Bonjour à tous !

Comme convenu, me voilà de retour pour l'ultime chapitre de cette fiction ! Ce fut un plaisir de la partager avec vous et je vous remercie infiniment pour vos jolies mots. Je tiens à faire un coucou aussi aux gens qui lisent sans laisser de reviews, je sais que vous êtes là et j'espère sincèrement que l'histoire vous a plus également.

Prise dans le bonheur d'écrire à nouveau après ma première fiction, j'ai été un peu plus loin que prévu sur "Pour que ça compte" ; à la base je voulais m'arrêter au chapitre 3 et en faire un OS ;p. Finalement j'ai continué un peu, je crois que c'est principalement grâce à vous, mais aussi parce que je suis complètement frustrée de l'inexistence de swanqueen dans la série.

gegedu76 : merci pour toutes tes reviews et tes jolies mots, j'espère te revoir sur la prochaine ahah ;p ; M.L Casper, la suite est là ! Merci pour ta review qui fait toujours du bien. OoO-RED-OoO, je crois que c'est mon dada de rendre la situation entre Emma et Regina totalement frustrante... Surement parce que c'est ce que la série nous a habitué à avoir. Merci ! Isacos : décidément, le mot frustrant revient à la pelle ;p Mais le principal, c'est qu'elles s'aiment ! Et qu'elles craquent ! Merci :) kensdo : On casse les non-dits dans ce chapitre 6, c'est promis ! Merci pour ta jolie review ;p. justinejannedu0760 : Alors, est-ce que ça se passera bien ou pas ? Je crois que je suis moi même tellement frustrée par OUAT que je ne peux pas penser une seule seconde à faire une fin qui ne soit pas heureuse ;p. Pilounana : c'est même carrément de l'amour ! Jetons donc le pavé dans la marre ! Merci :) Aima Cygne : Moi aussi je suis hyper triste que ce soit la fin mais je réfléchi déjà à une autre histoire, c'est promis ;) merci mille fois pour tes reviews qui font toujours un bien fou ! Bonne Ame : Hâte d'avoir ton avis sur cette fin ! C'est étrange de te voir commenter mes histoires, moi qui a lu mille fois les tiennes. Merci en tout cas, ça me touche beaucoup beaucoup :). McFly76 : Fin du suspens dès maintenant ! Perso, je serai à la place d'Emma je flipperai aussi. Je suis pas trop du genre à dire je t'aime après 4 jours (et encore !) de relation ahah. Merci en tout cas de ta review :)

BON ! Merci encore mille fois à tous ! Mais il est temps que je vous laisse avec la suite n'est-ce pas ? (Et en plus, surprise, elle est un peu plus longue ;p)

A très bientôt, je l'espère, pour de nouvelles aventures !

3


« Je suis amoureuse de Regina. »

Il y eut un silence gênant et affreusement douloureux pour la blonde qui gardait obstinément ses yeux rivés sur ses mains. Elle avait tout avoué. Tout balancé. En une seule et unique phrase.

Oh putain…

Elle venait d'avouer à ses parents qu'elle était amoureuse de Regina. Avant même de l'avouer à la concernée. Et elle s'était confiée à ses parents, qui avaient été les ennemis les plus impitoyables de l'ancienne Reine. Qu'est-ce qui lui avait prit ?

Elle avait eu besoin de le dire. Elle avait envie de l'exprimer si fort… de le hurler même.

Putain de bordel de merde.

Elle attendait leur sentence comme on attendait qu'un avion nous tombe sur la tête. A ce moment précis, elle avait l'impression d'avoir six ans et d'être cette petite fille qui venait de faire une bêtise, prise en flagrant délit. Elle attendait que papa et maman la punisse. Chose qui ne lui était jamais arrivée pourtant. Et elle pleurait déjà, voyant des grosses larmes tomber lamentablement sur la table.

Elle était amoureuse.

Ridicule…

Elle ne vit pas le regard échangé par les deux âmes-sœurs. S'ils étaient surpris tout d'abord, par l'annonce aussi rapide qu'inattendue, ils échangèrent un sourire entendu et un hochement de tête.

« Pourquoi pleures-tu ? »

Emma releva les yeux de son verre d'eau, surprise par cette question et par la voix si douce de sa mère qui s'était finalement permise de poser sa main sur son épaule, comme pour la soutenir. Elle la regarda alors étrangement, étonnée qu'elle ne s'attarde pas, dans un premier temps, sur la bombe qu'elle venait d'avouer sans prendre la peine de les préparer.

