Bonjour à tous!! Pfff, j'ai réussi à finir de traduire cette fic avant de partir en vacances demain matin, je suis lessivée!!! Je suis gentille, hein??? LOL. Voici enfin la fin de cette fic...*essuie un pleur*. La traduction m'a pris beaucoup de temps, mais je suis assez fière du résultat. Ce n'est pas parfait, mais c'est lisible, donc c'est l'essentiel! Merci à tous ceux qui m'ont lue, reviewée, je vous adore!! N'hésitez pas à me laisser vos impressions sur la fin de cette histoire!

Il y a différents styles dans ce chapitre, et j'ai adapté la traduction en conséquence: pour les 'contes', c'est un style très simple, avec beaucoup de répétitions; pour la suite, le style est haché, avec beaucoup de 'et', pour montrer l'angoisse du perso qui parle, et ainsi de suite...

Falyla, cette fic t'était entièrement dédicacée, j'espère que je ne t'ai pas déçue, même si je n'ai pas été super rapide pour la traduction...

Baby Dracky, ma choupi, je sais que tu as des problèmes avec ton PC et que tu n'as pas pu me laisser de review, mais je sais que tu penses à moi et que tu m'encourages, ne t'inquiète pas!!! Gros bisous!!

Agatha Brume: je suis contente que tu aimes. Eh oui, c'est la fin, il fallait bien que ça se finisse un jour!! Bye!

LolieShing: oui, Aidan Lynch sait vraiment faire passer les émotions...Ta comparaison avec le fossé me paraît très juste. J'espère que tu aimeras la fin! Bises.

Umbre77: salut! Cette fois c'est la fin! J'espère qu'elle te plaira...Elle a l'air absolument délicieuse ta prof d'Anglais lol. Une chèvre? Serait-ce une Animagus? T'as vérifié sur les fichiers? lol. Là encore, un gros gros merde pour tes exams!!! C'est sûr que des fois, on visualise tellement bien une scène de fic qu'on pourrait facilement la dessiner...encore faut-il savoir dessiner, ce qui n'est malheureusement pas mon cas!! Ouais, moi aussi j'aime bien Rogue dans cette fic, il est 'sympa' (enfin, façon de parler!). Toi aussi, t'aimes bien écouter de la musique? Moi, en ce moment, j'écoute l'album d'Evanescence, je suis fan lol. Bisous!!

Ankou: contente qu'elle te plaise! Peut-être que la fin réussira à t'arracher une petite larme, qui sait...

Mylennia: moi aussi, le chapitre 17 m'a beaucoup plu, surtout la fin. Voici enfin la conclusion de cette histoire! A bientôt!

Vivi Malfoy: c'est sûr que lorsqu'on lit des fics comme ça, ça ravive notre côté fleur bleue lol. Voici la suite et fin de la fic!

Caroline Black: ne t'inquiète pas, on parle de Lucius dans ce chapitre! Merci!!

Lunicorne: merci pour ta review! Voici la fin tant attendue! Lol.

Alana Chantelune: certes, chapeau bas à MONSIEUR Aidan Lynch! *s'incline*

Nagisa Moon: coucou!! Ah ben, pour être horrible, la dernière page est horrible!! Brrr, ça fiche froid dans le dos!! J'espère que tu t'es remise de tes émotions et que tu aimeras la fin!! Gros bisous!!

Mangafana: ah, mais ce ne serait pas drôle si les persos n'étaient pas un peu torturés, non?? lol. Mais bon, c'est vrai que c'est assez horrible. Toutes tes questions vont trouver leur réponse dans cet ultime chapitre. Non, il n'y aura pas d'épilogue, désolée...Bye!!

Caro: merci pour ta review, c'est gentil de prendre le temps de me laisser un mot! Voici la fin de l'histoire!!

Jenali: voici le dernier chapitre, j'espère que tu ne seras pas déçue...J'avoue que j'ai été un peu émue en traduisant la dernière phrase...J'ai fini la traduction de cette fic...Ca fait bizarre! Bah, je m'en remettrai lol. Bye!!

Falyla: coucou!! Merci pour cette très jolie review!! J'espère que la traduction de la fin sera à la hauteur!! J'attends avec impatience la suite de tes 'malheurs'!!! Gros bisous de ton UIAV.

Lalouve: contente que la fic te coupe le sifflet lol. Ca prouve qu'elle te plaît ^^. Ah ça, pour être longs, ils sont longs les chapitres, je peux te l'assurer!! Désolée pour le petit retard et voici la fin!! Merci!!

Kaima1: alors, Mlle l'Impatiente? Cette fin vous satisfait-elle? Votre impatience légendaire est-elle comblée?? lol.

Chen: certes, je suis soulagée, mais un peu triste aussi...J'ai investi beaucoup dans cette fic, et là, ça fait tout bizarre de ne plus avoir de chapitre à traduire...Mais il me reste toujours 'Malfoy, Détective Privé', donc ça va!! Voici la suite!!!

Bonne lecture!!!

Mes impressions 'à chaud' sont à la fin du chapitre!!

CHAPITRE 18: GRANDES ESPERANCES

Le bureau de Dumbledore était décoré d'une façon qui était à la fois enthousiaste et raffinée, mais aucun de ceux rassemblés là le matin de la veille de Noël n'était particulièrement préoccupés par les centaines de lanternes clignotantes qui étaient joyeusement suspendues presque partout où c'était possible.

Les visages étaient sombres lorsque le Directeur commença son résumé des événements.

"La situation a atteint un point critique" fit-il. "Et afin de préserver le statu quo dans le château, j'ai intercepté tous les messages délivrés par hiboux provenant de l'extérieur à destination de l'un des élèves restant ici. Cependant, j'ai laissé passer les cadeaux, et je leur donnerai leur correspondance manquante demain après-midi. Heureusement que j'ai stoppé la diffusion de la Gazette du Sorcier depuis la fin du trimestre. Je pense que seule Miss Granger a remarqué son absence"

Il jeta un coup d'oeil aux gros titres du jour, le dernier avant les deux jours de pause de Noël du journal:

FUDGE DEMIS DE SES FONCTIONS ALORS QUE LES ATTAQUES AUGMENTENT

Dumbledore parcourut rapidement les colonnes du journal et résuma brièvement les détails pour Rogue et McGonagall.

Lucius Malfoy a fait renvoyer Fudge de son poste de Ministre en invoquant son incompétence, et a 'accepté à contrecoeur' le poste de Ministre Suppléant pendant que l'on cherche un remplaçant.

McGonagall grogna.

Dumbledore est sur la liste des Ministres éventuels.

McGonagall et Rogue levèrent tous les deux la tête.

"Première fois que j'entends ça" fit le Directeur, pensif.

Une nouvelle attaque par un groupe de Mangemorts sur des Moldus au centre de Londres, près de l'immeuble où Voldemort semble avoir installé son nouveau Q.G..

"Pour éliminer les témoins?" suggéra McGonagall.

Trois membres du Conseil des Ministres Moldu ont disparu pendant six heures hier. Ils sont retournés travailler la nuit dernière.

"Je présume que ce sont des Mangemorts qui les ont remplacés en se servant du Polynectar?" fit Rogue, songeur.

"Je pense que c'est ce que nous devons supposer" acquiesça Dumbledore.

Grande migration de géants en Europe Centrale. Le nombre de Vélanes arrivant à Londres a augmenté hier et avant-hier. Chiffre record de bagarres de rues dans tout le Monde Magique. Six attaques de loups-garous dans les trois derniers jours, alors que la pleine lune n'est que dans une semaine. Trois évasions d'Azkaban. Igor Karkaroff semble se cacher en Irlande.

"Espérons qu'il ne décide pas de se cacher ici" fit observer McGonagall avec un profond soupir.

Dumbledore feuilleta encore quelques pages. "Il y en a plus" fit-il, "mais cela revient tout au même. Jetez un coup d'oeil à certains faits aujourd'hui si vous avez l'estomac bien accroché"

Il réorganisa quelques papiers sur son bureau, puis continua.

"Ca devient de pire en pire. Un hibou d'il y a deux jours de Arthur Weasley: la menace grandissante de Voldemort pour prendre le pouvoir a causé un chaos total au Ministère. Des personnes sont portées disparues, ou se comportent en dépit du bon sens, toutes les procédures des bureaux sont arrêtées, il n'y a pas suffisamment de main d'oeuvre pour administrer des sortilèges d'Oubliettes, des sorciers du Commando sont morts, les Aurors sont débordés. Le moral est bas et chute de plus en plus"

Ses collègues restèrent silencieux.

"Un autre hibou de Arthur ce matin. Lucius l'a renvoyé. Il n'est plus à Londres, il est au Terrier avec Molly, et il attend mes instructions. Un hibou de Lucius Malfoy d'il y a trois jours exigeait que Draco revienne chez lui avant, selon sa lettre, la nuit dernière. Il m'accuse d'empêcher Draco de lire son courier. Il a raison évidemment. Des hiboux de Brigid Finnigan et de Edna Londubat m'ont fait part de leur inquiétude et de leur soutien. Un hibou hier de Arabella Figg m'a signalé que la maison des Dursley dans le Surrey a été mise à sac. Apparemment, la protection qui l'entourait a été détruite"

Rogue était impassible, plongé dans ses pensées. McGonagall tripotait nerveusement sa tasse de thé et sa sous-tasse.

"Mais les deux suivants sont les plus problématiques dans l'immédiat" poursuivit Dumbledore. "Un hibou de Quentin Parkinson à la première heure ce matin. Il est furieux, affirmant que ce qu'il appelle des 'sortilèges de protection magique de routine' ont révélé qu'un sortilège d'amnésie avait été lancé sur Pansy durant ce trimestre. Il ne précise pas s'il a réussi à lui faire recouvrer la mémoire, mais nous savons tous qu'il a la connaissance de la Magie Noire pour y parvenir. Et je suppose qu'il a réussi, d'après un autre hibou qui est arrivé il y a une demi-heure, celui-ci envoyé à nouveau par Lucius Malfoy"

Dumbledore leva le papier en question et le lut à voix haute à ses collègues.

Monsieur le Directeur,

Suite à une lettre affolée ce matin de Quentin Parkinson et au fait que Draco ne soit pas rentré au Manoir Malfoy la nuit dernière, j'en déduis que j'ai été trompé quant aux réelles raisons de la retenue de Draco à Poudlard durant ces vacances de Noël. Malgré les devoirs de plus en plus importants qui m'incombent dus à mes nouvelles responsabilités en tant que Ministre de la Magie Suppléant, je serai à Poudlard demain matin pour enlever Draco de l'école, où je ne peux que penser qu'il y est retenu contre son gré. Il ne reviendra pas après les vacances, ni à aucun autre moment. Je vous rappelle que le poste de Directeur de l'école de Poudlard est décidé par le Conseil d'Etablissement dont le Ministre de la Magie est le Président, et que tout manquement à se plier à mes désirs en la matière pourrait résulter à votre remplacement pour ce rôle.

Sincèrement vôtre,

Lucius, Baron Malfoy, Ministre de la Magie, Ordre de Merlin (Première Classe)

"Quand a-t-il reçu l'Ordre de Merlin?" s'étrangla McGonagall.

"J'imagine que ça a été la seconde décision de son nouveau gouvernement" grimaça Rogue. "Tout de suite après l'avoir fait Baron"

"Oui, en effet" fit Dumbledore, méditatif. "Il a toujours eu la folie des grandeurs"

Il y eut un moment de silence le temps que McGonagall et Rogue s'adaptent à ces nouveaux événements.

