Chapitre 43 : Images du bonheur quotidien


La célébration du dix-septième anniversaire d'Harry au manoir Potter s'est déroulée à merveille. Une fête tapageuse et agitée dont Severus s'est dispensé aussitôt que la bienséance lui a permis de le faire. Si l'on met de côté sa faible tolérance aux foules bruyantes, il devait achever les préparatifs de son propre cadeau. Un cadeau très spécial.

Au cours des trois derniers mois, il a subi un traitement pour que se forme en lui un utérus temporaire et il n'en a pas encore informé son époux. Il veut un enfant et surtout, il veut qu'il soit conçu à l'heure de naissance de son amour, pour que cela soit à la fois un cadeau pour ce dernier et un moyen d'obtenir une bénédiction pour garantir à leur enfant un avenir glorieux.

Le fait qu'il ait effectué toutes les démarches dans son dos et en sachant pertinemment qu'Harry sera follement heureux, et non en colère ou pire encore, méprisant, en dit long sur son niveau de confiance. Il n'aurait jamais osé faire cela ne serait-ce que six mois en arrière.

Il avale la potion de fertilité et de nervosité, expire lentement en caressant de sa main son ventre tonique et encore plat. Il attend qu'Harry raccompagne le dernier de ses invités et le rejoigne dans la chambre du maître. Il est une heure avant minuit et quinze minutes avant que son jeune mari n'ait exhalé sa toute première respiration. Ils ne disposent pas de beaucoup de temps, et se rend compte qu'il aurait dû prévenir Harry que c'était important lorsque ce matin, il lui a demandé de venir le voir après la fête. D'ici peu, il va devoir appeler un elfe pour aller le chercher. Pile à l'instant où il s'apprête à le faire, Harry chute sur le pas de la porte en gloussant. Ivre, il se relève et jette ses bras autour de Severus pour l'enlacer et se stabiliser en même temps.

- « Ah, t'es là, mon joli », marmonne-t-il en l'embrassant maladroitement. « J'croyais que t'avais un truc spécial pour moi, alors pourquoi t'es pas tout nu ? » Décidé, le jeune homme glisse une main dans le bas de pyjama de Severus pour saisir son sexe sans pudeur.

- « Harry… ah… il y a quelque chose… que j'ai besoin de te dire… » La main besognant son membre rapidement gonflé est assez distrayante. « Harry… ah… attend… »

- « Huh », Harry cligne des yeux dans sa direction. Confus, il stoppe ce qu'il faisait. Severus hésite entre lui dire maintenant ou repousser cela à plus tard. Néanmoins, comme il refuse que leur enfant soit conçu alors que l'un des deux est ivre, il soupire et s'éloigne pour attraper une potion de dégrisement.

- « J'ai un autre cadeau pour toi, mon amour, mais pour l'avoir, tu dois être sobre. »

Harry fait une adorable moue boudeuse. Il est évident qu'il est réticent à abandonner l'état de béatitude induit par son ivresse, mais l'avale quand même. Une seconde plus tard, il regarde Severus avec une impatience non dissimulée.

Le plus vieux prend une inspiration. « Je veux te donner un enfant. »

Un silence choqué s'instaure jusqu'à ce que soudain, Harry comprenne et écarquille les yeux. Et là, Severus se retrouve dans une étreinte à lui broyer les os. Puis, les bras l'enserrant se relâchent et son visage est pris en coupe avec tendresse.

Severus déglutit difficilement. « Je… »

Il est réduit au silence par un doux baiser. Puis, tiré vers le lit où il y est allongé sans un mot. Les iris émeraude brillent d'une émotion profonde, dont l'intensité lui retient le souffle. Les vêtements sont enlevés et son corps tout entier adoré, alors qu'un doigt lisse entre en lui pour le préparer.

Harry le pénètre avec lenteur, le regardant droit dans les yeux alors que lui-même s'ajuste à la longueur pourtant familière. Il commence alors à faire des va-et-vient en lui à un rythme aisé pour commencer. L'acte est tranquille mais néanmoins intense. Le regard brûlant d'Harry le voit se noyer dans le plaisir et venir entre ses bras, avant de disparaître derrière ses paupières fermées lorsqu'il le suit dans la jouissance.