« Je suis effrayée… » commença la blonde avec cette étrange sensation d'être une petite fille. « J'ai peur de ce que ça peut signifier, j'ai peur du regard des autres, de leur jugement. Je m'en fou de ce qu'ils pensent mais j'ai peur que ça la fasse douter. J'ai peur de la perdre, à chaque seconde, à chaque instant. J'ai peur qu'elle se sacrifie pour nous sauver, Henry ou moi, parce que je sais qu'elle le fera pour l'un de nous deux si une menace arrive. Et cette dévotion envers sa famille, notre famille, m'effraie parce que je ne peux pas imaginer un monde où elle n'en fait pas partie. »

Comment était-ce possible ?

Cinq jours à peine.

Cinq putains de jours.

Et elle était complètement éprise d'elle.

« Elle est tellement… belle. Et parfaite. J'aime son amour pour notre famille. J'aime sa façon d'être, sa façon de paraître, ce besoin de s'affirmer auprès des autres. J'aime la reine qui sommeil en elle. J'aime quand elle sourit et quand elle pleure. J'aime quand elle débarque à Boston en pleine nuit juste pour me dire que notre histoire compte. J'aime quand elle me montre ses faiblesses et que sa carapace se fissure juste l'espace d'une seconde quand elle est dans mes bras. J'aime quand elle est forte et qu'elle se bat pour ses convictions. J'aime… »

Elle s'arrêta. A bout de souffle. Les larmes qui s'échouaient en silence sur ses joues semblaient la bruler et ses parents continuaient de la regarder tendrement, émus de voir leur fille s'abandonner. Et, pour la première fois depuis toujours, se confier enfin.

« J'ai peur de la perdre à trop l'aimer… » finit enfin la blonde, épuisée comme si sa tirade relevait d'un marathon.

Et la révélation la surpris elle-même. De l'entendre, sans demi-mesure et sans filtre, elle eut l'impression d'être encore plus pitoyable et pathétique. Une adolescente grotesque incapable de contrôler ses sentiments.

Putain de sentiments.

« Ce serait te mentir que de te dire que nous ne sommes pas surpris Emma. Jamais nous n'aurions pu imaginer que Regina et toi vous… » non, elle n'arriverait pas à terminer cette phrase, pas pour l'instant en tout cas.

Emma avait cessé de respirer, prenant doucement conscience que finalement, malgré tout ce qu'elle avait pu dire et affirmer, l'avis de ses parents comptait plus que n'importe quel autre. Et tout à coup, les blessures de toute une vie semblait se rouvrir une à une. Elle avait besoin de voir la fierté dans leurs yeux. Elle avait besoin qu'ils prennent soin d'elle, qu'ils la cajolent, qu'ils la rassurent. Elle aurait tout donné juste pour se sentir à nouveau bercée par les bras de sa mère.

« Finalement… Ce n'est pas si imprévisible que ça » choisi de finir sa mère d'une voix sereine.

« Vous avez toujours été des chiens et chats » constata David en se rapprochant des deux femmes de sa vie.

« Et puis, d'une manière ou d'une autre, vous aussi vous vous retrouvez toujours. »

Emma grinça des dents à l'entente de ces mots, lourds de sens.

« Je suis désolée… »

Elle ne savait pas quoi dire d'autre, incapable de comprendre elle-même la raison. Comment quelques jours avaient pu bousculer sa vie si profondément ?

« Pourquoi t'excuses-tu? »

« J'ai l'impression d'être faible. »

« L'amour n'est pas une faiblesse Emma. Bien au contraire… »

La voix douce de son père vint transpercer les tympans de la blonde qui s'autorisa, pour la première fois, à affronter son regard. Elle y vit tant d'amour, de bienveillance et de protection qu'elle se remit à pleurer.

Foutus, foutus et foutus sentiments !

« Ce n'est pas notre rôle de te juger, mais juste celui de t'aimer inconditionnellement. Et nous te suivrons dans chacun de tes choix nous respecterons chacun de tes sentiments et nous seront toujours là pour te soutenir. »

« Maman… C'est elle. J'en suis sûre »

« Alors qu'est-ce que tu attends pour le lui dire ? »

Elle avait peur.

