Note :

Bonjour à tous ! Cette fic a été écrite pour le défi lancé sur le forum French Miraculers : écrire une fanfic se déroulant dans l'univers de la danse. J'espère que ça vous plaira :)


Assis dans une chambre d'hôpital, Adrien se passait nerveusement la main sur la nuque.

Il détestait ce genre d'endroits. Les murs peints de couleurs pâles, les draps blancs, l'odeurs nauséeuse de désinfectant qui flottait dans les airs… tout lui rappelait avec une cruelle précision les douloureux jours qui avaient précédé la mort de sa mère. Cette dernière avait été emporté par une longue maladie, qui avait également asséché définitivement le cœur de son père et fait voler en éclat sa famille.

Le jeune homme se sentait suffoquer entre ces murs et n'avait qu'une seule envie : partir d'ici au plus vite.

- « Allez, ne fait pas cette tête », lui ordonna soudain la voix sèche de Chloé.

Adrien leva vivement la tête, rougissant comme un comme un enfant pris en faute.

Il tendit la main pour la poser sur le bras de son amie d'enfance, qui se trouvait allongée dans le lit devant lequel il était assis. La jambe droite de la jeune fille était emprisonnée par une gigantesque attelle, qui faisait complètement disparaitre son genou.

- « Ce n'est pas comme si c'était toi qui t'était blessé », reprit Chloé, tout en dévisageant son ami de ses yeux d'un bleu polaire.

- « Je sais », soupira Adrien. « Mais je… »

- « Plus important », le coupa brusquement la jeune fille, « Il faut penser à ma future remplaçante. »

Adrien cligna machinalement des yeux, surpris.

- « Ta remplaçante ? », répéta-t-il mécaniquement.

- « Oui, ma remplaçante », reprit Chloé avec un reniflement agacé, manifestement contrariée par la lenteur d'esprit dont faisait preuve le jeune homme. « Tu es un bon danseur, Adrien. Un très bon. De mon côté… »

Chloé s'interrompit, laissant pour la première fois ses émotions lézarder la carapace d'apparente indifférence qu'elle s'était jusque-là efforcée de maintenir. Lèvres pincées, elle tourna brièvement les yeux vers la fenêtre, refusant de croiser le regard d'Adrien.

Le jeune homme resta silencieux, laissant à son amie d'enfance le temps de retrouver contenance. Il connaissait suffisamment Chloé pour savoir qu'elle détestait montrer la moindre trace de faiblesse et qu'il ne ferait qu'attiser sa colère à tenter de la réconforter maintenant.

Chloé passa une main sur son visage en laissant échapper un profond soupir de frustration, avant de reporter finalement son attention sur son visiteur.

- « De mon côté », reprit-elle avec son assurance habituelle, « J'en ai pour des mois de rééducation. Tu ne peux pas rester aussi longtemps sans partenaire, ton père ne l'autorisera jamais. »

Adrien hocha machinalement la tête. Chloé avait parfaitement raison.

En tant que fils unique de l'illustre danseur Gabriel Agreste, fondateur du non moins célèbre institut de danse Agreste, Adrien était l'outil de promotion parfait pour le travail de son père. Ce dernier n'avait cessé de le faire participer à autant de galas et de concours que possible depuis son plus jeune âge, faisant ainsi la publicité de l'école à laquelle il avait consacré une large partie de sa carrière.

La blessure de Chloé portait sans le moindre doute un rude coup aux plans de Gabriel Agreste et bien qu'Adrien soit parfaitement capable d'assurer des représentations en tant que soliste, jamais le célèbre danseur n'accepterait que son fils fasse l'impasse sur les danses de couple durant des mois entiers.

En toute honnêteté, Adrien ne savait guère que penser de la situation dans laquelle il se trouvait à présent.

D'un côté, Chloé était son amie d'enfance et jamais il n'avait connu d'autre partenaire qu'elle. Il se doutait parfaitement d'à quel point elle était affectée par le fait d'avoir été aussi grièvement blessée et il se sentait sincèrement désolé pour elle.

Mais d'un autre, il ne faisait guère d'illusion sur la jeune fille. Elle était acariâtre, vaniteuse et savait se montrer absolument odieuse avec ceux qui avaient le malheur d'attiser son courroux. S'il passait autant de temps avec elle, c'était uniquement parce que leur activité commune les y obligeait.

