Coucou à tous !

Et oui c'est moi ! non non je n'étais pas morte ou devenue manchote ! et oui j'ai terminé le chapitre 47 !

Déoslée, désolée pour l'attente ! (Affreux comme je répète ça à chaque fois !) C'est terrible de faire attendre si longtemps de siiii adorables lecteurs comme vous, qui me laissez en plus de super reviews ! J'ai vraiment été touchée ce coup ci par toutes ces reviews, merchi merchi !

Mais, j'ai pourtant essayé de faire vite, mais javoue que ce chapitre même s'il était pas si compliqué que les précédents, a du être changé et reprit pas mal de fois, j'ai été assez indécise sur ce coup !

En tout cas j'espère qu'il vous plaira ! J'ai super hâte d'avoir vos avis !

Trève de blabla, je vous laisse avec ce nouveau chapitre ! Donnez moi votre avis sivouplééééééééééééééé lol Moi boues d'impatience erf erf !

Bizbiz à tous !

ZeldA

Le Coin des Reviews –

Cassandre8, Tes reviews m'ont fait très très plaisir ! Je suis très contente que ma petite histoire te plaise ! C'est vrai que je m'amuse bien avec mes Roses Noires, et c'est encore mieux si ça plait ! Je te laisse découvrir la suite ! Désolée pour l'attente, j'espère que cette suite sera à la hauteur ! Encore merci et bonne lecture !

Azuline-Sama, Merci beaucoup pour tes reviews ! Voilà la suite ! J'espère qu'elle te plaira et que tu auras des réponses à tes questions ! A mon avis oui ! Pour certaines du moins ! hihi ! Je te laisse découvrir tout ça ! Bonne lecture, et encore merci de suivre mon histoire.

Askaléna, ma ptite Aska merci pour ta review, qui comme à chaque fois me fait très plaisir ! et non j'ai toujours pas oublié mon histoire, donc voilà la suite j'espère qu'elle te plaira ! Toi qui est une de mes premières lectrices, ohohoho ! nostalgie ! bzubzu !

Lovy, Voilà j'ai continué ! j'ai mis un peu de temps mais voilà la suite ! J'espère que tu trouveras ça toujours aussi bien ! Bonne lecture ! et michi pr ta review !

Kytice, je ne suis toujours pas morte ! ravie de voir que l'arrivée des nouveaux chapitres te fait hurler de joie ! Moi émue Merci Merci ! mais désolée pour tes voisins, car voici le dernier chap hihi ! à la prochaine, bonne lecture !

Mirliton, ouhlala ta review m'a bien fait rougir ! merci merci beaucoup ! Je suis très contente que ça te plaise ! et bravo d'avoir lu si vite ! en général ma fic fait peur tellement elle est longue, mais ça fait plaisir de voir des lecteurs courageux qui se jettent quand même dedans ! alors bonne lecture pour la suite ! et encore merci ! J'espère que la suite te plaira !

Chapitre 47

- Lys -

Le jeune homme poussa la porte de sa chambre en silence, entra dans la pénombre nocturne qui l'emplissait et tout doucement fit son chemin jusqu'à son lit.

Il se laissa lourdement plonger au cœur des draps, épuisé après une longue et rude journée.

Daren abaissa dans un soupir las ses paupières, si lourdes lui semblait il. Aussi lourdes que les eaux troubles qui submergeaient son esprit. C'était de pire en pire.

Alors cependant qu'il goûtait à peine au repos tant espéré, un détail non remarqué jusque là, le fit se redresser bien vite.

Au coin de la pièce, la lueur d'une chandelle venait de briser la profondeur de la nuit.

Là, assise au bureau, la sorcière leva sur son fils un regard grave.

Daren sentit aussitôt un frisson foudroyer son corps d'un bout à l'autre. Dans la seconde, il détourna le regard vers le sol, et se leva, sans le moindre bruit.

De son côté, la sorcière fit de même et vint se poster debout devant le bureau, les mains jointes derrière le dos, l'attendant.

Pourtant loin de courir vers elle, le jeune homme ne s'accorda pas de temps pour réfléchir. A peine eut-il croisé l'ombre du regard haineux de sa mère, qu'il s'empressa de gagner la porte.

Celle-ci se referma d'un coup sec avant qu'il ne l'atteigne.

Stupide et vaine tentative, misérable…

Des sueurs froides chatouillèrent sa colonne vertébrale de façon désagréable, il n'osa se retourner, sachant qu'elle se trouvait maintenant juste derrière lui.

Mais elle patienta, le temps qu'il sorte de sa paralysie.

« Tu… ton spectacle s'est bien passé ? balbutia-t-il finalement, sans pour autant oser se retourner.

Ah ! Tu aimerais le savoir ? lui répliqua-t-elle d'une voix incroyablement posée, bien trop douce pour être crédible. Quel dommage que tu n'aies pas été là, mon Ange. Si seulement tu étais venu y assister… mais, où étais-tu donc, Daren ? »

Ce dernier déglutit lentement, sentant le souffle à la fois chaud mais glaçant de sa mère effleurer sa nuque tandis qu'elle éloignait ses lèvres qui venaient de murmurer à son oreille.

Elle allait le torturer ainsi jusqu'à ce qu'il l'avoue, et jouer diaboliquement avec sa culpabilité. Elle était toujours si douée pour le tourmenter ainsi…

Rassemblant le peu de courage et de dignité qui lui restaient encore, il parvint à lui faire face, et rencontra aussitôt son sombre regard azuré, pénétrant et menaçant.

« Avec Drago, nous-

Ne me mens pas ! Le coupa-t-elle d'un ton cette fois ci bien plus en accord avec son humeur.

Non, non… se reprit-il en un murmure. »

Ses regards inquisiteurs en de telles circonstances lui faisaient toujours perdre ses moyens.

Il contempla la sorcière, posant une seconde de silence, luttant pour essayer de rester digne quand il aurait au contraire tout fait pour fuir, ou se jeter dans ses bras, implorer son pardon, rechercher un infime élan de tendresse, vainement…

Sublime beauté, pourtant, au cœur du jeu d'ombres et de lumières tamisées de l'unique chandelle. Sa peau alors exagérément blanche brillant de manière surnaturelle, contrastant avec le noir intense et les courbes audacieuses que découpait sa robe sacrée sur son corps. Sa mère, magnifique créature insaisissable. La plus belle à ses yeux. Que n'aurait il fait ou donné, pour pouvoir la satisfaire, panser les cicatrices qui la meurtrissaient encore et toujours depuis tant d'années. Pour qu'enfin tous deux soient libérés. Pour qu'elle, soit libre de l'aimer.

« Allons, avoue ! Avoue moi ce que tu as fait, traître ! Reprit il d'un ton toujours plus acide.

Non, je ne t'aurais jamais trahi ! Je te le jure ! s'écria-t-il soudainement, l'air aussi démuni qu'un pauvre et faible gamin.

Tu nies, Daren ? Tu nies avoir sauvé la vie de notre ennemi ? Tu as pourtant été vu… »

Sa voix de cristal cinglait à présent l'air comme des flèches de glace.

« Enfin quoi ! Tu aurais préféré que je laisse un enfant se faire dévorer ? Lui lança-t-il en guise de défense. »

Cela tomba plus vite et plus fort qu'il ne l'aurait cru. Elle le gifla férocement à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il se courbe sous les coups. Elle frappait toujours si durement. Mais il ne l'empêchait jamais, sachant que même encore aujourd'hui, il n'était rien comparé à elle, toujours aussi ridicule que vingt ans auparavant, impuissant et terrorisé par cette éblouissante, redoutable sorcière possédée de folie.

