Chapitre 71

Mrs Reynolds avançait aussi vite que ses jambes le lui permettait. Avisant le maître des écuries, elle le héla. M. Forks s'arrêta pour l'attendre, ne daignant pas s'avancer à sa rencontre. L'intendante grommela devant tant d'indélicatesse. Elle agita une lettre sous le nez de l'homme.

" M. Darcy m'informe qu'il arrive la semaine prochaine. Mrs Darcy se languit visiblement du Derbyshire."

M. Forks ne fit aucun commentaire. Il souleva légèrement son chapeau avant de reprendre son chemin. Mrs Reynolds haussa les épaules et ramassa ses jupes. Elle ferait le chemin retour à vitesse raisonnable.

Le retour à Pemberley eut le mérite de sortir Elizabeth de sa léthargie. Mrs Jones avait beau être une intendante confirmée, certaines décisions revenaient à la maîtresse de maison. La jeune femme fut donc entraînée dans le tourbillon du déménagement bi-annuel. Outre les affaires domestiques, il lui fallut aussi prendre congé de son cercle mondain. La plupart de ses relations peinaient à comprendre son soudain retrait de la vie sociale. Pour elles, le deuil n'était pas une raison valable. Seules Mrs Lavander et Mrs Grey lui avait témoigné de la sympathie. C'est donc avec bien peu de regrets qu'Elizabeth signifiait son départ pour le Derbyshire. Elle ne put cependant se résoudre à retourner à la joaillerie. L'endroit est bien trop imprégné de souvenirs auxquels Elizabeth se sentait incapable de faire face. Elle préféra une lettre et délégua à Mrs Gardiner le bon soin de l'entreprise. M. Darcy s'était occupé de régler les détails de succession : Elizabeth était désormais pleinement propriétaire de la joaillerie et du manoir de Grosvenor Park. Son seul intérêt s'était porté sur le sort de Martha, la vieille bonne à moitié sourde et aveugle. Dotée d'une pension conséquence, elle finirait ses jours à l'abri du besoin.

En une semaine à peine le déménagement était achevé. Petit à petit, la maison tombait en sommeil, les meubles couverts de draps blancs. C'est sans regrets que la jeune femme quittait Londres et Darcy House. Fitzwilliam semblait tout aussi impatient de retrouver la campagne verdoyante du Derbyshire. Seule Georgiana semblait partagée entre le plaisir et le tristesse. Elizabeth savait quel déchirement cela devait être de quitter Londres et le jeune Von Mälher. Même si rien n'était encore fixé entre eux, Wilfried avait quasiment obtenu l'assentiment de M. Darcy pour faire la cour à sa soeur. Restait à le faire savoir aux principaux intéressés. Mais M. Darcy comptait bien sur l'épreuve de la séparation pour apprécier la profondeur de leurs sentiments. Georgiana avait été autorisée, sous le contrôle de son frère, a écrire à la famille Von Mälher pour les avertir de leur départ, quelque peu précoce, pour le Derbyshire.

Le voyage du retour se passa sans encombres. Elizabeth observait par la fenêtre disparaître avec soulagement, la brume grisâtre de Londres au profit d'un cadre plus verdoyant. Ils s'arrêtèrent dans la même auberge que M. Darcy avait réservée à son intention et à celle de ses parents lorsqu'elle était venue à Londres à sa demande. Pour le couple, ce fut comme une seconde lune de miel. Par respect pour le chagrin de son épouse, M. Darcy s'était mis en retrait, n'exigeant d'elle aucune obligation matrimoniale. Mais ce voyage fut l'occasion pour eux de renouer avec une intimité quelque peu perdue. Peu à peu, Elizabeth reprenait des couleurs, elle avait plus d'appétit. Le confinement et la promiscuité du véhicule fut aussi l'occasion de discussions légères ou sérieuses sur des sujets divers et variés. Tant et si bien qu'en posant le pied sur l'esplanade de Pemberley, la jeune femme était redevenue la même. Elle fut la première à descendre, refusant l'aide de son mari. Ce n'est qu'après avoir respiré une grande bouffée d'air frais qu'elle sentit son chagrin s'envoler. Enfin elle était chez elle.

