Salut à vous chers lecteurs, voici donc la suite que vous attendiez. En espérant qu'elle vous plaira, on se retrouve ne bas pour commentaire et réponses aux reviews comme d'habitude. Sur ce bonne lecture !

Chapitre XIII

Le jeune homme se détacha un peu d'elle alors qu'une aura sombre et verte l'entourait soudainement pour aller se concentrer dans sa chevalière, faisant disparaître masque et costume.

- Je … c'est moi Adrien. »

Suffoquée par cette révélation, frappée de plein fouet par le visage qui s'imposait devant elle, Marinette se recula violemment. Le jeune homme tendit une main fébrile dans sa direction mais sa partenaire fuit plus encore et se retrouva à terre, tremblante.

Elle n'en croyait pas ses yeux, ses pensées se mêlaient en un tourbillon d'incohérence, son crâne semblait sur le point d'exploser. Son cœur ne se remettait pas de ses palpitations et sa respiration était lourde et difficile. Elle n'entendait même plus ce que lui disait son coéquipier.

Il lui fallait de l'air, vite. Alors qu'il s'était levé pour la rejoindre avec prudence, elle se redressa maladroitement avant de se précipiter vers la porte, désarçonnée par cette improbable vérité .

Il pleuvait dehors, c'était bien la première fois que cela arrivait depuis sa découverte mais elle n'en avait cure. Elle utilisa son yoyo pour se laisser tomber en bas de l'arbre et se mit à courir sans même regarder où elle allait, sans même savoir pourquoi elle le faisait. Désemparée, désorientée, la panique guidait ses pas dans les bois.

C'était impossible, elle devait délirer, cet endroit la rendait folle sans aucun doute ! Chat, son partenaire était aussi le garçon disparu qui avait laissé un vide immense dans son cœur. Un vide qu'avait comblé son coéquipier.

Comble de l'ironie.

Elle pensait enfin passer à autre chose et voilà qu'elle apprenait qu'ils ne formaient qu'une seule et même personne. Elle était tombée amoureuse une deuxième fois du même individu, c'en était presque risible.

Il faisait si sombre que la jeune femme trébucha sur une racine et tomba brutalement à terre. Les genoux souillés de boues, elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. Ses yeux choisirent eux-même de se laisser aller et ses larmes se mêlèrent aux gouttes de pluie.

C'était tellement inespéré, inattendu, presque incongru. Marinette se sentait complètement déboussolée. Il fallait qu'elle se calme mais les spasmes de son corps ne semblaient plus vouloir s'arrêter. Elle se sentait idiote, pathétique à pleurer ainsi alors qu'elle aurait pu sauter de joie. Pourquoi pleurait-elle d'ailleurs ? C'était une nouvelle extraordinaire et heureuse !

Mais c'était trop brutal, cette révélation l'avait fait perdre pied. Ses pleurs n'étaient pas des larmes de tristesse mais plutôt le reflet de toutes ses émotions accumulées dans la soirée jusqu'à ce qu'elle arrive à sa limite.

Depuis trois ans, elle avait eu le temps d'imaginer d'innombrables scénarios quant à la disparition et au devenir d'Adrien Agreste. Il lui était parfois même arrivé de penser avec horreur qu'il ne faisait peut-être même plus partie de ce monde. Quelque part, c'était effectivement le cas mais d'une façon qu'elle n'aurait jamais pu imaginer…

Tentant de reprendre le contrôle, elle prit de profondes inspirations. Il était donc ici, tout ce temps, dans cet autre monde. C'était tout bonnement incroyable, presque irréel. Et dire qu'elle s'était tourmenté l'esprit à son propos, tiraillée entre le fantôme d'un adolescent disparu et son précieux partenaire.

Marinette était si bouleversée qu'elle n'entendit pas les crissements des branchages non loin d'elle, pas même qu'elle ne vit une étrange fourrure blanche entre les buissons.

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Le jeune homme était resté pétrifié après son départ précipité. Il savait que ce serait probablement un choc pour son amie, mais il ne s'était pas imaginé à quel point cela l'avait retourné. Il ne s'était pas non plus attendu à de tels aveux quant aux sentiments qu'elle avait pu éprouver pour lui et l'impact de sa disparition. Submergé par la culpabilité et le doute, il mit quelques instants à réaliser qu'il devait sortir de sa torpeur et la rattraper au plus vite.