« Non, pas un enfant ! Ton rival ! A qui tu sauves la vie, pour courir à ta perte, en me laissant à mon funeste sort ! Fils indigne ! MISERABLE ! Vociféra-t-elle avant d'abattre sa main sur son visage une fois encore.

Pardon… gémit il faiblement, ne trouvant aucun argument capable d'apaiser sa fureur. »

Il s'était attendu à cette réaction, effectivement persuadé d'être accusé de traîtrise.

Il méritait de subir son courroux. Toutefois la culpabilité rongeant ses entrailles ne lui aurait fait regretter son geste pour rien au monde…

Lui revenait encore, le regard d'ébène perdu d'Evan plongé dans le sien, les larmes de colère et d'incompréhension que le bambin versait, totalement impuissant face à cette force qui le rendait fou, qu'il ne pouvait contrôler. Et lui, un maître expérimenté pourtant, à peine était-il parvenu à venir lui en aide. Si effrayé lorsque le corps du petit était retombé inanimé contre le sien. Incompréhensible douleur que celle de la peur de le perdre, lui qu'il avait exécré, jalousé pendant près de dix ans… Tout incapable qu'il était pourtant, de lui avouer que…

« Ecoute moi bien, Daren ! S'époumona alors sa mère devant la figure pathétique de son fils le regard éperdu. Si tu décides de ne plus être de mon côté, dis le ! Prend seulement conscience qu'il sera inutile, et dangereux d'essayer de revenir vers moi après… Ça ne sera pas la première fois, que l'on m'arrachera le cœur ! Alors vas-y abandonne moi ! Mais laisse moi te dire que la façon dont tu ressembles à ton père est de plus en plus détestable !

Non, Mère ! explosa-t-il en faisant un pas vers elle. Je ne laisserais personne te faire du mal, personne !

Mon fils… enchaîna-t-elle. Tu le sais, je mourrai, si tu ne m'aides pas.

NON !

Bien sûr que si. Murmura-t-elle la voix déformée par ses sanglots retenus. Il faut que tu choisisses ton camp ou le poids de ma mort sur ta conscience… »

Le noir bleuté de ses yeux se noyait dans le regard vaincu du jeune homme. Elle le sondait ainsi, appuyait son châtiment, encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, jusqu'à ce qu'il craque, et tombe à ses pieds.

Ce qui ne tarda pas, comme à chaque fois.

« J'ai choisi mon camp ! Depuis toujours ! Tu ne mourras pas ! Cria-t-il, à bout.

Alors pourquoi ? Dans tes yeux, cette lumière ? Lorsque ils sont près de toi. Continua-t-elle encore, d'une voix toujours plus lourde de reproches. Et elle, cette enfant ? Pourquoi ton cœur se tord, lorsque tu penses à elle ? Je le vois, je le sens.

C'est juste parce qu'elle est mon pouvoir ! C'est le seul lien qu'il y a entre nous !

Daren aurait tant voulu disparaître à cet instant… Ses mains vinrent agripper le haut de sa tête, tirant sur ses cheveux, son esprit brouillé par cette torture mentale qu'il n'arriverait jamais à combattre.

C'est faux et tu le sais ! J'ai peur que tu ne t'attendrisses trop, pour continuer notre mission.

Jamais, je te le jure ! Je te demande pardon ! Repéta-t-il d'un ton désespéré. »

D'un geste vif Aliorune attrapa le menton de Daren entre ses doigts fins et le releva rudement vers elle, le forçant à soutenir son regard, leur même regard d'un sombre océan tourmenté, l'un par la colère et l'autre par le péché.

De son autre main elle amena devant ses yeux son médaillon, qui s'ouvrit, laissant apparaître derrière la paroi de la photo qu'il renfermait, une sorte de rosace de pétales noirs dont toute une partie était manquante.

« Combien de temps me reste-t-il ? Combien ! Lui cria-t-elle en serrant la chaîne du médaillon à s'en graver les maillons dans la paume de sa main. Un pétale a encore disparu ce matin… crois-tu vraiment que ton pardon y changera quelque chose ? Non ! Maudit sois-tu ! Toi, mon propre enfant, tu préfères faiblir et rejoindre l'autre camp, tout en sachant que je mourrais par ta faute !

Elle avait achevé sa phrase dans un cri de démence et de colère, tout en descendant sa main sur la chemise de son fils.

D'un coup sec elle arracha le tissu, le médaillon dans son autre main s'était métamorphosé en poignard, avec lequel elle menaça ouvertement le jeune homme.

Mère, NON ! Cria-t-il de stupeur. S'il te plait, pas ça ! »

La peur le saisissant avec fureur, il trébucha en arrière, menaçant de s'effondrer piteusement sur le sol, alors que d'un geste brusque, simple pression pourtant de ses doigts sur le tissu, mais de toute la force de l'énergie noire de son courroux, Aliorune le ramena droit, face à elle.

Fuir… il n'avait de toute façon aucun honneur à sauver face à elle. Mais même cela, il ne le pourrait pas, elle ne le laisserait pas, dusse-t-il en mourir.

« Il va bien falloir que je te châtie pour la peine que tu m'as causée ! articula-t-elle d'une voix grondante, ses doigts allant encercler la marque dessinée sur la poitrine de son fils. »

Daren ferma les yeux sachant qu'il ne pourrait stopper son geste, et bien trop paralysé par la force et la sombre magie qu'elle exerçait sur lui.

Les ongles de la fine main d'Aliorune pressèrent cruellement la peau du sorcier. Sa mâchoire se crispa sous la douleur que cette dernière faisait surgir en lui.

La menace de la lame était imminente.

Soudainement, le son du métal tombant au sol lui fit rouvrir les yeux.

Aliorune le tenait toujours fermement, mais ses yeux rivés sur sa marque se brouillaient de larmes, tandis que sa main avait laissé tomber le poignard à terre. Dans son visage se mêlait à la rage, la stupeur et l'effroi.

Elle s'approcha davantage de son fils et examina sa marque avec plus de précision.

« Qui … a fait ça ? Lui demanda-t-elle d'une voix lente et éteinte. »

Daren demeura muet, de peur qu'elle n'entre dans une folie plus furieuse encore.

« Tu as été violé

Mais non Mère, c'est-

QUI ! Répéta-t-elle avec plus d'insistance.

Tu ne me croirais pas si je te le disais… chuchota-t-il en baissant le regard. »

A ces mots, elle se détacha de Daren, et fit quelques pas dans la pièce, lentement, d'une démarche presque spectrale, pour s'asseoir d'un air misérable sur le lit.

Le feu émanant de la chandelle venait de s'éteindre. La pièce fut plongée dans une atmosphère toujours plus fantomatique, les reflets des lumières extérieures dansant macabrement avec l'obscurité. Leurs rayons éclairaient à peine le visage d'Aliorune dont la pâleur ressortait toujours si étrangement dans la noirceur.

Daren demeura interdit, devant sa mère ainsi défaite, dont la peine pourtant poignante l'effrayait tant.

« Elle… elle, ELLE ! murmura-t-elle ses yeux traversés par des feux rageurs. Elle a osé t'approcher ! De quel droit ! Je sens sa présence partout autour de toi ! Cela m'est insupportable ! REPUGNANT ! »

Aussitôt elle éclata en sanglots, sans plus d'explication.