Fidèle à son habitude, Mrs Reynolds attendait la famille sur le perron. L'accueil chaleureux dont elle les gratifia n'avait rien à voir avec l'attitude froide et réservée de Mrs Jones. Elizabeth s'enquit presque immédiatement de Sarah. L'intendante la rassura aussitôt, elle allait bien malgré les récents évènements. Au regard étonné d'Elizabeth, elle comprit que la jeune femme ignorait tout de l'agression dont avait été victime son ancienne femme de chambre.

" Fitzwilliam ?"

M. Darcy recommanda à Georgiana d'aller s'installer dans ses appartements. Sans chercher à répliquer, la jeune fille obéit sagement à son frère.

" Faîtes venir M. Forks."

Mrs Reynolds hocha la tête et disparut rapidement. M. Darcy ôta son manteau et aida son épouse à enlever le sien. Il lui prit délicatement le bras et l'entraîna vers son bureau.

" Après tout ce qui s'est passé ces derniers temps, je n'ai pas voulu t'accabler davantage. M. Forks m'a tenu informé par courrier, il s'est passé certaines choses très graves dont je vais devoir m'occuper."

Préférant éviter les détails, M. Darcy s'en tint aux faits, résumant rapidement la situation. En voyant le visage catastrophé de son épouse, il la rassura sur la bonne santé de Sarah. M. Forks et Mrs Reynolds ne se firent guère attendre. L'intendant parut toujours aussi revêche à la jeune femme. Il la salua brièvement et relata les derniers évènements. Georges White avait été placé en prison. Il avait mit quelques jours à dessoualer complètement.

" Le juge du comté l'a condamné à un mois de prison. Après quoi, il sera libre."

Elizabeth posa sa main sur le bras de son mari.

" Fitzwilliam ? Tu ne vas laisser faire ça ?"

Le regard dur et froid de M. Darcy la rassura.

" Nous règlerons cette affaire dès demain. Pour l'heure, il est tard."

ooOoo

Avide de sensations, M. Darcy ne ménageait pas sa monture. Après quelques ruades au sortir d'un trop long hiver, son étalon était plus que ravi de galoper au grand air. A quelques mètres derrière, M. Forks tenait la distance. A l'approche de Lambton, les deux cavaliers ralentirent leur course et c'est au pas qu'ils entrèrent dans le village. Sans s'arrêter pour répondre au salut des habitants, les deux hommes allèrent directement au tribunal. Assis à son bureau, la tête du juge Williams dépassait à peine des montagnes de documents qui l'encombraient. M. Darcy jeta un regard réprobateur au fouillis. L'homme de loi était petit et replet. Ses lunettes rondes accentuaient l'ovale de son visage. M. Darcy le dominait d'une bonne tête. Son visage fermé n'augurait rien de bon.

" Juge Williams, j'ai appris la peine infligée à Georges White pour avoir battu sa femme, quasiment à mort, frappé son fils et agressé une jeune femme."

Malgré l'heure matinale et la fraîcheur de l'air, le juge suait à grosses gouttes, tamponnant avec régularité son crâne lisse. Il recherchait de ses doigts tremblants, un document.

" Oui oui, je me souviens. Un mois d'emprisonnement pour Georges White."

" Je consteste cette peine."

Le magistrat cligna plusieurs fois des yeux, l'air étonné. Devant tant d'incompétence, M. Darcy préféra prendre congé. Réprimant sa colère, il questionna son intendant.

" Quand doit-il être libéré ?"

" Dans quatre jours à peine."

M. Darcy hocha doucement la tête, cela lui laissait juste le temps de prendre les dispositions nécessaires.

Lorsque Elizabeth s'éveilla, la place à côté d'elle était vide. Elle passa sa main sur le drap : il était froid. Elle en conclu donc que M. Darcy s'était levé à l'aube. Elle bailla et s'étira comme un chat fatigué, avant de se pelotonner sous la couverture. Les épais rideaux peinaient à calfeutrer les premiers rayons du soleil printanier. Le gazouillis des oiseaux l'appelait irrésistiblement à l'extérieur. Elle se leva sans hâte, reprenant avec un plaisir non dissimulé, ses habitudes à Pemberley. La plupart de ses vêtements avaient été expédiés quelques jours plus tôt : ils remplissaient déjà ses placards. Une fois prête, elle s'enroula dans un épais châle avant de sortir de la chambre. Le couloir était désert, la maison semblait comme endormie. Le bruit de ses pas étouffés par l'épais tapis qui courrait le long du couloir faisait penser au trottinement d'une petite souris. Elizabeth s'arrêta devant la porte de Georgiana, étonnée de ne pas entendre le son du pianoforte. Elle descendit sans hâte l'imposant escalier de marbre blanc et s'avança vers le petit salon. Un feu bien nourri donnait une atmosphère chaleureuse à la pièce. Attablée devant l'âtre Georgiana achevait son petit déjeuner. Les deux femmes s'embrassèrent familièrement. Mrs Reynolds arriva presque aussitôt une théière fumante entre les mains. Son sourire en disait long sur le plaisir de voir la famille Darcy revenir si tôt dans la saison de Londres.