"J'ai pris un certain nombre de décisions initiales". La voix du Directeur était calme et contrôlée. "Le nouvel embargo du château est de ne pas quitter les lieux jusqu'au Repas de Noël de demain, ce qui nous donne l'occasion de mettre en place d'autres arrangements avant de ruiner le Noël des élèves. D'ici la fin de la journée, Arabella Figg, Alastor Maugrey, la famille Weasley au complet, Sirius Black et Remus Lupin nous auront rejoints. Avec tout le personnel qui est resté ici pour Noël et tous les élèves qui seront encore là demain après-midi, nous formerons les prémices d'un groupe qui défendra en dernier recours le château contre tous les arrivants. Le château va devenir le quartier général de tous ceux qui sont opposés au gouvernement de Lucius Malfoy, que nous devons supposer n'être qu'un simple rempart politique pour couvrir les intentions de Voldemort. Quand nous serons tous rassemblés ce soir, je vais démissionner du poste de Directeur de Poudlard avec témoins pour que Lucius ne puisse pas me renvoyer. Vous, Minerva, deviendrez la Directrice Suppléante, et vous, Severus, serez son Adjoint, bien que les postes soient symboliques car je doute que nous puissions rouvrir l'école après le Nouvel An"

Les deux professeurs hochèrent solennellement la tête.

"Entre ce soir et l'arrivée de Lucius Malfoy demain, nous allons travailler à rendre le château imprenable à l'aide de nouveaux sorts de protection et d'objets renforçant la sécurité. Alastor a élaboré un système permettant de rendre le château et ses environs invisibles à tous excepté ceux qui sont à l'intérieur, ce qui voudrait dire que Lucius ou qui que ce soit d'autre ne seront même pas capables de nous localiser à moins que nous le désirions. Nous ne serons pas capables de tenir le monde à distance éternellement, mais nous devrions gagner un peu de temps pour trouver et fournir un refuge à d'autres sympathisants à notre cause. Après le déjeuner de demain, je donnerai à tous les élèves le courrier que j'ai gardé jusque là et leur offrirai la possibilité de partir, bien que j'ai déjà reçu la confirmation de leur famille que Londubat et Finnigan allaient rester. Les Weasley vont être là de toutes façons, et Harry va certainement rester ici puisqu'il n'a aucun autre endroit sûr où aller maintenant que la maison des Dursley a été compromise. Il reste donc Hermione Granger, qui va très probablement décider de rester, Dean Thomas, à propos duquel je n'ai aucune idée, et bien sûr Draco. Nous lui exposerons tous les faits et nous lui laisserons le choix, en lui assurant que s'il décide de rester, nous le protégerons de son père aussi longtemps que nous le pourrons. S'il choisit de partir, nous devrons espérer que ça ne détruira pas complètement Harry. Ils ont réussi à traverser trois jours de séparation sans trop de problème, mais je n'ai aucun moyen de savoir à quel point ce fichu livre va affecter le cours des événements. Si Draco part, il part. Nous devrons l'oublier et construire nos plans sans lui, et espérer que la présence de tous les proches de Harry lui rendra la perte moins dure à supporter"

La force et l'autorité du ton de Dumbledore remplirent d'espoir Rogue et McGonagall.

"En attendant, Noël sera fêté à partir de maintenant et jusqu'au repas de midi de demain. Je ne sais pas ce qui se passera après cela. Mais je veux que Harry et Draco aient au moins un Noël où ils peuvent être ensemble. Nous ne parlerons de rien aux élèves jusqu'à demain après-midi, et tout invité qui arrivera ce soir leur sera caché. C'est tout ce que nous pouvons faire pour le moment. Joyeux Noël. Nous devons en profiter pendant que nous le pouvons"

****

Le ciel était gris et le vent soufflait en rafales l'après-midi lorsque les élèves restant au château sortirent dehors pour prendre l'air. L'esprit de Noël abondait parmi les Gryffondors, à part Harry, qui n'avait pas réussi à savoir ce qui avait tellement terrorisé Draco près du lac le jour où la plupart des élèves étaient partis en vacances.

Harry l'avait porté jusqu'au château et l'avait emmené dans la salle commune de Gryffondor, puis lui avait ôté ses vêtements mouillés et l'avait enveloppé dans les couvertures de son propre lit. Puis il s'était assis, Draco dans les bras, dans un profond fauteuil tout près du feu tandis que les autres Gryffondors marchaient sur la pointe des pieds autour d'eux, sans vraiment savoir ce qui s'était passé. Harry ne l'avait pas su non plus, et ne le savait toujours pas, car Draco n'avait absolument rien dit. Pas un mot de toute la soirée, après laquelle Harry avait refusé de le laisser dormir tout seul chez les Serpentards et à la place avait dormi avec lui dans le fauteuil près du feu. Il n'avait pas prononcé un seul mot jusqu'au déjeuner du jour suivant. Et bien qu'il ait finalement recommencé à parler cet après-midi, il n'avait pas expliqué le moins du monde pourquoi il avait été dehors près du lac, ou ce qui l'avait bouleversé au point de faire une crise, ou même la raison pour laquelle Dumbledore avait souhaité le voir. Il n'en était pas moins tendre à l'égard de Harry. Il n'était pas de mauvaise humeur, froid ou indifférent à l'inquiétude que Harry éprouvait pour lui. Mais il avait dressé un mur autour de lui et Harry sentait qu'il ne pourrait pas amener Draco à le baisser tant qu'il ne serait pas prêt et, bien que Harry soit très frustré, il avait dû se résoudre à laisser tomber le sujet pour le moment.

Tandis qu'ils traînaient derrière les autres pendant leur promenade hivernale aux alentours du château, Harry s'arrêta et se tourna vers Draco.

"Il n'y a pas une minute où je ne me creuse pas la tête pour trouver un moyen de t'aider à porter ce qui t'accable" fit-il, avant de se détourner, gêné d'avoir dit quelque chose d'aussi idiot, même si c'était à Draco.

La main de Draco retourna le visage de Harry pour qu'il le regarde, ses propres yeux et visage ne trahissant rien, mais son esprit bouillonnant derrière ce masque. Puis il embrassa doucement Harry sur le front, sans rien dire, mais en se disant à quel point c'était triste que dans moins d'un jour, il allait ôter toute joie à Harry sans savoir s'il pourrait un jour la lui rendre.

Alors qu'ils se remettaient en route pour rejoindre le groupe qui riait, Draco tint la main de Harry plus fermement.

"Quidditch!" s'écria Ron, le capitaine des jeux.

"Jeu où l'on est sur des balais, Ron" clarifia Dean. "Tu sais, les Cognards et un Vif d'Or, quatre heures de pluie et ainsi de suite"

"Non, je veux dire, Quidditch!" répéta Ron avec irritation. "Jouons! On est huit, on peut jouer à quatre contre quatre!"

Cela aurait dû être un divertissement impromptu, mais le temps qu'ils se décident à jouer, c'était devenu quelque chose de bien plus sérieux. Ils allèrent chercher des balais, qu'ils soient ou non à eux; et ils demandèrent des balles d'entraînement à Madame Bibine. Hermione insista pour que les Cognards soient enchantés afin qu'il n'y ait pas de blessure. Au lieu de jouer sur le terrain de l'école derrière la cabane de Hagrid, Ginny et Neville délimitèrent un terrain moins grand plus près du château avec un sortilège de démarcation, et Draco ramassa deux branches tombées par terre et les métamorphosa en deux panneaux de but qu'il plaça à chaque bout du terrain. Mais ces préparations ne furent rien à comparer au problème de la formation des équipes.

"Un Batteur, un Poursuiveur, un Attrapeur et un Gardien par équipe" proposa Neville. Il n'y eut aucune dispute à ce sujet-là. Mais il y avait plein d'autres choses sur lesquelles se disputer.

"Bon, on joue avec un Cognard ou deux?" demanda Ginny.

"Un" décida Ron.

"Deux" contra Hermione. "Ils vont être moins vicieux, rappelle-toi. On devrait s'en sortir avec deux"

"Mais on aura moins de joueurs" intervint Dean.

"Et ça dépendra de la façon dont chaque équipe se débrouillera" ajouta Seamus.

"Ce seront les deux capitaines qui décideront" déclara Draco.

"Ca sera qui?" demanda Harry.

"Pas Draco et toi" fit Ginny.

"Pourquoi?" demanda Neville.

"C'est trop évident" dit Hermione. "Nous allons tous jouer, et non pas simplement être les spectateurs des deux balais les plus rapides"

"Moi ça ne me dérange pas" fit Draco.

"Tu ne veux pas être capitaine?" s'enquit Ron, étonné.

"Non. Je veux juste être dans l'équipe de Harry"

Hermione gloussa. "Vraiment? Je te mets au défi de répéter ça sans avoir l'air aussi attachant"

Draco se redressa et prit une voix plus grave. "Je vais jouer du même côté que Harry"

Ils rirent et Harry eut l'air ravi. "J'aimerai beaucoup moi aussi" fit-il, rayonnant.

Ron leva les yeux au ciel. "Ce n'est pas possible" déclara-t-il. "Vous êtes les deux meilleurs joueurs, ça serait plus équitable si vous vous sépariez"

"Tu trouves que je suis un bon joueur, Ron?" releva Draco avec nonchalance, un petit sourire narquois sur les lèvres, ce qui entraîna un sursaut d'espoir chez Harry. Ca lui ressemblait plus: Draco avait en effet souri, en quelque sorte. Il souhaita presque que Draco ait appelé Ron 'Weasley'.

"Eh bien" fit Ron, faisant marche arrière en rougissant quelque peu, "C'est l'impression générale qu'a l'école, pour une raison inconnue..."

"Oh Jésus Marie Joseph!" s'exclama Seamus. "On va jamais commencer si ça continue! Laissons-les jouer ensemble s'ils veulent; c'est juste un jeu. Et si Harry et Draco jouaient dans la même équipe mais qu'aucun ne soit capitaine ni Attrapeur?"

"Ca devrait compenser leur avantage" approuva Neville.

"Bon, les couples peuvent jouer ensemble s'ils veulent" poursuivit Dean. "Hermione. Est-ce que tu veux jouer du même côté que Ron?"

Hermione rit. "Bonté divine, non. Pas si cela signifie qu'il faut être vus en train d'être aussi transis d'amour que ces deux-là" s'étrangla-t-elle de rire en montrant Harry et Draco.

Ron eut l'air surpris. "Bon, ben apparemment je vais jouer dans l'équipe adverse d'Hermione"

"T'as tout pigé!" fit Seamus en riant. "Ron sera le capitaine de l'équipe regroupant lui-même, Dean, Nev et moi. Herm dirigera l'autre équipe avec Ginny, Harry et Draco. Ce sont les capitaines qui vont décider des positions à l'intérieur de leur équipe. Ca me semble équitable"

"Pourquoi c'est équitable?" demanda Ginny.

Seamus eut un sourire malicieux. "Garçons contre Filles, évidemment!" fit-il, l'air triomphant, et les autres éclatèrent de rire.

"D'accord, Finnigan, apporte-moi une jupe" renifla Draco. "On va voir qui sont les foutues filles!"

Six balais encerclèrent Ron et Hermione qui se tenaient au centre de leur terrain de fortune, et ils sortirent les balles pour les enchanter. Le Vif d'Or fut lâché, et il voleta immédiatement hors de leur vue. Les Cognards sortirent en bondissant à une allure modérée. Ron tenait le Souaffle.

"Un jeu réglo?" demanda-t-il à Hermione, respectant l'étiquette.

"Tu peux toujours courir" répondit-elle avec un sourire, et Ron lança le Souaffle en l'air.

