DISCLAIMER : Tous les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling.

Rating : M+

Genre : romance / slash / Yaoi


Merci à tous pour vos reviews et tout particulièrement à Mamilys pour sa lecture attentive !

Bonne lecture !


Partie 3 – Epilogue

Avant toi c'était quoi

Juste une scène immense

Bien trop vaste pour moi

Et puis tout danse

Samedi 13 décembre 2008 - Manoir Malefoy

- Draco ! Ils sont là ! s'écria Harry alors qu'il était au milieu de l'escalier.

- Potter, je suis capable de reconnaître l'alerte de ma propre cheminée, tu sais, répliqua calmement Draco à son miroir, devant lequel il arrangeait le col de sa chemise.

Harry leva les yeux au ciel et alla à la rencontre de ses invités.

-PARRAIN ! cria Rose en se jetant dans ses bras.

Harry la souleva du sol et la fit tournoyer dans les airs, la faisant rire à gorge déployée. Puis il la reposa par terre et salua chaleureusement Ron et Hermione.

- C'est un château ? demanda la petite fille en regardant tout autour d'elle avec émerveillement.

- C'est un Manoir, mais c'est presque la même chose.

- C'est ta nouvelle maison ?

- C'est la maison de Draco. Je t'en ai parlé, c'est…

- Ton amoureux !

- Oui, rigola Harry. Regarde, le voilà justement.

Draco venait d'arriver au bas de l'escalier.

- Bonjour Rose, dit-il en souriant.

- Ooooooh, murmura la petite fille. Tu es beauuuu !

Puis se tournant vers son père :

-Mais moins que mon papa !

Même Draco ne put s'empêcher de rire.

- Tu veux que je te fasse visiter ? demanda-t-il en lui tendant la main.

- Ooh ouiii ! Maman, je peux ?

- Vas-y. Mais n'assomme pas Draco avec des milliers de questions, d'accord ?

- Oui, Maman.

- Telle mère, telle fille, dit Draco en faisant un petit sourire moqueur à Hermione.

Il prit Rose par la main et l'emmena avec lui.

-Venez, dit Harry à ses amis. Allons dans le petit salon.

Il les précéda dans la pièce en question avant de leur servir une tasse de thé. Il avait choisi un thé Earl Grey parfumé aux écorces d'orange, idéal pour l'après-midi. Il ne put s'empêcher de sourire en se rappelant qu'il y a peine trois mois de cela, il n'aurait pas pu faire la différence entre un thé noir et un thé vert.

Les manières de Draco déteignait décidément sur lui.

- Alors Harry ? demanda Ron. Comment se passe ton congé ?

- Oh, j'en profite plutôt bien !

Le procès de Zacharias Smith avait été bouclé en un mois à peine. Draco était parvenu en trois jours à identifier les composants de la potion des mangeurs d'âmes. Ceux-ci correspondant parfaitement aux traces retrouvées dans les corps des Stockwell, le Mangenmagot avait immédiatement inculpé Smith d'assassinat, ce qui permettait son audition sous Véritasérum. Smith avoua tout : le trafic, les pots-de-vin, les meurtres, sa volonté de se débarrasser de Harry Potter et la tentative de coup d'état contre Shacklebolt. Le Mangenmagot ne prit que deux jours pour délibérer et le condamner à la prison à perpétuité.

Harry avait donc pu entamer son long congé l'esprit serein, empli du sentiment du devoir accompli.

- Tu as déjà planifié les travaux dans ta maison ? questionna Hermione.

- Eh bien, à ce propos, commença Harry en posant sa tasse sur le guéridon à côté de lui, il y a quelque chose dont j'aimerais vous parler…

- On t'écoute, dit Ron.

- J'ai longuement réfléchi et j'en suis venu à admettre que… je n'aime pas cette maison. Avec ou sans travaux, je ne m'y sentirai jamais chez moi, parce que je n'y ai que des mauvais souvenirs. Cette maison est remplie de fantômes. Sirius, Dumbledore, Rogue, Fred, Remus, Tonks. Un coup de peinture et quelques nouveaux meubles ne pourront jamais effacer tout ça…

Il soupira douloureusement.

- Je sais que c'est tout ce qu'il me reste de Sirius mais… quand on y pense… lui aussi détestait cette maison ! Ce n'est pas…

- Harry, le coupa gentiment Hermione en posant une main sur son genou. J'espérais t'entendre dire cela un jour.

- C'est vrai, vieux, dit Ron. Cette bicoque suinte la désolation de tous les côtés. T'en débarrasser, c'est le meilleur service que tu peux te rendre. A toi, et à Sirius.

- Et tu as tort de dire que c'est tout ce qui te reste de ton parrain, continua Hermione. Il te reste tes souvenirs de lui et de l'amour qu'il te portait comme si tu étais son propre fils.

- Et un super balai, rajouta Ron.

Harry se mit à rire. Il posa sur ses amis un regard rempli de tendresse et de reconnaissance.

- Merci, dit-il. J'avais besoin que vous me souteniez dans cette décision.

- Tu as déjà une idée de l'endroit où tu vas habiter ? demanda Hermione.

- Eh bien, j'ai pensé à louer un appartement. Voire même racheter une autre maison. J'en ai parlé avec Draco. Il m'a fait la tête pendant deux jours… le temps que je comprenne qu'il espérait que je vienne vivre avec lui. Ici.

- Et ?

Il sourit nerveusement en se tordant les doigts.

- J'ai accepté. Je sais que ça peut paraître un peu rapide mais… je me sens bien avec lui. J'ai envie d'être avec lui. Tout le temps. Oh Merlin, souffla-t-il en se prenant la tête à deux mains. J'ai l'impression d'être une guimauve...

- Ben… pour tout dire… c'est pas faux. Je ne t'ai jamais vu comme ça, vieux. Même quand tu sortais avec ma sœur. Je ne sais pas ce que Malefoy te fait mais…

- Ronald ! coupa Hermione.

Quand elle prenait ce ton-là, Harry lui trouvait un petit air de Molly Weasley assez effrayant. Ron aussi, d'ailleurs, vu la manière dont il battit immédiatement en retraite.

- Tu n'as pas à te justifier, Harry, dit-elle en se radoucissant considérablement.

- Et puis, l'avantage de vivre dans un si grand Manoir, c'est que si vous vous engueulez, vous n'êtes même pas obligés de vous croiser !

- Ron, tu es une cause perdue, se lamenta Hermione.

Ron allait répliquer quelque chose mais il fut distrait par la vue de sa fille et de Draco dans le jardin. Il était accroupi devant elle, en train de resserrer son écharpe autour de son cou et de remettre son bonnet en place, pour la protéger du froid. Lui-même avait enfilé une cape et des gants. Puis il la souleva et l'installa sur ses épaules. Il se mit à courir à travers le parc, au plus grand bonheur de la petite fille qui criait de joie.

