Amarok

5

La réserve de Noatak avait toujours été un abri, un refuge sûr, presque une seconde maison pour lui. En cet instant, elle était plus que ça. C'était une alliée. Tout semblait le guider vers sa cible. Les parfums, qui d'ordinaire se mêlaient par dizaines, s'effaçaient pour ne laisser que celui qu'il traquait. Il n'y avait plus aucun bruit autre que celui de ses pattes légères et son souffle court à la poursuite de celui, erratique, du cœur humain qu'il entendait battre comme un tocsin à ses oreilles sensibles.

Il trouva l'homme après une longue course qui le laissa haletant mais les muscles chauffés, déliés, souples et prêts pour la mise à mort. Il était tellement concentré sur cette empreinte olfactive d'alcool, de crasse, de colère et de peur, qu'il rejetait toutes les autres. Y compris celle de Stiles.

Lorsque leurs regards se croisèrent l'esprit de Derek eut un sursaut de conscience derrière celui du loup, plus primaire, mais il s'estompa très vite. Sa mémoire ancestrale tenta de le faire reculer, de lui faire prendre la fuite quand l'homme acculé braqua son fusil sur lui. Il combattit ce réflexe animal et bondit en poussant un aboiement qui claqua comme une sentence. La forêt fit silence tout autour d'eux.

La bête atterrit sur le torse du chasseur qui s'écroula en arrière. Le canon du fusil pointé vers le ciel laissa échapper une détonation assourdissante qui étourdit l'animal et le força à se tasser, les oreilles plaquées sur le crâne. Néanmoins, là encore il ignora tous les signaux d'alerte et attaqua.

Il fut rapide et efficace, comme tous les prédateurs. L'homme n'était vêtu que d'un tee-shirt ample. Sa gorge n'était absolument pas protégée. Si elle l'avait été, même d'une simple écharpe comme en hiver, peut-être aurait-il eu un peu plus de chance.

Les crocs du loup percèrent la carotide du premier coup. Le sang jaillit sur sa langue alors qu'il exerçait une pression mortelle sur la gorge de sa proie qui se mit à brailler avec désespoir. Sans aucun résultat, évidemment. L'homme se débattit, rua, tenta de repousser la bête mais ses forces le quittèrent rapidement. Il arrêta vite de bouger. De respirer. De vivre.

Cependant, son assaillant ne le relâcha pas immédiatement. Il continua de mordre puissamment jusqu'à ce que le sang cesse presque totalement de couler. Puis il redressa la tête, langue pendante, pour reprendre son souffle. Un filet de bave rougeâtre dégoulinait de ses babines. Son regard d'un bleu irréel accrocha la silhouette d'une autre proie qui le regardait sans bouger, sans même faire un geste pour se défendre ou fuir. Excité par le goût métallique de la vie et de la mort, le loup se ramassa sur lui-même, prêt à attaquer à nouveau, grondant et menaçant.

Le nouvel arrivant émit un son étrange que ses oreilles captèrent sans que son esprit en comprenne le sens. Il s'avança, les muscles contractés quand, enfin, la bulle de sauvagerie qui l'emprisonnait éclata. Il entendit alors la voix de Stiles :

- C'est moi !

L'animal se figea tandis qu'une douleur aiguë commençait à pulser dans son crâne. Il reconnut ce visage, l'odeur de cette peau, de ce corps qu'il connaissait. Et l'éclat doux de ses yeux derrière la peur qui le tenaillait malgré lui. Tout à coup, Derek fut là dans le corps du loup et il comprenait les mots. Il savait aussi que Stiles n'avait qu'une chose à dire pour que la transformation s'opère et qu'il redevienne celui qu'il était. Tout comme Jolan l'avait fait, des années plus tôt.

Mais il ne voulait pas que cela arrive, il ne voulait pas que Stiles voie ça. Avec un grognement, le loup amorça un demi-tour et bondit pour s'éloigner. Il entendit toutefois le jeune homme s'écrier derrière lui :

- Derek !

L'étau de feu comprima sa colonne vertébrale et la bête se tordit en poussant un glapissement, tomba en pleine course puis roula sur la pente d'une petite bute. La douleur le fit se contorsionner si fort que ses os craquèrent et ses muscles se tendirent au maximum.

Cela sembla durer plus longtemps que d'habitude et lui faire bien plus mal aussi jusqu'à ce que, enfin, il redevienne totalement lui-même. Il avait le souffle haché, ses bras et ses jambes tremblaient au point de le faire claquer des dents, et ses yeux étaient embués de larmes de douleur. La métamorphose était plus lente lorsqu'il ne devait compter que sur sa propre volonté mais bien moins douloureuse que quand quelqu'un rappelait son humanité. Comme Stiles venait de le faire.

Il releva difficilement la tête. Le jeune homme était debout à ses côtés. Il avait le soleil dans le dos mais il put tout de même clairement voir ses yeux écarquillés de stupeur qui le fixaient sans ciller. Après quelques secondes, il l'entendit simplement dire :

- Putain de merde…

...