En quelques minutes, il y eut du grabuge dans le ciel en face du château en cette veille de Noël. Tous les postes qui avaient été attribués furent vite oubliés et les huit joueurs se concentrèrent tous sur le Souaffle en évitant les Cognards ralentis. Les équipes marquèrent trois buts chacune, et comme le score était de trente partout, la compétitivité augmenta à vitesse grand V.

"Dean! Qu'est-ce que tu fous?" cria Ron. "On joue quasiment à trois, étant donné que tu lambines dans ton coin!"

"Je suis en train d'essayer de les mettre hors-jeu!" répondit Dean, ayant l'air content de lui.

"Espèce de trible buse de Moldu!" vociféra Seamus. "On joue au Quidditch, pas au football! Il n'y a pas de règle de hors-jeu!"

"Tirez parti de leurs faiblesses!" ordonna Hermione à son équipe.

"Ca ne va pas être difficile" répondit Draco de sa voix traînante, tout en attrapant adroitement le Souaffle envoyé par Ginny et passant à toute allure sous le balai de Ron. "Harry!"

Harry attrapa le Souaffle, effectua un plongeon parfait pour éviter un Cognard et lança la balle à Hermione, balle qui frôla l'oreille gauche de Dean.

"Ooh, joli coup!" s'exclama Ginny.

Hermione fonça au dessus des garçons qui étaient en train de se quereller, le Souaffle sous le bras, et Ginny suivit rapidement pour la soutenir.

"Attention!" cria Ron à tue-tête. "Notre but n'est pas défendu!"

Neville, qui était sensé être le Gardien, tenta de faire un demi-tour à 180 degrés pour se lancer à la poursuite de Ginny. En cours de route, il heurta l'Eclair de Feu de Harry et le brun fut temporairement déséquilibré.

Un neuvième balai descendit en piqué au milieu des joueurs.

"Ce match est épouvantable!" s'exclama Madame Bibine. "Il vous faut un arbitre! Londubat, c'était soit un mouvement malencontreux, soit une ânerie délibérée. Mais dans tous les cas, j'accorde un penalty en faveur des 'Filles'!"

"ON EST PAS DES FILLES!" s'écrièrent Harry et Draco en même temps, puis ils rirent, partageant un lien qu'ils n'avaient plus eu depuis quelques jours.

A l'autre bout du terrain, Hermione marqua sans rencontrer de résistance et Ginny et elle poussèrent des cris de joie.

"HERMIONE MARQUE!" mugit la voix magiquement amplifiée de Hagrid, qui se tenait sur la ligne de touche avec d'autres membres du personnel. "40-30 POUR LES 'FILLES'!"

"COMBIEN DE FOIS DEVRAIS-JE-" commença Draco en hurlant à plein poumons, riant tellement qu'il devait se tenir à Harry pour rester droit. Mais un coup de sifflet strident de Madame Bibine le coupa net.

"Restez où vous êtes, Miss Granger!" fit Madame Bibine d'une voix forte. "Vous avez un penalty à effectuer! Qui est sensé être le Gardien de votre équipe?"

"C'est moi le Gardien!" s'écrièrent Ron, Dean et Seamus à l'unisson, tout en jetant un regard noir à Neville.

"Trois Gardiens? Voilà qui est plutôt inhabituel; mais c'est de loin le match le plus fou joué à Poudlard" commenta Madame Bibine. "Très bien, alignez-vous!"

Hermione, en tant que capitaine, prit le Souaffle et fit face aux trois Gardiens. Draco donna négligemment un coup de batte aux deux Cognards pour les empêcher d'interférer.

"Vas-y, Herm!" cria Ginny.

Hermione se précipita droit sur les trois garçons et lâcha le Souaffle sous eux. Ils bondirent tous les trois dessus, et se cognèrent têtes, bras et jambes dans cet effort mutuel, mais ils réussirent tout juste à empêcher le tir d'Hermione de passer à travers.

"Joli tir, Herm!" applaudit Harry. "Tu remarques qu'ils ont dû s'y mettre à trois pour t'arrêter!"

"PENALTY SAUVE!" retentit la voix d'Hagrid. "ET CA AURAIT ETE UNE SACREE HONTE SI VOUS L'AVIEZ LAISSE PASSER!"

"Hagrid, s'il vous plaît!" le réprimanda McGonagall. "Et moi qui croyais que Jordan était mauvais!"

Personne ne les arrêtait désormais. Durant vingt minutes, la bataille fit rage jusqu'à ce que le score soit de 90 à 70 en faveur des 'Garçons', la plupart des buts étant marqués grâce à des penaltys plutôt qu'à un véritable jeu.

"Allez!" hurla Hermione, pressant ses joueurs. Elle intercepta une passe entre Seamus et Dean, envoya un Cognard sur Neville et lança la balle à Ginny. Ginny, dans son excitation, l'envoya bien au-delà de la masse de joueurs. Harry et Draco se lancèrent immédiatement à sa poursuite.

"Tu crois que tu es assez rapide sur cet Eclair de Feu, hein, Harry?" fit remarquer Draco avec un sourire en coin tandis qu'ils filaient côte à côte.

"Un Eclair de Feu devance un Nimbus de beaucoup" déclara Harry d'une voix neutre, tandis qu'ils se bousculaient dans leur course pour le Souaffle. Harry songea à un autre Eclair de Feu, celui qui était empaqueté et qui attendait dans la Tour d'être offert à Draco le jour suivant. "Aujourd'hui au moins je vais attraper la balle avant toi. Comme d'habitude"

Ils sentaient tous les deux une vague grandissante de compétition entre eux, comme si c'était le Vif d'Or qu'ils chassaient lors d'un vrai match, comme si ça comptait. Tout en se souriant l'un à l'autre, ils poussèrent tout à coup leur balai à leur puissance maximale.

C'est la dernière fois que l'on joue sur des balais différents, songea Harry. Après demain, nous allons réellement savoir qui est le meilleur joueur. Il fit passer son Eclair de Feu devant Draco en savourant l'adrénaline qui se dégageait de la compétition.

C'est la dernière fois que j'ai l'occasion de le battre, songea Draco. Après demain...après demain, le Quidditch n'aura plus de raison d'être. Il fit encore accélérer son Nimbus. Juste une fois, juste une fois, je vais battre Harry Potter...

Tout à coup, Harry ralentit et il repassa derrière Draco, lui laissant la voie libre pour attraper le Souaffle. Mais qu'est-ce que je fabrique, à me mesurer à Draco? Est-ce que cela compte? Draco a quelque chose d'horrible en tête depuis des jours, et tout ce à quoi je pense est de le battre à une course débile?

Quel emmerdeur! pesta intérieurement Draco. Qu'est-ce qu'il fout, à se comporter comme un gentleman? C'est ma seule et unique chance d'une minuscule victoire sur un terrain de Quidditch, et il me l'enlève en me faisant signe de le dépasser? Draco ralentit également.

"C'est bon, attrape-le" fit Harry. Quelle genre de victoire serait-ce si je le battais uniquement parce qu'il est trop occupé par quelque chose d'affreux pour pouvoir se concentrer?

"Non, vas-y, attrape-le, toi" fit Draco. Quelle genre de victoire serait-ce si je le battais uniquement à cause de son intégrité, surtout la veille du jour où je vais...la veille du jour où je vais...

Draco ne put finir sa pensée, car soudainement le Souaffle changea de direction et fonça à l'opposé en passant sous eux.

Draco et Harry se regardèrent, surpris, puis ils se souvinrent du sortilège de démarcation de Neville et Ginny. Ils rirent.

"Bon sang, mais qu'est-ce que vous fabriquez, tous les deux?" s'écria Hermione, exaspérée, en attrapant le Souaffle, qui lui était arrivé droit dessus. "Vous êtes sensés appartenir à la même équipe!"

Tous les deux conscients que la compétition entre eux s'atténuait, ils rirent d'eux-mêmes avec bon coeur.

"VOUS DEUX, CONCENTREZ-VOUS POUR GAGNER CE MATCH, SINON...!" rugit Hermione. "ORDRE DU CAPITAINE!"

Draco et Harry grimacèrent et retournèrent au coeur de l'action.

"Joli vol" fit Draco en jetant à Harry un regard en biais.

"T'étais pas mal non plus" concéda Harry.

"T'as besoin de travailler un peu tes tournants, par contre"

"Et toi tu dois surveiller un peu ton freinage"

"GINNY!" hurla soudainement Hermione.

C'était le Vif d'Or. Il montait en chandelle entre Hermione et les autres. Ginny le vit sur le champ et se lança à sa poursuite à fond de train. Les quatre garçons se précipitèrent pour rattraper Ginny. Hermione vola avec une ténacité ahurissante droit sur Ginny, le Vif d'Or étant juste au milieu d'elles. Harry et Draco, en dehors de l'espace concerné, arrêtèrent leur balai en plein air et observèrent la scène, amusés.

"Bon, l'un d'entre eux va l'attraper" fit remarquer Draco.

"Je pense. T'imagines? Un match de Quidditch où on joue tous les deux, et aucun de nous n'attrape le Vif d'Or" fit Harry, songeur.

Ginny avait du mal à ne pas se faire rattraper par les garçons. Ils se mettaient à côté d'elle pour essayer de la retenir.

"FINNIGAN!" avertit Madame Bibine.

"Seamus!" s'écria Ron, surpris. "Je croyais que c'était ta petite amie?"

Ginny, sans prêter attention aux chamailleries des garçons, tendit la main le plus possible, sa main juste à quelques pouces de la balle rapide comme l'éclair. Elle y était presque...Mais un coup de pied frappa soudainement son balai et elle fut écartée, chancelante, hors du jeu.

"C'EST PAS JUSTE!" hurla-t-elle de dépit.

"PENALTY!" vociféra Madame Bibine.

Mais à cet instant précis, il y eut le bruit d'une main se refermant sur le Vif d'Or, et Hermione se mit à tournoyer au dessus des garçons, avec un énorme "OUI!" de victoire.

"LES 'FILLES' GAGNENT 220 A 90!" rugit Hagrid.

"ON EST PAS DES FILLES!"

****

Molly et Arthur Weasley étaient assis dans le bureau de Dumbledore et venaient d'apprendre l'énormité et la gravité de la situation présente. Les nouvelles n'étaient pas bonnes, pas bonnes du tout; mais tout n'était pas mauvais non plus. Le groupe rassemblé dans la pièce avait conscience que les leçons apprises de la tentative précédente de Voldemort de prendre le contrôle du Monde Magique allait être d'une grande valeur désormais; de plus, Arthur avait une liste d'une cinquantaine de noms, des employés du Ministère et d'autres, qu'il jugeait être des alliés incontestables et incorruptibles. Ils avaient réussi à élaborer un plan, et ils étaient tous regonflés à bloc par ses possibilités.

Ils allaient organiser un Ministère en exil. En dehors de Londres. A Poudlard en fait.

Ce que Arthur pensait des jours précédents avait été le point de départ de leur discussion: "Il faut prendre l'avantage cette fois. Au lieu d'attendre que nos amis et nos collègues disparaissent, se retournent contre nous ou soient tués, nous n'avons qu'à les ôter de l'emprise de Voldemort d'abord. Etablir une opposition solide comme un roc, baser les Aurors là où ils ne pourront pas être corrompus et placer les sorciers du Commando au centre même de l'opération. Poudlard est imprenable, c'est l'endroit le plus sûr d'Angleterre. Cette fois, ce sera différent. Nous serons prêts. Voldemort ne réussira pas à nous éliminer un par un; il va être obligé de faire face à une force unifiée. Une force avec Dumbledore à sa tête. Cela convaincra le Monde Magique qu'il y a de l'espoir. Qu'il y a vraiment de l'espoir"

Le bureau circulaire bourdonnait de conversations et de projets. C'était le soir, une veillée de Noël froide, grise et pluvieuse, mais les invités avaient commencé à arriver peu de temps après le match de Quidditch des élèves, et il y avait désormais, malgré les sombres nouvelles extérieures au château, un réel espoir. Et une impression de Noël, également.