Reprenant son apparence de Chat noir, le garçon se précipita à l'extérieur, anxieux. La nuit était tombée mais ce n'était pas ce détail qui l'empêcherait de la retrouver. Il ne mit pas longtemps à remarquer les empruntes de pas de sa Lady dans la terre humide et s'empressa de les suivre. Son pouls battait furieusement dans ses tempes, milles pensées lui traversaient l'esprit et surtout, une énorme boule d'anxiété gonflait dans son ventre. Peut-être avait-il fait le mauvais choix, peut-être allait-il la perdre.

Alors qu'il suivait la trace de la jeune femme à grandes enjambées, un hurlement guttural s'éleva brusquement de la forêt silencieuse. Le garçon se sentit parcouru d'un frisson d'effroi et accéléra le pas, épouvanté par ce grondement qu'il ne connaissait que trop bien.

Pour une fois, il aurait aimé se tromper. Pourtant, ces ailes grises, cette fourrure blanche marquée de noir, c'était bien un drynge. La créature s'élevait sur plusieurs mètres au dessus de la brune, agenouillée au sol, le regard incrédule. Voyant qu'elle ne réagissait pas alors que la bête s'apprêtait à abattre sa patte sur elle, il se précipita à sa rencontre et la repoussa violemment.

Sous la violence du choc, Marinette reprit brusquement conscience et observa avec horreur et impuissance son coéquipier prendre le coup à sa place et être projeté à quelques mètres contre un arbre. Son dos claqua brutalement lors de l'impact et il retomba lourdement, étourdi.

« Chat ! » s'écria-t-elle, affolée.

La jeune femme fut prise d'un violent vertige. Cet enchaînement de renversements embrouillait totalement son esprit. Mais parmi ce chaos, il y avait une information essentielle qui se distinguait en particulier. Chat noir, qui se trouvait être Adrien, était inconscient contre un arbre et un monstre le surplombait avec férocité. Il fallait qu'elle se reprenne et vite, l'essentiel à cet instant n'était pas qui il était mais qu'il soit hors de danger. Parce que malgré la débâcle qui se déroulait dans sa tête, il y avait une certitude qui ne changerait pas : elle tenait à son partenaire, plus que ne le voudrait l'entendement.

Elle saisit alors fermement son yoyo entre ses doigts, déterminée, ne souhaitant qu'une chose, en finir au plus vite et le rejoindre.

La créature voulut s'approcher de sa victime mais se retrouva bloquée dans son élan. Le câble enroulé autour de sa cheville l'empêchait d'avancer à sa guise, ce qui le mit immédiatement hors de lui. Retrouvant un intérêt pour Ladybug, il se retourna vers elle, prêt à combattre. Mais le terrain était à son avantage et elle put facilement esquiver son attaque, s'élevant sur les hautes branches d'un arbre avant de projeter son yoyo avec force contre le crâne de l'animal qui hurla de rage et de douleur. À son grand regret, ce n'était pas suffisant pour l'arrêter et il revint à la charge, fonçant vers l'arbre dans lequel elle se trouvait perchée.

Prise de court, elle sentit son perchoir s'ébranler et commencer une lente et dangereuse descente. Dans un fulgurent réflexe, la jeune femme élança son yoyo vers une branche voisine et s'y accrocha avant que l'arbre ne s'écrase bruyamment au sol.

Mais alors qu'elle tentait de trouver une solution pour se débarrasser du monstre, elle vit avec étonnement une silhouette noire grimper au mieux dans un arbre voisin.

« Chat ? » murmura-t-elle pour elle-même. Comprenant son intention, elle continua d'attirer l'attention du monstre par diverses attaques aériennes. Très vite, son compagnon se retrouva juste au dessus de la bête dont l'attention était toute dirigée vers la jeune femme. D'un geste déterminé, il leva le bras au dessus d'une énorme ramification et sous l'invocation « Cataclysme », la lourde branche céda et vint directement tomber sur la nuque de la créature, l'assommant complètement.

Ladybug descendit prudemment et s'approcha pour s'assurer de l'état d'inconscience de la créature, le cœur battant. Son coéquipier la rejoignit assez vite, se tenant douloureusement le dos, rappel lancinant de sa précédente chute qui l'avait presque assommé.

Elle savait qu'il était juste derrière elle, à quelques pas. Pourtant elle n'osait pas se retourner, coupable. Si elle n'avait pas fui de la sorte, jamais il n'aurait eu besoin d'intervenir et jamais il ne se serait retrouvé en danger. Elle avait eu si peur qu'il soit gravement blessé, la laissant seule avec ses regrets, ses doutes et ses interrogations. Marinette avait honte de l'avoir laissé ainsi alors qu'elle avait tant à lui demander et à lui dire. Alors qu'il devait probablement lui aussi être envahi d'autant d'incertitudes et de craintes. Il avait du se sentir rejeté et atterré par sa fuite.