De façon générale, la vie d'Adrien n'était guère enthousiasmante. Son strict emploi du temps était partagé entre sa scolarité à domicile, les galas et ses entrainements avec Chloé. La blessure inattendue de sa cavalière lui apportait l'espoir que son morne quotidien subisse enfin un heureux changement.

- « Naturellement », poursuivit Chloé, arrachant le jeune homme à ses pensées, « Pour la recherche de ta remplaçante, JE superviserai les auditions. »

- « QUOI ? », s'exclama Adrien, stupéfait par cette initiative inattendue.

- « Oui », répliqua son amie avec un sourire satisfait. « Ton père voulait laisser cette tâche à Plagg, mais j'ai su convaincre mon père que ce serait mieux si JE m'en occupait. Plagg a tout de suite approuvé. Il a même dit que je serai parfaite pour cette tâche », conclut-elle avec orgueil.

Adrien étouffa un petit rire. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que leur professeur personnel ne se défausse de cette tâche sur son irascible élève. Etrangement, Plagg avait beau être un excellent enseignant, il n'en avait pas moins un caractère exécrable qui lui faisait fuir autant que possible le commun des mortels. La simple idée de faire passer des auditions devait certainement le faire mourir d'ennui et il avait dû accepter la proposition de Chloé avec enthousiasme.

- « Quoi ? », lança Chloé d'un ton outré.

- « Rien… », éluda le jeune homme avec un petit sourire. « C'est juste… Je ne pensais pas que tu aurais particulièrement envie de te mettre à la recherche d'une remplaçante. »

- « Que les choses soient claires, Adrichou », répliqua Chloé d'un ton sec. « Je n'ai PAS envie d'être remplacée. Mais je le serai, avec ou sans mon accord. Donc j'aime autant avoir mon mot à dire sur la fille qui se retrouvera à danser avec toi. »


Adrien ignorait si c'était par volonté de ne pas décevoir Gabriel Agreste ou si c'était par pur orgueil, mais Chloé fit preuve d'une efficacité remarquable pour la préparation de l'audition qui allait permettre de rechercher sa future cavalière. La nouvelle fit le tour de l'institut Agreste en un temps record et à peine une semaine après sa sortie de l'hôpital, la fille du maire faisait un retour fracassant pour juger du potentiel des danseuses qui souhaitaient proposer leur candidature.

Usant des connections de son propre père, qui était l'un des plus généreux donateurs de l'école, Chloé avait réussi à réquisitionner l'une des plus anciennes et plus belles salles de danse l'institut.

- « Parfait », s'exclama-t-elle en arrivant, laissant son regard courir les moulures et le splendide parquet qui donnaient tout son cachet au lieu.

L'un des murs de la salle était entièrement garni de miroirs tandis qu'à l'opposé de l'entrée, de larges baies vitrées inondaient la pièce de lumière. S'aidant de ses béquilles, Chloé traversa la salle avant de se laisser tomber dans un fauteuil moelleux qui avait été mis spécialement à sa disposition. Adrien la suivit pour s'asseoir à côté d'elle, tandis que Plagg allait s'adosser nonchalamment contre un mur voisin.

- « Je pense sincèrement que personne n'arrivera à faire aussi bien que moi », lança la fille du maire avec une voix dédaigneuse. « Mais avec un peu de chance on trouvera quelqu'un avec un niveau acceptable. »

Retenant la pique acerbe qui lui montait aux lèvres, Adrien regarda son amie fouiller dans son sac pour de la voir en sortir une liasse de feuilles qui lui serviraient à noter les diverses prestations.

- « Bon, c'est parti », reprit-elle enfin en faisant tourner un crayon entre ses doigts. « Plagg ! Tu peux commencer à faire entrer les candidates. »

Le professeur s'exécuta en ronchonnant, tandis qu'Adrien s'enfonçait un peu plus confortablement dans son fauteuil en attendant le premier passage. Chloé avait arbitrairement décrété que chacun devrait présenter une chorégraphie en solo, et que seuls les meilleurs auraient le privilège de poursuivre l'audition par une danse de couple avec Adrien.