Le jeune homme leva ses yeux brillants vers sa mère et se jeta immédiatement à ses genoux, serrant ses bras autour de sa taille, cherchant à enfouir sa tête au creux de son ventre.

« Elle a voulu te prendre ! Elle a essayé de m'arracher mon bébé ! Souffla-t-elle en levant son regard. Mon cœur ne lui aura-t-il donc pas suffi !

Mère, je suis toujours là ! Je suis toujours avec toi ! Je ne suis qu'à toi ! S'écria Daren, la voix étouffée par le tissu de sa robe dans laquelle il avait lové son visage.

Elle n'avait pas le droit… personne n'a le droit de te toucher ! Personne ! Tu es MON fils !

Je suis désolé, Mère ! Elle m'a attaqué, et j'ai bien essayé, je me suis battu ! Le combat était si rude ! J'aurais tant voulu la tuer pour toi ! »

Aliorune baissa le regard et observa son fils, son visage torturé, rongé de culpabilité… totalement soumis. Les lèvres de la sorcière fut brièvement parcouru d'un étrange sourire, puis elle passa tendrement sa main dans ses cheveux sombres, et l'invita à se redresser pour doucement s'asseoir près d'elle. Il s'exécuta sans attendre.

« Mon enfant… murmura-t-elle en caressant sa joue du creux de sa main. Elle est redoutable tu le sais, sans moi tu ne peux la vaincre. Mais je te garantie qu'elle paiera, pour le mal qu'elle t'a fait. Viens, mon sorcier, viens. »

Daren acquiesça, non sans craindre à présent ce qui pouvait bien s'insinuer dans l'esprit de sa mère. Il n'aurait pas voulu lui avouer le combat qu'il y avait eu entre la Voleuse de Sorts et lui, sachant que cela la plongerait dans une démence bien plus dangereuse. Il était trop tard à présent.

Aliorune amena son fils dans ses bras, il posa la tête sur son sein et se laissa lentement bercer, souffrant silencieusement de la gravité dans laquelle la situation s'engluait toujours plus profondément.

« Comment as-tu su de qui je parlais ? S'enquit il peu après.

Il n'y a qu'elle pour oser violer ainsi ton pouvoir ! Puis je l'ai vue. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais elle était présente à mon spectacle, sans doute pour chercher son détestable fils ! cracha Aliorune le regard toujours accroché quelque part dans le vide. Cependant, elle sait maintenant. Le véritable affrontement se fera sous peu, c'est pourquoi il nous faut agir vite !

Mère, si elle est au courant, nous ne pourrons pas mener à bien notre plan. J'ai pourtant essayé de la stopper ! Je te le jure ! Je lui ai lancé un sort qui aurait dû la mettre hors d'état de nuire : le sort des Maîtres qui retire tout pouvoir à une Rose Noire, et cela n'a pas fonctionné…

Etrange, en effet... Toutefois, nous serons plus malin, et plus rapide qu'elle… Oh oui ! Je lui prévois un petit voyage, qui l'éloignera de nous le temps qu'il nous faudra pour exécuter notre mission.

Que veux-tu dire ?

Elle regrettera ce qu'elle a osé te faire, mon fils. Sois tranquille, je te pardonne. Dors à présent, mon tout petit. Je suis là, près de toi, car tu es à moi, mon Daren. A moi et moi seule ! »

-

Ce soir là, Severus revint à son manoir le cœur lourd.

Dumbledore avait parlé ; Aliorune devrait partir. Le plus tôt serait le mieux.

A son arrivée, il distingua sa silhouette, qui, comme à son habitude, l'attendait à la fenêtre. Severus pouvait déjà percevoir les brides de la douce mélodie qu'elle fredonnait.

Il la regarda amèrement. Elle avait encore changé, depuis ce jour où il l'avait emportée hors de la demeure du Seigneur des ténèbres. Ou peut être était ce lui qui la voyait autrement ?

Il pénétra silencieusement dans le hall. Cette fois ci, elle vint se poster en haut du grand escalier. La pénombre ne laissait ressortir que la pâleur de son visage, elle se tenait à la rambarde de l'escalier le regardant sans souffler mot, tel un fantôme. Elle comprit aussitôt que quelque chose le troublait.

Cependant lui ne se sentait pas la force de lui dire ce soir là. Qu'allait elle faire livrée à elle-même ? Elle était si jeune après tout, elle ne pouvait pas survivre loin de lui. Severus se buttait à cette idée, ne sachant quoi décider.

Il comprenait, mais n'arrivait pas à admettre la décision de Dumbledore, pourtant il devrait s'y plier.

Il n'osa croiser son regard, et préféra lui tourner le dos pour aller s'enfermer dans son atelier. Plus tard, Severus entendit ses pas dans l'escalier, et le couloir. Sans doute attendait elle derrière la porte. La colère grimpa petit à petit au fond de lui, jamais il ne s'était sentit plus perdu. Il aurait tant aimé pouvoir s'en aller avec elle. Mais il demeurerait enchaîné ici. Dumbledore avait été clair.

Il préféra attendre encore, il avait besoin de réfléchir. Finalement Aliorune repartit, Severus parut soulagé de la savoir loin de la pièce, mais à présent, sans nul doute, elle savait que quelque chose n'allait pas. Comment lui cacher plus longtemps ?

Il devait être près de minuit, lorsque Severus s'extirpa enfin de son laboratoire. La maison était silencieuse, plongée dans l'obscurité, triste du vide profond dans lequel elle s'apprêtait à sombrer. Severus s'achemina lentement vers sa chambre. La grande pièce était tout aussi obscure, et dénuée de toute vie que le reste de la demeure. Il s'allongea un moment sur son lit, luttant pour trouver le sommeil, mais cela n'arriva pas. Il était bien trop perturbé pour arriver à dormir.

Il l'avait gardée si longtemps avec lui, maintenant elle devait s'en aller ? Une fois encore on allait lui arracher sa seule raison de vivre…

Sans doute était ce mieux pour elle ? Pour lui ? Dumbledore certes avait raison. Leurs origines communes les liaient trop à Voldemort, ils devaient s'en détacher maintenant.

Severus se releva, et alla se mettre à son bureau. Lentement sa main fouilla quelques tiroirs et en ressortit une image, doucement passée avec le temps.

« Pourquoi m'as tu fait cela ? murmura-t-il sur un ton amer. Vois-tu où j'en suis maintenant ? Et toi, où as-tu disparu ? Mon Aurore…. Tu n'aurais jamais du partir ! »

D'un élan de colère le jeune sorcier jeta l'image au fond de la cheminée, et se leva pour sortir en trombe de sa chambre.

A présent il était fou de rage. Il parcourut le couloir sans vraiment savoir où aller, mais ses pas rapides et brutaux contre le sol résonnaient à travers toute la maison, comme des grondements précédant un orage.

Mais sa rage atteint son paroxysme lorsque la jeune Aliorune émergea de sa chambre. Elle venait sans doute de se réveiller, et s'était levée à la hâte pour voir ce qui se passait dans le couloir. Ses yeux encore brumeux s'illuminèrent au moment où elle vit Severus. Mais celui-ci la toisait avec mépris. Jamais il ne l'avait habituée à cela, les regards accusateurs qu'il lui envoyait la touchèrent en plein coeur, tandis qu'elle sentait toute sa rancoeur l'atteindre brusquement.

