Disclaimer : Bien entendu, Joanne Kathleen Rowling est la maman de Harry Potter et de tout l'univers magique qui lui est associé. Merci à elle d'autoriser les fanfictions sur son œuvre

Attention : Rated T pour le langage et les scènes violentes.


Bonjour à toutes et à tous,

Voici donc mon fameux petit Monstre !

Je n'ai aucune excuse pour ce UA, à part que j'ai eu la folle idée de me poser des questions qui commençaient par « et si ? » et que ça a naturellement dégénéré, puisque les Black sont à nouveau à l'honneur. Ce qui était censé être un OS fait déjà plus de 11 chapitres et pèse 82 000 mots en comptant les bonus.

Il s'agit donc d'un UA de Black Sunset, qui prend en compte seulement le début de la première partie. Je ne veux pas en dire plus pour ne spoiler personne, donc tous les détails nécessaires à la compréhension de la chronologie sont donnés au fur et à mesure. Certains éléments sont tous droits tirés de mon autre UA Falling Through The Rabbit Hole, et je n'exclue pas de réécrire ce dernier pour les fusionner dans le même univers.

Pour la petite histoire, le titre est directement tiré d'une chanson de Mumford and Sons dont je suis littéralement amoureuse. A écouter en live sur youtube !

A part tout ça, bonne lecture !


Une fois n'est pas coutume, un grand merci à Sundae Vanille pour la relecture et les retours ! Sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !


There will be time...

Chapter One.

« Trouble on my left,
Trouble on my right,
I've been facing trouble almost all my life.
My sweet love, won't you pull me through?
Everywhere I look I catch a glimpse of you.
I said it was love and I did it for life, did it for you

Got so much to lose,
Got so much to prove,
God, don't let me lose my mind. »

(Trouble– Cage The Elephant)


La sonnerie du téléphone brisa le calme éphémère qui régnait dans la résidence des Potter à Godric's Hollow quand les jumelles étaient endormies pour leur sieste et que Harry était à l'école maternelle du village. James envisagea très sérieusement de le laisser sonner dans le vide et de rappeler l'importun plus tard, quand il en aurait l'envie et le temps.

Surtout qu'il y avait de bonnes chances pour qu'il s'agisse d'un moldu qui tenterait de le convaincre que ses fenêtres devaient être changées, ou son toit isolé, ou que son abonnement pour la télévision n'était pas compétitif.

Après avoir bataillé ferme avec ses deux filles pour qu'elles acceptent d'avaler leur purée sans en recouvrir les murs de la cuisine, il n'avait plus assez de patience pour se montrer aimable avec un tel interlocuteur.

Sauf que ça pouvait aussi être l'école, pour Harry, parce que son fils pouvait être malade – l'automne était de retour et un vent glacial balayait la région depuis deux jours – ou il pouvait avoir eu une autre manifestation magique – ce qui obligerait Lily à effacer la mémoire de Miss Eléonore et celle de la directrice une fois de plus –.

Résigné, il se leva, se maudissant en silence d'avoir abandonné sa baguette sur la table de la salle à manger.

- James Potter, j'écoute.

- Dieu merci, vous n'avez pas changé de numéro !

Il faillit lâcher le combiné en reconnaissant la voix à l'appareil. Son cœur fit une étrange embardée, le monde se mit presque à tourner autour de lui, et il se pinça sans ménagement pour être sûr qu'il n'était pas en train de rêver.

- Judy ? souffla-t-il, incapable de parler sans que sa voix ne tremble.

De colère, d'émotion ou de soulagement, il n'était pas encore certain – et si elle n'avait pas une excellente explication pour ces cinq dernières années, ce serait sûrement la colère – et une seconde de silence lui répondit, suivi d'un reniflement.

- C'est Judy, oui... Je... hum...

