Helloo!

Navrée du retard qui s'est accumulée, mais je prépares actuellement la sortie de mon deuxième roman et j'ai eu pas mal de pain sur la planche !

- le premier est toujours en vente si cela vous tente : "Le Projet Eden" paru chez Rebelle Editions -

Bref, merci encore de m'avoir suivi ici dans cette aventure ! J'espère que vous allez plonger une ultime fois dans cette histoire !

J'ai prévu un petit rebondissement j'espère qu'il vous plaira ;-)

Encore merci pour tout et bonne lecture !

PS: Vive les Chérik !


Il pleuvait fort. Une sorte de pluie drue, ininterrompu depuis la veille au soir. L'eau avait gonflé la terre, dévalait les graviers de l'allée centrale et couvrait les fenêtres d'une impression de fontaine constante. Ce n'était pas un orage pour autant, juste une averse terriblement tenace. Elle reflétait ce que ressentait Erik. Car depuis quelques jours son estomac c'était noué d'anticipation. Aujourd'hui il allait rencontrer Kurt, son potentiellement fils… Il était plus tendu qu'un arc, plus irritable qu'un homme qui n'aurait pas dormit depuis quatre jours. Seul Charles parvenait à calmer ses angoisses, d'un regard, d'un geste… Erik s'en voulait d'être comme cela.

Il était dans le hall, debout, marchant les cents pas. L'école bruissait depuis les portes closes des salles de classes, de cours en tout genre. Charles apparu doucement. Son fauteuil avançait sans faire le moindre son, mais Erik su qu'il approchait, il reconnaissait le métal utilisé pour sa structure. Il pouvait percevoir sans difficulté le mouvement de cet alliage progresser vers lui.

— Tu n'as pas dormis cette nuit, dit d'une voix douce Charles.

A quoi bon mentir ? Charles savait tout…

— Je suis nerveux.

— Tout se passera bien…

— Qui doit l'accompagner ?

— Il vient seul.

— Tant mieux !

Ils marquèrent une pause.

— Peut-être je devrais lui pardonner, commença Charles soucieux de toujours bien faire les choses.

— Ne dis pas n'importe quoi ! Elle a voulu t'assassiner ! s'écria-t-il avant de contenir sa voix pour ne pas perturber le bon déroulement de la matinée scolaire.

Charles ne préféra rien ajouter à cette remarque car il sentit deux présences au bout de l'allée, devant la grille. L'une, très familière, quoi que cela faisait quinze ans qu'il ne l'avait pas perçu et l'autre, neuve, fraîche, tendue. Raven déposait son fils à l'entrée.

— Ouvres les grilles, demanda d'une voix basse Charles.

— Il est là ?

— Oui…

Erik tendit sa main et les grilles de l'entrée du domaine s'actionnèrent sans grincement métallique. Raven resta en arrière le cœur serré, son fils la quittait, il lui échappait déjà et dieu seul sait ce qu'on allait lui apprendre sur elle… mais, elle ne pouvait pas le priver de cet enseignement, il en avait besoin… besoin au point qu'elle savait qu'elle allait le perdre. Lorsque Kurt prendrait connaissance des actions de sa mère, il ne pourrait que s'en détourner, pourtant elle le devait, c'était son rôle de mère : celui de lui offrir un avenir.

Kurt hésita, jeta un regard en arrière, mais déjà Raven avait disparu sous cette pluie torrentielle, il était seul face à ce manoir qui se découpait difficilement dans ce ciel gris d'eau. Il avança le cœur battant dans sa gorge, ses appréhensions collées dans son dos.

Charles su avant de le voir qui était le père. Il regarda Erik et se demanda comment cette information allait le toucher. La sonnette retentit. Erik ouvrit d'un geste impatient et nerveux la porte, Charles sur le côté attendait. Ils découvrirent un adolescent caché sous un imperméable jaune épais, la capuche rabattue sur son visage, un sac à dos élimé se pendait sur une épaule, son jeans était trempé, ils ne possédaient pas de chaussures… Kurt rabattit en arrière sa capuche et offrit un petit sourire contrit aux deux légendes qui se tenaient face à lui. Charles reconnu les traits de Raven, il lui ressemblait beaucoup…

— Bienvenu Kurt, dit d'un ton paternel Charles en lui tendant la main.