Mais peur de quoi ? Maintenant qu'elle avait le soutien de ses parents, et celui de son fils… Les autres ne comptaient guère. Mais son amante accepterait-elle ? De l'entendre si tôt, de le comprendre et de le partager ? Emma haussa les épaules.

« Va la rejoindre… »

Et c'est exactement ce qu'elle avait envie de faire. La rejoindre, l'embrasser et lui confier ce qu'elle gardait pour elle depuis ce qui lui semblait être une éternité. Ou quatre jours. Oui, elle la voulait. Complètement, affreusement, démesurément.

Tout n'était que démesure.

Elle les remercia une dernière fois, touchée plus que de raison de leurs mots et leurs gestes. Le sentiment de se sentir enfin complète lui effleura le bout de sa joue quand sa mère y passa ses doigts, un regard bienveillant accompagnant ce geste. Elle pardonnait tout. L'abandon et les jugements, les maladresses et les manques. Et une seconde plus tard, elle était de retour dans sa demeure.

Regina s'affairait en cuisine et jura une énième fois après s'être brulée sur son plat tout juste sortie du four. Elle haïssait cette nouvelle faiblesse qui la rendait fébrile mais avec cette sorte de schizophrénie qui la rendait heureuse d'être… faible. Elle tremblait en pensant à Emma. A ses mains, à ses doigts… A ses yeux, à son regard qu'elle posait sur elle. Son amante la regardait comme si…

Comme si son monde tournait autour d'elle.

Et bon sang que ça faisait du bien !

Une poignée d'heures à peine la séparait de leur dernier baiser et déjà le manque se faisait ressentir. Mais à l'idée de passer une soirée en sa compagnie, accompagnées de leur fils, la rendait dingue de bonheur. Et parfois elle se haïssait d'être dans un tel état de fébrilité. Il y avait de l'inconscience dans ses gestes, de la folie dans ses envies. Ca dépassait l'entendement, le rationnel et le cohérent.

Comment était-ce possible ?

Et quand la sonnette de son manoir se mit en marche, son cœur fit un bon supplémentaire dans sa poitrine. Elle se concentra pour ne pas courir jusqu'à sa porte et sauter au cou de son amante. Devant le miroir de l'entrée, la mairesse passa une main dans ses cheveux, inutile replacement de ceux-ci, mais nécessaire pause pour remettre ses idées en place.

Il y eut un moment de flottement gênant quand elle avait ouvert la porte d'entrée. Son regard s'était posée sur Emma qui lui souriait idiotement et elle n'avait pas pu la quitter des yeux. Sa respiration s'était très probablement arrêté pendant que son cœur battait mille fois plus vite qu'habituellement. Mille fois… au moins !

Au bout de quelques secondes interminables, Henry se racla la gorge, haussa les épaules et se mit à rire doucement.

« Bon sang, quel âge avez-vous les mamans ? »

La remarque glaça le sang d'Emma et de Regina et les deux femmes cessèrent leur jeu de regard pour s'engouffrer dans le manoir dans un silence pesant.

« Ca sent bon » lança son fils alors qu'il retirait machinalement son blouson et ses chaussures pour les poser dans le meuble de l'entrée.

« Je… J'ai fait des lasagnes au saumon. »

« Ok… » dit-il suspicieux avant de croiser ses bras sur son torse et de toiser ses deux mères. « Bien… » rajouta-t-il avec un sourire en coin « Je vais dans ma chambre cinq minutes, pas une de plus, alors profitez-en pour faire ce que vous avez faire avant que la veine du front de Maman explose. »

Machinalement, et probablement trop rapidement, Regina porta sa main à son front avant de voir son fils monter les escaliers, comme prise en faute. Elle se tourna alors vers Emma qui s'était adossée à un mur et qui souriait en la regardant.

« Je la trouve très jolie moi… »

« De quoi ? »

« Cette veine, sur ton front. »

Regina se mit à sourire à son tour avant de faire un pas en avant pour la rejoindre.

« Devons-nous écouter les conseils de notre fils ? »

« Très probablement oui… »

Emma glissa son regard jusqu'aux lèvres de la brune qui semblait l'appeler plus que de raison pour s'appesantir sur son cou, sa clavicule qui s'offrait à vu et enfin jusqu'au décolleté qu'offrait sa chemise, et notamment sur ce bouton qu'elle savait délibérément ouvert.