Il ne savait pas quoi lui dire non plus. Cinq années sans la moindre nouvelle, sans la moindre preuve qu'elle ait un jour existé aux Etats-Unis. Cinq années passées à porter Sirius à bout de bras, parce que son frère ne s'était toujours pas remis de sa disparition, sans que personne ne soit vraiment sûr que quelqu'un d'autre qu'elle-même ait organisé la-dite disparition.

- Est-ce qu'on pourrait se voir, cette semaine ? reprit-elle finalement, la voix définitivement éraillée, comme si elle retenait des sanglots, et il eut envie de raccrocher.

Juste parce qu'il estimait qu'être désolée n'était pas suffisant.

C'était à cause d'elle qu'il avait été obligé d'envoyer Sirius dans un centre de désintoxication pendant plusieurs mois, parce qu'il se nourrissait presque exclusivement d'alcool, les stigmates de la guerre, de son enfance et du reste le détruisant de l'intérieur...

Parce que la disparition de Judy avait détruit sa volonté plus efficacement qu'un sortilège.

- Donne-moi une seule bonne raison d'accepter, Adler.

La colère avait pris le dessus et il ne fit rien pour la contenir. Il serrait le combiné si fort que le plastique commençait à protester et que son bras lui paraissait tout engourdi.

Elle resta silencieuse un long moment. Si longtemps qu'il crut qu'elle avait raccroché ou que son téléphone avait soudainement cessé de fonctionner.

- Je serai au McDonald's en face de Saint James's Park tous les jours entre seize et dix-sept heures à partir de jeudi.

- Pardon ?!

- J'ai une bonne raison, Potter. Plusieurs, même. Mais pas par téléphone. A bientôt, j'espère.

Il resta à écouter le bip de fin d'appel jusqu'à ce que ses filles se réveillent, son cerveau en proie à une véritable tempête.

Putain de bordel de merde.

- Vraiment, James, je peux y aller toute seule...

- Hors de question, répliqua-t-il en bougeant à peine les lèvres.

Lily le dévisagea, un pli entre ses yeux, puis pressa la main qu'elle tenait dans la sienne.

La dernière fois qu'il avait été autant en colère remontait à plus de trois ans, quand il avait été appelé aux urgences moldues. Sirius était dans le coma, ayant atteint le but de noyer son cerveau dans l'alcool, réussissant à passer outre toutes les précautions qu'il avait mis en place.

Ironiquement, il avait aussi été en colère contre Judy à cette occasion.

Il passa une main à travers ses cheveux, espérant retrouver un semblant de calme pour affronter le rendez-vous sans faire une crise cardiaque ou tuer Judy Adler devant un public moldu.

Bien entendu, il avait tout raconté à Lily dès qu'il en avait eu l'occasion. Sa femme avait mieux pris la nouvelle que lui. Certes, il savait qu'elle haïssait Judy pour ce qu'elle avait fait à Sirius, mais elle était plus raisonnable, et il savait qu'une partie d'elle avait toujours trouvé étrange la disparition de la jeune femme.

Elle avait enfin une occasion de comprendre, et cela lui suffisait pour garder son sang-froid.

Ils quittèrent la petite ruelle où ils avaient transplané, et rejoignirent le fast-food, situé à une cinquantaine de mètres de là. Il était 16h15, et Adler avait plutôt intérêt à avoir tenu sa parole.

Malgré l'heure, beaucoup de moldus étaient installés devant un plateau recouvert de frites et de sandwichs peu appétissants. Il se demanda une folle seconde comment ils allaient bien pouvoir retrouver Judy quand ses yeux tombèrent sur une jeune femme seule, installée en face des jeux pour enfants.

Il remarqua malgré lui ses cheveux plus courts – ils lui arrivaient au menton –, ses traits plus anguleux, son blouson en cuir et sa jambe qui tressautait sous la table. Elle était occupée à ronger l'ongle de son index et stoppa net quand elle croisa son regard.

Il vit la surprise sur son visage, puis le soulagement.