Le garçon hésita, d'habitude quand on le rencontrait pour la première fois, on poussait des cris d'effroi, on partait en courant, mais pas ces deux personnes. Kurt tendit sa main… deux gros doigts qui se terminaient chacun par un ongle recourbé. Charles ne cilla pas et la serra chaleureusement.

— Je me nomme Charles Xavier et voici Erik Lehnsherr.

— Salut, fit le jeune garçon à la peau d'un bleu profond strié de dessins délicat en reliefs.

— Bonjour, réussit enfin à articuler Erik subjugué par l'apparence incroyable du garçon.

Soudain sous l'imperméable, une queue qui se terminait en pointe de flèche apparue timidement, se repliant sur les jambes de son propriétaire comme pour le couvrir. Erik respira et soupira en lui-même.

— Tu ressembles beaucoup à ton père, ajouta-t-il dans un sourire tranquille.

— On me le dit souvent, « rougit » Kurt.

— Viens, nous allons nous installer devant un bon feu dans mon bureau, tu pourras te sécher et te réchauffer.

— Merci…

Charles avança, Kurt le suivit à sa droite et dans leur dos, Erik fermait la marche.

Soulagé

Charles sondait l'esprit d'Erik en surface, se refusant d'aller trouver l'information dans les tréfonds de son âme. Même pour un couple aussi fusionnel qu'eux, il y avait des limites à ne pas franchir.

Oui. Je ne voudrais pas avoir un enfant avec Raven… pas de preuve vivante de l'erreur que j'ai pu commettre.

Kurt a l'air d'un jeune homme très bien.

Pour le moment…

Tu es trop sévère.

Tu ne m'apprends rien.

Discutons un peu avec lui.

Charles et Erik tournèrent à nouveau leur attention sur Kurt qui c'était débarrassé de ses affaires humides pour s'ébrouer devant les flammes. Charles pénétra dans les pensées du jeune mutant comme une lame dans du beurre tendre. Il sut tout de lui en quelques battements de cils. Son enfance paisible, mais caché en Europe, changeant souvent de lieu, n'ayant jamais d'amis, très proche de sa mère, un peu moins de son père qui disparaissait souvent… il su son premier amour : Gloria une petite fille à la peau ivoire qu'il avait vu à plusieurs reprises dans un endroit reclus au Nord de l'Irlande. Il vit aussi sa passion pour le cinéma et les bonbons, il découvrit également comme Raven avait été une bonne mère, quoi que trop protectrice et soucieuse de ce que l'on pouvait penser de son apparence.

— Quel est ton don ? questionna Charles qui le savait déjà parfaitement.

— Je me déplace.

— Déplace ? répéta Erik peu sûr d'avoir bien saisit le sens de sa courte phrase.

— C'est un téléporteur, détailla le professeur dans une expression intéressée.

— Vous voulez une démonstration ?

— Oui, mais reste dans cette pièce, je ne voudrais pas mettre la zizanie dans l'établissement.

Il y eut un « POP » sonore et Kurt disparu dans un écran de fumé léger rependant une odeur de soufre, comme Azazel. L'adolescent réapparu immédiatement à côté de la fenêtre, alors que la seconde d'avant il se tenait devant l'âtre.

— J'ai réussi le teste d'entrée ? demanda-t-il d'une voix presque fluette où Erik nota un accent étranger.

— Pas qu'un peu ! s'écria le blond fasciné. Tu peux aller loin ? Combien de distance tu peux parcourir ?

— Du calme, fit Charles avec un sourire lent. Kurt avant de poursuivre, je voudrais savoir : pourquoi souhaitais-tu rejoindre l'institut ?