« Ma Lady… tenta le garçon, indécis.

Il fallait lui répondre, donner un signe, n'importe quoi. Tentant de démêler ses pensées anarchiques, un seul mot lui vint tout d'abord à l'esprit.

- Pourquoi ? murmura-t-elle en retour. Pourquoi es-tu parti ? précisa-t-elle.

La jeune femme ne savait pas quoi dire d'autre. Elle avait bien une idée de la raison de cette disparition mais elle avait besoin d'explications, de l'entendre, qu'il lui parle pour qu'elle puisse remettre de l'ordre dans son esprit retourné. Il soupira, fatigué et accablé.

- Je te l'ai dit, je n'avais plus personne. Ma mère est décédée il y a si longtemps, la perte de mon père était insoutenable. Je ne pouvais plus rester chez moi, seul avec la secrétaire de mon père. Je ne supportais plus les services sociaux qui réfléchissaient à mon sort, je n'en pouvais plus de la presse et des journalistes qui clamaient la disparition du grand styliste Gabriel Agreste… »

Sa voix s'était légèrement étranglée, marquant une pause dans ses paroles. Elle n'intervint pas pour autant, attentive.

« Alors je suis resté un peu ici, avec Plagg et bien sûr Tikki. poursuivit le blond. Plagg m'a soutenu du mieux qu'il pouvait. Sans lui je crois que je n'aurai pas su me relever. Finalement les jours sont devenus des semaines et les semaines des mois. J'ai fui la réalité pour venir me réfugier ici, c'est lâche, je sais… Je suis désolé, désolé de vous avoir laissé derrière moi, de vous avoir abandonn-

- Ne dis pas de bêtises !» interrompit la jeune femme en se retournant enfin.

Heurtée par ses paroles emplies de douleur et de lassitude, elle en oublia sa culpabilité et sa confusion pour lui faire face. Le visage de son partenaire était emprunt d'une détresse qui lui serra le cœur. La pluie alourdissait ses mèches blondes et les collait contre sa peau pâle. Elle même sentait ses cheveux s'éparpiller sur son visage humide.

« C'est moi qui suis désolée, reprit-elle, j'aurais du m'en rendre compte, on aurait du s'en rendre compte Nino, Alya et moi. Mais même si on avait bien une idée de ce que tu pouvais ressentir, on était loin d'imaginer à quel point ça avait du être… insupportable, à quel point ta peine pouvait être grande ! »

Elle s'approcha de quelques pas, hésitante et reprit son discours à présent tout proche du blond.

« Tu n'es pas lâche, Adrien. Ta réaction n'a rien d'honteux et je pense même qu'on peut faire bien pire que s'enfuir dans une telle situation…

Elle frissonna à cette pensée et repoussa cette idée d'un mouvement de tête.

- Mais je vous ai blessé… souffla-t-il.

- C'est vrai, je mentirai si je disais le contraire, et… tu m'as manqué. murmura-t-elle en détournant le regard, embarrassée. Mais comment pourrais-je t'en vouloir pour ça ?

- Alors… Tu ne m'en veux pas ?

- Non, bien sûr que non. J'ai juste… paniqué. C'est complètement fou, toi ici ! Pardonne moi…

Le garçon laissa échapper un soupir de soulagement, reprenant espoir, sans pour autant pouvoir faire disparaître cette anxiété qui le tenaillait.

- Même pour t'avoir suivi ? tenta-t-il.

Il reçut une pichenette sur le nez à cette question, le surprenant.

- Je n'ai pas dit que je pardonnais tout ! répondit-elle malicieusement, tentant d'alléger d'atmosphère. Pourquoi ne m'as-tu pas fait part de tes suppositions ?

- Parce que… Parce que si j'avais raison, ça voulait dire que j'aurais du te révéler qui je suis et j'avais peur… termina-t-il en portant nerveusement sa main à sa nuque.

- Peur ? De quoi ? s'étonna-t-elle.

- Que tu m'en veuilles, que tu ne veuilles plus me voir, que tu partes ! s'écria-t-il comme si c'était l'évidence même. Je n'aurai pas supporté… ajouta-t-il plus bas.

La jeune femme se sentit rougir, son pouls s'était irrémédiablement accéléré à cet aveux.

- Vraiment ? fut la seule chose qu'elle fut capable de prononcer.