- Elle est là-bas, souffla-t-il à l'intention de Lily.

Il laissa sa femme passer devant lui et lâcha sa main. La colère faisait battre son cœur plus vite et Lily avait raison quand elle lui avait rappelé qu'une dispute publique ne servirait à rien. Il avait promis de la laisser parler et il tiendrait sa promesse.

- Merci d'être venus, dit Judy, sa voix encore moins assurée que son allure générale.

Il avait gardé le souvenir d'une jeune femme fière et indépendante : la voir le regard vissé sur ses mains piqua plus sa curiosité que ce qu'elle avait bien pu laisser entendre au téléphone.

Elle croisa les bras sur sa poitrine et se redressa. Il était évident qu'elle essayait d'être forte mais tout son courage suffisait à peine à lui permettre de les regarder droit dans les yeux.

- Sirius a survécu à votre foutue guerre, pas vrai ?

Si Lily n'avait pas posé une main sur sa cuisse, il l'aurait sans doute envoyer paître avant de partir.

De quel droit osait-elle ?

- Il est vivant, oui, répondit Lily d'un ton neutre.

Un soupir de soulagement tremblant lui échappa, suivi par des larmes qu'elle essuya rapidement.

- Désolée... marmonna-t-elle, avant de sortir un mouchoir.

Il lui fallut une longue minute pour retrouver son calme, et James la trouva plus détendue, comme si elle était venue chercher cette réponse avant toute chose en revenant à Londres.

Ce qui n'était pas logique ! Elle avait renvoyé les hiboux de Sirius sans même lire ses lettres !

En jetant un coup d'oeil à Lily, il vit que sa femme semblait aussi étonnée que lui par la réaction de Judy.

Et curieuse d'entendre la suite.

Merde.

- Il va nous falloir quelques explications, Judy... Cinq ans sans nouvelles et tu réapparais du jour au lendemain... Que...

Elle ignora Lily et planta son regard dans le sien.

- J'étais en prison.

- Pardon ?

- Mon père a toujours trempé dans des trafics... Les flics ont fini par remonter jusqu'à lui et pour faire bonne mesure, ils nous ont arrêtés Burt et moi. Il y avait suffisamment de preuves dans la maison pour qu'on ne puisse pas vraiment plaider la surprise... Mon père a avoué, mon oncle aussi, et je n'ai écopé que de quatre ans pour complicité et recel. Je suis sortie au bout de deux ans et demi pour bonne conduite.

Il n'avait pas grand chose à dire face à des arguments pareils.

De tous les scénarios possibles, il n'avait pas imaginé celui-ci.

- Ça explique deux ans et demi de silence, pas cinq, contra Lily.

C'était une excellente chose qu'elle soit venue.

- Une sorcière en prison, ça finit toujours par arriver aux oreilles du MACUSA... Ils ont mené leur propre enquête et ils ont découvert que j'avais utilisé la magie pour aider mon père. Etant donné le passé de ma famille et le mien, ce n'est pas très bien passé... Surtout que je n'étais pas censée avoir de baguette pour commencer.

Ce fut au tour de Lily de ne rien trouver à répondre et il n'avait aucun mal à comprendre pourquoi. Les lois du MACUSA concernant l'usage de la magie devant ou sur les moldus étaient particulièrement strictes, et ils ne plaisantaient pas avec les récidivistes.

Il comprit un peu mieux pourquoi personne ne se souvenait de Judy dans la ville où elle avait grandi.

- J'ai été bannie, bien sûr... Aucun hibou ne peut me trouver, le MACUSA a confisqué tous les items magiques que je possédais, le miroir de Sirius compris, et comme je ne peux pas m'approcher d'un lieu magique sans avoir envie de vomir, je n'ai pas réussi à vous contacter plus tôt.

- Et le téléphone ?