- Je ne l'aurais jamais imaginé si à l'aise avec des enfants, constata Ron.

- Tu devrais le voir avec Teddy, dit Harry. Nous sommes allés rendre visite à Andromeda, la semaine dernière. Après tout, il s'agit de sa tante et de son petit-cousin… et puis Teddy est mon filleul… ça me semblait important qu'il fasse leur connaissance. C'était incroyable, ils se sont adoptés quasi immédiatement. Andromeda m'a écrit hier pour me dire que depuis notre visite, Teddy arbore des cheveux blond platine et des yeux gris. Et il ne parle que de Draco. Pour peu, j'en serais presque jaloux !

- Hm, fit Ron. On va arranger ça. On peut peut-être raconter à Teddy quelques anecdotes au sujet de Malefoy. Par exemple, lui raconter comment sa nouvelle idole a terminé transformé en furet…

- Oh Ron ! Ne fais pas ça ! protesta Hermione. C'est une bonne chose que Teddy s'attache à d'autres membres de sa famille. Pareil pour Draco !

- Rabat-joie, marmonna Ron.

Le reste de l'après-midi se passa merveilleusement bien. Rose revint de sa promenade avec Draco les joues rosies par le froid et un sourire mirobolant sur le visage. Elle mangea avec bonheur les scones tièdes et les sandwiches servis par Wooly, tout en racontant par le menu tout ce qu'elle avait vu dans le Manoir et dans les jardins. Son babillage incessant attendrissait Draco, qui n'hésitait pas à en rajouter sur leurs folles aventures.

Après qu'elle ait terminé son goûter, elle alla s'asseoir dans le divan et tomba presque aussitôt endormie.

- Je crois que nous ferions mieux de rentrer, dit Ron.

- Oui, approuva Hermione. Merci à tous les deux pour cet après-midi.

- Avant que vous ne partiez, j'ai quelque chose à vous montrer, dit Draco.

Il se leva et appela Wooly afin qu'il garde un œil sur Rose, puis il fit un signe à Ron et Hermione.

Curieux, ils le suivirent dans les couloirs, jusqu'à ce que Draco s'arrête devant un mur.

- Draco, tu es sûr ? lui demanda Harry. Tu n'es pas obligé de…

- Si. C'est toi qui a raison. Il le faut.

De plus en plus intrigués, Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet quand ils virent Draco agiter sa baguette pour faire apparaître sur le mur les contours d'une porte. Il l'ouvrit et aussitôt des torches magiques s'allumèrent le long d'un escalier qui descendait au sous-sol.

-Suivez-moi, leur dit-il en s'engageant dans l'escalier.

Arrivés en bas des marches, Ron et Hermione regardèrent autour d'eux, complètement abasourdis.

-Bordel, souffla Ron. Qu'est-ce que c'est que tout ça ?

Hermione fixa Malefoy d'un regard dur, les bras croisés sur sa poitrine.

- Alors tu m'as menti ? Tu possèdes bien un laboratoire clandestin !

- Draco ne t'a pas menti ! intervint Harry. Ce n'est pas un labo clandestin.

- Voici les installations de Peacock's Labs, dit Draco.

- Quoi ? s'étonna Ron en écarquillant les yeux. Tu loues ton sous-sol à un labo privé ?

- Non. Peacock's Labs m'appartient. Et je gère le laboratoire sous le nom de Malcolm Drake. Vous imaginez bien pourquoi je fais usage d'un faux nom…

- Ouais… C'est clair que le tien ne fait pas recette en Grande-Bretagne, résuma Ron.

- Mais comment fais-tu vis-à-vis de ton personnel ? demanda Hermione. Ils ont bien dû te reconnaître !

- Je n'ai qu'un employé et il ne m'a jamais vu. Il s'occupe des livraisons. Toute la marchandise qui doit partir est entreposée dans un petit hangar que je possède en bordure de la propriété, de sorte qu'il n'a jamais mis les pieds au Manoir.

Un long silence accueillit cette déclaration.

-Tu… tu veux dire que tu t'occupes tout seul de la préparation des potions ? souffla Hermione.

Draco hocha la tête.

- Mais… ça représente un travail de dingue ! s'exclama Ron.

- Eh bien, je n'avais pas grand-chose d'autre à faire… jusqu'il y a peu, dit Draco en regardant Harry.

- Pourquoi nous l'avoir montré ?

- Parce qu'Harry a confiance en vous. Alors, moi aussi.

Ron et Hermione échangèrent un autre regard et Draco se demanda si un jour, Harry et lui parviendraient à se comprendre si bien qu'eux non plus n'auraient plus besoin de mots. Sa question trouva une réponse quand Harry releva les yeux vers lui. Ils étaient remplis d'amour et de reconnaissance.

- Malefoy, dit Ron en s'avançant vers lui. Merci pour ta confiance. Ça compte beaucoup pour nous. Et je peux t'assurer que nous ne dirons rien à propos de ton laboratoire. Tu as ma parole.

- Merci Weasley, répondit Draco.

Sur une impulsion, il tendit la main. Ron la regarda une fraction de seconde et s'en saisit. Puis il attira Draco à lui dans cette inimitable étreinte qui était la marque de fabrique des Weasley.

Sur le coup, Draco suffoqua légèrement et se raidit.

- Allez Draco, détends-toi, dit Ron en lui assénant une tape dans le dos. Harry est mon frère… ça fait de toi presque mon beau-frère !

- Presque, Weasley. Presque.

Ron lâcha Draco et partit d'un rire tonitruant.

- Il faudra t'y habituer, mon pote ! A Noël, ce sera pire !

- A Noël ?

- Ah oui… j'ai oublié de te prévenir… tu passes Noël au Terrier avec nous. Quand je dis nous, c'est les Weasley au grand complet, Neville et Hannah, Luna et Rolf s'ils sont rentrés de Suède. Et Harry. Evidemment.

Draco pâlit légèrement et tourna un regard très inquiet vers Harry. Ce dernier lui sourit innocemment et lui prit la main pour le réconforter.

Draco soupira. Il n'était pas du tout rassuré.

OOOOOOO

Jeudi 25 décembre 2008 – Manoir Malefoy

- Je me suis moqué d'eux pendant des années ! Mon père a été odieux avec eux ! Ils me détestent Harry !

- Non Draco, ils ne te détestent pas, soupira Harry pour la centième fois. Et tu n'es pas ton père. Ils savent faire la différence.

- Et Londubat ? Et Lovegood ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ?

- Tu n'auras rien à dire du tout. Neville et Hannah ne viennent pas car Frank a attrapé la dragoncelle. Et Luna et Rolf sont bloqués en Suède à cause d'une invasion de… je ne sais plus trop quoi. Bref, ils rentrent seulement demain.

Draco maugréa quelque chose d'incompréhensible, tout en se regardant dans le miroir. Il portait un pull à col roulé en cachemire vert foncé sur un pantalon à pinces noir.