Le jeune homme sembla hésiter, chercher ses mots, puis dit naturellement :

— Pour être accepté tel que je suis.

— Alors tu es à la bonne adresse, dit Erik qui parlait pour Charles.

— Vraiment ? fit l'adolescent bleu les yeux pleins d'espoirs.

— Oui, poursuivit Charles. Nous allons te donner une chambre et un emploi du temps…

— Merci ! s'écria Kurt ému. Depuis longtemps je voulais venir ici, mais ma mère refusait.

On se demande pourquoi.

Je t'entends Erik.

Je l'ai pensé exprès pour toi.

— Est-ce que tu as des questions ? interrogea Charles dans un sourire chaleureux.

— … Est-ce que c'est vrai que vous êtes… en quelque sorte … mon oncle ?

Charles n'avait jamais envisagé cette possibilité. Il leva un regard étonné vers Kurt, puis aperçu le regard en coin que lui adressait Erik.

— Si Raven se considère encore comme ma sœur d'adoption, alors oui… je suis ton oncle.

Kurt sourit de tous ses crocs, Charles nota qu'il n'avait pas une dentition ordinaire et poussa un soupire de joie.

— Trop heureux ! Je suis trop heureux !

— Bon, dans ce cas, si tu n'as pas d'autre question, tu vas pouvoir aller te reposer et te sécher dans ta chambre, monsieur Lehnsherr va t'y conduire.

— Merci !

Erik guida le nouveau locataire de la chambre au bout du couloir à droite, il lui présenta la chambre, qui contenait deux lits et une petite salle d'eau, avant de rejoindre un Charles pensif.

— Elle lui a parlé de moi comme son oncle… qu'est-ce que cela signifie ? demanda Charles une fois la porte close.

— Que cette femme est plus tordue que je ne me l'imaginais !

Ils se sourirent.

— Tu es soulagé que ce petit ne soit pas ton enfant…

— Oui. Je ne voulais pas de lien avec elle.

— Il n'en aurait pas été responsable.

— C'est un reproche camouflé ?

— Non…

— De toute manière je ne ferai pas un très bon père. Je ne suis pas un exemple.

— Je trouve au contraire que tu t'en sors prodigieusement bien avec nos jeunes.

— C'est parce que je ne suis pas leur père.

— Tu es trop sévère avec toi-même.

— Et toi trop tendre !

Charles détecta l'approche de Hank, il avertit Erik d'une pression mentale et tourna son regard vers la porte. Hank frappa et entra dans la foulée, comme à son habitude. Il n'attendait plus devant la porte, Charles savait qu'il arrivait.

— Oui ? demanda Charles qui pouvait ressentir le nuage d'informations qui tournait autour des pensées ordinaire du scientifique à fourrure.

— Dans le hall, il y a un jeune qui vient d'arriver.

— Oui, Kurt, nous l'avons déjà reçu et…

— Non, un autre.

Erik fronça les sourcils.

— Ce n'était pas prévu ! s'exclama-t-il.

— Non et…

— Je vais voir, coupa Erik qui ne supportait plus ses arrivées impromptues.

Charles fit rouler son fauteuil vers la sortie mais Hank s'interposa.

— Quoi donc ?

— Je crois… qu'il devrait aller le rencontrer seul.

— Hank, qu'est-ce que tu ne me dis pas ?

— C'est plutôt : qu'est-ce que Erik ne t'a pas dit…

Erik marchait à pas vif, en quelques larges enjambées il rallia le hall. Un gamin, lui tournait le dos, il était fin, élancé, des cheveux gris, un casque collé aux oreilles et un drôle de veste en jeans. Erik lui posa une main sur l'épaule et le tourna vers lui. Le choc fut si brutal qu'il resta muet de stupéfaction. Le jeune homme qui lui faisait face, était son portrait craché ! Même yeux, même regard, même forme du visage, quoi que plus fin et plus harmonieux, même expression abasourdie et surtout, Erik reconnu dans sa posture, celle que son père avait lorsqu'il attendait patiemment quelque chose… Erik était sous le choc : c'était lui trente ans en moins.

