais il sait par expérience que parfois la situation est tellement désespérée qu'il n'y a pas de choix, à moins que quelqu'un n'offre d'autres alternatives. Un truc que Dumbledore n'a jamais appréhendé malgré son âge avancé et sa sagesse.

Sa plus grande faiblesse et ma meilleure opportunité !

Créer son propre camp dans cette guerre, aider les gens sans contrepartie et assurer un vrai avenir à tout le monde, ça c'est un but qui vaut la peine de se battre !

Un peu gêné, Harry cligne des yeux.

Merlin, j'espère que je vais survivre à tout ça !

Pourtant il aime malgré tout l'idée. S'il est destiné à devenir le sauveur, autant faire ça dans les règles de l'art, plutôt que de faire de tièdes promesses qu'il ne tiendra jamais. Chose que Dumbledore et Voldemort n'ont cessé de faire, construire le monde selon leurs goûts, sans aucune considération pour le bien-être de ceux qu'ils jugent indignes d'y résider.

Si Dumbledore est le seigneur de la lumière et Voldemort le seigneur des ténèbres, je devrais être le seigneur du crépuscule et de l'aube. Ni lumière, ni obscurité.

Soudainement effrayé, il pousse cette pensée dans les abysses profonds de son esprit. Si cela venait à se savoir… Ils me brûleraient sur l'échafaud, ne peut-il s'empêcher de glousser froidement.

Il lance un sort de Tempus. Il est quatre-vingt-deux du matin. Il faut qu'il retourne à l'infirmerie. Il soupire longuement en se frottant les yeux.

De toute façon, à quoi doit-il réfléchir d'autre ? Ses années à Poudlard n'ont consisté à rien d'autres que des efforts pas très poussés pour acquérir de la connaissance et une longue liste d'aventures, qui rétrospectivement se sont avérées des tests mis en place par Dumbledore pour avoir un aperçu de ses capacités ou des tentatives déguisées de débloquer le pouvoir que le seigneur des ténèbres ne connait pas, ou des trucs du genre.

En fait, aussi difficile que ce soit à admettre, les 'efforts pas très poussés' doivent changer. En ce qui concerne Dumbledore…

Harry regarde dehors, perdu dans ses pensées.

… il suppose que c'est comme pour Voldemort. Pour le moment, il n'y a rien qu'il puisse faire, si ce n'est faire profil bas et observer en attendant son heure.

Une image amusante pénètre son esprit, le faisant sourire sombrement.

Le seigneur des ténèbres et le seigneur de la lumière sont en train de réunir leurs forces, leurs ressources et leurs connaissances, se préparant au combat. Eh bien, le seigneur du crépuscule et de l'aube va faire pareil.

… à suivre…


Voilà pour l'introduction. Le Harry qui se dessine est plus volontaire et indépendant. Moi, il me plaît parce qu'il n'accepte plus gentiment les manipulations. J'espère qu'il vous interpelle aussi…