Chapitre 10

C'est la fin! Le dernier chapitre!Merci beaucoup à tous ceux qui ont suivi cette fic, merci à ceux qui ont commenté, merci à ceux qui ont lu mais sont restés discrets- qu'ils sachent cependant qu'un seul tout petit commentaire à la fin de l'ensemble de cette fic sera toujours le bienvenu. Je ne m'appesantis pas plus et vous laisse découvrir la fin de cette réécriture post saison 5.

On commence avec une longue séquence très hot (qui prolonge celle qui bouclait le chapitre précédent) et c'est un lemon avec un bottom Derek (sujet à polémique par excellence donc ceux qui n'aiment pas le bottom Derek sont avertis, ne lisez pas !).

Prochaine traduction : Put it on words de paintedrecs, une fic sans surnaturel , un AU, donc ! Avec Derek en professeur et Stiles dans le rôle de son élève (mais attention ! Pas de souci d'âge entre eux ! Tout se déroule dans le cadre d'une université -enfin, pas de souci d'âge : si vous n'aimez pas les histoires de "daddies", passez votre chemin.)Pas de publication avant plusieurs mois- c'est encore une fic très longue et je vais faire un break : j'ai de la lecture (Lydiamartin et Sylphideland , je suis à vous- enfin, bientôt !)et des corrections à assurer (je rappelle que je suis aussi bêta).

Et si vous dormez avec les loups

Vous apprendrez à hurler

- Wolves par les Dreamers

Derek se réveille en sursaut, sa tête encore emplie de vestiges d'impressions douloureuses et de songes enfumés. Il cligne des paupières et baisse les yeux vers Stiles qui dort, à moitié affalé sur lui. Stiles s'est mis sur le dos, en position d'étoile de mer, de telle sorte que son bras et sa jambe gauches sont posés sur Derek.

Derek sourit. C'était juste un rêve. Ce qu'il a sous les yeux, cela est réel; Stiles est réel. Ce qui s'est passé la veille est vraiment arrivé. Ils ont fait l'amour et c'était merveilleux. Derek sait qu'il doit se raccrocher à ce souvenir-là, et oublier ses rêves.

« Stiles, » chuchote Derek tout en repoussant Stiles. « Bouge de là. Tu monopolises le lit.»

Stiles marmonne quelque chose, mais se tourne sur le flanc, dos à Derek. Derek tend la main et laisse traîner ses doigts, délicatement, sur les cicatrices. Il fronce les sourcils, en pensant à quel point sa propre existence a contribué à faire souffrir Stiles par le passé. Derek se demande s'il ne se montre pas égoïste en le gardant auprès de lui, parce qu'il sait que Stiles serait plus en sécurité s'il était loin de tout ce merdier. Mais il sait aussi que Stiles ne l'abandonnerait jamais, ni n'abandonnerait Scott, ou encore les meutes.

Derek trace les contours de la cicatrice infligée par le Nogitsune à Stiles et se promet de le protéger pour le restant de ses jours.

Lorsque Derek se réveille plus tard, il est cerné par la fragrance de Stiles. Il presse son visage plus fort contre l'épaule de ce dernier, grogne de contentement lorsqu'il sent la chaleur émanant de son corps et que ses narines hument sur sa peau les effluves de leurs odeurs mêlées.

« Tu ressembles à une pieuvre pot-de-colle, » marmonne Stiles, la voix encore empâtée de sommeil. En guise de réponse, Derek enroule ses jambes autour de Stiles pour le bloquer encore plus étroitement entre ses membres. « Ce n'était pas quelque chose que j'ai dit pour t'encourager à continuer à le faire, » reprend Stiles.

Derek grogne encore et commence à somnoler.

Mais Stiles a des projets qui divergent des siens. « Réveille-toi. » Derek mordille avec espièglerie sa peau. « Est-ce que tu viens juste de ... me mordre? Avec tes crocs? Je ne suis pas un de tes loups. Ce n'est pas avec tes dents que tu vas me prouver ton affection. »

« Retourne te coucher. »

« Ah, tu es réveillé. »

« Difficile de ne pas l'être quand on se retrouve au lit en compagnie d'un homme exécrable qui ne se tait pas. »

« Je ne vois pas ce genre d'homme dans les parages, » réplique Stiles. « Ou alors, s'il y a un autre homme dans ce lit, c'est que les choses ont tourné bizarrement de façon plus rapide que je ne l'avais prévu. Je ne m'attendais pas à pratiquer le triolisme avant au moins six mois. »

Derek grogne et, d'un geste possessif, tire Stiles plus près de lui. « Mien. »

« Non mais, Derek, vraiment ? Je n'appartiens à personne. » Derek grogne à nouveau, cette fois d'une manière plus menaçante. « Très bien, pas de parties de jambes en l'air à trois. Je ne crois pas de toute façon que tu saurais vraiment gérer une personne de plus que moi. Je te suffis amplement. Et puis, il est à peu près sûr que je développerais une sorte de complexe d'infériorité si jamais nous avions des relations sexuelles en incluant dans nos ébats une tierce personne. Et si jamais tu l'aimais plus que moi? Et si jamais cet individu était mieux monté que moi ? »

« Qu'est-ce que tu racontes? » demande Derek. « Il est trop tôt pour discuter de ce genre de trucs. »

« Je ne peux pas être tenu responsable de ce que je dis avant d'être pleinement réveillé et d'avoir pris un café. »

« Je te propose quelque chose : tais-toi. »

«T'es vraiment un trou du cul. » Derek grogne encore mais ne dit rien. Stiles continue de parler. « D'accord, alors, ça, c'est un point intéressant à soulever. Le grognement matinal sans paroles et sans sous-titres. Est-ce que tous les loups le font? Je vais le demander à Lydia. Je suis d'avis que Boyd et Erica ne sauront pas me répondre parce que tous les deux appartiennent eux aussi à l'espèce des grogneurs. Je pourrais demander à Allison, mais elle et Isaac sont des sortes de pseudo loups pour le moment parce qu'ils ont été formés par un chasseur, et … »

« Très bien, je vais me lever, » aboie Derek. Il ouvre ses yeux, et Stiles se dévisse la tête pour le regarder par-dessus son épaule, tout en lui souriant. « Ça ne va pas se passer comme ça tous les matins? »

« Je serais déjà en bas à la cuisine si tu ne me maintenais pas sur ce lit avec ta prise « poigne de fer » auprès de laquelle la prise de la célèbre « veuve Poignet »ferait pâle figure. » (1)

Derek lève les yeux au ciel et laisse partir Stiles. Ce dernier se débat avec les draps pendant qu'il sort du lit et se débrouille pour frapper le visage de Derek. « Stiles, » râle ce dernier.

« Pardon. » Stiles se redresse sur ses pieds, et Derek ne peut pas s'empêcher de sourire en voyant Stiles regarder autour de lui, complètement nu, d'un air perdu. Derek scrute le corps de Stiles, l'admire et ne peut pas arriver à croire que c'est cela, son avenir. Se réveiller auprès de lui, le tenir dans ses bras, l'embrasser chaque fois qu'il le désire, le contempler traverser nu, avec complaisance, les pièces de la maison. Derek ne sait pas comment il a pu réussir à avoir autant de chance.

« Tu me fixes, » dit Stiles d'une voix aux intonations neutres, mais Derek peut deviner qu'il est heureux.

« J'aime ce que je vois. »

Stiles se retourne lentement, puis prend la pose comme un mannequin quand il se retrouve de nouveau face à Derek. Celui-ci lève les yeux au ciel, mais sourit.

« Veux-tu prendre un petit déjeuner, un café? »

« Oui. »

« Je vais descendre et en faire. Tu peux te joindre à moi, si tu veux. »

Derek ferme ses yeux. « Je pense que je vais rester ici. »

« Tu aimes juste rester vautré dans mon odeur, n'est-ce pas ? »

Derek ne répond pas parce que Stiles a raison. Celui-ci ricane. « Tu es sans défense face à mon odeur, mon corps sexy, et mes charmes. »

« C'est ça, continue à te la raconter, » marmonne Derek alors qu'il recommence à s'assoupir.

Lorsqu'il sent le lit bouger sous lui, Derek cligne des yeux, émergeant lentement de sa somnolence. Stiles tient un plateau, et Derek peut sentir l'odeur du bacon, des œufs, et un arôme doux qu'il ne parvient pas à identifier tout de suite. Stiles est toujours nu, ce qui ne dérange absolument pas Derek. Il pense d'ailleurs qu'il préfère qu'ils restent tous les deux nus. Peut-être qu'il va mettre la meute à la porte de la maison et la faire vivre ailleurs ; ainsi la maison ne leur appartiendra plus qu'à tous les deux et lui et ils seront libres d'y déambuler, entièrement dévêtus, comme bon leur semble.

« Hé, gros dur, mon visage est là. » Derek lève ses yeux des genoux de Stiles et ce dernier se moque de lui. « Je vais mettre des vêtements si tu continues à te laisser distraire autant.»

« Tais-toi. Tu ne vas pas le faire. Tu aimes que je te regarde. » Derek arque ses sourcils, mais comme son visage est toujours enfoui dans l'oreiller, il est pratiquement sûr que l'effet de sa mimique est inopérant. Stiles rougit et son cœur s'emballe, bien que son visage reste impassible.

« Très bien. Peut-être que j'aime bien que tu me mates. Il n'y a rien de mal à ce que j'apprécie le fait que tu me contemples nu. »

«Je n'ai jamais dit que c'était mal. »

« Je ne serais pas opposé à te voir toi aussi plus souvent tout nu. » Stiles fixe ostensiblement la couverture qui recouvre encore le corps de Derek.

Derek lève les yeux au ciel, mais se remet sur le dos et jette la couverture au sol. Il étend ses bras et croise ses doigts derrière la tête. Les réactions que les gens ont à la vue de son corps l'ont fait se sentir mal à l'aise de nombreuses fois au cours de son existence, mais sentir le regard avide de Stiles sur lui ne lui donne pas l'impression d'être objectivé ou déshumanisé. Il se sent désiré, désirable, et aimé.

« Comment est-ce que ça se fait que je trouve même tes aisselles foutrement sexy?» grogne Stiles. Derek hausse rapidement un sourcil, mais soulève ensuite son aisselle , la pointant en direction de Stiles. « En voilà une sacrée façon de me menacer, » marmonne Stiles. « Ce sont les poils. Les poils partout sur ton corps, ça me fait un effet bœuf. Genre, ça en devient ridicule. »

Derek retire son bras de derrière la tête et l'étend pour laisser courir sa main le long de la cuisse de Stiles, tapissée de poils noirs, et il pense aussitôt que les cuisses de Stiles pourraient rivaliser avec les siennes en ce qui concerne la quantité de poils qui les recouvre. « Je suppose que cette attraction est mutuelle,» déclare-t-il, tout en glissant sa main plus haut vers l'épais écheveau de boucles à la base de la verge de Stiles. Ce dernier est à moitié dur, et Derek se délecte en voyant combien ce moment entre eux est intime et agréable. Il sait qu'ils vont probablement finir par bientôt refaire l'amour, mais, à cet instant précis, ils profitent tout simplement l'un de l'autre.

« Quoi ? » demande Stiles, et Derek lève les yeux. Stiles le dévisage, un sourire confus sur ses lèvres, ses joues teintées de rose. « Tu as l'air plongé dans tes pensées. A quoi est-ce que tu penses?»

Derek baisse les yeux et murmure: « C'est stupide. »

Stiles lui tourne le dos pour poser le plateau sur la table de nuit. Puis, il s'étend aux côtés de Derek et presse sa paume contre la joue de ce dernier. « Derek, rien de ce que tu pourras dire ne sera stupide, jamais. » Il enroule sa jambe autour de celles de Derek et se rapproche plus près de lui, puis il frotte son nez contre le sien. « Maintenant, parle-moi. »

« C'est juste que ... Je n'ai jamais éprouvé rien de tel. »

« Que veux-tu dire? »

Pendant qu'il s'efforce de trouver le moyen de formuler sa pensée, Derek pousse un soupir de frustration. Il n'est pas tout à fait sûr de savoir comment transposer en paroles ce qu'il ressent. « Les gens m'ont toujours seulement regardé à cause de mon apparence physique. Après ce qui est arrivé avec Kate, je m'en fichais parce que le sexe, c'était devenu juste un moyen de me distraire qui ne revêtait aucune espèce d'importance à mes yeux. Je pensais que je méritais d'être utilisé. Ensuite, le sexe- et tout ce qui était relié au sexe de façon générale- est devenu quelque chose que je ne recherchais plus. J'étais lassé que tous les gens, dès qu'ils me voyaient, veuillent tirer un coup avec moi. J'en avais assez d'être considéré de cette façon. »

« Mais à présent, » poursuit Derek, les yeux plongés dans ceux de Stiles, dont l'expression du regard s'adoucit au fur et à mesure que Derek parle, « Je ne ressens pas la même chose. Je n'aurais jamais pensé que ce serait possible que j'aie l'impression un jour de ne pas être un objet de concupiscence. Mais quand je suis avec toi, je sais que ce n'est pas ainsi que tu me vois. Et quand tu regardes mon corps, je me sens désirable au lieu de me sentir mal à l'aise. »

« Derek,» chuchote Stiles.

« Et me retrouver couché ici nu avec toi, à mon aise, détendu, en proie à une légère excitation, sans avoir besoin de l'assouvir sexuellement, et au lieu de cela, éprouver le plaisir d'être juste ensemble, …je ne pensais pas que cela pourrait arriver. »

Stiles ouvre la bouche pour parler, mais se tait. Ses yeux s'attardent sur le visage de Derek, suivant le moindre de ses traits, puis il se penche en avant et enroule ses bras autour de son cou. Derek le serre dans ses bras pendant que Stiles presse son visage contre le creux de son épaule. Derek bouge un peu la tête pour offrir son cou à Stiles qui commence à le parsemer de baisers humides, les lèvres largement ouvertes contre sa peau. Un grognement sourd s'échappe de la bouche de Derek.

Quand Stiles se retire, il se redresse sur ses coudes pour pouvoir placer le visage de Derek entre ses mains. Ensuite, il ancre son regard dans celui de Derek et l'embrasse sur les lèvres. « Je t'aime, Derek. J'aime tout en toi. Oui, tu es un spécimen sacrément incroyable de beauté virile. » Derek pousse un gémissement et lève les yeux au ciel ; Stiles ne s'arrête néanmoins pas de parler et continue sur sa lancée :« Mais c'est secondaire. Je t'aime. Tu pourrais ressembler à une plante d'intérieur, et je t'aimerais encore. »

Derek lève les sourcils. « Une plante d'intérieur ? »

Stiles souffle et lève les yeux au ciel de manière théâtrale. « Tu sais bien ce que je veux dire. Et je comprends ce que tu as cherché à me dire. Constater que tu aimes regarder mon corps, j'adore ça. Personne ne m'a donné l'impression d'être aussi sexy que lorsque tu me regardes. Mais c'est parce que tu vois au-delà de mes cicatrices et que tu t'en moques, et parce que tu m'écoutes quand je parle. Et parce que mon bavardage ne t'exaspère pas et que tu te souviens de ce que j'ai dit, et que tu te mets en quatre pour réaliser des choses qui me feront plaisir. »

Derek sourit. «J'aime t'écouter parler. » Il marque une pause, puis ajoute: « La plupart du temps. »

Stiles fronce les sourcils, mais Derek peut voir de l'amusement dans ses yeux. « Crétin. » Derek l'embrasse, et son baiser est lent et sensuel, lourd de toutes les choses que Derek voudrait dire, mais qu'il ne parvient à exprimer avec des mots. Derek pense peut-être que Stiles comprendra tout ce qu'il essaie de lui dire avec sa bouche.

« A présent, » dit Stiles ,« Attaquons notre petit déjeuner avant qu'il ne refroidisse. J'avais prévu de prendre ce petit déjeuner au lit. Et, » dit Stiles en enfonçant ses doigts dans la poitrine de Derek pour mettre l'accent sur chacun de ses mots, « Tu me détournes de l'objectif que je m'étais fixé. »

Stiles roule sur le côté pour saisir le plateau, et Derek ne peut pas se retenir. Il se penche en avant et place un baiser sur l'un des globes charnus des fesses de Stiles tout en passant son doigt le long du pli interfessier. Il y fourre ensuite son nez, à l'endroit où moussent des touffes de poils sombres.

Stiles se retourne et gifle Derek. « Hé! Nous sommes censés manger, mais si tu ne sors pas ton nez de mes fesses, tu vas manger autre chose de très différent que du bacon et des œufs et je vais te refiler à la place un service trois pièces sur lequel tu te feras les dents, ok ?. » (2)

Derek gémit tout en laissant retomber sa tête sur la hanche de Stiles. « Je ne vais jamais m'habituer à tes blagues cochonnes à deux balles. »

« Par contre, que tu prennes l'habitude de me dévorer les fesses, ça me plaît. Et comme il faut bien que ça se produise un jour, le petit déjeuner peut attendre. » Derek lève la tête pour fusiller du regard Stiles qui ricane et tortille ses fesses sous son nez. Alors Derek les tape d'un air taquin.

« Tu m'as préparé le petit déjeuner au lit, alors nous allons le prendre au lit. Ensuite, si je parviens à me remettre de tes réflexions outrageusement dépourvues de sex-appeal, alors peut-être que nous pourrons faire l'amour. »

Stiles lui tire la langue, se met sur ses genoux, ce qui fait que ses fesses se retrouvent pile devant le visage de Derek. Ce dernier sait qu'il le fait exprès, et à cette distance très proche, Derek capte le parfum concentré de leurs odeurs entremêlées, réminiscence de leur soirée de la veille. Cela suffit presque à Derek pour avoir envie de pousser Stiles sur le lit, d'écarter les globes de son postérieur, et de commencer à le lécher tout de suite. Mais Derek ne veut pas donner à Stiles cette satisfaction. De plus, il est vraiment affamé et Stiles lui a préparé le petit déjeuner. Il ne va cependant pas avouer à Stiles qu'il pense que c'est l'une des choses les plus romantiques qu'il aurait pu faire pour lui.

Stiles installe le plateau sur les genoux de Derek et déclare: «J'espère que ce n'est pas trop froid. J'ai aussi apporté du café. » Il tend à Derek une tasse, et ce dernier en prend une gorgée. Le café est un peu tiède, mais sa saveur est juste comme il l'aime.

« Parfait. » Derek sourit, et le visage de Stiles s'illumine.

Au milieu du petit déjeuner (qui est un peu froid, mais, pour être honnête, Derek ne s'en formalise pas), Stiles se lève et furète autour de la pièce jusqu'à ce qu'il retrouve le pull de Derek. Ou plutôt, le pull qui est désormais celui de Stiles. Lorsque Stiles surprend le regard de Derek qui l'observe, il rougit et affirme: « J'ai un peu froid. J'ai pensé qu'enfiler un pantalon contrarierait nos objectifs à atteindre lors de ce petit déjeuner nudiste. »

Derek acquiesce tout en croquant un morceau de lard entre ses dents.

Ils discutent tout en mangeant. Pas en abordant des sujets importants ; juste des sujets qui surgissent au gré de la conversation comme, par exemple, la dispute de Jackson et de Cora à propos du style d'œuvres d'art à accrocher sur les murs de la salle à manger ou les récriminations du shérif à propos de certains de ses collègues de travail.

Derek se rend compte que c'est ainsi que les choses vont se passer pour toujours. Des conversations futiles qu'ils partageront, simplement parce qu'ils voudront tous les deux connaître les détails de leurs vies respectives, simplement aussi parce qu'ils se sentiront bien dans leur peau et qu'ils sauront ce qu'ils représenteront l'un pour l'autre.

« Tu le refais, » dit Stiles.

« Quoi donc ? »

« Me fixer avec cet air sur ton visage. Es-tu secrètement nunuche et fleur bleue ? Genre, est-ce que tu vas tout le temps avoir des pensées romantiques et sirupeuses en songeant à moi et écrire des poèmes d'amour dans ta tête pour dire à quel point tu m'aimes? »

Derek affiche un air exaspéré. « Je n'écris pas de poèmes d'amour. »

« Je ne te crois pas. »

Derek tend la main et glisse ses doigts entre le pull et la peau chaude de Stiles, et il le sent frémir sous sa caresse. « Permets-moi de profiter de cet instant, d'accord? Ce sera terminé dans quelques jours une fois que je me serai souvenu combien tu peux être exaspérant et une fois que j'aurai passé le cap de l'humeur extatique qui caractérise un individu en pleine félicité post-orgasmique. »

Stiles lance un regard noir à Derek et lui fait un doigt d'honneur. Derek lui adresse un sourire sardonique.

« En outre, » reprend Derek, tout en chipant un morceau de lard sur le plateau de Stiles, «Je te ferais remarquer que ce n'est pas moi qui porte mon pull. »

« Cette phrase n'a même pas de sens, Derek, » rétorque Stiles, tout en essayant de reprendre le morceau de lard, mais Derek est trop rapide pour lui et se le fourre dans la bouche. « Tu aimes que je porte tes vêtements, surtout ce pull. »

« Plaide coupable, » dit Derek en se penchant vers l'avant pour enrouler un bras autour de la taille de Stiles tout en enfouissant son nez entre le col du pull et la peau de ce dernier.

« Tu vois? Tu es aussi pitoyable que moi. »

Derek embrasse la peau de Stiles avant de répondre: «C'est la raison pour laquelle nous sommes parfaits l'un pour l'autre. »

Derek fait tournoyer sa langue autour du mamelon de Stiles, et Stiles gémit doucement. Le plateau est encore posé sur les genoux de Derek, alors il essaie de s'en débarrasser sans ôter sa bouche de l'endroit où il est en train de lécher le téton de Stiles. Ce dernier finit par se saisir du plateau, se contorsionne ensuite pour le poser sur la table de chevet. Derek grogne d'irritation, mais, un instant plus tard, Stiles se met sur le dos et attire Derek sur lui.

« C'est beaucoup plus confortable, non? » demande-t-il avec un sourire.

« Merci pour le petit déjeuner, » dit Derek avant de repousser le pull pour le remonter sur la poitrine de Stiles et de frotter ses deux mamelons avec ses pouces. Les yeux de Stiles se ferment et il se cambre sous la caresse de Derek.

« A ton service, » répond Stiles , d'une voix entrecoupée. « Si le petit déjeuner au lit t'excite autant, nous allons en faire un rituel quotidien. »

Derek sourit et contemple le corps de Stiles se tordre au contact de ses doigts. Il se penche et embrasse le milieu de son torse. « Alors, que dirais-tu de prendre une douche, et puis nous pourrions revenir au lit, je pourrais te dévorer le cul et peut-être encore te faire l'amour? »

« Oui, oui à tout ce que tu viens de dire. »

Toujours en souriant, Derek s'extrait du lit. Il tend sa main à Stiles.

Dans la douche, ils s'embrassent et se caressent tout en se savonnant mutuellement. Derek a envie de pousser Stiles contre le mur et de le prendre tout de suite, mais la pensée de Stiles, étendu sous lui sur le lit, fait qu'il se force à ne pas avoir des gestes trop explicites. Derek ne peut cependant pas s'empêcher de presser ses doigts autour de l'intimité de son amant pendant qu'il passe le savon sur la peau de Stiles et que, d'un mouvement lent, ce dernier branle sa queue de son poing enduit de mousse. Mais Stiles retire sa main avant que Derek puisse jouir, et ce dernier décide alors qu'ils ont passé assez de temps sous la douche et ferme le robinet d'eau.

De retour dans la chambre de Stiles, celui-ci essuie le corps de Derek délicatement avec une serviette, tout en parsemant son corps de baisers et de caresses qu'il lui prodigue en laissant traîner son nez sur sa peau. Il enfouit ensuite son visage contre l'aisselle de Derek et y essaime des baisers, de sorte que Derek se met à pousser des gémissements et que sa verge, qui l'élançait déjà, se rigidifie encore davantage. « Je suppose que je ne suis pas le seul à aimer ça,» murmure Stiles contre sa peau, et Derek geint à nouveau.

Derek ne sait pas comment réagir tant l'émotion le submerge lorsqu'il voit que Stiles s'agenouille et le sèche délicatement entre les jambes et son pli fessier. Le contact de la serviette contre sa peau n'a rien de sexuel, en dépit de leurs érections et de la tension palpable dans l'air. C'est un moment plein de tendresse et lorsque Stiles soulève sa jambe pour en sécher le pied et les orteils, Derek se rend compte que personne n'a jamais cherché à prendre soin de lui de cette manière auparavant.

Il tend le bras et soulève doucement le menton de Stiles jusqu'à ce que ce dernier le regarde. « Je t'aime, » dit-il, d'une voix troublée et vibrante d'émotion. Stiles lui sourit , et il est beau. Il appuie sa joue contre le genou de Derek tout en levant les yeux vers lui, puis il baisse la tête et embrasse l'intérieur de sa cuisse.

Stiles est presque déjà sec au moment où Derek s'apprête à passer la serviette sur son corps, alors il se contente de l'envelopper dans un drap de bain et de le tenir dans ses bras pendant que tous les deux s'embrassent lentement.

Quand ils s'étendent sur le lit, Derek roule sur le dos et attire Stiles contre lui. Il rompt leur baiser, et Stiles lui sourit de nouveau. « Je veux que toi, tu me prennes, » dit Derek et les yeux de Stiles s'écarquillent d'étonnement. « Si ça te va. Tu, euh, tu n'y es pas obligé. »

Stiles acquiesce aussitôt avec fébrilité. « Non, c'est… oui. Ça me va complètement. Je veux bien. Je le veux vraiment. Absolument. »

« Tu en es sûr ? » demande Derek. « Nous aurions dû en parler avant, mais je ... Je veux te sentir en moi. »

Stiles gémit, et ses hanches remuent en faisant de petits cercles contre Derek. « Ok. Ouais. Je veux ça aussi. »

« Vraiment? » demande encore Derek, et il ne sait pas pourquoi, mais il se sent tout à coup vulnérable. C'est comme s'il avait l'impression que tout son être était saturé sur le plan émotionnel, et s'il était en compagnie de quelqu'un d'autre que Stiles, il serait probablement en train de s'enfuir, en proie à une colère monstrueuse. Mais il sait qu'il est en sécurité avec Stiles, qu'il peut laisser tomber les murs derrière lesquels il se protège et que Stiles ne le jugera pas ou ne profitera pas de lui.

C'est comme si Stiles pouvait déchiffrer ce que signifie l'expression de son visage, parce qu'il tend la main, met sa paume en coupe sur sa joue et lui sourit. « Derek, je te désire de toutes les manières possibles. Mais surtout, je te désire de manière à ce que mon désir soit conforme au tien. »

Derek acquiesce. « D'accord, bien. »

« As-tu…? » demande Stiles, en mâchonnant sa lèvre inférieure. « Euh, as-tu déjà fait ça auparavant? »

Derek secoue la tête. « Non, je ne… euh. Je ne me suis jamais senti assez à l'aise pour le faire avec quelqu'un. »

« Mais tu te sens suffisamment à l'aise pour le faire avec moi? » s'enquiert Stiles, et Derek acquiesce. Un large sourire fend alors le visage de Stiles. «C'est genre, incroyablement foutrement génial. »

Derek lâche un petit rire tout en levant les yeux au ciel. « Stiles, je te fais totalement confiance. »

Stiles se penche et embrasse Derek, toujours en souriant. Puis, il marmonne, contre la bouche de ce dernier : « Tu sais ce qu'il y a de génial à ce propos ? » Il recule légèrement et Derek secoue la tête. «C'est quelque chose que nous n'avons pas encore fait. C'est vraiment une première. »

Derek prend le visage de Stiles entre ses paumes. « Tu sais que ça n'a pas d'importance, non? »

« A mes yeux, ça a de l'importance. »

Derek acquiesce, parce que même s'il n'éprouve pas les mêmes sentiments que Stiles, il peut comprendre comment il en est arrivé à ce raisonnement.

« Alors, je suppose que nous allons donc le faire, » reprend Stiles et Derek devine qu'il est un peu nerveux.

Derek l'embrasse et dit : « Ne sois pas nerveux. »

« Facile pour toi de dire ça, »marmonne Stiles, et Derek l'embrasse encore une fois.

Ils s'embrassent pendant un certain temps . Derek sait que Stiles tente de tempérer sa nervosité, et attendre qu'il se décide à passer à l'action tout en l'embrassant ne lui pose pas de problème. Il aime la sensation des lèvres de Stiles sur les siennes, le poids de sa langue dans sa bouche. Derek glisse lentement ses mains le long du dos de Stiles jusqu'à la chute de ses reins, puis les remonte, ressuscitant en lui les sensations qu'il éprouve en touchant sa peau.

« Alors, » dit Stiles quand il finit par se dégager de leur étreinte. « Comment veux-tu procéder? »

Derek hausse les épaules. « De la manière que tu souhaites. »

Le visage de Stiles se plisse comme il le fait toujours quand il est plongé dans ses pensées, et Derek pense qu'il est si adorable que c'en est indécent. « Est-ce que je peux te lécher? Puis te doigter et pour finir, te baiser? »

Derek pousse, juste en entendant ces mots, un gémissement et ses yeux se ferment, tandis qu'il s'imagine Stiles lui faire toutes ces choses. « Oui. »

Stiles embrasse les lèvres de Derek à nouveau avant d'essaimer des baisers lentement vers le bas-ventre de Derek, tout en murmurant des mots tendres contre sa peau. Derek le contemple, alors qu'il progresse vers son pubis, puis laisse retomber sa tête contre le lit. Il ferme les yeux et se concentre sur la sensation des lèvres de Stiles contre sa peau.

Lorsque Stiles est arrivé en bout de course, il soulève les jambes de Derek et les accroche sur ses épaules. Derek prend quelques inspirations profondes pour calmer l'affolement de son cœur. Cette situation, c'est une chose qu'il désire vraiment de tout son coeur, une chose à laquelle il a pensé plus d'une fois. Mais il a encore un instant d'hésitation car il éprouve de l'anxiété à l'idée de se retrouver cuisses écartées devant Stiles et de se retrouver dans une position vulnérable. Il se rappelle cependant qu'il est avec Stiles, qu'il s'agit de lui, pas d'un autre, et il commence à se détendre.

Stiles prend en bouche ses bourses tout en glissant ses mains le long des cuisses de Derek, et ce dernier ignore comment Stiles a eu l'intuition qu'il devait faire les choses aussi lentement, mais il lui en est reconnaissant. Stiles passe sa langue le long du périnée de Derek qui pousse un gémissement profond pendant que sa verge tressaille.

« Je ne savais pas que tu serais aussi bruyant pendant l'amour, » dit Stiles et son souffle chaud parcourt, en l'effleurant, la peau sensible de Derek. « J'aime ça. C'est vraiment bandant. »

« Stiles, » geint Derek et Stiles lève ses cuisses encore plus pour avoir un meilleur accès à son entrée. Derek sent les doigts de Stiles passer avec délicatesse sur son anus, provoquant des étincelles de plaisir qui traversent tout son corps. Derek sent ses globes fessiers s'écarter encore plus largement, juste avant que Stiles promène langoureusement sa langue humide sur son intimité. « Putain, » lâche Derek entre ses dents.

Stiles prend son exclamation comme un encouragement, parce qu'il refait le même geste à plusieurs reprises. Tout dans l'univers de Derek se met à tourner précisément autour de ça, autour de la langue avide de Stiles qui le lèche. Il alterne les coups de langue prolongés et les cercles rapides autour de l'ouverture de Derek, et, de temps à autre, il pousse la pointe de sa langue dans son trou. Puis, la toute dernière fois qu'il le fait, cette fois, Stiles pousse plus loin sa langue dans l'anneau détendu de Derek, et Derek sanglote de plaisir.

Stiles recule légèrement et dépose des baisers autour de la zone qu'il a rendue si sensible, enfonce ensuite de nouveau sa langue dans le trou de Derek, la poussant plus profondément cette fois-ci à l'intérieur de son intimité. « Oh bordel, bordel, »parvient à articuler Derek, d'une voix rocailleuse, cassée.