- Ce n'est pas une tenue pour une réception de Noël, râla-t-il.

- Nous n'allons pas à une réception mais à un repas de famille chez les Weasley. Crois-moi, tu es parfait.

Draco fit une moue contrariée. Il avait prévu de porter une coûteuse robe en soie et fils d'argent et avait failli s'étouffer en voyant Harry sortir du dressing vêtu d'une simple chemise blanche sur un pantalon gris clair. Il avait soupiré comme un condamné à mort en comprenant qu'il allait devoir s'habiller de manière ordinaire.

-C'est peut-être un piège ! dit-il en se retournant brusquement vers Harry. Ils m'ont invité pour se venger et pour m'humilier ! Après quoi, ils te convaincront que je suis une odieuse personne et que tu dois me laisser tomber !

Harry resta interdit un long moment. Pour peu, on aurait pu l'entendre cligner des yeux.

- Draco, dit-il du ton qu'on utiliserait pour parler à un déséquilibré. Personne ne va t'humilier. Et personne ne me dira de te laisser tomber. Tu es invité parce que tu es mon petit-ami et qu'ils veulent faire ta connaissance.

- Ils ne m'aiment pas.

Harry renonça à discuter avec Draco. Les Weasley ne le détestaient pas. Ils ne l'aimaient peut-être pas encore, mais ils ne le détestaient pas.

Molly était la première que Harry avait mise au courant de sa relation avec Draco. Si elle avait paru surprise au début, elle n'avait fait aucun commentaire désobligeant. Elle avait seulement demandé à Harry si Draco le rendait heureux. Le sourire béat de son presque fils adoptif avait achevé de la convaincre.

Il en avait ensuite parlé à Arthur qui, toujours pragmatique, lui avait dit qu'il avait confiance en son jugement qu'il ne fallait pas juger les enfants aux seules actions de leurs parents.

Molly s'était chargée d'avertir ses fils. Bill et Charlie n'avaient fait aucune difficulté. Percy avait fait un discours moralisateur sur le fait que Harry devait rester prudent. Et George avait éclaté de rire en disant « par les couilles de Merlin, il était temps ».

Harry avait par contre tenu à prévenir Ginny lui-même. Il lui avait donc envoyé un long courrier dans lequel il lui disait combien il était heureux, et combien il avait enfin trouvé un sens à son existence. Ginny lui avait répondu qu'elle lui souhaitait tout le bonheur du monde.

- J'ai reçu une Beuglante, dit Draco, sortant Harry de ses pensées.

- Une Beuglante ? Quand ça ?

- Ce matin. Pendant que tu étais sous la douche.

- Pourquoi tu n'as rien dit ?

Draco haussa les épaules et s'assit sur le lit. Il semblait si abattu que le cœur de Harry se serra violemment. Il vint s'asseoir à côté de Draco et lui prit la main.

- Ça faisait longtemps qu'on n'en avait plus reçues. Presque un mois, dit-il avec philosophie.

- C'est Noël, Harry ! Qui peut être assez mesquin pour envoyer une Beuglante le jour de Noël ?

- Un con qui ne mérite même pas qu'on se préoccupe de lui.

Comme il s'y attendait, l'annonce du couple qu'il formait avec Draco n'avait pas fait l'unanimité. Leur sortie au Serpencendre n'était pas passée inaperçue et très rapidement, la presse s'était emparée de leur histoire. Les hiboux avaient alors commencé à affluer. Il y avait de tout. Ceux qui les félicitaient chaleureusement. Ceux qui ne savaient pas quoi en penser. Ceux qui les critiquaient tous les deux à cause de leur mode de vie contre nature. Et ceux qui s'en prenaient exclusivement à Draco. Ils étaient peu nombreux mais virulents. Ils le traitaient de mangemort et lui souhaitait de crever dans d'atroces souffrances pour avoir perverti leur Sauveur.

L'arrivée de Bleuglantes avaient toutefois brusquement cessé quand la presse avait relayé le rôle de Draco dans l'arrestation de Zacharias Smith. Il restait encore quelques esprits chagrins qui s'offusquaient de ce que le Ministère fasse confiance à un ancien mangemort, mais la plupart des gens avait commencé à considérer Draco autrement.

Jusqu'à ce matin. Et cela expliquait pourquoi Draco était tellement nerveux à l'idée d'affronter le clan Weasley tout entier.

- Qui que ce soit, je lui souhaite que sa dinde soit avariée et qu'il vomisse ses tripes, dit Harry.

- Ouais. Et qu'il chie par le nez pendant une semaine.

- Draco… mais t'es dégueulasse ! rigola Harry, à moitié dégoûté.

Ils se mirent à rire tous les deux, d'un rire énorme et libérateur, qui faisait mal aux côtes et à la mâchoire.

Après de longues minutes, leur fou-rire se calma. Ils essuyèrent leurs joues baignées de larmes et se regardèrent en souriant.

- Tout ira bien, promit Harry.

- Je sais. Car tu seras là.

- Je t'aime, Draco.

- Je t'aime aussi.

OOOOOOO

Le Terrier, Loutry-Ste-Chaspoule, Devon

La première chose que Draco perçut en sortant de la cheminée, ce fut les odeurs. Il se dit que si Noël devait avoir une odeur, ce serait celle-là. Un mélange de dinde rôtie, de sapin fraîchement coupé, de cannelle, de sucre cuit et de cire de bougie.

Au Manoir, Noël ne sentait rien. Les pièces étaient trop vastes pour emprisonner les parfums du sapin. Et les cuisines étaient tellement éloignées que les odeurs de cuisson ne parvenaient jamais jusqu'à la salle à manger.

Il sourit et respira profondément, se laissant gagner malgré lui par une douce torpeur.

Quand il se ressaisit, il remarqua que Harry n'était plus à côté de lui et qu'un groupe de têtes rousses le regardaient silencieusement.

-Alors ? Ils sont arrivés ? dit une femme replète qui sortait de la cuisine.

Elle avisa alors Draco, qui se tenait toujours devant la cheminée. Elle avança vers lui d'un pas déterminé et l'espace d'une seconde, Draco se demanda si elle n'allait pas le frapper avec un rouleau à pâtisserie. Il chercha désespérément Harry des yeux et celui-ci se matérialisa à côté de lui au moment-même où Molly Weasley l'attrapait par les épaules pour le serrer dans ses bras.

Il se crispa. Il détestait que son espace personnel soit envahi de la sorte par… eh bien par quiconque d'autre que Harry. Il était anglais, bordel !

- Sois le bienvenu, Draco, dit la matriarche, chaleureusement.

- Merci pour cette invitation, Madame Weasley. Je vous souhaite un joyeux Noël.

- Il n'y a pas de quoi ! Joyeux Noël à toi aussi.