Cependant la jeune fille se trouvait dans une totale incompréhension. Elle ne parvenait pas à voir ce qui le faisait agir de la sorte, mais cela la bouleversa profondément.

Elle retourna dans sa chambre, sous les regards courroucés de Severus.

Bien sûr, elle n'y était pour rien, mais la situation le mettait dans une colère noire, et cela il ne pouvait le contrôler.

Finalement il sortit de sa maison, claquant violement la porte. Il avait besoin de s'aérer. Lorsqu'il revint, il repassa devant la chambre d'Aliorune, cette fois ci, ce furent les sanglots de la jeune fille qui résonnèrent dans son cœur, bien loin de la douce voix de cristal qu'il avait l'habitude d'entendre.

« Je suis bien plus injuste avec elle encore… pensa-t-il, avant de se décider finalement à pousser la lourde porte. »

Il la découvrit assise au bord de la rambarde de son balcon, elle se balançait au rythme de ses sanglots. Son sang ne fit qu'un tour, Severus s'élança vers elle à toute vitesse, pour la faire descendre, l'empoignant fortement par les épaules en la faisant rentrer dans la pièce. La porte fenêtre se ferma avec fracas derrière eux. Aliorune sursauta, tremblante de peur, son visage ruisselant de larmes. Choquée. Ses yeux étaient rivés sur le sol de la pièce, ses bras croisés sur son corps frissonnant plus que de raison. Severus s'efforça de calmer à nouveau le sang qui bouillonnait dans ses veines, également ébranlé par la soudaine peur qui s'était emparé de lui. Il soupira et se força à porter son regard vers la jeune fille, si fragile, si… belle à présent, sous la lumière blafarde de la nuit, Severus sentait sous ses mains qui n'avait pu se détacher d'elle, la froideur de son corps, et en éprouvait une étrange sensation, une envie de la serrer contre lui. Un désir incontrôlable qui frappait fort au creux de son ventre... Mais cela il se l'interdisait.

Il la lâcha sur l'instant. Elle en tomba presque, toute troublée, anéantie qu'elle était.

Severus se retourna, faisant mine de s'acheminer à nouveau vers le couloir. Mais les pleurs de la jeune fille, plus forts à présent, ne pouvaient plus le laisser de marbre.

Il aurait du sortir de la pièce et la laisser, mais c'était plus fort que lui. Elle était effondrée sur le sol, son visage caché par ses mains, couvertes des gouttelettes de ses larmes se mêlant aux mèches sombres de ses cheveux.

Il avait oublié comme son esprit était encore si vulnérable lorsqu'il était livré à lui-même. Il ne put s'empêcher de l'imaginer seule, perdue au milieu de nulle part… comment Dumbledore pouvait lui demander de l'abandonner ainsi ?

Finalement il se dirigea rapidement vers elle, et sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, il s'agenouilla près d'elle. Il se surprit alors à entourer la jeune fille de ses bras, puis avec force et délicatesse il la souleva pour aller doucement la recoucher. Il l'allongea sur le bord du lit, il fallait qu'il s'en aille à présent, sinon, cela serait pire encore.

Peu à peu ses sanglots se calmèrent, alors que Severus caressait doucement ses cheveux, chose qu'il ne se serait jamais autorisé à faire auparavant. Il souffla de fatigue et se décida à se lever. Mais alors qu'il désirait partir, il vit que la jeune fille le retenait, sa main frêle cramponnée au bord de sa chemise.

Son visage se rapprocha de celui d'Aliorune, sans qu'il ne le veuille vraiment.

« Tu vas m'abandonner, n'est ce pas… lui murmura-t-elle, ses yeux blanchis d'effroi. »

Severus sentit un désagréable picotement au coin de ses yeux. Peu désireux de se laisser aller devant elle, ni devant quiconque d'ailleurs, il se dégagea de l'emprise de la jeune sorcière et quitta la pièce en coup de vent.

Voilà qu'il était de nouveau en proie à une rage folle, cette fois ci accoudé contre le haut de sa cheminée, il regardait brûler le feu, reflétant tout à fait l'état de son corps. Alors tout se précipita.

Aliorune apparut quelque temps après dans la nuit, Severus n'avait pas changé de position et sa fureur ne se consumait pas, mais grandissait tout comme le feu qui s'embrasait au cœur de l'âtre.

« Severus… l'appela-t-elle d'un voix encore masquée de pleurs. Je ne veux pas m'en aller… »

Le sorcier baissa la tête.

« C'est pour elle que tu ne veux pas que je reste ? Lui demanda-t-elle soudain. »

Il fit volte face et découvrit qu'elle n'était qu'à quelques centimètres de lui. Son corps toujours frissonnant.

« Retourne dans ta chambre. Lui dit il finalement. »

Elle le regarda, incrédule.

« Je t'en supplie, retourne dans ta chambre, rendors toi… répéta-t-il amèrement. »

Il avait peur de ce qui se passerait si elle restait ne serait ce qu'une minute de plus. Mais elle ne bougea pas.

Bien au contraire, elle avança plus près de lui, cherchant désespérément une explication.

Aliorune avança une main tremblante jusqu'à lui. Il l'attrapa brusquement. Sa première intention fut de la repousser, mais Severus se rendit compte que cela lui serait impossible… non, pas cette nuit là.

La jeune sorcière l'observa légèrement apeurée, alors qu'il serrait sa main toujours plus fort dans la sienne.

Aliorune était accoutumée à le voir distant, réservé à son égard, le sentir soudain si proche d'elle l'intimidait autant que cela la réconfortait.

Les yeux noirs du jeune homme se reportèrent vers elle, au fond de l'ébène naissait une lueur qu'elle n'avait jamais vue auparavant.

Severus fit un pas de plus vers elle, et relâcha quelque peu la pression qu'il exerçait sur sa main, la replaçant le long de son corps. Aliorune tressaillit, c'était la première fois qu'il était si proche d'elle.

Severus balaya le corps de la jeune fille d'un regard, les coups au creux de son ventre se faisaient de plus en plus pressants. Il voulut lâcher sa main, il fallait qu'il s'éloigne maintenant… il n'avait pas le droit. Pour avoir osé poser un tel regard sur elle, Lord Voldemort l'aurait torturé des heures durant, comme il en avait été le cas pour plusieurs de ses anciens compagnons…

Mais, une minute fut de trop, Severus le savait bien, alors que sa main glissa de celle de la jeune fille pour aller se positionner au bas de sa hanche. Il sentit son corps parcouru de frissons à son contact. Aliorune lui lança un regard perdu, incertain. Le dos du jeune homme fut traversé d'une sueur froide, tandis qu'en lui s'insinuait un terrible désir mêlé à un lourd sentiment de culpabilité.

Mais cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas connu le bonheur. A vrai dire, jamais encore il n'y avait goûté, et ce soir là, il était trop tard pour reculer.

Le feu rageur se calmait, pour laisser place à présent à de toutes nouvelles flammes dans le regard du sorcier.

La main de Severus se déplaça d'un mouvement d'abord timide au creux du dos de la jeune fille. Sous la pression qu'il exerçait contre sa peau de lune, Aliorune se retrouva calée contre son corps.

Elle restait sans doute encore quelque peu troublée, frémissant au moindre effleurement de la main du jeune homme sur sa peau. Puis, les caresses de Severus se firent de plus en plus régulières et sensuelles, elles calmèrent les craintes de la jeune fille pendant que leurs visages se rapprochaient toujours plus près l'un de l'autre.