Fred et George Weasley regardèrent autour d'eux. Tours, blagues, farces, tout cela semblait déplacé à présent. Ils étaient conscients d'assister à une réunion d'une possible importance historique, et qu'ils étaient uniquement présents parce que leurs parents, le matin de la veille de Noël, leur avait inexplicablement annoncé qu'ils partaient pour Poudlard et que les jumeaux devaient les accompagner et fermer-leurs-satanées-bouches-sinon-ils-le-paieraient-très-cher. Et la plupart du temps, Fred et George étaient restés assis en silence, sans piper mot, ce qui était suffisamment inhabituel pour que quelques membres du personnel se demandent s'ils étaient malades. Percy et Bill se sentaient plus à l'aise: ils apportaient tous deux des idées et des observations pertinentes. Charlie, leur avait-on dit, était sur la route, progressant actuellement grâce au vaste réseau de cheminées qui parsemait l'Europe. Arabella Figg, quant à elle, était une vieille femme plutôt bizarre; les jumeaux ne savaient pas trop quoi penser d'elle. Pointilleuse sur certaines choses, comme la demi-douzaine de chats avec lesquels elle était arrivée, et d'une sagesse rare sur d'autres. Alastor Maugrey était tapi dans un coin avec Rogue, à discuter sécurité. Et Black! Oui, en effet, Sirius Black en personne, auteur d'un massacre et prisonnier en fuite, était là, et tous ceux réunis lui faisaient entièrement confiance. Il était présentement en train de discuter avec leur mère et McGonagall. Leur père parlait à Remus Lupin. Bibine, Pomfresh, Chourave, Flitwick, Hagrid, ils étaient tous au courant également. Il y avait tout un mouvement secret qui se mettait en place devant les yeux mêmes des jumeaux. D'autres collègues de leur père allaient arriver dans les prochains jours, ainsi que d'autres amis de confiance de Dumbledore. C'était excitant. Il régnait une atmosphère d'impatience contenue. Il y avait de l'espoir. Et, après tout, c'était la veille de Noël.

Sirius s'éloigna de leur mère pour aller vers Dumbledore. Les jumeaux captèrent des bribes de leur conversation.

"Oui" fit Sirius à voix basse. "Draco m'a écrit. Il va lui donner pour Noël demain matin"

"Ainsi soit-il. Nous n'avons qu'à attendre" répondit Dumbledore.

Fred et George se regardèrent, mystifiés. Mais ils n'y pensèrent pas plus que ça, car à ce moment-là, une autre personne entra dans la pièce.

"Charlie!" s'écria leur mère, radieuse. Les jumeaux eurent l'air satisfaits. Les Garçons Weasley au complet! Ils pourraient peut-être passer quelques bonnes journées, malgré les circonstances horribles.

Dumbledore également était content, et il était aussi conscient que c'était la veille de Noël. Comme tout le monde était désormais présent, il avait subrepticement introduit des boissons parmi le groupe. Les jumeaux le virent les regarder alors qu'ils se servaient du punch. Et il avait souri, puis s'était éloigné pour parler à nouveau à leurs parents, après les avoir amenés dans un coin. Fred et George ne purent entendre ce qu'ils dirent, mais ils ne s'en souciaient pas vraiment. Ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas déjà entendu des informations intéressantes pour dix bonnes années.

"Molly, Arthur, il y a juste une dernière chose que vous devez savoir" commença Dumbledore. "C'est au sujet de Harry"

"Il va bien?" demanda Molly d'une voix tendue. "Ron n'a cessé de nous écrire qu'il était malade ce trimestre; j'ai été terriblement inquiète"

"Il va bien, vraiment, il va bien. Il est en bonne santé, et il devient plus fort chaque jour qui passe. Mais..."

Les Weasley regardèrent le Directeur avec inquiétude. Dumbledore était en train de tripoter une petite sphère en verre.

"Est-ce que c'est...?" demanda Arthur.

"Oui" répondit Dumbledore. "Une Orbis Ardens. Molly, Arthur, le Nuage Ecarlate flotte sur Poudlard depuis la plus grande partie de ce trimestre"

"Oh, c'est formidable!" s'exclama Molly. "Et qui sont les heureux élus?"

"Harry"

"Et...?" s'enquit lentement Arthur.

Dumbledore toussa. "Draco Malfoy"

Molly prit une voix hésitante. "Le fils de Lucius Malfoy?"

"Oui. Je crains que cela ne les ai rendus tous les deux très malades, puisqu'ils refusaient d'en accepter les conséquences. Ils ont eu beaucoup de mal à comprendre que le Nuage n'est pas la cause en lui-même, mais qu'il découle de quelque chose qui existe déjà. Harry en particulier a été extrêmement malade. Mais il s'en est remis, et ils ont tous les deux admis leurs sentiments. Depuis un moment maintenant ils sont aussi désespérément énamourés l'un de l'autre que vous l'étiez quand vous étiez ici à l'école"

Arthur eut l'air d'être frappé par la foudre, et le visage de Molly était à la limite de l'écarlate. "Le fils de Lucius Malfoy?" répéta-t-elle. "Un MALFOY? Et Harry en est...heureux?"

"Molly, Arthur, je vous assure que Draco Malfoy n'est pas fait dans le même moule que son père. Essayez de ne pas le juger tant que vous ne l'avez pas rencontré"

"Mais..." poursuivit Molly, "vous êtes sûr? Il est vraiment digne de Harry?"

"Il est probablement le seul et unique à l'être"

"Et vous êtes sûr que ce n'est pas une ruse, et que Harry est sincèrement heureux?" insista Arthur d'une voix tendue.

"Absolument certain. Mais il a mis longtemps à ressentir de la joie, et ce trimestre a été très dur pour lui"

Molly laissa échapper un profond soupir et secoua la tête, toujours abasourdie.

"Y a-t-il eu une quelconque amélioration de leurs pouvoirs magiques?" demanda Arthur, plus calmement.

"Ma parole, oui. Assez extraordinaire dans certains domaines"

Molly et Arthur sautillèrent nerveusement d'un pied sur l'autre, en se jetant des regards en biais.

"Vous réalisez bien évidemment que tout ceci ajoute une complication imprévue à nos plans" fit Dumbledore avec douceur.

"Ca s'est sûr" dit Arthur. "Lucius doit être furax"

"Lucius n'est pas au courant. De plus, Draco ne sait pas que son père est le Ministre Suppléant, ni qu'il va venir le chercher ici demain. Cette réunion, si ça continue, va probablement poser des problèmes aux deux côtés"

"Lucius Malfoy vient ici demain?" s'étrangla Arthur.

"Oui. D'où la nécessité de garder cette réunion totalement secrète. J'espère simplement que lorsqu'il partira, Draco ne partira pas avec lui"

"Si Harry et ce garçon sont liés par le Nuage Ecarlate, ils ne pourront pas se séparer" intervint Molly. "Nous savons ce que c'est"

"En effet. Mais Lucius a beaucoup de poids; je ne sais pas exactement à quel point il a de l'emprise sur Draco. Toutefois, la décision de Draco, quelle qu'elle soit, va probablement être prise avant même l'arrivée de Lucius. Il y a un dernier sujet laissé en suspens entre Draco et Harry, une dernière complication primordiale. Ca devrait être résolu, d'une manière ou d'une autre, avant le déjeuner de demain. Avant même d'apprendre que son père a l'intention de l'enlever de l'école, Draco saura de quoi sera fait son futur"

"Mais..." commença Arthur, "...si le Nuage a été correctement confirmé, il n'y a rien qui ne puisse normalement se mettre entre eux"

"Normalement"

"Alors vous dites que cette dernière 'complication' est vraiment suffisamment grave pour qu'ils envisagent de vivre séparés?"

"Ca peut l'être, je ne sais pas. Mais je sais à quel point c'est crucial. S'ils surmontent cette épreuve, Draco se détournera probablement de son père à jamais. Si ce n'est pas le cas, Draco pourra très bien penser que le fossé entre Harry et lui est trop grand pour être comblé, et qu'il ne serait pas plus mal pour lui de partir avec Lucius demain. Vu le père qu'il a, le fait que Draco reste ici serait un avantage considérable pour nous, comme vous pouvez l'imaginer. Tout revient à ça, j'en ai peur: Harry devient rapidement un adversaire à la hauteur de Voldemort avec la force qu'il a gagnée de Draco, mais ce qu'il arrivera à Harry si Draco part, et que le Nuage est battu, et que Harry devienne faible et magiquement instable...eh bien, je ne peux vraiment pas dire"

"Mais c'est effrayant! Cela nous affecte tous!" s'écria Molly. "Ne pouvons-nous rien faire pour renverser la balance?"

"Non. Il y a huit élèves au château qui n'ont aucune idée de ce qui se passe à l'extérieur de ces murs. Ils vont passer un Noël sans anicroche, un Noël heureux, afin que lorsque Harry et Draco devront affronter ce problème, les seuls facteurs en jeu soient leurs propres sentiments; je refuse que cela soit compliqué par des nouvelles de l'extérieur, ou par des pressions d'un troisième parti. Je me suis suffisamment mêlé de la vie de ces garçons; j'ai déjà pris des risques qui vous épouvanteraient. D'une façon différente que le Nuage, cette épreuve va soit les lier encore plus l'un à l'autre, soit les séparer à jamais, et donc il faut que ce soit eux seuls qui décident. Nous allons attendre, et nous allons espérer. A présent, Molly, reprenez donc un peu de lait de poule"

****

Il ne faisait aucun doute pour Harry que la souffrance de Draco s'était légèrement apaisée pendant la course de l'après-midi.

La victoire de Quidditch, pour laquelle, comme Draco l'avait fait remarquer, Harry et lui n'y étaient pas pour grand chose, avait donné à tout le groupe un sujet sur lequel discuter et rire pendant quelques heures après qu'ils soient rentrés au château, à l'abri du froid, et le sentiment de triste isolement qui avait entouré Draco depuis le premier jour des vacances semblait vraiment s'être en partie dissipé. Peut-être parce que Draco était amusé par l'irritation à peine dissimulée de Ron de s'être fait battre par les 'Filles', ou peut-être parce qu'il y avait une véritable excitation qui régnait à propos du repas spécial qu'ils allaient tous partager dans la Tour Gryffondor cette soirée-là, ou peut-être simplement parce que Draco lui avait souri quelques fois durant l'après-midi - sourires qui avaient fait papilloter l'estomac de Harry en souvenir de leur séjour à l'Infirmerie -, Harry sentait, pour une raison quelconque, que Draco pourrait bientôt décharger sa conscience sur ce qui l'avait tourmenté depuis quelques jours.