Stiles continue de pousser sa langue en lui, se retire ensuite et dit, d'une voix rauque et égarée : « C'est si bon, Derek. J'adore ça. »

« Putain, Stiles, » gémit Derek, incapable de dire quoi que ce soit d'autre. La moindre parcelle de son corps le picote et fourmille de sensations. Il est pratiquement sûr qu'il pourrait jouir au bout de la langue de Stiles, et peut-être qu'il désire que Stiles fasse tout simplement ça, lui faire l'amour juste avec sa langue, jusqu'à ce qu'il sanglote et perde complètement la tête entre ses mains.

Stiles ne cesse de lécher et d'embrasser son anus jusqu'à ce que Derek se mette à trembler. Lorsque Stiles tente de pousser un doigt dans l'intimité de Derek, il le pénètre facilement. Stiles embrasse la peau autour de l'anneau de Derek tout en le doigtant lentement. Le doigt de Stiles malaxant son entrée lui donne l'impression d'être au paradis, mais c'est juste un préliminaire qui ne fait que l'exciter, et Derek attend patiemment que Stiles y ajoute un autre doigt.

Un acte aussi intime et impudique ne devrait pas faire éprouver à Derek autant de sensations. Mais Stiles agit avec une lenteur insupportable, presque douloureuse, touche Derek en lui prodiguant des caresses tendres, s'assurant qu'il se sent à l'aise avant d'aller plus loin. Derek ne s'est jamais senti autant aimé et chéri auparavant, comme si son plaisir était plus précieux aux yeux de Stiles que n'importe quoi d'autre. Si ce n'était pas pour les trois doigts dans ses fesses et le besoin profond qu'il ressent à l'idée que Stiles va le prendre jusqu'à lui faire crier grâce, il pourrait se laisser aller dès maintenant sur le lit et perdre toute maîtrise de lui-même. Il n'est d'ailleurs pas encore sûr qu'il ne va pas de toute façon perdre le contrôle avant que Stiles ne passe à l'acte.

« Prêt? » demande Stiles à Derek, et ce dernier acquiesce. Stiles enlève ses doigts et Derek ouvre ses yeux. Il voit que Stiles est en train de caresser sa queue. Il pousse un grondement profond, qui jaillit du fond de sa gorge, et Stiles le regarde, comme s'il était étonné de découvrir que Derek le contemple.

« Si sexy, » dit Derek.

« Je dois dire que je ne suis pas d'accord avec toi,» rétorque Stiles. « C'est toi qui es sexy. J'ai failli jouir au moins cinq fois, et seulement en te léchant. »

« On va devoir essayer ça un jour, » sourit Derek, son corps relâché, bien qu'il soit proche de l'orgasme.

Stiles lui rend son sourire. « Très volontiers. Mais maintenant…, » Il embrasse Derek avant de donner un coup de coude dans ses épaules. « Maintenant, je vais te baiser jusqu'à te faire hurler. »

Stiles gémit quand Derek roule sur son ventre et pousse ses hanches vers le haut. « Putain, si tu pouvais voir de quoi tu as l'air, Derek. Tellement foutrement parfait. » Stiles laisse courir ses mains le long du dos de Derek, puis sur ses fesses avant de les agripper et de les écarter. Il étend une main pour se saisir du lubrifiant posé sur le lit à côté de lui, et il en verse une quantité généreuse sur l'anus de Derek avant de glisser trois doigts à l'intérieur. Quand Stiles est satisfait du résultat et que Derek enfonce et tord ses doigts dans les draps, Stiles presse le sommet de sa queue contre son entrée. Enfin, il pousse alors sa verge à l'intérieur de son intimité.

Au moment précis où Stiles le pénètre, Derek crie. Il ressent une plénitude qu'il n'a jamais éprouvée de sa vie; rien de ce qu'il a déjà vécu ne pourrait se comparer à ce qu'il ressent. Quand la queue de Stiles est entièrement entrée en Derek, il ne bouge plus pendant un certain moment, le front posé contre l'épaule de ce dernier, pendant qu'il reprend son souffle contre sa peau.

Puis Stiles recule ses hanches, et les pousse en avant avec violence, et Derek, de nouveau, crie. Stiles commence à aller et venir en lui à un rythme rapide, et Derek pense qu'il va peut-être bien mourir d'extase. Les doigts de Stiles s'enfoncent profondément dans ses hanches, et Derek pousse ses fesses en arrière pour venir à la rencontre de Stiles, chaque fois que ce dernier pousse sa queue en lui. Les grincements du lit résonnent faiblement dans le silence de la chambre, et les seuls autres bruits qui se font entendre sont le son de leur respiration lourde et celui de leur peau claquant l'une contre l'autre.

Derek sent ses crocs croître contre ses gencives, ses griffes jaillir au bout de ses doigts. Son loup hurle, et il aime la façon dont il est cassé en deux, baisé par Stiles Stiles Stiles.

Le son de la voix de Stiles contre son oreille le fait sursauter. « Lâche prise, Derek, » souffle-t-il contre son oreille. Il glisse ses mains le long de ses bras jusqu'à ce qu'il atteigne ses griffes. Il entremêle leurs mains. « Je te tiens. Lâche prise. »

Derek émet un cri qui évoque tout à la fois un sanglot et un hurlement. Il laisse tomber la dernière barrière qui l'empêchait de se laisser aller et s'abandonne enfin à la sensation de Stiles qui le pilonne de son membre. Ses crocs jaillissent, son visage se transfigure et Stiles agrippe plus fort ses mains. Il n'a jamais pensé qu'il pourrait se sentir à ce point lié à une autre personne.

« C'est si excitant, putain, » murmure Stiles avant de faire glisser sa langue le long de l'oreille de Derek, puis de mettre son bout pointu dans sa bouche pour le sucer. Derek grogne, il se sent complètement démuni sous le corps de Stiles. Il tremble et les prémisses de son orgasme s'annoncent au creux de son bas-ventre.

Stiles parsème de baisers les épaules de Derek, puis lèche le côté de son cou pendant qu'il place sa main sous le corps de Derek et l'enroule autour de sa queue. Des sons graves sortent de la bouche de Derek, et ce dernier n'aurait jamais pensé qu'il pourrait émettre ce genre de bruits. Mais entre la sensation de Stiles qui martèle son cul de son membre, sensation si foutrement délicieuse, et la sensation de ses doigts enroulés désormais autour de sa verge, Derek est pratiquement convaincu qu'il va mourir de plaisir.

Avec Stiles qui le caresse, il ne faut pas beaucoup de temps à Derek pour se tendre comme un arc et ensuite jouir, dans un cri étouffé, alors que tout autour de lui s'évanouit durant quelques secondes extatiques, hormis la sensation de la queue de Stiles dans son cul et de sa main autour de sa verge.

Lorsque Derek commence à reprendre ses esprits, il sent les hanches de Stiles frissonner derrière lui, puis après une dernière poussée violente, ce dernier se libère en lui. Derek en vient presque à jouir une seconde fois, à cause des sensations qu'il éprouve et à cause de la façon dont leurs odeurs se mélangent.

Derek s'effondre sur le lit, ne se souciant même pas d'être allongé dans sa propre semence. Il se sent flasque, faible, et il est sûr qu'il ne va pas être capable de bouger de si tôt. Stiles se laisse tomber sur lui, avachi sur son corps, et le poids de ce dernier est chaud, réconfortant. Le sexe de Stiles est toujours enfoncé profondément en lui, empêchant son sperme de s'échapper de son intimité. Derek pense qu'il pourrait rester dans cette position à jamais.

« Je t'avais dit que j'allais te faire crier, » marmonne Stiles contre le dos de Derek. Derek, pour toute réponse, grogne. « Je t'ai contraint à te transformer de nouveau au lit. Parce que je suis sacrément génial. » Derek n'a pas assez d'énergie pour faire un commentaire sarcastique. En plus, eh bien, il faut le reconnaître, Stiles ne se trompe pas. « Est-ce que ... euh, est-ce que c'était bien ? »

Derek lâche un soupir d'exaspération. « Je n'ai jamais fait la moitié des choses que je viens de faire pendant un seul des rapports sexuels que j'ai pu avoir par le passé, » dit Derek. « Donc, je dirais que c'était plus que bien. » Derek peut sentir le bonheur de Stiles irradier de lui, et sa réaction le fait sourire.

« Je ne veux pas bouger, » dit Stiles. « Je pense que je n'arriverai plus jamais à bouger. Je vais rester ici allongé sur le dos pour le reste de mon existence. Nous allons tout simplement rester collés et liés l'un à l'autre pour l'éternité. »

« Ça me paraît chouette. »

Stiles approuve ces paroles par un petit bruit de la bouche exprimant son contentement. «Je ne plaisante pas quand je dis ça. »

« Stiles, tais-toi et dors. »

« Tu vois ? Voilà pourquoi je t'aime. »

XXXXXXXX

Derek se réveille plus tard, les fesses douloureuses et Stiles collé contre son dos, son bras et sa jambe jetés en travers de son corps. Derek pense qu'ils devraient peut-être se lever et reprendre une douche, parce qu'il peut sentir que le sperme de Stiles suinte de son anus, et son propre foutre a formé sur son ventre une croûte. En d'autres termes, il est vraiment dégoûtant. Mais il fleure le sexe et eux, ce qui fait que Derek n'arrive pas pour le moment à se sentir contrarié par son état. En fait, il ferme ses yeux et inhale, tout simplement. Rien n'a jamais senti aussi juste et aussi bon.

A l'extérieur, Derek entend le bruit d'une voiture qui ralentit puis tourne dans l'allée. Derek se redresse brusquement et secoue Stiles pour le réveiller. «Stiles, réveille-toi. » Stiles marmonne quelque chose, mais ne bouge pas. « Stiles! Ton père est à la maison! »

Stiles saute du lit, ses membres partent dans tous les sens lorsqu'il trébuche. Il est encore à moitié endormi, ses cheveux sont complètement en pétard, et il regarde autour de lui, d'un air troublé. «Putain. Où est mon pantalon? Putain. »

« Calme-toi,» dit Derek. « Il est toujours dehors. »

« Il était censé rentrer plus tard, » s'exclame Stiles pendant qu'il se saisit d'une paire de boxer dans un tiroir. « Il va me tuer. Merde, quelle heure est-il? »

« Calme-toi, » répète Derek, tout en enfilant rapidement ses sous-vêtements sur ses hanches. « Il sait que nous sommes ensemble. Tu as vingt ans. »

Stiles le mitraille d'un de ses meilleurs regards catégorie « tu te fous de moi en ce moment ?». Derek entend le shérif arriver sur le porche, et il sent s'abattre sur lui une peur glaciale. Ses yeux s'écarquillent tandis qu'il prend vite son pantalon et une chemise. « Merde. Il est sur le porche. »

« Merde! » s'écrie Stiles. Il agite sa main vers Derek. « Tu as du sperme sur le ventre! »

« Je vais aller dans la salle de bain pour me nettoyer et m'habiller. » Derek se précipite hors de la chambre et ferme la porte de salle de bain en même temps que le shérif ouvre la porte d'entrée.

Il s'appuie contre la porte et prend une profonde inspiration. Il entend Stiles se ruer avec fracas hors de sa chambre et descendre les marches des escaliers. Derek se regarde dans le miroir, puis éclabousse d'eau froide son visage et passe sa main dans ses cheveux. Il trouve un gant de toilette et enlève ses sous-vêtements afin de pouvoir nettoyer son entrejambe, puis laver son torse pour en enlever les taches de sperme séché. Au moins le shérif est-il un humain. Il soupçonnera sans doute qu'il y a anguille sous roche, mais il ne sera pas en mesure de percevoir l'odeur de quoi que ce soit. Enfin, Derek espère qu'ils ne sentent pas trop l'odeur du sexe.

Derek trouve le déodorant Stiles dans l'armoire et l'utilise , puis rince sa bouche avec une solution liquide pour les bains de bouche . Il se rend compte que Stiles n'a pas eu l'opportunité de passer par la case salle de bain, et putain, il vient de lui bouffer le cul environ une heure plus tôt. Derek grogne, et saisit son jean.

Derek songe qu'il va sans doute devoir virer la plupart du temps la meute de la maison pour qu'il puisse faire l'amour à son petit ami en toute sérénité. Ou peut-être qu'il va tout simplement construire une maison séparée juste pour lui et Stiles afin qu'ils puissent y faire l'amour. Ça commence à bien faire.

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Alors que son père est en train de se diriger vers la cuisine, Stiles trébuche presque en dévalant les escaliers. « Stiles? »

« H-héééééé, papa! » dit Stiles en s'arrêtant, à la limite de la chute, dans la salle à manger. Il a réussi à enfiler un jean et un t-shirt, mais n'a pas pris la peine de mettre des chaussettes. Il est vraiment heureux que Derek se soit réveillé et que son père ne soit pas rentré plus tôt, alors que Stiles était en train de prendre Derek jusqu'à le faire crier, hurler, et le contraindre à se transformer.

Oui, il a fait cela. Il a fait l'amour à Derek jusqu'à le faire crier. Voilà qui est extraordinaire. Mais son père n'a pas besoin de le savoir. Jamais. Si jamais on lui demande quoi que ce soit, Stiles clamera qu'il est toujours puceau, même après le jour de son mariage, si cela arrive un jour. Il y a certaines choses que son père n'a juste pas besoin de savoir .

« Tu rentres tôt. »

Le shérif, qui était baissé et fouillait dans le réfrigérateur, se redresse, puis ferme la porte du frigo en regardant fixement Stiles. « Non, je ne rentre pas tôt. Je suis revenu en fait plus tard que prévu. Nous avons effectué une arrestation que j'ai été dans l'obligation de gérer. » Il plisse les yeux en scrutant Stiles. «J'ai vu la voiture de Derek dehors. Est-ce qu'il se cache là-haut? »

« Non, monsieur, » dit Derek alors qu'il rentre dans la salle à manger, et Stiles tourne vivement la tête vers lui. « J'étais dans la salle de bain. »

Derek, eh bien, pour tout dire, Derek a l'air normal et propre, pas complètement cracra et hagard comme Stiles. Celui-ci le regarde, et quand il se retourne vers son père, il voit que les yeux de son père les examinent l'un et l'autre tour à tour, avec une expression qui semble suggérer qu'il sait parfaitement de quoi il en retourne.

« Mmhmm, » dit le shérif, et Stiles sait qu'il ne les croit pas une minute. « Eh bien, puisque tu es là, tu peux te joindre à nous pour prendre le petit déjeuner.»

« D'accord. »

Pendant que le shérif s'éloigne de la cuisine, il ajoute : « Quelque chose de bon, Stiles. Pas de salades. La nuit a été longue. » Stiles lève les yeux au ciel et se dirige vers le réfrigérateur.

Quand il entend son père gravir les escaliers, il se tourne vers Derek et dit: « Comment peux-tu avoir l'air normal? Tu n'as pas l'allure de quelqu'un qui s'est envoyé en l'air plusieurs fois. Moi, en revanche, j'ai clairement la tête de quelqu'un qui a baisé. »

« C'était un peu cet effet-là que je cherchais à obtenir !» s'exclame Derek en tâchant de garder la voix basse. « Mais bon, je suis assez convaincu que ton père a tout deviné. »

Stiles ronchonne « Il va me tuer. »

"Non, c'est moi qu'il va tuer. »

Stiles le regarde. « C'est de ta faute. »

« Comment ça, c'est de ma faute? »

« Tu es le pire petit ami loup-garou que la Terre ait jamais porté ! Tes compétences de guetteur sont nulles. »

Derek prend un air exaspéré. « Mes compétences de loup-garou sont la seule raison qui a permis que ton père n'entre pas dans cette chambre pour nous y découvrir tout nus et couverts de sperme !»

Stiles rougit à cette évocation. Il est encore sous le choc de ce qui s'est passé au cours des seize dernières heures. Il veut vraiment juste s'asseoir seul et entériner tout ce qui vient de se produire dans sa mémoire. Et se rappeler que, oui, tout cela est bel et bien arrivé.

« Et au fait, aussi … » ajoute Derek tandis qu'il s'approche de lui pour lui prendre des mains les ingrédients pour confectionner des sandwichs. « Puisque tu m'as léché le cul il y a quelques heures, je pense que tu devrais peut-être aller te brosser les dents et te laver le visage. »

« Oh mon Dieu, » dit Stiles, en gémissant et en laissant tomber sa tête contre l'épaule de Derek. Il a envie que le plancher s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse tout entier.

XXXXXXXXX

Stiles entre dans le salon de la maison Hale. Lydia, Erica, Kira et Cora sont assises sur le canapé, et Hayden et Allison sont assises dans des fauteuils. « Je ne savais pas que c'était une soirée pyjama.»

« Désolée, les garçons ne sont pas autorisés », dit Erica, avec un grand sourire.

« Mais je ne suis pas un garçon ,» affirme Stiles, et toutes se tournent vers lui en le regardant de travers. « D'accord, j'en suis bien un, mais vous ne pouvez pas m'exclure de cette soirée pyjama. C'est une réaction sexiste. Et en plus, pour la moitié d'entre vous, vous êtes mes meilleures amies, et en ce qui concerne l'autre moitié, vous êtes, genre, de très bonnes amies. Et j'espère vraiment qu'en disant ça, je ne viens pas d'offenser la moitié d'entre vous, parce que vous le savez, Kira et Hayden, je vous considère totalement comme des amies proches, sauf qu'avec Kira, nous n'avons tout simplement jamais tout à fait atteint le niveau «meilleurs amis », et que pour Hayden, je suis toujours en train d'essayer de m'habituer aux bébés Bêtas, hein , je ne vais pas la jouer hypocrite. Et Allison, eh bien, je pensais que tu étais morte jusqu'à environ quelques jours auparavant, et … »

« Oh mon Dieu! » s'exclame Lydia. « Tu peux rester avec nous si tu consens simplement à te taire! »

Stiles sourit. « Génial ! » Il se rue vers le canapé et le fixe, dans l'expectative. Comme personne ne bouge, il décide tout simplement de s'asseoir sur elles, et il se laisse donc tomber comme un paquet de linge sur les genoux de Cora, ses jambes vautrées sur Erica.

« Oh bordel, non, » dit Cora, mais Stiles enroule ses bras fermement autour de son cou. « Stiles ! Descends de là!"

« Non! Vous vous êtes toutes accaparé le canapé, et Allison et Hayden sont déjà installées sur les seules chaises qui restent dans cette pièce. »

« Je jure devant Dieu … »

« Qu'est-ce que tu fais, bon sang? » s'écrie Derek lorsque lui, Boyd, Jackson, et Isaac arrivent dans le salon. Stiles lui sourit, et Cora tente de le repousser à nouveau, mais sa prise autour de son cou, tel un étau, ne se desserre pas.

« Tu dois, c'est évident, aménager dans cette salle de séjour un espace supplémentaire où on pourra s'asseoir au cas où tu prévoiras d'organiser des soirées meutes, »déclare Stiles. «Je n'ai aucun endroit où m'asseoir pour assister à la soirée pyjama. »

« Ce n'est pas une soirée pyjama, idiot, » rétorque Lydia en soupirant. « Nous avons regardé un film juste avant que tu n'arrives. »

« Personne ne m'a invité. » Stiles boude en les regardant, et Lydia et Erica lèvent les yeux au ciel.

« Moi, je t'ai invité, » intervient Derek. Il s'est mis debout, entre le canapé et le fauteuil, et les considère avec amusement.

« Tu ne comptes pas. Tu es ennuyeux. Tu n'as pas organisé une soirée pyjama, » réplique Stiles pendant que Cora abandonne ses tentatives pour le chasser, se détend et se laisse retomber contre le dossier du canapé. Erica, quant à elle, a d'ores et déjà posé ses bras sur les jambes de Stiles.

« Je crois que toi et Derek, vous organisez déjà ensemble beaucoup de soirées pyjamas, » dit Erica.

« Ouais, Stiles. Tu pues, » ajoute Cora, en fronçant le nez.

Stiles frappe sa cuisse. « J'ai pris une douche. Tais-toi. Je ne pue pas. »

« Nous devrions organiser une soirée pyjama, »suggère Erica. « Ici même, dans la salle de séjour. »

« Oh non, » dit Derek, en secouant la tête.

« S'il te plaît? » supplie Erica, en clignant des yeux.

« Oui, s'il te plaît? » Stiles se joint à elle, les lèvres joliment boudeuses, affichant sa plus belle mimique de moue. Parce que Derek est faible et ne peut rien refuser à Stiles (ou parce qu'il a été mis en minorité, qui sait), ils finissent par déplacer tous les meubles et installent une énorme pile de couvertures au milieu du salon.

Parce que Hayden ne voulait pas être la seule sans son petit ami, elle a appelé Liam, qui a lui-même appelé Mason, qui a appelé à son tour Corey, et ils arrivent tous à peu près en même temps. Danny est venu en voiture avec Mason parce que Kira l'a appelé, et Scott est le dernier à arriver parce que Stiles ne pouvait pas ne pas convier son meilleur ami à l'énorme soirée pyjama inter-meutes et inter-sexes qui allait se tenir.

Stiles est couché contre la poitrine de Derek et entre ses cuisses, Scott à sa droite, Lydia et Jackson à leur gauche. Cora est couchée aux pieds de Stiles et de Derek, si près d'eux que Stiles s'amuse sans cesse à effleurer ses cheveux avec ses orteils. Boyd et Erica sont allongés près de la tête de Cora, et Allison et Isaac sont auprès d'eux, alors que le reste de la meute de Stiles s'est installé du côté opposé, auprès de Scott. Ils sont tous en train regarder une comédie stupide à laquelle Stiles ne prête aucune attention. Il est trop occupé à jouer avec les doigts de Derek et à taquiner Cora avec ses pieds.

« Stiles, je te le jure, » Cora gronde en frappant les pieds de Stiles. « Je vais déchirer à coups de crocs tes pieds si tu n'arrêtes pas. »

« Je ne pense pas que Derek apprécierait que tu le fasses, » dit Stiles. « Je suis sûr qu'il m'aime avec mes deux pieds entiers. Pas vrai, mon chéri? » demande Stiles d'une voix douce tout en tapotant le bras de Derek.

Il sent, derrière lui, que Derek hausse ses épaules. « Je continuerais à t'aimer sans pieds. »

« Vraiment? » s'exclame Stiles, d'un ton offensé, pendant que Cora sourit d'un air narquois.

A côté de lui, Jackson déclare : « Je pense que je vais vomir. »

« Est-ce que tu peux te la fermer ? » s'écrie Liam. « Certains d'entre nous essaient de regarder le film! »

« Tu n'es même pas chez toi ! » rétorque Stiles. Quelqu'un jette alors un oreiller qui lui atterrit en pleine figure.

Stiles regarde Derek et Scott. « Vous avez le devoir de contrôler vos meutes. »

« Il n'y a qu'une seule personne ici qui semble avoir besoin d'être contrôlée, » dit Derek.

« Scott! Est-ce que tu vas le laisser me parler comme ça? »

Scott lève les mains. « Je ne me mêle pas de ça! »

« Mec, tu es censé être mon copain à la vie à la mort ! Et moi, je t'ai toujours soutenu ! »

« Stiles! » reprend Liam.

« Ben quoi ? »

« La ferme ! » s'exclame la moitié de la pièce.

Stiles lève les yeux au ciel et utilise comme levier les cuisses de Derek pour s'aider à se relever. « Très bien. Ce film est une putain de daube, de toute façon.»

Stiles veille à bien marcher sur le plus de mains, de membres et de mèches de cheveux possible, lorsqu'il s'extrait du tas formé par la meute. Il va à la cuisine et attrape un sac de Doritos, puis se dirige vers le porche arrière. La nuit est chaude, alors il s'assoit sur les marches de la terrasse à l'arrière de la maison et contemple les étoiles. La lune est à moitié pleine dans le ciel.

Il ne peut pas croire qu'on soit déjà à la mi-Août. Il a l'impression que l'été vient de commencer, mais si Stiles prend le temps d'y réfléchir, il a vraiment la sensation que presque cinq années se sont déjà écoulées depuis le début des vacances. Tant de choses se sont passées.

La porte qui donne sur la terrasse à l'arrière de la maison s'ouvre, et un instant plus tard, Allison s'assied gracieusement à ses côtés. Stiles tend le sac de chips vers elle. « T'en veux une ? »

« Bien sûr. » Elle tend la main et fourre un Dorito dans sa bouche. Le bruit de la chip qui craque dans sa bouche résonne fort dans la nuit silencieuse.

« Tu penses toi aussi que le film est nul ? » demande Stiles.

« Complètement. Mais en vérité, j'avais juste envie de prendre un peu l'air. » Stiles jette un coup d'œil vers elle. Elle place une mèche de cheveux derrière son oreille puis dit : «C'est est un peu déstabilisant, d'être en présence des deux meutes. Il y a beaucoup d'éléments à gérer à la fois. Les odeurs, les sons, les émotions ... C'est comme si mes capacités sensorielles étaient saturées d'informations. »

« J'imagine que ça s'arrangera avec le temps, » déclare Stiles. « Je veux dire, si Derek, Erica, et Jackson peuvent supporter de fréquenter tous ces gens, je me dis que tout le monde peut le faire. »

« Je suis heureuse que nous ayons pu rester cachés au cours de ces dernières années, » poursuit Allison, « mais je pense que faire partie d'une meute, c'est quelque chose qui m'a manqué. Isaac a le sentiment d'être encore un membre de la meute parce qu'en vérité, il en fait encore partie. Il appartenait à la meute formée par Derek, Boyd et Erica. Mais moi, quand je me suis retrouvée couchée avec tout le monde, j'ai réalisé combien je ne faisais partie d'aucune meute. Et ça me rend triste « .

« Toi aussi tu as fait partie d'une meute, » dit d'une voix douce Stiles. « Moi, Scott et Lydia. Nous formions la meute à laquelle tu appartenais. »

Allison soupire et pose sa tête sur l'épaule de Stiles. « Ce ne sera jamais la même chose. »

« Non, c'est vrai, » soupire Stiles tristement. « Rien n'a été pareil depuis la nuit où Scott a été mordu. »

« Ça ne s'est pas si mal passé pendant un certain temps, » fait remarquer Allison.

« A quel moment exactement ça s'est bien passé ? Quand un Alpha psychopathe a essayé de nous tuer, quand des membres psychopathes de ta famille ont essayé de nous tuer, quand notre ami, devenu un lézard psychopathe, a essayé de nous tuer, ou encore peut-être quand notre professeur d'anglais psychopathe… »

« Ça va, j'ai compris, Stiles, » l'interrompt Allison, d'une voix triste.

« Je suis désolé. »

« Tu as raison. »

« Ben, quand même un peu, mon neveu. » Il passe un bras autour de ses épaules et elle se rapproche plus près de lui. Il a été très en colère contre Allison mais, pour la première fois, il se demande ce que ça a dû lui faire, de quitter Beacon Hills , de ne pas savoir ce qui était arrivé à ses amis, d'être devenue un loup-garou qui avait coupé les ponts avec tout le monde, sauf avec son père et son petit ami. D'après ce qu'il connaît des liens qui unissent les membres d'une meute, il sait que cette situation a dû être difficile.

« Ça ne vous dérange pas que je me joigne à vous ? » La voix de Scott tire Stiles de ses pensées. Il jette un coup d'œil par-dessus son épaule et sourit.

« Non, » dit Stiles. Il espère que Scott n'est pas là pour faire quoi que ce soit de tordu, par exemple tenter de déclarer son amour à Allison ou quelque chose de ce genre. « Assieds-toi, Scotty. »

Scott contourne d'un pas prudent Allison et s'installe sur la marche qui se trouve juste en dessous d'eux. « C'est étrange d'être de nouveau réunis, n'est-ce pas? » demande-t-il. « Ça ne semble pas réel. »

Stiles étreint Allison. « Elle me semble plutôt réelle, mon pote. »

Scott fronce les sourcils. « Tu sais bien ce que je veux dire. »

« Je sais. »

« Pourquoi personne ne m'a dit que nous organisions une petite fête réunissant les membres de la meute originelle sur la terrasse ? » demande Lydia tout en se laissant tomber aux côtés d'Allison. «J'aurais pu arrêter de regarder ce film débile beaucoup plus tôt. »

« J'ignorais que je commencerais à organiser ma propre fête ici, » dit Stiles. « Mais bien fait pour eux, quelle idée de s'allier avec Liam. Comment c'est possible, bordel? Ce film était nul. »

« Pour une raison ou une autre, je crois que Jackson apprécie ce film. Je pense que Derek lui aussi. »

« Il a mauvais goût, eh bien, pour tout, » s'écrie Stiles.

« Sois gentil, » dit Allison.

« Prendrais-tu le parti de Derek ? » se récrie Stiles. « Tu as changé. »

« Derek n'est pas si mal », reprend Allison. «J'ai pris du recul maintenant. Isaac parle beaucoup de lui. »

« Hé, ça va, il est passable,» plaisante Stiles.

« C'est un peu déprimant, » lâche Lydia après quelques instants durant lesquels personne n'a rien dit. «Est-ce que ça va toujours se passer ainsi quand nous nous retrouverons ensemble? »

« Je ne le pense pas, » dit Scott. « Ça ne peut pas durer ainsi. Pour le moment, c'est encore trop difficile à croire qu'Allison soit de retour. Mais une fois le choc dissipé, tout reviendra à la normale. »

« Scott, je ne sais pas si le mot « normal » est un terme approprié à notre situation, » fait remarquer Stiles. « Je veux dire, nous sommes deux loups-garous, une banshee et une étincelle. Je vous jure, chaque fois que je parle de nous, ça ressemble au début d'une putain de blague. »

« Cette singularité est notre normalité, » reprend Scott. « Être ce genre de personnes, ce n'est pas toujours si négatif. »

« Rappelle-moi ce que tu viens de dire lorsque les Alphas se manifesteront dans quelques jours dans l'intention de nous trucider. »

« Stiles, es-tu obligé de tout gâcher à chaque fois ? » s'écrie Scott.

« Je suis juste réaliste. »

« Peut-être que, ce soir, je ne veux pas être réaliste, » reprend Scott. « Peut-être que je veux être optimiste. Allison est revenue. Boyd, Erica, et même Isaac sont de retour. Derek et Jackson sont de retour. Pour la première fois, tout le monde est ensemble. Ce doit être un signe. »

« Peut-être, » concède Stiles.

Plus tard, après que Stiles et Lydia sont allés dans la cuisine pour prendre un verre, et qu'ils sont de retour dehors, ils s'aperçoivent que Scott et Allison ne sont plus assis sur le porche arrière. « Où sont-ils allés? » demande Stiles tout en s'asseyant de nouveau sur une marche. Il se tourne vers Lydia, l'air horrifié. «Tu ne penses pas que ... »

« Non, » réplique Lydia, catégoriquement. « Je ne pense pas que Scott ait une chance. As-tu remarqué la façon dont Allison et Isaac se regardent? »

« C'est précisément ce que je lui ai dit, » soupire Stiles.

« Il va comprendre tout seul ce qui en retourne, » dit Lydia.

« Non, il ne va pas comprendre. Il s'agit de Scott. Et il s'agit d'Allison. »

« Il va bien falloir qu'il le comprenne un jour. »

Lydia et Stiles restent assis sur le perron et discutent jusqu'à ce que Derek et Erica arrivent dehors, à leur recherche. « Le film est terminé, » annonce Derek en s'arrêtant derrière Stiles qui se penche en arrière pour s'appuyer contre ses jambes et lève les yeux vers lui.

« Il était vraiment mauvais. Comment as-tu pu regarder cette daube? »

« Ce n'était pas si mal que ça. »

« Je m'interroge sur tes goûts. »

« Eh bien, on peut commencer par s'interroger sur le fait qu'il sorte avec toi, non ? » lance Erica.

« Ne commence pas, Erica. »

« Quel sens de la répartie, vraiment, » raille Erica, en lui enfonçant son pied chaussé d'une pantoufle dans le bras.