Devant l'adorable expression de sa partenaire qui, il y a encore une seconde faisait preuve d'une grande détermination, Chat noir avait un peu reprit contenance. Il eut un rire gentiment moqueur avant de plonger ses intenses orbes vertes dans son regard azuré.

- Tu en doutes ?

Elle frémit tandis qu'il approchait fébrilement une main de son visage, repoussant quelques mèches aventureuses. Marinette n'osait plus émettre le moindre son, confuse et troublée par le magnétisme de ses yeux brillants dans la pénombre.

- Je pensais que tu aurais compris. prononça-t-il avec détachement.

- Com-compris quoi ? bredouilla-t-elle.

- Que je suis fou de toi. »

L'aplomb qu'il avait mis dans ses mots lui fit perdre pied et le cœur de la jeune femme semblait tout bonnement vouloir sortir de sa poitrine. Elle chancela, étourdie par ses paroles et se rattrapa à ses épaules. Son regard envoûtant lui fit perdre ses derniers verrous de réserve et de retenue, et c'est sans plus aucune hésitation qu'elle vint écraser avec douceur ses lèvres contre les siennes.

Il n'y avait plus d'incertitudes, plus de pensées chaotiques, juste son partenaire et amour d'adolescence auquel elle s'accrochait comme jamais, agrippant ses épaules comme si sa vie en dépendait.

Électrisé par cette voluptueuse caresse, le jeune homme répondit avec toute la tendresse qu'il éprouvait et redécouvrit ces lèvres si tant désirées avec une lenteur étourdissante, encadrant son fin visage de ses mains. Il ferma les yeux comme pour mieux se laisser envahir par ses émotions tandis qu'un feu d'artifice de félicité et d'ivresse explosait dans sa poitrine. L'immense poids qu'il traînait jusque là s'envolait enfin, disparaissant sous le flot de sensations qui s'emparait de lui. Elle n'avait pas répondu à proprement parler à sa déclaration mais cette réponse le satisfaisait amplement, pour l'instant du moins. Il se sentit un peu idiot, comment avait-il pu douter de sa gentillesse et de sa compréhension ? Marinette, sa Lady, n'était pas le genre de personne à éprouver une haine et une rancœur déraisonnables envers quelqu'un.

À présent, il avait retrouvé la chaleur de ses bras et la douceur de ses lèvres. Et il comptait bien prolonger cet instant autant qu'il le pourrait, enchaînant les baisers sans pouvoir se rassasier. Il s'arrêtait parfois, tantôt pour reprendre son souffle, tantôt pour tempérer ses ardeurs et contempler ce visage si proche du sien.

Ce n'était pas comme leur précédent échange, fiévreux et empressé. Cette fois, les deux miraculeux prenaient le temps de mémoriser les textures, les saveurs, les sensations que leur procurait cette étreinte, insensibles au clapotement de la pluie battante ou à la fraîcheur de la brise qui l'accompagnait.

Mais malgré toute leur volonté, le temps s'égrenait inéluctable, indifférent à leur souhait. Un grognement derrière eux les fit sursauter. Ils avaient complètement oublié la créature qui gisait non loin d'eux et le drynge n'allait pas tarder à reprendre ses esprits. Chat noir apposa un doigt sur les lèvres de sa partenaire, lui intimant de ne faire aucun bruit et l'invita à le suivre aussi silencieusement et rapidement que possible.

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Traversant les bois dans la nuit, guidés par la vue perçante du garçon, ils atteignirent rapidement la petite cabane où seules quelques bougies éclairaient les lieux. Ladybug encore étourdie par les événements passés et gênée par ses mèches de cheveux trempés crut bon d'aller s'éclaircir les idées dans la petite salle de bain du garçon. Elle fila directement sans lui laisser le temps d'émettre un son ou d'esquisser un geste alors qu'ils avaient à peine franchi le seuil de la porte.

« Je-je vais me rafraîchir une minute ! » indiqua-t-elle au jeune homme qui s'arrêta avant elle dans sa chambre.

En réalité, si elle ne s'était posée aucune question alors qu'ils s'embrassaient passionnément précédemment, à présent elle se sentait presque gênée et ne savait absolument pas quoi dire ou quoi faire c'est pourquoi elle espérait que cet instant devant le miroir pourrait lui remettre les idées en place.

Voyant l'état catastrophique de sa coiffure, elle soupira de dépit et dénoua son long ruban rouge, laissant retomber son chignon en un long désordre de cheveux imbibés d'eau.

« Tiens ! » entendit-elle derrière elle.