— Impossible, souffla-t-il cloué sur place.

— Oh putain de merde, répondit le jeune homme fasciné par sa ressemblance avec le vieux mec devant lui.

Erik recula et relâcha sa main de l'épaule du garçon.

— Qu'est-ce que ça signifie ?!

— T'es qui mec, putain ? !

Deux générations se contemplaient sans parvenir à se reconnaître. Charles arriva finalement et fut tout aussi saisit par la ressemblance qui existait entre le père et le fils.

— Bonjour Peter, dit doucement Charles.

— Tu le connais ! s'exclama Erik trop sous le choc pour réussir à comprendre que son petit ami avait extirpé cette information du cerveau du garçon.

Erik était sonné, comme après avoir reçu un uppercut durant un match de boxe. Il contemplait le jeune garçon au look si jeune mais au visage si familier sans pour autant réussir à comprendre ce qui se jouait devant lui.

Charles le cœur serré voyait ce que les deux parents n'osaient entrevoir. Erik avait bel et bien un enfant, un fils qui lui ressemblait tellement et pas que physiquement. Charles observait cet enfant et cherchait la raison de sa soudaine présence ici. Il la trouva sans difficulté, le cerveau de Peter était encore plus facile à pénétrer que n'importe qui. Il avait une jumelle… Il avait tout juste dix-huit ans… Il voulait entrer dans l'institut pour mieux maîtriser son pouvoir… Il n'avait jamais connu de père… Il ignorait tout d'Erik. Il ignorait tout de leur lien de sang…

Charles recula, l'homme de sa vie regardait sans le voir son enfant et celui-ci était tellement sidéré de trouver un reflet à son visage que ses pensées étaient comme figées. Charles su que la tâche de les présenter lui incombait. Il sut également qu'il n'arriverait pas à les déloger du hall avant d'avoir fait cette étrange révélation.

— Erik, il s'agit de Peter… son nom va te dire quelque chose : Maximoff.

— Maximoff, répéta Erik avant qu'une lueur vienne éclairer de vieux souvenirs qu'il croyait perdu.

— Comment vous savez ça ! s'exclama le jeune homme en décrochant son regard bleu gris de son père pour tomber sur Charles.

Le télépathe voyait les ressemblances et les différences entre la génération. Il retrouvait le regard d'Erik, son visage, mais pas sa palette d'expression.

— Je suis comme toi, doté de pouvoir Peter, répondit calmement Charles. Peter, je te présente Erik Lehnsherr… qui est sans aucun doute ton père.

La nouvelle agit comme une bombe. La descente de l'information se fit dans le silence et lorsqu'elle percuta leur conscience il y eut un cataclysme.

— IMPOSSIBLE ! rugit Erik.

— HEIN ?!

— Tu dis n'importe quoi Charles !

— C'est pas mon père ! J'le connais même pas !

Charles les laissa déblatérer quelques secondes de plus, puis leva la main, les deux se turent par respect. Erik se tut car Charles était son mari et qu'il savait malgré tout qu'il avait quasiment toujours raison. Peter se tut parce que hurler avec un handicapé n'était pas très courtois.

— Erik tu as connu la mère de Peter il y a des années… avant que l'on ne se rencontre, avant Cuba…

— …Je… ça n'a pas duré plus d'un mois, confia Erik dont les souvenirs remontaient à la surface comme des bulles de savon.

— Elle est tombée enceinte et tu as disparu, elle n'a jamais pu te le dire… Peter est ton fils.

Charles omit volontairement l'existence de sa fille : Wanda, chaque chose en son temps.

— Mon fils ? reprit d'une voix sans timbre Erik qui n'en revenait toujours pas.

— J'ai un… papa ? souffla Peter plus blanc qu'un nuage.

— Venez, nous allons faire connaissance dans un endroit plus privé que le hall d'entrée.

Peter ne bougea pas.

— Je ne vous crois pas ! Vous pensez que vous pouvez inventez n'importe quoi sous prétexte d'une vague ressemblance !