Elle laissa la place à son mari. Draco redouta qu'il l'étreigne lui aussi, mais l'homme se contenta de lui serrer la main.

- Joyeux Noël, Draco. Et merci pour tout ce que tu as fait pour Harry et Ron, au Ministère. C'est grâce à toi que Smith a été mis hors de nuire.

- Oh, eh bien…

Ce fut comme un signal pour tout le reste de la famille. Ils s'approchèrent et se présentèrent à tour de rôle. Grâce aux descriptions que Harry lui avait faites, il n'eut pas de mal à les reconnaître. Bill et Fleur lui souhaitèrent la bienvenue. Charlie se contenta d'un « salut, joyeux Noël », tandis que George fut beaucoup plus exubérant, un peu dans le genre de sa mère ou de son petit frère.

La surprise vint de Percy qui gratifia Draco d'une vigoureuse poignée de main en lui disant combien il devait être remercié pour son intervention qui avait sauvé le Ministre de la disgrâce. S'en suivirent un long monologue pompeux sur l'importance des valeurs dans le monde politique, monologue fort heureusement écourté par l'arrivée de nouveaux invités.

Ginny et Diego firent leur entrée sous les exclamations de bienvenue de Madame Weasley, plus que ravie de revoir sa fille.

C'était manifestement aussi le cas de Harry, constata Draco avec amertume. Il se précipita sur elle et la serra dans ses bras avec une tendresse qui ne laissait aucun doute sur leur relation passée. Sans qu'il puisse l'empêcher, l'image de leurs corps emmêlés s'imposa à Draco. Harry avait-il caressé son corps de femme de la même manière dont il avait caressé le sien ? Y avait-il pris le même plaisir, ou davantage ? Avait-il soupiré son prénom à elle avec la même ferveur qu'il soupirait le sien ? Eprouvait-il encore quelque chose pour elle ? Regrettait-il de l'avoir quittée ?

Le feu de la jalousie se répandit dans ses veines à une vitesse prodigieuse, à tel point que sa magie commença à crépiter au bout de ses doigts.

- Hé, relax, mec, dit la voix de Ron à côté de lui. Les choses sont réglées depuis longtemps entre lui et ma sœur. Ginny va se marier et Harry est amoureux de toi. Tu n'as pas être jaloux.

- Oh. Donc, ça ne t'ennuie pas que je prenne Hermione dans mes bras et que je lui murmure des trucs à l'oreille. Après tout, elle est amoureuse de toi.

Ron fronça les sourcils.

- Que les choses soient claires, Malefoy. Je ne te considère pas comme une menace… mais tu n'as pas intérêt à toucher à ma femme !

- On est d'accord. Alors, ne me dis plus jamais ce que je dois penser quand je vois mon mec dans les bras de quelqu'un d'autre, répliqua Draco sèchement avant de s'éloigner.

Harry réalisa un peu tard que son attitude envers Ginny avait pu paraître ambiguë aux yeux de Draco. Il attendit la fin du repas pour se faire pardonner. Alors que tout le monde se levait pour débarrasser, il prit la main de Draco pour le ramener vers lui et l'embrasser.

- Merci, chuchota Harry.

- Pourquoi ?

- Pour être ici, avec moi.

- C'est moins pénible que je ne l'imaginais.

- Ils t'aiment bien, tu sais.

- Tu crois ?

- J'en suis certain.

- Hm… il se peut que je les apprécie aussi. Un peu.

Harry secoua la tête en riant.

-Tu es insupportable, dit-il. Et pourtant, je n'ai jamais été amoureux de quelqu'un comme je le suis de toi.

Draco sourit, le cœur plus léger. Il se pencha et embrassa Harry avec tendresse.

-ROOOOOH ! ONCLE DRACO FAIT DES BISOUS A PARRAIN ! s'écria Rose.

Les deux hommes sursautèrent. Toute la tribu Weasley était en train de les regarder.

- Pris sur le fait, souffla Harry en rougissant.

- Depuis quand Malefoy est devenu « oncle Draco » ? demanda Ron à sa fille.

- Enfin, papa ! fit-elle dans une parfaite imitation de sa mère. Draco est l'amoureux de parrain. Ils vont vivre ensemble pour toujours ! C'est oncle Draco ! C'est logique !

- Bien entendu, répondit Ron, peu contrariant.

A partir de là, tous les enfants adoptèrent « oncle Draco ». Il fut réquisitionné pour jouer avec eux à la Bataille explosive et pour leur raconter des histoires de Noël. Ce qu'il fit avec plaisir.

Plus l'après-midi avançait, plus il apprenait à connaître ces gens simples mais généreux, plus il comprenait pourquoi Harry se sentait si bien avec eux. Contrairement à ce qu'il avait craint, aucun d'eux ne l'avait jugé sur son passé ou sur sa famille. Il avait parlé potions avec George, situation politique avec Percy et météo avec Bill et Charlie. Les femmes n'étaient pas en reste : il se remémora quelques beaux matchs de Quidditch avec Angelina et fut ravi de partager avec Fleur ses souvenirs de son dernier voyage à Paris. Même Audrey, la très timide femme de Percy, se mêla à la conversation.

La seule qu'il était parvenu à éviter, c'était Ginny. Jusqu'à ce qu'elle vienne vers lui, un mug de thé à la main et un air déterminé sur le visage. Il regarda à droite et à gauche, mais l'endroit où il se trouvait n'offrait aucune solution de repli. Cette maison était un véritable labyrinthe. Quant à Harry, il n'était nulle part en vue.

- A te voir comme ça, dit-elle, je pourrais penser que tu cherches à m'éviter.

- Tu te trompes, mentit Draco.

- Hm.

Elle but une gorgée de son thé tout en fixant Draco dans les yeux. Il devait admettre qu'elle était très jolie avec son teint frais, ses longs cheveux roux et ses yeux marron rieurs. Sa silhouette fine et musclée n'était pas très féminine mais cependant gracieuse.

- Tu n'as rien à craindre de moi, dit-elle à brûle-pourpoint. Harry m'a quittée il y a plus de cinq ans quand il a admis qu'il préférait les hommes. Nous sommes restés amis parce que je ne peux pas lui en vouloir pour quelque chose qu'il n'a pas choisi.

- Pourquoi me dis-tu ça ?

- Parce que j'ai vu ta réaction quand il m'a prise dans ses bras. Tu tiens à lui. Tu as peur de le perdre.

Comme Draco ne répondait rien, elle poursuivit.

- Je ne suis pas ton ennemie, Draco. Bien au contraire. C'est peut-être même grâce à moi si tu es avec Harry. C'est moi qui lui ai dit d'aller vers toi.

- Toi ? Mais comment…

- La dernière fois que je suis rentrée en Angleterre, j'ai vu Harry. Il m'a parlé de toi, du fait qu'il t'avait rencontré par hasard, que vous étiez allé prendre un verre à deux reprises. Il ne savait pas quoi en penser. Je lui ai dit de tenter sa chance.

