Disclaimer : Tout est à JKR.

Merci à Miss Tambora qui prend le temps de relire cette histoire.
Prologue.

Juin 1998.

Le chaud soleil de juin inondait les pelouses de Poudlard. Harry, Ron et Hermione remontaient gaiement vers le château. Ils venaient de passer la dernière épreuve des ASPIC, qui marquaient la fin de leur scolarité à Poudlard.

« Je ne peux pas croire que nous en ayons définitivement fini avec les examens, fit Ron.

- Celui-ci était facile, remarqua Hermione. Hagrid est beaucoup trop indulgent.

- Tu ne vas pas t'en plaindre ! Est-ce que tu aurais préféré une deuxième épreuve comme celle de Rogue, ce matin ?

- Non, bien sûr. Simplement, je remarquais que l'examen de Hagrid était facile. Je suppose que les tests que je passerai l'année prochaine seront bien plus difficiles.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu éprouves le besoin de continuer tes études, Hermignone. Tu en sais déjà plus que tout le reste de la promotion réunie. Sauf peut-être Harry. »

Hermione s'était en effet inscrite pour la rentrée suivante à l'université de sorcellerie de Grande Bretagne, afin d'y poursuivre des études d'Arithmancie.

« Nous en avons déjà discuté, Ron. Je veux faire une carrière universitaire.

- Tu es vraiment bizarre. Certains jours, je me demande pourquoi je t'aime. »

Ron et Hermione sortaient ensemble depuis le début de leur sixième année. Cette relation ne les avait pas empêchés de continuer à se quereller constamment et à tous propos, mais leurs disputes étaient maintenant suivies de réconciliations presque immédiates, il ne leur arrivait plus de passer des semaines sans se parler comme les années précédentes. Harry écoutait d'un air distrait la conversation de ses amis. Ce soir, les septièmes années avaient droit à une sortie à Pré-au-Lard, et Harry devait y retrouver la jeune fille qu'il aimait. Cho ayant un an de plus que lui, elle n'était plus à Poudlard, et passer cette année sans la voir avait été un supplice pour Harry.

Ils arrivèrent aux marches du château, et se dirigèrent vers la salle commune des Gryffondor.

« Ca va être bizarre de ne plus revenir ici, » remarqua Harry.

Au fil des années, Poudlard était devenu bien plus qu'une école pour lui. C'était le seul endroit où il s'était jamais senti chez lui. Mais à présent, il était presque un adulte, et il allait commencer une nouvelle vie. En septembre, il commencerait un entraînement d'Auror. Quand il serait diplômé, il s'installerait avec Cho, qui était devenue l'assistante de Mr Ollivander, le fabriquant de baguettes magiques le plus réputé de Grande Bretagne. En attendant, pendant les vacances, le jeune homme allait habiter avec son parrain, enfin innocenté.

Harry n'avait pas choisi de devenir Auror. C'était la seule option qui s'offrait à lui. Deux ans après sa renaissance, Voldemort était plus actif que jamais, et Harry était toujours une de ses principales cibles. Hors de l'abri que représentait Poudlard, il devait s'armer pour lutter contre le mage noir. Harry savait qu'un jour ou l'autre, il devrait affronter de nouveau Lord Voldemort. Il en avait peur, bien sûr, mais moins qu'il ne l'aurait imaginé quelques années auparavant. Il était bien mieux armé que les autres fois où il avait affronté le mage noir. A l'adolescence, ses pouvoirs s'étaient développés d'une manière presque inimaginable. Il était devenu, sans se donner le moindre mal, un des meilleurs élèves de sa classe, rivalisant avec Hermione. Si son destin était de mourir de la main de Voldemort, il ne se laisserait pas abattre sans opposer une sérieuse résistance.

Harry monta avec Ron dans le dortoir des septièmes années. Ils revêtirent leurs robes de soirée. Au fur et à mesure que l'heure avançait, Ron était de plus en plus nerveux. Ce soir, il voulait demander la main d'Hermione.