- Deux ans d'âpres négociations de mon avocate avec le MACUSA pour que je récupère certaines de mes affaires, dont le carnet où j'avais noté votre numéro de téléphone en cas d'urgence... J'ai appelé dès que j'ai récupéré mon passeport.

- Quel passeport ?

- Ma condamnation moldue m'interdisait de quitter le sol des Etats-Unis quatre ans encore après ma libération. Comme je suis une ex-détenue exemplaire, j'ai réussi à avoir une révision...

James bascula contre le dossier de sa chaise. Sa colère s'était envolée et il avait l'impression d'être dans un mauvais rêve. Personne n'avait pensé qu'il s'agissait d'un tel concours de circonstances. Il se surprit à contempler le gobelet rouge et blanc devant lui, peinant à analyser la situation.

Sirius allait devenir cinglé avec une histoire pareille, et il n'avait vraiment pas besoin de ça...

Putain de bordel de merde.

Il y eut un cri d'enfant derrière eux, et il tourna la tête vers les jeux. Trois garçons et une fille étaient en pleine guerre, utilisant des boules de plastiques multicolores pour s'attaquer. Le cri venait d'un des garçons, qui venait d'être projeté au sol par la fillette, et une voix sévère s'éleva quelques tables plus loin.

- Les garçons, on y va !

La petite quitta les jeux en même temps que ses camarades.

Elle se mit à courir vers eux et James eut l'impression d'être frappé par la foudre.

D'abord parce que l'air de famille avec Judy était saisissant : les mêmes yeux, le même nez, le même menton pointu et la même bouche.

Surtout parce qu'il ne connaissait que trois personnes qui avaient une tignasse d'un noir si profond et une tache de naissance en forme d'étoile tatouée quelque part sur le corps.

Merde.

La petite grimpa sur les genoux de sa mère avec agilité et attrapa le gobelet devant Judy, tandis que la jeune femme embrassait son front poisseux de sueur.

- Qu'est-ce qu'on dit, Maellyn ?

- Bonjour, singea-t-elle avec une grimace. On voit papa quand ?

Judy planta à nouveau son regard dans le sien.

- Excellente question, chaton...

Il aurait pu hurler au scandale – Merlin, elle aurait pu commencer par ça ! – ou s'effondrer – parce que Sirius allait définitivement devenir cinglé – mais il éclata d'un rire étrange.

A moitié froid – parce qu'il lui en voulait de n'avoir rien dit à Sirius – et à moitié heureux – Merlin, il avait une filleule depuis tout ce temps ? –.

- Sirius va te tuer.

Judy déglutit.

- Je sais. Les enfants et lui...

- Non, Sirius adore les enfants.

- Et les enfants l'adorent, ce qui est assez agaçant, ajouta Lily.

Elle hocha la tête lentement, son teint prit une délicate couleur verdâtre.

- Pour ma défense, j'ai appris que j'étais enceinte le jour où j'ai accouché... Et je n'ai vraiment pas pu le prévenir plus tôt...

Il passa une main à travers ses cheveux, définitivement perdu dans une tempête de sentiments et d'émotions contradictoires. Après tout ce que Sirius avait traversé, une partie de lui ne voulait pas que Judy remette un orteil dans sa vie – il semblait avoir enfin remonté la pente, il ne le saboterait pas – mais une autre partie savait qu'il ne pouvait pas priver son frère de sa fille – pas plus qu'il n'avait envie de se priver d'elle non plus. Il pouvait se tromper, mais il était prêt à parier qu'elle avait hérité de son caractère grâce aux mystères de la génétique –. Il en voulait toujours à Judy pour les cinq dernières années, sauf qu'elle avait effectivement de bonnes raisons – et il ne pouvait pas se voiler la face sur ce dernier point, sauf si bien sûr elle avait menti –.

Il serra les dents.

Elle pouvait très bien avoir menti et il ne connaissait qu'une seule personne capable de déterminer si elle disait ou non la vérité.

