Chapitre Trente-septième.

Drago était debout dans sa sorte de cage. Il était 9h00. L'audience venait d'être ouverte. Le président du Magenmagot parlait. Drago avait l'impression d'être dans un aquarium, il n'entendait pas ce qu'il disait. Hélène lui avait expliquer qu'il devait résumer les faits, résumer ce qu'avait dit les témoins et rappeler les chefs d'accusation. Drago n'arrivait pas à se concentrait. Il n'entendait que les battements rapides de son cœur. Il y voyait trouble. Il ne voulait même pas tourner son regard de peur de croiser celui d'Hermione, ou celui de Pansy ou encore de Blaise. Il ne pouvait pas les regarder car il voulait avoir en mémoire leurs sourires, leurs rires et non pas leurs regards inquiets.

Il regarda au-dessus de lui et vit les détraqueurs qui tournaient autour de lui, l'air assoiffé de sang, n'attendant qu'une chose : que le bouclier du patronus disparaisse. C'était comme si Drago était à bout de souffle et de force. Ses jambes tremblaient sous lui. Hélène qui était assise devant sa cellule et lança un regard derrière elle pour faire un sourire à Drago. Il ne put lui rendre son sourire.

Les juges se levèrent. Drago savait que c'était l'annonce du verdict. Il vit une femme passer un parchemin au Président. Il fallait qu'il écoute, il fallait qu'il sache. Mais c'était comme si son subconscient le protégeait et l'empêchait d'entendre la sentence. Parce qu'il savait que ça ne pouvait pas être bon. Il vit les lèvres du Président du Magenmagot bouger et Drago eut pour réflexe de fermer les yeux. Il ne pouvait ni voir ni entendre le verdict. De toute façon il serait bien assez tôt au courant, quand il verrait le visage hideux d'un détraqueur s'approcher du sien.

Le Président du Magenmagot frappa avec son marteau en bois et la séance fut levée. Drago n'ouvrit pas les yeux. Il n'entendait que les bancs crisser sur le sol et le bruit des robes qui se froissent. Hélène s'approcha de la cellule de Drago. Drago sentit une main qui lui attrapait le poignet. Il se risqua à ouvrir les yeux. Il vit alors son sourire.

- Monsieur Malefoy, que faites-vous encore ici ? Demanda-t-elle.

- Je… commença-t-il. Je ne sais pas. Je ne…

- Vous êtes libre enfin. Il n'y aura que des dommages et intérêts assez élevés à payer à Poudlard et à Miss Granger, mais c'est tout. Sortez, Drago, vivez. Vous êtes libre, répéta Hélène.

Drago risqua à mettre un pied en dehors de sa petite cellule. Il descendit les petites marches qu'il y avait devant et se retrouva au niveau des autres. Entouré de Blaise, de Pansy, de Ron et d'Harry qui avaient été convoqués pour le verdict final.

- Bienvenu parmi nous, lui sourit Pansy.

- La justice magique s'est vraiment dégradée ces temps-ci, rit Blaise en lui faisant une accolade rapide.

Drago laissa échapper un sourire, réalisant peu à peu qu'il était libre et qu'il pouvait aller où il le souhaitait. Il croisa le regard brun d'Hermione qui l'attendait devant les portes de la salle d'audience. Il se dirigea vers elle, comme un aimant, et s'arrêta à quelques centimètres d'elle. Hermione lui fit un grand sourire et lui tendit sa main. Il la prit et ils se dirigèrent en dehors de la salle d'audience. Ils sortirent sans dire un mot du tribunal. Ils se retrouvèrent dans l'atrium du Ministère qui était presque vide. Ils s'arrêtèrent.

- Ça ferait presque bizarre de se retrouver tous les deux libres, rit Hermione.

Drago serra un peu plus sa main. Libres. Ils étaient libres, la guerre était terminée, le champ des possibles s'ouvrait à eux. Ça faisait presque peur à Drago. Il n'avait jamais eu le choix tout lui avait été dicté par les convenances ou par ses parents ou par Voldemort, il ne s'était jamais retrouvé dans une situation dans laquelle il pouvait faire ce qu'il voulait. Hermione doutait. Elle avait peur que ça ne fonctionne pas avec Drago s'ils n'étaient plus tous les deux, s'ils se confrontaient au reste du monde. Est-ce que leur relation tiendrait ?

- Où veux-tu aller ? Demanda Hermione en plongeant son regard dans celui de Drago.

- J'imagine qu'on peut aller où on le désire, répondit-il.

- On peut aller en France, ou dans un pays chaud, ou aux Etats-Unis, proposa Hermione.

- Je crois que je veux juste vivre un été normal à Londres, là tout de suite. Il faut que je découvre ce que je vais faire maintenant… Maintenant que j'ai le choix. Et je n'en ai aucune idée. Je veux un été normal avec mes amis, pas de mangemorts et pas de Voldemort. Et toi. Nous deux, libres. Si tu ne veux pas…

- Je serai ravie de passer un été normal avec toi Drago, le coupa-t-elle en posant sa tête sur l'épaule de Drago.

Non loin d'eux se trouvaient Pansy, Blaise, Ron et Harry ainsi que Ginny qui les avaient rejoints dans l'atrium. Ils observaient la scène qui se déroulait devant eux.

- C'est quand même étrange à voir, observa Pansy avec une fausse grimace de dégoût.

- Ça ne durera jamais entre eux, soupira Blaise.

- Elle ne pourra pas le supporter, rajouta Ron.