La première personne à entrer dans la salle fut Sabrina, la meilleure amie de Chloé – ou son âme damnée, selon les points de vue. Elle se lança dans une chorégraphie qui s'avéra rapidement être la copie conforme de l'un des solos de Chloé, au détail près que le niveau de Sabrina était loin d'égaler celui de l'acariâtre fille du maire.

Et bien que cette audition ait pour but de lui trouver une nouvelle cavalière, Adrien eut rapidement la sensation que Sabrina ne dansait que pour Chloé. Elle ne cessait de la fixer avec une insistance déconcertante, qui donna la chair de poule au jeune homme. A son grand soulagement, Sabrina ne fut même pas retenue pour les danses de couples.

Le départ de Sabrina fut suivi par l'entrée une fille aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus, qui se présenta sous le nom d'Aurore. Adrien la connaissait de vue, mais dans la mesure où il n'avait jamais eu le moindre cours en commun avec elle, il n'avait pas la moindre idée de son niveau. Hélas, il s'avéra rapidement qu'Aurore était très loin d'être une danseuse extraordinaire. Après une audition plus courte encore que celle de Sabrina, elle fut implacablement congédiée par Chloé.

Mylène, Rose et Juleka firent ensuite leur apparition. La très réservée Juleka regroupa ses cheveux noirs striés de violet en un haut chignon, avant de s'éloigner de ses amies pour se placer au centre de la salle. Pour son solo, la timide jeune fille délivra une prestation pleine de sensibilité et de grâce, qui lui fit gagner le droit d'essayer une danse en couple avec Adrien.

En revanche, dès qu'elle fut dans les bras du jeune homme, elle perdit aussitôt tous ses moyens. Elle se raidit, lui marcha sur les pieds, manqua de faire une crise de panique, avant de finalement s'enfuir en courant de la salle en affirmant qu'elle n'était faite que pour la danse en solo.

Après cette débâcle, Adrien tourna la tête vers Rose et Mylène. Ces dernières s'excusèrent aussitôt, lui annonçant en rougissant qu'elles n'étaient venues que pour soutenir leur amie. En ce qui les concernaient, elles étaient déjà elles-mêmes trop prises par ses entrainements avec leurs partenaires Ali et Ivan pour se permettre de proposer leurs services à un autre danseur.

A la grande surprise d'Adrien, la danseuse suivante fut un danseur.

Kim fit son apparition dans la salle, traversant la pièce avec autant d'assurance que si le monde lui appartenait avant de s'arrêter face à Chloé.

- « En fait, je suis venu pour toi », lui annonça-t-il d'une voix décidée.

Sans que personne n'ait le temps d'ajouté quoi que ce soit, il se lança dans une chorégraphie qui n'avait manifestement pas d'autre but que de séduire Chloé, mais qui s'avéra si embarrassante qu'elle donna à Adrien la furieuse envie d'aller se rincer les yeux au vinaigre.

Kim fut congédié par une Chloé rouge de colère et de honte, pour laisser place à Alix. Cette dernière se révéla être une soliste extrêmement douée, mais son audition en duo avec Adrien tourna ensuite au désastre. Alix refusait de laisser le jeune homme guider leurs pas, n'en faisait qu'à sa tête, avant de finir par changer complètement de style de danse au beau milieu de la chorégraphie sous prétexte qu'elle ne se sentait pas inspirée par le genre qui lui avait été imposé.


Les auditions enchaînèrent ainsi durant des heures, alternant relatives déceptions avec véritables catastrophes, sans que la moindre prétendante ne trouve jamais grâce aux yeux de Chloé.

A la fin de la journée, la patience de la fille du maire avait manifestement atteint ses limites. Son visage était à présent marbré de rouge tandis que son regard étincelait d'une fureur de plus en plus difficilement contenue. Elle commençait à présenter une inquiétante ressemblance avec une cocotte-minute prête à exploser et Adrien espérait fermement ne pas se retrouver parmi les dégâts collatéraux.

Affalé dans son fauteuil, le jeune homme se sentait quant à lui profondément découragé par la tournure des événements. Il avait probablement vu danser les trois quarts des filles de l'école et au point où en étaient les choses, il préférait encore se voir attribuer arbitrairement une cavalière par son père plutôt que poursuivre ces auditions un jour de plus.