- Bon sang, tu l'as tué.

Derek, enfin debout mais néanmoins appuyé d'une main sur un arbre, lui adressa un regard noir. Malheureusement cela ne dissuada pas Stiles qui, courroucé, insista :

- J'allais l'avoir !

- Ce salopard a poignardé sa femme.

- Il aurait dû être jugé pour ça.

- Une vie pour une vie.

- Bordel, mais tu t'écoutes ? On n'applique pas la loi de la jungle !

- Ose dire qu'il ne le méritait pas !

Stiles ouvrit la bouche mais ne dit rien. Manifestement, il était partagé. Derek ferma les yeux le temps que passe un vertige. Lorsqu'il les rouvrit, l'autre fouillait dans ses poches, les mains tremblantes.

- Merde, dit-il finalement, j'ai oublié mon portable dans ma voiture.

Derek soupira, désabusé.

- Tu penses avec quoi, tes pieds ? lui lança-t-il. Et s'il t'avait blessé, tu aurais fait comment pour appeler les secours !

- Avec des signaux de fumée, comme les Indiens.

- Tu es vraiment totalement inconscient.

Stiles pinça les lèvres, vexé, et tourna la tête. Manifestement, il semblait lutter pour ne pas avoir à le regarder. Sa nudité le gênait.

- Tu n'avais pas à faire ça, insista-t-il tout de même. C'est un meurtre, tu t'en rends compte ou pas ?

- À quoi tu pensais en te lançant tout seul à sa poursuite ? Ce gars a toujours été très violent, il t'aurait tiré dessus sans hésitation. Et si tu crois que sa femme est la seule personne que ce connard ait tuée, tu te trompes lourdement.

Les sourcils froncés, Stiles le regarda enfin, intrigué, puis son regard dériva de son visage vers une zone plus basse et il rougit avant de détourner les yeux.

- C'est perturbant, dit-il simplement.

- Fais avec, grogna Derek en se frottant les paupières.

- Tu finis à poil comme ça à chaque fois ?

- Ne commence pas avec les questions, par pitié…

- Je me souviens de la photo que Laura m'a montrée une fois. Tu t'en rappelles ?

Derek ne lui fit même pas l'honneur de lui répondre.

- Tu étais nu, dessus. En fait, c'était après une… transformation, c'est ça ?

Toujours sans répondre, Derek commença à s'éloigner. Le manteau de fourrure qu'il tenait pendait vers le sol comme la chose la plus inoffensive du monde. Après une très courte hésitation, Stiles le suivit.

- Tu crois vraiment que ça va se terminer là alors que tu viens de tuer quelqu'un ? lui demanda-t-il avec une certaine hargne.

- Non. Les choses risquent même d'empirer. Si les gens apprennent qu'un homme a été égorgé par un loup, l'Agence autorisera une battue.

Stiles ralentit un moment, le temps de réfléchir. Il comprit très vite.

- Nushka, dit-il simplement.

- Voilà, répliqua Derek sans se retourner. Ça fait des années que j'ai envie de buter cet enfoiré, pour tout un tas de raisons, mais je me suis toujours retenu à cause de ça. Sauf que là…

Il revoyait encore le corps étendu sur la civière et les enfants en pleurs dans les bras l'un de l'autre. Ses poings se serrèrent. Les poils du manteau étaient encore chauds dans sa main.

Ils ne dirent plus grand-chose durant le trajet qui les ramenèrent vers leurs véhicules. Une fois parvenu à destination, Derek se rhabilla pendant que Stiles, par le biais de la radio, tentait d'expliquer la situation à Jolan. Tout en fermant son pantalon, Derek lança :

- Dis-lui, vas-y. Il est au courant.

Installé derrière le volant de sa voiture de fonction, Stiles se tourna et lui adressa un regard perçant. Il révéla finalement ce qu'il s'était véritablement passé, en usant toutefois de mots prudents. Le Shérif se contenta de répondre qu'il arrivait puis coupa la communication. Derek termina d'enfiler son débardeur. Ses mains tremblaient encore.

Il n'avait jamais tué que du gibier, qu'il soit loup ou humain. Bien sûr il lui était déjà arrivé de dissuader des chasseurs qui n'avaient rien à faire en forêt à certains moments de l'année, les poursuivant en grondant comme une bête enragée parce que c'était ce qu'il y avait de plus dissuasif et que ça l'amusait beaucoup. Mais ôter une vie humaine ? Jamais. Il était écœuré. Il avait envie de vomir. Le goût du sang était tenace dans sa bouche.

Il se pencha dans la camionnette, sortit une gourde de la boîte à gants, aspira une gorgée de l'eau tiède qu'elle contenait puis la recracha aussitôt. Il s'essuya la bouche et répéta l'opération deux fois, sous le regard attentif et pensif de Stiles.

Les questions lui brûlaient les lèvres, c'était évident. Il avait deviné que Derek n'était pas encore prêt à les entendre mais il savait aussi avec certitude que c'était peut-être sa seule chance, aujourd'hui, d'obtenir des réponses.