« Que puis-je dire? Ce film débile a réduit à zéro mes capacités cérébrales. »

Derek lève les yeux au ciel et lui tend la main. « Viens, retournons à l'intérieur. Je pense que tout le monde se prépare à aller se coucher. »

« Dis donc, » dit Stiles, tout en mettant sa main dans celle de Derek pour le laisser tirer dessus et le remettre debout. Il vacille un peu à cause de la force que Derek a imprimée à son geste, mais ce dernier le retient pour qu'il garde son équilibre. «Tu te rends bien compte que c'est une soirée pyjama. Nous n'irons pas nous coucher avant au moins trois heures du matin. »

« Peut-être que toi tu ne vas pas aller te coucher mais moi, oui, » rétorque Derek.

« Ouais, parce que tu es un grand-père. »

« Est-ce que vous deux vous pourriez arrêter de flirter dès que vous ouvrez la bouche?» demande Erica pendant qu'ils rentrent à l'intérieur de la maison.

« Tu es juste jalouse parce que Boyd tient toujours sa langue et ne s'engage pas dans des préliminaires oraux avec toi. »

« Boyd! Est-ce que tu entends les propos insultants que Stiles tient à ton sujet ?» s'écrie Erica, même si Boyd peut les entendre sans qu'ils aient à élever la voix.

« Je n'ai pas peur de Boyd, » affirme Stiles.

« Oh vraiment? » Stiles sursaute lorsque la voix de Boyd résonne juste à côté de son oreille, et il se tourne vers lui en lui lançant un regard furibond. Erica et Derek rient, les sales traîtres. Même Lydia esquisse un sourire en coin. « Vous êtes tous de minables suceurs de petites bites. » (3)

« C'est une remarque seulement valable pour toi et Derek, » chantonne Erica, mais elle marque un temps d'arrêt puis poursuit : «Eh bien, ce que tu viens de dire n'est pas de toute façon vrai. Je pourrais probablement même te donner du fil à retordre en la matière, même si tu as une grande gueule. » Elle fait un clin d' œil à Stiles avant de passer son bras autour de la taille de Boyd.

Stiles prend un air exaspéré. « Comme si c'était un scoop ! Mais on n'est pas dans une compétition, Erica. »

Elle lui décoche un sourire carnassier. « Oh, et pourquoi pas? La trouille de perdre? »

Stiles bafouille. «Absolument pas. Ecoute, tu choisis le lieu et l'heure, et… »

« Non, » interrompt Derek. « Vous n'allez pas organiser un concours de fellation. Fin de la discussion. »

Erica boude. « Tu n'es pas drôle. »

Stiles se penche vers Erica et dit: « Nous en reparlerons plus tard. » Derek gémit et soupire comme si jouer le rôle du petit ami de Stiles était la tâche la plus dure qu'il ait jamais assurée dans sa vie. C'est pourtant un rôle fantastique ! Stiles voulait juste faire ce concours de turlute, où il aurait sucé la bite de Derek, pour prouver à quel point il était génial! Derek devrait l'apprécier davantage à sa juste valeur au lieu de râler.

Tout le monde est déjà en pyjama et couché sous les couvertures quand Stiles et les autres retournent au salon. Stiles va dormir dans les vêtements qu'il porte déjà, un t-shirt et une paire de short, et il se laisse tomber dans le lit de fortune confectionné pour la meute, à l'emplacement qui lui est réservé avec Derek. Ce dernier se blottit contre le dos de Stiles dès qu'ils sont couchés sur les couvertures, et Stiles se détend immédiatement.

Stiles parle pendant un certain temps, et au bout d'environ une demi-heure, Scott et Allison reviennent. Aucun des deux n'a l'air ravi. Allison se dirige immédiatement vers Isaac et s'installe à côté de lui, tandis que Stiles lance à Scott un regard interrogateur. Scott secoue la tête, et Stiles sait qu'il aura besoin de lui parler demain, quand ils seront à l'abri des oreilles et des regards indiscrets.

Stiles se déplace sur les couvertures pour essayer de s'installer plus confortablement, et quand il a enfin trouvé la position qui lui convient, Derek se colle tout contre lui et l'enlace. «Bonne nuit, » chuchote Derek à son oreille avant d'embrasser sa joue.

« Bonne nuit, Derek. »

Stiles entend un concert de bonnes nuits chuchotés et de baisers bruyants s'élever des couvertures, et il s'endort au chaud et en sécurité, dans les bras de Derek qui l'enveloppent, entouré des membres des meutes auxquelles il appartient.

XXXXXXXX

Le lendemain matin, Stiles se prélasse sur le canapé, recroquevillé contre Cora, avec son bras enroulé autour de Lydia, qui est blottie contre son flanc. Les pieds de Lydia sont posés sur les genoux d'Allison. Derek, Boyd, Jackson, Scott, Isaac, Liam, Danny et Hayden sont tous dehors en train de jouer au basket, et Kira, Erica, Mason et Corey jouent à des jeux de société dans la salle à manger. C'est plutôt agréable, pense Stiles. Tout le monde passe ensemble une journée de farniente, à traîner, tout simplement.

Alors qu'il est assoupi, soudain, quelqu'un le secoue pour le réveiller. « Stiles, » dit Lydia. « Ton téléphone sonne. »

« M'en fiche, » marmonne-t-il alors qu'il tente de poser son visage contre le bras de Cora. Elle pousse doucement sa tête.

« Stiles, c'est Deaton. »

Stiles cligne des paupières pour se réveiller, tout en se demandant, troublé, pour quel motif Deaton pourrait l'appeler. Il devrait plutôt appeler Scott ou Derek. Mais Stiles se souvient que c'est lui dont les souvenirs ont été effacés, si bien qu'il se jette brusquement sur le téléphone, se débrouillant au passage pour donner un coup à Cora et bousculer assez fort Lydia pour qu'elles se mettent toutes les deux à se plaindre à l'unisson.

« Bonjour? »

« Bonjour, Stiles, » répond Deaton. « Je suis revenu, et j'ai des informations que je crois que toi et Derek voudrez entendre. Pouvez-vous venir à mon bureau? »

« Quand? » demande Stiles.

« Maintenant, ce serait préférable. »

Stiles souffle. C'est du Deaton tout craché, la décision lui revient toujours. « D'accord, oui, nous serons bientôt là. »

« Emmenez Scott avec vous aussi. »

« D'accord. Ce sera fait, Docteur D. »

Lorsque Stiles raccroche, il voit que Lydia attend qu'il lui répète ce que Deaton a dit, tandis que Cora et Allison le regardent parce que bien évidemment, elles ont écouté la conversation. « Deaton est de retour. Il veut me parler, ainsi qu'à Derek et Scott. »

« Que penses-tu qu'il a découvert? » demande Lydia.

Stiles se lève et se dirige vers la porte. « Je ne sais pas. Mais il veut nous voir tout de suite. » Stiles enfile les sandales que Derek garde rangées près de la porte, et se dirige ensuite dehors. Le panier de basket-ball est à droite de la maison, juste après l'endroit où sont garées les voitures. Ils sont tous torse nu, sauf Hayden qui est seulement vêtue de son soutien-gorge de sport. Stiles prend un petit moment pour un peu profiter du spectacle et contempler toute une bande de garçons couverts de sueur qui se courent les uns après les autres.

« Cesse de jouer les pervers, Stilinski, » l'interpelle Jackson.

« Oh, tais-toi, tu aimes ça, » crie Stiles. « Et crois-moi, avec tout le premier choix qui oeuvre sur ce terrain, ce n'est assurément pas toi que je suis en train de mater. »

« Tu veux dire que tu es en train de mater quelqu'un d'autre que Derek? » demande Scott.

Stiles hausse les épaules. « Nous avons des copains tous très sexy. Que puis-je dire de plus? »

« Est-ce que ça te rend jaloux ?» demande Liam.

« Non, » dit Derek, en passant le ballon à Boyd, qui saute et le met d'un geste souple dans le panier. « Je ne me sens menacé par aucun d'entre vous. »

«C'est vrai, bébé. Dis-le-leur ! » s'exclame Stiles.

« Ne m'appelle pas bébé. »

« Hé, j'aimerais faire autrement qu'interrompre votre partie, mais je dois vous voler Derek et Scott. »

Derek et Scott s'arrêtent tout de suite de jouer, et Liam se débrouille pour foncer comme un boulet de canon dans Scott. Stiles se pose parfois des questions sur ses réelles aptitudes à être un bon loup-garou. Il est peut-être un joueur-né parfaitement à l'aise sur le terrain de la crosse, mais pour le basket-ball, apparemment, ce n'est pas vraiment le cas.

« Qu'est-ce qui ne va pas? » demande Derek, d'un air immédiatement sérieux. Stiles essaie de ne pas se laisser distraire par la vision de son torse moite de sueur et se concentre plutôt sur son visage. Et aussi, sur le fait que Deaton les attend avec des informations importantes à la clé et qu'il ne serait probablement pas très content si Stiles retardait leur arrivée en passant rapidement par la case chambre à coucher pour tirer un petit coup.

« Deaton a appelé. Il veut que nous venions tous les trois à son bureau, tout de suite. »

« A-t-il trouvé quelque chose? » demande Scott.

« On dirait que oui. Mais tu sais comment Deaton est. Il est encore moins loquace au téléphone qu'en personne. »

Ils s'habillent tous rapidement, et Derek et Stiles suivent la moto de Scott dans la Camaro. Stiles s'agite sur son siège pendant tout le trajet, mais Derek ne cherche pas à l'arrêter. Ils restent silencieux, avec juste, en arrière fond, la radio qui joue en sourdine.

Il n'y a personne à la clinique ; ils suivent donc Scott vers l'arrière du bâtiment. Deaton les attend dans la salle d'examen.

« Qu'avez-vous découvert, Doc? » s'enquiert Stiles. Il s'appuie contre l'une des tables d'examen et tambourine avec ses doigts le revêtement métallique jusqu'à ce que Derek saisisse sa main pour l'arrêter.

« Il semble que j'avais raison à propos de l'hypothèse que j'avais émise sur le Nemeton, » commence Deaton. « Le Nemeton est, en fait, de nouveau actif. »

« Merde, » lâche Stiles et Scott demande aussitôt : « Qu'est-ce que cela signifie? »

« Le Nemeton est fait de magie pure. Il n'est ni bon ni mauvais, même si la plupart des événements qui se sont produits en raison de sa réactivation ont eu des conséquences négatives. »

Stiles marmonne : «C'est un euphémisme. »

Deaton, comme d'habitude, ignore sa remarque. « Je crois que l'énergie négative résulte de ce qui est arrivé entre Derek et Paige, événement qui a déclenché la réactivation du Nemeton. »

« Alors, attendez un peu, » l'interrompt Stiles, en gesticulant avec ses mains. « Vous dites que cela est la faute de Derek? »

« Pas du tout », répond Deaton. « Ce qui s'est passé avec Derek n'était que le début d'une chaîne d'événements qui tire son origine bien au-delà de l'acte commis par un adolescent. Le Nemeton a été à nouveau réactivé lorsque Paige est morte, mais l'énergie négative était déjà présente au cœur du Nemeton des années auparavant, quand le Nogitsune s'est retrouvé piégé à l'intérieur du Nemeton.»

Stiles ne parvient pas à refréner le frisson qui traverse son corps, et Derek et Scott se rapprochent tous les deux de lui. Derek tend sa main et la pose sur le bras de Stiles.

« Parce que le Nemeton existe grâce à la magie, il est seulement constitué d'énergie. Et toute énergie doit finir par trouver son équilibre. C'est ce que le Nemeton est en train de chercher à faire. »

« Je ne comprends pas, » dit Derek.

« Le Nemeton tente de rétablir lui-même l'équilibre dont il est privé, en son propre sein. S'il y parvient, il entrera de nouveau en sommeil jusqu'à ce que quelque chose le réveille à nouveau. »

« Alors, comment est-ce qu'il parvient à s'équilibrer lui-même? » demande Scott.

Deaton les regarde chacun, tour à tour. « Ce n'est donc pas évident? »

« Doc, rien n'est évident avec vous, » rétorque Stiles.

« Ne pensez-vous pas qu'il soit étrange que tant de gens qui ont quitté Beacon Hills y reviennent soudain, en l'espace de quelques semaines ? »

Stiles dévisage Deaton, les yeux écarquillés. Scott dit: « Voulez-vous dire que le Nemeton les a ramenés ici? »

Deaton hoche la tête. « Les raisons pour lesquelles chacun d'entre eux a quitté Beacon Hills étaient liées au Nemeton. »

« Et le Nemeton les a ramenés à la vie? » demande Scott.

« Peut-être, » répond Deaton. « Cela, nous ne pouvons pas le savoir avec exactitude. Erica et Boyd ont guéri parce qu'ils sont des loups-garous, malgré le temps qu'Erica a passé alors qu'elle était supposée morte dans la chambre forte. Allison était reliée à l'Oni. Les deux alphas et l'Oni étaient connectés au Nemeton, mais pour expliquer pour quelle raison ils sont tous vivants, j'en suis réduit à des conjectures. Ce que je sais cependant, c'est que Boyd, Erica, et Allison, et même Isaac et Chris, ont été ramenés à Beacon Hills par le Nemeton. »

« Dans quel but? » demande Derek.

« Pour une question d'équilibre, » dit Deaton. « Quand ils sont partis, leur départ a causé des dommages considérables aux meutes ainsi qu'à leurs membres. Chacune des personnes qui sont parties a fait l'expérience de traumatismes qu'elles ont gérés par leurs propres moyens après avoir quitté Beacon Hills. En ramenant tous ces gens, le Nemeton a fait en sorte de restituer les membres disparus à leurs meutes et a ainsi commencé le processus de guérison, processus qui va soigner à la fois les membres disparus de la meute et les meutes elles-mêmes. »

« Alors, ce que vous dites, » dit Stiles, « c'est que le Nemeton nous a permis de tous nous réunir à nouveau afin que nous puissions guérir et former des meutes heureuses? »

« En gros. »

« C'est quoi ce grand n'importe quoi ? » s'exclame Stiles.

« Est-ce si difficile à croire, Stiles? » poursuit Deaton . « Tu as été au centre de la magie exercée par le Nemeton depuis le début. »

« Quoi ? » s'écrie Derek.

« Les rêves de Stiles ont toujours été connectés au Nemeton. C'est de cette manière que le Nogitsune a pu le posséder, alors il est logique que le Nemeton ait de nouveau utilisé le biais des rêves pour entrer en contact avec toi. »

Les mains de Stiles tremblent, et il se sent au bord d'une attaque de panique. « Que voulez-vous dire? »

« La raison pour laquelle toi et Derek vous avez retrouvé la mémoire est directement liée au Nemeton. A cause de tes rêves. »

« Mais moi aussi je faisais des rêves, » souligne Derek.

Deaton se tourne vers lui et demande : « Et quand as-tu commencé à rêver ? Moi, je dirais, juste après avoir repris contact avec Stiles. » Stiles regarde Derek, et Derek acquiesce. «Stiles a déclenché le processus de remémoration de vos souvenirs sous forme de rêves que vous avez tous les deux faits à partir du moment où vous vous êtes revus. Cela aurait pu probablement ne pas avoir eu lieu si Deucalion avait mieux exécuté son sort d'effacement de la mémoire, mais comme Stiles est une étincelle, je soupçonne que la magie se serait de toute manière par la suite diluée en lui pour disparaître. »

« C'était mon étincelle, » dit Stiles, s'adressant presque seulement à lui-même. « Je pense que j'ai fait quelque chose ce soir-là. » Il jette un coup d'œil rapide à Derek. « Tu as vu ce souvenir quand tu as sondé ma mémoire, » poursuit-il et Derek le regarde d'un air perdu. « Quand Deucalion a pris nos souvenirs. J'ai saisi ta main, et juste avant qu'ils aient enfoncé leurs griffes dans mon cou, je me suis dit…» Il fait une pause, et répète les paroles qu'il avait prononcées autrefois avec autant de facilité que s'il les avait dites le jour d'avant: « Ne l'oublie pas. Stiles, ne l'oublie pas. S'il te plaît, n'oublie pas Derek. Rappelle-toi de lui. Rappelle-toi. Rappelle-toi. Rappelle-toi ... »

Stiles regarde Derek puis Deaton, qui le contemple pensivement. Au bout d'un moment, Deaton déclare : « Je crois qu'il est très plausible d'affirmer que tu as en quelque sorte interféré avec le sort jeté par Deucalion. Comme avec la poudre de sorbier quand tu l'utilises, tes aptitudes à contrecarrer le surnaturel sont étroitement en corrélation avec la motivation et la force de conviction que tu manifestes au moment où tu es confronté à des phénomènes surnaturels. Au moment où Deucalion a voulu vous prendre votre mémoire, tu étais à la fois effrayé et déterminé, tu étais galvanisé par ta colère et tes sentiments à l'égard de Derek, et la puissance d'Alpha de Derek était connectée à toi, et j'imagine donc qu'à cet instant précis, tu as très probablement provoqué une sorte de faille magique dans le sort. »

« Mais si cela est vrai, » dit Derek, « Alors pourquoi le charme ne s'est-il pas brisé à un moment ou à un autre, quand nous nous retrouvions dans la même pièce tous les deux, juste après que tout cela soit arrivé ? »

« Le Nemeton, »décrète simplement Deaton. « Derek, pourquoi es-tu revenu à Beacon Hills? »

« Pardon ? »

« Tu es revenu à Beacon Hills, voyons, à peu près au début de l'année? »

« Oui, » répond Derek d'un ton prudent.

« Pourquoi? » Deaton fixe calmement Derek en attendant qu'il lui réponde.

« Je ne sais pas. J'ai eu l'impression qu'il était temps pour moi de rentrer à la maison. »

« Le Nemeton a sans doute joué un rôle là dedans, » poursuit Deaton. « Et au moment où toi et Stiles vous vous êtes revus, le Nemeton a déclenché le renversement du sort de Deucalion. Et parce que l'étincelle de Stiles est reliée à toi, Derek, ça a sans doute amplifié les rêves et le processus de récupération de la mémoire. »

« Alors, comme ça, le Nemeton se sert de moi pour que je l'aide à tout rééquilibrer? » s'écrie Stiles.

« En partie,» dit Deaton. « En raison de ton étincelle, tu agis comme un conducteur de son énergie. Voilà pourquoi tes cauchemars ont augmenté en intensité. Lorsque tu étais dans la forêt et que tu as eu un trou noir, c'est parce que l'énergie du Nemeton circulait à travers toi. »

« J'aimerais vraiment que cette putain de merde reste en dehors de ma tête! » crie Stiles, choquant tout le monde. Scott s'approche assez près de lui pour que leurs bras se touchent, et Derek saisit la main de Stiles.

« Le Nemeton affecte presque tout le monde dans la meute, mais c'est toi qui es le plus touché à cause de ton étincelle. »

« Être une étincelle, ça craint, » rétorque sèchement Stiles.

Deaton lui adresse un sourire plein de compassion.

« Alors, qu'est-ce que cela signifie désormais pour nous ? » demande Scott. « Le Nemeton a-t-il retrouvé maintenant un équilibre ? »

Deaton secoue la tête. « Non, je ne sais pas quoi d'autre ou qui d'autre il va affecter dans sa recherche d'équilibre. Ce processus peut prendre des années. C'est impossible à prévoir. »

« Génial, » dit Stiles. « Tout simplement génial. »

« Pour l'instant, je crois que le Nemeton en a fini avec vous tous. Même avec toi, Stiles. »

A l'extérieur, Stiles , debout entre Derek et Scott, près de la moto de ce dernier, demande : « Tout ça, ça ne change pas vraiment quoi que ce soit, hein? »

Derek secoue la tête. « Pas vraiment. »

« Nous savons au moins maintenant pourquoi Stiles avait toutes sortes de problèmes ces derniers mois, » dit Scott.

« Mec, j'ai toutes sortes de problèmes depuis que j'ai été possédé par le Nogitsune. »

« Peut-être qu'une partie du processus mis en œuvre par le Nemeton implique que tu vas retrouver une certaine stabilité, » suggère Scott d'un ton plein d'espoir. «Peut-être que tu vas pouvoir passer à autre chose maintenant. »

« Peut-être, » conclut Stiles, mais il n'éprouve pas trop de confiance quant à ce que l'avenir leur réserve.

XXXXXXXX

Quand ils sont de retour à la demeure des Hale, une grosse voiture qu'ils n'ont jamais vue est garée dans l'allée. Stiles remarque que Derek se raidit pendant un bref moment avant de se détendre. Lorsque Derek sort de la voiture, il a l'air simplement troublé.

« Dis donc, tu vas me mettre dans la confidence ? » demande Stiles, en sortant de la Camaro avec moult gesticulations. Il court après Derek, et s'aperçoit que le SUV a des plaques d'immatriculation du Nevada. Tout devient alors clair dans son esprit. « Wow, est-ce que c'est Marjorie qui est là? Tu ne m'avais pas dit qu'elle allait venir! »

« Je ne le savais pas, » répond Derek pendant qu'ils montent les marches, puis entrent dans la maison.

Avant que l'un d'eux ait pu réagir, Stiles entend un cri aigu et une silhouette heurte de plein fouet Derek pour lui faire un énorme câlin. Stiles n'a même pas besoin d'identifier à qui appartiennent ces cheveux noirs pour savoir de qui il s'agit. Cathy.

Il se renfrogne en voyant que Cathy étreint longuement Derek et que Derek lui rend son étreinte.

Une fois que Cathy le relâche, elle pousse à nouveau des cris quand elle voit Stiles. « Stiles! » Elle jette alors ses bras autour de lui pour le serrer très fort contre elle. « Je suis tellement heureuse de te revoir! J'espérais bien pouvoir te voir, toi aussi! »

« Vous deux, c'était tout ce qu'elle avait à la bouche ces dernières semaines, » s'écrie Olivia alors qu'elle arrive dans le hall d'entrée. Elle lève les yeux au ciel lorsque Cathy laisse partir Stiles. « Derek par ci. Derek par là. Stiles qui est si drôle. As-tu entendu l'histoire que Stiles a racontée ? Derek et Stiles, Derek et Stiles. »

« Maman! » s'exclame Cathy, clairement embarrassée. Stiles jette un coup d'œil furtif vers Derek, qui le regarde avec une expression narquoise. Fieffé salopard. D'accord, peut-être que Stiles avait un peu trop vite jugé Cathy.

« Que fais-tu ici? » demande Derek alors qu'il se dirige vers la salle de séjour, accompagné d'Olivia. Cathy se tourne vers Stiles et sourit de toutes ses dents tout en passant son bras par-dessus le sien. Stiles la regarde bouche bée tandis qu'elle l'entraîne à sa suite.

Dans le salon, plus de membres encore de la meute de Marjorie sont là, debout, disséminés dans la pièce. En plus de Cathy et Olivia, il y a Yvonne, Ford, Paul et Esuardo, qui s'est assis, fort à propos, à côté de Cora sur le canapé. Allison, l'air mal à l'aise, est assise dans un des fauteuils ; Chris et Isaac se tiennent debout derrière elle, raides comme des piquets, tandis que Boyd et Erica sont installés sur le canapé avec Cora.

« Tu vois, Derek? Je t'avais dit que tu aurais besoin de plus de places assises pour accueillir les gens, » déclare Stiles, debout près de Boyd, avec Cathy toujours pendue à son bras. Même pour un loup, elle est vraiment très tactile. Néanmoins, Stiles préfère qu'elle soit pendue à son bras plutôt qu'à celui de Derek. Peut-être qu'elle n'est pas aussi malfaisante qu'il ne le pensait à l'origine, mais il préfère tout de même encore qu'elle se tienne loin de lui.

« Maman nous a envoyés auprès de toi, » annonce Olivia. « On a entendu parler d'une petite meute d'Alphas qui se dirige vers cette région, alors maman voulait qu'on vienne vous donner un coup de main. »

« Elle n'avait pas à faire ça, » dit Boyd. « Nous ne pouvons pas laisser votre meute se mettre en danger. »

« Les Alphas constituent une menace pour nous tous, » réplique Paul. « Ils n'ont enlevé aucun membre de notre meute ou n'ont blessé aucun loup en faisant partie, mais il y a beaucoup d'autres meutes à qui ils ont fait du mal. »

« Marjorie veut essayer de trouver où ils gardent prisonniers les Bêtas qu'ils ont enlevés afin que nous puissions essayer de les sauver, » ajoute Esuardo.

« Vous voulez attaquer les ... Alphas? » demande Erica.

« Pas exactement, » répond Paul. «S'ils vous attaquent comme nous soupçonnons qu'ils le feront, après que nous les aurons vaincus, nous pourrons savoir où ils maintenaient en captivité Boyd et Erica et nous espérons sauver ainsi les autres loups qu'ils détiennent. »

« Si nous les vainquons, »fait observer Boyd, et Stiles est momentanément surpris par ses paroles. Mais il se rend compte qu'ils ont tous pensé la même chose et que personne ne l'a simplement formulé à voix haute.

« Voilà une autre raison pour laquelle maman nous a envoyés ici, » dit Olivia. "Elle nous a envoyés ici afin que nous puissions vous aider à les vaincre. »

« Je ne veux pas que nos amis soient blessés en combattant à nos côtés alors que ce combat ne les concerne pas, » explique Boyd.

Olivia lui sourit. « Nous faisons ce que les amis et les alliés font d'ordinaire, Boyd. »

XXXXXXXX

Derek attise le feu pendant qu'Isaac et Ford parlent de football européen et que Chris, Allison et Yvonne parlent politique en abordant les relations entre chasseurs et loups-garous. Olivia est assise à côté de lui, elle raconte des anecdotes et est au beau milieu d'une histoire qui concerne Marjorie et plusieurs autres membres de la meute. Derek lui sourit alors qu'il l'écoute parler. Ils sont assis sur des rondins dans une petite clairière, au coeur des bois, réunis en cercle autour d'un petit feu qui a été allumé dans un trou creusé dans la terre.

« C'est un endroit agréable que vous avez ici, » dit Olivia une fois son histoire achevée.

«Merci», dit Derek. « Je suis content d'y vivre. »

« Tu sais, j'espérais toujours que tu te joindrais un jour à notre meute, » reprend-elle, et Derek lui jette un coup d'oeil. « Je sais que maman voulait que tu nous rejoignes parce que le sang des Hale coule dans tes veines. Tu te serais bien adapté à notre groupe. »

« J'y ai pensé, » lui avoue Derek. « Mais je ne me suis jamais senti vraiment à l'aise avec cette idée. »

« Tes racines sont ici, » déclare Olivia. « Et ce n'est pas seulement à cause de ta meute et de Stiles. Tu as l'air plus heureux ici, plus à ta place. Je peux le sentir, tu sais. L'esprit de la meute des Hale imprègne ces bois, ce sol, cet air. Tu fais partie de cet endroit, Derek. Ça n'a pas d'importance que tu sois un Alpha ou pas. Toi et Cora, et même Jackson, vos racines sont ici. Ceci est votre foyer. »

Derek ne dit rien, mais il se détourne d'elle pour contempler le petit feu.

Au bout d'un certain temps, il quitte le groupe rassemblé autour du feu pour rejoindre Stiles. Cora et Esuardo sont allés quelque part, et il présume que Jackson se trouve en compagnie de Lydia ou de Danny. Stiles est resté sur la terrasse de derrière et joue aux cartes avec Cathy, Paul et Erica tandis que Boyd,assis, les regarde.

« Vous vous amusez ? » demande Derek, qui s'est placé debout aux côtés de Boyd.

« J'ai convaincu Stiles d'être mon partenaire, » explique Cathy. « Nous sommes en train de leur botter le cul! »

« Nous sommes en train de planifier notre retour en force, » affirme Erica.

« Un retour en force qui se fait beaucoup attendre, » intervient Paul. Derek sourit, prend une chaise et s'assoit à côté de Boyd.

« Stiles est un très bon partenaire, en particulier si l'on tient compte du fait qu'il est un être humain. »

« Hé ! » se récrie Stiles. Derek enchaîne en demandant: « Il est meilleur que moi? »

Cathy étudie d'un air pensif Stiles, puis se tourne vers Derek. « Peut-être. Mais il ne m'a pas battue à tous les jeux de cartes auxquels nous avons eu l'occasion de jouer toi et moi.»

«C'est juste parce que tu ne m'as pas encore affronté à ces jeux-là, » dit Stiles pendant qu'il arrange ses cartes.

« Je me sens offensé, Cathy, » la taquine Derek. « Tu m'as remplacé. »

« Pas vraiment! » répond Cathy joyeusement. « Puisque vous êtes en couple, c'est comme si j'avais le meilleur en double exemplaire. »

« Dieu, ne les encourage pas sur cette voie, » entonne Boyd, et Erica ricane.

« Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, les mecs, » dit Paul tout en jetant une carte sur la table. « Mais elle est comme ça depuis que vous êtes venus. Elle n'a plus que toi et Stiles à la bouche. C'est exaspérant. C'est presque aussi énervant qu'Esuardo qui n'arrête pas de parler de Cora. Aïe ! » Paul fusille du regard Cathy, qui fait de même.

« Paul, »grogne Cathy.

« Derek n'est pas stupide, »rétorque Paul. « Il savait déjà qu'il se passait quelque chose entre eux alors qu'ils vivaient chez nous. Et tout le monde sait qu'ils passent ensemble la soirée, ce n'est pas comme si c'était un secret. »

« Peut-on éviter de parler de la vie amoureuse de ma sœur? » demande Derek, tout en essayant de conserver son calme.

«C'est une attitude hypocrite,» affirme Erica. « Vous pouvez parader, toi et Stiles, couverts de l'odeur du sperme de l'autre, mais Cora ne peut pas avoir quelqu'un dans sa vie, elle aussi? »

« Erica! » gémit Stiles, couvrant son visage rouge d'embarras.

Derek ignore son propre malaise et regarde d'un air furieux Erica, qui garde les yeux rivés sur lui, d'un air déterminé. « Je ne suis pas hypocrite. Je suis bien conscient de la nature de la relation entre Cora et Esuardo, et j'aime bien Esuardo, de sorte que ce n'est pas un problème. Cependant, je ne veux vraiment pas penser à ma petite sœur de cette façon, d'accord? Alors quoi, tu veux porter plainte ? »

Erica lève les yeux au ciel, manifestement peu satisfaite par le raisonnement de Derek. Cathy soupire et dit: « Voilà précisément la manière dont toute la meute réagit avec moi. Chaque fois que je sors avec quelqu'un, je ne peux rien entreprendre avec le type avec lequel je sors parce que tout le monde me renifle et essaye de deviner ce que j'ai fait. Être la plus jeune dans une meute, c'est nul. »

« Tu n'es pas la plus jeune, » rectifie Derek.

Cathy lui lance un regard irrité. « Les bébés comptent pour du beurre. Il n'y a personne entre moi et Hillary, qui est âgée de cinq ans. J'ai dix-huit ans et j'en ai assez d'être vierge. »

« Elle parle exactement comme tu le faisais autrefois, Stiles, » raille Erica. « La virginité, ce n'est visiblement plus désormais un problème pour toi. »

« Peut-on changer de sujet maintenant? » demande Derek, un peu gêné.

« S'il vous plaît, » ajoute Boyd.

« D'accord, » acquiesce Paul.

Erica se tourne vers Cathy et dit: « Les garçons. Ils sont d'un pathétique. »

XXXXXXXX

Une fois que la meute de Beacon Hills a réintégré ses pénates et que la meute de Marjorie s'est répartie entre les nombreuses chambres d'amis, Derek s'assied dans la salle de séjour, au calme. Cora et Jackson ne sont toujours pas revenus, alors il profite de ce moment de tranquillité pour réfléchir.

Les informations de Deaton à propos du Nemeton ni ne l'étonnent , ni ne changent vraiment quoi que ce soit, sauf qu'il continue à s'inquiéter pour Stiles. Il n'est pas sûr d'adhérer totalement à la théorie de Deaton , selon laquelle le Nemeton l'aurait ramené à Beacon Hills. Derek s'était juste senti attiré par sa région natale, et chaque fois qu'il pensait à s'installer quelque part – comme par exemple dans le Nevada - il avait toujours l'impression que cette solution ne lui convenait pas.