Regina avait suivi les yeux de son amante qui parlait dans ce silence et qui retombèrent, à nouveau, sur ses yeux. Le léger rouge sur les joues de la blonde la fit tressaillir, ou peut-être était-ce ses yeux qui lui disaient de la faire sienne, là, maintenant…

Immédiatement.

Irrémédiablement.

Emma décolla son dos du mur pour s'approcher d'elle. Ses lèvres frôlèrent celles de la brune qui fit un geste de la tête pour s'approcher et se toucher, geste que lui refusa Emma qui s'éloigna de quelques centimètres dans un sourire espiègle. Elle sentit le grognement de la mairesse s'échouer sur son visage et elle regrettait déjà le jeu qu'elle venait d'instaurer.

« Si je craque maintenant Regina, il me faudra bien plus que les trois minutes quarante-cinq que nous laisse notre fils. »

« Il sait Emma… Et ça ne le dérange pas. »

Emma luttait. Contre Regina mais surtout contre elle-même. Elle était si belle, avec son chemisier pourpre et sa jupe courte. Elle rêvait de toucher ses bas sur ses jambes fines, retirer doucement ses talons hauts et l'embrasser sur chaque parcelle de peau qui se présentait à elle. Elles se seraient probablement caressées ci et là, ne prenant même pas la peine d'atteindre sa chambre. Et Emma savait qu'il ne lui suffisait que d'un effleurement idéalement placé, d'un baiser parfaitement maitrisé pour que ses paroles dépassent ses lèvres et viennent se perdre dans les tympans de son amante avec une brutalité inconsciente.

Elle devait se taire.

C'était nécessaire.

« Emma ? » demanda doucement la brune devant l'absence de réponse de la concernée. « Est-ce que tout va bien ? »

Elle lui fit ce sourire de façade avant de l'embrasser rapidement sur la joue et de quitter cette bulle qu'elles avaient pourtant formé. Regina soupira. Blessée.

Et pour leur premier repas tous les trois, l'ambiance à couteaux tirés fit grincer Henry des dents. Regina cherchait Emma du regard qui s'évertuait à la fuir de toutes ses forces. Il avait bien compris que leur relation était encore sur une pente glissante et qu'il était inutile d'y ajouter du savon supplémentaire, au risque de les voir toutes les deux tomber.

Il avait parlé de ses deux derniers jours à l'école, de l'invitation de Violet à son anniversaire et d'autres choses futiles sans jamais réussir à comprendre ce qui se passait devant ses yeux. Emma avait mangé son assiette sans commentaire et Regina, qui continuait de les servir faisait tout pour attirer son attention, en vain. Son cœur se brisa en voyant des larmes se former dans le coin des yeux de sa mère adoptive qui quitta la table, prétextant aller chercher la suite.

« A quoi tu joues 'Man ? »

« Quoi ? »

« Tu ne parles pas, tu évites Maman du regard alors qu'elle attend juste un mot ou un geste de ta part. Qu'est-ce qui t'arrive ? »

« Je… »

Elle avait déjà craqué une fois auprès de ses parents et s'était juré de ne pas le refaire de si tôt par peur de tout perdre. Et finalement, à force de se taire, tout partait en vrille.

Putain.

« Tu es en train de la faire souffrir. »

Emma releva la tête à ces mots, sentant son cœur se serrer avec douleur. Henry la regardait avec la même bienveillance que son père, un peu plus tôt dans la journée. Elle remercia le ciel d'avoir une famille si parfaite et se détestait d'être si faible.

« Je suis morte de peur Henry… »

« Pourquoi ? »

« Parce que ! Parce que… Parce qu'elle compte vraiment pour moi, parce que je ne veux pas la perdre. »

« Tu te rends compte qu'avec ton attitude, tu risques de faire tout le contraire ? C'est tout sauf compliqué de lui dire que tu l'aimes tu sais… »

Regina était revenue à ce moment précis dans la salle, sans qu'Emma ne sache si elle avait entendu ou non leur conversation. Elle y vit ses yeux légèrement rougis et sa culpabilité augmenta encore. Et cette fois ce fut à elle de chercher son regard qui ne se posa pourtant jamais sur elle.