La jeune femme se retourna pour se prendre en pleine figure la serviette amicalement jetée par son coéquipier. Bougonne, elle ne répondit rien et se contenta de frictionner sa chevelure noire avec entrain, observant du coin de l'œil son partenaire qui semblait l'imiter, assis en tailleur sur son lit.

Marinette s'observa à nouveau dans le miroir, indécise, frissonnante. Mais il ne fallait pas le faire attendre trop longtemps sans quoi il finirait par se poser des questions. Aussi, prenant son courage à deux mains, elle le rejoignit à pas mesurés alors que son cœur cognait furieusement dans sa poitrine.

Bon sang Marinette tu n'es plus une enfant ! C'est quoi cette réaction ? se fustigea-t-elle.

Le jeune homme lui l'attendait patiemment, et lui offrit ce sourire malicieux qu'elle lui connaissait bien. D'ordinaire, ça aurait agacé sa partenaire mais à cet instant, c'était un point de repère, une marque qui la rassurait.

De quoi avait-elle peur, après tout c'était Chat noir !

Il l'invita à s'asseoir face à lui d'un geste de la main, sur le lit. Elle ne se fit pas prier, un peu de stabilité lui ferait du bien.

Face à face, le silence s'installa sournoisement entre eux, pesant, gênant. Malgré l'assurance dont il tentait de faire preuve, le jeune homme n'en menait pas large. Marinette se contentait de torturer les draps blancs entre ses doigts, nerveuse. Finalement, ce fut Chat noir qui brisa leur mutisme.

« Je ne savais pas que l'anniversaire de mon départ était aujourd'hui. annonça-t-il pour engager la conversation.

- Ah ?

- En fait je dois avouer que je n'avais pas marqué ce jour d'une croix rouge sur mon calendrier. plaisanta-t-il maladroitement. Tous les jours avant mon départ se ressemblaient et je suis parti comme ça, sur un coup de tête… J'ai emporté une petite valise et je me suis enfui dans la nuit, comme un voleur…

- Hum… je vois. souffla-t-elle, compatissante. Qu'est-ce qui … qu'est-ce qui t'a fait prendre cette décision ?

Le jeune homme mit quelques secondes à lui répondre. Ce n'était pas le genre de souvenirs dont on aimait discuter mais plutôt des épisodes que l'on aimerait pouvoir effacer.

- Je savais que le lendemain, plusieurs journalistes devaient revenir pour discuter de ma situation. L'enquête n'avançait pas d'un pouce alors ils cherchaient des sujets auprès du célèbre ''fils orphelin''…

La brune acquiesça simplement. Il n'y avait rien à dire à cela, elle ne pouvait qu'imaginer l'insupportable insistance de la presse à son égard.

- Chaque année, il y a un article qui traite de vos deux disparitions et des photos sont placardées partout dans Paris. Une première fois pour ton père et quelques temps après, en ton honneur.

- J'aurai préféré qu'on m'oublie, m'enfin… on échappe pas à son passé.

La jeune femme ne savait quoi lui répondre, touchée par l'amertume et la douleur dans ses propos. Elle laissa quelques secondes passer, peut-être une minute, ou même deux et reprit par une vérité qu'elle avait encore du mal à intégrer.

- Je… n'arrive pas à croire que c'est bien toi. Je veux dire, la dernière fois que je t'ai vu c'était… pour un de nos cours de français, en seconde. On était tellement content de se retrouver dans la même classe avec Alya et Nino, et en même temps, on avait énormément de peine pour toi… Tu venais de moins en moins souvent en cours jusqu'à ce qu'un jour, tu te volatilises totalement… termina-t-elle avec une certaine mélancolie.

- Je suis vraiment désolé tu sais… Je ne pensais pas avoir fait autant de peines autour de moi. Toi, Chloé…

- Chloé ? Comment ça ? Elle sait qui tu es ? s'étonna la jeune femme.

- Euh oui mais-

- Donc tu l'as dit à Chloé avant de me le dire à moi ? s'enquit-elle en croisant les bras.

- Dois-je comprendre que tu es jalouse ? provoqua-t-il à son tour.

- Je ne suis pas jalouse ! rougit-elle alors qu'il lui adressait un sourire espiègle. Enfin de Chloé, peut-être un peu d'accord ! admit-elle. Et puis pourquoi tu lui as dit à elle ?

- Je n'ai pas vraiment eu le choix, elle m'a reconnu. Enfin… elle m'a vu quand je t'ai suivi l'autre jour, dans le parking et elle m'a suivi à son tour. Ensuite, ça n'a pas vraiment été difficile de faire le lien pour elle.