Peut-être que c'était le Nemeton, après tout. Boyd et Erica avaient repris le chemin de Beacon Hills, et Allison et Isaac étaient également revenus. Derek s'en fiche pas mal de savoir ce qui l'a ramené ici. Il sait maintenant qu'il appartient à cet endroit, Beacon Hills, la terre de sa famille. Il a la sensation, dans ce lieu, d'être à sa place, d'une manière qu'il n'a pas ressentie depuis que Laura est morte - non, bon sang, depuis que sa famille a été décimée.

Il peut entendre les battements de coeur de la meute de Marjorie, et il sourit. Quand il avait conçu les plans de la maison, il avait, en toute honnêteté, cru qu'il n'y aurait que lui, Cora, et Jackson, pour y vivre, toujours. Peut-être que Cora ou Jackson auraient fini par se marier, mais alors ils seraient partis. Il ne se serait jamais attendu à ce que la meute s'agrandisse. Il espérait cependant que peut-être, un jour, cela se ferait ou qu'ils auraient des alliés, peut-être même les membres de la meute McCall, qui voudraient rester dans sa maison et la remplir de vie et d'amitié. Avec la meute du Nevada qui dort à l'étage, et les odeurs de la meute McCall , et des autres loups-garous qui subsistent dans l'air, Derek se dit qu'il est heureux d'avoir construit sa maison dans un esprit résolument optimiste.

S'il arrive à rester sain et sauf à l'issue des prochains événements, alors il pourra enfin se dire qu'il n'est plus seul.

Derek est en train de lire sur le canapé lorsqu'il entend la Porsche de Jackson descendre l'allée. Il pose son livre ouvert côté pages sur ses genoux quand Jackson entre dans la maison, et sourit une fois que ce dernier arrive dans le salon, éprouvant en son for intérieur ce sentiment de chaleur désormais familière qui l'envahit lorsqu'il est en présence d'un membre de sa meute.

« Hé, » dit Derek. « Tu t'es bien amusé avec Lydia et Danny? »

« C'était très chouette, » répond Jackson, d'un ton sec. « Est-ce que la meute de Marjorie est ici? »

Derek acquiesce. « Ils dorment à l'étage. Marjorie les a envoyés pour nous aider à combattre les Alphas. »

Jackson fait une grimace en regardant Derek. « Eh bien, n'est-ce pas un geste très aimable de sa part, j'imagine ? » Ensuite, Jackson quitte la pièce et grimpe à l'étage.

Derek soupire et se frotte les yeux. Il est trop fatigué pour affronter les sautes d'humeur de Jackson ce soir.

Mais quelques minutes plus tard, alors que Derek a repris son livre et sa lecture, il entend Jackson redescendre les escaliers. Derek lève les yeux de son livre et remarque que Jackson porte un sac de voyage.

« Où vas-tu? » s'écrie Derek. Il lance son livre à côté de lui sur le canapé, se lève et traverse la pièce.

« Je vais chez Malia pour quelques jours, » répond Jackson, en tournant la tête pour regarder les escaliers. « Ce n'est pas comme si j'allais vous manquer. »

« On est au beau milieu de la nuit! » s'exclame Derek.

« Et alors? »

« Tu ne dois pas te sentir obligé de partir parce qu'ils sont là. Nous avons besoin de toi, ici. Nous sommes plus forts avec toi. »

Jackson ricane. « Je serai de retour avant qu'ils passent à l'attaque, ne t'inquiète pas. Je connais mes obligations envers la meute. » Et sur ce, Jackson se rue vers la porte et l'ouvre, laissant derrière lui Derek en état de choc, qui ne peut que le suivre des yeux. Jackson claque la porte en sortant.

Derek ne sait pas quoi faire. Il ne veut pas que Jackson s'en aille, pas comme ça, pas maintenant que les Alphas sont si proches. Il ne veut pas que Jackson s'en aille de la maison - sa maison - parce qu'il se sent mal à l'aise quand les autres sont là. Beaucoup trop de choses se sont passées ces derniers temps, et Derek sait que lui et Jackson ont besoin d'avoir une conversation. Et le plus tôt sera le mieux.

Derek retourne sur le canapé et essaie de lire, mais il est trop bouleversé par ce qui vient de se passer. Alors, il prend son téléphone sur la table basse et envoie un message à Stiles.

J'aimerais que ce jour s'achève enfin.

La réponse de Stiles arrive quelques minutes plus tard. Eh bien, va au lit. Non mais sans déconner. Problème résolu.

Derek rit tout en tapant un nouveau texto. Je ne sais pas si cela va m'aider. Longue et rude journée.

Oui.Je n'arrive pas à calmer mon cerveau. Trop d'infos et trop de trucs qui se sont accumulés aujourd'hui.

Derek fronce les sourcils , les yeux baissés vers le téléphone. Est-ce que ça va? Tu veux parler?

Non, ça va. Qu'est-ce qui te préoccupe?

Jackson.

La mention de ce seul nom suffirait pour empêcher quiconque de dormir. Et pour donner des cauchemars.

Stiles ...

Je sais, mais j'ai besoin de te charrier chaque fois que tu me parles de lui. Je ne cesserai jamais de le faire.
Mais sérieusement, est-ce que je dois aller lui botter le cul? Ou, ce serait plus approprié, est-ce que Lydia doit aller lui botter le cul?

Non c'est bon. Je gérerai ce problème après que les choses se seront tassées. Je suis juste fatigué.

:(

Est-ce que c'est crétin si je te dis que j'ai envie que tu sois là?

J'ai pensé que ce serait mieux de rentrer chez moi à cause de l'autre meute. Pour vous laisser vous adonner à vos rites lupins qui vous permettent de vous rapprocher les uns aux autres. Mais, tu le sais, il ne s'agira pas d'établir des liens trop intimes avec certaines personnes dans cette meute, comme Cathy :|

Tu es absolument ridicule.

Mais tu m'aimes.

Oui, je t'aime. Maintenant, va dormir.

C'est toi qui m'as envoyé un texto !

Bonne nuit, Stiles.

Nuit. Je t'aime aussi, au fait.

Derek éteint son téléphone et monte à l'étage pour aller se coucher. Pendant son sommeil, il rêve de Stiles pour la première fois depuis qu'ils ont retrouvé tous les deux la mémoire.

Derek était étendu sur le lit de Stiles, pendant que la télévision diffusait un film sur la chaîne Netflix .Stiles était assis à côté de Derek, les genoux repliés vers le haut, un livre traitant de la technique de la dissertation ouvert et posé sur ses cuisses. Il marmonnait tout en écrivant des notes dessus.

Derek, tout en regardant la télévision, se laissait immerger dans ce flux verbal ininterrompu, sorte de mélodie sereine et réconfortante. Mais quand il jeta un coup d'oeil sur Stiles , il n'y avait plus seulement Stiles dans la chambre. Deucalion se tenait debout derrière lui, puis, grimaçant, il planta ses griffes dans la nuque de Stiles.

Stiles se mit à crier, et Derek essaya de bondir vers lui, mais il se retrouva plaqué sur le lit, incapable de bouger. Du sang coulait sur la nuque de Stiles et sur les doigts de Deucalion ; ensuite, de son autre main, Deucalion traversa sa poitrine et en sortit son cœur. Derek tenta de crier, mais il n'avait plus de voix, et il restait paralysé, ne pouvant qu'assister à la scène , incapable d'intervenir.

Deucalion recula d'un pas , mordit le cœur de Stiles pendant que ce dernier prit feu. L'odeur de sa chair brûlée suffoqua Derek. Alors ce ne fut plus seulement le corps de Stiles qu'il vit se consumer dans les flammes à côté de lui sur le lit, mais aussi ceux de Cora et de Jackson, et plus loin encore, ceux de toute sa famille.

Derek planta son regard dans les yeux morts de sa mère pendant que les flammes léchaient son corps, le brûlant, le brûlant.

Le brûlant.

Derek se réveille, le souffle coupé, transformé en partie en loup et couvert de sueur. Il sent la bile remonter dans sa gorge pendant qu'il examine sa chambre, cherchant à retrouver ses repères. Des lambeaux de son rêve persistent encore dans son esprit ainsi que l'odeur de la fumée épaisse dans son nez. Il baisse la tête et voit qu'il a déchiqueté en grande partie la couette avec ses griffes.

Il se force à se détendre dans le lit et garde les yeux fixés au plafond tout en se concentrant sur sa respiration. Mais cela ne sert à rien. Il n'arrive pas à se calmer. Il ne cesse de penser à Deucalion en train de mordre dans le cœur de Stiles, et il ne parvient pas à s'enlever de la tête la vision de sa famille consumée par les flammes. Il avait l'habitude d'avoir souvent des rêves où il les voyait brûler juste après l'incendie, mais il n'a pas fait ce genre de rêves depuis longtemps. A présent, son subconscient a ajouté Stiles et sa meute à l'équation de ses rêves.

Derek ferme ses yeux et tente de se rendormir. Mais son cerveau passe sans relâche d'une chose à une autre, du rêve à Jackson, de Boyd et Erica à ce qu'a dit Deaton, d'Allison à Scott et à Stiles. Il pense à sa mémoire perdue, à ce qu'il avait vu à travers les yeux de Stiles, aux instants qui lui ont été dérobés pendant si longtemps. Il pense à Stiles, lorsque celui-ci tressaille et se réveille d'un cauchemar, il pense à l'allure qu'il avait quand Derek l'avait revu la première fois après tant d'années, et il pense combien Stiles connaît encore des mauvais jours, des jours où ses cernes sont de retour et où il parle à peine.

Derek a l'impression que sa tête va éclater de ce trop plein de pensées. Alors, il fait la seule chose qu'il sait faire quand il ne se sent pas bien. Il se débarrasse de ses vêtements et se métamorphose entièrement en loup. Il est bien plus facile pour lui, sous cette forme, de faire barrage à ses pensées et à ses inquiétudes, mais pendant qu'il fait le tour de sa chambre, il laisse échapper une plainte sourde.

Jackson est parti, Cora n'est pas revenue, et Stiles est chez lui. Sa meute n'est pas là, et Derek se sent si seul que son sentiment de solitude empire sous cette forme. Le parfum de Stiles flotte tout autour de lui, et Stiles, du coup, lui manque encore plus. Il trotte vers le panier de linge sale et pousse son museau à l'intérieur du panier jusqu'à ce qu'il attrape l'un des t-shirts que Stiles a porté le jour où il avait passé la nuit dans sa chambre.

Le t-shirt de Stiles coincé entre ses crocs, Derek gémit une nouvelle fois pendant qu'il s'appuie contre la porte de sa chambre. Après avoir réussi à en ouvrir le battant, il trottine dans le couloir, puis s'arrête dans les escaliers. Il peut humer l'odeur de la meute du Nevada et la légère trace des effluves laissés dans leur sillage par Boyd et Erica, par la meute McCall, par Isaac et les Argent. Mais ce sont les fragrances de sa sœur et de Jackson qui l'amènent à faire une pause.

Derek se retourne, sa queue frôlant le mur, puis parcourt le couloir en direction de la chambre de Jackson. La porte est seulement entrebâillée, alors Derek la pousse avec son museau pour l'ouvrir en grand. A l'intérieur, il peut flairer l'odeur de la frustration éprouvée par Jackson ainsi que sa détresse, et Derek laisse échapper un autre gémissement triste. Il repère une chemise qui est posée sur le dossier d'une chaise, alors il la saisit entre ses crocs avec le t-shirt de Stiles, quitte ensuite la pièce.

Il trottine le long du couloir en direction de la chambre de Cora. La porte en est ouverte, de sorte que Derek traverse la pièce en courant en quelques enjambées avant de sauter sur son lit. Elle n'est pas là, partie quelque part avec Esuardo, alors Derek laisse tomber de sa gueule les vêtements et tourne sur lui-même au milieu du lit plusieurs fois avant de se coucher dessus. Il expire une longue bouffée d'air. Puis, il bouge jusqu'à ce qu'il recouvre bien de son corps la chemise de Jackson et que son museau se retrouve enfoui sous le t-shirt de Stiles.

Couché sur le lit, Derek est entouré par les parfums des membres de sa meute. Il peut sentir la fragrance de Jackson sur sa chemise, et l'odeur de Cora flotte tout autour de lui parce qu'il est sur son lit, mais comme son nez est collé contre la manche du t-shirt de Stiles, c'est le parfum de ce dernier qui est le plus fort et domine toutes les autres senteurs. Toutes ces exhalaisons finissent par avoir un effet apaisant sur lui, et Derek se calme, et le noeud de panique et de désespoir qui l'étouffait se desserre dans sa poitrine.

Il se sent encore très seul, mais plus il est allongé là, entouré de tous ces parfums familiers, plus son loup se concentre sur la nature radieuse et cordiale des liens qui unissent les membres de sa meute. Il peut presque les voir, trois lignes qui palpitent vigoureusement, chaleureusement et qui prennent naissance en lui pour le relier aux autres. Mais à force de concentrer son attention sur ces lignes, il se rend compte qu'il n'y en a pas que trois. Il y en a plus.

Deux liens brillent, beaucoup moins fort que les trois autres, mais tout de même assez fort pour irradier leur propre lumière et leur propre énergie. Puis, au-delà de ces deux liens, Derek peut encore distinguer deux groupes formés par d'autres liens. Un de ces groupes est proche, et les liens qu'il rassemble sont attachés les uns aux autres par une sorte de fil rouge, tandis que le second regroupement se trouve plus loin. Mais les liens qui constituent ce second ensemble sont également attachés par un fil rouge. Et, il voit enfin, floues et presque imperceptibles à l'œil, trois lignes de plus, qui luisent dans le lointain.

Tout comme son loup, Derek ne cherche pas à analyser ce que cette vision signifie. A la place, il focalise son attention plutôt sur chacun des liens qu'il peut distinguer, jusqu'à ce qu'il se sente au chaud et qu'il se sente en paix, somnolent. Il ferme ses yeux, inhale, et sombre dans le sommeil, entouré par les trois parfums familiers et réconfortants des membres de sa meute.

XXXXXXXX

Quand il est brusquement tiré de son sommeil, Derek ouvre les yeux et montre les crocs.

« Hé, hé, du calme, ce n'est que moi, » dit Cora d'une voix apaisante tandis que sa main court le long de son échine. Derek ferme sa gueule et pose rapidement ses yeux sur elle. Elle est habillée en pyjama et tente de se faufiler dans le petit espace libre qu'il a laissé sur le côté du lit. « C'est mon lit, après tout. Et comme c'est mon lit, pourrais-tu remuer ton gros popotin de loup pour que je puisse me coucher? »

Derek pousse un grognement bougon mais rampe de l'autre côté du lit. Une fois qu'il est installé, il tend le museau, attrape le t-shirt de Stiles entre ses crocs, le traîne jusqu'à l'endroit où il s'est couché, puis pose sa tête dessus.

Cora s'installe sur son flanc et l'étudie, de ses yeux étincelant d'une lueur dorée. Elle passe sa main le long de son cou, et Derek grogne joyeusement. « Tu vas bien? » Derek ne répond pas, et Cora fronce les sourcils. « Tu n'es pas venu dans mon lit métamorphosé entièrement en loup depuis un bon moment. » Elle commence à laisser courir ses mains sur sa tête, à un rythme régulier, et Derek ferme ses yeux au contact de cette caresse familière. Elle a raison; cela fait longtemps qu'il n'a pas fait cela. Cela fait longtemps qu'il n'a pas été capable de garder le contrôle de lui-même.

« Tu as dû passer un mauvais moment pour que tu aies pris à la fois le t-shirt de Stiles et la chemise de Jackson. » Derek ouvre ses yeux et gronde en la dévisageant. « Je ne te juge pas. Je cherche juste à comprendre dans quel état d'esprit tu es. »

Derek lève la tête et blottit alors, affectueusement, son museau contre son bras. « Je sais, Derek. Je t'aime aussi. Tu peux rester dormir ici aussi longtemps que tu en auras besoin. Je suis épuisée. »

Cora bâille, et Derek remarque pour la première fois qu'elle porte sur elle l'odeur d'Esuardo et du sexe. Il gronde à nouveau, et Cora lève les yeux au ciel. « Je ne vais pas m'excuser pour ce qui s'est passé avec Esuardo. Alors, n'y songe même pas. »

Derek souffle, puis lui lèche la joue. Cora s'esclaffe, puis le gratte derrière l'oreille. «Ouais, ouais, je sais. Dors, Derek. Je suis ici. Plus de cauchemars, d'accord? Tu es en sécurité, et je suis ici. »

Derek laisse échapper un long soupir, puis laisse retomber sa tête sur le t-shirt de Stiles, enfouit son museau dans l'une des manches, ferme enfin les yeux.

Derek s'endort en l'espace de quelques minutes.

XXXXXXXX

« Tu aurais dû m'appeler, » dit Stiles tout en rangeant des cartons contenant des robinets dans la section salle de bain. « Je t'aurais parlé, ou bien je serais venu chez toi. »

« Je ne voulais pas te déranger, » dit Derek. Il est appuyé contre l'étagère à côté de Stiles, et le regarde saisir méthodiquement les boîtes en carton et les mettre sur l'étagère, les mélanger entre elles jusqu'à ce qu'elles forment des rangées nettes et droites.

Stiles achève d'aligner deux boîtes et se tourne pour fixer Derek d'un air contrarié. « Tu ne me déranges pas. En plus, je te signale que moi, je te dérange tout le temps. Il est donc normal que tu me déranges. »

« Tu ne me déranges pas non plus, Stiles. Et tu dormais. Je sais à quel point ton sommeil est précieux. »

« C'est bien que Cora ait été là, » dit Stiles. « A ce propos, je donnerais volontiers un zillion de dollars pour te voir pelotonné sur son lit sous ta forme de loup. Je parie que vous deux, vous formiez un tableau adorable.»

« Tais-toi. »

Stiles se penche et l'embrasse. « Tu t'inquiètes au sujet des Alphas? »

« Un peu, » reconnaît Derek.

« Je pense que nous le sommes tous, car ils approchent de plus en plus de Beacon Hills. »

« Peux-tu venir cet après-midi? » demande Derek. « Je vais aussi appeler Scott. Je pense que nous devrions nous réunir pour discuter d'une stratégie à mettre en place. »

« Je pense que c'est une excellente idée, » acquiesce Stiles.

Une fois que Derek a quitté Brico Dépôt, il appelle Scott. Scott accepte de réunir sa meute chez les Hale dans quelques heures. Au moment où Stiles arrive chez Derek après sa journée de travail, tout le monde est déjà là, et Derek et Olivia sont en train d'exposer à toute l'assemblée leurs idées. Derek sourit à Stiles lorsqu'il fait son entrée dans la pièce, et ce dernier lui fait un signe de la main avant de s'affaler sur le fauteuil déjà occupé par Erica, la forçant à se décaler jusqu'à ce qu'elle puisse étendre ses jambes sur celles de Stiles.

« La plupart des membres composant la meute de Scott n'ont jamais été confrontés à des Alphas auparavant, » déclare Derek. « Et c'est pareil pour les membres de la meute de Marjorie. La première fois que nous autres, nous les avons affrontés, ça n'a pas été exactement un succès. »

« Tu l'as dit, bouffi, » raille Erica.

Derek lui lance un regard torve avant de poursuivre. « Boyd et Erica ont des renseignements importants à nous transmettre à leur sujet, tout comme Chris et Scott qui les ont déjà affrontés précédemment. Engager le combat en ayant déjà établi des stratégies, c'est mieux que d'y aller à l'aveuglette. »

« Je pense que c'est une bonne idée, » dit Scott avec un sourire.

Au cours des heures suivantes, ils discutent de ce qu'ils connaissent des Alphas. Scott, Derek et Chris parlent de leurs techniques de combat, bien que leurs connaissances en la matière soient limitées puisque Kali, Ennis et Aiden sont morts et qu'Ethan a quitté la meute de Deucalion. Boyd et Erica fournissent un peu plus d'informations, et Olivia partage tous les renseignements qu'elle a recueillis auprès des autres meutes.

Ensuite, ils réfléchissent à une stratégie pour les combattre. Trois meutes qui collaborent, ce n'est pas inédit, mais cette collaboration pose des problèmes spécifiques. La meute du Nevada et la meute de Derek regroupe toutes les deux seulement des loups-garous, et, de leur côté, Boyd et Erica, Allison et Isaac sont également des loups-garous. Cependant, la meute McCall n'est pas constituée dans sa majorité de loups-garous.

« Je ne vais pas rester assis les bras croisés, » s'exclame Stiles quand Yvonne suggère que ceux qui ne sont pas des loups-garous soient exclus des hostilités. « Je ne l'ai pas fait la dernière fois, et cette fois-ci, j'ai une raison de les combattre. Ils m'ont volé ma mémoire!»

Ford dit: « Les humains… »

« Je ne suis pas un être humain! » s'écrie Lydia.

« Kitsune, » claironne Kira.

« Chasseur, » affirme Chris avec autorité. « Je crois que ça vaut au moins deux loups. »

Quelques membres de la meute de Marjorie font luire leurs yeux et se mettent à gronder, et Derek prend un air exaspéré puis soupire. « Assez, »ordonne-t-il. « Gardez ce genre de démonstrations pour les Alphas. »

« Enculés de chasseurs, » marmonne Paul. Derek l'ignore. La meute du Nevada n'a pas été enchantée d'apprendre qu'il y aurait parmi leurs rangs un chasseur, même si Derek et Scott ont juré qu'on pouvait faire confiance à Chris. Les membres de la meute de Marjorie ont jugé encore plus problématique le fait qu'Allison et Isaac soient à la fois des loups-garous et des chasseurs. Pendant que Derek promène son regard dans l'assemblée, il se rend compte à quel point leur groupe – qui rassemble sa meute, celle de Scott, Erica, Boyd, Allison et Isaac- peut paraître bizarre et non-conventionnel aux yeux d'un étranger.

« Nous nous battrons à vos côtés. Fin de l'histoire, » proclame Stiles.

« Stiles a raison, » dit Scott. « Ils ont toujours combattu à nos côtés. Ils font partie de la meute. Nous sommes plus forts avec eux. »

« Eh bien, ils sont vos humains après tout, » dit Ford en levant ses paumes vers le haut. « Faites comme bon vous semble. »

« Hé! »s'exclame Stiles. « Je ne suis l'humain de personne. »

« Stiles ,» Derek dit doucement tout en tendant la main pour toucher son coude.

« D'ailleurs, » continue Stiles en ignorant Derek. « Je suis une étincelle, et Derek est connecté à moi. Avec moi à ses côtés, il est plus fort. »

« Je n'avais pas pensé à ça,» souffle Derek.

Stiles se tourne vers lui et lui adresse un petit sourire narquois. « Voilà pourquoi tu as cet humble humain à tes côtés. » Derek soupire et secoue la tête.

Chris et Olivia forment un groupe pour s'entraîner avec les humains, tandis que Scott, Yvonne et Boyd s'entraînent avec les loups. Ils s'exercent aux techniques de combat jusqu'au coucher du soleil.

Cora finit par s'effondrer au sol aux côtés d'Esuardo, tandis que Stiles trébuche sur rien en particulier et que Liam doit se retenir de tomber la tête la première. « Je pense que ça suffit pour ce soir, » annonce Boyd, d'une voix calme mais pleine d'autorité. « Je ne pense pas qu'un entraînement excessif va nous donner l'avantage sur les Alphas. »

« Nous serons prêts quand ils viendront, » dit Olivia tout en inspectant leur groupe. « Tout le monde ici est fort. Nous sommes des alliés, et c'est ce qui nous rend plus forts. Nous pouvons les vaincre.»

« Avant de partir, » dit Boyd, et tout le monde se tourne vers lui. « La chose la plus importante à retenir, c'est qu'un loup ne peut pas tuer l'un des Alphas. Scott et moi allons devoir les tuer, ou l'un des non-loups. »

Personne ne dit rien, mais ils font tous un signe de tête pour montrer qu'ils ont compris le message.

Une fois que tout le monde est parti, Derek amène Stiles, à l'étage, dans sa chambre. Alors que Derek ferme la porte, Stiles se laisse tomber la tête la première sur le lit. « Je suis épuisé, » marmonne-t-il contre la couette.

«Tu t'es entraîné dur aujourd'hui, » dit Derek tout en allant dans la salle de bain. Quand il revient, Stiles est toujours couché dans la même position. Il rit doucement. « Est-ce que tu vas rester comme ça toute la nuit? »

« Tu ne vas pas pouvoir me faire bouger de là. »

« Je pourrais le faire, mais je ne le ferai pas, » affirme Derek. Il commence à se déshabiller, entend des mouvements derrière lui et jette un regard par dessus son épaule. Stiles s'est mis sur son flanc et le regarde. « Je pensais que tu n'allais pas bouger.»

« Tu m'as donné une raison de le faire. »

Derek lève les yeux au ciel, enlève son jean et le suspend sur le siège de son bureau. Il traverse la pièce revêtu seulement de ses sous-vêtements, et Stiles ne détache pas une seule fois ses yeux de lui. Derek place un genou sur le lit, puis se penche pour l'embrasser. « Tu es ridicule. »

« Derrreekkkkk, » chouine Stiles. « Je suis épuisé. Tout me fait mal. Mes cheveux me font mal. Mes doigts me font mal. Mon cul me fait mal. Je pense que même ma bite me fait mal. Tu veux me masser pour que j'aille mieux ? » Il fait frétiller ses sourcils, et Derek gémit pendant qu'il tombe la tête la première sur le lit, à côté de lui.

« Je ne suis pas près de toucher ta bite après ce que tu viens de dire, » marmonne Derek. Il tourne la tête, sa joue pressée contre la couette moelleuse. « D'ailleurs, tu es trop fatigué pour batifoler. »

Stiles est couché sur le dos, sa tête tournée vers le côté pour pouvoir regarder Derek. « Je ne suis jamais trop fatigué pour batifoler. »

« Tu travailles tôt demain matin. Il faut aller dormir. »

Stiles lève les yeux au ciel. « Beurk, tu n'es pas drôle. »

Derek enlève les couvertures et se glisse entre les draps pendant que Stiles se prépare pour se mettre au lit. Une fois que Stiles finit par revenir dans le lit, ils se retrouvent allongés, l'un en face l'autre, dans l'obscurité.

«J'espère que nous serons prêts lorsque les Alphas arriveront, » dit Derek.

« Nous le serons, » réplique Stiles. « Nous devons l'être. »

Derek s'interroge : doit-il mettre au courant Stiles de tout ce qui a occupé son esprit tout au long de la journée ? Il se décide finalement à sauter le pas. Il reprend la parole : « La nuit dernière, quand j'étais un loup, je me suis concentré sur les liens qui unissent les membres de la meute. »

« D'accord ,» dit Stiles. «C'est chouette, non? »

Derek acquiesce. « Oui. Les lignes qui symbolisaient les liens qui rattachent Cora et Jackson à la meute brillaient d'une lueur très vive. Ta ligne aussi brillait. » Stiles sourit et a l'air heureux d'entendre tout cela. «Mais il y avait d'autres liens. »

Stiles réagit au quart de tour. « Oh? Des liens qui renvoyaient à qui? A des gens de ta famille? »

Derek secoue la tête. « Je ne vois plus ces liens-là. Je les sens, ils sont toujours là, mais ils forment comme un espace négatif, comme s'il manquait quelque chose. Non, je pense que c'étaient deux ensembles de liens et que l'un était connecté à la meute de Marjorie et l'autre à la meute de Scott. »

« Vraiment? » demande Stiles avec enthousiasme, en se redressant sur ses coudes. «C'est super. Et c'est logique. Tu as failli rejoindre la meute de Marjorie, et toi et Scott, vous faisiez presque partie de la même meute autrefois. »

« Ces liens sont attachés ensemble, donc il s'agit d'une connexion qui se fait en rapport avec tous les membres de la meute et non d'une connexion à un seul individu, » explique Derek et Stiles hoche la tête en haussant les sourcils, comme s'il efforçait de comprendre l'organisation théorique des liens qui gèrent les relations à l'intérieur d'une meute. « Ce n'est pas cela qui m'a cependant étonné. Il y avait encore plus de liens. Deux qui brillaient doucement, et trois qui luisaient plus faiblement. »

Derek peut voir que les méninges de Stiles se sont mises à s'activer, puis l'expression de son visage change dès qu'il commence, d'un seul coup, à comprendre de quoi il s'agit. « Ces liens représentent Boyd, Erica, Isaac, et les Argent. » Derek acquiesce. « Wow. C'est ... Je ne suis pas sûr de ce que ça peut être. Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?»

Derek hausse les épaules. « Je ne sais pas. C'est confus dans ma tête, je crois. Tout me donne l'impression d'arriver si soudainement. » Il soupire et à voix basse, il ajoute: « Et puis j'ai peur, aussi. »

« Pourquoi? »

« Stiles, quand ma famille est morte, j'ai pensé que je serais seul pour toujours, et puis Laura est morte, et j'ai su que ce que j'avais cru s'était réalisé et était vrai. Mais ensuite je t'ai rencontré avec Scott, j'ai mordu Jackson, Boyd, Erica, et Isaac, et j'ai retrouvé Cora. Mais j'ai perdu également tout cela. Il y a eu des moments où j'ai voulu mourir parce que je ressentais un tel vide après avoir si brusquement perdu ma meute... Mais j'ai repris contact avec Cora, et puis Jackson, et nous avons reformé une petite meute. J'étais heureux. J'avais une meute, certes toute petite, et j'avais une famille. Je n'étais pas seul. A présent, je t'ai, Boyd et Erica sont de retour, ainsi qu'Isaac, et j'ai forgé des alliances avec Scott et Marjorie. »

« C'est génial, Derek. »

Derek secoue la tête. « Non, ça ne l'est pas. Les Alphas arrivent. Ils ont détruit ma vie une fois, et maintenant, j'ai tellement plus à perdre encore. »

Stiles prend entre ses mains le visage de Derek. « Derek, tu ne perdras pas tout cette fois. Je te le promets. Nous allons gagner. »

Derek plonge son regard dans le visage illuminé d'espoir de Stiles, s'efforçant de le croire.

XXXXXXXXX

Les jours se succèdent. Rien ne se passe. Olivia, Derek, Boyd et Scott discutent, se demandant combien de temps encore la meute du Nevada devrait rester. Leur meute commence manifestement à leur manquer et ils commencent à trouver que c'est une perte de temps que de rester assis à ne rien faire.

Parce que c'est ce que tout le monde a fait jusqu'à présent : rien.

Ils organisent une autre réunion au cours de laquelle Chris leur fournit toutes les informations qu'il a réunies sur Deucalion. Il leur raconte qu'il a gardé un œil sur ce dernier pendant des années mais que Deucalion au cours des derniers mois semble s'être volatilisé. A partir des témoignages de Chris et de Boyd, on peut estimer que Deucalion savait qu'il était surveillé, et que bon nombre des sévices que Boyd et Erica ont subis ont été exécutés par d'autres Alphas sur ordre de Deucalion afin qu'il puisse pendant ce temps garder un profil bas. Et à présent, personne ne l'a vu depuis des mois.

Stiles va travailler, va chez Derek, rentre chez lui. Il joue aux cartes avec Cathy et les autres, et passe du temps dans l'atelier de Derek lorsque ce dernier se défoule en poursuivant ses travaux de menuiserie. Il prépare les repas pour son père, et fait des cauchemars sur la meute des Alphas la plupart des nuits. Si jamais il se met à réfléchir à ce qu'ils vont devoir tous affronter, il a aussitôt une attaque de panique.

Comme Stiles parvient néanmoins toujours à gérer n'importe quelle situation, il arrive à gérer tant bien que mal celle-ci. Ce qui est épuisant, c'est que tout le monde est sur les nerfs, à force d'attendre.

C'est pourquoi un jour Erica lui envoie un message pour qu'il vienne la chercher après le travail. Une fois qu'elle est dans la Jeep, elle s'affale sur le siège passager. « Je ne peux plus supporter cette attente, » dit-elle à Stiles pendant qu'il démarre en direction de la ville. « Je suis terrifiée. Je sais que c'est inévitable, qu'ils vont venir, mais Stiles, je ne peux pas retourner avec eux. Je préfère mourir.»