« Bon… » finit par dire Henry qui s'impatientait dans ce silence pesant depuis plusieurs minutes « Vous êtes tellement bornée toutes les deux que ça en devient ridicule ! Je monte dans ma chambre » joignant le geste à la parole le plus-si-petit-garçon se leva avec son assiette dans les mains pour la déposer dans la cuisine. Il repassa par le salon avant de prendre les escaliers puis lança sans même se retourner « Faites en sorte que le prochain repas que nous passons tous les trois soit celui que j'attends depuis des années. Merci et bonne nuit ! Je vous aime. »

A ces mots, et pour la première fois depuis ce qui leur semblait être une éternité, ou peut-être même plusieurs, les deux jeunes femmes se regardèrent alors, toujours aussi surprises de la maturité qu'affichait clairement leur fils.

« Je suis désolée… » lâcha enfin une Emma toute fébrile.

« Je veux juste que tu m'expliques, je veux savoir à quoi je dois m'attendre… »

« C'est… J'ai… »

Elle soupira.

Merde.

Incapable d'aligner deux mots.

Incapable de lui dire.

Et pourtant…

« Il y a tous ces… sentiments étranges que je ressens et qui me rende dingue. J'ai l'impression de devenir folle ! »

« Je sais… »

« Non, non ! J'ai la trouille Regina ! Je suis terrifiée ! C'est comme si j'étais en train de réapprendre à respirer, comme si je découvrais qu'on m'avait menti toutes ses années sur ce que ça fait, comme si je m'étais menti après… après Neal, après Killian... C'était tellement… Rien… A côté de toi. »

« Je sais… » répéta Regina.

« A chaque fois que je pense à toi, je souris. C'est pathétique, j'ai l'impression d'avoir quinze ans. Et puis à chaque fois que je te vois, j'ai envie de… De tellement de choses. »

« Emma… » demanda doucement Regina qui voyait son amante perdre tout contrôle sur elle-même. « Je te comprends, je ressens exactement la même chose. Je veux juste savoir si c'est trop pour toi… »

« Le pire dans tout ça… Le pire c'est que… »

La blonde s'arrêta, semblant vouloir chercher dans le plus profond de son cerveau les réponses les plus difficiles. Toujours assise à sa place, elle grogna comme un animal en cage avant de poser ses coudes sur la table et d'enfouir sa tête dans ses mains.

Le repli, c'était bien.

C'était confortable.

C'était facile.

Regina se leva alors pour faire le tour de la table et s'asseoir sur la chaise à côté de la blonde. Elle posa doucement sa main sur la sienne pour la forcer à la regarder.

« Emma… »

Elle avait des yeux remplis de larmes qu'elle tentait de ne pas faire tomber. La brune caressa doucement la joue de son amante, plongeant son regard dans le sien. Elle s'approcha alors pour l'embrasser si délicatement et si tendrement qu'Emma avait envie que se baiser dure une éternité. Elles restèrent ainsi un long moment, jouant avec leurs nez, profitant du bonheur de respirer le souffle de l'autre. La blonde s'amusait à glisser ses doigts dans les cheveux de Regina qui avait fini par poser son front sur le sien.

« Parle-moi » supplia presque la mairesse, avec, à son tour, les larmes aux yeux.

« Je… »

« Si tu veux arrêter parce que c'est trop compliqué, alors je comprends. »

« C'est… c'est ce que tu veux ? »

« Non. Mais si c'est ce que tu veux, si c'est trop difficile pour toi, alors je m'y plierai. »

« Ce n'est pas ce que je veux Regina. Je veux même tout l'inverse. »

Regina se redressa alors légèrement, perturbée par les agissements contradictoires de son amante. Emma la fuyait depuis leur retour de Boston, elle avait l'impression de la perdre un peu plus à chaque seconde qui passait mais pourtant elle était encore là. Perdue, désemparée mais étrangement soulagée par ces mots, Regina était étrangement peu sûre de ce qui était en train de se passer.

« Alors qu'est-ce qui est pire Emma ? Je ne comprends pas… »

« Le pire… »

Elle s'arrêta.

Apeurée, puis souriante.

A ce mélange de sentiments qui la rendait folle, de la même manière que Regina le faisait.

« Le pire, c'est que je n'arrive pas à me souvenir avec exactitude du moment où je suis tombée amoureuse de toi. »

Regina hoqueta de surprise à cette révélation, peu certaine de ce qu'elle venait d'entendre ou peu certaine de ce qu'Emma venait de lui avouer. Elle la regardait avec une certaine peur au fond des yeux qui troubla Emma.