- Ah je vois… »

Un court silence s'installa de nouveau entre eux. Hésitante, Marinette prit son courage à deux mains pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

« Est-ce que… est-ce que je peux te voir ?

Cette demande étonna le jeune homme qui se sentit soudainement plus nerveux.

- Tu ne vas pas t'enfuir en courant cette fois ?

- Euh non, non pas du tout ! J'étais sous le choc tout à l'heure, tu comprends ? »

Il acquiesça d'un geste de la tête et prit une grande inspiration avant d'accéder à sa requête. Sous un halo de vert et de noir, Chat noir laissa place à un Adrien peu confiant. Mais voir l'expression de sa partenaire lui fit immédiatement reprendre son assurance. Les yeux ronds, la jeune femme le détaillait de haut en bas sans même s'en rendre compte, perdue dans sa contemplation, la bouche entre-ouverte.

« Ma Lady ? interpella-t-il, amusé.

Mais elle ne répondit pas, absorbée par ce qu'elle voyait. Retenant un rire, il posa son coude sur son genou, permettant à sa tête de prendre appui sur son poing, et la fixa avec un sourire en coin.

« Marinette ? tenta-t-il de nouveau.

- Ah euh oui pardon ! bredouilla-t-elle. Tu-tu as beaucoup changé !

- Ah ? Je ne te plais plus ?

- Non non pas du tout ! Enfin si beaucoup ! Je veux dire, tu es très bien comme ça ! Je dirai même que tu-tu es encore mieux ! Enfin tu étais déjà très bien avant rassures toi mais là tu as grandi et tu es plus… athlétique ? précisa-t-elle en tentant d'éviter de trop s'attarder sur le col de sa chemise ou les avant-bras découverts du garçon. Cela dit ce-ce n'est pas le plus important, enfin ça ne veut pas dire non plus que ça ne me plaît pas au contraire ! Oh mince mais qu'est-ce que je raconte…

Durant la durée de son monologue, le sourire narquois de son coéquipier s'était élargi alors qu'il la laissait vicieusement s'emmêler seule dans ses explications incohérentes.

- Je-je suis irrécupérable… » soupira la jeune femme en se prenant la tête entre les mains.

Un rire franc et complètement incontrôlable s'empara du garçon, finissant d'achever la brune. Rouge de honte, elle préféra s'ensevelir sous les draps, vexée et embarrassée. Amusé par sa réaction enfantine, une immense sourire toujours accroché aux lèvres, Adrien s'approcha prudemment de la masse qui lui tournait le dos, toujours assise avec plusieurs couches de tissus sur la tête.

« Ma Lady ? s'enquit-il en tira les draps qui la recouvraient. Excuse moi, je ne voulais pas me moquer de toi mais tu es tellement-

- Ridicule…

- Drôle et … mignonne. » corrigea-t-il.

Marinette ne se tourna pas pour autant et sentit le matelas derrière elle s'affaisser. Il s'était placé juste dans son dos, étendant ses jambes de chaque côté d'elle. Deux mains vinrent se glisser sur son flanc afin de l'entourer de ses bras et sa tête vint se poser sur son épaule. Elle frémit mais ne bougea pas d'un pouce, sentant son souffle tiède lui effleurer la joue.

« J'attends toujours ta réponse au fait. prononça-t-il d'une voix basse.

- À-à quelle question ?

- Je t'aime.

- A-ah.

Son cœur se mit de nouveau à clamer son existence à l'entente de ces quelques mots.

- Ce n'est pas vraiment la réponse que j'attends, murmura-t-il.

La chaleur irradiant son visage, Marinette sentit quelque chose d'humide et doux venir caresser la base de sa mâchoire. Elle ne put retenir un hoquet de surprise en comprenant qu'il l'embrassait dans le cou.

- Qu-qu'est-ce que tu fais ?

- Hum toujours pas ce que je veux entendre. souffla-t-il malicieusement dans son oreille.

La température de son épiderme grimpait en flèche et son souffle se faisait plus saccadé. Bon sang mais avait-il une petite idée de ce qu'il lui faisait subir ? Bien sûr que oui, il en avait une…

- Stupide Chat…

- Décidément, je vais croire que tu le fais exprès…

Un long frisson lui parcourut l'échine alors qu'il continuait de l'embrasser du bout des lèvres avec une lenteur délibérée, soulevant sa lourde chevelure pour atteindre sa nuque. La jeune femme se sentait perdre pied sous cette torture exquise tandis qu'une délicieuse effervescence se répandait dans ses veines. C'était bien la première fois qu'elle aurait aimé ne pas porter son costume, afin de lui laisser un plus large champ que la base de sa mâchoire ou le haut de son cou. Elle se retourna brusquement, à bout.