- Et Laura, elle sait ? demanda-t-il du bout des lèvres.

Derek acquiesça simplement. Toute son attention était tournée vers les arbres. Stiles suivit son regard et frémit lorsqu'il vit l'éclat doré des yeux de Nushka qui les épiait dans l'ombre.

- Elle n'approche pas, constata-t-il, tellement curieux que cela sonna comme une question.

- L'odeur du sang humain la rend nerveuse.

Une surprise effrayée se vit sur le visage du jeune homme, qui garda le silence. Assurément, il n'avait jamais imaginé entendre ce genre de phrase un jour. Pourtant, courageusement, il tentait de ne rien laisser paraître de sa peur.

Derek avait envie de fuir. D'enfiler le manteau à nouveau. Qu'allait faire Stiles à présent après avoir vu tout ça ? Il fallait être fou pour continuer de côtoyer quelqu'un comme lui. Fou ou inconscient. Ou les deux. Aussi discrètement que possible, ses yeux glissèrent pour se poser sur le jeune homme perdu dans ses pensées.

Un poids énorme s'envola de ses épaules lorsqu'il réalisa que, maintenant, il savait la vérité. Le temps des suspicions était passé, il n'y avait plus aucun secret entre eux. C'était tellement libérateur qu'il eut l'impression de respirer enfin librement.

Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant que Jolan arrive à son tour. Il avait les traits tirés et les épaules basses mais la détermination brillait dans ses yeux noirs.

- Ne refait jamais ça, dit-il à Derek avec autorité. C'est le plus court chemin pour perdre ton humanité.

- Personne ne regrettera ce connard, grogna l'autre en réponse.

- Je suis le premier d'accord avec ça mais ce n'est pas une raison. C'est un meurtre.

- C'est ce que je lui ai dit, déclara Stiles en croisant les bras, mais il m'a envoyé bouler.

Toute la colère de Jolan se concentra tout à coup sur lui et il haussa les sourcils, surpris.

- Et toi, qu'est-ce qui t'a pris ? s'exclama le Shérif. Dans l'état où il était il n'aurait pas hésité à te flinguer.

- C'est ce que je lui ai dit, lança Derek avec un regard ironique en direction du jeune homme. Mais il m'a envoyé bouler.

Stiles se renfrogna et bougonna quelque chose d'inintelligible.

- On n'a pas le choix, soupira Jolan après quelques secondes de réflexion. On va devoir ramener son corps et faire un rapport en disant simplement qu'on l'a trouvé comme ça. Dans ces cas-là l'Agence est obligé d'agir, c'est la règle si les animaux sauvages commencent à s'en prendre aux habitants.

Il termina en s'adressant immédiatement à Derek :

- Tu vas emmener Nushka vers le nord pour quelques semaines, deux mois ce serait bien. À ce moment-là les températures commenceront déjà à chuter et nous serons tous trop concentrés sur l'hiver qui approche pour nous soucier encore de cette histoire. L'été prochain, plus personne n'en aura plus rien à foutre.

- OK, acquiesça simplement Derek.

Stiles ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. Il semblait triste mais tentait de le cacher.

Dès que sa colère commença à refluer et que le contrecoup de son acte le laissa vide, Derek prit conscience que, pour lui et Nushka, les choses allaient être différentes.

Jolan avait dans un sens raison, il suffisait de laisser passer un peu de temps pour que les choses se tassent d'elle-même. Toutefois à présent ses collègues de l'Agence se montreraient beaucoup plus vigilants lors de leur patrouille, et plus laxistes envers les chasseurs. Les lois et le règlement passaient toujours après la sécurité de chacun.

Nerveux, il regarda son vieil ami s'enfoncer avec Stiles dans la forêt, puis partit à son tour.

Son cœur se serra lorsqu'il réalisa tout à coup qu'il n'avait en fait pas envie de partir. Et c'était bien la première fois depuis qu'il avait acquis ces capacités qu'il ressentait ce tiraillement entre la vie sauvage d'un côté, et sa vie à Noatak de l'autre.

...

Il abattit sa hache avec force et se redressa pour étirer son dos. Un vent froid venu de l'ouest souffla sur la toundra. Il en sentit la morsure sur ses pommettes mais pas sur ses joues ni son menton, recouverts d'une barbe noire.

Presque trois mois avaient passé. Il avait été heureux de constater, en revenant en ville, que Stiles n'avait pas changé d'avis. Il était toujours là. Ils n'avaient toutefois pas encore eu l'occasion de se revoir, de se parler. Un moment que Derek craignait autant qu'il espérait.

Malgré l'éloignement et le temps qu'il avait passé dans les bois, le jeune homme n'avait pas quitté ses pensées, à tel point qu'il lui était parfois difficile de rester sous sa forme de loup tant tous ces souvenirs et ses envies prenaient parfois le dessus. Partager son secret avec quelqu'un lui faisait du bien malgré l'appréhension qu'il ressentait toujours. Bien sûr, il y avait Laura, à qui il avait dû tout avouer lorsqu'elle s'était installée pour vivre avec lui, et Jolan, mais ses liens avec eux n'étaient pas les mêmes et n'avaient pas le même impact sur lui.