— Voyons Peter, dit Charles. Ne réfute pas la vérité simplement parce qu'elle t'effraie.

— Ça ne peut pas être vrai…. Je n'ai pas de père… je n'en cherche pas ! poursuivit Peter plus butté que son paternel.

Il a ton caractère.

Ce n'est pas le moment, Charles !

— Parce que moi je veux un gamin peut-être ? ronchonna Erik qui commençait à accepter la vérité.

Peter plongea à nouveau son regard vif dans celui d'Erik et il lui fut impossible de ne pas reconnaître qu'il était bien de lui. Peter était venu avec comme objectif d'apprendre à mieux maîtriser son pouvoir, à devenir encore plus performant et gagner en vitesse et pourquoi pas développer d'autres aptitudes ! Il n'était pas venu ici en quête de sa famille éparpillée ! Il n'avait jamais eu de figure paternelle et cela lui avait terriblement manqué, au point d'avoir essayé de louer un père en allant dans une salle d'improvisation pour payer un des comédiens. Il devait se rendre à une journée père-fils à l'école et il refusait de venir sans personne pour l'accompagner… cette tentative de trouver un père lui avait laissé un goût très amer dans sa mémoire. Depuis il avait eu beau cherché ce père, jamais il ne l'avait trouvé et jamais sa mère n'avait voulu l'aider… maintenant il se tenait devant lui alors qu'il avait depuis longtemps abandonné tout espoirs… il était là ! Face à ce père tant convoité et il était… non pas déçu, mais pétrifié ! Il ne s'y attendait pas ! La surprise le glaçait car cela rendait réelle toute ses années passées sans lui ! Enfin il était face à cet homme qui l'avait abandonné… non… il ne l'avait pas abandonné, il ignorait simplement qu'il existait.

— Venez, reprit Charles qui avait suivi le raisonnement de Peter.

Une fois tous les trois enfermés dans le bureau un silence pesant s'installa, Charles le brisa en poursuivant leur présentation.

— Je suis le directeur de cette école.

— Monsieur Xavier c'est ça ?

— Oui.

— C'était vous que je voulais voir aujourd'hui…

— Je sais…. Je suis télépathe.

— Télé-quoi ? Vous déplacez des objets ?

— Non, je peux lire dans les pensées des gens…

— Je pense à quoi là ? testa Peter dont la jovialité revenait au galop.

— … Je préfère ne pas le dire à voix haute.

— C'est que vous n'est pas vraiment télépathe…

— Tu penses à une femme nue qui te ferait une…

— OKAY ! Okay, c'est bon ! Je vous crois ! coupa net Peter en tendant ses deux mains en avant pour faire taire Charles avant qu'il ne dise tout haut le fantasme qu'il nourrissait.

— Je devrais peut-être vous laisser, vous devez avoir des choses à vous dire, reprit Charles en quittant la pièce.

Erik laissa son amant partir et une fois les portes à nouveau close il se servit une très large rasade de Brandy. Il désigna ensuite le canapé en cuir marron à son fils… à Peter. Ils s'assirent. Peter les jambes repliés sous lui ne se souciant pas de salir le cuir de ses chaussures humides et boueuses.

— Alors comme ça vous êtes mon papa…

— Il semblerait, dit Erik avant de boire à nouveau.

— Vous êtes alcoolique ?

— Quoi ?

— Vous buvez beaucoup, vous êtes alcoolique ? est-ce que je dois faire attention moi aussi ? C'est héréditaire ce genre de chose, non ?

— Je ne suis pas alcoolique.

— Vous pouvez m'en parler hein, je suis votre fils après tout.

— Je ne suis pas alcoolique ! reprit Erik sur un ton plus ferme.

Peter débitait ses phrases à une vitesse alarmante, laissant Erik fatigué avant même d'avoir commencé à répondre.

— C'est quoi votre couleur préférée ?

— … Je n'en ai pas.