" Je n'aime guère Darcy House, je préfère nettement Pemberley."

Aucun autre compliment n'aurait pu faire davantage plaisir à l'intendante. Elizabeth l'invita à prendre une tasse de thé, désireuse de connaître la vie de la demeure durant ces derniers mois d'absence. Mrs Reynolds relata fidèlement les faits marquants dont le point d'orgue fut l'arrivée surprise de Sarah et de sa fille. A l'évocation de son ancienne femme de chambre, Elizabeth eut un pincement au coeur. Elle posa sa main sur celle de l'intendante et la regarda droit dans les yeux.

" Pensez-vous qu'elle ait fait le bon choix ?"

" Ne soyez pas inquiète Mrs Darcy, Robert Grants est un bon garçon, sérieux et travailleur. Il n'y a aucune raison de vous tracasser."

Malgré les affirmations de l'intendante, Elizabeth restait quelque peu inquiète. Elle repensait sans cesse à cette affaire, cette agression dont elle avait été victime.

" Croyez-vous qu'il serait malvenu de lui rendre visite ?"

" Oh grand dieu non, Mrs Darcy. Je crois même que Sarah en serait heureuse."

Elizabeth jeta un regard en direction de la pendule. Mrs Reynolds suivit son regard.

" Avec la calèche, il vous faudra une bonne heure pour atteindre Wigan. Je vous conseille de partir après le déjeuner."

De sa petite voix timide, Georgiana demanda à être du voyage.

" Mais bien entendu, Georgiana ! C'est donc décidé, nous irons toutes les trois après le déjeuner."

L'intendante hocha vigoureusement la tête, elle aussi était heureuse à l'idée de revoir Sarah.

Lorsque M. Darcy rentra de Lambton, il trouva le château étrange vide et silencieux. Nulle de trace de son épouse, de sa soeur et même de Mrs Reynolds. Il parcourut les étages et les salons en vain. Il se décida à s'aventurer jusqu'à l'office. Le bruit des pas pressés et les rires le conduisirent jusqu'à la cuisine. Par la porte ouverte, il vit les trois femmes fort affairées autour d'un panier en osier. Elles semblaient discuter vivement du contenu. Il frappa poliment à la porte. Stoppées dans leur élan, elles s'immobilisèrent.

" Fitzwilliam !"

Georgiana se précipita vers lui et lui déposa un baiser sonore sur la joue. Elle lui prit familièrement la main et l'entraîna vers la table où trônait le fameux panier. A l'intérieur s'entassaient pêle-mêle charcuteries, miches de pain et pots de confiture.

" Préparez-vous une excursion de plusieurs jours ?"

Ce trait d'humour fit sourire les trois femmes.

" Nous avons décidé de rendre visite à Sarah."

Froncement de sourcils.

" Si vous en êtes d'accord bien entendu."

Georgiana jeta un regard inquiet vers Elizabeth. M. Darcy regardait le contenu du panier avec étonnement.

" Nous avons pensé apporter quelque nourriture. Après tout, il y a trois enfants en bas âge. J'ai aussi pensé que Mrs White pourrait avoir besoin de secours."

M. Darcy hocha lentement la tête.

" Je n'y vois pas d'objection. La charité est l'apanage des femmes de Pemberley."

Elizabeth lui pressa discrètement la main en signe de remerciement. Son sourire lumineux mit du baume au cœur de M. Darcy : il lui semblait que son épouse revivait. Il ne s'attarda néanmoins pas davantage, quelque peu mal à l'aise au milieu des considérations domestiques de ces dames. Au premier panier s'ajouta un second, destiné à la famille White, ainsi qu'un paquet de tissus divers à usage vestimentaire. Laissant à Mrs Reynolds le soin de faire commander l'attelage, Georgiana et Elizabeth regagnèrent les parties nobles de Pemberley. La jeune fille se montra désireuse de s'exercer au pianoforte, Elizabeth, quant à elle prit, un livre dans la bibliothèque. La matinée se passa agréablement au rythme des mélodies de M. Von Mälher. Impatiente à l'idée de revoir Sarah, Elizabeth eut bien du mal à se concentrer sur sa lecture : son esprit dérivait inlassablement vers Wigan.