Ils laissèrent d'abord leurs souffles doucement s'entremêler. Les désirs de l'un happant le corps de l'autre secrètement, silencieusement.

Dès lors ses pensées cessèrent de le tourmenter, car tout son être ne s'abandonna qu'à la jeune fille. Bientôt leurs lèvres s'autorisèrent un baiser furtif. Et lorsque Severus sentit les mains d'Aliorune encercler sa taille, pendant que les siennes découvraient elles plus profondément le corps interdit de la jeune fille, il l'embrassa plus longuement, plus passionnément.

Ainsi, Severus ne réfléchit même plus alors qu'il commençait à faire chuter la chemise de nuit de la jeune sorcière, dénudant ses épaules. Il descendit ses lèvres sur la nuque d'Aliorune en même temps que celle-ci rejetait sa tête en arrière lui donnant le désir de continuer.

Il se pencha sur elle, appliquant sa main plus bas sur son bassin, la plaquant d'un mouvement vif contre le sien.

Bientôt le feu de la cheminée s'éteignit, pour plonger les deux amants dans l'obscurité.

Mais Severus s'arrêta un instant, prenant le visage de la jeune fille entre ses mains. Seul son teint de nacre ressortait dans la pénombre, mais Severus vit que dans les yeux d'Aliorune brillait une étincelle d'amour et d'amertume, tout comme son propre regard l'exprimait au même instant. Il l'embrassa tendrement, sentant soudain une larme mourir au contact de leurs deux visages. Puis, ce fut une succession de sanglots qui réapparut sur les joues scintillantes d'Aliorune. Il l'entoura affectueusement de ses bras, la serrant plus fort contre lui.

« Pardonne moi… lui murmura-t-il doucement avant de la hisser dans ses bras, pour la conduire avec précaution jusqu'à son lit. »

Severus sentit les mains d'Aliorune s'agripper à lui avec force au moment où ils ne firent plus qu'un.

Une sorte d'éclair traversa alors leurs deux corps. Severus eut peur de comprendre ce que Voldemort attendait d'elle, ce à quoi il la préparait.

Lorsqu'il se rendit compte avec effroi qu'il venait de voler à son ancien maître le fruit de son attente, une crainte vint l'envahir.

Aliorune était spéciale, il l'avait toujours compris.

Il ouvrit les yeux pour contempler son visage, sa jeune figure pâle brillante des sillons tracés par ses larmes autour de ses yeux fermés. Tous deux se ressemblaient tant.

Il mena ses lèvres jusqu'au siennes, et l'embrassa, faisant disparaître les larmes qu'il n'aurait jamais voulu voir couler par sa faute sur son si beau visage. Il la serra d'autant plus, avec tendresse et passion, comme pour lui faire comprendre que jamais il n'aurait voulu que ce moment s'achève. D'une même pression, elle se blottit encore contre lui, ouvrant les yeux, elle lui sourit, simplement, tendrement. Puis, elle referma les yeux pour amener sa tête au creux de son cou, lui cachant ainsi les pleurs qu'elle ne cesserait plus de verser à présent.

Sa peur disparut la seconde suivante, avec tout le reste du monde en même temps, tandis qu'elle accompagnait ses mouvements. Ainsi, silencieusement, ils se laissèrent emporter par un océan de plaisir, trop longtemps contenu, comme une libération à présent.

Lorsqu'il se réveilla dans la matinée, découvrant le corps de la jeune fille entre ses bras, il fut pris de panique. Elle qui devait s'en aller, et que venait il de faire ?

Il se leva se sentant plus mal que jamais. Elle sommeillait toujours, belle et paisible, son visage clair perdu au milieu du velours de ses cheveux noirs.

Maintenant des milliers de pensées torturaient son esprit … cette si jeune sorcière, qu'il allait devoir chasser. Innocente enfant sacrifiée…

En voulant l'aider, ne venait il pas d'empirer la situation ?

Puis le visage d'Aurore lui revint en mémoire, il l'aimait tellement encore.

Et Aliorune, sa petite Rune… sa petite sœur.

Jamais encore il ne s'était haï plus que ce matin là.

Dumbledore vint à sa rencontre plus tard dans la journée, il voulait s'assurer du départ de la jeune fille. Il promit à Severus de tout faire pour lui trouver une nouvelle famille, loin d'ici. Severus ne souffla le moindre mot de ce qui s'était passé la veille, pas même à la jeune fille. Lorsqu'elle s'éveilla, il n'osa la regarder ni même l'approcher. C'était une terrible séparation à laquelle il devait se préparer.

« Puisque tu souhaites me voir partir, je ferais comme tu veux… déclara Aliorune lorsqu'il lui demanda de rassembler ses affaires.

Tu sais que ce n'est pas ce que je veux, ce n'est pas moi…

Ne te justifie pas, je suis de trop entre vous deux, je le sais.

De qui parle-tu ? S'enquit il.

Tu le sais bien. Ce matin en te réveillant, c'était à elle que tu pensais, à la trahison que tu as commise à cause de moi.

Non ! S'écria-t-il vivement.

Si j'avais tord. Tu ne me laisserais pas partir.

Je ne voulais pas… te perdre.

Il est trop tard. murmura-t-elle sans réussir à le regarder. J'aimerais que tu me laisses, le temps que je me change. »

Il acquiesça d'un signe de tête, sentant son cœur se détruire toujours un peu plus.

Mais avant qu'il ne quitte la pièce, elle le retint encore une minute, et dans un dernier élan elle se jeta à son cou.

« Je te remercie Severus, pour tout. Lui chuchota-t-elle en se serrant contre lui. Ne te torture pas. Je sais qu'à jamais, j'aurais une partie de toi, en moi. Un jour nous nous reverrons, je te le promets… ceci n'est pas notre adieu. »

Son cœur lentement se crevait dans une bien détestable sensation, celle qu'il n'aurait jamais voulu revivre depuis le départ d'Aurore.

Aliorune n'était pas Aurore, il ne pouvait pas remplacer l'une par l'autre. Il devait se rendre et accepter cette évidence, cette jeune sorcière, son reflet presque était tout autre chose qu'une simple compagne, il ne la verrait plus jamais autrement.

« Oui, je te le promets. Petite sœur… »

Puis elle ferma la porte. Severus s'éloigna. La dernière chose qu'il entendit fut cette chanson, et la douce voix de la jeune fille. Car quand il revint avec Dumbledore pour voir si elle était prête, elle avait disparu.

-

Severus ouvrit promptement les yeux, une goutte de sueur s'écoula de ses cheveux plaqués contre son front, et dévala la pente de son visage pour venir mourir au coin de ses lèvres. Ses yeux grand ouverts demeuraient fixes, tandis que la seule vision qui s'offrait à lui, s'atténuant pour disparaître à présent, était celle de cette jeune fille aux cheveux de jais et à la peau de lune, qui s'était évadée de sa vie un beau matin…

Soudain, un mouvement contre son torse le fit revenir à la réalité.

Morgane venait de bouger ses jambes auparavant allongées sur les siennes, et s'était retournée contre sa mère. Aurore dormait paisiblement, tout comme leur fille, qui avait délicatement posé sa tête sur le ventre de sa mère. De l'autre côté du lit, Evan reposait sagement, suçant son pouce, son visage couché sur le sein d'Aurore, un bras encerclant sa taille.

Il lui semblait une éternité maintenant qu'il n'avait vu ses enfants ainsi proches d'eux… Une éternité qu'ils ne s'étaient réellement retrouvés.