Il avait cru, des années plus tôt, que sa sœur avait sauvé son humanité, mais ce n'était pas tout à fait vrai. En réalité, elle lui avait permis de garder une attache, de ne pas se laisser totalement séduire par la liberté du monde animal. En avait résulté une sorte de dualité difficile à supporter, un état entre deux où il avait toujours un pied sur la frontière à ne pas dépasser. Il avait vécu toutes ses années en étant incapable de faire un choix, la vérité était là.

Son attachement à Stiles ne l'avait pas forcé à prendre une décision dont il eut ou non conscience, mais simplement aidé à trouver une certaine stabilité. La forêt et le loup n'exerçaient plus un attrait suffisamment séduisant sur lui pour qu'il soit déchiré entre les deux mondes. Il avait retrouvé sa place, même s'il était évident que le manteau lui servirait toujours.

Il était perdu dans ses pensées lorsque le vrombissement d'un moteur lui fit tourner la tête. Il quitta la toundra des yeux et regarda vers la route. Une voiture de patrouille venait de se garer. Stiles en descendit. S'il manquait cette occasion de lui parler seul à seul, Derek savait que ce serait compliqué d'entre avoir d'autre. Sans hésitation, il partit à sa rencontre, sa hache dans la main.

Son visiteur en était à frapper une seconde fois à la porte lorsqu'il jaillit d'un côté de la maison, le faisant sursauter.

- Merde ! s'écria le jeune homme en reculant de quelques pas. La trouille de ma vie ! T'es con !

Derek arqua un sourcil sans répondre. Ils se regardèrent un moment avant que Stiles n'éclate de rire.

- Cro-Magnon, le retour, se moqua-t-il. Tu ressembles vraiment à l'homme des bois dont j'ai fait la connaissance il y a deux ans. J'ai cru que t'allais me couper la tête avec ta hache ce jour-là.

- J'allais me faire un café, répliqua simplement Derek en s'approchant.

- Ah. OK.

Il ouvrit la porte qu'il laissa grande ouverte. Stiles était libre de comprendre, de choisir. Après un moment d'hésitation, le jeune homme franchit le seuil et ferma derrière lui.

- Sans Feu de l'Enfer pour moi, merci, lança-t-il en retirant sa parka.

Les températures étaient déjà assez basses pour rougir son nez et ses oreilles. Bientôt, les premières neiges allaient tomber, les jours raccourcir encore davantage, et la période de chasse serait ouverte.

Deux ans, déjà, depuis leur première rencontre.

Derek mit l'eau à chauffer dans la bouilloire en fonte dont sa sœur refusait de se débarrasser et retira son manteau qu'il accrocha tout naturellement à la paterne près de l'entrée. Un silence plus tenace s'installa. Surpris, il tourna la tête. Stiles ne quittait pas la fourrure des yeux.

Puisqu'il avait tout découvert Derek avait été persuadé que le jeune homme questionnerait Laura et Jolan pendant son absence, mais sa sœur et son ami avaient été formels : il ne leur avait rien demandé. Comment faisait-il pour réfréner ainsi sa terrible curiosité ?

Soudain, comme s'il avait entendu sa question, Stiles s'approcha du vêtement, s'arrêta à un mètre de distance comme s'il craignait d'être attaqué, et dit :

- Jolan a la même chez lui, sauf qu'elle est grise.

- Oui.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est le grand-père de Nushka.

Les sourcils de Stiles s'élevèrent tellement qu'ils disparurent sous les mèches qui lui tombaient sur le front.

- Sans rire ? lança-t-il, étonné. Donc il… se transforme, lui aussi ?

- Plus depuis des années, répondit Derek, soulagé de constater qu'il lui était en fait très facile de parler.

Le jeune homme sembla enfin céder à une pulsion qu'il réfrénait depuis longtemps : rapidement, il leva la main et l'enfouit dans les poils épais du manteau.

- Il est chaud, constata-t-il avant de demander : il se passe quoi si je l'enfile ?

- Je ne sais pas, répondit Derek. Rien, probablement.

Si ses souvenirs étaient bons, Laura lui avait posé exactement la même question avant une centaine d'autres. Depuis, il la soupçonnait d'avoir porté cette fourrure en catimini, la nuit par exemple, lorsqu'elle croyait qu'il dormait.

- Pourquoi ? répliqua Stiles avant de demander aussitôt : il ne suffit pas de le mettre ?

C'était la partie de l'histoire que Derek redoutait le plus. Celle qui l'avait fait pleurer lorsque Jolan lui avait raconté.

-Non, répondit-il avec nervosité. Pour qu'il garde ses propriétés, il faut l'arracher à un loup qui meurt. Ou vient de mourir.