Draco dut s'y reprendre à deux fois avant de parvenir à parler.

- Je… Je ne savais pas, souffla-t-il.

- Eh bien, maintenant tu sais.

Ginny souffla doucement sur son thé.

-Il est amoureux de toi. En fait… je pense qu'il a des sentiments pour toi depuis bien plus longtemps qu'il ne veut bien se l'avouer. Cette obsession qu'il avait pour toi quand nous étions à Poudlard, sa détermination à prouver que tu étais innocent lors de ton procès…

Elle soupira profondément.

- Tout ça allait bien au-delà de son désir naturel d'aider les gens.

- Et toi ? demanda Draco.

- Je ne suis plus amoureuse de lui, si c'est ça ta question, dit-elle en haussant les épaules. Je l'ai sans doute été, du moins je le crois. Il était mon premier amour, et je n'imaginais même pas pouvoir aimer quelqu'un d'autre après lui. Puis j'ai rencontré Diego. Et j'ai compris que non seulement j'étais capable d'aimer quelqu'un d'autre que Harry, mais surtout de l'aimer bien plus fort. La vérité, c'est que ce qui nous a lié Harry et moi, c'était seulement de la tendresse déguisée en amour. On aimait l'idée de s'aimer. C'est tout.

Draco hocha la tête, encore un peu sous le choc de cette confidence inattendue.

- Merci, dit-il. Merci de m'avoir dit tout ça.

- Pas de quoi. Il n'y a peut-être plus d'amour ente nous, mais je tiens encore énormément à Harry. Tout ce que je souhaite, c'est son bonheur. Et son bonheur, c'est toi.

Sur ces mots, elle partit rejoindre son fiancé, laissant derrière elle une légère odeur de thé. L'instant d'après, Harry arriva.

- Je t'ai vu parler avec Ginny, dit-il. Tout va bien ?

- Tout va parfaitement bien, répondit Draco en le prenant dans ses bras et en le serrant contre lui.

- Draco, tu es sûr que…

- Moi non plus je n'ai jamais été amoureux de quelqu'un comme je le suis de toi.

Harry ne sut que répondre. A la place, il sourit et referma ses bras autour de Draco.

- Désolé de casser l'ambiance, dit la voix de Ron qui n'avait pas l'air désolé du tout, mais on voudrait te parler, Malefoy.

- Que se passe-t-il ? demanda Harry, déjà inquiet.

- On a réfléchi à ce que tu nous as dit avant-hier, commença Hermione en s'adressant à Draco. A propos de ton labo et du fait que tu ne veux pas dévoiler être le véritable propriétaire de Peacock's Labs.

Cela faisait deux jours qu'Hermione tentait de convaincre Draco de cesser de se cacher sous l'identité de Malcom Drake.

- Je ne changerai pas d'avis, dit Draco fermement. Je ne veux pas causer d'ennuis à Seamus. Si on apprend qu'il a couvert mon mensonge pour que je travaille avec Ste Mangouste, il sera renvoyé !

- Nous l'avons bien compris. Mais je pense avoir trouvé une solution.

- Laquelle ?

- Tu rachètes Peacock's Labs. Tu prétends que Malcom Drake t'a vendu ses parts car il souhaitait arrêter son activité. Tu deviens officiellement propriétaire du laboratoire, Seamus n'est pas inquiété et toi, tu peux enfin engager des assistants pour t'aider.

Draco resta silencieux. Il n'avait pas pensé à ça.

- Draco, c'est une excellente idée ! dit Harry.

- Je ne sais pas. C'est une bonne chose pour Seamus c'est vrai, mais ça ne résout rien en ce qui me concerne. Même si l'opinion publique est plus clémente à mon égard, je ne pense pas que Ste Mangouste acceptera travailler avec moi.

- C'est pour ça que tu as besoin de soutiens, dit Ron.

- De soutiens ? Quels soutiens ?

- Tu comptes toujours prendre trois semaines de vacances avec Harry après Nouvel an ? demanda Ron, sans répondre à sa question.

- Et comment ! Ce seront les premières vacances que je prendrai depuis presque trois ans !

- Alors, laisse-moi faire. Quand Harry et toi rentrerez, tout sera réglé. Mais pour ça, tu dois me faire confiance.

Ron fixa Draco droit dans les yeux, attendant sa réponse.

-Je te fais confiance, dit Draco.

Ron lui sourit, satisfait.

-LA BUCHE EST SERVIE ! cria la voix de Madame Weasley depuis la salle à manger.

Aussitôt les enfants sortirent de nulle part et se précipitèrent à table en piaillant. Mais malgré leurs efforts, ils ne purent devancer Ron qui fut le premier à s'installer. S'en suivit une lutte entre George et lui pour savoir qui mangerait le troll en sucre au-dessus du gâteau. Madame Weasley réprimanda vigoureusement des fils en les menaçant de les priver de dessert, exactement comme quand ils étaient petits. La menace porta ses fruits car les deux hommes cessèrent de se chamailler à propos du troll et se disputèrent la sorcière en massepain à la place.

Draco jeta un regard désespéré à cette marmaille bruyante et désorganisée, qui ne semblait respecter aucune règle de bienséance. Puis au milieu d'eux, il vit Harry, dont le sourire était resplendissant et les yeux brillants de vie. Ces gens étaient sa famille. Il les aimait et ils le lui rendaient bien.

Alors, Draco se dit qu'il pouvait faire un effort et supporter leur manque de savoir-vivre le temps d'une fête de Noël.

Discrètement, il sortit sa baguette et jeta un sort sur les personnages en sucre. Le troll frappa sa massue sur le doigt de George et la sorcière mordit celui de Ron, avant de s'encourir à toutes jambes, sous les cris de joie des enfants qui essayaient de les attraper.

Oui. Il pourrait supporter ça. Même peut-être même jusqu'au Nouvel an.

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Dimanche 1er février 2009 – Manoir Malefoy

Harry et Draco passèrent les trois premières semaines de l'année 2009 au Brésil. Draco avait d'abord proposé Bora-Bora, mais, curieusement, Harry avait refusé.

Ces trois semaines avaient été magiques. C'était exactement ce dont ils avaient besoin pour prendre du recul par rapport aux évènements passés et pour songer à leur avenir.

A leur retour, ils constatèrent que Ron avait tenu parole.

Ils apprirent ainsi que Malcom Drake avait décidé de se retirer des affaires et que les Laboratoires Malefoy se proposaient de racheter Peacock's Labs afin de poursuivre l'activité.

Le Ministre Shacklebolt avait vivement soutenu le projet, affirmant publiquement que Draco Malefoy était certainement le meilleur potionniste de Grande-Bretagne depuis Severus Rogue. Il rappela aussi que sans son intervention, un meurtrier en série serait toujours en liberté.