Tout avait tant changé depuis que les jumeaux étaient entrés à Poudlard.

En temps normal, il aurait été attendri devant un si doux tableau, mais il réalisa bientôt la gravité de la situation, qui avait entraîné ce soudain rapprochement.

Il se leva précautionneusement, ne souhaitant guère les réveiller, replaçant juste la couverture sur Morgane, avant de passer affectueusement sa main dans ses cheveux, comme il en avait l'habitude.

Ce faisant, il avait posé les yeux sur la jambe de cette derrière, où pointaient fièrement les épines de la redoutable marque. Son cœur se serra, et enfin, les yeux rougis d'Aurore, ainsi que les traces des larmes séchées sur son visage achevèrent de lui rendre la mémoire.

Il plaqua alors vivement ses mains à plusieurs endroits de son torse, comme affolé, et se précipita devant le miroir de la chambre.

L'image que l'objet lui renvoya était fidèle à ce qu'elle avait toujours été, depuis qu'il était adulte du moins !

Aurore avait bien corrigé les effets de la potion, et il réalisa combien il était soulagé d'avoir retrouvé sa taille normale.

Cependant, il ne parvenait pas à se souvenir de tout ce qui s'était passé la veille… si ce n'est que leur Saint Valentin avait tourné au cauchemar, qu'il était tombé nez à nez avec sa fille, traînant dans les bas fonds de l'allées des embrumes…

Mais Evan ? Et Aurore ? Comment les avait il retrouvés ? Où était sa femme, pendant que Morgane et lui parcouraient le labyrinthe pour échapper à l'ogresse ?

Morgane, sa Morgane, sa petite fille… à présent possédée par les mêmes démons que sa mère.

Tout ce qu'ils avaient tant redouté.

Comment expliquer une telle chose à une enfant encore si jeune ?

Severus enfila l'une de ses tuniques, songeur, et sortit de la pièce sans un bruit.

Puis les dernières images de son rêve revinrent à son esprit et cédèrent leur place à de douloureux souvenirs, profondément enfouis dans sa mémoire, pourtant bien cachés pour que jamais il n'ait à les revivre. Or voilà… aujourd'hui tout refaisait surface, tout.

Cette jeune fille, sa protégée, sa petite sœur qu'il avait tant aimé, qu'il avait laissé s'enfuir, tout comme Aurore, et qui réapparaissait sans explication.

Tant de choses étranges étaient survenues, depuis le retour d'Aliorune dans sa vie… tout comme avec Aurore.

Automatiquement alors, un autre souvenir vint perturber ses pensées, déjà suffisamment troublées. Cette photo, ce portrait que sa nièce Calypso avait trouvé dans son bureau, le portrait que renfermait le médaillon d'Aliorune. Cet enfant décédé, qu'elle portait constamment contre son cœur.

De ce qu'il avait vu la ressemblance entre ce portrait et lui-même était plus que frappante. Ce petit garçon ne pouvait être que le sien…

Lors de cette fameuse nuit, il y avait maintenant vingt-cinq ans de cela, Severus avait craint une telle chose, sachant pertinemment ce que Lord Voldemort attendait d'elle, mais la disparition de la jeune fille avait totalement effacé ses peurs. Au fil du temps, il avait fini par oublier…

Severus laissa tomber son visage au creux de ses paumes, totalement anéanti par tous ces songes.

Il aurait donc eu un fils ? Mort aujourd'hui… une désagréable boule se forma au milieu de sa gorge.

Où s'était-elle enfuie ! Qu'était-il arrivé à ce petit garçon ? Comment s'appelait-il ? Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Pourquoi être partie sans jamais l'avertir de sa naissance ?

Sans doute avait-elle craint sa réaction…

Il fallait qu'il ait les réponses à toutes ces questions, au plus vite car ces non dits lui pesaient bien trop.

« Severus ? »

Le sorcier se retourna pour découvrir Aurore, qui s'était réfugiée dans ses bras.

« Oh Severus ! souffla-t-elle en déposant d'un mouvement las sa tête sur son épaule. »

Severus enlaça sa sorcière, et se rendit compte que celle-ci tremblait comme une feuille. Il la serra aussi fort qu'il le pouvait entre ses bras, et déposa un baiser sur ses cheveux dorés, ressentant sa détresse comme un coup de poignard. Fallait-il que la situation soit si grave, pour que la Voleuse de Sorts accourt ainsi apeurée dans ses bras.

« Calme toi. Lui murmura-t-il.

Severus…. Cette journée fut si effroyable ! En me couchant j'ai tant souhaité que tout cela ne soit qu'un cauchemar ! Mais Morgane, tu l'as vue toi aussi ? Sa jambe, cette marque ! Je n'en avais encore jamais vue de pareille ! Ma petite fille… qu'est-ce que j'ai fait ?

Aurore, s'il te plait ! La rappela Severus en secouant légèrement les épaules. Il ne faut pas que tu cèdes à la panique, pas maintenant !

Je le sais bien ! Répliqua celle-ci, ne sachant réellement quoi dire. Je n'avais vraiment, vraiment pas prévu que cela dégénère de la sorte !

Je ne te parle pas de notre rendez vous, mais de ce qui se passe autour de nous ! Est-ce vraiment ça ! Elle est « l'âme » que nous redoutions !

Je crois bien que… oui. avoua Aurore en baissant les yeux au sol.

Dans ce cas, il nous faut nous préparer, avant que Morgane ne se réveille, à tout lui dire. Il faut lui expliquer ce qui lui arrive, ce qu'elle risque !

Jamais ! s'emporta soudainement la sorcière. »

Severus la dévisagea longuement en écarquillant les yeux.

Je ne peux pas… ma Morgane, elle est si petite !

Notre fille a une gigantesque marque qui entoure son corps de part et d'autres, apparue sans explication. Reprit il toujours plus abasourdi par l'entêtement de sa femme. Tu ne crois pas qu'elle est suffisamment troublée comme cela ? Il faut tout lui dire ! Morgane a onze ans déjà et elle n'est pas stupide ! Nous devons trouver une solution, avec elle !

Je… je dois d'abord vérifier des choses !

Non Aurore tu ne te défileras pas !

Me défiler ? répéta-t-elle indignée. Severus ! Tu ne sais pas ce qui se passe ! Pourquoi crois-tu que je ne me suis pas aperçue ce qui arrivait à Morgane ! Parce ce qui se passe n'est pas normal ! Il faut que j'aille enquêter plus précisément ! Au temple je-

Tu préfères aller avertir ta bande de sorcières hystériques et dépravées, plutôt que de me parler à moi ! explosa-t-il.

Hystériques ? Dépravées ! s'exclama Aurore d'une voix indignée. Severus !

Oh ça va ! Ne joue pas les susceptibles, ce n'est pas le moment ! »

Aurore le regarda, restant silencieuse un instant.

« Je vais aller au temple, puis je reviendrais, et je te dirais ce qu'il en est ! déclara-t-elle d'un ton grave. »

Severus sembla emporté par une colère noire.

« Quoi ! S'exclama-t-il. Aurore, es-tu au courant que Morgane est aussi MA fille ! »

Evidemment, mais cette affaire là te dépasse !

Tu veux bien répéter ce que tu viens dire ! articula-t-il de plus en plus offensé. Tu vas trop loin ! Cette affaire là comme tu dis, ça fait plus de 12 ans que je nage en plein dedans !