- Il ne pourra pas la supporter ! S'offusqua Pansy en plantant son regard sur Ron.

- Sincèrement, Malefoy a un caractère exécrable, répondit Ginny en levant les yeux au ciel. Ça ne durera pas, parce qu'ils ne se supporteront pas.

Harry laissa échapper un rire alors que les quatre autres le regardaient.

- Ils pourraient vous étonner, dit Harry avec un petit sourire et en haussant les épaules.

Et en effet ils étonnèrent. Drago et Hermione surprirent le monde magique en s'affichant ensembles après avoir passé un été dans la discrétion. Ils travaillèrent sur eux-mêmes pendant l'été, entamant des psychothérapies, tout comme les autres acteurs de la guerre. Hermione se rendit compte qu'on ne pouvait pas aimer sans être libre. Mais elle réalisa surtout que lorsqu'elle avait réellement développé des sentiments pour Drago, au Manoir, qu'elle n'était pas enfermée. Elle n'aurait jamais pu l'abandonner, alors, au fond, elle était là de son plein grès.

Drago chercha à acheter un appartement à Londres pour quitter définitivement le Manoir qui était loin de tout et remplis de mauvais souvenirs. Il ne put se résoudre à le vendre pour autant, car il y avait aussi des bons souvenirs. Des souvenirs avec sa mère, avec ses amis, avec Hermione. Hermione s'installa elle aussi dans un appartement non loin de l'Université de Magie de Londres. Elle voulait reprendre les choses en main, revenir à une vie aussi normale que possible avec ses amis, mais en incluant aussi Drago dedans.

Ils continuèrent leur relation sans brûler les étapes. Hermione apprit à connaitre et à apprécier Blaise et Pansy. Drago passa du temps avec les amis d'Hermione. Il se sentit toujours redevable à l'encontre d'Harry, pour son témoignage, car il savait que c'était lui qui avait fait pencher la balance de son côté. Harry n'en profita jamais et prit plaisir à connaître un Drago qu'il ne soupçonnait pas. Un Drago toujours plein de sarcasmes, un Drago avec toujours un sourire narquois en coin, un Drago avec un petit air hautain, mais un Drago ouvert, un Drago intéressant et un Drago plein d'humour.

Hermione et Drago étonnèrent. Ils étonnèrent ainsi la famille Weasley quand ils vinrent tous les deux à Noël. Ils surprirent leurs amis en restant ensembles pendant des mois, puis des années, en montrant qu'ils parvenaient à surmonter leurs différends et les différentes épreuves de la vie, comme les deuils, le regard des gens sur eux, les difficultés qu'avaient rencontré Drago pour trouver un emploi et évoluer au Ministère, la fausse couche d'Hermione, ainsi que le sexisme qu'elle avait vécu au Ministère et le fait qu'elle avait dû se battre deux fois plus qu'un homme pour en arriver au plus haut poste : Ministre de la Magie. Mais finalement, aucune de ces épreuves n'avait pu les détruire, aucune n'avait pu les abattre.

Il y avait eu des hauts et des bas. Il y avait eu des soirs où Hermione s'était réfugiée dans les bras de Ginny ou d'Harry, il y avait eu des soirs où Drago plein de doutes s'était réfugié dans l'alcool et dans l'appartement de Blaise. Mais la majorité des soirs s'étaient passés dans les rires, dans la joie, dans la complicité, dans l'intimité. Ils s'imposèrent en tant que couple modèle, en tant que couple de la Haute Société magique, en tant que couple de référence, aux côtés des autres couples issus de la guerre. Ils élevèrent leur fils et Hermione laissa échapper une larme quand elle le vit quitter pour la première fois Londres dans le Poudlard Express.

Ils vieillirent ensembles. Côte à côte comme deux compagnons de vie. Se chamaillant toujours pour un rien, passant des après-midis entières enlacés sur le canapé à lire chacun leur livre. Accueillant leurs petits-enfants avec une joie non dissimulée pour un Hermione, et une pudeur protectrice pour Drago. À chaque fois qu'il voyait sa famille réunie devant ses yeux, Drago ne pouvait s'empêcher de penser que Hermione l'avait changé, mais qu'elle l'avait surtout sauvé. Il avait eu droit au bonheur, à une famille unie, à des amis fidèles et il savait bien qu'il n'y aurait pas eu droit s'il s'était marié avec la personne qu'avaient choisi pour lui ses parents. Parfois c'était même trop, parfois il se demandait s'il méritait tout cela après tout, mais à chaque fois il regardait Hermione, son sourire et ses yeux rieurs, et il se disait que même si peut-être il ne méritait pas tout cela, il ne pourrait pas pour autant l'abandonner.

Hermione et Drago étonnèrent. Ils étonnèrent de par leur bonheur, de par leur résistance, de par leur complicité, de par leurs sentiments, de par leur amour.


Et c'est la fin.

C'est une longue aventure qui s'achève ici au bout de 37 chapitres. C'est ma plus longue fiction et ma foi j'en suis plutôt contente. Quand je pense au début où je ne savais pas ce que ça allait donner, où je ne savais pas que j'allais en faire tout ça...
Je voudrais vous remercier de m'avoir suivi, de m'avoir lu, de m'avoir laissé des reviews. Vraiment merci ! J'ai été heureuse de partager cela avec vous, et j'espère vous retrouver sur mes anciennes fictions ou sur celles qui sont à venir.

Voilà, c'est un peu émue tout de même que je clos cette fiction. Tant de travail acharné dessus...

Donc merci encore et je vous fais de gros bisous !