Les quatre ou cinq jours entre lesquels Harry avec trouvé Draco près du lac et le match de Quidditch de la veille de Noël avaient été une triste période. Draco avait dormi toutes les nuits dans un des fauteuils de la salle commune de Gryffondor, refusant de retourner chez les Serpentards, ou de partager un lit avec Harry dans l'un des dortoirs vides de la Tour Gryffondor, mais préférant fixer de longs moments la danse séduisante des flammes dans la grande cheminée - sans jamais vouloir que Harry soit hors de sa portée, mais le touchant rarement d'une façon que Harry arrivait à comprendre. Harry n'avait pas été physiquement capable de maintenir le niveau de détresse qu'il avait ressenti lorsqu'il avait trouvé Draco près du lac, mais cela ne voulait en aucun cas dire qu'il était moins anxieux. A intervalles réguliers pendant leurs profonds silences au coin du feu, Harry chuchotait "Je t'en prie, laisse-moi t'aider" ou "Draco, mon amour, je suis tellement inquiet, il doit bien y avoir quelque chose que je puisse faire", et à chaque fois, Draco avait l'air désespérément reconnaissant de cette offre, mais ne disait rien, ses yeux argents tristes rencontrant ceux de Harry dans un regard d'amour mais non de soulagement. Draco tendait ensuite la main vers Harry, et lui caressait la main ou les cheveux, ou lui embrassait la main, le cou, ou le dessus de la tête, mais jamais les lèvres, jamais sensuellement, jamais d'une manière qui pourrait précipiter l'amour physique. Et après ils retombaient à nouveau dans le silence, Draco regardant fixement le feu sans le voir, sans que son comportement extérieur ne trahisse une seule fois son chagrin, son désespoir et ses remords intérieurs. Quelques centimètres les séparait. Et un million de kilomètres.

Et ils étaient assis à cet endroit à présent, après leur victoire du match de Quidditch. Les yeux de Draco souriaient légèrement pour la première fois depuis des jours; Harry était étendu, la tête sur les genoux de Draco, le silence moins impénétrable qu'il ne l'avait été auparavant, et tout autour d'eux, les autres Gryffondors préparaient leur repas avec un bonheur de plus en plus festif. Une table, dressée pour huit au centre de la salle commune, fièrement et méticuleusement organisée par Dobby, étincelait d'or, d'argent et de verre, et une légère atmosphère de magie se dégageait de la douce lueur émanant du feu, des bougies et des lampes qui se concentraient sur la table avec le caractère habituel des souvenirs chéris des Noëls passés. Sur une deuxième table sur le côté se trouvaient bon nombre de bouteilles de bière-au-beurre - un cadeau de Noël de la part de Dumbledore - et d'autres pichets et cruches de limonade et de jus de citrouille. Ron et Ginny avaient décoré un sapin avec des glaçons magiques et des lanternes clignotantes, se mettant ainsi à l'écart des autres un moment, pour parler de leurs parents, de leurs frères et des repas de familles, à la fois heureux et tristes. Seamus s'était auto-proclamé barman, et passa un bon moment à nettoyer les verres avec un chiffon d'un blanc étincelant, et Dean et Neville avaient suspendu des banderoles au plafond, pendant que Hermione donnait son avis quant à la symétrie desdites banderoles depuis son fauteuil de chef d'équipe.

Petit à petit l'atmosphère festive imprégna même Draco, qui se pencha en avant et se mit à chuchoter à l'oreille de Harry. Les autres Gryffondors ne pouvaient entendre ce qu'il disait, mais un gloussement étouffé de la part de Harry, si inattendu que Seamus en échappa presque un verre, déboucha la silencieuse attente et l'autorisa à déborder. Ron et Hermione se jetèrent un coup d'oeil, soulagés. Quelques minutes plus tard, Seamus présentait alentour des bouteilles de bière-au-beurre, et le groupe se lança une fois encore dans la rétrospective des principaux événements du match de Quidditch de l'après-midi, tout particulièrement la fois où Hermione avait dépossédé Ron du Souaffle et avait aisément marqué en dépassant Seamus et Dean qui étaient en train de débattre pour savoir quelles brindilles de balai étaient les plus rapides. Harry et Draco écoutaient avec amusement, tout en se souriant en silence, Harry osant espérer que la crise était passée, Draco étant de plus en plus déterminé à ce que Harry et lui aient au moins une nuit mémorable pendant ces vacances, au moins une nuit mémorable de plus en compagnie l'un de l'autre, au moins une nuit mémorable de plus dont ils se souviendraient le restant de leurs jours. Le bavardage les entourant augmentait en volume, et Harry et Draco se levèrent lentement de leur fauteuil et furent sans peine enveloppés dans la bonhomie du groupe. Harry remarqua, ravi, les yeux de Draco se mettre à montrer quelque étincelle de leur ancienne vie, tandis que Draco lui-même, qu'il parle à qui que se soit, ne pouvait empêcher son regard de vagabonder vers Harry plusieurs fois par minute.

La bière-au-beurre les avait bien réchauffés, les appétits, non reconnus depuis le repas de midi, commençaient à pointer le bout de leur nez, et Draco se retrouva en train de dériver vers la table pour y jeter un coup d'oeil plus approfondi. Le siège le plus proche de lui était orné d'une étiquette rigide, affichant le nom DL Malfoy dans une écriture hautement élaborée et minutieuse dont Draco savait que Ron se servait lors des lettres de cérémonie et d'excuses. Il frôla de la main le dos de son siège alors que la grosse horloge du coin sonnait les huit heures du soir.

"Stop!" s'écria Hermione d'une voix perçante, et Draco ôta brusquement sa main de la chaise, comme si elle pouvait être dangereuse. Il fit volte-face.

Tous les Gryffondors, excepté Harry, regardaient Draco en essayant de réprimer leurs sourires et ils adoptèrent un air très sérieux. Harry avait l'air complètement dérouté.

"Ahem" commença Ron.

Il y eut de nombreux ricanements.

"En tant que Greffier de cette Cour, moi, Ronald Weasley, vous appelle présentement, Draco Lucius Malfoy, à faire face au Tribunal du Lion. Son Honneur Hermione Louisa Granger va présider la séance. Veuillez prendre place"

Comme si cela avait été répété avec soin - ce qui, présuma plus tard Harry, avait presque certainement été le cas -, Ginny, Neville, Seamus et Dean, alignèrent quatre fauteuils sur un côté et s'y assirent. De l'autre côté, Ron plaça une chaise à l'intention de Harry ("Tribune des Visiteurs" précisa-t-il en souriant). On demanda à Draco de se tenir debout au centre de la pièce, face à Hermione, qui trônait sur un petit canapé, une table basse devant elle. Bonté divine, se dit Harry. Elle a même un de ces espèces de marteaux. Ron se tenait debout à sa droite. Ginny gloussait et Neville chuchotait à Dean.

Hermione frappa bruyamment la table de son marteau. "Silence, la Cour!"

L'attention fut immédiate. Draco coula un discret regard en coin à Harry, avec plus qu'un demi-sourire aux lèvres. Harry haussa les épaules en lui rendant son sourire.

"Êtes-vous Draco Lucius Malfoy, de la Maison Serpentard et du Manoir Malfoy?" demanda Hermione d'une voix claire et mesurée.

"Oui" répondit Draco, assez abasourdi par toute cette mise en scène.

Ron toussa.

"Oui, Votre Honneur" répéta Draco avec gravité.

"M. Malfoy, avant que vous ne puissiez dîner à la Tour Gryffondor, vous êtes prié de vous présenter devant le Tribunal du Lion. Trois questions vont vous être posé. L'honnêteté de vos réponses sera déterminée par quatre Gryffondors ici assemblés en tant que votre jury. Avez-vous compris les procédures?"

"Oui, Votre Honneur"

"Greffier!" aboya Hermione. Elle passa à Ron un morceau de papier et un livre.

Ron s'approcha de Draco. "M. Malfoy, veuillez placer votre main droite sur le livre et lire à voix haute les mots présents sur la fiche"

Draco posa sa paume sur l'exemplaire personnel d'Hermione de L'Histoire de Poudlard et lut:

"Je jure solennellement de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, même si elle est embarrassante"

Le jury éclata de rire, et Harry eut la distincte impression qu'ils n'étaient pas du tout au courant de ce changement dans la formulation.

Hermione frappa fermement de son marteau, et le jury se tut.

"QUESTION NUMERO UN!" tonitrua Ron.

Tous les regards se rivèrent sur Hermione.

"Quand vous êtes-vous rendu compte pour la première fois que vous aimiez Harry?"

Tous les regards se rivèrent sur Draco.

Draco sourit. "Une question facile, Ma'ame la Juge. Je l'ai réalisé environ deux heures après le cours de Soins aux Créatures Magiques durant lequel le satyre Dixter a eu le privilège de discuter avec Harry et moi-même. J'étais sous la douche. A ce moment-là, ce n'a pas été une réalisation heureuse, mais j'ai depuis lors eu des raisons qui m'ont fait altérer considérablement mon jugement en la matière. Cependant, Harry n'a pas été aussi rapide à le découvrir"

Le jury rit, tout comme le greffier et la juge. Harry essaya de se retenir de rougir.

Hermione regarda le jury, qui hochèrent tous la tête une fois.

"Il dit la vérité!" jugea Hermione, très théâtrale.

Harry applaudit, mais Hermione le fit taire d'un regard appuyé et d'un unique coup de marteau aussi sec qu'un coup de pistolet.

"QUESTION NUMERO DEUX!" fut la deuxième annonce de Ron.

Tous les yeux furent à nouveau tournés vers Hermione; Ginny gloussait.

"Quand avez-vous embrassé Harry pour la première fois?"

"Ahhhh!" gazouilla le jury en choeur. Salauds! se dit Harry, tout a été préparé à l'avance!

"Votre Honneur" déclara Draco. "Peu après trois heures du matin dans la roseraie, un samedi soir, le jour où il s'est mis à neiger, le jour où Harry a fait la paix avec le Greffier de la Cour, le jour où moi-même je vous ai parlé, Votre Honneur, ainsi qu'à vous, M. Weasley, dans une salle de classe du quatrième étage dans la soirée. C'était-"

"T'es sorti cette nuit-là?" lâcha Ron sans réfléchir, surpris, en regardant Harry. "Je croyais que je-"

Hermione lança à Ron un regard lourd de reproches; Ron rougit et se tut.

"C'était ma décision" continua Draco. "Je me suis penché vers Harry, et il ne s'est pas reculé. Mes lèvres ont touché les siennes à peine quelques secondes. Cet instant est ancré très nettement dans ma mémoire"

"Oh!" fit Ginny, puis elle renifla, et un fragile silence plana sur le tribunal. Hermione regarda Draco quelques temps, puis se tourna vers le jury.

Ils hochèrent sur le champ la tête une fois.

"Il dit la vérité!" déclara Hermione.

Un bourdonnement approbateur parcourut la Cour. Le jury se mit à murmurer et Hermione et Ron se regardèrent en souriant. Ils finirent par hocher imperceptiblement la tête et le visage de Hermione, rose vif, se baissa vers le papier qu'elle tenait entre les mains.

"QUESTION NUMERO TROIS!"

Il y eut un long silence avant que Hermione ne réussisse à surmonter suffisamment son embarras pour entonner d'une voix lente: "Quand est-ce que Harry et vous avez fait l'amour pour la première fois?"

"Oo-oo-ooooooh!" chantonna le jury en parfait accord.

Harry n'arrivait pas à le croire. Il rougit furieusement et fixa le sol quand il entendit Draco prendre la parole.