« T'inquiète pas, essaya de le rassurer Harry. Ce n'est pas comme si tu n'étais pas sûr qu'elle accepte.

- Mais je ne suis pas sûr ! » s'exclama Ron. Il sortit une petite boîte de sa poche, et l'ouvrit.

- C'est la bague ? demanda Harry.

- Oui. Je l'ai reçue tout à l'heure par courrier. Tu crois que ça lui plaira ?» Il s'agissait de trois petites émeraudes montées sur un anneau d'or. L'ensemble était simple et discret, tout à fait du goût d'Hermione. Harry savait que Ron avait mis dans ce cadeau tout l'argent qu'il avait gagné en travaillant l'été précédent.

« Elle va adorer, ne t'en fais pas. Finis de t'habiller. Ce soir, tu seras fiancé. »

A huit heures, ce soir-là, Harry atteignit seul Pré-au-lard. Il avait laissé le couple partir main dans la main, prétextant un oubli de dernière minute. Il retrouva Cho devant la taverne des Trois Balais. La jeune femme était vêtue d'une robe rouge, qui mettait en valeur ses cheveux noirs. Ils échangèrent un baiser en guise de bonjour.

« Alors, demanda Cho. Comment se sont passés tes examens ?

- Bien, répondit Harry. En tout cas, ils sont finis. N'en parlons plus. Que veux-tu faire ce soir ?

- Ce soir, répondit Cho, j'ai une surprise pour toi. Pour fêter ton entrée dans le monde adulte.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry.

- Si je te le disais, ce ne serait plus une surprise. Il faut que nous montions un peu dans les collines. Suis-moi. »

Elle le mena à l'écart du village, et ils montèrent sur des sentiers déserts jusqu'à une petite clairière.

« Voilà, nous sommes arrivés, » dit alors la jeune femme. Elle consulta sa montre. « Nous avons exactement une minute trente d'avance. Mais un avant- goût de la surprise t'attend là-bas. »

Elle désigna un arbre à une vingtaine de mètres, puis éclata de rire, un rire énorme, bruyant, si différent de celui qu'on lui connaissait habituellement. Un frisson glacé parcourut le dos de Harry. Il s'avança prudemment vers l'autre bout de la clairière.

En s'approchant de l'arbre, il distingua clairement malgré l'obscurité croissante une forme noire qui y était attachée. Puis il comprit : il s'agissait d'un corps. Ou du moins, ça avait la forme d'un homme, avec une cagoule sur la tête. Harry avait atteint la forme. Cho était toujours derrière lui.

« Je ne comprends pas, dit-il. Qu'est-ce que c'est, Cho ? Une mauvaise blague ?

- Enlève la cagoule, tu vas comprendre. » répondit-elle entre deux éclats de rire.

Avec une certaine appréhension, Harry entreprit d'enlever le morceau de tissu. En dessous, ses doigts rencontrèrent de la peau froide. Il s'agissait bien d'un corps. Mais pourquoi ? Harry ferma les yeux en tirant complètement la cagoule par-dessus la tête. Non. Ce ne pouvait pas être ça. Cho riait. C'était une farce, il était stupide d'y croire. Il rouvrit les yeux.

Son regard plongea dans les yeux morts de son parrain.

« Sirius ! NON ! » hurla Harry. Il tomba à genoux, la tête dans ses mains. « Non, murmura-t-il. C'est un cauchemar. .. » Le rire glacial de Cho continuait à résonner dans ses oreilles.

« Relève-toi. » dit la jeune femme. « Ce n'est que le début. La véritable surprise arrive dans quelques secondes. Ceci n'était qu'un avant goût. »

Une vague de fureur envahit le jeune homme. « Tais-toi ! » hurla-t-il en se redressant et en sortant sa baguette. « Je ne sais pas ce que tu avais en tête mais tu vas payer pour ça. »

Mais à ce moment il sentit une intense douleur au niveau de sa cicatrice. Ses jambes se mirent à trembler mais il parvint à ne pas tomber. Lorsque la douleur redevint supportable, Lord Voldemort se tenait devant lui.