« Tu ne vas pas retourner avec eux, » lui assure Stiles en tendant son bras pour saisir sa main. « Tu n'es pas seule. Il y a beaucoup de gens qui vont faire barrage entre toi et les Alphas. »

« Le nombre n'a pas d' importance, » objecte Erica. Stiles remarque que ses mains continuent à se porter distraitement sur son visage où elle touche du bout des doigts ses cicatrices. « Tu ne les connais pas. Tu ne la connais pas elle. »

Stiles fait des cauchemars sur Deucalion, Ennis et Kali, et Erica fait des cauchemars sur Fiona. Il pense qu'il est anormal qu'ils vivent dans la terreur en pensant à ces différentes personnes, qu'il est anormal que les Alphas soient à ce point aussi ignobles. Stiles se demande combien d'autres personnes rêvent d'eux, combien d'autres personnes se recroquevillent sur elles-mêmes juste à leur pensée.

Stiles sait que lui et Derek s'en sont assez bien tirés. Qu'on leur ait arraché leurs souvenirs, ce n'est presque rien par rapport à ce que les Alphas ont fait subir à d'autres gens, à ce qu'ils ont fait subir à Derek avant d'effacer leur mémoire. Alors qu'il observe Erica frissonnante, qui frotte ses cicatrices sans en avoir même conscience, il se rend compte que leur sort aurait pu être bien pire.

Et ce sera pire cette fois-ci, il le sait. Si les Alphas gagnent, soit ils mourront tous, soit il seront torturés avec une telle cruauté qu'ils souhaiteront être morts.

« Putain, » s'exclame Stiles, en frottant ses cheveux avec sa main. « Putain que ça craint. Cette attente, cette anticipation du danger. »

« Exactement, » dit Erica. « Cela veut dire que nous avons besoin de nous distraire aujourd'hui. Nous empiffrer un max et faire quelque chose d'amusant. Ok ? »

Stiles hoche la tête. « Ok. »

Stiles laisse à Erica le choix du restaurant, et ils atterrissent donc dans une pizzeria en ville qu'elle aime bien. Stiles propose de partager une pizza, et elle prend un air scandalisé. « Commande ta propre pizza, » lui dit-elle, puis elle passe commande d'une pizza bolognaise aux boulettes de viande grande taille. La serveuse la dévisage avec scepticisme, et Stiles pour sa part, commande une petite pizza aux poivrons et aux champignons.

Il regarde, fasciné, Erica engouffrer une tranche après l'autre sans jamais s'arrêter. Une chose qu'il a remarquée à propos d'Erica, c'est qu'elle mange énormément. Elle fout même la honte à Scott, qui peut pourtant manger plus que n'importe qui dans l'entourage de Stiles. Il trouve que cette façon de manger, chez Erica, est étrangement attendrissante, et sacrément impressionnante.

On apporte à Stiles une boîte en carton pour emporter les restes de pizza et la serveuse fixe bouche bée l'assiette vide d'Erica. Cette dernière se contente de décocher à la fille un sourire carnassier, légèrement outrancier sur les bords, et Stiles ne peut pas s'empêcher de rire.

Alors qu'ils quittent le restaurant, le téléphone de Stiles se met à vibrer dans sa poche, et il sourit quand il voit que c'est un texto de Derek.

Tu t'amuses bien avec Erica?

Comment as-tu deviné que j'étais avec Erica?

Boyd me l'a dit. Je termine la deuxième chaise aujourd'hui et je montre à Boyd quelques notions fondamentales à maîtriser pour travailler le bois. Jackson était censé passer à la maison aujourd'hui, mais je n'ai pas eu de nouvelles de lui .Je pense qu'il est toujours en colère.

Jackson est un petit con.

Je suis au courant de ton opinion à son sujet.

Puisque tu ne partages pas cette opinion, mon devoir est de continuer à te rappeler ce fait.

« Tu envoies un SMS à Derek? » demande Erica, en jetant un coup d'œil indiscret par dessus l'épaule de Stiles. « Dis-lui de dire bonjour à Boyd de ma part. Et de lui dire que je l'aime. »

« Je ne suis pas ton messager! » s'écrie Stiles.

« Stiles, s'il te plaît? » Elle avance sa lèvre inférieure et lui fait de grands yeux de chiot, si bien que Stiles lève les yeux au ciel et transmet le message.

Pas question que je rapporte à Boyd qu'Erica a dit qu'elle l'aimait.

Elle a dit que si tu ne le faisais pas, elle allait te briser les jambes. Et je ne pense pas qu'elle plaisante.

Boyd a lu le message. Il a souri.

Je pense que ça a fait plaisir à Erica.

Bien. Une Erica heureuse est la meilleure des Erica.

Sans aucun doute, d'autant plus que je suis l'heureux élu qui traîne avec elle aujourd'hui.Voici un autre message que tu peux transmettre de ma part. Dis au loup -garou grincheux avec une barbe que je l'aime.

:) Je le ferai si je le vois dans les parages.Il a dit de te dire qu'il t'aime aussi.

Stiles se moque de leur manège ridicule, heureux qu'Erica ne lise plus ses messages par dessus son épaule. C'est déjà assez embarrassant pour Stiles et Derek d'être témoins de leur propre petit jeu débile, alors que ce sont eux qui en sont les initiateurs.

Tout en rangeant son téléphone dans sa poche, Stiles dit: « Alors, pourquoi toi et Boyd vous ne vous prenez pas des téléphones portables? »

Erica hausse les épaules. « Je ne veux pas. »

« Mais… »

« Ecoute, Stiles, » dit Erica, d'un ton plus sévère qu'il ne s'y attendait. « Mes parents ne savent même pas que je suis revenue. Boyd n'arrive même pas à envisager de le dire à sa grand-mère, pas encore. Pas avec les Alphas dans les parages. Soit nos familles se feront tuer quand les Alphas nous retrouveront, soit quand nous nous volatiliserons à nouveau, notre disparition les tuera. Ou alors c'est vraiment notre mort, cette-fois-ci, qui les tuera. »

« Ça ne va pas arriver. »

« Tu n'en sais rien ! » s'exclame Erica. « Il vaut mieux pour eux qu'ils pensent que nous sommes morts jusqu'à ce que tout soit fini. Si nous sommes encore vivants, alors ... peut-être. »

Stiles jette un coup d'œil aux alentours de la rue qui passe par le centre-ville de Beacon Hills. « Tu n'as pas peur qu'ils te voient ici ? »

Erica secoue la tête. « Je suis différente, et ce n'est pas comme si je sortais tout le temps en ville. »

« Tu n'as pas l'air très différente. » Erica fronce les sourcils, et il sait qu'elle ne le croit pas.

Ils vont voir un film, s'assoient tout à l'arrière de la salle de cinéma, peu fréquentée à cette heure et mangent trop de bonbons. Erica en mange trois boîtes, et Stiles ne parvient pas à terminer la sienne. Mais il a assez absorbé de sucre pour se sentir monté sur ressorts.

« Allons prendre une crème glacée, » suggère Erica plus tard, et Stiles la regarde comme si elle était folle.

« Comment peux-tu encore avoir faim? » demande-t-il.

« Loup-garou! »

Stiles lui sourit et ouvre la bouche pour répondre, mais il n'en a pas l'occasion. Parce que, l'instant d'après, tout devient noir.

XXXXXXXX

Derek termine de fixer le premier pied à la troisième chaise et regarde son téléphone portable. Il est dix heures passées , mais Stiles n'a toujours pas envoyé de message. Il sait que Stiles a passé la soirée avec Erica, mais il n'a pas eu de ses nouvelles depuis quelques heures. Il a envoyé un message à Stiles à plusieurs reprises, et ça ne lui ressemble pas de ne pas répondre, même quand il est occupé.

Derek reprend son travail.

Après onze heures du soir, Derek appelle Stiles. Le téléphone sonne et sonne, bascule ensuite sur la messagerie vocale de Stiles. Il pense à laisser un message, mais ne le fait finalement pas. Stiles est avec Erica, donc il va bien. Sa batterie est peut-être à plat. Ils sont peut-être au cinéma.

Derek essaie de continuer à travailler, mais il a l'impression que quelque chose cloche. Derek ne sait pas à quelle heure Stiles est attendu chez lui parce qu'il ne l'informe pas toujours de ce qu'il a prévu de faire quand il sort avec ses amis. Ils ont chacun leur jardin secret, dans lequel aucun d'entre eux ne s'immisce. Quand Derek fait des choses avec sa meute, il ne le dit pas à Stiles, et Stiles ne le tient pas au courant de ce qu'il fait avec la sienne.

Mais en règle générale, ils s'envoient des messages de temps à autre tout au long de la journée, et Stiles, plus souvent que Derek, envoie des commentaires impromptus et des pensées qui lui passent par la tête. Ils échangent aussi des messages généralement un peu avant d'aller se coucher. Quelque chose dans le fait que Stiles ne lui ait pas envoyé de SMS depuis plusieurs heures et n'ait pas décroché son téléphone l'inquiète.

Derek sort de son atelier, prend sa forme de Bêta et court à travers les bois jusqu'à la cabane où Boyd et Erica logent. Quand il sort de la forêt, il voit que Boyd se tient debout sur le porche, en train de l'attendre. Il fixe Derek de ses yeux illuminés de lueurs rouges.

« Derek, qu'est-ce qui ne va pas? »

Derek reprend sa forme humaine, tout en s'efforçant de calmer les battements de son cœur. Il sait que sa réaction est excessive à cause de tout ce qui s'est passé ces derniers temps. Tout le monde est sur les dents, et l'ambiance générale pèse sur les nerfs de Derek. « Erica est-elle revenue? »

« Non, elle est toujours avec Stiles. Pourquoi? »

Derek respire lentement, lève les yeux vers le ciel, vers la lune croissante. « Je n'ai pas eu de ses nouvelles. Je lui ai envoyé un texto et je l'ai appelé. »

« Tu penses que quelque chose ne va pas. »

« Je pense que je suis un petit ami foutrement parano, » admet Derek. «J'espère que c'est ce que je suis. »

Boyd considère pendant un moment Derek, puis dit : « Ça pourrait être eux. »

Derek secoue la tête. « Non, ils ne peuvent pas avoir Stiles. Ou Erica. »

Boyd se frotte les yeux, et quand il fixe à nouveau Derek, ce dernier s'aperçoit que Boyd s'est transformé en loup, et, instinctivement, il baisse les yeux par déférence pour l'Alpha qui lui fait face. «Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas en être sûrs. » Lorsque Derek lève de nouveau ses yeux vers Boyd, il est redevenu humain. « Ça n'est pas le genre de Stiles de ne pas te contacter. »

« Non, en effet. »

« Qu'est-ce qu'on fait? »

Derek passe une main dans ses cheveux. « S'il se trouve que je suis simplement un petit ami en pleine crise de paranoïa, je préfère n'alarmer personne pour l'instant. Alors, allons tous les deux à leur recherche. »

Boyd hoche la tête. « Je vais te rejoindre chez toi dans quelques minutes. »

Alors que Derek pique un sprint à travers les bois, son esprit se déchaîne, multipliant les scénarios. Stiles et Erica ligotés et torturés par les Alphas. Stiles et Erica morts, leurs cadavres abandonnés sur le bas côté de la route. Stiles et Erica ivres ou défoncés dans la Jeep de Stiles, et Stiles se mettant en colère parce que Derek ne lui fait pas confiance.

S'il vous plaît, faites que ce soit le dernier cas de figure qui se soit passé, pense Derek.

Derek fait irruption dans la maison si précipitamment que le battant de la porte claque contre le mur. Il ne pense pas aux autres occupants de la maison qui dorment dans leurs chambres pendant qu'il monte à l'étage et change rapidement ses bottes. Comme il se tient debout près de la commode et glisse son portefeuille dans sa poche arrière, Cora se penche sur le seuil de sa chambre, en bâillant. «Où vas-tu? »

Derek jette un regard rapide sur elle et songe à lui mentir, mais il en est incapable. Elle fait partie de la meute, elle est de la famille. Elle est digne de sa confiance, elle mérite qu'il lui parle. Une partie de lui pense qu'il doit s'autoriser de compter sur elle.

« Je ne sais pas vraiment ce qui se passe avec certitude, » commence Derek , et Cora, immédiatement, se redresse, son attention éveillée par l'intonation inquiète perceptible dans la voix de son frère. « Mais je n'ai pas eu de nouvelles de Stiles depuis un certain temps. »

« Et alors? » demande Cora lentement.

« Il était avec Erica cet après-midi, » commence Derek alors qu'il passe devant elle et se met à descendre les marches de l'escalier. Cora le suit. « Elle n'est pas revenue. Stiles n'a pas répondu à mes textos, et il n'a pas répondu quand j'ai appelé. »

« Derek, tu ne penses pas… »

Derek se retourne pour lui faire face et répond, d'une voix entrecoupée : « Je pense à beaucoup de choses, Cora. »

Aussitôt, Cora le prend dans ses bras. Leur étreinte est brève, et elle recule. « Que puis-je faire? »

Derek commence par ne rien répondre, mais une petite voix tout au fond de sa tête murmure, meute.Il soupire bruyamment. « Boyd et moi allons à leur recherche,» explique Derek, et comme par enchantement, Boyd arrive dans la cour. « Tu peux nous aider. »

« Veux-tu que j'appelle Scott? »

Derek secoue la tête. « Pas encore. Il n'y a peut-être rien. » Mais plus il se tient debout là, devant sa maison, moins il le croit.

« Il va bien, » dit Cora en touchant son bras. « Ils vont bien tous les deux. »

« Je l'espère. »

« Que dois-je faire? »

Derek échange un regard avec Boyd. « Vérifie si Stiles est chez lui. Pendant ce temps-là, Boyd et moi, nous allons aller en ville, fouiller les salles de cinéma, les restaurants, ce genre d'endroits. »

« D'accord. »

Derek jette un œil sur la partie supérieure de la façade, à l'endroit où dort la meute du Nevada. Il espère qu'ils ne se sont pas réveillés. « Garde juste pour le moment le secret.» Elle hoche la tête. « Et appelle-moi dès que tu auras trouvé quoi que ce soit. »

Durant le trajet qui mène à la ville, Derek et Boyd n'échangent pas un mot. La tension dans la voiture est électrique, et Derek sait que Boyd est tout aussi inquiet qu'il l'est.

Ils ne trouvent rien pendant qu'ils sillonnent la ville en voiture. Aucun signe d'une Jeep quelque part, aucun indice de quoi que ce soit signalant la présence de Stiles. Cora appelle alors que Derek est en train de sillonner en voiture les allées du parking du cinéma. Le père de Stiles est chez lui, mais Stiles n'est pas là.

Derek rappelle sur le portable de Stiles , et il est directement dirigé sur la messagerie vocale. Il est presque minuit. « Quelque chose cloche, » déclare Derek. « Stiles répondrait au téléphone. Je sais qu'il le ferait. »

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant? » demande Boyd.

« Je vais aller chez Stiles et parler à son père. Je vais appeler Scott, Olivia, et Argent. »

« Laisse-moi en ville, » lui dit Boyd. « Je vais voir si je peux repérer une odeur. »

Derek acquiesce et tâche de se concentrer sur le plan qu'ils ont improvisé plus tôt au lieu de se focaliser sur ses craintes. L'étape suivante de leur plan est tout ce qui lui reste pour le moment. S'il doit réfléchir pour encore trouver une autre alternative, il n'est pas sûr qu'il sera en mesure de tenir le coup et de ne pas craquer.

Cora l'attend devant le porche des Stilinski quand il arrive dans l'allée et se gare derrière la voiture de patrouille. Il a envoyé un texto à Scott, qui a répondu qu'il est en route, et Olivia ainsi que Chris Argent vont arriver également. Derek se dirige à grands pas vers Cora qui demeure muette.

Derek sonne à la porte puis tape de grands coups sur le battant car il a senti que le shérif dort à l'étage. Quelques minutes plus tard, il entend des pas lourds dans les escaliers, et ensuite les lumières du porche s'allument. Le shérif ouvre la porte, à moitié endormi, le visage chiffonné, vêtu d'un pantalon de pyjama et d'un t-shirt. A cette heure-ci, la ressemblance entre Stiles et son père est si saisissante que Derek sent le vent de la panique souffler sur sa nuque pour la première fois. Cora tourne la tête brusquement pour regarder son frère. A leur vue, le shérif prend d'abord un air étonné, puis tout de suite inquiet pendant que ses yeux passent de l'un à l'autre rapidement.

« Où est Stiles? »

« Nous ne savons pas, » avoue Derek. Le visage du shérif devient aussitôt livide et il fait un pas de côté pour les laisser entrer.

« Que veux-tu dire par là? » s'écrie le shérif. « Derek, que diable se passe-t-il ? »

Derek passe une main dans ses cheveux et regarde autour de lui, l'air perdu. « Je ne sais pas. Je n'ai pas de nouvelles de lui. »

« Où est-il? Je supposais qu'il était avec toi. »

Tout en secouant la tête, Derek perçoit le son caractéristique de la moto de Scott qui approche au loin et déclare : « Il était avec Erica. Je ne l'ai pas vu depuis avant-hier. »

Scott fait irruption dans la maison un instant plus tard. « Qu'est-ce qui ne va pas? » Il regarde autour de lui, le visage aussitôt crispé d'inquiétude. « Où est Stiles? »

« Il a disparu, » dit le shérif.

« Quoi? » s'écrie Scott. « Qu'est-il arrivé? »

« Je ne sais pas! » crie Derek , et tout le monde se tourne vers lui. Derek sait qu'il ne peut pas s'autoriser à perdre son sang-froid, pas avec autant de paires d'yeux qui le scrutent. «Il m'a donné de ses nouvelles cet après-midi, et il allait très bien, et depuis, plus rien. »

« Je lui ai envoyé un texto ce matin, » dit Scott.

« Je ne lui ai pas parlé depuis que je suis parti travailler, » affirme le shérif.

« Merde, » dit Derek.

« Ils sont là », déclare Scott. «N'est-ce pas? »

« Je pense que nous devons envisager qu'ils sont arrivés, » dit Derek en se laissant choir sur une chaise. Le shérif, qui demeure debout sans réaction, semble aussi dévasté que Derek se sent, puis il disparaît à l'étage.

« Nous le retrouverons, »affirme Cora tout en frottant le dos de Derek.

Derek demeure assis sur sa chaise, pendant que Cora le caresse, traçant avec sa main des cercles dans son dos pour l'apaiser. Scott appelle sa meute. Peu de temps après, Derek entend le SUV se garer, puis Olivia entre dans la maison. Cora explique ce qui se passe parce que Derek, de son côté, s'efforce de pas s'effondrer.

Tout ce qui obsède désormais son esprit, ce sont les souvenirs de Stiles dont il a pris connaissance récemment, de quelle façon il avait été torturé par les Alphas à la place de Stiles, et à ce que ça implique si Stiles a été enlevé, si Erica a été enlevée… et elle a été torturée tellement de fois par les Alphas. Et il n'a pas pu protéger Stiles, et maintenant Stiles pourrait bien ne jamais ...

Derek secoue la tête. Non, s'admoneste-t- il. Stiles sera de retour auprès de moi.Je ne peux pas le perdre à nouveau.

«J'ai appelé Parrish, » dit le shérif en descendant les escaliers. Il a revêtu des habits de civil, de couleur sombre. Il a enfilé deux holsters d'épaule dans lesquels se trouvent des revolvers, et porte à la main un sac de sport noir. « Cela doit rester entre nous parce que nous avons affaire à des événements liés au surnaturel, mais Parrish va venir. »

« Qu'est-ce que tu as prévu de faire? » demande Cora au moment où le téléphone de Derek sonne. Le cœur de Derek s'emballe un instant car il pense, Stiles appelle, mais c'est le nom de Lydia qui s'affiche sur son écran.

« Lydia? »

« Je pense qu'ils ont aussi enlevé Jackson, » s'écrie Lydia d'une voix proche de l'hystérie. Les yeux de Derek se posent rapidement sur Cora qui plaque ses mains sur sa bouche. « Je viens d'avoir au téléphone Scott, et alors j'ai appelé Jackson, mais il n'a pas répondu. Il est parti ce matin de chez Malia, et je l'ai appelée et elle m'a dit que tout s'était bien passé, et Danny ne l'a pas vu, et oh mon Dieu.»

« Stiles, Erica, et Jackson, » murmure Derek. « Merde. »

« Où es-tu? »

« Nous sommes chez Stiles. »

« Je serai là en quelques minutes. »

Derek raccroche et Cora souffle : « Pas Jackson, pas lui non plus. »

Il se force à se lever de sa chaise et va dans la salle à manger pour annoncer à Scott ce que Lydia vient de lui dire. Scott fronce les sourcils. « Je n'arrive pas à contacter Liam, ni Mason. »

Sur ces entrefaites, Isaac, Allison et Chris arrivent à leur tour, vêtus de leur équipement de chasseur et transportant plus d'armes que nécessaire pour trois personnes, et Derek pense : Voilà, ça commence enfin.

XXXXXXXX

Alors qu'il revient à lui, Stiles grogne. Sa tête lui fait un mal d'enfer. Il lève la main pour tâter l'endroit qui l'élance, et sent immédiatement sous ses doigts que c'est humide. « Merde. »

« Dieu merci, Stilinski n'est pas mort, » annonce la voix de Jackson.

« Tu es ici, »parvient à répliquer Stiles, bien que sa voix soit rauque et que ses inflexions trahissent son épuisement. « Je ne suis sûrement pas au Paradis. »

« Oh, nous sommes sans aucun doute en enfer, » rétorque une autre voix. Stiles cligne des paupières et regarde autour de lui. Tout est encore flou.

« Liam? »

« Et moi, » dit Mason.

« Qui d'autre? »

« Juste Erica, » déclare Jackson. « Mais elle reste sans réaction depuis qu'on vous a amenés tous les deux ici. »

Stiles se redresse, et est soudain pris de nausée. Il ferme les yeux et inspire, s'efforçant de ne pas céder à son haut-le-cœur pour éviter de vomir. Quand la nausée est passée, il ouvre les yeux et regarde autour de lui. Ils sont regroupés dans le coin d'une pièce spacieuse. Jackson est assis en face de lui, il a l'air sale, mais il semble par ailleurs ne pas avoir été blessé. Liam est à côté de Stiles et semble à peu près dans le même état que Jackson. Mason est assis juste à côté de Liam et a une lèvre recouverte de sang. Erica est blottie dans un coin, et leur tourne le dos.

« Hé, Erica? »

« Nous avons tout essayé, » dit Liam. « Elle n'a ni parlé ni bougé. »

« Elle est pétrifiée de terreur, » fait remarquer Stiles.

« Oh, nous pouvons le sentir, » rétorque Jackson.

« Ils l'ont autrefois torturée. Dieu seul sait ce qui se peut se passer dans sa tête, » marmonne Stiles. Il se lève pour se faire une meilleure idée de ce qui les entoure. La pièce, banale, ressemble à n'importe quelle pièce vide que l'on rencontre partout dans bon nombre de bâtiments. Elle est de la taille d'une salle de classe ou d'une salle de conférence, sans fenêtres ou sans autre porte que celle qui permet d'entrer ou de sortir.

« Est-ce que la pièce est entourée d'aconit? » demande Stiles, et les autres font un signe de tête pour acquiescer.

« Et elle est verrouillée, » ajoute Mason. «J'ai essayé de l'ouvrir, mais sans résultat. »

« Depuis combien de temps sommes-nous ici? »

« Des heures, » répond Jackson. « Vous deux, vous êtes arrivés après moi, et eux, ils sont les derniers arrivés. »

« Ils doivent savoir maintenant que nous avons disparu, » affirme Stiles en se rasseyant. «Derek a dû le comprendre quand il a vu que je ne lui ai pas envoyé de message et que je ne l'ai pas appelé, ou il a dû le comprendre lorsque Boyd s'est rendu compte qu'Erica n'était pas rentrée chez eux. »

« Je devais passer la nuit avec Lydia ce soir, » dit Jackson.

« Corey et Hayden vont se demander pourquoi nous ne répondons pas à leurs appels, » ajoute Mason.

« D'accord, donc les meutes sont au courant que nous avons disparu, » dit Stiles, tout en se demandant pourquoi ils avaient été enlevés les premiers. L'identité des ravisseurs est évidente mais Stiles se demande pour quelle raison on les a choisis. « Au moins, c'est toujours ça de pris. Maintenant, il faut espérer qu'ils pourront nous retrouver. »

Stiles passe le quart d'heure qui suit à essayer de parler à Erica, mais elle ne lui répond pas. Au moment précis où il abandonne et où son mal de tête atroce se rappelle à lui, la porte s'ouvre. Liam et Mason se pelotonnent l'un contre l'autre, Jackson a l'air affolé, et Stiles essaie de ne pas trembler. Erica ne bronche pas.

La femme qui entre est petite, menue, et sa tête est coiffée d'une masse de boucles noires serrées. Ses yeux sont vert clair, et lorsqu'elle s'approche d'eux, ils se mettent à étinceler d'une lueur rouge vif . Derrière elle, se trouvent trois autres loups, mais Stiles ne parvient pas à détacher ses yeux d'elle. Sa bouche se déforme en un sourire cruel.

Fiona.

Stiles pense, j'ai vaincu le Nogitsune et retrouvé mes souvenirs.Je peux affronter et supporter cette situation jusqu'à ce que les meutes arrivent.Il la dévisage, et espère simplement qu'il sera assez fort pour lui tenir tête.

« Bien, bien, bien, » dit-elle. De sa personne ne se dégagent ni une réelle prestance ni une réelle autorité, et cette constatation étonne Stiles. Vu la façon dont Boyd et Erica avaient parlé d'elle, il s'attendait à rencontrer quelqu'un de très différent. Il soupçonne qu'elle utilise son apparence inoffensive à son avantage, qu'elle laisse les gens la sous-estimer. Stiles sait qu'il ne doit pas commettre cette erreur.

Fiona les dévisage un à un, avec soin, puis regarde la silhouette d'Erica, recroquevillée dans un coin, tremblante. « Ah, mon jouet préféré est de retour. Erica, » ronronne Fiona, et Erica laisse échapper une plainte déchirante, entre le sanglot et le gémissement.

Stiles bondit sur ses pieds, vacillant légèrement quand il se retrouve debout. « Qu'est-ce que vous nous voulez? » demande-t-il sur un ton déterminé, bien que la tête lui tourne.

Fiona braque brusquement ses yeux cruels sur lui, et confronté à la puissance qui émane de son regard d'Alpha, il comprend maintenant pourquoi elle est si terrifiante. Il sait qu'il doit se taire, qu'il doit renoncer à la défier, mais il ne peut pas agir ainsi. Il doit détourner son attention d'Erica. Peut-être que cette diversion leur permettra de gagner du temps jusqu'à ce qu'ils puissent sortir de cette situation. Cela permettra aussi de préserver Erica de tout préjudice qui s'ajouterait à ceux qu'elle a déjà subis.

Fiona penche la tête et inspire. « Tu es l'humain de Hale, » dit-elle. « Duke parlait parfois de toi. »

« Ah, mon vieil ami Deucalion. Ce bon vieux Duke et moi, c'est une longue histoire. Kidnapping, torture, effacement de la mémoire. C'était le bon temps, le bon vieux temps !» débite Stiles d'un ton léger. « Où est-il, au fait ? »

Fiona l'ignore et jette un coup d'oeil rapide sur les trois autres. « Soit tu es un homme courageux, soit tu es incroyablement stupide. Les loups savent qu'il ne faut pas me parler, et l'autre humain est terrifié. » Stiles glisse un œil vers l'endroit où Mason est ramassé sur lui-même, blotti contre Liam.

« Ce sont des bébés, ils ne savent donc pas de quelle manière ils doivent s'adresser à vous, et Jackson ne veut pas vous parler ; à ce propos, estimez-vous chanceuse de ne pas avoir à lui parler.»

Fiona éclate de rire, et ses yeux rouges s'écarquillent. « Tu es amusant. » Elle se rapproche de Stiles, se penche tout près, et inhale. « Duke disait que tu étais puissant, mais je pense qu'il avait tort. Tu sens tout simplement ... le néant, l'indifférence. » Elle recule, et Stiles essaie de garder son calme alors qu'il sent la panique monter en lui.

Tu sens le néant, l'indifférence. Les mots s'enroulent autour de sa gorge, menacent de l'étouffer.

Néant, indifférence.

Fiona devine qu'elle a touché chez lui une corde sensible, et sa bouche se tord en un rictus. «Oh, tu le sais fort bien, non? Qu'il y a quelque chose qui cloche en toi. » Elle se penche à nouveau tout près de lui, et Stiles frissonne, les poils sur sa peau se hérissent. Désormais, les paroles de Fiona résonnent dans sa tête et il doit résister à l'envie de la frapper. « Il y a une part d'obscurité en toi, humain. Je peux presque en sentir la saveur. »

« Ne l'écoute pas, Stiles! » s'exclame Liam.

Fiona se tourne vers lui, découvrant ses dents et grognant. Liam laisse retomber sa tête en signe de soumission, et l'un des Alphas s'avance vers lui et le gifle en plein visage.

Fiona se retourne vers Stiles et saisit son visage dans sa paume griffue, puis elle serre le poing et les pointes acérées de ses griffes s'enfoncent dans sa peau. « Tu ferais un très bon Bêta, » dit-elle, et le cœur de Stiles se met à galoper. « Toute cette noirceur en toi te rendrait puissant, à condition d'être dirigé par un bon chef. Mon soldat loup à moi. » Elle rit et lâche le visage de Stiles, tandis que l'Alpha qui a giflé Liam marche cette fois vers lui, le frappe au ventre et le fait tomber au sol. Stiles se plie en deux et vomit une partie du repas qu'il avait mangé plus tôt dans la journée.

« A présent, » dit Fiona, en se tournant vers Erica. « Retour à la raison de ma venue ici.» Elle s'accroupit et passe une main griffue dans les cheveux d'Erica puis sur son dos. On entend distinctement Erica sangloter et Stiles essaie de se relever, mais l'Alpha le repousse en arrière sur le sol. Stiles, dans un craquement sinistre, heurte sa tête contre le mur de ciment derrière lui, et sa vision devient floue.

« Erica, »chantonne Fiona. « Tu m'as manqué, mon petit animal de compagnie. » Erica essaie de se plaquer contre le mur pour échapper à Fiona, mais toute tentative d'esquive s'avère impossible. « Tu m'as déçue. Fuir comme tu l'as fait avec Boyd. » Elle exprime sa désapprobation en claquant sa langue, tout en secouant la tête. « Je vais juste devoir te rappeler ce qui se passe quand tu me rends malheureuse. »

Au grand étonnement de Stiles, Jackson se jette sur Fiona. « Laissez-la tranquille! » Il frappe Fiona, mais en un clin d'œil, deux des Alphas saisissent Jackson par les bras tandis que le troisième lui donne des coups de poing au visage, encore et encore.

« Assez, » ordonne Fiona, qui s'est entre temps remise debout et défroisse sa chemise. Elle grogne en regardant Jackson, et bien que son visage soit ensanglanté et que son œil soit à moitié fermé, ce dernier réplique par un grondement, refusant de se soumettre, même si Stiles peut imaginer à quel point cela doit être dur pour lui.

Ensuite, Stiles n'en croit pas ses yeux, mais Fiona se met à sourire. Elle tend la main et saisit le menton de Jackson, et ses griffes s'enfoncent assez profondément dans sa chair pour en faire jaillir du sang. « On dirait que je viens de trouver un nouveau jouet, » dit- elle. « Ce sera amusant de te briser. Et tu es si joli. Presque trop joli. » Elle fait un signe de la tête aux Alphas qui le tiennent. «Emmenez-le. » Elle baisse les yeux vers Erica et ricane. « Si pathétique, recroquevillée comme un petit animal blessé. Je reviendrai pour toi très bientôt, Erica. Mais maintenant, je vais faire joujou avec ton ami. »

« Non! »crie Stiles en tentant de se lever, mais sa vision est restée floue à cause de son choc à la tête, et quand il met sa main par terre, elle glisse dans le vomi. « Ne vous avisez pas de le toucher! » Ils ignorent ses cris et font sortir Jackson de la pièce. « Jackson! » hurle Stiles. « JACKSON! »

La porte claque, et le son assourdissant du verrou qui se ferme retentit dans la salle.