Ils sont étendus sur le lit à reprendre leur souffle en se tenant serrés l'un contre l'autre. Harry se désolidarise et lance un sort de nettoyage. Ses yeux verts trouvent à nouveau les siens et cette fois, ils sont étincelants de bonheur.

- « Merci, mon amour. C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. »

- « Attend qu'il soit là et qu'il te rende dingue avec ses pleurs incessants de jour comme de nuit. Et puis il va grandir et commencer à te donner des cheveux blancs avec toutes ses acrobaties, juste comme son père à son âge. Là seulement, tu pourras me remercier. »

Harry se colle dans son dos, enroulant un bras autour de son ventre en un geste de protection.

- « Eh bien, au moins il ne sera pas un bûcheur calme, de mauvaise humeur et aimant les livres comme son papa l'était à son âge. Ce serait ennuyeux. »

- « Tu dis ça maintenant », grogne Severus avec lassitude contre son oreiller, un petit sourire de contentement fleurissant sur ses lèvres. « Viendra un temps où tu risques d'espérer exactement ça. Souviens-toi de mes paroles. »

- « Quel optimiste tu fais. » Harry embrasse sa tempe et s'installe confortablement pour dormir.


C'est la fin du mois d'août et, demain, ils doivent rentrer en Angleterre pour recommencer une nouvelle année scolaire. Le mariage a été un contre de fée et la lune miel encore mieux. A l'exception de ce matin où elle a commencé à vomir sans pouvoir s'arrêter.

Elle ferme les yeux et pose son front sur la cuvette en porcelaine. Le marbre dur du sol de la salle de bain n'est pas l'endroit le plus confortable pour se reposer, mais elle est incapable de bouger de peur que ça chambarde encore son estomac.

La porte s'ouvre et Draco arrive avec dans les mains une fiole d'une potion pour apaiser les maux de ventre. Merci Merlin ! Elle tend désespérément la main.

- « Non, laisse-moi faire. » Il débouchonne la fiole et l'aide à l'avaler, craignant que dans son état, elle ne la laisse choir.

Tout ce qu'il espère, c'est que ce soit dû à un aliment récemment ingéré et pas autre chose. Apparemment, Ginny pense comme lui. Elle se lève et le laisse la conduire vers le lit.

- « Lance le sortilège », ordonne-t-elle en grommelant.

Mal à l'aise, Draco déglutit et sort sa baguette.

- « Tu es sûr que ce n'est pas une salade de la mer qui passerait mal, ma chérie ? »

Qu'est-ce qu'il aimerait ne pas être dans ses chaussures à cet instant ! Il n'aurait pas dû acheter la dernière série de potions contraceptives chez cet apothicaire de l'allée des Embrumes, juste sous prétexte qu'il était trop paresseux pour retourner chez Slug & Jiggers sur le chemin de Traverse.

Les yeux de Ginny se plissent, soupçonnant quelque chose. « Lance ce putain de sort, Draco. »

Il prend une grande inspiration, priant toute sorte de divinité de l'épargner, puis lance le sortilège de test de grossesse. Le ventre de Ginny s'éclaire d'une lumière bleu layette (sans aucun jeu de mot). Draco déglutit encore une fois, cette fois de peur.

- « Draco chéri, où est-ce que tu achetés le dernier lot de contraceptifs ? » La voix est faussement douce.

- « … »

- « DRACO LUCIUS MALFOY, TU PEUX DIRE ADIEUX A TES COUILLES ! »


Le bal de fin de l'année 1998 bat son plein. La couverture médiatique est plutôt importante, même si Harry Potter est diplômé depuis l'an passé. Mais comme Severus et lui sont présents, alors la presse l'est aussi.

Hermione regarde en souriant les gens devant elle, se mêler les uns aux autres ou danser. Elle attend que Théo revienne avec le verre du punch traditionnel et légèrement dopé, très heureuse de pouvoir en boire, contrairement à Ginny, qui est enceinte de son deuxième enfant (cette fois de sa faute) et donc forcée de carburer au jus de citrouille. Le petit Arcturus Draco Malfoy est resté à la maison, gardé par son enthousiaste grand-mère.

Ginny et Draco ont tous les deux lâché l'école l'année dernière pour étudier avec un tuteur privé. Ginny pour des raisons évidentes et Draco par solidarité. Du moins, c'est ce qu'il a prétendu. Hermione suspecte qu'il ne voulait tout simplement pas se priver de son lit marital pendant près de neuf mois. Pas surprenant qu'ils en soient déjà à leur deuxième, vu qu'ils baisent comme des lapins en chaleur. Neville et Luna au moins font preuve de plus de retenue, lui attendant qu'elle ait terminé sa scolarité avant de se marier.