"Encore une question facile, Ma'ame la Juge". Il fit une pause, et regarda un long moment le haut de la tête de Harry. Puis il sourit, et poursuivit: "Peu de temps après le moment où nous avons fait flotter les meubles et danser nos vêtements dans notre chambre à l'Infirmerie, le jour où nous avons préparé la Potion de Perceptivité. Nous étions tous les deux totalement submergés. Après, nous sommes allés nous doucher ensemble, lorsque vous-même, Votre Honneur, et M. Weasley êtes entrés dans notre chambre pour souper. Nous avions probablement l'air particulièrement heureux à ce moment-là. Maintenant, vous savez pourquoi"

Il y eut une petite pause, pendant laquelle Harry fut sûr de voir Hermione articuler les mots 'Je te l'avais dit!' à Ron, puis Draco ajouta: "Ca a été une expérience profondément magnifique; ma première fois, tout comme Harry. Je ne l'oublierai jamais"

Harry était écarlate. Malgré sa gêne considérable, Draco arborait un large sourire, comme il n'en avait pas eu depuis des jours, comme il n'en avait peut-être jamais eu auparavant. Hermione regarda Draco droit dans les yeux, avec profondeur et sérieux, puis tourna la tête vers le jury.

Ils hochèrent la tête comme un seul homme.

Hermione se leva pour faire la déclaration finale. "Il dit la vérité!"

Le jury applaudit, et Ron alla serrer la main de Draco.

"Draco Lucius Malfoy" fit Ron avec gravité, "Vous avez affronté le Tribunal du Lion et avez été jugé avoir répondu avec honneur"

Au son des applaudissements, Draco inclina la tête dans une courbette respectueuse. Il prit le bras de Harry, et le tira hors de sa chaise.

"Errrrkkk!" crachota Ron, en regardant le couple s'embrasser. "Que tout le monde détourne les yeux pendant un moment!"

"Oh!" s'exclama Ginny. "C'est moi, où l'air est en train de devenir rouge?"

Ils éclatèrent de rire, et Harry, le visage en feu, réussit à regarder ses amis dans les yeux.

Hermione sourit à tous ceux réunis. "Draco" fit-elle en riant, "viens t'asseoir. Tu seras toujours le bienvenu à notre table"

****

Le dortoir des garçons de cinquième année de la Tour Gryffondor était silencieux.

Draco s'éveilla brusquement. Son coeur battait la chamade et il avait désagréablement chaud, mais son anxiété et son inconfort n'avaient rien à voir avec le fait qu'il soit enroulé autour de Harry si étroitement que Draco se demanda brièvement comment Harry réussissait à respirer. S'était-il accroché à Harry comme ça toute la nuit? Il desserra son étreinte sur le corps mince et nu de Harry et celui-ci se détendit légèrement dans ses bras et nicha son dos plus contre la poitrine et le ventre de Draco. Draco embrassa la nuque de Harry et, ayant à nouveau besoin de contact, pressa étroitement le brun contre lui, afin qu'ils soient en position de cuillère sur un côté, chacun épousant les contours du corps de l'autre des pieds à la tête.

"Oh, Harry" souffla Draco au niveau où les cheveux rebelles de Harry se finissaient et que sa nuque commençait.

La respiration calme et chaude de Harry apaisa quelque peu Draco alors que son esprit revenait une fois encore à l'album photos qui était posé au pied du lit de Harry, empaqueté dans du papier cadeau vert et gris. Comme les autres garçons avaient tous dormi dans le dortoir des filles, ils avaient été seuls; et après des jours d'abstinence décidée par Draco, il leur avait enfin permis à se rapprocher la nuit précédente, après qu'ils se soient retirés dans le propre lit de Harry pour la première fois, la joie du Tribunal et du repas rejaillissant encore dans leurs yeux. Il s'était senti coupable quant à la béatitude que Harry avait tirée de son corps, tandis que la présence omniprésente du livre l'avait hanté telle sa conscience le regardant depuis le pied du lit, mais Harry avait l'air d'en avoir tellement besoin, pour être convaincu que Draco était toujours le seul pour qui Harry ferait n'importe quoi, que les résolutions de Draco s'étaient évaporées dans les bras de son bien-aimé. Et Harry avait fait tant de choses pour lui, juste quelques heures plus tôt, que Draco avait le souffle coupé rien qu'à penser aux moyens que Harry avait déployés; comme si Harry pensait que par ses propres actes d'amour, il arriverait à faire tomber le mur qui les séparait, comme si Harry, bien que ne sachant pas l'existence du livre, pouvait le lui faire oublier par son adoration et par son altruisme dans ce lit même.

Draco se sentait encore coupable à présent, désespérément anxieux, et au bord des larmes quand il pensa à ce qui allait se passer le jour qui venait, le jour de Noël. Il avait très chaud, mais il ne pouvait se résoudre à laisser tomber; il était malade par l'inévitabilité de la situation, mais laisser tomber ne servirait à rien.

La proximité de Harry, comme cela le faisait toujours, gardait Draco presque constamment dans un état aigu d'excitation, aussi intimement pressé contre la partie inférieure du corps de Harry. Il passa tendrement la langue sur l'arrière de l'oreille de Harry, et murmura, d'une voix très basse, afin que le seul son soit le très léger mouvement de ses lèvres "Harry, quoi qu'il arrive, je t'aimerai toujours", puis reposa sa tête sur l'oreiller, et se pelotonna encore plus près de son amant endormi. Mais dormait-il vraiment? Harry modifia imperceptiblement la position de son corps, faisant ressortir un peu plus ses hanches, et se recula presque ni vu ni connu, se positionnant plus près de l'érection de Draco. Etait-ce les trémoussements endormis de bien-être d'un jeune homme qui n'avait plus aucun tabous, dont le corps ferme débordait même inconsciemment d'une nouvelle sensualité animale découlant de leurs dernières explorations en date? Ou était-ce Harry, éveillé et désireux de plaire, qui s'offrait une fois de plus d'une manière qui faisait défaillir Draco avec des pensées de beauté, de ravissement et de manque de mérite?

"Harry" murmura-t-il encore, aussi silencieusement qu'auparavant. "Tu n'as rien de plus à me prouver. Je ne pourrais pas plus t'aimer que je ne t'aime déjà. Etre simplement étendu ici près de toi me suffit largement..."

Draco ne fut pas sûr au premier abord que Harry lui ait répondu; les paroles de Harry furent prononcées à voix si basse qu'il ne les enregistra pas avec ses oreilles mais avec son coeur et son corps. "Chhhh. Ce n'est pas simplement à propos de toi ou moi. C'est à propos de nous"

Draco pleura silencieusement, alors même qu'il embrassait le dos et les épaules de Harry, alors même que leurs corps bougeaient si naturellement, comme s'ils ne faisaient qu'un, lors d'un nouveau voyage déchirant vers l'extase.

****

Dumbledore n'avait pas dormi de la nuit.

Il avait rendu visite à ses invités dans leurs appartements respectifs répartis ça et là dans le château, puis était resté assis avec l'Orbe et sa Pensine derrière son bureau la plupart de la nuit. L'Orbe brûlait d'une lueur insupportable, trop brûlante pour qu'on la tienne en main, et elle ne cessait d'attirer l'oeil de Dumbledore, l'obligeant à se dire et à se redire que même si ses stratégies étaient très bien planifiées, même si beaucoup de personnes bonnes et honnêtes étaient réunies au château, tout cela pourrait ne compter pour rien du tout si les deux garçons dormant présentement dans la Tour Gryffondor n'arrivaient pas à trouver un quelconque moyen de surmonter l'existence de son fichu cadeau de mariage aux défunts parents de Harry.

Une aube fade commençait tout juste à illuminer les rafales de pluie sur les champs et les forêts à l'est du château, et une fois de plus, Dumbledore s'effondra dans son fauteuil après une brève halte près des fenêtres. Oserait-il prier pour encore juste un peu de chance pour ce problème des plus urgents? Lucius Malfoy allait arriver dans la matinée; il venait simplement pour enlever Draco de l'école. Soit Draco partirait avec lui, le coeur brisé, soit il resterait, rebelle, aux côtés de Harry. Dumbledore avait des plans pour les deux éventualités, ce qui permettait de maintenir la sécurité du château, que Lucius parte triomphant avec son fils dans son sillage, ou qu'il soit éconduit, livide et furieux suite à des événements qu'il n'avait certainement pas prévus.

Mais Lucius n'était pas son problème. C'était Harry. Le rôle que Harry pourrait avoir à jouer dans le drame approchant avec Voldemoirt n'était pas clair. Mais les conséquences de la nouvelle sur le reste du monde magique que leur champion était faible et vulnérable serait catastrophique. Ils pourraient tout simplement croire que tout était perdu et qu'une reddition rapide serait l'option la plus facile. Ou ils pourraient se battre à contrecoeur et sans conviction, prolongeant le conflit avant une capitulation inévitable.

Dumbledore savait qu'en réalité, la force de Harry n'aurait peut-être pas grand chose à voir avec le résultat, quel que soit le vainqueur. Mais sa faiblesse pouvait être décisive.

Il poussa un profond soupir et parcourut à nouveau ses papiers et ses plans. Ce n'était plus la peine d'aller dormir à présent, il faisait presque jour. Les élèves de la Tour de Gryffondor allaient bientôt ouvrir leurs cadeaux. Et alors nous saurons.

****

Harry regarda Draco avec curiosité.

"Qu'est-ce que c'est?" demanda-t-il, les yeux brillants d'excitation à l'idée de recevoir un cadeau, de l'intimité qu'il y avait d'ouvrir un cadeau nu avec Draco dans son propre lit et du souvenir de la nuit qu'ils avaient partagée.

"C'est un cadeau, idiot. De ma part, pour toi. Ouvre-le"

Draco n'avait jamais vécu quelque chose de pareil. Les cadeaux au Manoir Malfoy étaient un devoir de surabondance le matin de Noël. Et il était loin d'avoir déjà été aussi excité que Harry l'était à présent, tandis qu'ils étaient tous les deux assis au lit, chacun avec un seul petit paquet à donner.

"T'es sûr?"

"Evidemment que j'en suis sûr! Je ne l'ai pas acheté pour que tu regardes le papier d'emballage!"

Harry regarda Draco avec une profonde adoration, puis il déplia lentement et soigneusement le paquet, savourant chaque moment, comme si le déballage en lui-même faisait partie du cadeau. Finalement, le papier reposa ouvert, une pile de soie noire impeccablement pliée en son coeur. Harry leva le vêtement, et découvrit rapidement qu'il y en avait deux.

"Des pyjamas!" cria-t-il de plaisir, et il bondit sur son lit, glissa ses bras dans la chemise et essaya de sauter dans le pantalon large.

Pour la première fois de sa vie, Draco réalisa que la joie des cadeaux résidait dans le fait de donner et non de recevoir. Malgré l'horreur persistante de l'autre présent de Draco, qui était toujours posé innocemment au pied du lit, la vue de cet Harry retombé en enfance, fou de joie de se voir offrir deux pyjamas était mieux qu'aucun cadeau que Harry lui-même pourrait jamais lui offrir. Rempli d'un bonheur insensé, il ne put effacer le sourire de son visage alors qu'il regardait Harry lui montrer comment le pyjama s'attachait, comment il lui allait, et combien il les adorait.

"Remarque" fit Harry, prenant un air faussement timide, "ce n'est pas comme si on portait beaucoup de pyjamas...!"

"La joie des pyjamas en soie, mon vieux" expliqua Draco en riant, " est que c'est tout aussi charmant de les enlever que de les mettre. Surtout si quelqu'un t'aide à les enlever"

"Eh bien, il faudra qu'on teste ça un de ces quatre" médita Harry avec contentement en se rasseyant près de Draco, puis il lui tendit un petit paquet de son crû.

Il avait été amoureusement et maladroitement emballé dans un papier rouge brillant et avait beaucoup trop de ruban.

"Qu'est-ce que c'est?" demanda Draco.

"Peuh" sourit Harry.