Cette prise de position fut confirmée par le Professeur Tannenbaum, du prestigieux Institut de Potions de Hambourg, qui confirma que Draco Malefoy faisait indiscutablement partie de ses meilleurs élèves.

Le Professeur Londubat, éminent botaniste et enseignant à Poudlard, apporta sa contribution en faisant savoir qu'il allait collaborer étroitement avec les Laboratoires Malefoy en leur fournissant certaines plantes rares qui permettraient de développer de nouvelles potions, et donc de nouveaux traitements.

Hermione Granger, devenue entretemps adjointe du Ministre en lieu et place de Zacharias Smith, débloqua un budget spécial pour financer ces nouvelles recherches.

Devant autant d'enthousiasme venant de tous les milieux, l'Hôpital Ste Mangouste ne put que se réjouir de poursuivre sa collaboration avec Peacock's Labs, devenus entretemps les Laboratoires Malefoy.

-C'est un plan digne d'un Serpentard, dit Draco en refermant la Gazette du Sorcier.

Sur la première page, on le voyait avec Harry, à la sortie du Magenmagot, juste après la fin du procès de Zacharias Smith. La une indiquait en grand « le retour en grâce de l'héritier Malefoy ».

- Venant de ta part, je prends ça comme un compliment, dit Hermione avec un sourire en coin.

- Merci à tous les deux. Sincèrement.

Sincère, Draco l'était indiscutablement. Et ému aussi. Ron le remarqua mais se garda de faire le moindre commentaire caustique. L'heure n'était pas aux taquineries inutiles.

- Et maintenant ? demanda Harry. C'est quoi la suite ?

- Trouver un lieu approprié pour établir les Laboratoires Malefoy, dit Ron.

- Je sais que tu as consacré beaucoup de temps à la transformation du Manoir, dit Hermione, mais je pense que ce serait mieux d'installer le laboratoire dans un endroit séparé.

- C'est ce que je pense aussi, dit Draco. Surtout si j'engage d'autres personnes. Je ne veux pas d'un va-et-vient dans notre maison. N'est-ce pas, Harry ?

Le cœur de Harry eut un petit sursaut quand il entendit Draco parler de « leur » maison.

- Oui. Tu as raison, dit-il.

- A ce propos, dit Hermione en tendant un parchemin à Draco. Le Professeur Tannenbaum te recommande deux de ses élèves. Elvira Morton et Samuel Ross. Ils sont diplômés depuis juin dernier et viennent de terminer un stage à l'Hôpital St Prosper à Paris.

- Hm. Si Tannenbaum les recommande, c'est qu'ils en valent la peine.

- Pourquoi ne l'a-t-il pas fait pour toi ? demanda Harry.

- Il l'a fait.

Draco n'ajouta rien d'autre. C'était encore difficile pour lui d'évoquer le rejet dont il avait fait l'objet après la guerre.

- Tout ça est derrière toi, Draco, dit Hermione. Une nouvelle vie commence.

- Oui, soupira-t-il. Une nouvelle vie.

En répétant ces mots, il ne put s'empêcher de regarder Harry. Silencieusement, il lui prit la main. Tout était dit.

OOOOOOO

Vendredi 7 mars 2009 – Résidence de Ron et Hermione Weasley

-Tu n'es pas obligé de rester, Harry, soupira Hermione en s'asseyant difficilement dans le fauteuil. Je peux me débrouiller.

Elle en était à son huitième mois de grossesse et le matin même, elle avait fait un malaise en voulant déplacer une caisse de parchemins. Fou d'inquiétude, Ron l'avait amenée d'urgence à Ste Mangouste. Le médicomage s'était montré rassurant mais lui avait ordonné de rester allongée le plus souvent possible, si elle ne voulait pas accoucher avant terme. A son grand désarroi, elle avait été mise en congé forcé du Ministère.

- J'ai promis à Ron de te surveiller. Tu dois rester tranquille.

- Je peux très bien lire mes dossiers en restant assise !

- Non, dit fermement Harry. Pas de dossiers. Juste des livres et des magazines.

Hermione soupira en levant les yeux au ciel.

- Ron ne peut pas te demander de me baby-sitter à chaque fois qu'il s'absente tout de même !

- Et pourquoi pas ?

- Parce que tu as ta vie ! On est vendredi soir, je parie que Draco et toi, vous aviez des projets.

- Figure-toi que non. Entre le déménagement du laboratoire, l'arrivée de ses deux assistants, les démarches administratives et la presse qui n'arrête pas de vouloir l'interviewer, Draco est rentré épuisé. Il dormait quand Ron m'a appelé.

- Il est épuisé, mais heureux, non ?

- Oui, confirma Harry avec un sourire. Le nouveau labo est fantastique et ses assistants ont l'air vraiment compétents. Je suis tellement fier de lui.

- Et toi ? Toujours sûr de ton choix ?

- Absolument.

A l'issue de son congé, Harry avait réintégré le Bureau des Aurors.

Draco avait bien essayé de l'en dissuader, mais sans succès. Il faut dire qu'il s'y était plutôt mal pris en faisant comprendre à Harry que vu sa fortune, il était parfaitement capable de l'entretenir. Il avait même ajouté que s'il avait peur de s'ennuyer, il pourrait toujours s'occuper d'œuvres de bienfaisance. Harry s'était mis en colère, vexé que son compagnon puisse envisager une chose pareille.

Draco avait immédiatement battu en retraite, suggérant plutôt de devenir enquêteur privé, ou bien de s'associer avec lui dans la gestion du laboratoire. Harry avait sérieusement réfléchi à la première option, pour finir par refuser. Il était Auror. C'était ce qu'il voulait faire depuis toujours. Il aimait ça. Il était fait pour ça.

Quand il avait annoncé sa décision à Draco, celui-ci n'avait pas dit un mot et s'était enfermé dans son bureau. Il avait regagné leur chambre tard dans la nuit. Harry ne dormait pas. Il voulait une explication.

-J'ai peur, avait murmuré Draco, assis, dans le noir, au bord du lit. Peur que tu sois blessé. Que tu…

Il avait soupiré.

-J'ai peur de te perdre.

Sa voix s'était brisée sur le dernier mot et Harry avait compris qu'il pleurait. Il s'était approché de lui, et avait entouré ses épaules de ses bras. Il n'avait pas allumé la lumière car il savait que Draco n'aurait pas supporté de montrer un visage aussi faible.

- Merci de tenir autant à moi, avait-il murmuré dans l'obscurité.

- Tu ne changeras pas d'avis.

- Non. Mais tout sera différent.

- Pourquoi ?

- Parce que tu es là. Tu es la raison pour laquelle je rentrerai vivant et en bonne santé, tous les soirs.

Ils n'en avaient plus reparlé. Trois jours plus tard, Harry reprenait le travail au grand soulagement de Kingsley et faut-il le dire, de Ron également.