« Stiles, est-ce que tu vas bien? » demande Liam pendant que lui et Mason accourent pour aider Stiles à se remettre debout.

« J'ai glissé dans mon propre vomi, » dit Stiles, et il a l'impression que sa tête va exploser. Les lumières de la pièce sont trop fortes, et il espère vraiment qu'il ne va pas mourir avec du vomi sur sa main. «Je ne sais pas si la situation peut devenir encore plus critique qu'elle ne l'est déjà.»

C'est alors qu'il entend les cris parfaitement reconnaissables de Jackson et que les lumières se mettent à trembler ; il se penche en avant et vomit à nouveau, pile sur la jambe de Liam.

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Le shérif, Parrish, Chris Argent, et Scott sont penchés sur la table de la salle à manger des Stilinski, examinant une carte de Beacon Hills. La meute du Nevada est partie avec Boyd, Hayden et Corey, et ils s'efforcent ensemble de repérer des traces d'odeurs. Kira et Cora sont assises sur le canapé, Lydia s'est installée entre elles et Allison est assise sur le sol, aux pieds de Lydia. Isaac se tient si près de Derek que leurs épaules se touchent, et, pour le moment, la proximité d'Isaac est la seule chose qui empêche Derek de devenir fou.

Toute la maison est imprégnée de l'odeur de Stiles et il ne cesse de jeter des coups d'oeil furtifs en direction des escaliers qui mènent là où, il le sait, se trouve sa chambre. Il a envie de se transformer en loup et de s'enfouir sous les draps du lit de Stiles, mais il sait que ça n'aidera pas à le retrouver et qu'il ne peut pas le faire. Il pense à Jackson, à Erica. Il devine ce que les Alphas sont en train probablement de leur infliger, et cela le rend malade. Rester ici, les bras croisés à ne rien faire, à attendre que quelqu'un trouve enfin une solution à leurs problèmes le rend dingue. Chaque fois qu'il sent que la situation devient trop éprouvante pour Derek, Isaac tend la main, la pose sur son épaule et la serre.

Derek ne lève même pas les yeux lorsque la porte d'entrée s'ouvre. « Désolé, je suis en retard, » s'excuse Danny. « J'étais parti à San Francisco. Je crois que je sais comment les retrouver. »

« Quoi ?» s'écrie Derek en même temps que le shérif. Scott commence à poser à Danny plusieurs questions en rafale alors que ce dernier ouvre son ordinateur portable, branche des cordons menant à des périphériques externes. Derek ne connaît pas même pas les termes exacts qui désignent tous ces trucs.

Derek vient se mettre à côté du shérif pendant que l'ordinateur de Danny démarre enfin. Danny chasse d'un petit coup la main de Scott lorsqu'elle s'approche de l'écran.

Tout en tapant sur le clavier, Danny explique : « L'année dernière, Stiles est venu me voir. Il voulait que je l'aide à faire quelque chose pour être sûr que si jamais il disparaissait à nouveau, comme avec le Nogitsune, on pourrait le retrouver. »

« Je n'étais pas au courant, » dit Scott.

Danny lève ses yeux de l'écran assez longtemps pour lui lancer un coup d'œil rapide. «Personne ne le savait, sauf moi. Je lui ai dit que c'était une idée stupide parce que la probabilité qu'il soit de nouveau possédé par une entité quelconque était mince, mais il a insisté. Il a dit qu'il ne voulait pas que son père soit de nouveau confronté à des moments pénibles s'il venait à disparaître.

« Alors, » poursuit Danny tout en tendant le bras pour appuyer sur le bouton d'un des périphériques externes, « je l'ai micropucé, enfin, je pense que c'est la meilleure façon de décrire ce que j'ai fait.»

« Tu as micropucé mon fils? » s'écrie le shérif.

Danny lui sourit. « D'une certaine façon. Stiles et moi avons implanté ce petit appareil sous sa peau. Ce dispositif est indétectable à moins que vous sachiez qu'il est là, et il ne fonctionne pas tant qu'il n'est pas activé par le mot de passe. Je suis la seule personne qui soit au courant de tout cela, et je ne connais même pas le mot de passe. »

« Alors, comment vas-tu retrouver Stiles si tu ne le connais pas? » dit Derek en grinçant des dents.

« Il a mis le mot de passe dans un fichier crypté sur son disque dur. » Danny appuie sur l'un des périphériques. « Avec le mot de passe, la micropuce est activée et je peux retrouver Stiles. »

«C'est du pur génie, » proclame Scott.

« Pas du pur génie, » affirme Lydia en entrant dans la pièce, et tout le monde la regarde. «Mais c'est pratique. » Danny lui décoche un sourire en coin.

« Je ne peux pas croire qu'il ait fait cela, » dit le shérif, en secouant la tête.

« Je peux le croire, » intervient Derek. « Sa plus grande crainte est de redevenir un jour cette chose. Il ne voulait pas perdre de nouveau le contrôle de son corps et de son esprit et il aurait tout fait pour empêcher qu'une telle situation se reproduise. »

Danny jure plusieurs fois pendant qu'il tape sur les touches du clavier, puis il pointe son doigt vers l'écran. « Là, » dit-il. « Je les ai trouvés. »

« Dieu merci,» s'exclame le shérif qui se précipite vers la table pour rejoindre Scott, Parrish et Chris. Derek se contente de les regarder, incapable de croire qu'ils savent où ils se trouvent maintenant.

« Je sais où c'est, » déclare Chris.

Scott s'éloigne pour appeler Hayden tandis que Derek se dirige vers le shérif, qui a les yeux toujours rivés sur l'écran. Un point vert clignote, isolé, sur une carte, et Derek pense, C'est Stiles.

« On dirait qu'il savait, » chuchote le shérif. « Qu'il serait de nouveau enlevé. »

« Je pense que Stiles a appris à être paré à toute éventualité, » réplique Derek. « Tous les dangers que nous avons traversés ne lui ont pas laissé d'autre option que d'agir ainsi.»

Le shérif passe une main sur son visage. « Crois-tu… »

« Je le crois, » l'interrompt Derek, incapable de laisser le shérif exprimer par les mots sa pensée. Il sait que le shérif pense aussi que Stiles a été blessé ou encore pire, mais il ne peut pas le laisser être obnubilé par cette idée. « Je pense que Stiles va gérer cette situation tout comme il a déjà géré par le passé les difficultés auxquelles il a été confronté. Stiles est l'homme le plus fort que j'aie jamais rencontré. » Le shérif fronce les sourcils en regardant l'écran. L'inquiétude se lit sur son visage, mais la détermination galvanise aussi chaque fibre de son être. « Je pense que c'est de famille. »

Le shérif se tourne vers Derek et soutient son regard pendant un instant, avant de tendre la main et de la poser sur l'épaule de ce dernier. « Merci, Derek. Maintenant, nous allons retrouver notre bien le plus précieux. »

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Stiles pense que les cuisses de Liam font un oreiller très confortable et le lui dit. Liam s'esclaffe. « Je veillerai à ne pas le répéter à Derek. J'aime mon visage tel qu'il l'est. »

« Derek ne te ferait pas de mal, » dit Stiles. « C'est un mec réglo qui suit les lois de la meute. Genre, il peut grogner et sembler très grincheux, ce qui est vraiment juste dû à ses sourcils parce que son jeu de sourcils est hyper expressif, mais c'est le genre de type qui place les intérêts de la meute au-dessus de tout. Tu es un loup, Scott t'a mordu, et Scott et Derek ont cette étrange connexion entre eux que personne ne comprend, mais cela signifie que, automatiquement et par extension, tu fais partie de la meute de Derek et c'est pourquoi il ne se permettrait pas de réduire en purée ton visage. Peut-être qu'il te bousculerait juste un petit peu. »

« Ta tête a tapé fort ? » demande Mason.

« Oh oui, putain, très fort, » répond Stiles. Sa tête lui fait vraiment, vraiment mal. Genre, il a l'impression que son cerveau pourrait dégouliner de la plaie qui se trouve à l'arrière de son crâne. Liam appuie avec sa paume sur la tête de Stiles et draine une partie de sa douleur, mais comme lors des trois fois précédentes où il a déjà effectué ce geste, ce procédé ne fait que rendre la douleur tout juste supportable. Au moins n'est-elle plus aussi atroce.

Les lumières clignotent à nouveau au-dessus de sa tête, mais Stiles n'entend plus Jackson hurler. Il pense cependant que Liam peut encore l'entendre, vu la manière dont il se raidit et jette un regard furtif vers la porte, à la dérobée. C'est du moins ainsi que Stiles interprète son comportement.

Mason parle à Stiles pour tâcher de l'empêcher de s'endormir, ou peut-être de sombrer dans le coma, et Stiles commence à perdre toute notion de temps. Il se demande pourquoi Derek ne l'a pas encore retrouvé, pourquoi les Alphas les ont enlevés sans les utiliser pour obtenir quelque chose en contrepartie, et quels sont leurs projets.

Lorsque la porte s'ouvre à nouveau et que Fiona et ses sbires arrivent dans la pièce, Stiles décide de lui poser des questions. « Pourquoi nous avez-vous enlevés ? » demande-t-il alors qu'il se redresse sur ses pieds. Liam essaie de l'arrêter, mais il échappe à sa prise. Les lumières sont encore trop brillantes, et tout ce qui l'entoure lui semble sonner faux, mais Stiles s'efforce de ne pas se focaliser sur ces impressions. « A quoi ça sert de nous retenir prisonniers si personne ne sait que nous avons disparu ? »

Fiona pose de nouveau un regard amusé sur lui, comme elle l'a déjà fait auparavant. Stiles a vraiment envie de faire disparaître de son visage cette expression-là. Ça ne l'amuse pas du tout, lui. Il est sacrément furieux, merde. « Qu'est-ce qui te fait penser qu'ils ne savent pas que vous avez disparu ? » Stiles devient livide. « Nous les surveillons : ils sont en train de fouiller la ville depuis quelques heures, pour essayer de repérer la trace quelconque d'une odeur. Mais il n'y a rien. »

Lassée de Stiles, Fiona se tourne vers Erica, qui n'a toujours pas bougé de l'endroit où elle s'est réfugiée. « Il est temps d'y aller, Erica. »

« Non! » s'exclame Stiles, en essayant de s'interposer et de se placer devant Erica, mais tout ce qu'il réussit à faire, c'est de perdre son équilibre et de tomber au sol. Il rampe alors devant Erica et fusille du regard Fiona. « Vous ne la toucherez pas. »

Les yeux de Fiona deviennent rouge sang et elle grogne. « Je suis en train de perdre patience avec toi, l'humain. Greg, relève ce garçon. Je vais le laisser assister au spectacle et ensuite, je le mordrai.»

Stiles commence à envoyer des coups de pied lorsque l'Alpha répondant au nom de Greg s'approche de lui, mais l'Alpha trébuche car Liam l'attaque. « Liam, non! » crie Stiles. Deux des sbires de Fiona frappent aussitôt Liam pendant que Greg, débarrassé de lui, relève brutalement Stiles. Une vive douleur foudroie son bras et son crâne. Il regarde, horrifié, Fiona qui tente d'attraper Erica tandis que cette dernière, redevenue à moitié sauvage, se tourne vers elle, en grognant, prête à l'attaquer. Le rire de Fiona résonne dans la pièce.

Mais son rire se tarit d'un seul coup lorsque des bruits de coups de feu retentissent . Stiles tourne d'un geste vif la tête vers la porte, sur le seuil de laquelle son père se tient debout aux côtés de Chris Argent. Il tient dans ses mains un fusil de chasse. L'un des Alphas qui frappait Liam se fige, et tout le monde garde les yeux fixés sur la porte. Scott, Boyd et Derek apparaissent derrière le père de Stiles et Chris, et leurs yeux étincellent.

Personne ne bouge pendant un instant. Tout à coup, Stiles sent le sol se dérober sous ses pieds, puis il est traîné loin de l'endroit où il se trouvait. Ensuite, tout ce qu'il sait, c'est qu'il y a un grand tumulte, qu'il se sent poussé, qu'il traverse un mur, que des plaques de plâtre bon marché, des débris de bois et de ciment tombent en morceaux autour de lui, pendant que Greg se rue dans la pièce voisine, l'agrippant toujours. Fiona court devant Greg, entraînant Erica à sa suite.

Il entend un des loups grogner, il pense qu'il s'agit de Boyd, et ce bruit est suivi d'un autre grognement qu'il identifie alors comme celui de Derek. Puis il reconnaît Scott. La pression dans la tête de Stiles augmente, et tout autour de lui commence à tourner. Je vais m'évanouir, pense-t-il.

Il est précipité à terre à côté d'Erica, et jette un coup d'œil pour voir où il se trouve après avoir relevé la tête. Il aperçoit Jackson enchaîné dans un des coins de la pièce, la tête ballante, les yeux fermés. Stiles se retourne vers l'endroit où il entend des bruits de pas précipités, et il se rend compte qu'ils se trouvent dans une immense pièce. Il y a des boîtes et des meubles disséminés sur toute la surface, et plus d'Alphas qu'il ne l'aurait jamais imaginé. Même en comptant la meute du Nevada et les Argent, du point de vue des effectifs, la meute de Fiona les surpasse largement en nombre.

Putain, pense Stiles. On est tous morts.

« Boyd, » dit Fiona, souriante. Lorsque le shérif et Chris passent par la porte de la pièce où elle se tient debout, ils pointent leurs armes sur elle. « Ah-ah! Si vous me tuez alors, » -elle jette un regard par dessus son épaule et tout à coup, Stiles se sent soulevé du sol et il sent des griffes se poser sur son cou. « L'être humain meurt. Ce qui est dommage, parce que je voudrais tellement, mais vraiment tellement en faire mon Bêta. »

« Ne le touche pas ! » hurle Derek alors qu'il commence à se ruer vers elle, mais Boyd tend la main et saisit son bras pour l'empêcher d'aller plus loin.

« Derek Hale, » s'écrie Fiona, en les dévisageant rapidement. « Et Scott McCall. J'ai beaucoup entendu parler de vous deux. Duke a toujours parlé en des termes si élogieux de vous. Un bien piètre Alpha issu de la dynastie des Hale, triste, solitaire, pathétique, qui est d'ailleurs si pathétique qu'il n'est même plus un Alpha et le vrai Alpha. » Elle crache ce titre comme s'il l'offensait. «Je ne comprendrai jamais l'obsession qu'il avait développée à votre égard. S'il avait fait correctement son travail et vous avait tués la première fois, il nous aurait épargné tous ces embarras. Mais non, il voulait Scott, et il voulait le dernier Alpha de la dynastie des Hale. »

« Où est-il? » demande Scott . « Dites-lui de se montrer. »

Fiona éclate de rire, et personne ne bronche. « Deucalion . C'était un minable, il est revenu la queue entre les jambes alors qu'il avait été mis en échec par un vrai Alpha qui n'était qu'un adolescent et un Alpha devenu Bêta, tragiquement pitoyable. Tout son discours absurde de vengeance qui ne concernait que vous, ignorant tout le reste, se concentrant uniquement sur vous... » Elle prend un ton railleur. «Il n'était pas apte à nous diriger. Il l'a prouvé à partir du moment où une partie de notre meute a été décimée lorsqu'il a eu affaire à vous. »

« Où est-il? » répète Scott.

Fiona sourit. « Pourquoi demander après lui ? Je l'ai tué, bien sûr. » Stiles regarde l'onde de choc que cette nouvelle provoque se propager sur les visages des membres de sa meute. «Il était un fantoche grotesque, un Alpha raté, veule et pathétique. En l'espace de quelques mois, en tant qu'Alpha, j'ai rattrapé la plupart des erreurs qu'il a commises. Sauf… » Les yeux de Fiona se posent sur Boyd puis sur Erica. «La fuite de ces deux individus. Mais les choses ont tourné finalement à notre avantage, parce que leur évasion nous a permis d'attirer ici un vrai Alpha, ainsi que le dernier rejeton mâle de la lignée de Talia Hale, et… » dit-elle, en jetant un coup d'œil sur Olivia et Cathy, « une partie de la dynastie éloignée des Hale. »

« Tu ne gagneras pas, Fiona, » dit Boyd, d'une voix profonde et ferme.

« Oh, Boyd, comme tu as grandi. Regarde-toi avec tous les jolis pouvoirs d'Alpha que tu as volés. Je ne sais pas comment tu es parvenu à tuer un des membres de ma meute, mais si un Bêta a pu le vaincre, alors bon débarras. Dommage que tu ne me rejoignes pas. J'aurais pu tirer parti d'un Alpha puissant comme toi. Ce sera dommage de te tuer. Je t'ai toujours apprécié mais je préfère Erica. » Boyd gronde, et deux des Alphas le chargent. Puis, c'est le chaos.

Stiles est projeté encore une fois à terre, pendant que l'Alpha qui le retenait fonce en avant pour protéger Fiona. Stiles rampe vers Erica, puis la secoue. « Erica, hé, Erica. C'est la merde, et nous avons besoin de toi. Boyd a besoin de toi. »

Erica relève brusquement la tête, complètement transformée, en grognant, et ses yeux, devenus bleus, brillent. « Erica, tu ne peux pas te contenter de foncer dans le tas en te comportant comme un animal sauvage. Je ne supporterai pas de te voir te faire tuer alors que je viens juste de te retrouver. S'il te plaît, Erica, ressaisis-toi et reviens-nous saine et sauve. »

« Je t'entends, Stiles, » dit-elle, d'une voix grondante et bestiale. « Ma meute a besoin de moi. » Elle hurle, assez fort pour que Stiles soit contraint de se couvrir les oreilles avec ses mains, puis elle se met à courir, bondissant au coeur de la bataille.

Stiles ne sait pas quoi faire, parce qu'il est blessé et n'a pas d'arme, mais il sait qu'il doit agir. Il se lève et observe le combat, et il en vient à la conclusion que sa meute est en train de se faire battre à plate couture, même avec l'aide de la meute du Nevada. Il voit Lydia traverser la pièce en courant pour rejoindre Jackson, tout en esquivant les corps qui volent dans les airs. Son père tire des balles d'aconit sur les loups avec Hayden et Kira à ses côtés, et Stiles regarde, horrifié, Yvonne projetée dans les airs s'écraser contre un mur.

Trouve quelque chose, se dit Stiles. Ses yeux scrutent la foule des combattants à la recherche de Derek, et il l'aperçoit enfin. Il est en train de combattre deux Alphas. Alors que Stiles commence à se diriger vers lui, il voit l'un des Alphas attraper soudain les bras de Derek par derrière et le second se ruer vers la gorge de Derek.

« DEREK! »hurle Stiles au moment précis où il éprouve la sensation que l'intérieur de son crâne explose. Il crie, son corps est trop chaud, tout autour de lui est devenu trop lumineux.

Et puis, encore une fois, tout devient noir.

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Derek se débat pour se dégager de la prise de l'Alpha tout en regardant les griffes arriver vers sa gorge. Son cerveau panique tandis que son corps continue de lutter, parce que ça ne peut pas être en train de se passer, ça ne peut pas être vrai. Quelque part , loin derrière lui, il entend Stiles crier son nom.

C'est alors que Derek se retrouve plaqué au sol très violemment, par une force invisible. Les Alphas ont été également projetés à terre, et Derek se relève immédiatement. Tout le monde, dans la pièce, se redresse, à l'endroit où chacun a été précipité sur le sol, et tous se regardent, troublés. Lorsque Derek se tourne pour regarder Stiles, il a le souffle coupé.

Stiles est debout, à côté de l'endroit où la bataille se déroulait, et une faible lueur dorée forme un halo autour de lui. Cela ressemble à de minuscules flocons d'or tourbillonnant lentement autour de lui, dans un nuage de poussière translucide et scintillante. Ses yeux sont fermés et il demeure immobile, comme une statue. Lorsque Derek s'avance d'un pas vers lui, il la sent.

Ellle chante dans ses veines, dans ses muscles, et son chant se répand dans chacun de ses membres. Et quand Derek baisse les yeux vers ses mains, il peut voir de légères traces nimbées d'or scintillant sur sa peau.

L'étincelle de Stiles.

Derek contemple, émerveillé, Stiles alors que l'un des Alphas se rue sur lui. Lorsque Derek contre-attaque, il n'a pas besoin de voir la façon dont son adversaire traverse la pièce en volant dans les airs pour savoir qu'il est devenu plus fort. Il peut sentir, chaque fois qu'il respire, affluer dans son corps la nouvelle puissance que Stiles lui procure. Il se tourne vers le second Alpha, qui prend un air affolé et s'enfuit.

Derek accourt vers Stiles, et arrive auprès de lui en même temps que le shérif et Scott. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »demande le shérif. Il tend son bras à travers la brume d'or pour saisir par l'épaule Stiles et le secouer, mais son fils reste immobile.

« C'est son étincelle, » répond Derek. « Je peux la sentir qui circule à travers tout mon corps. »

« Je la sens, moi aussi, » affirme Scott et Derek le regarde, pour la première fois depuis le début du combat. Elles sont là, les mêmes lueurs d'or pâle, nimbant la peau de Scott.

Derek jette un regard autour de lui, et l'étincelle est partout, faible miroitement doré scintillant sur la peau de chacun des membres de la meute. « Il nous donne à tous de la force, » dit Derek. « Cette puissance se manifeste en moi avec plus de force, mais elle est disséminée à travers toute la meute. »

« Combien de temps ce phénomène va-t-il durer? » demande Scott. « Et pourquoi est-ce que Stiles brille, comme s'il était recouvert de paillettes dorées ? »

« Il brille ? » s'étonne le shérif, tout en tirant un coup de feu sur un loup qui se dirigeait vers eux. Derek regarde le shérif et se rend compte que les humains ne doivent pas être capables de voir l'aura qui entoure Stiles.

« Nous devons profiter de l'avantage que nous donne ce phénomène, » déclare Derek. «Avant qu'il n'arrive à son terme. »

Le shérif reste aux côtés de Stiles alors que Derek s'engage à nouveau dans la mêlée. Il se débarrasse facilement d'un Alpha qui l'a attaqué, puis se précipite au secours de Mason, Hayden et Cathy qui se battent contre un groupe d'Alphas. Le corps d'Hayden brille aussi légèrement, et lorsque Derek passe devant Boyd et Cora, il se rend compte qu'eux aussi brillent. Peut-être que grâce à cela, ils vont réussir à vaincre les Alphas.

« Derek! » hurle le shérif, puis un coup de feu retentit. « Scott! » Derek jette un coup d'oeil vers le shérif et Stiles, et le shérif tire à nouveau pendant que Fiona et quatre de ses Alphas s'approchent dangereusement de lui et de son fils.

Derek rugit et bondit vers eux, se métamorphosant complètement en loup au milieu de sa course. Sous sa forme de loup, il sent la puissance de l'étincelle de Stiles couler dans son sang. Il saute par-dessus les Alphas et atterrit sur ses pattes devant le shérif, s'interposant entre les Stilinski et leurs adversaires. Il découvre ses crocs et grogne.

« Je vais te tuer, » proclame Fiona en fixant Derek tandis que les autres loups poursuivent le combat plus loin dans la pièce. Il lutte contre l'instinct naturel qui lui dicte de se plier à son pouvoir d'Alpha et sent l'étincelle de Stiles lui procurer l'énergie dont il a besoin pour les protéger, lui et son père.

Scott et Liam s'approchent tout doucement derrière Fiona et sa garde rapprochée, et l' un des Alphas, debout à côté d'elle, se retourne et grogne. Fiona dit: « Duke s'est trompé à propos de l'humain. Il est encore infiniment beaucoup plus puissant que Duke ne le croyait, parce qu'il ne l'aurait jamais relâché dans la nature s'il avait compris à quel point il était puissant. Quel imbécile. C'est une bonne chose qu'il soit déjà mort parce que sinon je le tuerais à l'instant pour le punir de son idiotie. »

« Tu as perdu, Fiona, » dit Scott. « Abandonne le combat avant qu'il ne soit trop tard. »

« Tais-toi, microbe, »rétorque-t-elle d'un ton sec sans même prendre la peine de se retourner. Ses yeux sont toujours rivés sur Stiles et Derek meurt d'envie de déchirer sa gorge à coups de dents, mais il reste là, montant la garde devant Stiles et son père, les protégeant.

« Fiona !» La voix de Boyd résonne avec force à travers la pièce. Le combat a cessé autour d'eux, la meute a neutralisé la plupart des Alphas après les avoir ligotés et observe ce qui se passe en retrait.

Fiona ignore Boyd et fait un pas de plus en direction de Stiles. Derek se tapit au sol, adoptant une position d'attaque, et Cora bondit à ses côtés, transformée en loup, suivie d'Olivia, de Parrish et de Kira. Cora découvre ses crocs et grogne, et Derek remarque que le katana de Kira goutte de sang, mais elle semble aller bien.

« Fiona, c'est fini, » dit Boyd alors qu'il se rapproche, flanqué d'Erica et d'Isaac et suivi de Cathy et d'Esuardo.

Elle se tourne vers Boyd en grondant. Il gronde à son tour, émettant un grognement profond, menaçant, qui envoie un frisson le long de l'échine de Derek, mais il ne fait aucun mouvement. Les yeux de Fiona se posent sur Erica, et elle sourit. « Je t'ai manqué? » Erica grogne en la regardant.

« Tu es prise au piège, » dit Scott. « Personne n'est obligé de mourir aujourd'hui. »

« Oh, c'est là que tu as tort, » réplique Fiona, les yeux toujours fixés sur Erica. Elle bondit sur Erica à une vitesse que Derek a rarement vue chez un loup, et l'espace d'une seconde insoutenable, Derek pense qu'elle va la tuer.

Mais rapide comme l'éclair, Boyd l'intercepte, et ils roulent l'un sur l'autre, leurs membres enchevêtrés, grognant, mordant. Boyd finit par immobiliser Fiona sur son dos, mais ne lui donne pas le coup de grâce. Ils se regardent, grondant, respirant lourdement.

Tout en maintenant Fiona à terre, Boyd jette un coup d'œil sur Erica, et leurs yeux se rencontrent. Erica secoue la tête. Boyd hoche à son tout la tête, et les traits de son visage reprennent un aspect normal. Il se déplace pour l'attacher, mais au moment où Fiona repère qu'il relâché sa garde, elle plonge sa main dans le ventre de Boyd.

« Boyd! » crie Erica , et elle se dirige vers Fiona et lui , suivie d'Isaac, d'Olivia, et d'Hayden.

Fiona éclate de rire et vrille sa main dans la plaie, Boyd lève alors son bras et avant même que Derek ait eu le temps de réaliser quoi que ce soit, il lui tranche la gorge, puis s'effondre sur elle.

« Boyd! »sanglote Erica, en le saisissant par les épaules pour l'enlever du corps de Fiona et le mettre sur ses genoux. Son torse entier est presque noir de sang. Erica berce sa tête sur ses genoux, et Boyd lève une main griffue vers son visage.

« Plus de pleurs. Plus jamais, » souffle Boyd, d'une voix faible. « Tu es en sécurité, mon amour. Et tu es trop belle pour pleurer. » Il ferme les yeux, et Derek fait un effort pour capter les battements de son cœur et trouver le fil d'or brillant qui mène jusqu'à lui.

« Nous devons l'emmener chez Deaton, » décrète Isaac, en s'agenouillant près d'Erica.

Olivia se met à genoux à côté de Fiona et l'examine. « Elle est morte. »

Cette nouvelle semble secouer les Alphas. Derek gronde en direction de ceux qui sont en face d'eux, et l'un d'entre eux lève ses mains en signe de soumission.

Scott s'avance, ses yeux étincelants, exprimant pleinement sa puissance d'Alpha poussée au maximum. «Personne d'autre ne doit mourir, » annonce-t-il. Isaac, Ford, Cathy, et Danny soulèvent le corps de Boyd et l'évacuent vers la sortie et Erica les accompagne, refusant de lâcher sa main. Les yeux de Derek se posent rapidement sur les Alphas qui regardent Scott, puis il jette un coup d'œil vers Stiles. Les lueurs dorées s'estompent autour de lui, et Derek se métamorphose à nouveau, se redressant sur ses deux jambes.

Il tend le bras pour toucher Stiles lorsqu'il entend un des Alphas dire : « C'était son plan.»

Un autre s'écrie: « Je ne veux pas mourir à cause de cette salope complètement cinglée. »

Étant donné que Derek se moque complètement de la politique inter-lupine et des accords de paix entre meutes, il laisse le soin à Scott de gérer tout ça. Il se concentre sur Stiles, dont la peau est brûlante comme la braise sous sa paume. « Il est bouillant, » dit Derek.

« Qu'est-ce qu'on fait? » demande le shérif .

Derek se rapproche de Stiles, pénétrant dans les derniers lambeaux de brume dorée qui subsistent autour de lui. Dès qu'il entre dans la brume, elle s'enroule en volutes autour de lui et son corps se sent galvanisé d'énergie et par sa connexion à Stiles. C'est un moment incroyablement intense, et il se demande si Stiles va se souvenir de tout cela. Il n'a toujours pas bougé ni ouvert ses yeux.

Avec précaution, Derek se penche, place son bras sous les jambes de Stiles et le soulève. Immédiatement, l'or qui nimbe son corps se dissipe, et le corps de Stiles se relâche dans ses bras. « Nous devons l'emmener chez Deaton ,» dit Derek. Puis il se tourne vers Cora, qui a repris sa forme habituelle et est debout, entièrement nue, tout comme lui, et lui donne une série de directives : « Lydia a détaché Jackson. Aide-la à le transporter et à l'emmener chez Deaton . Prenez aussi avec vous Liam et Mason. Ils doivent être examinés. Et embarquez avec vous n'importe qui d'autre qui a été blessé. Prenez ma voiture. Je vais aller dans la voiture du shérif. »

Derek jette un coup d'oeil à Scott, qui, avec l'aide d'Olivia et de Chris Argent, est en train de négocier un traité avec les Alphas. Le cadavre de Fiona gît sur le sol, tel quel, et Derek ne lui jette pas un seul regard pendant qu'il transporte Stiles et sort de la pièce. Il y a beaucoup de sang et des morceaux de chair qui jonchent le sol, mais Derek se félicite qu'il n'y ait qu'un seul corps à terre.

Les phares de la voiture de patrouille clignotent pendant que le shérif déverrouille le système de fermeture derrière lui, et Derek ouvre la porte arrière. Il installe délicatement à l'intérieur du véhicule Stiles. Ses yeux sont toujours fermés et il n'a toujours pas bougé, et quand Derek entreprend de poser sa tête sur le siège, il sent qu'il y a du sang coagulé à l'arrière de son crâne. Cependant, Stiles respire normalement et son rythme cardiaque est vigoureux, si bien que Derek refuse de céder à la panique. Stiles est là, et il ira très bien.Il doit garder la foi.

« Tiens, fils, » dit le shérif d'une voix douce. Derek se retourne, et le shérif tient dans ses mains un pantalon de survêtement. « Je n'aimerais pas devoir t'arrêter pour outrage à la pudeur. » Il adresse Derek un sourire un peu crispé avant de regagner le siège côté conducteur.

Derek enfile le pantalon et commence à fermer la porte, mais se ravise et jette vite un coup d'œil à l'arrière du SUV, à l'endroit où Stiles est couché. Il soupire, puis se glisse sur la banquette arrière et place avec délicatesse la tête de Stiles sur ses genoux. Le shérif se tourne rapidement pour les regarder avant de démarrer le moteur et de commencer à rouler.

Derek laisse courir ses doigts dans les cheveux de Stiles et contemple son visage. Il ne cesse de se répéter en son for intérieur, Stiles est ici.Tu l'as retrouvé. Il est en sécurité.