- « Bon, j'en ai assez ! », s'écria Chloé en lançant rageusement ses feuilles de notes au sol.

Poussant un soupir las, Adrien tourna la tête vers la jeune fille.

- « Je ne compte même plus le nombre de personnes qu'on a vu », gémit-il d'un ton plaintif. « Il faudrait peut-être revoir tes exigences à la baisse. »

- « Hors de question ! », s'indigna son amie, sa voix perçante vrillant désagréablement les tympans d'Adrien. « J'ai pour mission de te trouver la meilleure des partenaires, et quand je veux quelque chose, je l'obtiens ! »

En dépit de l'agacement que lui faisait ressentir ce genre de remarques, Adrien ne put retenir un sourire amusé.

Chloé avait toujours été une enfant gâtée à laquelle André Bourgeois ne refusait rien, doublée d'une jeune fille d'un orgueil incomparable. Une fois qu'elle avait une idée en tête, il lui était impossible d'en démordre tant qu'elle n'avait pas obtenu satisfaction ou qu'elle n'était pas tombée sur plus fort qu'elle – ce qui s'avérait hélas rarissime, seuls Adrien et quelques autres de ses proches arrivant parfois à lui faire entendre raison.

Le jeune homme soupçonnait son propre père de ne pas non plus être étranger à l'extraordinaire motivation qui animait Chloé. D'un seul mot, le célèbre Gabriel Agreste était capable de faire et défaire les carrières des moindres danseurs de la capitale, ce qui lui valait la crainte respectueuse de la fille du maire.

Et quelque part, Adrien espérait également que Chloé ne se démène pas seulement pour son père, mais aussi un peu pour lui. Pour aussi égoïste que soit son amie d'enfance, elle était parfois capable de faire preuve de surprenants élans d'affection envers ceux qui lui tenaient à cœur.

- « Plagg ! », lança soudain Chloé d'une voix stridente, faisant sursauter Adrien. « S'il y a des retardataires, tu peux leur dire que l'audition est terminée. Adrien », poursuivit-elle en pointant un doigt autoritaire dans sa direction. « Tu viens avec moi. »


Quelques minutes plus tard, Chloé et Adrien se retrouvaient dans la voiture conduite par le chauffeur personnel du jeune homme, réquisitionné pour l'occasion.

- « Et donc, je peux savoir où tu nous emmènes ? », demanda Adrien avec curiosité, scrutant le paysage à la recherche d'un quelconque indice sur leur destination.

- « Oh, dans une de ces petites écoles minables dont la réputation n'a rien à voir avec celle de de ton père », répliqua Chloé en agitant dédaigneusement la main.

- « Et nous y allons parce que… ? », insista le jeune homme.

Chloé lui jeta un coup d'œil incisif, puis laissa échapper un lourd soupir.

- « Parce que je connais une fille qui pourrait certainement faire l'affaire », articula-t-elle lentement, comme si elle n'était pas réellement certaine d'avoir pris la bonne décision.

Le ton de sa voix attira immédiatement l'attention d'Adrien. Qui que soit cette fille, il en coûtait visiblement à Chloé de faire appel à elle. Mais d'un autre côté, son amie ne les aurait sûrement pas fait se déplacer si elle n'estimait pas que cette inconnue avait un niveau suffisant pour pouvoir danser avec lui.

Le jeune homme se pencha légèrement vers sa camarade en haussant un sourcil intrigué.

- « Une amie à toi ? », reprit-il, tandis que Chloé détournait résolument le regard de lui pour se mettre à contempler les immeubles qui défilaient à l'extérieur du véhicule.

- « Non, pas vraiment », répliqua-t-elle d'un ton pincé.


La voiture s'arrêta quelques minutes plus tard. Le chauffeur d'Adrien se hâta d'aller ouvrir la portière à Chloé pour l'aider à descendre avec ses béquilles, tandis que le jeune homme jetait un regard curieux aux alentours.

Au vu de la description qu'avait fait Chloé de leur destination, il s'attendait à découvrir un bâtiment décrépit, perdu au fond d'une ruelle obscure. A la place, il se trouvait devant un charmant immeuble niché au fond d'une adorable petite cour pavée. L'édifice n'était pas récent mais admirablement bien entretenu, et un panneau de bois sur lequel était élégamment peint le mot « Miraculous » ornait le dessus de la porte d'entrée.