A l'heure du déjeuner, M. Darcy parla de sa visite matinale auprès du juge du comté. Le regard horrifiés des deux femmes en disaient long sur leur crainte quant à Mrs White. Le maître de Pemberley les rassura sans pour autant leur donner de détails. Il ne tenait pas à ce qu'elles sachent qu'il comptait expédier Georges White sans aucune autre forme de procès dans une lointaine colonie à l'autre bout du monde. Il se déclara désireux de les accompagner, afin de rassurer Mrs White sur son sort. Le déjeuner achevé, la petite compagnie s'achemina tranquillement vers Wigan. Georgiana prit place auprès de Mrs Reynolds dans le chariot tandis que M. Forks tendait, d'un air goguenard, les rênes de la jument à Elizabeth. La jeune femme les prit bien malgré elle. M. Darcy l'aida à régler ses étriers et lui glissa quelques mots l'air de rien.

" Soyez rassurée, le colonel est encore à Londres."

Vexée, Elizabeth éperonna sa jument, laissant M. Darcy en plan. Il ne mit cependant pas longtemps à la rattraper. Cette cavalcade avait joliment rosi les joues de la jeune femme. Le couple attendit quelques minutes que les chariot les ait rejoint, avant de repartir à une allure plus raisonnable. Cette agréable promenade fut l'occasion pour Elizabeth de découvrir davantage le domaine de Pemberley. Ils mirent une bonne demie-heure à atteindre les limites de la propriété avant de s'engager sur les terres arables du domaine. Ca et là des habitations fleurissaient par petits groupes, formant des hameaux de quelques maisons, entourées par des champs à la terre retournée en prévision des semailles à venir. Sur le passage de M. Darcy, les fermiers ôtaient leur chapeau en signe de respect. Certains s'avançaient même pour lui parler d'un problème quelconque. M. Darcy ne manquait jamais de les saluer en retour ou d'écouter leurs doléances. Il apparaissait alors sous un jour moins guindé, moins convenu que dans les salons londoniens. C'était cet aspect de sa personnalité qu'Elizabeth préférait. Ils arrivèrent enfin Wigan. Dans ce hameau, seules deux maisons subsistaient : celle de Robert Grants et celle de Georges White. Alerté par le piaffement des chevaux et le bruit des roues du chariot, Robert sortit de la grange. Avisant M. Darcy, il s'avança à sa rencontre. Les deux hommes se serrèrent virilement la main.

" M. Forks m'a tenu informé des récents évènements survenus."

Robert hocha gravement la tête. Puis M. Darcy désigna Elizabeth.

" Mon épouse et ma sœur m'accompagnent. Elles sont désireuses de rendre visite à Mrs Grants et Mrs White."

Robert regarda avec étonnement la jeune femme sur la jument. Malgré ses vêtements qu'on devinait de haute facture, elle était habillée avec simplicité. Son sourire bienveillant tranchait littéralement avec l'idée qu'elle s'était fait d'une lady. Il bafouilla quelque peu.

" Je pense que Sarah n'y verra pas d'inconvénient."

Il se tourna vers la maison dont la porte s'ouvrit presque aussitôt. Vêtue de son habituelle robe noire et d'un tablier blanc, Sarah s'avança rapidement vers les visiteurs. Reconnaissant les Darcy, elle s'inclina avec déférence. Elizabeth descendit aussitôt de sa monture.

" Sarah ! Quel plaisir de vous revoir !"

Les deux jeunes femmes s'observèrent quelques instants, puis Elizabeth désigna le chariot.

" Vous vous souvenez de Miss Darcy et de Mrs Reynolds ?"

Sarah hocha la tête, visiblement émue de revoir son ancienne maîtresse. La jeune femme l'entraîna vers le chariot.

" Nous vous avons porté un peu de nourriture et des linges pour confectionner des vêtements. J'ai pensé que cela ferait plaisir aux enfants."

" C'est très aimable de votre part Mrs Darcy, mais je ne sais pas si je peux accepter ..."