« Laisse donc cette jeune femme tranquille, elle n'a fait qu'exécuter mes ordres, et d'une manière admirable, je dois dire. Tu as été si facile à tromper, Harry.

- Vous allez payer pour Sirius.

- Enervé ? Ne t'inquiète pas pour lui, tu iras bientôt le rejoindre. »

Il brandit sa baguette. Mais Harry l'avait devancé.

« Stupéfix ! » cria-t-il.

Le mage noir se mit à rire. « Crois-tu vraiment pouvoir venir à bout de moi avec des sorts aussi minables ? Endoloris ! »

Harry plongea et le sort lui passa au-dessus de la tête. La bataille dura des heures. Harry avait perdu le compte des sorts qu'il avait lancés, et de ceux qu'il avait esquivés ou qui l'avaient frappé. Il était arrivé aux limites de sa résistance. Il savait qu'il ne tiendrait plus longtemps. C'était la fin. Voldemort sourit et leva sa baguette. Dans ses yeux rouges, Harry lut le nom du sortilège qu'il allait lancer. Il tenta une ultime défense.

« Réflectioni totali ! » cria-t-il en rassemblant ses dernières forces. Il revit le corps sans vie de Sirius, si peu de temps après sa réhabilitation, et toute la colère et la frustration qu'il ressentait à cet instant se concentrèrent dans la main qui tenait la baguette. Un bouclier réfléchissant se forma autour de lui, d'une puissance telle qu'on aurait dit qu'un épais mur d'argent pur protégeait le jeune homme.

Au même instant, la lumière verte tant redoutée sortit de la baguette de son ennemi. Comme au ralenti, Harry la vit s'enfoncer dans son armure d'argent, et s'arrêter, juste avant d'en ressortir pour aller frapper le jeune homme. Sous la puissance du sort, le bouclier explosa, comme un brillant feu d'artifice. Et la lumière verte repartit, à une vitesse fulgurante, à l'endroit d'où elle était venue.

Frappé de plein fouet, Lord Voldemort s'effondra.

Il y eut un silence, puis un cri perçant d'horreur et d'incrédulité. Cho se précipita sur le corps de son maître, en larmes. Elle se releva, et se jeta sur Harry. Comme anesthésié par l'horreur, et l'épuisement, celui-ci ne se défendit pas quand des ongles lui labourèrent le visage, quand des mains vengeresses cherchèrent sa gorge.

Un cri d'horreur, des pas précipités. « Stupéfix ».

Les voix de Ron et Hermione.

« Harry, ça va ? »

La distance. Il ne peut pas leur répondre. Il tombe à genoux.

« Hermione, c'est Voldemort. Il est. il est mort. Harry l'a tué.

- Cho. Sirius. c'était un piège.

- Ça va aller, Harry. On va chercher de l'aide. »

Des étincelles. D'autres personnes. La joie. Il n'est pas joyeux. Il ne sera plus jamais joyeux. Une haute silhouette devant lui. Des mains qui l'allongent sur une civière. Albus Dumbledore.

« Somniferus. »

Nuit.

Harry s'était réveillé, tard dans l'après-midi du lendemain, à l'infirmerie. Il avait reçu tant de lettres de félicitations et de souhaits de rétablissement, tant de fleurs qu'on avait dû annexer une petite salle à côté de l'infirmerie. Tous les journaux du monde sorcier exigeaient des interviews. Personne ne lui avait envoyé le moindre mot de condoléances pour la mort de Sirius.

Seuls Ron et Hermione avaient compris. Ils n'avaient pratiquement pas quitté son chevet, et leur visage était sombre. Et Dumbledore, probablement, puisqu'il avait interdit toute réjouissance en l'honneur de Harry dans le château. Il tenait les autres élèves à distance du garçon à la cicatrice.