Il n'était pas exclu que Sirius le tue pour faire bonne mesure.
A sa droite, Lily était aussi perdue dans ses pensées, et Judy alternait ses coups d'oeil d'elle vers lui, de plus en plus inquiète à mesure qu'ils gardaient le silence.

Ce fut Maellyn qui rompit le silence, l'ennui écrit sur son visage. Elle sauta au sol à nouveau et retourna vers les jeux, quand bien même elle n'avait plus personne avec qui s'amuser.

- Quand est-elle née ? demanda Lily.

- Le 3 juillet 1982, répondit Judy, plus froidement cette fois. J'étais dans une prison pour femmes, Evans. Sirius est le père.

Lily ne se laissa pas impressionnée.

- C'est évident qu'elle est la fille de Sirius. J'essaye juste de reconstituer la chronologie des choses...

Judy eut un rictus puis secoua la tête.

- J'ai bien pensé passer chez lui pour lui faire les présentations mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée... reprit-elle finalement dans un soupir.

Lily haussa les sourcils et se tourna vers lui, un éclat de rire dans les yeux, et il eut un sourire triste. C'était sans doute le pire plan possible. Si Sirius ne faisait pas une attaque, il se transformerait sans doute en cette pire version de lui-même une fois en colère et Maellyn garderait sûrement un souvenir traumatisant de sa première rencontre avec son père.

Sirius avait un sang-froid négatif pour tout ce qui le touchait directement et c'était encore pire dès que Judy était mentionnée.

- On va devoir jouer finement sur ce coup là, commença Lily.

Et il n'eut même pas besoin de croiser son regard pour deviner à quoi elle pensait.

- Tu vois ça avec lui... Il va être insupportable.

- Quand les Black ne le sont-ils pas ?

- Chacun le sien.

Lily laissa échapper un ricanement, ce qui ne manqua pas d'empirer l'expression perdue de Judy.

- J'ai loupé un épisode, pas vrai ? marmonna-t-elle.

- Plusieurs saisons, même... Tu te souviens de Regulus ?

- Le petit frère de Sirius ? Il est mort, non ?

- Et bien...

Judy en perdit le contrôle sur sa mâchoire et ses yeux s'écarquillèrent.

- Et moi qui croyais que j'aurais le monopole de la plus grosse surprise...

Le taxi s'arrêta juste devant le 11 square Grimmauld et James aida Maellyn à descendre de la voiture, ce qui lui valut un demi regard noir de la part de la fillette.

- J'ai quatre ans et demi, grogna-t-elle en récupérant sa main.

- Mille excuses, demoiselle, se moqua-t-il.

Elle alla rejoindre sa mère et il s'approcha de Judy. Elle fixait la demeure ancestrale des Black avec une grimace de dégoût qui aurait sans doute fait sourire Sirius.

- Ce n'est plus aussi pire que ce que ça a été. Regulus a presque entièrement réussi à se débarrasser de la magie noire dans les murs.

- S'il souhaite que sa nièce passe le pas de la porte, il vaudrait mieux, marmonna-t-elle, avant de faire un pas en direction du porche imposant.

James se chargea d'actionner la sonnette avec un soupir.

Ce n'était pas qu'il n'aimait pas Regulus – il devait même reconnaître qu'avoir un allié pour gérer Sirius n'était pas une mauvaise chose – mais il y avait une vieille rivalité entre eux datant de Poudlard – Regulus lui ayant longtemps reproché de lui avoir volé son frère – et les habitudes étaient dures à oublier.

La porte s'ouvrit sur la silhouette élégamment vêtue de Regulus et Judy sembla cesser de respirer à ses côtés. Les deux frères Black se ressemblaient énormément, et il fallait vraiment les avoir l'un à côté de l'autre pour que leurs différences ressortent : Regulus était un peu plus grand mais plus mince, son menton plus pointu, et bien entendu, il avait cet air d'aristocrate presque constamment figé sur ses traits.