Théodore et elle planifient d'avoir leur premier enfant dans un délai d'un an, lorsqu'elle sera en première année à l'académie magique de droit. Ils veulent passer l'année qui vient à voyager à travers le monde et profiter de ne pas avoir de responsabilités et d'obligations avant de s'installer dans leur vie et leur carrière. Elle voulait remettre ça à plus tard, mais Théo a insisté sur le fait que s'ils ne le faisaient pas maintenant, ils ne le feraient jamais, et elle a eu l'impression qu'il avait raison.

Harry et Severus ont fini de danser et viennent dans la direction de la table juste à côté de la leur, apparemment avec l'intention de faire une pause. La grossesse n'a pas été facile pour Severus et même aujourd'hui, presque trois mois après avoir donné naissance à leur fils Alexandre, il se fatigue encore facilement. Ils ont tous les deux décidé qu'Harry porterait leur second enfant et elle ne peut que leur donner raison. La fierté d'Harry en tant que dominant ne vaut pas la peine de prendre de risque. Pas que cela arrivera dans un futur proche compte tenu de l'engagement actuel d'Harry en politique. Qui sait, probablement juste avant de participer aux élections pour le poste de ministre de la magie, après le mandat de Scrimgeour.

Théo place deux verres de punch sur la table et s'assoit à côté d'elle en souriant.

- « Un sou pour tes pensées. »

Elle lui rend son sourire. « Je réfléchissais juste à l'avenir. »

- « Et ? C'était bien ? »

- « Oui. » Elle prend sa main entre les siennes. « Oui, c'était bien. »


15 ans plus tard

- « Ahhhhhh… »

- « Poussez, ma chère, juste encore un peu, on voit déjà la tête ! »

La sage-femme est bien intentionnée, mais avec la douleur qui lui vrille le bas-ventre depuis près de six heures, il ne lui reste tout simplement plus de patience. Oh, il va payer pour ça !

- « La première vous voulez dire ! Je vous rappelle qu'il y en a deux ! », crache une Ginny pas impressionnée et pantelante. Elle prend une autre inspiration, serre plus fort la main de Draco, ignorant sa grimace, et pousse encore une fois.

- « Ahhhhhh… »

Les salauds, ils lui ont pris sa baguette, sinon elle aurait de nouveau ensorceler les couilles de son mari. Les testicules de Draco ont repoussées pas moins de six fois au cours de leur mariage.

Draco et Ginevra Malfoy sont en effet très connus à St Mungo. Lui, pour être le seul mari à avoir été frappé par le sort de retrait des testicules pour une autre raison que celle d'avoir trompé sa femme, et elle, pour être la sorcière qui à elle seule, a rajeuni la maison en déclin des Malfoy, et qui est présentement en train d'accoucher de son septième et huitième enfant.

Les cris d'un premier petit garçon résonnent dans la pièce.

- « Ah, bien, bien. » La sage-femme coupe le cordon ombilical et donne le bébé à son assistante. « Maintenant, prenez une inspiration et concentrez-vous, ma chère, nous n'avons pas fini. »

Ginny obtempère en serrant impitoyablement la main de son époux. Selon elle, le salaud mérite toute cette souffrance.

- « Ahhhhhh… »

Cinq minutes encore et le second garçon se met à pleurer dans les mains de la sage-femme.

- « Bien joué, ma chère, deux jolis garçons en bonne santé ! Maintenant, on s'occupe du placenta et on vous donne la potion réparatrice, et vous pourrez enfin vous reposer. »

- « Oh non, Martha, nous n'en n'avons pas fini ! Donnez-moi un rendez-vous pour une stérilisation le plus tôt possible la semaine prochaine ! »

La sage-femme la regarde surprise, mais sourit quand même. « Etes-vous sûre que c'est ce que vous voulez, ma chère ? »

- « Oui ! J'en ai assez ! Bon sang, huit enfants et pas un qui n'ait été planifié ! Jamais je n'aurais imaginé que je surpasserais ma mère. S'il n'y avait pas cette potion de lifting outrageusement chère, je ressemblerais aujourd'hui à un éléphant ! »