D'un seul mouvement rapide, Draco déchira le papier et dévoila une autre pile de soie (moins impeccablement pliée). D'un vert sombre, qui glissait entre les doigts comme de l'eau. Il la leva en l'air et vit que c'était une chemise, d'une coupe magnifique, d'une maille exquise, qui lui allait - alors qu'il était debout et la revêtait - comme un gant. Suffisamment de place pour bouger, mais sans être trop large, afin que sa peau reste toujours en contact avec le tissu.

"Harry, j'adore. Je n'ai jamais eu une chemise que j'aime un dixième autant que celle-ci" fit Draco, essayant de retenir ses larmes. "Comment as-tu fait pour en prendre une qui m'aille si bien?"

"Euh, ben, Hermione jure qu'on fait la même taille. Donc je l'ai faite faire avec mes mensurations, et puis je me suis dit que si elle ne t'allait pas, au moins je pourrais la porter!"

"Eh bien, je suis désolé pour toi, mais elle me va vraiment très bien. Alors le seul contact que tu vas avoir avec elle sera..."

"...quand je te l'enlèverai?" acheva Harry en riant.

"Exactement. Une chemise pareille n'irait pas avec tes jeans trop larges ou tes vieux pulls. Je refuse de te la laisser porter jusqu'à ce que tu aies acheté des vêtements convenables pour aller avec!"

"Eh bien, Draco, tu t'es auto-proclamé mon habilleur personnel. Après Noël, on pourra demander à Dumbledore si on peut passer un jour à Londres, afin que tu m'aides à m'acheter des vêtements, comme tu m'as dit?"

Harry regardait Draco avec sérieux et avec un sourire si heureux que le coeur de Draco se brisa à cet instant. Il était plus que probable que Harry ne veuille plus jamais aller à Londres avec lui, ne veuille plus jamais porter ses pyjamas, et qu'il regarde la chemise verte de Draco avec une tristesse permanente en se demandant comment diable il avait pu gaspiller autant d'argent. Des larmes s'amoncelèrent derrière les yeux de Draco quand il se dit que, quoi qu'il se passe, la chemise verte serait la chose la plus précieuse qu'il posséderait jamais.

"Draco! Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce que j'ai dit?" s'exclama Harry quand il vit à quel point Draco était soudainement bouleversé.

Mais Draco ne répondit pas. Le coeur au bord des lèvres, sans prêter attention à Harry, il tendit la main vers le pied du lit et ramassa son autre cadeau. Puis il s'assit en face de Harry et, sans le regarder, mais en fixant les couvertures du lit dans un désespoir sans borne, il se mit à trembler, l'air si hésitant, si misérable, que le Draco du Tribunal, du repas, de leur glorieuse nuit ensemble, des pyjamas et de la chemise était totalement méconnaissable. C'était à présent le Draco qu'il avait trouvé près du lac. Harry retint son souffle. C'était ça. Il allait enfin lui raconter.

"Harry" fit Draco sobrement, réprimant toutes les émotions qu'il pouvait, "je vais te raconter une histoire. Et je te demande une seule chose: que tu écoutes avec plus d'attention que tu n'as jamais écouté. Et, à la fin, je vais te poser une question. Juste une. Le Tribunal du Serpent, si tu veux. Mais la réponse que tu me donneras sera mille fois plus importante que les réponses que j'ai données la nuit dernière"

"Draco, arrête, tu me fais peur! Qu'est-ce qui se passe? Dis-le moi!"

"Chut, mon amour" souffla Draco, touchant de son doigt les lèvres de Harry en se demandant si cette caresse serait le dernier contact physique qu'il aurait avec celui qu'il aimait. Il avala péniblement sa salive, et commença.

"Il était une fois un bébé magique qui était très aimé de ses parents. Et ses parents étaient bons, et très célèbres; tellement célèbres qu'à leur mariage, qui était le plus beau jour depuis longtemps, ils reçurent beaucoup de cadeaux de la part de leurs amis. Et il y avait un grand sorcier à leur mariage, et il donna au jeune couple un livre, qui était un livre magique, car il pouvait enregistrer toute la joie et le classer dans ses pages. Et le jeune couple remplit le livre d'images d'eux-mêmes et de leur petit garçon, et de leurs amis, jouant au Quidditch, allant pique-niquer, se promenant dans des parcs ou lors de voyages sur la côte"

Draco montra nerveusement du doigt le livre dans son emballage, sachant parfaitement ce qu'il disait, mais incapable de freiner l'émotion qui grandissait dans sa voix.

"Mais un sorcier maléfique détestait le jeune couple, car ils se mettaient en travers de ses plans, et il décida qu'ils devaient être tués. Et lors d'une nuit horrible, le sorcier maléfique entra dans la maison du jeune couple avec sa bande de disciples, et il tua le jeune homme, et il tua la jeune femme, et il tenta de tuer le bébé magique. Mais le bébé était un bébé exceptionnel, et le sorcier maléfique ne réussit pas à le tuer, et le sorcier maléfique mourut presque dans ses efforts de tuer le bébé"

Une unique larme de souffrance commença son long et triste voyage le long de la joue gauche de Draco, et il regarda fixement le lit en se forçant à continuer.

"Et les disciples du sorcier maléfique devinrent fous à la mort de leur maître, et ils détruisirent la maison du jeune couple, laissant le bébé exceptionnel dans les décombres. Deux hommes courageux se précipitèrent dans la maison cette nuit-là. L'un était un demi-géant, le serviteur fidèle du grand sorcier qui avait offert au jeune couple le livre magique. L'autre était le parrain du bébé sur sa moto volante, qui était fou de douleur suite à ce qui était arrivé à ses amis. Et lorsque le bébé magique fut emmené en sûreté et laissé aux bons soins de sa tante, on ne se souvint plus de la maison, ni de ce qu'elle avait contenu.

Malgré ses précédentes résolutions, les mains de Draco se tendirent instinctivement vers celles de Harry, qui les serra avec force.

"Mais le sorcier maléfique avec un partisan qui était plus intelligent que les autres. Et, tandis que les autres détruisait, il observa. Et l'une des choses qu'il observa était le livre magique du jeune couple, et il le prit, et il le cacha. Peut-être qu'il le fit parce qu'il savait que son maître reviendrait et que le livre pourrait être un moyen de faire du mal au bébé magique. Peut-être qu'il l'emporta pour sa propre protection. Ou peut-être qu'il le prit parce qu'il l'intriguait. Mais il le vola malgré tout. Et de la terrible tragédie qui se produisit dans cette maison cette nuit-là, seules deux choses très précieuses furent sauvées. Le bébé, et le livre"

Draco, rempli de honte, retira ses mains de celles de Harry et agrippa le livre à la place.

"Les années passèrent, et le bébé magique devint un magnifique jeune homme. Et le partisan du sorcier maléfique avait toujours le livre magique, et le regardait de temps en temps, se demandant ce qu'il pourrait bien en faire. Et ce partisan avec également un fils, du même âge que le bébé magique, et ils étaient à la même école au même moment, et puis les deux fils tombèrent amoureux l'un de l'autre, sans savoir que le père de l'un avait été complice de la mort des parents de l'autre. Et un jour, le grand sorcier découvrit ce qui s'était passé pour le livre, et qu'il existait toujours, et il envoya son fidèle serviteur le reprendre. Et le grand sorcier découvrit que le livre renfermait un terrible secret, et il ne sut pas quoi faire"

Draco essaya désespérément de réprimer le sanglot qui montait dans sa poitrine alors qu'il poursuivait son récit.

"Et Dumbledore est venu me voir, et m'a montré le secret que contenait le livre, puis m'a demandé mon avis sur le fait que le secret du livre allait te blesser, allait nous blesser tous les deux. Et j'ai fui le problème, le détestant, et j'ai couru tout du long jusqu'au lac, et je suis resté là-bas pendant des heures, sans savoir quoi faire, refusant de te faire du mal, mais ne voyant pas comment je pourrais t'éviter la souffrance. Et tu es venu à moi, et tu m'a trouvé trempé jusqu'aux os, et tu m'as transporté près du feu, et tu m'as aimé, et tu m'a fait réaliser que je devais te donner ce livre, que quelle que soit la souffrance que cela causerait, tu avais droit à ce livre, que mon père n'avait aucun droit de le réclamer, et maintenant, Harry, je vais te redonner le livre, le retourner à son propriétaire légal, correctement, justement, la seule chose honorable que j'ai faite dans ma vie, avec la prière que quel que soit le mal que le livre te fasse, tu me laisseras t'aider à le surmonter. Parce que tout ce que je veux faire durant le reste de ma vie, c'est arrêter tes souffrances, parce que tu es mon monde, tout mon putain de monde, et que même ces mots ne se rapprochent pas de ce que je ressens, d'à quel point je t'aime, Harry"

Sans oser regarder Harry en face, Draco déposa le paquet dans les mains de Harry, puis s'écroula tête la première sur le lit, et attendit. Le froissement du papier qui entourait le livre craqua comme le grattement d'une plume sur sa propre sentence de mort.

Il entendit Harry tourner chaque page, avec une lenteur terrifiante. Draco espéra que peut-être il tournerait les pages si lentement qu'il n'arriverait jamais à la dernière...mais non, c'était stupide. Parfois il y avait un soupir, un souffle retenu, un rire, un sanglot étouffé. Puis une autre page tournait, et encore une. Combien de pages y avait-il? Draco n'arrivait pas à s'en souvenir. Oh mon dieu, ça ne devrait pas tarder à présent. Un autre rire, un autre soupir. "Salut, papa" murmura Harry. Une autre page tourna. Oh mon dieu, il va le voir très bientôt...Il va voir la mort de ses parents...

La page tourna une dernière fois.

Draco essaya désespérément de repousser les sons qu'il avait entendus une fois auparavant, dans le bureau de Dumbledore au tout début des vacances, mais une partie de lui lui dit qu'il devait essayer de les revivre à nouveau, juste pour que Harry n'ait pas à traverser ça tout seul. S'obligeant à moitié à écouter les hurlements de James, les pleurs de Lily et les rires aigus de Voldemort, obligeant à moitié son esprit à penser à autre chose, Dumbledore lui revint à l'esprit une fois encore. Dumbledore lui-même m'a donné ce livre. Il voulait probablement, très probablement que je transmette le livre à Harry...si Dumbledore voulait ça, alors j'ai dû faire la bonne chose..."Pas Harry! Pas Harry!" retentit la voix de Lily depuis la page, droit dans le coeur de Draco. S'il vous plaît, s'il vous plaît, faites que j'aie fait la bonne chose...

Enfin, ce fut terminé. Il y eut un long silence, durant lequel il n'entendit rien de la part de Harry. Puis, à sa profonde horreur, Draco entendit Harry fermer complètement le livre puis l'ouvrir à nouveau.

La scène recommença une fois de plus. Les mêmes cris, les mêmes supplications, le même résultat. Comment pouvait-il supporter de la regarder à nouveau? Mais c'est ce qu'il faisait. Toujours en silence, mettant encore Draco au supplice, Harry la regarda à nouveau. J'ai dû faire la bonne chose, en principe, priait Draco avec ferveur. Oui, vraiment...Ce n'était pas à moi de le garder, et encore moins mon père...J'ai fait mon choix...J'ai choisi Harry plutôt que le meurtrier qui fait semblant d'être un père de famille dévoué...Harry le verra, il doit le voir, il faut qu'il voit mon choix. S'il vous plaît, faites qu'il ne retienne pas les pêchés de mon père contre moi! Il ne le fera pas, il m'aime, il s'est donné à moi la nuit dernière, ça doit compter pour quelque chose, s'il vous plaît, oh mon Dieu, s'il vous plaît...