Certes mais là c'est grave !

Aurore, qui était là pour te relever chaque fois que tu allais trop loin avec ton cercle de folles ! Qui t'a repêché quand tu sombrais ! Qui est allé te tirer des griffes des démons dont tu as abusé ? Hein ! Et ces enfants tu ne les as pas fait toute seule ! J'ai parfaitement le droit et le devoir de me soucier de tout ce qui leur arrive ! Est-ce que tu vas finir par le comprendre ! »

La sorcière plongea son visage dans les paumes de ses mains en soupirant.

« Severus, je sais tout ce que tu as fait. Mais là, nous perdons du temps. Je te jure que lorsque je reviendrais, tu sauras tout, en attendant, veille sur les jumeaux ! S'il te plait, ne me complique pas la tache.»

Le visage totalement scandalisé, il fit un pas en arrière, la considérant puis lui dit à voix basse, le ton presque dégoûté :

« Aurore si tu pars seule, maintenant, sans rien me dire, tu ne me verras pas à ton retour ! Je te préviens !

Qu… quoi ! articula-t-elle lentement.

Tu m'as très bien compris !

Aurore l'observa d'un air horrifié, il avait jeté sur elle un regard si sombre. Elle crut bien que jamais encore elle ne l'avait vu dans un tel état.

Le cri d'une voix d'enfant fit subitement cesser leur dispute.

Aurore était plus pâle qu'un linge, tandis qu'elle se précipita vers la chambre, tout en murmurant :

« Non… non pas déjà, par pitié… »

Severus la suivit presque aussitôt, passa à sa suite la porte de sa chambre pour se retrouver au milieu d'un véritable champ de bataille.

Les draps du lit semblaient avoir été éventrés, les plumes des oreillers volaient par millier dans la pièce. Mais loin du tableau de jeu que cela pouvait évoquer, il y avait Morgane, à terre, sur le dos, levant sa main au dessus de son visage, le bras bleu de coups. Et Evan, près à lui sauter dessus, à l'instant retenu par sa mère.

Severus n'eut besoin de plus d'explications et se précipita vers sa fille.

Elle se jeta dans ses bras, tremblant de terreur, sanglotant bruyamment. Severus eut à peine le temps de l'entourer lorsqu'il entendit Evan hurler.

Le jeune garçon se débattait comme un forcené entre les bras d'Aurore.

« Elle est à moi ! Cria-t-il en dirigeant un regard haineux vers son père. Elle a osé s'enfuir ! MAIS ELLE EST A MOI ! Rend la moi sale traître ! »

Evan paraissait complètement ignorer Aurore, il hurlait, tirait sur ses bras pour essayer de se dépêtrer.

Mais celle-ci se chargea de lui rappeler sa présence. Severus n'avait encore jamais vu Aurore regarder Evan de cette façon. Il en fut presque choqué, oubliant l'injure que son fils venait de lui vociférer et sursautant au moment où elle l'agrippa fortement pour le tourner face à elle.

« Evan ! Reprend toi ! lui ordonna-t-elle d'une voix forte. Si tu ne le fais pas de toi-même, j'emploierai la force.

Aurore ! l'appela alors Severus. Qu'est-ce qui se passe, bon sang !

Il se passe que notre fils est possédé ! répliqua-t-elle de son ton déchaîné et dangereux, sans quitter Evan des yeux.

Qu… QUOI !

Aurore ne répondit pas.

Evan regardait sa mère, une hasardeuse pointe rouge teintant le fond de son regard noir.

Severus était complètement dérouté, or Aurore ne perdait pas son sang froid pour autant.

Un instant, un duel indéfinissable sembla s'instaurer entre elle et son fils. Un jeu de domination, presque animal, Evan faisait un pas vers elle, puis reculait, ne baissant à aucun moment son regard, tandis qu'elle le toisait, se faisant aussi imposante et intimidante qu'elle savait l'être.

« Evan. Continua-t-elle encore. Je suis tout à fait en mesure de mettre fin à ce petit jeu, mais ce ne sera pas sans mal, ne me force pas… je t'en prie. »

A quoi faisait elle allusion !

Severus aurait voulu bondir, s'insurger ! Pourquoi ne lui disait-elle rien ? Pourquoi devait-il demeurer impuissant ? A regarder son fils ainsi possédé, sans pouvoir agir ?

« Ecoute moi. ordonna encore Aurore à Evan d'un air imposant.

Mais elle est à moi. Grinça-t-il tout en gardant ce contact visuel avec le regard de sa mère, la lueur rouge ne s'atténuant pas, mais rageant bien plus encore dans le puit sans fond de ses yeux.

Tu veux lui faire du mal ? Tu veux la détruire ? Est-ce ainsi que tu comptes protéger ton pouvoir ? Ainsi que tu veux gagner sa confiance !

Je me fiche de sa confiance ! Hurla-t-il encore. Elle est à MOI ! Elle n'a pas le choix ! »

La main d'Aurore se resserra autour du bras de son fils tandis qu'une triste colère se lisait dans son regard, une pointe luisante naissant au coin de ses yeux.

« Ne me force pas, mon bébé, je t'en supplie… murmura-t-elle. »

Cette fois ci, Aurore semblait faiblir…

Et Severus eut la sensation que son cœur allait bondir de rage et de frustration hors de sa poitrine. Il reposa Morgane après avoir soigné par magie son bras meurtri, dans un fauteuil de la pièce, puis se reporta vers Aurore et Evan.

« Aurore, qu'est ce qui se passe ! Evan ! Tenta-t-il de demander. »

Aurore tremblait à présent de tous ses membres. Evan ne se calmait toujours pas.

Severus la vit alors, enfouir sa main dans sa poche, et murmurer une suite de syllabe qu'elle seule pouvait comprendre sans doute.

Puis, il reconnut au creux de sa main, la poussière argentée dont elle se servait pour contrôler les esprits, lorsqu'elle les sentait égarés.

« Aurore Non ! Pas sur notre fils ! voulut-il l'arrêter. »

Mais elle secoua la tête.

« Je ne veux pas lui faire plus de mal, dit-elle avant de souffler légèrement cette fine poudre argentée qui alla ainsi se répandre sur son fils. »

Il avait tenté de se débattre mais elle avait malgré tout réussi.

Severus put lire sur le visage d'Evan l'expression d'incompréhension et de vide que la poudre avait aussitôt provoqué chez lui.

« Ecoute moi, Evan. Continua Aurore en rapprochant son visage du sien. Il faut protéger ta sœur, il ne faut pas la détruire.

Mais les autres me la prendront, si elle reste ainsi…

Chéri, personne ne te la prendra, mais pour cela, il faudra faire très attention à elle. Nous prendrons soin d'elle ensemble.

Je dois le faire seul, elle est à moi.

Enfin Evan, Morgane n'appartient à personne.

Mais les autres la veulent.

Qui d'autre la veut Chéri ?

Le garçon… l'autre sorcier. Celui avec qui elle est tout le temps. Il veut me l'enlever… Il dit que lui et moi, on est pareil. Maman, c'est celui qui a de longs cheveux noirs ! C'est un ennemi, hein ? Il me la prendra, si je ne fais rien.

Je te promets Evan, que personne jamais ne nous enlèvera ta soeur. Mais il faut que tu te calmes, maintenant ! »

Ces dernières paroles s'étaient faites fermes et fortes, Evan avait juste hoché la tête et s'était tu.