Elle avait été trop loin.

« Je suis désolée, je n'aurai pas du te dire ça si tôt. Je voulais me taire, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. »

« Non. »

« Quoi non ? » paniqua la blonde.

« Explique-moi. Explique-moi ce que tu viens de me dire… »

Emma la regarda étrangement, pas vraiment rassurée par l'attitude de son amante. Regina s'était levée de sa chaise pour s'appuyer sur un meuble, diablement loin de la blonde.

« On a passé notre première nuit ensemble il y a quatre jours, on est vraiment ensemble depuis tout juste vingt-quatre heures… Et pourtant je… » Elle regarda Regina qui ne la quittait pas des yeux. « Pourtant j'ai l'impression d'être avec toi depuis toujours et de t'aimer depuis le début. Je t'ai trouvé belle dès la première seconde. Je t'ai trouvé tellement intéressante en apprenant ton histoire. Tu étais devenue mon point de repère, la personne qui me rassurait en toute circonstance dans cette ville. »

Emma avait récupéré ses mains et les passait nerveusement dans ses cheveux, consciente qu'elle se confiait dangereusement sur la nature de ses sentiments.

« J'essayais de me souvenir le moment précis où ça a changé, le moment précis ou tu es devenue indispensable à ma vie. Peut-être… Peut-être que c'était quand tu m'as demandé de te ramener Henry quand il était coincé dans la mine et que pour la première fois je te voyais perdre le contrôle… Ou bien quand tu nous as sauvés avec ta magie près du puits, Blanche et moi, et que pour la première fois depuis longtemps tu redevenais la Regina qu'on connait tous aujourd'hui… »

Emma ne s'arrêtait plus, retraçant dans sa tête tous les moments qu'elles avaient partagés, si puissants, si importants pour la femme qu'elle était devenue aujourd'hui.

« Ou bien c'était quand tu as voulu te sacrifier en détruisant à toi seule le diamant dans la mine, quand on a réussi à sauver Henry à Neverland, quand tu étais la seule à pouvoir m'apprendre la magie et que ta patience nous a permis d'être plus forte ensemble. Tu étais la seule à croire en moi, en mes capacités, en ma magie… J'ai cru crever au moment ou nous avons du quitter Storybrooke avec Henry. Et toi… toi tu étais là, à vouloir nous donner des souvenirs merveilleux. Ton altruisme, ta gentillesse, ton sacrifice. J'avais tellement peur d'échouer avec Henry si tu n'étais pas là avec nous. »

C'était plus simple qu'elle ne l'imaginait. Se remémorer tout ces souvenirs qu'elles avaient passé ensemble. Emma se rendait compte au fur et à mesure de son monologue que Regina était le point de chute de ses dernières années. Que sans elle, rien n'était possible. Elle était son tout.

La personne qui lui permettait d'être celle qu'elle était aujourd'hui…

« J'étais tellement à côté de la plaque en te disant qu'on était amies ce jour là dans ton caveau mais j'avais tellement raison en te disant qu'on était spéciales, et même uniques. Tu as su trouver les mots quand j'étais à deux doigts de tirer sur Lily et tu étais la seule à pouvoir me calmer, parce que, comme tu me l'as dit à Camelot, je pouvais mentir à n'importe qui mais pas à toi. Parce que tu me connais par cœur. Et j'avais envie de tout détruire en te voyant pleurer sur tes souvenirs, en te voyant souffrir en revoyant la mort de Daniel et je m'en voulais tellement de te faire subir ça. Je voulais juste que tu sois heureuse. Même si c'était dans les bras de Robin, même si ça voulait dire que je devais m'effacer à son profit. »

Elle grimaça au souvenir de Robin, se rendant compte après coup avoir été complètement jalouse de leur relation. Emma avait cette étrange sensation de revivre leur histoire d'un point de vu bien différent maintenant qu'elle savait ce qu'elle ressentait pour Regina.