-Harry, tu m'écoutes ?

Il sursauta, sortant brusquement de ses pensées.

- Désolé, dit-il. Tu disais ?

- Je disais que Ron et moi aurions aimé demander quelque chose à Draco. Mais je préférais t'en parler avant.

- De quoi s'agit-il ?

- Crois-tu qu'il accepterait d'être le parrain de notre fils ?

Harry n'aurait pas pu être plus abasourdi.

- Je… mais… Ron est d'accord ? Je veux dire… il y a ses frères et…

- En fait, c'est lui qui en a eu l'idée. Et j'approuve totalement. Je voudrais vraiment que Draco accepte.

- Il acceptera, j'en suis sûr !

- Dans ce cas, nous lui en parlerons dès que…

Hermione ne put terminer sa phrase car Harry était en train de la serrer dans ses bras.

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Vendredi 30 octobre 2009 – Ministère de la Magie, Bureau des Aurors

- J'ai encore du mal à réaliser, dit Harry, tristement.

- Pour être honnête, moi aussi, dit Ron en rangeant la photo d'Hermione et de ses enfants dans une boîte en carton, juste à côté d'une plante en pot, de son mug préféré, de quelques livres et d'un bricolage que Rose avait confectionné pour la fête des pères.

Il balaya la pièce du regard. Les étagères étaient vides, les tiroirs aussi.

- Ce ne sera plus pareil sans toi, continua Harry.

- Ce sera mieux. Je n'étais pas fait pour ce job.

- Tu te trompes, Ron. Tu étais…

- Non, Harry. Je ne suis pas comme toi. Je ne regretterai jamais les années que j'ai passées ici mais je sais que ce n'est pas la vie que je veux.

Harry hocha la tête.

Un an s'était écoulé depuis qu'il avait été attaqué par le nundu. Et tellement de choses avaient changé.

Un dangereux criminel avait été arrêté. Il vivait une extraordinaire histoire d'amour avec un homme compliqué, fragile et fort à la fois, doublé d'un épicurien et d'un potionniste de génie. Il avait retrouvé une place à part entière dans l'équipe des Aurors. Sa meilleure amie avait donné naissance à un petit garçon en pleine santé, prénommé Hugo.

Et son meilleur ami avait décidé de démissionner du Bureau des Aurors pour travailler avec son frère, dans son magasin de farces et attrapes.

- Tu sais que je respecte ta décision, dit Harry. Mais il n'empêche… tu vas me manquer.

- C'est pas comme si on n'allait plus se voir… Draco ne parvient pas à passer une semaine sans voir son précieux filleul et il aide George à mettre au point un nouveau produit !

- Oh, donc je me résume à ça : l'homme qui accompagne Draco Malefoy.

Ron se mit à rire.

-Je t'aurai fait marcher jusqu'au bout !

Il reprit son sérieux et fixa son meilleur ami dans les yeux.

- Tu vas me manquer, Harry. Et je ne te remercierai jamais assez d'avoir accepté ma décision, et de m'avoir soutenu. Face à Kingsley. Et face à Hermione. Ce qui n'était sans doute pas le plus facile.

- Je sais que c'est important pour toi. Et je sais aussi que, de là où il est, Fred est fier de toi et heureux que tu reprennes le flambeau avec George.

Emu, Ron se contenta d'un petit signe de tête. Puis il ouvrit un tiroir duquel il sortit un insigne représentant trois étoiles dorées.

- C'était le mien, dit-il en le donnant à Harry. Je sais que tu en recevras un neuf des mains de Kingsley mais… je voulais te le donner. En souvenir.

- Ron ! Je ne peux pas accepter !

- S'il te plait.

- Merci. J'en prendrai soin. Tu n'as pas idée de ce que ça représente pour moi.

Ron lui sourit.

- Tu feras un excellent Auror en Chef, Harry.

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Dimanche 13 décembre 2009 – Manoir Malefoy

L'aube venait à peine de se lever.

Les arbres, les buissons et les jardins du Manoir semblaient figés sous la délicate couche de givre qui les recouvrait et qui scintillait sous les premiers rayons du soleil. La journée promettait d'être magnifique. Froide et lumineuse.

A l'intérieur du Manoir, on n'entendait que le bruit de l'horloge du grand salon qui égrainait patiemment ses secondes. Au premier étage, un elfe de maison remontait silencieusement le couloir de l'aile centrale, faisant léviter devant lui une pile de draps propres à ranger dans la lingerie. Il passa devant la chambre de ses maîtres, s'arrêta un instant, puis continua son chemin sans plus prêter attention aux bruits qui lui parvenaient.

La chambre était plongée dans une semi-obscurité. Des soupirs et des gémissements étouffés provenaient du lit, où deux corps étaient mêlés, tête-bêche, l'un au-dessus de l'autre, de procurant mutuellement du plaisir.

Harry redressa la tête et gémit fortement quand les doigts de Draco remplacèrent sa langue. Il se cambra et agita les hanches pour aller encore mieux à la rencontre de cette main merveilleuse. Après plusieurs minutes de cette délicieuse torture, il n'en pouvait plus. Il suça vigoureusement le membre de Draco, s'avança et s'empala dessus sans autre cérémonie. Il se mit ensuite à onduler lentement, voluptueusement.

Une plainte rauque s'échappa de la gorge de Draco. Il n'y avait rien de plus érotique que de voir Harry, de dos, se mouvoir sur lui. Son corps était à peine éclairé par la froide lumière d'hiver qui filtrait entre les tentures entrouvertes, mais c'était suffisant pour qu'il puisse distinguer les muscles de son dos rouler doucement, ses reins se cambrer, ses fesses se soulever légèrement.

Le souffle court, Draco avança les mains et caressa la peau douce du bas de son dos. Cela faisait plus d'un an qu'ils avaient fait l'amour pour la première fois, et il était toujours émerveillé comme au premier jour, de voir son sexe coulisser dans l'antre étroit de son amant.

Heureusement qu'ils vivaient seuls dans le Manoir et que les elfes de maison étaient totalement indifférents aux désirs humains, car depuis que Harry avait emménagé avec lui, ils faisaient l'amour partout et tout le temps. Leurs envies étaient aussi fréquentes qu'inopinées, et l'un et l'autre y répondaient toujours avec bonheur.

Ainsi, il n'était pas rare que Draco se réveille la nuit, sentant Harry frotter son sexe dur entre ses fesses. Il suffisait d'un regard pour que Draco lui donne son assentiment silencieux. Harry le pénétrait alors rapidement, presque sauvagement, pendant qu'il se caressait au même rythme. L'orgasme qui s'en suivait était brusque et court, mais terriblement satisfaisant, les engloutissant tous les deux dans un sommeil lourd.