- « Par ici », ordonna Chloé en clopinant en direction d'une large baie vitrée.

Elle s'arrêta derrière une large plante en pot qui la dissimulait à la vue des occupants de la pièce, avant d'adresser un bref geste de la main à Adrien pour lui intimer de la rejoindre.

- « C'est elle », lui souffla-t-elle d'un ton conspirateur. « Regarde. »

Le jeune homme s'exécuta, jetant un coup d'œil par-dessus l'épaule de son amie pour scruter l'intérieur du bâtiment.

Ils se trouvaient manifestement devant une salle de danse aux décorations d'inspiration asiatique, dans laquelle Adrien aperçu aussitôt une petite femme aux cheveux rouge vif. Son port élégant et sa tenue indiquaient qu'il s'agissait sans nul doute d'une danseuse, mais elle semblait en revanche être au moins aussi âgée que son propre père.

Adrien jeta un regard perplexe à son amie.

Peut-être que le genou de Chloé n'était pas le seul à avoir pris un coup.

- « Chloé… », commença-t-il d'une voix hésitante, « C'est peut-être une bonne danseuse, mais je pense qu'elle est un peu âgée pour moi… »

- « Mais non, idiot », le rabroua vertement Chloé. « Elle, c'est la prof. Je ne sais plus comment elle s'appelle. Tikka… Toki… Bref, un nom à coucher dehors. La fille dont je te parlais est là », poursuivit-elle avec un geste exaspéré de la main.

Suivant les indications de son amie, Adrien tourna les yeux en direction de l'autre extrémité de la pièce pour y découvrir une jeune fille de son âge. Vêtue d'un haut rouge à poids noirs et d'un confortable pantalon de sport, l'inconnue était en train de se rattacher rapidement les cheveux, les séparant en une paire de couette. Quand elle eut fini, elle jeta un bref coup d'œil à son professeur avant de se mettre à danser.

Et aussitôt, Adrien oublia tout le reste.

Devant lui, la fille pirouettait sur elle-même, bondissait, marquait un temps d'arrêt avant de repartir de plus belle. Il se dégageait d'elle une énergie presque palpable et le moindre de ses gestes était aussi gracieux que précis, preuve de longues années de pratique.

La jeune inconnue effectua une rapide série de pas avant d'enchainer par un mouvement d'une telle difficulté qu'Adrien en eut le souffle coupé. Il aurait pu jurer que son cœur avait raté un battement et il sentit avec certitude la brutale accélération de son pouls lorsque la fille se redressa avec un sourire triomphant sur le visage. Ses yeux bleus pétillant de joie, elle releva fièrement le menton avant de poursuivre sa chorégraphie par une nouvelle série de pirouettes.

Fasciné, Adrien était incapable de détacher son regard d'elle.

Cette fille ne dansait pas, elle vivait la musique.

- « On était dans la même classe au collège », lança soudain Chloé, rompant le charme. « Déjà à l'époque, elle était indécemment douée pour la danse. Je ne te cache pas que je ne l'aime pas, mais pour toi, elle sera sûrement parfaite », conclut-elle avec un petit reniflement hautain.

Toujours hypnotisé par la jeune fille qui pirouettait devant lui, Adrien approuva d'un distrait signe de tête. Chloé posa un regard indéchiffrable sur son ami, puis se redressa brusquement en s'appuyant sur ses béquilles.

- « Bon, on rentre », ordonna-t-elle d'un ton sans réplique. « Je retournerai lui parler plus tard, pour lui proposer de passer l'audition. »

Se levant à regret, Adrien jeta un dernier coup d'œil à la silhouette de la fille.

- « Et elle s'appelle comment ? », demanda-t-il à Chloé, dont le visage affichait toujours la même expression neutre.

Chloé suivit son regard, ses yeux se posant sur le haut rouge à poids noirs de la jeune inconnue. Elle laissa échapper un soupir exagérément contrarié avant de s'éloigner lentement. Alors qu'Adrien commençait à penser qu'elle allait ignorer sa question, Chloé tourna la tête pour lancer un unique nom par-dessus son épaule :

- « Ladybug. »