Sirius mettait en général un point d'honneur à porter son jean le plus troué quand il savait qu'il allait croiser son frère, juste pour affirmer les contrastes entre eux.

Sauf que Judy n'avait pas vu Sirius depuis cinq ans et qu'elle n'avait jamais rencontré Regulus en personne. Il aurait pu la prévenir, bien sûr, mais Sirius était loin d'avoir le monopole de la rancune.
Regulus ne se soucia pas spécialement de Judy – en apparence du reste. Il n'avait pas été spécialement ravi d'entendre le récit de leur rencontre au McDonald's, estimant qu'il aurait pu être présent – et se pencha vers sa nièce.

- Tu dois être Maellyn, dit-il en lui tendant la main.

La fillette recula et se cacha presque derrière sa mère, intimidée.

- Bien, si tu avais pour but de la terrifier, c'est parfaitement réussi, Reg, commenta une voix familière depuis le couloir.

Regulus se redressa et sembla faire un geste grossier à l'attention de Remus dans son dos, ce qui ne réussit qu'à faire rire le loup-garou, et sortit Judy de son étrange transe. Il approcha et ouvrit plus largement la porte, leur faisant signe d'entrer.

- Lupin ?

- Ravi de te revoir, Adler. Il était temps.

James serra son ami dans ses bras en passant à côté de lui. Contrairement à Regulus qui avait toujours une robe ajustée sur les épaules, Lunard portait un pull de laine clair et un jean bleu foncé.

- Je ne donne pas dix minutes à Sirius pour devenir gaga, glissa-t-il tandis qu'il fermait la porte.

- De sa fille ou juste cinglé ?

- De sa fille... Il est déjà cinglé.

James n'avait rien à répondre à ça et il rejoignit Judy, Regulus et Maellyn dans le petit salon du rez de chaussée. Quelques livres de coloriages étaient disposés en évidence sur la petite table et Maellyn en saisit un sans hésiter.

Les rares pages coloriées étaient l'oeuvre de Harry, et s'il avait une seule certitude, c'était bien que son fils ne deviendrait pas artiste.

- Que sont devenus les tableaux ? demanda Judy, dans une tentative évidente de diffuser la tension presque palpable.

Elle n'avait jamais été très à l'aise avec Remus, lui-même ne cachait pas sa rancune, et Regulus la fixait avec un regard indéchiffrable.

- Ils ont brûlé, répondit Regulus. Un regrettable accident.

- Ouais... Ce sont des choses qui arrivent.

- Il semblerait en effet...

Le silence retomba, plus lourd encore que le précédent, et Judy sembla se résigner à attendre que les hostilités commencent.

Finalement, Regulus échangea un regard avec Remus et Lunard se pencha vers Maellyn.

- Tu aimes les cookies, Maellyn ?

La petite releva les yeux de son dessin – encore moins soigné que ceux de Harry – et hésita avant de répondre, comme s'il pouvait y avoir un piège.

- Oui.

- Que dirais-tu de venir m'aider à en préparer pour le goûter ?

Maellyn se tourna vers sa mère et Judy donna son accord d'un hochement de tête. Il était évident que le but était d'exclure la fillette de la discussion qui allait suivre et elle en semblait soulagée.

Dès que les pas de Remus et Maellyn se furent suffisamment éloignés en direction de la cuisine, Regulus se pencha vers Judy.

- Etant donné que les Potter n'ont pas jugé sensé de me convier à la réunion de la semaine dernière, je vais avoir besoin d'un rappel précis des événements...

Judy leva les yeux au ciel – et James aurait bien aimé savoir ce qu'elle pensait de Regulus – et expliqua à nouveau tout ce qu'elle leur avait confié au McDonald's.