— Mais si ! Tout le monde en a ! C'est quoi ? Le rouge ? Le jaune ! Oh le vert ! Moi j'aime le gris !

— Le bleu ! s'exclama Erik pour le faire taire. J'aime le bleu.

Il pensa aux yeux de Charles. Oui, il aimait ce bleu-là !

— Ma date d'anniversaire c'est le 24 mars. J'ai dix-huit ans, tu as pas mal d'anniversaire à rattraper, je me contenterais d'une voiture… un coupé cabriolet ça serait bien, grise aussi !

— Je ne t'achèterai pas de voiture.

— Dommage, on commençait à bien s'entendre… papa.

Erik leva ses yeux de son verre. Il regardait Peter. Il ne pouvait pas faire l'aveugle, ce petit c'était lui. L'arrogance en plus… quoi que… non, pareil. Exactement les même et pourtant différent.

— Fils, dit-il alors que quelques minutes auparavant il ne c'était plus jamais imaginé prononcer ses mots.

Peter se rapprocha d'une vitesse fulgurante contre lui et sans qu'Erik n'ait rien pu faire son enfant le serrait dans ses bras. Au début Erik voulu le repousser, il n'aimait pas être tenu de la sorte, il réservait à Charles ce seul privilège… mais là… il respira l'odeur de son fils. Il l'aima tout de suite. Son verre se posa sur l'accoudoir et il enlaça à son tour cet enfant dont il ignorait tout.

— Tu as des questions ? commença Erik après une longue et poignante accolade.

— Oui, des milliers.

— Commence par la première dans ce cas.

Père et fils se tutoyaient de la manière la plus naturelle qui fut. Peter ouvrit son cœur et laissa sortir tout ce qu'il avait gardé au long de ses années passé sans lui. Durant le reste de la journée ils apprirent à se connaître un petit peu, discutant, échangeant, riant ensemble. Pour Peter c'était le plus beau jour de sa vie, pour Erik, c'était un cadeau inespéré.


Au moment du dîner, Erik se leva, imité par Peter.

— J'ai une dernière question, fit alors le jeune homme un peu distant.

— Oui ?

— Tu… tu as une autre famille ? Tu as d'autres enfants ?

Erik posa une main sur l'épaule de Peter et la serra doucement.

— J'ai bien une famille, elle est ici, mais je n'ai pas d'enfant.

— Je suis unique alors ?!

— Je crois bien que oui…

Peter trop heureux de la nouvelle se garda bien de lui annoncer qu'il avait une jumelle. Il voulait garder ce père rien que pour lui pour le moment.

— Tu es marié alors ? poursuivit Peter tandis qu'ils quittaient le bureau du directeur Xavier.

— En quelques sortes, oui, je suis marié.

— Je pourrais la rencontrer ?!

Erik esquissa un sourire.

— Tu l'as déjà fait.

— Ah ?!

— C'est Charles.

— Charles est une femme !

Erik éclata de rire, un son qui était devenu familier aux oreilles des habitants du manoir.

— Non, Charles n'est pas une femme, et gardes toi bien de lui faire ce genre d'allusion, il n'apprécierait pas…

— Donc… tu es gay ?

— Oui.

— Et Charles aussi ?

— Il semblerait, sinon il l'ignore depuis quinze ans.

— Alors, comment tu m'as fait ?!

— Je me cherchais à l'époque.

— Je suis une « erreur de jeunesse » ?

— Je dirais plus une surprise inattendue de mes errances de jeunesses.

— Ça me va ! s'exclama Peter dans un sourire tout aussi carnacié que celui de son père.

Ils s'installèrent dans le réfectoire, Charles arriva peu après, les élèves étaient en pleine ébullition partagé entre l'arrivé de deux nouveaux : Kurt avec son aspect tout à fait fascinante et Peter qui ressemblait à Erik comme un reflet dans un miroir rajeunissant !

Peter s'installa à la droite de son père, laissant l'espace de gauche libre pour Charles.

— Bonsoir beau-papa ! lança-t-il tout en décontraction alors qu'il s'apprêtait à se gaver de pain.