- Tu as gagné, je t'aime ! Bien sûr que je t'aime ! Aussi insolent et agaçant sois-tu, tu me rends dingue ! »

Il lui adressa un sourire satisfait et fier qui lui fit perdre toute patience. Agrippant le col de sa chemise d'une main, glissant dans ses boucles blondes de l'autre, elle plaqua fougueusement sa bouche contre la sienne. Il avait voulu la provoquer, il devait maintenant en assumer les conséquences.

Exalté par sa demande corporelle, le jeune homme l'accueillit avec fièvre et l'attira contre lui tandis qu'une de ses mains se perdait dans ses mèches encore humides alors que l'autre venait flatter sa hanche. Transportés par l'intensité de leur désir partagé, leurs baisers devinrent rapidement plus ardents et grisants, lui faisant perdre un peu plus le contrôle à chaque seconde. La langue mutine de la jeune femme sur sa lèvre supérieure finit par lui faire lâcher prise et il la renversa sans autre forme de procès pour se lancer dans une danse langoureuse et irraisonnée.

Mais c'était sans compter l'électrisante douleur qui vint lui traverser le dos, le faisant gémir au dessus de Marinette qui paniqua aussitôt.

« Ça va ? Oh je suis désolée c'est de ma faute ! s'excusa-t-elle, confuse. Si je n'étais pas partie tout à l'heure tu ne serais pas blessé ! Quelle idiote je fais, vraiment ! Et si je ne m'étais pas jetée sur toi, tu ne-

- Marinette ! interrompit-il. Tout va bien ! assura-t-il en se redressant avec précaution. Je me suis interposé en toute connaissance de cause et je ne regrette absolument pas que tu te sois ''jetée sur moi''.

Elle acquiesça simplement, troublée.

- C'est vraiment étrange, je veux dire je n'ai pas l'habitude que tu m'appelles par mon prénom !

- Ne t'inquiète pas, je ne le ferai qu'entre nous ! » affirma-t-il.

La jeune femme l'embrassa pudiquement sur le front avant de se redresser sous l'œil interrogateur de son compagnon.

« Je vais simplement chercher une de tes poches d'eau froide. » précisa-t-elle.

Ce petit écart lui permettait également de reprendre ses esprits après un échange… sulfureux. Il fallait vraiment qu'elle se maîtrise un peu plus avec lui. Mais comment pouvait-elle résister à cet imbécile au sourire insolent et au regard envoûtant, ex-mannequin et combattant hors pair de surcroît ? Difficile n'est-ce pas ?

Lorsqu'elle revint, il était allongé, les bras croisés derrière la tête. Marinette lui confia la poche et s'installa de l'autre côte, le dos appuyé contre le mur.

« Alors comme ça, tu étais déjà intéressé par moi au collège ? taquina le jeune homme.

- Oh s'il te plaît je me sens déjà assez idiote comme ça … soupira-t-elle.

- Pourquoi ?

- Parce que je suis tombée amoureuse deux fois de la même personne, c'est ridicule.

- En ce qui me concerne, je ne vois pas les choses comme ça.

- Ah ?

- Ça me conforte dans l'idée que je suis irrésistible !

- Adrien ! s'offusqua-t-elle.

- Je plaisante du calme ! pouffa-t-il. Ce que je veux dire c'est que c'est plutôt rassurant de voir que tu t'es attaché par deux fois à moi.

- Oh je vois… J'aurai aimé pouvoir en dire autant… ajouta-t-elle plus bas.

Cependant l'ouï fine du jeune homme avait très bien capté ce regret.

- Tu sais, je n'ai jamais dit que tu ne m'intéressais pas ! Seulement voilà, chaque fois que j'essayais d'avoir une conversation avec toi, c'était toujours difficile…

La brune opina de la tête, consciente qu'elle n'avait pas rendu le dialogue toujours facile entre eux, entre autre parce qu'elle était beaucoup trop gênée pour aligner plusieurs mots de façon correct et intelligible.

- Mais cela ne m'a pas empêché de t'admirer… La jolie Marinette toujours prête à venir en aide aux autres. » ajouta-t-il malicieusement.