- Ce que je ne comprends pas, c'est que le MACUSA n'ait pas prévenu Sirius qu'il avait une fille. De ce que j'en sais, ils ont pour politique de maintenir les enfants magiques dans leur communauté.

- Quand ils m'ont banni, elle n'était pas encore née. Et c'est tant mieux. Je doute qu'ils se soient donnés le mal de retrouver Sirius ici pour lui confier Maellyn. Elle aurait été placée en famille d'accueil et c'est la dernière chose que je souhaite pour ma fille.
- Sirius est mon frère, bien sûr qu'ils l'auraient recherché pour lui confier l'héritière de la famille Black.

Judy éclata d'un rire ironique.

- Sirius a été renié à seize ans parce qu'il a refusé de joindre le culte d'un mégalomane.

- C'est de l'histoire ancienne.

- Le culte du mégalomane ou la répudiation ?

- Voldemort est mort depuis plusieurs années et j'ai réintégré Sirius à la famille une fois que j'ai été reconnu comme Patriarche de la famille Black.

- Félicitations, cracha-t-elle.

Depuis la mort de Voldemort, Judy devait être la première personne à ne pas s'écraser devant lui – même Sirius avait tendance à arrondir les angles – et Regulus resta stupéfait une folle seconde.

- Le MACUSA ne sait donc pas que Maellyn existe ?

- Ils doivent le savoir... Elle a eu plusieurs accidents magiques mais personne n'est venu me voir à ce propos. Ils doivent avoir d'autres chats à fouetter.

Regulus se tut pendant un long moment avant de se tourner vers lui.

- La version du MACUSA confirme son histoire.

- Parce que j'ai tout à gagner à mentir, releva Judy en se penchant à son tour.

Regulus darda un regard polaire dans sa direction.

- Pour tout ce que j'en sais, tu as saisi la première occasion pour disparaître de la vie de mon frère il y a cinq ans. Je suis sûr que Potter ne s'est pas étendu sur les détails, mais ça a bien failli tuer Sirius. Parce que la fin de la guerre a été particulièrement difficile et que son monde s'est écroulé quand il est retourné aux Etats-Unis et que ton existence même avait disparu. Maintenant, tu reviens avec une histoire remarquablement pratique et une fille de presque cinq ans ! Je n'ai pas envie de retrouver mon frère aux urgences parce que j'aurais été trop stupide pour ne pas vérifier que tu n'as pas menti !

Tout d'un coup, James se sentit presque de trop. Judy serrait les dents, ses yeux brillants et le teint trop pâle. Il crut qu'elle allait s'effondrer face aux accusations – fondées – de Regulus, mais elle repoussa ses épaules et contre-attaqua, sa voix glaciale malgré les larmes.

- Je suis venue ici dès que j'en ai eu le droit. J'ai prévenu les Potter dès que j'ai pu. J'aurais très bien pu rester aux Etats-Unis et continuer ma vie, mais je ne l'ai pas fait. Sirius a le droit de connaître sa fille, Maellyn a le droit de connaître son père, et peut-être que Sirius n'est pas le seul à avoir souffert ces cinq dernières années ! Dans tous les cas, je n'ai pas de leçon de morale à recevoir de la part de quelqu'un qui s'est volontairement fait passer pour mort aux yeux de son propre frère !

Judy se leva brusquement et quitta la pièce, puis le manoir, le laissant seul face à un Regulus Black à deux doigts de se faire emporter par la colère mythique de sa famille. S'il avait l'habitude de calmer Sirius quand son foutu caractère l'emportait, il se savait toutefois incapable d'en faire autant avec Regulus. Il quitta la pièce à son tour et rejoignit la cuisine. Remus et Maellyn étaient occupés à déposé la pâte à cookies sur une plaque et le tableau lui arracha un demi sourire.

Avec le retour de Judy, sa famille pouvait très bien s'agrandir ou exploser, et il était terrifié par la deuxième possibilité. Ils avaient traversé tellement d'horreurs, tous, qu'il voulait seulement le meilleur pour tout le monde.