« C'est… C'est tout ces moments qu'on a passé ensemble et qu'on a partagé qui m'ont fait tomber amoureuse de toi. Et aujourd'hui j'ai l'espoir que je pourrais être celle qui te rendrait heureuse. J'y crois, j'y crois si fort que ça en devient douloureux. Et je ne voulais pas te le dire comme ça, je ne voulais pas te faire peur, te faire fuir à cause de mes sentiments trop fort. »

Elle avait lâché les vannes et, quitte à se confier, autant qu'elle le fasse totalement. Après tout, elle avait besoin de le dire et elle avait besoin que Regina l'entende. Emma savait que si c'était trop, la brune risquait de la rejeter et de faire des dizaines de pas en arrière. Mais ça lui faisait tellement de bien de le lui confier.

« C'est pour ça que j'ai été distante ces dernières heures. Parce qu'à chaque fois que tu m'embrasses, à chaque fois que tu me regardes, à chaque fois que tu poses tes mains sur ma peau, je crève d'envie de te dire que je t'aime Regina… »

Elle s'était enfin arrêtée, à bout de souffle face à cette déclaration. Et Regina la regardait toujours intensément, paralysée par ce qu'elle venait d'entendre.

C'était Emma.

Depuis le début, c'était elle.

Et elle s'en rendait compte que maintenant.

Il y eut une longue minute de silence qui dura une éternité pour Emma. Cette dernière ne savait plus quoi faire et s'évertuait à trouver un endroit à regarder. Ses mains, posées sur la table, semblaient être le plus simple. Elle s'en voulait d'avoir été aussi faible, de ne pas avoir su se taire. D'avoir tout gâché.

« Je suis désolée, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise avec mes sentiments. »

Regina soupira à ses mots, un sourire se dessinant sur son visage. Elle s'approcha alors de la blonde, tout doucement.

« C'est probablement quand tu m'as sauvé des flammes à la mairie… Ou bien quand tu as sauvé Henry avec ton baiser et que je me suis rendue compte que tu allais indéniablement faire partie de notre famille. Quand tu m'as rattrapé devant le Granny's et que tu as accepté mes excuses et que je me suis rendue compte que tu étais la première à croire en ma rédemption. Parce que tu as toujours été là, tu as toujours su quand je mentais et tu as toujours cherché à me comprendre et à aller au-delà de ce que je pouvais montrer. Je n'avais confiance qu'en toi. »

Regina s'était enfin rapprochée, confuse dans ses mots. Elle avait pris les mains d'Emma dans les siennes, lui demandant par ses gestes de se lever et de se tenir devant elle.

« Puis quand tu m'as dit que tu voulais tout faire pour que je trouve ma fin heureuse et que tu ferais en sorte de te battre coûte que coûte pour que je l'obtienne… Quand je me suis rendue compte que nous étions plus forte ensemble contre ce monstre volant en combinant nos magies. Quand tu étais la seule à me consoler après le départ de Robin… J'ai voulu te tuer à l'instant même ou tu t'es sacrifiée pour m'épargner des ténèbres. Bon sang Emma, une vie remplie des ténèbres ce n'était rien à côté d'une vie sans toi. Et je t'interdis de te sacrifier pour moi à nouveau parce que je n'y survivrai pas ! »

Emma restait muette mais un sourire incroyable inondait son visage. Elle avait ses yeux plongés dans ceux de son amante, plus belle que jamais.

« Il y a aussi eu le moment où tu es restée près de moi lorsque j'ai voulu retirer la méchante reine de ma personnalité et que tu me montrais ta confiance en moi… Et moi aussi, j'ai voulu m'effacer en te voyant heureuse avec Crochet, même si je restais persuadée que tu étais trop bien pour lui. »

Elle avait glissé ses doigts sur la joue d'Emma. Un sourire immense se redessinant encore sur ses lèvres.

« C'est avec tous ces moments là que je suis, moi aussi, tombée amoureuse de toi Emma. »

La seconde d'après, Emma avait embrassé Regina avec tout l'amour qu'elle lui portait, caressant son visage mille et une fois, savourant les promesses qui se cachaient derrière leurs mots et leurs confidences.

Elles s'aimaient…

De la plus pur et de la plus belle manière.

Et la nuit qu'elles passèrent après ces mots fut la plus intense de toutes celles qu'elles avaient déjà vécu. Pour que ça compte, elles usaient de leurs corps de la plus belle des manières. Parce qu'elles ne pouvaient s'empêcher de le dire, encore et encore, qu'elles s'aimaient.

Complètement. Affreusement. Démesurément.

Elles s'aimaient.

Ce soir.

Mais aussi demain.

Et tous les autres jours…