Moy prima assoluta

Auteur : Angelscythe

Genre : Romance, tranche de vie

Disclaimers : Tous les personnages appartiennent à Stan Lee, Jack Kirby, Joe Simon et Don Heck (hormis les caméos mais franchement…)


Prologue

Manhattan, Washington D.C. – 14 Novembre 1940

Steve se tenait devant le Winter Garden Theater faisant les cents pas dans le froid déclinant. Il se frottait les bras pour se réchauffer. Son souffle gelé lui donnait envie de filer jusqu'au vendeur de café le plus proche et d'utiliser ce qu'il lui restait d'économie pour en prendre un brûlant. Mais d'ici qu'il arrive là-bas, il serait déjà haletant, incapable de respirer ou son cœur resterait fou pendant des heures…

Il ne pourrait supporter ça.

Finalement, il s'approcha du théâtre et se faufila par la porte de derrière. Il savait comment faire parce que c'était régulièrement arrivé. Normalement, il ne devait pas. Mais ça commençait à être vraiment long et il allait finir gelé…

Il se glissa dans les coulisses et remonta rapidement l'allée, marchant jusqu'aux escaliers qu'il descendit prudemment. Il lança un coup d'œil vers la scène. Le public avait disparu, laissant une salle relativement mal soignée, demandant à un pauvre nettoyeur seul de ramasser les fascicules, les mouchoirs tombés…

Il croisa le regard de ce pauvre Pierre qui fronça les sourcils avant de lui sourire. Sur la scène, vers laquelle il se tourna à nouveau, il vit les solistes se tenir sur la scène, étirant leurs membres après deux heures de danses. Ils avaient interprétés Casse-noisette pour la première fois depuis longtemps. Elle avait été acclamée. Autant que pouvait l'être un ballet lorsqu'on préférait les comédies musicales. Autant que pouvait l'être une pièce russe alors que le Monde devenait assez étrange…

- À dater de ce jour, le danseur étoile sera…

Steve eut un large sourire. Il était arrivé juste au moment opportun. Il échangea un regard avec un des danseurs, vit la surprise dans ses yeux puis son sourire. Le petit blond leva les mains pour lui montrer qu'il croissait les doigts. Une fille, sur la scène, rit avant de donner un petit coup de coude au concerné.

- Thomas Wolk !

Le visage de Rogers se décomposa et il se précipita vers le maître de ballet, portant sa main à son cœur parce qu'il avait déjà le corps qui protestait.

- Mo…

La femme qui avait donné un coup de coude à son camarade le contourna pour aller au bras du dénommé Thomas, posant un baiser sur sa joue.

- Steve !

Son ami descendit rapidement de la scène. Il s'approcha et se pencha par-dessus les sièges.

- Désolé, Monsieur Dannings. C'est…

- Je connais bien Monsieur Rogers. Encore à resquiller.

- Je m'inquiétais juste pour Bucky. Se défendit le petit blond.

- Il va très bien. Pourquoi irait-il mal ?

Le maître de ballet tapota la mâchoire ferme de son soliste.

- Ne soit pas aussi tendu la prochaine fois, James. Tu auras peut-être ta chance un jour. Julian prend sa retraite dans deux ans.

L'homme contourna les sièges pour aller voir Thomas Wolk et lui donner des conseils pour sa prochaine représentation.

- Plus tôt s'il se casse une jambe. Murmura Bucky.

- Je suis arrivé trop tard et ils ne m'ont pas laissés rentrer mais je suis sûr que c'était super.

- Tu viendras voir la prochaine. Proposa son ami.

- Autant que je pourrais !

Le brun se détourna, la déception marquant son visage. Il partit vers les coulisses pour rejoindre les vestiaires pour hommes et Steve le suivit. Il le faisait souvent. Monsieur Dannings ne supportait pas ça mais Bucky le laissait et les autres artistes ne protestaient que rarement. Peut-être que c'était parce qu'il faisait toutes ses entorses au règlement qu'il ne pouvait pas devenir soliste principal.

Ou parce qu'il était vraiment tendu…

Il n'avait pas vu Steve mais son ami n'était pas là à toutes ses représentations. Quoiqu'il était toujours là à toutes ses premières. Il s'était inquiété mais il savait faire le vide…

Bucky salua les filles, se rendant au vestiaire des filles, qui agitèrent la main pour attirer son attention. L'une donna un coup de coude à l'autre. Elle voulait visiblement qu'elles puissent inviter le beau danseur. Même si elles devaient supporter son freluquet d'ami comme toutes celles qui avaient voulu obtenir ses faveurs.

- Tu as eu un travail, au moins ?

- Caissier…

- Ça t'a pris autant de temps ? Ils ont voulus que tu fasses un test ?

- Ou est-ce que j'ai essayé de courir et que j'ai dû m'arrêter pour reprendre mon air pendant quinze minutes ? Plaisanta nerveusement Steve.

Son ami ouvrit la porte du vestiaire et le laissa rentrer avant de le suivre. Il partit vers l'étagère qui lui était réservée et rassembla ses affaires tout en répondant :

- Tu n'es pas passé par l'armée, j'espère ?

- Ils ont besoin de gens, Bucky. Et ta grand-mère…

- Gramma ne veut pas voir la bouille de son petit goy soit triste. Moi je ne veux pas te voir te tuer sur le champ de bataille.

- Mais toi, tu vis ton rêve…

- Non. Moi, je viens d'échouer. Encore une fois.

- Tu as vingt-trois ans. Rassura Steve.

Il lui tendit les bras et Bucky le prit contre lui en souriant légèrement.

- Pardon.

- Tu es tendu.

- C'est le problème. Grimaça son ami en se reculant.

- Aie, je ne voulais pas dire…

- Je sais, idiot. Je vais prendre une douche, mets-toi à l'aise. Et puis on ira danser !

- Bucky ! Paniqua Steve.

- Quoi ? Tu ne veux pas me remonter le moral ? Lança-t-il en se reculant vers la salle permettant de se doucher.

Le blondinet eut un long soupir, rendant les armes.

Bien sûr que si. Et ça le distrairait aussi… Mais il ne tenait pas non plus à rester à tenir la chandelle toute la nuit. Il savait comment ça se passerait. Ils passeraient un bon moment jusqu'à ce que des filles viennent les rejoindre. Bucky ferait tout son possible pour qu'il ait la plus jolie mais aucune ne s'intéresserait à lui. Mais il les comprenait : son ami était très gentil, très intelligent et également très beau. Qui choisirait un petit freluquet à côté de lui ?

Il voulait vraiment remonter le moral de Bucky. Il espérait pouvoir servir dans l'armée sous un malentendu et pouvoir foncer le front, aider la patrie. N'importe quelle patrie. Par contre, son ami était un des danseurs les plus époustouflants qu'il ait vu. Et il savait de quoi il parlait pour avoir vu tant d'autres personnes représenter tant de rôles…