Les yeux écarquillés de Stiles se braquèrent immédiatement dans les siens et Derek sentit la honte et l'émotion le prendre à la gorge. Il déglutit, en espérant que cela soit discret.

Derrière lui, l'eau se mit à bouillir. Il retira la bouilloire du feu et versa son contenu fumant dans deux tasses pleines de café en poudre. Ses mains tremblaient légèrement. Dès qu'il entendit la voix hésitante de Stiles, il se hérissa.

- Tu as…

- C'était un accident ! le coupa-t-il vivement. J'ai voulu empêcher Murphy de lui tirer dessus. Le coup est parti.

Stiles garda à nouveau le silence quelques instants, puis dit :

- Je comprends.

Derek devina qu'il disait cela par rapport à la dernière discussion qu'ils avaient eu des mois plus tôt aux abords de la forêt, après son acte de mise à mort, pour la clore définitivement. Il poussa un imperceptible soupir de soulagement, versa un peu d'alcool dans l'une des tasses et tendit l'autre à Stiles.

- C'était la mère de Nushka c'est ça ? demanda ce dernier.

Derek acquiesça d'un simple signe de tête, but une gorgée, et précisa :

- Elle s'appelait Satinka. C'était la fille de Jolan. Mais je ne l'ai su qu'après.

- Et tu te sens coupable.

Ce n'était pas une question, simplement une constatation cruelle de naïveté que Derek reçut comme un coup de poing qui lui coupa le souffle. Il ne prit pas la peine de répondre tant il savait que c'était évident. Bien sûr qu'il s'était toujours senti responsable de ce drame et, malgré tout ce que ça avait d'égoïste, il avait envie de se défaire de cela, de ne plus laisser ce qu'il s'était passé le ronger jusqu'à l'épuisement.

Stiles posa alors une question qui, aussi étrange que cela puisse paraître, brisa définitivement la glace :

- Je peux quand même le mettre ou pas ?

Derek ne put s'empêcher de pouffer de rire. Stiles venait tout simplement de lui faire comprendre qu'il acceptait tout. Son passé, son secret, celui qu'il était. Il lui tendait la main, prêt à l'aider à se relever, voir plus loin que sa culpabilité. Un geste qu'il n'espérait plus et qu'il accepta sans hésitation.

- À une condition, déclara-t-il, tout sérieux retrouvé.

Stiles le questionna du regard, à la fois prudent et surpris. Derek posa sa tasse et s'approcha de lui. Plus l'écart se réduisait entre eux et plus les sourcils du jeune homme se haussaient. Il ne put s'empêcher de reculer un peu, jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment proches pour que le bord doré de ses yeux d'ambre autour de la pupille lui apparaisse. Il lui sourit, derrière le foisonnement de sa barbe noire.

- Hors de question que je te coupe à nouveau du bois, tu vas apprendre à te servir correctement d'une hache, dit-il avec légèreté.

Le jeune homme gloussa en réponse et dit, taquin :

- Si tu as l'intention de me donner un cours comme avec la motoneige, on est foutu.

Incapable de résister plus longtemps, Derek l'embrassa. Stiles lui rendit immédiatement son baiser, sans hésitation, comme s'il n'attendait que ça, tout en entourant ses épaules de ses bras. Ses mains fébriles plongèrent dans ses épais cheveux noirs et Derek grogna. Il avait toujours adoré ça.

Après quelques minutes, il se détacha néanmoins de lui et l'attrapa pour l'attirer dans sa chambre.

- Ah ouais, comme ça ? s'amusa Stiles. Même pas tu m'invites au restau avant, t'es vraiment un goujat.

Derek retira son tee-shirt et répondit, ébouriffé :

- Il n'y a pas de restaurant à Noatak, rien que le bar miteux d'Odi.

- Peut-être, répliqua Stiles en se déshabillant à son tour, mais ses frites sont à se damner.

- Tu vas vraiment me parler de frites dans un moment pareil ?

- Quoi, tu préfères que je te parle de sa super quiche aux oignons ?

Le jeune homme rit tout naturellement et se laissa tomber sur le lit avant de se tortiller pour se débarrasser de son pantalon.

- Je crois que je commence déjà à le regretter, grommela Derek.

- Mais non ! répliqua énergiquement Stiles.

Il se redressa brusquement avec une telle rapidité pour l'attraper par la ceinture que Derek n'eut pas le temps de l'éviter et bascula sur le lit avec lui. Très vite, il se retrouva emprisonner entre les jambes de son amant.

...

Un an plus tard…

Scott descendit de l'avion et rentra immédiatement la tête dans les épaules. Stiles lui avait pourtant dit que la température n'était pas spécialement basse ! Certes, il ne neigeait pas encore, mais le vent qui soufflait était tellement froid qu'il sentit ses orteils se recroqueviller au fond de ses chaussures.