Draco n'était pas en reste. Un soir, alors que Harry rentrait d'une épuisante mission de deux jours à Glasgow, il ne lui avait même pas laissé le temps d'enlever sa cape de voyage. Il l'avait baisé dans le couloir, contre le mur. Il s'était excusé immédiatement après, mortifié par son comportement animal. Harry lui avait répondu qu'il n'avait jamais joui aussi fort et lui avait fait promettre de ne jamais plus s'excuser d'avoir envie de lui.

Le cœur de Draco se gonfla soudainement d'une émotion sans égale.

-Harry… je veux te voir. Je veux voir ton visage quand tu jouiras.

Harry tourna la tête, regardant Draco par-dessus son épaule. Ses rouges étaient rouges, ses lèvres aussi, et ses yeux brillants de plaisir. Il était l'image même de la luxure.

-Allonge-toi sur moi, commanda Draco. Je veux te caresser.

Harry s'exécuta, en se décalant légèrement pour qu'il puisse poser sa tête sur le coussin.

Draco promena ses mains sur son torse, sans cesser de le pénétrer, pinça ses tétons entre ses doigts, le faisant gémir de plus belle. Harry tourna la tête sur le côté, quémandant la bouche de Draco. Leurs langues se trouvèrent juste avant leurs lèvres, s'épousant, se livrant à une lutte sans fin.

Puis Draco saisit le sexe de Harry d'une main, tandis que l'autre était posée sur son bas-ventre. Il laissa s'échapper le flux magique qu'il retenait difficilement depuis quelques minutes.

Harry se tendit. Il cria. Un cri de plaisir à l'état pur qui emporta la jouissance de Draco au même instant. Après un dernier soubresaut, ils s'immobilisèrent, cherchant à reprendre leur souffle. Draco se retira, et fit glisser le corps moite de Harry à côté du sien.

Ils restèrent longtemps silencieux, blottis dans les bras l'un de l'autre, à écouter leurs cœurs reprendre un rythme normal.

-C'était quand, ta première fois ? demanda Harry.

La question surprit Draco quelque peu.

- Cinquième année, répondit-il avec simplicité. Marietta Edgecomb.

- Marietta Edgecomb ? répéta Harry en redressant la tête. L'amie de Cho ? Mais alors…

- Tous les moyens étaient bons pour trouver votre planque, commenta Draco, sans beaucoup d'embarras. Ceci étant, cela n'a pas été très difficile. Elle était vraiment folle de moi. J'ai même eu de la peine pour elle quand elle s'est retrouvée avec le mot « cafard » tatoué en pustules sur son front. Hermione peut-être vraiment effrayante par moment…

- Et ta première fois avec un garçon ?

- Deux mois plus tard. Un Serdaigle de septième année. On était tous les deux dans la salle de bain des préfets. Une minute, on parlait de tout et de rien, la minute suivante, on s'embrassait. Une chose en entrainant une autre…

- Vous vous êtes revus ?

- Quelques fois. Jusqu'au début du mois de juin. Mais après…

Draco se tut. Harry ne le poussa pas à parler. Il savait ce qui le retenait. Il savait qu'il lui était encore difficile de parler de ce qu'il avait vécu à partir de juin 1996.

-Mais après, reprit-il, il y a eu… le Ministère. La prison pour mon père. Son évasion. Et la réquisition du Manoir par Voldemort. Dans ces conditions, il était inenvisageable pour moi d'encore voir des hommes. Je me suis dit que le plus prudent était de m'afficher avec une femme. J'ai choisi Pansy. Son père était un mangemort actif et elle était amoureuse de moi depuis toujours. Pas la peine de dire combien le Lord approuvait notre relation. Mes parents aussi, d'ailleurs. Je suis parvenu à donner le change durant quelques mois. Mais bien vite, tu sais comme moi que j'ai eu autre chose à penser.

Draco se tut à nouveau et Harry n'insista pas car il avait bien compris qu'il n'en dirait pas davantage.

- Et toi ? demanda Draco.

- Ginny. Le 2 mai 1998.

- Le jour de la bataille ?

- Le soir-même, dit Harry sombrement. Ginny et moi étions sortis. Nous avions besoin de… je ne sais pas… nous éloigner. Il régnait sur place une ambiance étouffante, faite d'allégresse et de désespoir. C'était… enfin, bref. Le Château était en ruine, il y avait des gravats et des morts partout. On a fini par trouver un endroit isolé, par loin du lac. C'est venu comme ça.

- Tu regrettes ?

- En un sens, oui. Ce n'est pas comme ça que j'imaginais ma première fois.

- Tu l'imaginais comment ?

Harry réfléchit un moment avant de répondre.

-En vérité, je ne sais pas. Je croyais que ce serait plus… gratifiant. Mais ça ne l'a jamais vraiment été. Ni pour moi, ni pour elle, je crois... bien qu'elle ne m'ait jamais fait aucun reproche à ce sujet… Evidemment, j'ai compris d'où venait le problème la première fois où j'ai couché avec un homme, rigola-t-il. Et encore… ce n'était rien, comparé à toi.

- Personne ne souffre la comparaison avec moi, répliqua Draco d'un ton suffisant.

Il resserra sa prise autour du corps de Harry et l'attira plus près de lui.

-Et personne ne souffre la comparaison avec toi non plus, chuchota-t-il dans ses cheveux.

Harry sourit et l'embrassa sur la gorge. Il se sentait bien. Heureux. Complet. Epanoui pour la première fois de sa vie.

-Draco ? demanda-t-il après un autre moment de silence.

- Hm ?

- La première fois qu'on a fait l'amour, je t'ai demandé depuis quand tu avais des sentiments pour moi… tu m'as répondu « longtemps ».

- Je m'en souviens.

- Ça veut dire quoi « longtemps » ?

Draco eut un rire étouffé.

-Ça veut dire… longtemps. Bien plus longtemps que tu ne peux l'imaginer.

OOOOOOO

31 juillet 1991 – Chemin de Traverse

« Au fond du magasin, un garçon au teint pâle, au nez en pointe, se tenait debout sur un tabouret tandis qu'une autre sorcière ajustait la longue robe noire qu'il avait revêtue. Madame Guipure installa Harry sur un deuxième tabouret et lui fit passer une autre robe de sorcier dont elle entreprit d'épingler l'ourlet pour le mettre à la bonne longueur.

-Salut, dit le garçon. Toi aussi, tu vas à Poudlard ? »

Avant toi c'était rien

Ou si peu que ma vie

Commença le matin

Du jour où je te vis

FIN


Merci à tous d'avoir lu cette histoire.

Il est vrai qu'elle était rapide dans son déroulement mais c'est le propre des fics courtes, non ? Désolée pour ceux que cela a déçu. Je n'ai pas toujours l'énergie ou l'envie d'écrire des histoires de 40 chapitres.

Merci à Victoria et Corylus pour leur relecture et leur soutien.

Je reviens aux alentours de Noël avec une histoire bien de saison.

A bientôt !

Je vous embrasse

Rose