Charles sourit, ce petit ne manquait pas de ressources.

— Bonsoir à toi aussi, Peter. Comment tu te sens ?

— Affamé !

— Alors profites bien du repas.

Peter ne se le fit pas dire deux fois et engloutit en une fraction de seconde son assiette.

— Il est épatant, sourit Erik qui sentait déjà une fierté paternelle toute nouvelle fondre sur son cœur.

— Oui, il l'est, acquiesça Charles avant de poser sa main sur la cuisse de son amant de façon discrète.

Comment tu te sens ?

Très bien.

Drôle de journée non ?

Oui… Je pensais avoir un fils avec Raven et finalement j'en ai un autre qui sort de je ne sais où !

Tu es fait pour être père.

Ils se regardèrent. Erik posa sa main sur celle de Charles.

— Toi aussi, mon amour.


Peter fut installé dans la même chambre que Kurt. Les deux nouveaux s'accordèrent très bien et se mirent d'accord sur l'organisation de leur pièce. Erik gagna sa chambre tout en flottant sur une sorte de nuage. Il était papa ! Mais ce n'était pas un sentiment si désagréable ! Pas non plus un lien ultra puissant, mais, le début de quelque chose d'incroyable. Erik ferma sa porte, il entendit l'eau couler dans la salle de bain de leur chambre. Naturellement il retira ses habits et se rendit nu dans la pièce attenante. Charles venait de se glisser par la force de ses bras dans une eau fumante. Erik se joignit à lui. La surface miroitante remonta presque à ras bord, manquant d'inonder la pièce.

— Je crois qu'il ne faut plus bouger, recommanda Charles avant de vider le surplus.

— Je ne pourrais pas demeurer éternellement immobile face à toi nu.

— Ah ? Et moi habillé ?

— Pareil. Je ne peux pas me contrôler. Tu es un aimant à Erik.

— Tu ne peux pas te contrôler… hum j'aime cette idée…

Ils se penchèrent l'un vers l'autre et s'embrassèrent. Un baiser sans prétention. Tendre.

— Je t'aime.

— Je t'aime.

Les doigts d'Erik coururent sur les jours de Charles, puis se perdirent dans ses cheveux.

— Viens.

Lentement et sans faire de vague, Erik attira Charles contre lui. Le dos du brun reposa sur le torse ferme d'Erik. Sa tête se déposa sur son épaule et leurs bouches se retrouvèrent tandis que leurs bras s'enlaçaient.

— Tu es tellement beau, fit Charles toujours aussi ému par son amant.

— Je suis vieux.

— Pas du tout. Tu es plus mûre voilà tout.

— Toi, tu es magnifiques, l'âge n'a pas de prise sur toi.

— C'est l'amour qui t'aveugle mon ami.

— Alors nous le sommes tous deux.

— Fais-moi l'amour.

Cette requête ne prit nullement de court Erik, parfaitement habitué aux appétits gargantuesques de Charles.

— Ici ? On va en mettre partout.

— J'y compte bien, sourit perfidement Charles qui se retournait face à Erik pour mieux l'embrasser passionnément.

— Tu es…

— Excitant ?

— Hum…

— Adorable ?

— Pervers, conclu Erik dans un sourire alors qu'il s'emparait des hanches de Charles pour le soulever à la hauteur de son sexe durcit.

— Tu es déjà prêt ? gémit Charles en glissant le long de son membre.

— Oui, grogna Erik savourant la sensation du corps brulant de son amant autour de sa verge palpitante.

— Erik, gémit Charles en se retenant à ses épaules.

— C'est bon ? s'enquit Erik avant de commencer le moindre mouvement.

— Tu n'as pas idée, soupira Charles.