Il entra dans l'énorme bâtiment gris qui enregistrait les débarquements et commença à se demander ce qui lui avait pris de venir jusqu'ici. Le ciel n'était qu'un amas de nuages lourds et blancs, sans commencement ni fin, l'horizon était brun, parsemé de plaques grises qui devaient être de l'eau stagnante et la forêt, plus au nord, était si dense qu'elle n'en paraissait pas verte à cette distance, mais noire.

Pourquoi Stiles avait-il décidé de s'exiler dans une telle région ?

Il avait cru, durant quelque temps, que son meilleur ami avait fini par se défaire de sa culpabilité comme lui y était parvenu, mais peut-être s'était-il trompé. Lorsqu'il sortit, il était convaincu que Stiles était venu jusqu'ici pour se cacher. Mais dans ce cas, pourquoi lui avoir offert des vacances ici ?

- Scotty !

Un énorme sourire plaqué au visage, Stiles se rua vers lui et lui sauta presque dans les bras. Content mais surpris, Scott lui rendit son étreinte.

- Tu n'as pas froid ! ne put-il s'empêcher de s'exclamer en voyant qu'il n'était vêtu que d'un simple blouson qu'il n'avait même pas fermé.

- Non, répondit son ami avec énergie.

- Je me les gèle !

- On s'habitue.

- Tu es sûr ?

Stiles gloussa et le serra encore une fois contre lui avant de le libérer. Lorsqu'il lui parla encore, Scott sentit l'alcool dans son haleine et son cœur se serra. Alors il ne s'était pas trompé, il allait vraiment mal.

- On t'attend tous au bar, déclara-t-il joyeusement.

- Et vous avez commencé sans moi, apparemment, répliqua Scott avec un rien de remontrance.

Son ami se contenta de passer l'un de ses bras sur ses épaules pour l'entraîner avec lui dans les rues. Elles étaient pratiquement désertes et les rares personnes qu'ils croisèrent avaient la tête baissée et ne les regardèrent qu'à peine. Scott était triste. Il aurait dû deviner depuis longtemps que Stiles n'allait pas bien, qu'il était venu ici parce qu'il avait encore mal !

Ils entrèrent dans le bar à la devanture sombre, sale et peu engageante, mais la chaleur et le bruit à l'intérieur frappèrent Scott de plein fouet. Une énergie chaleureuse l'engloba tellement vite que sa tête tourna. Tout était en bois et les ampoules du plafond, en nombre insuffisant, baignait la grande pièce remplie de monde d'une lumière accueillante.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda Stiles qui avait commencé à s'engouffrer dans la foule sans lui. Viens !

Scott le suivit, ignorant quoi penser. Des gens lui sourirent, aux tables et au comptoir, certaines têtes eurent un mouvement dans sa direction et il reçut même une bourrade virile et amicale dans le dos sans savoir de qui elle venait. Stiles le guida jusqu'à une table ronde de quatre places où les attendaient deux femmes.

- Ah ! Vous voilà ! s'exclama l'une d'elle d'une voix haut perchée. On va pouvoir… Odi ! Une autre !

Stiles ricana et s'installa. Scott l'imita. Une femme plus âgée fut immédiatement près d'eux et déposa au milieu des verres une bouteille pleine de vodka, puis quelques citrons coupés.

- À la bonne votre, déclara-t-elle avec bonhommie. Tu es quand même déjà bien ronde, ma fille.

- Peut-être, répliqua la jeune femme, mais j'ai pas encore vomi.

Odi s'en retourna vers le comptoir en riant fort et les deux inconnues se présentèrent à Scott qui retint que la dénommée Laura, qui arborait de jolis yeux clairs, avaient sans doute quelques problèmes psychologiques. La seconde, qui s'appelait Chenoa, semblait plus calme mais descendait les verres avec tout autant de facilité, si ce n'est plus.

Il se concentra ensuite, aussi discrètement que possible, sur la consommation de Stiles et fut rassuré de constater que ce dernier, s'il se servit, but lentement et modérément.

Les deux femmes ne cessèrent de lui poser des questions, notamment pour en savoir un peu plus sur le passé de son ami – son adolescence les intéressait manifestement beaucoup – mais s'intéressèrent aussi beaucoup à lui.

Au bout d'un moment, Scott se rendit compte que la personne qu'il avait tant espéré rencontrer n'était pas là. Il avait tellement stressé en arrivant qu'il ne le remarquait que maintenant.

- Et le fameux Derek, il est où ? demanda-t-il spontanément.

Sans qu'il sache pourquoi, Laura se mit à rire jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.

- Il ne devrait pas tarder, répondit Stiles sans tenir compte de l'hilarité étrange de la jeune femme, à laquelle il devait être habitué.

- Je ne sais pas s'il est fameux, déclara cette dernière, mais en tout cas il s'appelle Derek, ça c'est sûr.

Elle laissa ensuite échapper un rot tellement sonore que Scott sursauta et écarquilla les yeux, ébahi.

Lorsque, enfin, Derek se joignit à eux, Scott en resta perplexe.