Harry avait insisté pour quitter l'infirmerie et se rendre à l'enterrement de Sirius, quelques jours après la terrible bataille. Ses deux amis l'avaient accompagné, de même que la plupart des professeur de Poudlard. Même Rogue était venu, et il avait exprimé sa compassion envers Harry. Jamais celui-ci n'aurait imaginé recevoir un soutien du professeur de potions en de telles circonstances.

Le groupe de Poudlard constituait la plus grande partie des occupants de l'église, qui était à moitié vide. En plus des quelques journalistes, Harry reconnut son ancien professeur, Rémus Lupin, le meilleur ami encore en vie de Sirius, ainsi que quelques uns de leurs autres amis d'enfance. Il y avait également les parents de Ron, venus sans doute plus pour apporter leur soutien à Harry, que pour toute autre raison. La plupart des gens n'avaient pas envie d'assister à un enterrement pendant cette période de fête, ce qui expliquait sans doute la désertion de l'office. Cela ne gêna pas vraiment Harry. Il savait que tous ceux à qui Sirius aurait aimé dire adieu s'étaient déplacés, et c'était cela l'important. Les autres n'avaient pas d'importance. Perdu dans ses pensées, le jeune homme suivit à peine l'oraison funèbre. Il entendit vaguement l'éloge de son parrain. Malgré douze ans d'un enfermement injuste, et quatre ans de fuite, il n'avait pas perdu la foi. Et si peu de temps après que son innocence ait enfin été reconnue, il était mort. Comme ça. Pour rien.

Le groupe se dirigea vers le cimetière. Le cercueil lévita doucement et vint se placer dans la tombe. Harry jeta une rose sur ce qui contenait son parrain.

« Adieu, Patmol » murmura-t-il. « J'espère que là où tu es tu les as enfin retrouvés. »

Des larmes brouillèrent sa vue et il se détourna. Les autres rendirent à leur tour un dernier hommage au disparu. Puis, petit à petit, ils s'éloignèrent. Ron et Hermione saisirent chacun un bras de Harry et l'entraînèrent. Il les suivit sans protester. Alors qu'ils atteignaient la sortie du cimetière, ils furent surpris par une lumière aveuglante. Plusieurs autres suivirent.

« Mr Potter, » fit une voix, pour la gazette du sorcier, « qu'est-ce que vous allez faire maintenant ? Comment vous sentez-vous depuis que Voldemort est mort ?

- Harry, Sorcière Hebdo, le ministère vient de vous octroyer l'ordre de Merlin première classe et une récompense spéciale pour services rendus à la nation, quelles sont vos réactions ?

- Mr Potter, un sondage montre que quatre-vingt dix pour cent des sorciers de Grande Bretagne souhaitent vous voir devenir ministre de la magie, qu'en pensez-vous ?

- Qu'allez vous faire maintenant ? Etes-vous heureux ?

- PAS DE COMMENTAIRES » hurla Ron alors que Hermione tentait d'entraîner Harry en se frayant un chemin à travers la foule des journalistes et photographes. « Ne les écoute pas, murmura-t-elle. Rentrons à Poudlard. »

Mais Harry sentait une rage irrépressible monter en lui. Il se dégagea violemment de l'étreinte d'Hermione et fit face à la meute des journalistes, fermement campé sur ses jambes. Tous se turent lorsqu'il se mit à parler.

« Vous voulez savoir ce que je pense de tout ça ? Il y a moins d'une semaine, ma petite amie m'a trahi, et la seule personne qui m'ait jamais aimé comme un père est morte cruellement alors que nous allions enfin pouvoir passer un peu de temps ensemble. Et vous osez me demander si je suis heureux ! Seriez vous heureux à ma place ? J'ai tout perdu. Est-ce que vous êtes trop stupides ou trop insensibles pour penser à ça? Je n'ai plus qu'une chose à vous dire. Adieu. »

Sur ce, il sortit sa baguette magique, et, la tenant par les deux extrémités, la brisa contre son genou levé. Le craquement du bois résonna dans un silence absolu.