Il se redressa et attrapa une de ses mains pour lui offrir un de ses baise-mains dont il l'avait déjà gratifié par le passé. La jeune femme lui rendit un timide sourire et vint effleurer de ses doigts fins le visage du garçon. Elle avait à présent tout le loisir de scruter ses yeux d'émeraude qui la fixait avec intensité, de caresser sa joue pour descendre redessiner les contours de sa mâchoire du bout des doigts. Elle remonta avec lenteur jusqu'à la base de son menton puis s'attarda sur ses lèvres avec envie.

« Si tu continues comme ça c'est moi qui vais finir par me jeter sur toi… » murmura-t-il.

Marinette sursauta et eut un petit rire embarrassé.

Il s'empara de ses lèvres quelques secondes puis se recula de nouveau, prenant place à ses côtés contre le mur.

Le silence revint une fois de plus mais cette fois, il était tranquille et apaisant. Ils profitaient simplement de la présence de l'autre, sans en demander plus.

« Au fait, pourquoi n'étais-tu pas là ce soir ? interrogea subitement la brune.

- Ah oui c'est vrai que tu étais à moitié endormie quand ça s'est décidé. Les gardiens se sont réunis pour discuter du problème 'Papillon' et je faisais le guet au cas où.

- Ah bon ? Je ne me souviens pas en effet… Et donc qu'en est-il ?

- On va devoir jouer les appâts ! » annonça-t-il d'un air énigmatique.


Pfiou et bien ! Vous l'aurez deviné, ce chapitre est vraiment essentiel pour nos deux héros. D'ailleurs la fin peut vous paraître un peu brutale mais je voulais que ce chapitre leur soit totalement dédié. Ils le méritent bien après tout.

Bon, j'espère ne pas vous avoir déçu, de quelques façons que ce soit. Marinette a fui au début et je sais que vous en aviez peur mais vous l'avez compris, ce n'est pas parce qu'elle le rejette ou lui en veut mais parce que c'est un choc vraiment conséquent.

Bon j'ai aussi conscience que (pour emprunter tes expressions Whiff) c'est un chapitre avec beaucoup de moments plein de choupitude, peut-être même trop me direz vous mais bon, parfois ça fait du bien …

Bref au prochain chapitre, nous devrions revenir à l'intrigue de cette histoire ! Je vous dis à très vite !

Bubullina : tes reviews me font toujours plaisir et bien rire aussi ! Je suis fière de toi, tu vois je t'avais bien dit que tes théories finiraient par se réaliser ! Je n'arrive pas à accéder à ton lien, ça a l'air d'être un truc spécial auquel tout le monde ne peut pas accéder. Mais je vois dans ce lien qu'il y a les mots monstres et compagnie et du coup maintenant je t'associe à Sully, c'est irrémédiable… Non haha je ne me suis pas inspirée de Denis Brognart, il faut dire aussi qu'il n'a pas inventé le « Ah » même si le sien est devenu culte. Merci encore !

Lolocando : ça me fait vraiment plaisir de voir que tu as aimé le chapitre précédent et j'espère que cette suite t'aura plus ! J'avais pensé aussi à ça au début, la ramener dans sa chambre mais ça aurait été trop… prince charmant. Enfin je dis ça alors que je viens d'écrire un chapitre guimauve en puissance… Bref à très vite et merci !

Whiff : Ne t'excuse pas, une maladresse arrive à tout le monde, et crois moi je suis bien placée pour le savoir… Bon j'espère que ta rage s'est estompée après la lecture de ce chapitre. J'ai quand même un peu – beaucoup – la pression avec ce chapitre… Erreur retrouvée, en fait ce n'était d'ailleurs pas une erreur mais un mot que j'avais oublié d'effacer. J'ai changé la tournure de ma phrase et oublié ce « les » qui bizarrement avec ta correction faisait aussi sens dans ma phrase. Comme quoi la langue française est vraiment malléable… Passons ! J'ai adoré écrire ce passage téléphonique entre Alya et Adrien donc je suis contente que tu aies apprécié ! Je pense qu'il fallait que les deux personnages soufflent un peu avant d'avoir « la » discussion. J'avoue avoir omis de le préciser mais les noms des gardiens sont effectivement japonais. Là encore je suis contente qu'ils t'aient plu, rassure toi nous les reverrons. Saino est un personnage particulier mais pas mauvaise. Je voulais un personnage qui ne soit pas évident à cerner et qui par contre comprenne très vite beaucoup de choses. J'espère que la suite ne t'aura pas déçu en tout cas, je ne suis pas franchement sûre de moi ! Merci encore et à très vite !

Guest : Non pité pas de lancé de crayon ! J'espère que ce chapitre aura apaisé ton courroux haha ! Merci pour ta review, ça me touche toujours !