- Tu aurais pu te faire une beauté quand même, lui lança Chenoa en guise de salut. Parce que là, tu as l'air d'un ours, et pour accueillir le meilleur ami de ton amoureux, c'est pas top.

- J'aime bien son look d'ours, moi, s'amusa Stiles en levant une main pour titiller la barbe hirsute et épaisse de son compagnon.

Mais ce dernier évita ses doigts joueurs avec un grommellement bougon et adressa un regard noir à Scott, comme si c'était lui le responsable.

-Hey ! s'exclama Laura après avoir levé le nez de son verre. On t'a gardé un tabouret.

Derek se contenta de lui adresser un regard à la fois honteux et agacé. Il n'y avait que quatre chaises autour de cette table ronde, et il était évident qu'il serait difficile d'y faire tenir une cinquième.

- Ah merde ! s'écria la jeune femme après un hoquet. On nous l'a piqué !

- Je ne sais pas comment tu fais, déclara Chenoa comme si son amie ne l'avait pas interrompue. Parce que ça doit piquer à certains endroits sensibles, non ?

- C'est pas faux, répliqua Stiles avec un sérieux déconcertant. En plus je suis hyper chatouilleux.

- Parlez d'autre chose ou je vous assomme, grogna Derek.

- Je te présente Scott, mon meilleur ami. Montre-lui que tu es poli et dis bonjour !

Mais l'homme se contenta de faire demi-tour après un nouveau coup d'œil sombre à leur invité et s'engouffra dans la foule pour disparaître aussitôt. Soit il s'en foutait royalement, soit il était jaloux. Et Scott, malgré que ce soit la première fois que Stiles lui présente son petit ami, était pratiquement certain qu'il s'agissait de ça, de la jalousie pure et simple. Malgré lui, il demanda :

- Il est toujours comme ça ?

Stiles pouffa de rire et répondit :

- Et encore, là il est plutôt de bonne humeur.

- Ouais, avant il était bien pire ! renchérit Laura en levant son verre. Il a aligné cinq mots alors qu'il ne te connait pas, c'est un record.

- Je reconnais qu'il y a du progrès, lança Chenoa à son tour.

Ils rirent ensemble et Scott comprit pourquoi Derek n'était pas resté avec eux. Il avait sans doute senti qu'il allait être l'attraction de la soirée et qu'il risquait fort d'avoir à supporter les moqueries de son copain, de sa sœur et de son amie.

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Contrairement à ce qu'il avait craint en arrivant, Stiles se montra prudent avec l'alcool. Lorsqu'ils se décidèrent tous à partir, une nuit froide et implacable était tombée sur la région, et son ami se trouva être le seul suffisamment sobre, avec Derek, pour prendre le volant. Scott lui-même dut bien reconnaître qu'il était plus prudent qu'il ne conduise pas.

Jolan, avec qui il avait fait connaissance un peu plus tôt dans la soirée, se chargea de raccompagner Chenoa chez elle. La jeune femme vivait à Noatak, ils partirent donc à pied. Le Shérif, qui ne portait ce soir qu'un épais manteau de fourrure gris, tenait par le bras sa jeune camarade malhabile sur ses jambes pour ne pas qu'elle s'écroule malencontreusement, supportant vaillamment ses éclats de rire et sa voix aiguë tandis qu'elle chantait à tue-tête. Scott les regarda s'éloigner, amusé malgré lui.

Derek, pour sa part, se chargea de sa sœur. Il la traîna vers une camionnette d'un bleu délavé attaquée par endroit par une rouille tenace, la souleva sans ménagement et la laissa tomber dans la benne large où elle atterrit avec un grommellement et un bruit métallique. Il retira ensuite son manteau noir et le lui jeta. Scott tourna vers Stiles un regard stupéfait et ce dernier lui répondit avec un sourire rassurant :

- Il n'y a que trois places à l'avant, et elle a tendance à dégobiller facilement quand elle est bourrée.

Comme pour illustrer son propos un rot gras s'éleva de la benne du véhicule et il rit sans pouvoir s'en empêcher. Derek s'installa derrière le volant, donnant ainsi le signal du départ, et les deux amis montèrent à leur tour.

- Au fait c'est chez elle que tu vas dormir, déclara Stiles après un moment de silence confortable.

- Fais gaffe elle ronfle comme un porc, grogna Derek, les yeux rivés sur la route.

Stiles gloussa. Malgré l'obscurité Scott remarqua tout de même le geste de son ami car ses doigts blancs étaient clairement visibles sur les vêtements noirs de leur chauffeur. Il le vit lui caresser la cuisse puis laisser là sa main, tout naturellement, sans que l'autre fasse un seul geste pour l'éloigner. Un peu gêné, il détourna le regard.

À vrai dire, même s'il trouvait Laura exubérante, il était plutôt content de ne pas être hébergé chez Stiles et Derek qui, s'il avait bien compris, s'étaient installés quelques mois plus tôt dans une cabane qu'ils avaient rachetée à l'un de leurs amis et rénovés ensemble. Grâce à cette soirée, il avait compris qu'il s'était trompé. Stiles allait bien. Très bien même. Car il était amoureux. Cela se voyait à son sourire gigantesque ; cela s'entendait dans ses éclats de rire et dans ses échanges avec les autres. À vrai dire, il ne parvenait pas à se rappeler quand il avait vu son meilleur ami aussi simplement heureux. Et il en eut un peu honte.