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La clinique commence déjà à grouiller de monde quand Derek transporte Stiles à l'intérieur. La plupart des membres de la meute du Nevada sont là, ainsi qu'Erica et Isaac. Derek passe devant tout le monde et emmène Stiles dans l'une des salles d'examen. Allison et Esuardo sont en train de soigner les blessures infligées par les Alphas, qui mettent plus de temps à guérir, et Yvonne tient son bras. Derek pense qu'il a dû être cassé une deuxième fois pour être réparé. Danny a sa chemise déchirée, des bandages sur son bras, et une contusion sur le visage, et Kira a quelques égratignures et écorchures sans gravité.

Boyd est allongé sur l'une des tables d'examen, immobile, et Erica tient sa main pendant que des larmes silencieuses coulent le long de ses joues. Lorsque Derek entre dans la pièce, Deaton lève les yeux du corps de Boyd qu'il est en train d'examiner et de soigner.

« Installe-le sur l'autre table,» ordonne Deaton pendant qu'il se penche à nouveau sur Boyd.

Avec précaution, Derek allonge Stiles sur la surface froide et métallique de la table. Après l'avoir installé, il caresse doucement quelques mèches de cheveux pour les écarter de son front. Stiles est pâle, mais sa respiration est régulière et son rythme cardiaque vigoureux, se répète-t-il. Une main se pose sur son épaule , et Derek se retourne pour découvrir le shérif qui se tient debout derrière lui et lui fait un petit sourire.

« Il va aller bien, » dit le shérif. Il fait un signe de la tête en direction de la table où Boyd est couché. « Je pense que quelqu'un d'autre a besoin de toute ton attention en ce moment.» Derek baisse les yeux sur Stiles, et le shérif serre son épaule. « Je vais rester avec lui. Il va bien, Derek. C'est fini. »

Derek déglutit et laisse courir ses doigts le long de la joue de Stiles avant de rejoindre Erica. Elle est nimbée d'un halo de peur et de souffrance, et Derek, d'un geste hésitant, passe un bras autour de ses épaules. Erica se tourne vers lui et appuie son visage contre son cou. Derek la sent trembler contre son corps.

Assez doucement pour que seulement Derek puisse l'entendre, Erica murmure : « Je ne peux pas le perdre. Je ne peux pas vivre sans lui. »

D'une voix tout aussi imperceptible, Derek répond: « Tu ne vas pas le perdre. Boyd est un Alpha. Il est fort. »

« Elle a gâché ma vie, » dit Erica. « Et la dernière chose qu'elle a essayé de faire, c'était de m'enlever la seule personne sans qui je ne peux pas vivre. »

«Elle a essayé, » dit Derek en détachant bien les syllabes.

Erica lève la tête pour regarder Boyd. « Je suis tellement faible. Je n'ai pas pu le protéger, pas plus que la meute. Je n'ai pas réussi à la combattre. J'étais tout simplement tétanisée de terreur.» Elle laisse retomber sa tête.

Derek met un doigt sous son menton pour soulever son visage. Elle le regarde avec ses grands yeux marron, noyés par le désespoir. « Tu es l'une des personnes les plus courageuses que je connais, Erica Reyes. Après tout ce que tu as traversé, tu es toujours debout. Tu as combattu aux côtés de ta meute. Tu es tout sauf faible. »

Erica abandonne la main de Boyd assez longtemps pour jeter ses bras autour de son cou. Derek inhale son parfum pendant qu'elle s'agrippe à lui, et il a l'impression que quelque chose grandit et s'installe en lui pendant qu'il la serre dans ses bras. Elle chuchote alors : « Je ne te l'ai pas dit, mais tu m'as vraiment manqué. Je suis contente que nous t'ayons retrouvé. »

«Vous m'avez manqué aussi, » réplique Derek. « Plus que vous ne le saurez jamais. »

Derek reste auprès d'Erica pendant que Deaton s'affaire, tout en jetant des coups d'oeil toutes les cinq minutes vers l'endroit où le shérif, assis aux côtés de Stiles, surveille son fils. Lorsqu'il entend soudain des gens entrer dans la clinique, et qu'il sent immédiatement les odeurs de Cora et de Jackson, Derek se tourne vers la porte de la salle d'examen. Tout de suite après, Cora pénètre dans la pièce. Elle porte Jackson toute seule, et est immédiatement suivie de Lydia, dont le beau visage est entaché de sang. Liam arrive après elle, il boîte et a mis son bras sur l'épaule de Mason pour que ce dernier le soutienne, et enfin Corey et Hayden font leur entrée. On peut voir que chacun d'eux a connu des jours meilleurs.

Derek passe sa main le long du bras d'Erica avant d'aller à la rencontre de Cora. «Comment va-t-il? » demande Derek pendant qu'il examine le corps inanimé de Jackson dans les bras de sa sœur. Il y a des traces de brûlures sur sa peau qui ne guérissent pas, et le sang a formé une croûte sous son nez et autour de ses oreilles. Il émane de lui une légère odeur qui ressemble à celle de la chair et des cheveux brûlés.

Lydia lui répond : « Il n'a pas bougé. Il a un pouls, mais il ... il ... » Elle cesse de parler et regarde Derek d'un air furieux pendant que des larmes embuent ses yeux.

Derek tend son bras et prend sa main. « Il va s'en remettre »

« Vraiment? » demande-t-elle du tac au tac. « Ne me parle pas comme à une enfant, Derek. »

« Je ne te parle pas comme à une enfant, »poursuit-il patiemment. « Il fait aussi partie de ma famille. »

Elle lui jette un coup d'œil rapide, surprise, comme si cette pensée ne l'avait jamais effleurée, puis son regard s'adoucit. « Je suppose qu'il en fait partie. Je pense que je l'oublie parfois. » Elle tourne son regard vers Cora qui est en train d'allonger Jackson sur la table. « Je pense qu'il l'oublie parfois, lui aussi. »

Deaton leur donne des instructions pour les informer sur la manière dont ils peuvent l'aider, mais la plupart d'entre eux se contentent de rester à côté de Deaton pendant qu'il soigne Boyd. Jackson et Stiles sont toujours dans un état stable, et les autres blessés se font eux-mêmes des pansements, les loups commençant lentement à guérir.

Derek est assis avec le shérif auprès de Stiles lorsqu'il entend soudain Lydia hoqueter. Il arrive à ses côtés en un éclair.

« Ne me dis pas que tu pleures sur mon sort, » croasse Jackson, d'une voix rauque et âpre. « Je pensais que tu étais plus forte que cela. »

Lydia rit à travers ses larmes. « Tu es un vrai petit con! Ne me fais plus jamais peur comme ça, Jackson Whittemore. Je n'apprécie pas que quoi que ce soit me fasse pleurer. Et si tu te fais tuer, je te ramènerai à la vie, juste pour avoir le plaisir de te tuer de mes propres mains. ».

Jackson lui adresse un petit sourire, et Lydia se penche pour déposer délicatement un baiser sur ses lèvres. Quand elle se redresse, Jackson jette un coup d'œil à côté d'elle et aperçoit Derek et Cora debout, l'un à côté de l'autre, qui le fixent . « C'est vraiment flippant que tous les deux vous me fixiez comme ça. »

Cora lui grogne dessus tout en l'étreignant. « Ne me fais plus jamais peur comme ça! Je ne peux pas te perdre, espèce de tête de noeud. »

« Je sens bien combien tu m'aimes, Cora » plaisante Jackson, mais il la serre entre ses bras très fort. Quand elle se détache de son étreinte, elle regarde Jackson puis Derek d'un air maladroit, puis prend par le bras Lydia, leur permettant ainsi de se retrouver entre eux pour avoir un semblant d'intimité.

Derek et Jackson ne font au départ que se dévisager. Enfin, juste pour détendre l'atmosphère qui est tendue, Derek lui demande: « Comment ont-ils fait pour t'attraper ? »

« J'étais parti de chez Malia et je rentrais à la maison. Je me suis arrêté pour prendre de l'essence, et ils m'ont frappé sur la tête. Je me suis réveillé seul dans la pièce où tu nous as retrouvés. ».

Derek fronce les sourcils. « Comment te sens-tu ? »

« Comme si j'avais été torturé par une garce complètement givrée. »

Derek baisse les yeux sur Jackson. Il sait qu'il doit dire quelque chose, mais il n'est tout simplement pas sûr de ce qu'il doit dire. Il finit par déclarer: « Je suis content que tu ailles bien. J'étais vraiment inquiet. »

Jackson ricane. « Vraiment? Je pensais que tu t'inquiétais beaucoup plus pour Stiles et pour la meute du Nevada. »

Derek gronde et fait étinceler ses yeux. « Ne joue pas le rôle de l'idiot qui s'apitoie sur lui-même, Jackson. Tu fais partie de ma famille, bordel ! » Jackson lève le menton avec un air de défi, comme s'il contestait l'emploi même de ces termes. Derek est trop fatigué et bien trop à cran pour endurer encore ces conneries. « Mais enfin, bon sang, Jackson, je t'ai mordu. Tu es de mon sang. Nous avons passé l'année dernière à bâtir ensemble cette meute avec Cora. Que d'autres loups fassent leur retour et qu'une autre meute vienne nous rendre visite ne va pas changer ce fait. » Jackson se trouble, laisse tomber son masque, l'espace d'un instant. Il a écarquillé ses yeux, l'expression de son regard est devenue vulnérable, d'une façon qu'il affiche très rarement en public. « Si c'est ce qui t'inquiète, alors tu ne devrais pas t'inquiéter. Tu auras toujours ta place auprès de moi. J'ai construit une maison non pas pour que moi seul j'en aie une, mais pour que toi aussi tu puisses en avoir une. »

Jackson déglutit et hoche la tête. Il détourne les yeux, son regard devient vague, puis il arbore un sourire narquois et lâche : « Je pense que toute cette bataille t'a ramolli le ciboulot. »

« Ah bon? » demande Derek, amusé.

« Bien sûr que oui, parce que je ne suis absolument pas inquiet au sujet de la place que j'occupe dans la meute. Je suis un putain de Hale, bordel de merde. Mes racines sont ici.»

Derek lève les yeux au ciel, et passe sa main le long du cou de Jackson. «Ta place est auprès de nous. Même si tu es vraiment un trou du cul exaspérant. »

La bouche de Jackson se tord en un rictus. « Ce doit être dans les gènes. »

Derek lui adresse un sourire ironique. « Oh, je ne le sais que trop bien. »

« Est-ce que vous deux, vous en avez terminé avec votre minute retrouvailles sirupeuses jusqu'à la nausée, dignes d'un téléfilm sentimental de début d'après-midi pour ménagères esseulées ? » les coupe Cora tout en collant son flanc contre celui de Derek.

« Oh tais-toi, » rétorque vivement Derek sans cependant une seule nuance d'agacement dans son intonation. « Tu l'aimes aussi. »

«Je vous aime tous les deux, en dépit de ce que me dicte le bon sens. »

Derek laisse Jackson avec Lydia et se dirige vers la table d'examen où Deaton termine de soigner Boyd. Erica tient toujours sa main. « Doc dit qu'il va s'en tirer, »annonce Erica.

« Boyd a eu beaucoup de chance. S'il était resté un Bêta, il serait mort, mais ses pouvoirs de guérison en tant qu'Alpha conjugués à l'étincelle de Stiles l'ont aidé à survivre à la gravité de ses blessures. Il s'en est fallu de peu… »

Derek embrasse Erica sur la tempe. « Tu vois? » lui dit-il. « Nous avons gagné. »

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Stiles revient lentement à lui. Autour de lui se trouve une brume d'or qui s'estompe peu à peu. Il a chaud et se sent en sécurité jusqu'à ce que l'or disparaisse, et il a l'impression d'avoir envie de mourir. Sa tête lui fait un mal de chien. Il est pratiquement sûr que les battements de son cœur vont marteler son crâne jusqu'à l'ouvrir en deux et que des débris de son cerveau vont éclabousser le sol.

«Quel tableau réjouissant, » soupire son père. « Je suppose que sa capacité à déblatérer à voix haute sans en avoir conscience et à évoquer les scénarios les plus catastrophiques signifie qu'il va bien.»

« Ses signes vitaux sont bons, donc oui ,» répond Deaton.

Gardant les yeux fermés, Stiles essaie de comprendre où il est et ce qui s'est passé. Les images qui lui viennent à l'esprit sont floues, une pièce, Fiona, Erica dans un coin, Derek attaqué par deux Alphas...

« Derek! » crie Stiles, paniqué, se redressant brutalement et le regrettant aussitôt. Il parvient à peine à se retenir de vomir. « Où est Derek? »

« Calme-toi. Je suis ici. » La voix de Derek coule sur lui, et il sent le contact de mains familières sur ses bras. Tout brille autour de lui, mais sa vision commence à s'ajuster à ce qui l'environne. Il est dans la clinique de Deaton, et il est entouré de son père, de Deaton et de Derek.

« Tu n'es pas mort,» dit Stiles.

Derek secoue la tête et sourit. « Non. Je ne suis pas mort. »

Stiles regarde autour de lui, voit Jackson et Boyd allongés sur les autres tables, Erica, Lydia, Danny, Cora, Isaac et Allison qui sont tous debout, auprès d'eux. Il ne reconnaît personne d'autre. « Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est Scott? Et tous les autres? »

« Scott est en train de négocier un traité avec la meute des Alphas, en compagnie d'Olivia et d'Argent, » explique Derek. « Tout le monde va très bien. La meute du Nevada est retournée à la maison, et la meute de Scott est partie. Rallonge-toi. Tu es blessé. »

« Je le sais, » réplique d'un ton plat Stiles pendant qu'il laisse Derek l'aider à se coucher. « Ma tête me fait un mal de tous les diables. »

« Il est plus que probable que tu aies subi une commotion cérébrale, » explique Deaton. «Je vais t'examiner et ensuite ton père devra t'emmener à l'hôpital. »

"Qu'est-ce qu'il m'est arrivé? Est-ce que je me suis évanoui? »

« Tu ne te souviens de rien? » demande Derek, et Stiles secoue la tête et regrette immédiatement de l'avoir fait, tant elle l'élance aussitôt.

« Tu as commencé en quelque sorte à luire, » raconte Derek. « Tu étais debout, immobile comme une statue, et tout le monde, sauf la meute du Nevada, a commencé à émettre des lueurs dorées. »

« Hein? » Stiles a du mal saisir le sens des paroles de Derek, surtout parce que son esprit est confus, comme s'il était plongé dans un brouillard épais.

« Ton étincelle, » lui dit Deaton. « Ton étincelle a non seulement galvanisé la puissance de Derek en lui fournissant de l'énergie mais elle a également donné un coup de fouet à la puissance guerrière de sa meute et de celle de Scott. »

« Mais comment est-ce possible? » demande Stiles.

« Tu es connecté à chacun d'entre eux, » poursuit Deaton. « Au lieu de laisser le flux de ton étincelle seulement couler en Derek, tu as été capable de développer l'influence de ton étincelle de manière à pouvoir l'étendre à tes deux meutes. »

« Mes deux meutes, » dit Stiles, l'air troublé. « Mais ce n'est pas possible. Je ne peux pas faire partie de deux meutes. »

« Mais c'est pourtant bien ce qui se passe,» reprend Deaton. «C'est la seule façon d'expliquer comment ton pouvoir a pu s'étendre à tout le monde. Les humains ne sont pas astreints aux mêmes allégeances que les loups faisant partie d'une meute, et le fait, de surcroît, que tu sois une étincelle, cela contribue également à rendre les règles floues. Tu t'es engagé à servir deux meutes au lieu de privilégier l'une par rapport à l'autre. »

Stiles regarde Derek, bouche bée.

« Il y a autre chose, » déclare Deaton et Stiles pense, Bien sûr, voyons, qu'il y a autre chose.« Comme je l'ai déjà dit, ton étincelle ne fait pas de toi un magicien. Pendant le combat, lorsque tu as déclenché ton étincelle, le flux de la magie du Nemeton, poussée à sa puissance maximale, a été en mesure de couler à travers toi. Tu as absorbé la magie du Nemeton pendant un certain temps, et la raison pour laquelle tu es resté immobile comme les autres l'ont décrit, c'est parce que le Nemeton t'a utilisé comme une sorte de matériau conducteur. Ce phénomène a contribué à décupler encore plus la puissance de frappe de la meute, et, à travers toi, l' équilibre a été restauré, comme le désirait le Nemeton. »

« Je ne comprends pas. Comment ce soi-disant équilibre a-t-il pu être restauré à travers moi?»

« Les meutes ne seraient pas parvenues à vaincre les Alphas si tu n'avais pas été là. Et grâce à la victoire sur les Alphas, l'énergie s'est redistribuée et rééquilibrée. Fiona a été éliminée, les autres Alphas vont passer un accord, et les membres de la meute touchés par les événements antérieurs provoqués par le Nemeton sont revenus à Beacon Hills pour prendre un nouveau départ. Équilibre. »

Stiles ferme ses yeux et marmonne : « Ma tête me fait mal. » Le shérif et Derek lâchent un petit rire.

« Tu peux dormir sur tes deux oreilles, maintenant, Stiles. C'est fini. Le Nemeton est entré de nouveau en sommeil. »

Le shérif conduit Stiles à l'hôpital, et Derek les accompagne parce qu'il ne veut pas quitter Stiles. Ce dernier ne s'en plaint pas. A l'hôpital, Melissa le prend en charge dès qu'elle le voit arriver, et Scott reste dans la salle d'attente avec son père et Derek pendant que le médecin finit de l'examiner. Il a une commotion cérébrale, et le médecin lui a conseillé de se ménager les jours suivants.

Scott, Olivia, et Argent ont obtenu toutes les informations nécessaires pour retrouver les Bêtas qui ont été capturés, et Olivia a donc envoyé Cathy, Esuardo, Paul, et Ford, accompagnés d'Hayden, Kira, Corey, Allison, et Isaac, à leur campement et quartier général pour aller y secourir les Bêtas. Comme les Alphas ont affirmé qu'ils avaient tous suivi les ordres de Fiona, parce qu'ils craignaient pour leur vie, ils ont été renvoyés chez eux en étant avertis que chacun de leurs mouvements seraient surveillés, et que toute la force de frappe des chasseurs et des autres meutes s'abattrait sur eux si jamais ils faisaient encore des histoires. Stiles ne sait pas s'il est vraiment satisfait de l'accord qui a été passé avec les Alphas, mais Fiona et Deucalion sont morts, alors il se dit qu'il peut accepter les choix de Scott et d'Olivia, qui ont voulu faire preuve de miséricorde plutôt que de prendre une décision qui aurait provoqué d'autres morts.

Derek et le shérif aident Stiles à s'installer dans sa chambre quand ils rentrent chez les Stilinski. Une fois que Stiles est assis dos contre la tête de lit, Derek , pour sa part, s'assied au pied du lit et son père le regarde fixement . « Papa, je vais bien. »

« Tu m'as fait peur, fiston. » Il secoue la tête. « Je me fais trop vieux pour supporter que tu sois kidnappé et blessé. »

Stiles lui adresse un sourire désabusé. « La prochaine fois, je veillerai à dire tout ça à mon ravisseur . »

Le shérif s'assied à côté de Stiles et l'attire contre lui, le serre très fort dans ses bras, sans relâcher son étreinte pendant un bon moment. Ça ne dérange pas Stiles, au contraire. Il est émotionnellement et physiquement épuisé, et il se sent bien, là, enveloppé des bras puissants de son père.

Lorsque son père relâche enfin son étreinte, leurs yeux sont humides. « Je suis content que tu ailles bien. »

« Moi aussi. »

«C'est une bonne chose que tu aies eu cette micropuce implantée dans ton corps, » dit le shérif, en lançant à Stiles un regard éloquent.

Stiles se sent un peu penaud. «J'espérais que je n'aurais pas à l'utiliser. Je ... Je ne pouvais pas vivre à nouveau ça. » Il pense à son père et à ses amis qui étaient partis à sa recherche, à plusieurs reprises. Il avait pris Danny à part au début de la dernière année de lycée et lui avait demandé s'il y avait un moyen pour eux de le retrouver facilement si jamais quelque chose arrivait et qu'il disparaissait de nouveau. A l'époque, il avait eu peur que le Nogitsune revienne le posséder. Il ne s'attendait pas à être kidnappé.

Le shérif hoche la tête, montrant qu'il comprend sa décision et ils échangent un regard plein de connivence. « Maintenant, tu as besoin de te reposer. Tu as subi une commotion cérébrale. Cela veut dire que tu ne dois faire aucun effort, que ce soit un effort mental ou un effort physique. » Le shérif lui lance un regard aigu.

Les joues de Stiles se mettent à chauffer. « Papa, je viens de vivre une grande aventure surnaturelle, très éprouvante. Rester allongé sur ce lit est tout ce qui va m'arriver dans un futur proche. Derek va veiller sur moi pour s'assurer que mes symptômes ne s'aggravent pas, alors ne t'inquiète pas. »

« Tu es mon fils. Je m'inquiéterai toujours. » Le shérif tapote Stiles sur la jambe, puis descend du lit. Il serre l'épaule de Derek avant de sortir de la chambre.

Une fois que son père est parti, Stiles contemple Derek pendant quelques instants. «C'est terminé,» finit par dire Stiles. « Les Alphas sont vaincus. Deucalion et Fiona sont morts. Nous sommes tous en vie et en sécurité. » Derek acquiesce et Stiles ajoute :« Alors pourquoi je me sens à ce point si mal ? »

Derek se lève afin de pouvoir s'allonger aux côtés de Stiles et prendre sa main. « Deaton a dit que tu serais lessivé pendant quelques jours à cause de ton étincelle et d'autres choses liées au Nemeton. En plus, tu as une commotion cérébrale. »

« Exactement ce dont j'ai besoin, » se plaint Stiles. « Des dommages cérébraux. »

« Hé, » dit Derek doucement. « Qu'est-ce qui ne va pas? »

Stiles regarde au du fond de sa chambre, sans détourner ses yeux du mur. « Fiona a dit qu'elle voulait faire de moi son Bêta parce qu'il y avait une part d'obscurité en moi. Que j'étais vide et indifférent.» Il marque une pause, puis dit: « Je savais que j'étais profondément ravagé . Elle l'a confirmé. »

« Fiona était folle et malfaisante, » déclare Derek. « Tu ne peux pas accorder de crédit à tout ce qu'elle a dit. Tu as des cicatrices. Il y a une part d'obscurité en toi à cause des épreuves que tu as traversées, mais Stiles, nous souffrons tous du même problème. Moi, Cora, Jackson, Boyd et Erica, Isaac et Allison, même Scott. Chaque personne est une déclinaison de nuances de gris; aucun être n'est tout à fait bon ni tout à fait mauvais. Mais Stiles… » Derek se tourne vers Stiles et met ses mains en coupe autour de son visage, le forçant ainsi à le regarder. « Je te connais. Tu es un être bon. Si tu étais rempli d'obscurité ou de néant, tu ne serais pas en mesure d'aider tes meutes. C'était toi qui luisais, illuminé d'or brillant, Stiles, pas entouré par les ténèbres. Tu ne pourrais pas avoir brillé de cette manière s'il n'y avait pas de lumière à l'intérieur de toi. »

Stiles tâche de dissimuler son émotion pendant qu'il regarde le visage de Derek. « Crois-tu vraiment cela? »

Derek acquiesce. « Je le crois. J'ai senti ton pouvoir couler à travers moi, et ce n'était pas sombre. C'était chaleureux et lumineux, et cela m'a fait sentir plus léger et plus fort. C'était bien toi. »

Stiles s'écroule contre Derek, son corps tremble comme si tout le poids de ce qu'il avait vécu dernièrement s'abattait sur ses épaules. Derek ne dit rien, le tient simplement dans ses bras chauds, réconfortants, pendant que Stiles essaie de se convaincre que peut-être, juste peut-être, tout est fini.

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A cause de sa commotion cérébrale , Stiles doit se ménager au cours des deux semaines suivantes. La direction de Brico Dépôt n'est pas vraiment ravie d'apprendre qu'il ne pourra pas venir travailler pendant quelques jours, mais Stiles s'en moque. Il ne conserve ce travail stupide que parce qu'il lui permet de s'occuper, et en outre il aime aider son père à faire les courses.

Les membres de la meute de Marjorie qui étaient encore restés à Beacon Hills quittent la ville le lendemain de la bataille, et Derek vient voir Stiles pour l'informer de ce qui a été découvert au campement des Alphas. Plus de vingt Bêtas provenant de différentes meutes y étaient détenus. Allison, Isaac et Kira sont restés avec la meute du Nevada pour aider les Bêtas à être pris en charge pour recevoir des soins médicaux, qui leur ont été prodigués par des émissaires des environs et des médecins rattachés à différentes meutes. En revanche, ceux qui étaient valides ont pu retourner directement dans leurs meutes d'origine. Chris Argent et Parrish ont également fait le déplacement sur le campement pour travailler de concert avec l'Alpha responsable de la zone où se cachaient Fiona et ses comparses et en collaboration étroite avec les quelques policiers qui sont au courant de l'existence de phénomènes surnaturels. Ils travaillent ensemble pour se charger des cadavres retrouvés sur le campement. Stiles est heureux que ni lui, ni son père, ni Scott, ni Derek ne doivent gérer cette situation.

Stiles s'ennuie parce qu'en raison de son coup sur la tête, il lui est interdit d'aller sur son téléphone ou sur l'ordinateur, de regarder la télévision ou même de lire. « Je ne peux même pas envoyer de texto,» se plaint-il à Scott et à Lydia qu'il a convaincus de venir lui tenir compagnie avant qu'il devienne fou. « Savez-vous ce que ça fait d'être atteint de TDAH et ne pas pouvoir faire quoi que ce soit?»

Il rattrape son sommeil, mais après deux jours au lit, il ne tient plus en place. Son père finit par lâcher du lest et lui permet d'aller chez Derek juste pour qu'il puisse prendre l'air et sortir de la maison. «Tu me manques. Je ne peux même pas t'envoyer de message, » dit Stiles quand il le voit. « C'est nul. »

Derek l'amène dans son atelier et allume la radio. « Tu pourrais te détendre en écoutant la musique pendant que je travaille. »

« Ça aussi, c'est nul. »

Stiles finit par se retrouver assis sur la terrasse arrière en compagnie d'Erica. Ils ne parlent de rien d'important, et Stiles remarque qu'Erica est de nouveau nerveuse. Elle sursaute à chaque son qu'elle entend et ne cesse de sonder les environs. Stiles se dit que c'est une réaction normale après tout ce qu'elle a encore traversé quand ils ont été enlevés. Il sait que ça va lui prendre un certain temps avant de réaliser que Fiona est vraiment morte. Il sait, pour sa part, qu'il a, après toutes ces années, encore peur que le Nogitsune trouve un moyen de revenir pour le posséder à nouveau.

Jackson et Lydia les rejoignent sur la terrasse environ une heure plus tard, et Stiles remarque la façon dont Jackson laisse traîner ses doigts le long du bras d'Erica et le long de ses épaules et la manière dont elle se détend à son contact. S'il n'avait pas vu Jackson bondir pour sauver en personne Erica, il ne l'aurait jamais cru capable d'un tel acte. Stiles pense que Jackson commence peut-être à concevoir que Boyd et Erica font partie intégrante de sa meute, et il espère pour Derek que c'est vrai. Jackson a donné pas mal de fil à retordre à ce dernier depuis quelques semaines.

Boyd met en route le barbecue, et Derek apporte de la bière pour tout le monde, sauf pour Stiles, affirmant que la consommation d'alcool est incompatible avec une commotion cérébrale. Stiles lève les yeux au ciel et accepte son verre d'eau. Cora ne se joint pas à eux lorsqu'ils mettent leurs chaises en cercle, et ne les rejoint même pas quand Allison et Isaac arrivent. Elle dit qu'elle n'est pas d'humeur à se montrer sociable, et Stiles sait que c'est parce qu'elle est malheureuse : Esuardo est en effet retourné dans le Nevada.

Stiles tient la main de Derek pendant qu'il écoute Isaac raconter sa dispute avec un homme qui livrait des baguettes et qui vivait en France dans leur voisinage. Alors qu'il est assis là, au milieu d'eux, il promène son regard sur les visages de ses amis, de sa meute.

Il repense au repas auquel il a assisté la veille au soir chez Scott, avec sa deuxième meute qui a toujours été là pour lui depuis des années, avec tous ses membres réunis autour de la table, riant et se moquant les uns des autres. Il pense à Scott et à son amitié avec Lydia, à la manière dont il passe des heures à discuter de trucs de geek avec Kira, aux réponses sarcastiques de Danny, qui vient parfois en traînant des pieds à leurs réunions, et aux bébés Bêtas, qu'il commence à apprécier, jusqu'à penser désormais qu'il peut vraiment les considérer comme ses amis.

Ce soir, pendant qu'il examine et étudie les visages de sa nouvelle meute, les visages de personnes qu'il pensait être disparues à jamais, pendant que ses yeux reviennent se poser sur Derek, qui surprend son regard et sourit, Stiles pense : C'est de cela que notre avenir sera peut-être fait . Peut-être que c'est cela, l'équilibre .

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Derek regarde successivement Cora, Jackson, Erica et Boyd qui sont assis autour de la table. Il sait qu'il s'agit d'une conversation sérieuse, et il est nerveux. Il ne devrait pas l'être, mais c'est un grand jour pour lui. Les Alphas sont partis depuis une semaine, et tous les soirs, Derek est resté éveillé jusque très tard sur son lit et a longuement médité sa décision.

« Boyd, il y a quelque chose dont nous voulons discuter avec toi, » commence Derek , en jetant un coup d'œil sur Cora puis sur Jackson. Ils font tous les deux un signe de la tête. «Je sais que tu n'as pas dit ce que tu comptais faire maintenant que les Alphas sont partis, mais nous espérions que tu resterais ici. Avec nous. Et que tu deviendrais notre Alpha. »

Boyd regarde rapidement Erica, qui sourit. Boyd tourne son visage vers eux et déclare: «Nous avons discuté entre nous pour savoir si vous seriez d'accord pour que nous restions ici. C'est notre ville. Nos familles vivent ici. Nous vous considérons tous comme notre meute, et Derek, nous ne savons pas encore grand-chose sur les loups, et je ne sais rien du rôle d'un Alpha. Nous avons besoin de ton aide. »

« Je ne sais pas si je serai d'une grande aide. La période durant laquelle j'ai été un Alpha a été désastreuse. »

« Mais tu n'es plus cette personne, » objecte Erica. « Nous sommes désormais tous plus solides et plus expérimentés. Nous avons besoin de toi, Derek. Nous avons besoin de vous tous. »

« Pour moi, vous faites tous les deux partie intégrante de la meute,» déclare Cora.

Ils regardent tous Jackson qui prend un air exaspéré. « Qu'est-ce que vous voulez tous? Une putain de carte postale rose bonbon avec des coeurs? Je suppose que je ne déteste pas l'idée de vous voir tous les deux traîner dans les parages, toujours collés l'un à l'autre. Au moins, j'arrive à tolérer votre présence. »

Boyd s'esclaffe, et Erica sourit d'un petit air narquois. « Je suis touchée. Je rajouterais simplement que seul un membre de la meute aurait risqué sa propre vie pour protéger la mienne. »

Jackson rougit d'embarras et se renfrogne tout en détournant le regard, mais Derek peut sentir une odeur chaleureuse s'exhalant de lui, exprimant son contentement. Il tend la main et fait glisser ses doigts sur la nuque de Jackson.

« Eh bien, je suppose que nous devrions officialiser cette décision, » dit Boyd. Ses yeux étincellent d'une lueur rouge vif, et Derek sent un afflux de puissance jaillir en lui. «Acceptez-vous que je sois votre Alpha? »

« Oui, je l'accepte, » déclare Derek, d'un ton décidé et ferme, en même temps que Cora et Jackson.

Parce que Beacon Hills dispose déjà sur son territoire d'un Alpha et d'une meute, Derek appelle Scott pour le faire venir chez lui plus tard dans la journée. Boyd amène aussi Isaac et Allison, ce qui étonne Derek , mais il ne pose aucune question à ce sujet.