Elle plisse les yeux en direction de son mari humilié. « C'est soit ça, soit je lui retire les couilles une bonne fois pour toutes ! »

Draco pâlit et se redresse. Il prend la menace très au sérieux. « S'il vous plaît, Martha, fixez le rendez-vous pour la semaine prochaine. Huit enfants, c'est en effet plus qu'assez. »

- « Comme vous voulez, lord Malfoy. » Les yeux de la femme dansent de joie. « Bien, voyons voir cette main. »


- « Ronnie, quand vas-tu enfin faire quelque chose de ta vie ? »

Ronald Weasley est attablé dans la cuisine de sa mère, en train de manger son petit déjeuner. Il est le seul de ses nombreux enfants à toujours vivre à la maison.

- « Laisse tomber, maman. Tout le monde n'a pas un joli visage et peut se barrer pour épouser une fouine pleine aux as. » C'est sa réponse habituelle. « Et puis, je fais quelque chose, non ? Je travaille chez Fred et George. »

- « Comme assistant à temps partiel, Ronnie. Quand vas-tu te trouver un métier correct ou au moins, faire un apprentissage de quelque chose ? Nous pouvons désormais payer pour tout ce que tu pourrais désirer faire. Y as-tu réfléchi ? »

- « J'y pense, maman, mais j'aime bien mon travail au magasin, donc pourquoi aller m'embêter ? »

- « Tu dois songer à ton avenir, Ronnie. Que dirais-tu de rencontrer une gentille fille et de vous installer ensembles ? Avec ton salaire actuel, tu ne pourrais pas te le permettre. »

- « Lorsque j'aurai rencontré cette fille, j'y réfléchirais, maman. Tu vois là maintenant, la bouffe refroidit. »

Molly Weasley pousse un soupir à fendre le cœur. Désespérée, elle se détourne en se demandant ce qu'elle a fait pour se retrouver avec un gosse aussi paresseux. Elle doit en parler à Arthur. C'en est assez.


30 ans plus tard

- « Ronnie, quand vas-tu enfin faire quelque chose de ta vie ? »

Ronald Weasley est attablé dans la cuisine de sa mère, en train de manger son petit déjeuner. Autour d'eux, le monde a de nombreuses fois changé en mieux et il est le seul de ses nombreux enfants à toujours vivre à la maison.


Toutes les bonnes choses ont une fin et cette histoire touche à la sienne. J'ai été très heureuse de vous la faire découvrir et je ne remercierai jamais assez BadGirlgoesworse pour l'avoir écrite et pour m'avoir autorisée à la traduire.

Je suis ravie d'avoir pu lire vos commentaires au fil des publications et j'espère que cet ultime chapitre vous aura comblé. Alors merci à Zeugma412, Deponia, Elendil, Juliana, Okami Shiroi, Serpent d'Ombre, Fandemanga, AdelheiRei, Pims10, luffynette, Haru-carnage, Marie, De araujo, Lilas Chupa, Sabi1301, Drennae, La Prof, valentin09188, Voltea, Marion S, Matsuyama, Hathor2, Philou, maoul92, astaroth671, tsumy-malnewca, Morgane93, lothiniel1, Cristal de glace, Vampirenessi, bc130woody, Orthon McGraw, Schelma1984, lilid1991, Im'Kuy, Sonia, Drarryy, nekokirei, Jamie-Hairy, Cristal of shadow, Kaori jade, Choupsy, Mini-Yuya, elosnape, Archange Dechu, Lune Pourpre, Elaelle, Waanzin die, Aidoku, TeZuKa j, PCEECQTT, Manuella black, Scimarella, Mimi-sterek, Diaule, Adenoide, LaGrenouille97, Hayato Delmas, Mila, Urania Crystal, Kim Lucie-fer, Walala35,LM, Alicya Panther, RENARD, kimykymi, stephdvdiaries, Guibe, Mayamechan, hakuronchu, Blubule, Cherisch, Amande.F, Black Jo, A.F, DameAureline, misa2, liloupovitch, Caliste, nepheria4, usule, marchlo... en espérant n'avoir oublié personne.

En tout cas, cette fin coïncide étrangement avec le début de mes congés. Depuis ce soir, les vacances de 4 semaines et des poussières, c'est pour Bibi ! YESSSS !