Lorsqu'ils arrivèrent à destination Scott s'endormait presque contre la vitre malgré les cahots de la route qui s'enfonçait dans les terres sauvages. La tête lourde, il ouvrit la portière. Le froid agressif le réveilla instantanément et il battit des paupières, les yeux grands ouverts. Stupéfait, il resta figé un moment devant le spectacle de l'horizon de la nuit qui s'étendait devant lui.

Sans qu'il s'en aperçoive le ciel s'était dégagé dans la soirée. Aucun nuage, à présent, ne bouchait sa vue et des milliers d'étoiles brillaient aussi loin que portait son regard. Les larmes lui vinrent subitement aux yeux sans qu'il sache si la cause en était l'émotion ou le vent froid qui soufflait doucement et il se les essuya discrètement.

Un grondement sourd s'éleva derrière lui, lui arrachant un frisson, et il se retourna. Mais ce n'était que Laura qui, derrière les vapeurs de l'alcool, n'entendait pas son frère toujours derrière le volant lui demandant de l'attendre. Elle laissa échapper un gémissement aviné, lança une jambe par-dessus le rebord de la benne et, la joue collée sur le métal glacé, commença à lentement se laisser glisser. Scott comprit trop tard qu'elle tentait de descendre du véhicule par ses propres moyens et ne parvint pas à ses côtés assez rapidement. Elle tomba au sol avec un bruit sourd et un grommellement de douleur. Sa forme claire étendue sur l'herbe sombre ressemblait, dans la nuit, à une étoile de mer. Scott fut incapable de se retenir et gloussa.

- C'est pas possible, soupira Derek en contournant la camionnette.

Il ramassa sa sœur comme si elle ne pesait rien et la traîna vers la maison. Scott, un sourire sur le visage, tenaillé par une terrible envie de rire, prit une grande inspiration qui lui fit mal au poumon. L'air avait une saveur différente ici, de même qu'une odeur étrange.

Stiles s'approcha silencieusement et posa une main sur son épaule.

- Ça ira, t'en fais pas, lui dit-il. Une fois dans le lit elle va dormir comme une marmotte.

- Je ne m'en fais pas, répondit Scott en l'attrapant à son tour pour le serrer contre lui.

Et c'était vrai. Il n'était plus inquiet à présent. Il n'avait aucune raison de l'être. Derek les rejoignit après quelques minutes, l'air grave, et déclara sèchement :

- Elle ronfle déjà.

Scott se doutait que cet homme n'allait pas être simple à dérider, mais il avait aussi compris qu'il n'était pas méchant. Simplement réservé et secret.

- Dès demain on fait une sortie en forêt, s'exclama Stiles avec entrain.

Il le lâcha, lui adressa l'un de ces clins d'œil qui promettait de l'aventure, puis ouvrit la portière et ajouta, un ton plus bas :

- Qui sait, on verra peut-être des loups.

FIN


Voilà voilà ! J'espère que cette fin vous a plu :D À vrai dire Scott s'est incrusté au dernier moment, il n'était pas du tout prévu mais dans l'action de l'écriture il est arrivé et bim... Je ne me l'explique pas, pis comme j'ai pondu ça il y a des semaines, je me souviens pas de ce à quoi je pensais à ce moment-là :P

Bon. Cette fic, c'est un an et 3 mois de travail en comptant le temps passé à relire et corriger (j'ai commencé à l'écrire en janvier 2017) des heures de recherches partagées entre l'Alaska, les chiens de traineaux, les moto-neiges, la chasse, les loups, les mythes inuit etc..., que j'ai adoré mener ; mais aussi pas mal de lectures, notamment : "La fille de l'hiver" de Eowyn Ivey, "Un jour glacé en enfer" de Anne B Ragde, "L'étrangère aux yeux bleus" de Youri Rytkhéou (j'avoue celui-là j'ai pas trop aimé), "Croc-Blanc" de Jack London et "Terreur" de Dan Simmons, même s'il ne m'a pas trop aidé parce que trop historique (si mes souvenirs sont bons ça se passe aux alentours de 1840) mais comme c'est un quasi coup de cœur, je le mets quand même XD

Mais là où je m'y attendais carrément pas c'est que cette fic c'est presque autant de reviews et de visites que "L'enfant loup" et franchement, c'est une très agréable surprise, alors merci beaucoup à vous tous de l'avoir suivie, de l'avoir aimée et de me l'avoir dit... même si quelques reviews étaient parfois flippantes (nan mais le coup de la décapitation par l'épée je m'en souviendrai toute ma vie je crois :3)

Je vous fait à tous des groooooooooooooooooooooooooooooos bisous, et merci encore :D