Elle jeta un regard en direction de Robert. Ce dernier lui adressa un bref hochement de tête. Elizabeth souleva le torchon qui protégeait la nourriture.

" Il y a un peu de viande, du pain et aussi de la confiture."

" Merci mille fois, Mrs Darcy."

Elizabeth jeta un regard en direction de la ferme voisine.

" Nous avons aussi pensé à Mrs White et à ses enfants, mais peut être est-il indélicat de lui rendre visite ..."

Sarah la rassura : Kendra serait sans doute heureuse de la recevoir. Son état s'était considérablement améliorée et elle était à présent en mesure de quitter son lit. Tandis que Sarah portait le panier et le linge qui lui étaient destinés, accompagnée des trois femmes, M. Darcy en profita pour faire un tour du propriétaire. Il admira la propreté de la cour et la bonne tenue du bétail. Ils s'avancèrent jusqu'à l'entrée des champs où la terre noire et meuble attendait d'être ensemencée.

" Je tiens à vous féliciter Robert, vous êtes à la hauteur de la tâche."

Gêné, le fermier se contenta de hocher la tête. Les femmes ayant terminé la visite de l'humble maisonnette, le petit groupe s'achemina jusqu'à la ferme voisine. L'état de délabrement des bâtiments fit froncer les sourcils à M. Darcy. Les bêtes se remettaient doucement du manque de soin et les champs restaient encore en friche. Cet état de fait inquiéta quelque peu M. Darcy. Robert était dans la force de l'âge mais la charge de travail était bien trop importante pour un homme seul : il faudrait surement songer à recruter un nouveau fermier. Robert sembla suivre le cheminement de sa pensée.

" Le fils White pourrait m'aider. Il est encore un peu jeune mais il est plein de bonne volonté."

M. Darcy envisagea un instant cette idée.

" Nous verrons cela plus tard. Je souhaite m'entretenir avec Mrs White."

L'entrée de M. Darcy dans la maison provoqua un silence total. Kendra White se leva avec quelque difficulté mais tint à saluer dignement son propriétaire.

" J'espère que vous allez mieux Madame."

La gorge nouée, la pauvre femme ne put qu'opiner de la tête. Ses enfants se mirent à ses côtés pour la soutenir.

" Je suis venu vous annoncer des nouvelles, qui, je l'espère, seront de bonnes nouvelles pour vous."

L'assemblée était suspendue aux lèvres de M. Darcy.

" Vous n'aurez désormais plus rien à craindre de votre époux Mrs White, ni de votre père les enfants. Des dispositions sont prises pour qu'il quitte à tout jamais l'Angleterre."

A ces mots, Kendra crut défaillir : son calvaire était enfin terminé. Elle serra ses enfants contre elle.

" Merci M. Darcy."

L'homme hocha gravement la tête puis fit signe au garçon de s'approcher. A quinze ans à peine, c'était déjà un solide gaillard.

" Tu es désormais l'homme de la maison. C'est donc à toi qu'incombe la survie de ta famille."

Cette déclaration alarma quelque peu Mrs White.

" Pour cette saison, avec l'aide de M. Grants, il faudra t'occuper de la ferme."

Le garçon bomba le torse, fier de l'importance qu'on lui donnait.

" Soyez sans crainte M. Darcy, je serai l'homme de la situation."

Le maître de Pemberley se retint de sourire.

" Sachez cependant que si la tâche est trop dure, nous vous trouverons une autre situation."

A ces mots, Mrs White se jeta aux pieds de M. Darcy pour le remercier de sa bonté. Il la releva, gêné par son geste. Elle loua aussi la bienveillance et la gentillesse de Mrs Darcy en découvrant le panier de nourriture. Ne souhaitant pas s'attarder davantage, ils prirent congé de la famille White. Elizabeth eut quelque mal à camoufler son émotion. La situation de Mrs White la touchait au plus haut point. Elle espérait sincèrement que sa situation allait s'améliorer. L'après midi étant avancée, les Darcy et Mrs Reynolds exprimèrent le souhait de rentrer à Pemberley. M. Darcy confia le soin des deux fermes à Robert, lui demandant de prendre l'attache de M. Forks en cas de difficulté. Elizabeth et Mrs Reynolds étaient quant à elles soulagées par la bonne installation de Sarah. Cette dernière semblait heureuse dans sa nouvelle vie : son choix était le bon.