Charles ouvrit son esprit à celui d'Erik, qui put ressentir le bien-être qui lui procurait. Doucement le blond imprima des mouvements de va et vient, rentrant et sortant de son amant avec mesure, tant qu'il pouvait se contrôler. Charles, ses dents plantées dans sa lèvre inférieure, contenait des grognements de plaisirs. Rapidement l'eau suivit la cadence et vint se fracasser au rythme qu'ils prenaient contre leurs corps et les parois de la baignoire. C'était immanquable, l'eau déborda, mais en cet instant, ni Charles, ni Erik n'en avait quelque chose à faire ! Le désir était plus fort que tout et ils avaient besoin de s'aimer comme ça, sans penser aux conséquences, sans se soucier d'une éventuelle fuite d'eau ! Une fois ils avaient bien manqué d'arracher une partie du manoir tant les pouvoirs d'Erik lui avait échappé en jouissant, alors… un peu d'eau sur le carrelage, ce n'était pas une si grande affaire !

— Plus fort, demanda Charles en transe.

— Regardes-moi… hum…

Leurs yeux fusionnèrent tandis qu'Erik donnant des coups plus sec.

— Oui, Erik…Oui…Oui !

— Tu veux réveiller tout le manoir ? dit Erik qui ne faisait rien pour ménager son amant.

— Tais-toi, continue si tu ne veux pas…. han…

— Si je ne veux pas quoi ?

— Je ne sais plus ce que… je voulais dire… continues…

— Tu m'excites tellement !

— Ta queue est énorme.

— C'est toi qui la rends comme ça…

— Et c'est moi le pervers ?

Ils s'embrassèrent en souriant, haletant, à bout de souffle, mais si proche de l'orgasme que rien au monde n'aurait pu les faire s'arrêter !

— Je… je vais…

— Attends, Charles, attends un peu…

— Erik ! Vite, viens…

— Tu es tellement beau.

— Je t'aime.

— Je vais jouir.

— Moi aussi… oui… oui…

L'eau cessa de remuer en tous sens, le clapotis de tempête s'estompa, versant encore quelques rasade par-dessus bord. Charles s'affala sur le torse d'Erik, transpirant dans une eau devenue tiède. Dans la pulsion du moment Charles avait mordu Erik à l'épaule, demain il arborerait une belle trace bleuté. Erik, les yeux fermé, savourait la sensation poste orgasme, avec le corps de son amant collé au sien, c'était divin. Il ne se passait pas une journée sans qu'ils se retrouvent dans cet état. Erik comparait souvent leur couple à celui d'ado en rut. Il aimait que Charles demande autant, le sexe était un vrai langage entre eux, pas uniquement un défouloir, c'était un pur moment de partage et de sensualité. La volupté prenait tout son sens lorsqu'ils communiaient de cette façon.

— Je t'aime souffla-t-il à son oreille.

Charles sourit, son oreille gauche tournée contre la poitrine d'Erik, écoutant son cœur lui chanter une sérénade qui ralentissait. Existait-il un meilleur endroit que celui-ci ? Non, Charles ne le croyait pas.

— On se lave pour de vrai ? suggéra Erik quand l'eau du bain était devenu non seulement très souillée, mais aussi froide.

— Ce n'est pas ce que l'on a déjà fait ?

— C'est comme ça que tu appelles faire l'amour maintenant ?

Charles lui embrassa le bout du nez avant de se reculer sur l'autre paroi. Ses bras le tractaient sans soucis et Erik n'intervenait que très rarement pour le déplacer.

Ils se firent couler un nouveau bain, se lavèrent plus rapidement et quittèrent l'eau savonneuse pour gagner leur lit. Comme tous les soirs, ils se blottirent l'un contre l'autre. Tout était paisible autour d'eux et rien ne pouvait plus venir les perturber à cette heure tardive.

Erik avait trouvé un fils, Charles avait une famille et leur bonheur était complet.

Oui, chaque jour devrait ressembler à celui-ci, songea l'un des deux alors qu'ils tombaient dans un sommeil réparateur.


J'espère que ce dernier chapitre vous aura plu! Laisse-moi un petit message :-)

Merci à tout le monde pour vos reviews, vos ajouts! Merci !

On se dit à très vite ?!