- Lunard, je crois que ton chéri est à deux doigts du meurtre.

Remus déposa sa cuillère dans le saladier et marmonna quelque chose comme « compte sur Judy Adler pour réveiller le tempérament des Black » avant de disparaître dans le couloir.

Juste par mesure de précaution, il lança un sortilège d'insonorisation sur la cuisine – Maellyn n'avait pas besoin d'entendre des cris de colère ou d'autre chose – et rejoignit sa filleule pour l'aider.

- Tu sais comment s'appelle ton papa, Maellyn ? demanda-t-il après avoir déposé deux cuillerées de pâte sur la plaque.

- Sirius Black, répondit-elle.

- Ta maman te parle beaucoup de lui ?

Maellyn se figea et lui lança un drôle de regard.

- Tous les soirs, elle me raconte une histoire.

- Quel genre d'histoire ?

Elle haussa les épaules et plongea sa cuillère dans le saladier.

- Des histoires... Il sait se changer en chien. Maman dit que c'est un gros chien noir qui lui fait peur... mais j'aime bien les chiens, moi.

Sa réponse était bien plus que ce qu'il espérait.

Judy n'avait pas tout à fait tord. Elle aurait pu rester aux Etats-Unis et ne rien faire pour que Sirius rencontre sa fille. Au lieu de ça, elle prenait le risque de passer des moments très désagréables et d'assumer les conséquences d'un exil qu'elle n'avait même pas choisi.

- On devrait les mettre au four, qu'est-ce que que tu en dis ?

- Lunard a dit que tu les ferais brûler si c'était toi qui le faisait.

- Vraiment ? Peut-être que Lunard est un menteur.

- Il a dit que tu dirais ça.

Il ne put s'empêcher de rire au ton malicieux de Maellyn et maudit en silence Lunard. De toute évidence, vivre avec un ancien Serpentard lui avait fait oublier la loyauté qu'il devait aux Maraudeurs.

Il réussit tout de même à convaincre Maellyn que si elle voulait manger des cookies pour le goûter, il fallait bien qu'ils cuisent, et resta en face du four pour surveiller attentivement le bon déroulement des opérations. Sa réputation de cuisinier catastrophique était un peu trop bien établie et il aimerait bien que Maellyn puisse pouvoir dire qu'il avait réussi des cookies, au moins une fois.

La première fournée était presque prête quand Remus revint, l'air un peu échevelé mais un sourire rassurant sur les lèvres.

- Alors ?

- Je crois que le plus dur pour lui, c'est qu'elle ignore royalement son statut de sauveur du monde sorcier.

- Elle ne sait pas qu'il est le sauveur du monde sorcier... On s'en tient au plan ?

- Bien sûr qu'on s'en tient au plan. Judy a marqué plus de points qu'elle n'en a perdu aujourd'hui... Où sont les cookies, Maellyn ?

- Cornedrue les a mis au four, répondit sa filleule, avant de replonger son doigt dans la pâte crue.

- Et ça sent le brûlé ! Potter !


Alors, ce petit roaller coster ? Bien ou pas ?

J'avoue que je suis curieuse d'avoir votre avis sur :

- Le retour de Judy Adler.

- James et Regulus en mode frères surprotecteurs.

- La petite Maellyn.

Bien entendu, je prends les câlins pour Judy, et je veux bien entendre vos prognostiques quant à la réaction de Sirius quand il saura tout ça !

Le prochain chapitre sera posté dans deux semaines (le samedi), puis la publication sera mensuelle par la suite, en alternance avec les nouveaux chapitres de Black Sunset : Dark Matter.

La review est mon seul salaire et la base du régime alimentaire de ma muse ! Soyez sympa, l'accouchement de ce projet a été douloureux.

A dans deux semaines,

Orlane.

Mis en ligne le 24/02/2018