La scène se termina. Et alors, comble de l'insupportable, Harry la regarda une troisième fois. Draco ne pouvait pas être plus désespéré. Tremblant, le visage enfoncé dans l'oreiller, Draco se dit que c'était le droit de Harry, et que s'il voulait la voir une centaine de fois, lui serait toujours là à la fin. J'essaie d'être altruiste là, j'essaie vraiment, aussi altruiste que Harry, j'aurais pu le cacher, le brûler, ne jamais lui en parler, ça veut dire que j'aurais pu garder Harry pour toujours, mais je n'aurais pas été meilleur que mon père, il fallait que Harry le voit, c'était son droit de naissance, j'ai fait la bonne chose, il m'aime, et je prie pour que ça compte pour quelque chose, moi je suis innocent, c'est mon père qui est coupable, un père que maintenant j'abhorre, un père abject, un meurtrier, qu'ici et maintenant je rejette pour toujours, Harry le saura, il comprendra la différence...N'est-ce pas?

Le livre se referma une fois de plus, et cette fois, il ne se rouvrit pas. Si doucement qu'il en eut mal au cou, il leva la tête pour regarder Harry, osant à peine le faire, mais incapable de ne pas le faire. Le visage de Harry était d'une pâleur mortelle, vide, épuisé. Il regarda Draco sans le voir, et Draco sentit le poids du monde l'enfoncer dans la terre. Et alors, Harry parla.

"Quelle est ta question?"

"Hein...?"

"Quelle est ta question? Tu m'a dit que tu allais me raconter une histoire puis me poser une question. Quelle est-elle?'

Draco se força à s'asseoir face à Harry, mais il ne put rencontrer son regard. Les yeux baissés sur ses genoux, il rassembla toutes ses forces, et finit par dire: "Peux-tu encore m'aimer?"

"Pardon?"

Oh mon dieu, il faut que je le dise à nouveau? "Euh, Harry, quel que soit le temps que ça prenne, est-ce que j'ai une chance? Est-ce qu'on a encore une chance? Y a-t-il un espoir que, dans les années à venir, tu puisses m'aimer à nouveau comme tu m'as aimé jusqu'à aujourd'hui? Peux-tu encore m'aimer?"

"Est-ce que je peux encore t'aimer?" répéta Harry en regardant Draco, incrédule.

Oh non! C'est ça! pensa Draco, affolé. Il n'arrive pas à croire que j'aie l'audace de demander! Moi, le fils du meurtrier de ses parents, évidemment que je n'ai aucune chance! Je devrais partir dès maintenant. Prendre mes souvenirs et le laisser à sa peine. Je devrais-

"Draco, maintenant c'est toi qui vas m'écouter. Je vais te raconter une histoire, puis je vais te poser une question. Et tu vas écouter attentivement. D'accord?"

Draco acquiesça en silence, sans comprendre la tournure pour le moins inattendue que prenaient les événements.

"Il était une fois un bébé qui s'appelait Harry, et il aimait beaucoup ses parents, mais il ne les avait jamais connus car ils avaient été assassinés quand il avait un an. Et durant dix années supplémentaires, il ne les connut toujours pas, car son oncle et sa tante ne lui disaient pas un mot à leur propos qui n'était pas un mensonge. Et puis un jour, Harry découvrit qu'il était un sorcier, et que les gens connaissaient son nom, et que les gens connaissaient aussi le nom de ses parents. Et ces gens disaient des choses comme 'ne ressemble-t-il pas exactement à son père?' Et 'sa mère l'aimait tellement, vous savez, elle est morte pour le sauver' et pourtant, Harry n'avait aucune idée de quoi ils parlaient. Et puis un jour, quelques années plus tard, Harry se rendit compte qu'il était tombé amoureux de son ennemi juré, et son monde était sans dessus dessous, et pendant tout ce temps-là, il ne cessait de souhaiter pouvoir demander à son père et sa mère quoi faire, seulement ils étaient morts, et personne ne disait quoi que ce soit à leur sujet, à part 'son père était un bon joueur de Quidditch, vous savez' et aucune de ces choses-là n'allait aider Harry à résoudre son affreux dilemme. Et petit à petit, Harry se mit à réaliser que l'amour qu'il s'était découvert pour son ennemi était aussi profond que l'amour qu'il n'avait pas pu avoir de ses parents, et que le garçon n'était plus son ennemi, mais qu'il était sa famille"

"Et alors l'ancien ennemi de Harry vint voir Harry le matin de Noël, et il lui donna un livre contenant plus de détails, d'informations et de souvenirs sur ses parents que Harry aurait pu souhaiter. Mais le garçon était terrifié par ce livre, parce qu'il impliquait son père dans l'assassinat des parents de Harry, et il était désespéré à l'idée que Harry doive voir quelque chose d'aussi terrible. Et il était sûr que Harry allait le rejeter, parce que ça ressemblerait à une trahison de plus dans la liste des tragédies que la tradition populaire dit être le résumé de la vie de Harry. Mais ce que le garçon ne comprenait pas, c'était que Harry savait déjà comment ses parents étaient morts, et qu'il savait déjà que le père du garçon était impliqué, et qu'il savait déjà que leur mort n'avaient pas été agréables. Harry avait vu des fragments de la mort de ses parents dans des visions déclenchées par le frisson que provoquait chez lui les Détraqueurs, et désormais il avait l'occasion de voir, une bonne fois pour toute, quelle était toute la vérité"

"Et Harry vit que ses parents l'avaient aimé jusqu'au moment même où ils n'avaient plus pu aimer. Et Harry vit que l'amour de sa mère était si puissant que le sorcier maléfique ne lui arrivait pas à la hauteur, et qu'il était presque mortellement brûlé par quelque chose d'aussi pur. Alors Harry aima le garçon plus que jamais, pour avoir eu le courage et la force de prouver à Harry qu'il était loyal, et honorable, en donnant ce livre à Harry, et en lui permettant de connaître ses parents plus qu'il ne l'avait imaginé possible. Et honnêtement, Harry était ravi, car il avait osé avoir de si grandes espérances à propos de la vie qu'il pourrait vivre avec son ancien ennemi, et désormais il savait vraiment que le garçon était sans aucun doute vrai, et qu'il aimait Harry, et qu'il était si résolu à faire la bonne chose, et que même s'il se disait qu'il aurait peut-être à sacrifier son propre bonheur, cela ne l'arrêta pas pour autant, et il donna le livre à Harry, renonçant à son père, et faisant son choix d'une façon que Harry ne pouvait pas ne pas comprendre"

Harry attrapa la tête de Draco et la leva afin qu'il puisse le regarder dans les yeux.

"Et je sais aussi quelque chose d'autre: nous ne sommes pas définis par le Nuage Ecarlate. Parce que le Nuage sert à rassembler les personnes qui sont magiquement amoureuses, et fait qu'il leur est impossible de vivre séparées, même si elles veulent essayer. Mais en me donnant ce livre, Draco, tu étais préparé à risquer tout ça, tu as fait abstraction de la souffrance que tu allais ressentir suite à une séparation définitive, et es allé à l'encontre du Nuage d'une manière dont aucun de nous n'a été capable depuis que nous en sommes devenus conscients. Tu t'étais préparé à essayer de vivre sans moi pour accomplir une action honorable. Et ceci me dit que ton amour pour moi est bien plus puissant que ce qui est dicté par un Nuage idiot qu'aucun de nous n'a jamais vu ni compris. Et donc, en réponse à ta question 'est-ce que je peux encore t'aimer?', je dirai que tu aurais tout aussi bien pu demander, 'comment ne puis-je pas encore t'aimer?', parce qu'une fois pour toutes, Draco, tu m'a montré que tu as des qualités rares et merveilleuses, que j'espère tu me laisseras chérir pour toujours"

Harry sourit alors que des larmes roulaient le long des joues de Draco.

"Et maintenant, j'ai une question pour toi. Qu'est-ce que je peux bien faire qui puisse égaler ce que tu as fais pour moi ce matin? Et si tu ne peux pas me donner une réponse tout de suite, je vais passer le reste de ma vie à essayer de le découvrir moi-même"

Draco ne put répondre. Il ne pouvait même pas parler.

"Pas de réponse, hein?" fit remarquer Harry en souriant. "A court de mots? Pas de piques pleine d'esprit? Ca par exemple, mon vieux Draco! Je crois qu'il va falloir que je découvre moi-même comment te rembourser alors. Et, moi je te le dis, j'ai une sacrée bonne idée de par où commencer"

Il donna un baiser rapide à Draco puis se pencha sous le lit, en quête de quelque chose.

"Tu n'es pas le seul à avoir deux cadeaux à offrir, ma petite fouine. A présent, essuie tes yeux et regarde un peu ça"

Draco regarda, atterré, le paquet que Harry ramassa de dessous le lit.

"Oh mon dieu!"

Il n'y avait absolument aucun moyen de se tromper en voyant sa forme, même s'il était empaqueté d'une manière aussi élaborée que la chemise.

"Oh mon dieu!"

"Vas-y, je ne l'ai pas acheté pour que tu regardes le papier d'emballage!"

"Oh mon dieu!"

Draco déchira frénétiquement le papier.

"Oh mon dieu, oh mon dieu, oh mon dieu!"

Harry riait à n'en plus pouvoir.

"Harry! Oh mon dieu, Harry, un ECLAIR DE FEU!"

"Il en vaut chaque Noise rien que pour la tête que tu fais"

"Harry!"

"Oui?"

"Oh, Harry!"

"Oui?"

"Oh, Harry! Promets-moi une seule chose..."

"Dis-moi"

"Que quoi qu'il arrive, que quelle que soit la gravité de la situation, que quelles que soient les batailles qu'on aura à mener, ou les tragédies que l'on aura à affronter, promets-moi qu'on sera toujours, toujours ensemble, parce que-"

"Draco! Evidement! Le contraire serait inconcevable"

FIN

****

Oh mon dieu, c'est fini!! Je viens de la finir à l'instant, et il est 23h58!!! Je pars dans exactement 9 heures et 2 minutes, je vais être lessivée!! LOL. Pfff, que dire à part que ça a été une folle aventure, vraiment. J'ai mis beaucoup (trop?) de temps à la traduire, mais voilà, c'est fait! Ca fait tout drôle... J'suis un peu émue, moi...Bon, passons, parce que sinon je vais inonder de larmes mon cher PC et ça va faire un court-circuit! LOL

Pour tous ceux et celles qui se demandent ce qui se passe ensuite, à savoir tout le tralala avec Voldemort, Aidan Lynch a une réponse toute simple, à savoir que sa fic était centrée sur la relation Harry/Draco, comment ils arrivaient à s'aimer et à se mettre ensemble, et que toute l'histoire extérieure était secondaire. Il estime avoir terminé son histoire, puisque Draco et Harry s'aiment et ne vont plus se quitter ^^. De plus, il dit que beaucoup de fics ont pour thème la "grande bataille" contre Voldemort, et que lui ce n'était pas son but...

Voilà, je vous remercie encore d'avoir été aussi nombreux à suivre cette fic, à m'encourager pour la traduction, vous m'avez été d'une grande aide. Si vous avez des commentaires sur ce chapitre, sur la fin, où vos impressions générales concernant cette fic, ne vous gênez surtout pas pour m'en faire part!

Un dernier gros bisou à toi, Falyla, qui m'a fait découvrir cette fic en me proposant de la traduire!

Et bien sûr, un gros poutou à mon adorable choupi!

A bientôt, tout le monde, et portez-vous bien! (c'est horrible, ça fait discours d'adieu, ou de départ en retraite lol).

Jess HDH, épuisée mais heureuse!