Après que la situation a été exposée Scott, ce dernier hausse les épaules. « Je peux vivre avec la meute des Hale .. euh, la meute de Boyd ? Hum, votre meute vit ici et ça ne me dérange pas. Je vous fais confiance et c'est de toute façon presque comme si vous faisiez partie de ma meute. »

Boyd hoche la tête. « Je suis d'accord. »

« Je pensais, » dit Derek, « Que nous pourrions surveiller la partie nord du territoire et que ta meute pourrait surveiller l'extrémité sud. Et quand tu reprendras les cours, tu n'auras pas à rentrer aussi souvent chez toi pour surveiller ce qui se passe. Nous pourrons le faire à ta place. »

« Ce serait en fait une bonne solution, » déclare Scott. « Revenir tout le temps, c'est pénible. Mes notes ne s'en porteraient pas plus mal si je pouvais me concentrer un peu plus sur les cours. »

Isaac jette un coup d'oeil à Allison et lui prend la main. « Nous avons quelque chose à vous annoncer. Nous, euh, nous pensions que nous pourrions rester. »

« Être un loup-garou, agir en tant que tel, c'est un domaine à propos duquel je ne connais pas grand-chose, » explique Allison. « Je veux apprendre. Et j'ai beau aimer très fort mon père et Isaac, il nous faut une meute. » Elle regarde Isaac. « Nous avons besoin d'une meute et d'un Alpha. »

« Boyd, je veux que tu sois mon Alpha, » déclare Isaac.

Scott lance un regard furtif à Allison, et elle lui adresse un petit sourire. « Je pense que ce sera plus facile pour tout le monde si je rejoins la meute de Boyd. »

Scott déglutit avec difficulté, mais hoche la tête. « Je suis d'accord, » conclut-il, mais il ajoute: « Tu seras néanmoins toujours, pour moi, un membre de ma meute, Allison. Tu faisais partie des membres qui composaient à ses débuts ma meute. Je protègerai toujours tes arrières et je le ferai aussi pour Isaac.

Allison lui fait un grand sourire. « Et moi aussi je garderai toujours un œil sur toi. »

Une fois que tout le monde a discuté des détails de leur accord, Derek repense à ce que Marjorie lui avait dit à propos des liens d'allégeance qui unissent les membres d'une meute. Ils forment peut-être deux meutes séparées, mais Derek sait que la meute McCall et la meute à laquelle il appartient sont étroitement liées, et pas seulement à cause de Stiles et de Lydia. Les loups sont connectés les uns aux autres, et si Derek ferme ses yeux et se concentre, il peut voir distinctement les fils d'or lumineux liés au fil rouge qui palpite. Il sait pertinemment que ce fil rouge représente la meute Mc Call.

Plus tard, ce soir-là, il arpente la terrasse à l'arrière de sa maison puis s'appuie sur la rampe pendant qu'il contemple le territoire qui s'étend sous ses yeux. La terre de sa famille. Il se demande s'ils seraient heureux pour lui d'apprendre qu'il s'est finalement trouvé une nouvelle meute.

Derek a passé la dernière semaine à essayer de déterminer si accepter que Boyd devienne son Alpha était la bonne décision. Pour la première fois, il n'a pas l'impression de trahir sa mère ou Laura. Quand il avait réfléchi à rejoindre éventuellement la meute de Marjorie à une époque, quelque chose l'avait toujours retenu de le faire. Il n'était pas prêt à faire une croix sur sa mère, ni sur Laura. Et il avait toujours la sensation qu'il appartenait à ce lieu, à la terre de sa famille.

Il sait que les Hale continueront à protéger Beacon Hills, avec l'aide de leurs amis. Peut-être que c'est ce que Derek attendait. Un lien rétabli avec sa famille grâce à la terre, à une maison, à un Alpha, à qu'il fait une confiance aveugle parce que c'était celui qu'il avait choisi de mordre en premier lieu. Boyd ne remplacera ni sa mère ni encore Laura. Mais pour la première fois depuis longtemps, Derek a l'impression qu'il a une famille et une meute.

Il ne savait pas, quand il avait mordu Boyd, Erica, Isaac et Jackson, que cet acte signerait dans un premier temps leur perte, et qu'il finirait par devenir un bêta et que Boyd deviendrait son Alpha. Quand il avait cru que Boyd et Erica étaient morts et qu'Isaac et Jackson étaient partis, Derek avait pensé qu'il demeurerait seul, à jamais. Il avait d'ailleurs pensé qu'il méritait de vivre en solitaire et qu'il méritait aussi d'être un Oméga parce qu'il avait échoué à protéger sa meute et à conserver sa cohésion. Il n'avait jamais pensé que sa meute reviendrait auprès de lui - un peu différente, un peu plus marquée par les épreuves, mais intacte par ailleurs, vivante et remplie d'espoir. Derek pense que les choses ont peut-être une drôle de façon de faire inopinément leur retour, qu'il s'agisse de Stiles et de leurs souvenirs, de la nostalgie de repartir vivre à Beacon Hills ou encore de la réapparition de Cora.

Pendant que Derek ferme les yeux et se concentre sur les liens de la meute, qui étincellent d'une lueur incandescente, intense, il se rend compte que ce n'est pas terminé.

Cela ne fait que commencer.

XXXXXXXX

Cette nuit-là, Derek et Stiles sont couchés ensemble sur le lit, étroitement enlacés. Stiles a le dos appuyé contre la poitrine de Derek, et a installé en face de lui son ordinateur portable sur lequel il a chargé une émission diffusée sur Netflix.

« Qu'est-ce que ça te fait d'avoir de nouveau un Alpha ? » demande Stiles, en tendant la main pour couper le son avant de se tortiller dans les bras de Derek de manière à lui faire face. «Je sais que ça ne doit pas être facile d'accepter un autre Alpha après Laura. »

Derek acquiesce. « J'ai réfléchi pendant longtemps à cette question. Ça m'a juste semblé être ce qu'il fallait faire. Je fais confiance à Boyd. Je l'ai mordu. C'est un homme bon, et il sera un bon Alpha. Meilleur que je n'aurais jamais pu l'être. »

« Je pense que tu te sous-estimes, » répond Stiles.

Derek lui adresse un demi-sourire en coin. « Je pense que ton jugement à propos de moi est biaisé. »

« Je ne le pense pas, » affirme Stiles. « Tu ne te rends pas compte que tu es un homme bien, Derek. Boyd est peut-être l'Alpha, mais tu es la clé de voûte de la meute. Boyd, Erica, Isaac, Jackson - ils sont ici pour toi. J'espère qu'un jour tu te rendras compte de ton importance. »

Derek se penche en avant et embrasse Stiles doucement.

« Comment va Allison? » demande Derek.

Stiles hausse les épaules. « Elle s'adapte à toutes sortes de trucs. Être de retour ici, être un loup-garou. Essayer de comprendre comment faire partie à nouveau de notre existence. Elle et Lydia ont passé du temps ensemble. Je pense que Lydia est en train de décider combien de temps elle va encore détester Allison, juste pour le principe. »

« Qu'en est-il de Scott? »

« Scott a tourné la page. Il peut passer à autre chose maintenant, je pense. Il va toujours l'aimer, mais je crois qu'il a accepté de reconnaître qu'ils ont cessé d'être les adolescents qu'ils étaient autrefois, âgés de seize ans. » Stiles soupire. « Aucun d'entre nous ne l'est encore. »

« Je pense qu'Allison est réticente à s'intégrer dans notre meute, » lui dit Derek. « Elle est froide et distante, alors qu'Isaac a accepté sans réserve de nous rejoindre et s'est intégré parfaitement à notre groupe. Jackson et Isaac étaient amis quand ils étaient enfants, apparemment ils avaient l'habitude d'aller faire du vélo ensemble parce qu'ils vivaient à une rue l'un de l'autre. »

« Avant que Jackson ne devienne un con arrogant. »

Derek soupire. « Ils se tournent autour. Je pense qu'aucun d'entre eux ne veut reconnaître qu'ils aimeraient redevenir amis. »

« C'est du Jackson tout craché. »

« Étonnamment, Chris Argent s'est montré enthousiaste quand il a su qu'Allison avait rejoint notre meute. Je pense qu'il est juste très heureux qu'Allison soit saine et sauve et qu'elle fasse maintenant partie d'une meute. Il m'a dit qu'il voulait qu'elle apprenne le plus de choses qu'elle peut. Je lui ai dit qu'elle était une louve puissante et qu'elle sera un jour impressionnante. Il semblait vraiment fier de l'entendre. »

Stiles s'esclaffe. « Je ne comprendrai jamais cet homme. »

« Il aime sa fille. Elle est la seule famille qui lui reste. Je peux comprendre ce qu'il éprouve. » Stiles serre son bras. « Il veut qu'ils continuent à chasser, qu'ils continuent à protéger les gens. Boyd a affirmé qu'il pensait que c'était une bonne idée. »

« Je n'arriverai jamais à m'en remettre : Chris Argent, le chasseur qui va chasser avec ses deux loups-garous ! C'est sacrément bidonnant. »

« Nous avons quelques petits ajustements à faire au sein de la meute. Avec tout ce monde qui se retrouve après tant d'années, après avoir affronté autant de malheurs, ça va prendre du temps. » Derek fait une pause, puis sourit. « Mais ça va aller. Je peux le sentir. »

Stiles sourit. « Tu le mérites. Tous, vous le méritez. »

Derek avance sa tête vers Stiles. « Ils appartiennent aussi à ta meute. »

« Je sais. Je suis encore troublé par cette situation, mais je suppose que je ne devrais pas l'être. Je pense que j'ai fait partie de deux meutes pendant longtemps sans le savoir. »

Derek regarde Stiles, contemple ses grands yeux si beaux, et demande: « Penses-tu que nous sommes autorisés à être heureux maintenant? »

Stiles bat des paupières, plisse les yeux tout en étudiant la question. « Deaton a déclaré que le Nemeton recherchait l'équilibre. Je pense que cela signifie que nous devions enfin trouver le bonheur. Des trucs merdiques vont encore se passer, mais je pense que le pire est peut-être derrière nous. Peut-être. »

« Tu le crois vraiment ? »

« Je dois le croire. Dans le cas contraire, tout ça ne serait alors arrivé pour rien. » Derek acquiesce pour montrer qu'il est d'accord avec lui. « Maintenant, tu vas m'embrasser? »

Derek souffle, attrape avec aisance Stiles par la taille et roule sur le dos, attirant Stiles au-dessus de lui, pendant il l'embrasse avec ardeur.

XXXXXXXX

Stiles se réveille en hurlant, des lambeaux d'images de Fiona et de Deucalion, de sa meute mise en pièces, anéantie, pendant que la vision de dents argentées lui souriant, dissimulées dans l'ombre, persiste dans sa tête.

« Hé, hé, » le calme Derek d'une voix endormie. « Ça va. Tu es en sécurité. Je suis ici. » Stiles se frotte les yeux, le cœur cognant dans sa poitrine. Derek demande: « Est-ce que tu veux me raconter ce que tu as vu? »

« Ça va, » dit Stiles. « C'est toujours le même vieux rêve. » Derek frotte son bras doucement. « Ne vont-ils jamais disparaître, ces foutus cauchemars ? »

« Ce n'est pas parce que nous les avons vaincus que ça veut dire que tu vas arrêter comme par magie d'en faire , » répond Derek. « Tu es sur la voie de la guérison, mais cela prend du temps. »

« Je sens que je ne vais jamais aller mieux. »

« Ce n'est pas vrai, et tu le sais. C'est juste ton anxiété qui guide tes paroles. »

Stiles soupire et remet en place les couvertures. Derek commence à se lever, mais Stiles lui dit : « Non, reste au lit. Je vais juste prendre quelque chose à boire, me vider un peu la tête. Je serai bientôt de retour pour me coucher. »

Le visage de Derek se fronce d'inquiétude. « Tu en es sûr ? »

Stiles place un genou sur le lit et se penche pour embrasser Derek tendrement. « Oui. Retourne te coucher. Je reviens vite. »

« Prends tout le temps nécessaire. »

« Je t'aime, » souffle Stiles dans un sourire avant de quitter la pièce.

Sa tête est submergée de visions macabres, dont il ne parvient pas à se défaire, et son corps vibre d'énergie, même s'il est épuisé. Il a envie de rester au lit avec Derek, mais il est injuste de l'empêcher de dormir en lui communiquant ses émotions et en l'inquiétant. Derek se tracasse suffisamment déjà comme ça à son sujet.

Stiles va dans la cuisine et ouvre le réfrigérateur. Après en avoir regardé le contenu, il sort un litre de lait, trouve un verre, et s'en verse. Il pose la bouteille sur l'îlot de cuisine tout en avalant avec avidité la moitié du verre. Il le repose ensuite bruyamment et soupire.

« Qu'est-ce que tu fais? » Stiles sursaute, surpris, et se retourne pour découvrir Jackson qui se dirige vers les placards. Ses cheveux sont ébouriffés et il porte un pantalon de pyjama de coupe large et fluide. Il ouvre l'armoire et y prend une boîte de céréales.

« Mauvais rêve. Et toi? Lydia est endormie? »

Jackson hoche la tête pendant qu'il verse les céréales. « Je t'ai entendu crier. Ça m'a réveillé. »

Stiles jette un regard coupable en direction de l'îlot. « Pardon. »

Jackson hausse les épaules tout en se versant du lait dans un bol. « Lydia m'a déjà parlé de tes cauchemars. Je suppose qu'elle est habituée à eux parce qu'elle n'a même pas bronché. »

Stiles lâche un rire. « Oui, elle a dormi souvent avec moi et je lui ai fait partager une bonne dose de mes cauchemars, qui me faisaient toujours hurler. »

Ils gardent le silence pendant quelques instants, le bruit seul des mâchoires de Jackson se fait entendre. Enfin, peut-être parce qu'il est tard, ou parce que les choses ont désormais changé, ou parce qu'il est en train de perdre l'esprit, Stiles demande: « Est-ce que ça devient à un moment plus facile à supporter? »

Jackson arrête de mâcher et dévisage Stiles. Il avale sa salive et demande: « Quoi? »

Stiles se gratte le côté du visage et agite sa main autour de lui. « Lydia a dit, tu sais, que peut-être que tu ... tu sais, à cause du kanima. » Jackson se raidit, mais Stiles poursuit malgré tout. « Je continue à voir le, euh, le Nogitsune. Et beaucoup d'autres choses, comme les Alphas, mais le Nogitsune est toujours là. J'ai l'impression que je ne vais jamais m'en débarrasser, ou me débarrasser de ce qu'il a fait en m'utilisant. »

Jackson regarde fixement son bol et fait tourner sa cuillère dans ses doigts, sans vraiment avoir conscience de son geste. « Tu ne t'en débarrasses jamais, pas vraiment, » commence-t-il à dire en chuchotant, au grand étonnement de Stiles. Stiles s'attendait à ce qu'il lui envoie son poing dans la figure. Jackson lève les yeux vers lui et le fusille du regard. « Si jamais tu répètes tout cela, je te tuerai. Lydia m'a aidé, et aussi cette femme, Morrell. Elle m'aide à prendre conscience des choses que j'ai faites quand le kanima échappait à mon contrôle. C'est plus facile à dire qu'à croire, mais ça va mieux qu'avant. Lydia m'aide aussi, et Derek, Cora, la meute. » Stiles hoche la tête, et fait tourner ces informations dans sa tête. « Cette chose t'a utilisé, tout juste comme ces gens m'ont utilisé. Nous devons vivre avec le souvenir de ce que nos corps ont été forcés de faire, mais ce n'est pas de notre faute. ».

Stiles acquiesce. « Et Morrell, elle t'aide? »

« Cette femme a une attitude qui file une putain de chair de poule et elle adore s'écouter parler, mais oui, je pense qu'elle m'aide. » Jackson penche la tête. « Je peux te donner son numéro. » Stiles n'hésite pas un seul instant avant de hocher la tête. Jackson boit jusqu'à la dernière goutte le lait dans son bol et le laisse tomber dans l'évier avec fracas. « Assez de conneries sentimentales comme ça. Je vais me recoucher. »

Stiles esquisse un petit sourire en coin. « Bonne nuit, Jackson. »

Jackson lève les yeux au ciel et dit : « Bonne nuit, Stiles. »

« Hé, tu viens juste de m'appeler… »

« Ne pousse pas le bouchon trop loin, » grogne Jackson tout en quittant la cuisine.

« Ouais, ok. J'ai compris, petit cœur en chamallow. » Stiles rit pendant que Jackson lui grogne dessus.

Lorsque Stiles se glisse dans le lit à côté de Derek, ce dernier cligne des paupières et sourit. « Tu te sens mieux ? »

« Étonnamment, oui. »

Derek se tourne vers lui et le regarde avec des yeux lourds de sommeil. « C'est bien. »

« Tu sais, Jackson n'est pas si mal, » parvient à articuler Stiles dans un bâillement.

« Hein? »

«J'ai parlé à Jackson dans la cuisine. Ce n'est pas un mauvais bougre. » Derek le regarde avec de grands yeux écarquillés. « Quoi ? Je pense que je suis en train de rêver. »

Stiles lève les yeux au ciel. « Ne lui répète pas que j'ai dit ça. » Il se blottit plus près de Derek, qui enroule ses bras autour de lui. Stiles appuie son front contre son cou et ferme ses yeux. « Mais je pense que ça va aller pour lui. »

« Et toi? »

« Hmm? »

« Est-ce que ça va? »

Stiles acquiesce et embrasse le torse de Derek, en plein sur ses poils, qu'il aime tant. «Ouais, je vais bien. »

« Bien. » Derek embrasse sa tête et le tient serré entre ses bras. Stiles se détend dans la chaleur de Derek et s'endort pour faire peut-être, avec un peu de chance, des rêves plus heureux.

XXXXXXXX

Les loups sont survoltés ce soir, impatients et déjà très agités. La pleine lune s'est à peine levée, et ils courent partout, complètement métamorphosés, en poussant des hurlements tout en se poursuivant les uns et les autres. Stiles se moque d'eux et de leur comportement ridicule.

Il est assis dans la clairière , en compagnie de ceux qui ne sont pas des loups pendant que Scott, Boyd et Marjorie essayent de remettre un peu d'ordre dans leurs meutes respectives. Les meutes vont courir ensemble sous la pleine lune ce soir, pour participer à une cérémonie qui va cimenter les liens entre les différents membres de la meute de Boyd, qui s'est récemment formée, mais qui va permettre aussi de resserrer les liens entre les trois meutes. Il y a aussi trois nouveaux Bêtas qui sont venus avec la meute de Marjorie, Lashanda, Essence, et Brad. Ils étaient tous auparavant des Omégas, ont été retrouvés sur le campement des Alphas et ont décidé d'accepter Marjorie comme Alpha.

Derek court vers Stiles, complètement transformé en loup, suivi de Cora qui bondit devant eux pour pousser Esuardo au sol avec ses pattes. Stiles rit et passe ses doigts dans la fourrure douce de Derek.

« Prêt pour votre cérémonie? » demande Stiles et Derek pousse sa tête contre la paume de Stiles.

Puis Derek tourne la tête , s'éloigne en courant et Stiles le regarde faire des cercles joyeusement autour d'Erica, de Boyd, et des jambes d'Isaac. Stiles sourit.

Scott se rapproche de lui quelques minutes plus tard et l'entraîne plus loin. « Que penses-tu de Cathy? »

Les yeux de Stiles s'écarquillent. « Mon pote, t'es sérieux, là? »

Scott rougit tout en hochant la tête, un sourire gêné sur son visage. « Nous avons commencé à parler au cours de tous ces trajets durant lesquels nous avons rapatrié les Bêtas capturés, et je ne sais pas, mais elle est plutôt ... géniale. »

« Elle est tout à fait géniale, tu sais, quand elle n'est pas collée à Derek. » Scott lève les yeux au ciel. « Mais mec, tu dois être sûr de tes sentiments. Cathy est encore vierge et genre sans expérience, et je te préviens que je vais aider Derek et le reste de la meute du Nevada à te botter le cul si tu lui brises le cœur. »

Scott fixe Stiles droit dans les yeux. « C'est vrai que j'ai couché à droite et à gauche, mais je pense qu'elle pourrait bien me donner l'envie d'essayer de m'engager dans une relation un peu plus sérieuse. Savais-tu qu'elle va à l'université en Californie? À San Francisco? »

« Vas-y, fonce. Si elle ne succombe pas tes yeux de chien battu et à ton sourire, alors elle ne te mérite pas. » Scott sourit, et Stiles demande: « Donc, cela veut dire ... que tu vas finalement renoncer à Allison? »

Le visage de Scott s'affaisse, et il jette un coup d'oeil vers la clairière où Allison discute avec Marjorie, Owen et Chris. « Nous avons eu une longue conversation la nuit où s'est passée cette soirée pyjama. Je l'aimerai toujours, tu sais? Et elle m'aimera toujours. L'avoir vue de retour ... c'est comme si quelque chose en moi s'était réglé. Je veux qu'elle soit présente dans ma vie, mais je suis d'accord pour que nous ne soyons plus ensemble. Je suis prêt à passer à autre chose. »

Stiles tend les bras et étreint Scott. « Je suis tellement heureux pour toi, mon pote. »

Marjorie les appelle tous parce que le soleil sera complètement couché d'ici quelques minutes. Elle leur ordonne de prendre leur forme de Bêta, et Stiles contemple la vision de plus d'une douzaine de loups qui se métamorphosent instantanément.

Il entend quelques exclamations excitées sur le côté et jette un coup d'œil dans cette direction. Ses paupières s'écarquillent lorsqu'il voit le corps de Jackson se déformer, ses traits se modifier et se recomposer jusqu'à ce qu'il se retrouve sur quatre pattes, et qu'il soit devenu un grand loup aux membres déliés, à la fourrure d'un gris argenté, entouré du grand loup noir de Derek et du plus petit de Cora, à la robe d'un marron aux reflets de cuivre.

« Oh mon Dieu, » s'exclame Stiles et Lydia et pousse un cri pour le féliciter, pendant qu'elle plonge ses doigts dans la fourrure de Jackson. Derek et Cora jappent gaiement et courent en rond avec Jackson, qui lève la tête vers le ciel et pousse un hurlement. Derek et Cora se joignent immédiatement à lui et Stiles sent que ses yeux s'humidifient un peu. Il croit enfin qu'il fait partie de la meute, pense-t-il.

« Quel merveilleux prélude à cette course sous la pleine lune ! » proclame Marjorie, dardant ses yeux rouges et luisants, alors qu'elle ne s'est toujours pas métamorphosée. « Ce soir, trois meutes vont courir ensemble pour célébrer notre amitié et les liens qui les unissent. » Elle tourne son visage vers le ciel et pousse un hurlement.

Les loups se mettent à courir vers les arbres, et différents hurlements se répercutent en échos, déchirant la nuit. Derek bondit vers Stiles et fait des cercles autour de lui, lèche son visage lorsqu'il se penche pour flatter avec sa main le flanc de Derek. « Je t'aime. Maintenant, allez, va courir avec ta meute. »

Stiles regarde Derek courir entre sa sœur et son cousin, trois beaux loups s'enfonçant dans l'obscurité pour y disparaître. Il se rend compte lorsqu'il rejoint les autres installés autour du feu et qu'il accepte de la main de Kira une guimauve plantée au bout d'un bâton que c'est le moment le plus heureux qu'il a vécu depuis longtemps.

Et pour la première fois, il n'a pas peur. Au lieu de la peur, il y a quelque chose à l'intérieur de lui qui ressemble étrangement à de l'espoir.

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Épilogue

Stiles attend d'arriver chez Derek pour ouvrir l'enveloppe. Le temps est encore froid, il y a eu une tempête de neige tardive pour la saison seulement quelques jours auparavant, et des plaques de neige subsistent encore au sol par endroits. Stiles enfile son sweat à capuche lorsqu'il sort de la Jeep et se précipite à l'intérieur de la maison.

« Hé, »appelle-t-il pendant qu'il enlève ses chaussures humides pour les poser devant la porte.

Derek sort de la salle de séjour pour le saluer, sourit et fronce les sourcils quand il se rapproche de lui. « Tu es frigorifié. Pourquoi ne portes-tu pas de manteau? »

« Parce que je suis paresseux et qu'il y a environ cinq pas qui séparent la porte de la maison de la Jeep. »

Derek frotte ses mains le long des bras de Stiles. « Tu es un idiot. »

Stiles fronce les sourcils, embrasse brièvement Derek avant de le contourner pour aller dans le salon. Jackson, Erica et Boyd sont assis sur le canapé, Cora est installée dans le fauteuil, Isaac et Allison sont sur un sofa, et l'autre sofa est vide. Stiles se laisse tomber immédiatement dessus. « Qu'est-ce qu'on regarde? »

« Cora a choisi, » dit Boyd. «J'ai décidé de couper court aux discussions puisque nous partons dans quelques minutes. »

« Où allez-vous? »

«Dîner avec ma grand-mère, » répond Boyd.

« Ma mère apporte mon plat préféré, » ajoute Erica avec un sourire. « Je lui ai dit d'en faire trois fois plus. Elle n'a pas encore pris l'habitude de nourrir une fille devenue loup-garou. »

« Personne n'a encore réussi à s'habituer à te nourrir et à te voir manger, » plaisante Stiles.

« Ma grand-mère se comporte encore comme si elle ne savait rien de notre condition, » reprend Boyd . « Chaque fois que j'en parle, elle dit: « Voyons, Vernon, ne parle pas de ce genre de choses à table » et elle secoue la tête. » Il prend un air exaspéré.

Erica frappe son bras. « Ne parle pas de ta grand-mère comme ça. J'adore cette femme. »

« Je l'aime aussi! » s'exclame Boyd.

« Mon pote, ta grand-mère est la meilleure. Elle m'a fait la meilleure recette de chou vert que j'aie jamais goûtée et aussi la tarte aux noix de pécan la plus sublime que j'aie jamais mangée pour Thanksgiving, » gémit Stiles à l'évocation de ce souvenir. « Je veux venir dîner avec vous. »

« Non, » dit Derek, en mettant son bras autour des épaules de Stiles. « Je t'emmène ce soir quelque part. »

« Dis à mamie Boyd que je viendrai la voir bientôt, »s'écrie Stiles. « Elle doit terminer de m'enseigner comment jouer à l'euchre, avec Hayden et Scott. Je pense que Scott va essayer d'impressionner Cathy en lui montrant qu'il maîtrise les règles d'un nouveau jeu de cartes. »

Lorsque Stiles jette un coup d'oeil à Jackson, qui est resté penché sur son téléphone et a à peine levé la tête, il lui lance : « Passe à Lydia le bonjour. »

« Dis-le-lui toi-même,» grogne Jackson. Stiles sort son téléphone et envoie immédiatement un message à Lydia.

Plus tard, après que Derek et Stiles sont revenus du restaurant, Stiles enfile son pyjama et s'assied sur le lit. Pendant que Derek s'affaire dans la salle de bain, il triture nerveusement l'enveloppe. Puis Derek entre dans la chambre à coucher, magnifique comme toujours, coiffé comme un as de pique et vêtu seulement de son boxer.

« Qu'est-ce que c'est? »demande Derek. Stiles lui donne l'enveloppe et les sourcils de Derek s'arquent de plus en plus haut sur son front au fur et à mesure qu'il déchiffre ce qui est écrit. « Ça vient de l'Université de Californie, à Davis. »

« Oui, » dit Stiles, en reprenant l'enveloppe. « Je ne l'ai pas encore ouverte. »

« Eh bien alors, ouvre-la! » s'exclame Derek.

Les mains tremblantes, Stiles déchire le papier. A l'intérieur se trouve une lettre avec deux brochures, et son cœur bat fort dans sa poitrine pendant qu'il la lit.

Nous sommes heureux de vous informer de votre réadmission ...

Stiles regarde Derek en état de choc. « Ils me laissent revenir. Je retourne à l'université à Davis. Ils me laissent revenir! »

Derek jette ses bras autour du cou de Stiles et le pousse sur le lit, en couvrant de baisers son visage.

Ils sont interrompus un instant plus tard, lorsque la porte de la chambre de Derek s'ouvre. « Alors, tu vas me quitter, hein? » Derek roule sur le côté et Stiles voit Cora appuyée contre la porte. «D'abord, c'est Jackson qui est accepté dans l'école qu'il visait, maintenant, c'est à ton tour. » Son visage se fend d'un large sourire. «Félicitations, Stiles. Je savais que tu pouvais y arriver. »

« Merci ,» dit Stiles en souriant. « Mais tu vas me manquer. Et comment tu vas t'en tirer avec les cours d'anglais, sans moi pour te lire les bouquins du programme ? »

Cora lève les yeux au ciel. « Facile. Wikipédia. »

Derek soupire. « Tu vas vraiment tirer profit de ton éducation dans le cycle supérieur. »

Cora hausse les épaules et les laisse tous les deux seuls, en fermant la porte derrière elle.

Stiles se met sur son flanc et mord sa lèvre, incapable de refréner un grand sourire. « Je vais retourner à l'université à Davis. Je vais terminer mes études de premier cycle, et les reprendre là où je les avais commencées.»

« Je suis tellement fier de toi, » dit Derek. « Tu l'as mérité. »

Alors que Stiles est couché sur le lit, dans les bras de Derek, plus tard ce soir-là, son cerveau se refuse à le laisser dormir. Il commence déjà à planifier ses cours, réfléchit à la façon dont il peut compléter son UV principale, réfléchit aux équivalences qu'il pourra obtenir, et se demande si la matière générale qu'il avait choisie est toujours celle qu'il veut faire. Au bout de deux heures, comme il ne trouve toujours pas le sommeil, il prend son téléphone portable, baisse la luminosité de son écran et , à la faible lueur de son appareil, commence la lecture des brochures envoyées par l'université pendant que Derek dort à côté de lui.

Ce n'est pas la première nuit qu'il perd ainsi le sommeil au cours des derniers mois qui se sont écoulés, et il sait que ce n'est pas la dernière. Il fait encore des cauchemars, il a encore des mauvais jours, et a encore du mal à sortir de son lit, de temps à autre. Mais chaque mois qui passe est un peu plus facile que le précédent. Et au moins, maintenant, Derek, la plupart des nuits, se trouve à ses côtés quand il émerge d'un cauchemar.

Pendant qu'il parcourt les brochures présentant les différents cursus proposés par l'université, il se met à penser que perdre le sommeil parce qu'il réfléchit à son avenir scolaire est la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis très longtemps. Et puis, encore une fois, il se rappelle que beaucoup de choses agréables lui sont arrivées récemment.

Il jette un coup d'oeil à côté de lui, vers le visage paisible et détendu de Derek, dont la respiration reste parfaitement régulière dans son sommeil. Aucun d'entre eux n'est parfait et il y a des jours plus difficiles que d'autres, mais il va mieux qu'il n'allait depuis longtemps. Cette fois-ci, il ne s'agit pas simplement d'essayer de se distraire de la dépression ou de la refouler ; cette fois-ci, c'est la guérison qui est en marche.

Et cette fois-ci, entouré de ses meutes, avec son père et Derek à ses côtés, Stiles commence à croire qu'il va guérir.

Non, il ne le croit pas; il le sait.

(1) death grip = ce terme désigne une masturbation si vigoureuse qu'elle peut entraîner une perte de sensibilité et tout intérêt pour le coït mais c'est aussi une prise de catch. Encore un jeu de mot que j'ai essayé de transposer en français du mieux que je pouvais...

(2): « bacon and eggs », dans l'urban dictionary, désigne le pénis – encore une fois, le jeu de mots est intraduisible !- donc j'ai essayé de trouver une alternative raisonnable. Je rappelle que le « service trois pièces » est une périphrase désignant le sexe masculin.

(3)encore un jeu de mot qu'il a fallu que je transpose ! Et en plus, il a été développé sur un paragraphe entier alors j'ai fait ce que j'ai pu !

Voilà, c'est la fin ! J'espère que l'auteure a réussi à vous captiver de bout en bout ... A plus tard pour une nouvelle traduction !