Aurore l'avait alors pris contre elle, caressant ses cheveux, soupirant, faussement soulagée.

Elle l'entraîna avec elle dans l'autre pièce, et le fit simplement s'asseoire sur le fauteuil du bureau.

Lorsqu'elle revint dans la pièce, elle alla directement vers le siège où sa fille était recroquevillée sur elle-même, sanglotant toujours, sa tête posée sur ses genoux ramenés contre son buste.

Elle la prit sans attendre dans ses bras, et la berça tendrement contre elle, lui murmurant à l'oreille des mots rassurants, sûrement agrémentés d'un peu de magie, car Morgane ferma doucement les yeux, cessant ses larmes.

« Vas-tu enfin me dire ce qui se passe ! S'écria soudain Severus hors de lui. »

Il n'en revenait pas. Aurore aurait été seule dans cette pièce avec leurs deux enfants, sans que cela n'ait rien changé à la scène, comme si du début jusqu'à la fin il avait été transparent.

« Ne crie pas. Lui répliqua-t-elle à voix basse. Il ne faut pas encore la réveiller.

Tu ne crois pas que j'ai droit à une explication ! Ajouta-t-il sans changer de ton. »

Aurore se releva aussitôt, déposant Morgane avec délicatesse sur le fauteuil. Puis elle passa devant Severus l'incitant à la suivre jusque dans son cabinet de potion, juxtaposé à sa chambre.

Elle se planta devant lui, gênée, fatiguée, le visage toujours aussi blême.

« Nous allons devoir changer notre plan. commença-t-elle.

C'est à dire ! Explique toi bon sang ! souffla-t-il à bout de nerf.

Il va falloir que j'agisse vite, Evan doit me suivre.

Tu dépasses les bornes ! Lui hurla-t-il. Il est hors que question qu'Evan te suive je ne sais où sans que j'ai mon mot à dire sur la situation que tu as intérêt à m'expliquer !

Je suis désolée, mais cela me prendrait trop de temps, il faut faire vite. Evan doit venir au temple, avec moi. Et tu dois garder Morgane, personne d'extérieur à cette école ne doit s'approcher d'elle ! Personne ! Et encore moins Evan.

Mais qu'est ce qui se passe enfin ! Et cet homme dont Evan parle ? Qui est ce ? Qui veut prendre Morgane ! Pourquoi tu ne me dis rien !

Ah celui là ! J'aurais effectivement bien aimé te parler de lui, Severus Rogue, ou plutôt j'aurais aimé que tu m'en parles toi même. Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment. Le sortilège dont je me suis servie sur Evan ne va pas durer éternellement. Si je ne trouve pas une solution très vite, il recommencera. Plus ça ira et moins je serais en mesure de le calmer.

Recommencer quoi ! Mais vas-tu parler !

Je n'ai plus le temps, excuse moi, Severus. Je dois reprendre les choses en main, chaque seconde que nous perdons à nous disputer se retourne contre nous ! Je ne demande qu'à t'expliquer ! Mais je ne peux pas !

Alors je viens avec toi !

Non, tu dois rester auprès de notre fille !

Alors emmenons la !

Hors de question qu'elle vienne au temple ! Hors de question que sa vraie nature ne ressorte plus que ce qui est déjà fait ! Et certainement pas avec Evan à côté, je viens de te dire qu'il fallait les séparer, dès maintenant ! Est-ce la mort de ta fille que tu veux !

Mais qu'est ce que tu racontes ! Ce ne sont que des enfants, bon sang, c'est sa sœur, ce que tu dis est absurde !

Non. Répliqua-t-elle d'un ton grave. Evan ne considère plus Morgane comme sa sœur. Désormais pour lui, elle n'est plus qu'un pouvoir, un trésor, très précieux, la force dont il est le maître. Et il n'hésitera pas à détruire son trésor, pour que jamais il ne lui échappe.

C'est ridicule ! Son maître !

Non, mais c'est pourquoi tu ne peux pas venir avec moi ! Reste avec Morgane, ne la quitte pas, Evan n'est pas la seule personne que Morgane ait à redouter à présent. Et si tu veux plus de précisions là-dessus, je te conseille d'aller demander à ton… amie d'enfance ! »

« Professeur Rogue ! »

Aurore et lui se retournèrent, la voix venait de l'extérieur de la pièce. Severus s'y dirigea, non sans ruminer sa fureur. Aurore le suivit mais demeura dans l'embrassure de la porte de la chambre.

« Granger ? S'étonna Severus en découvrant la sorcière sur le pas de la porte de ses appartements.

Je suis confuse, de vous déranger, mais Minerva m'envoie vous chercher. Elle dit que c'est très urgent.

Dites lui que je suis dans l'impossibilité de venir !

Elle a vraiment dit… que c'était urgent.

Vas y Severus, Hermione veillera sur Morgane en t'attendant. Je reviendrais dès que je peux. Et nous pourrons tout éclaircir. »

Il était coincé, il le savait, encore, toujours ! Sa rage et son indignation ne faisaient que grandir mais il dut bien se résigner…

« Souviens toi seulement de mon avertissement. » Rappela-t-il à Aurore d'une voix menaçante avant de s'engouffrer dans le couloir, ses pas résonnant brutalement le long des parois glaciales.

-

Assise devant la coiffeuse de sa chambre, dans une haute tour recluse du château de poudlard, Aleda Phoenix demeurait songeuse…

Elle n'avait pas pu trouver le sommeil cette nuit là, les évènements de la veille tournaient et retournaient dans sa tête, sans le moindre sens.

Les paroles de ce jeune gryffondor lorsqu'on lui avait parlé de sa mère… cette allusion à la légendaire Voleuse de Sorts.

Pour Aleda, jamais telle sorcière n'avait pu exister, la grande Rose Noire n'était qu'un mythe. Pourquoi à présent, des doutes venaient brouiller son esprit ?

Mais comment un enfant de onze ans aurait pu entendre parler de cela ? Pourtant, ces paroles avaient été claires, elles résonnaient encore en elle, toujours plus énigmatiques.

« A votre place, je ne parlerais pas ainsi de la Voleuse de Sorts »

Ce gamin avait tout pour lui ! Jeune sorcier brillant, aimé de tous, magnifique petit garçon au visage d'ange. Malgré cela, il était étrange… bien trop parfait. Entré au Ragnaröck, ce repaire à vermines, comme une fleur, ou seuls les sorciers sombres les plus chevronnés pouvaient pénétrer.

Aleda se tourna vers la grande horloge de la pièce. Il était bientôt l'heure pour elle et Sirius de se retrouver pour une nouvelle journée d'investigation.

Aleda essaya alors de chasser ses soupçons infondés et insensés, puis attrapa sa brosse pour coiffer ses cheveux roux.

Elle ferma un instant les yeux, sous les lents mouvements relaxants de la brosse sur sa chevelure.

Elle soupira doucement, savourant l'instant de calme qu'elle s'offrait avant de retourner au milieu de la folie de leur enquête.

Elle laissa ainsi défiler les secondes, les minutes, ne bougeant pratiquement plus, les paupières toujours clauses.

Parvenue à retrouver un peu de sérénité, Aleda se sentait bien, étrangement bien, à tel point que son esprit divagua alors vers tout autre chose, survenu également le jour précédent.

Sirius…

Il avait risqué gros pour les protéger tous les trois, dans l'antre du Ragnaröck, elle, Evan et lui. Il avait tout endossé sans se poser de question. Il lui avait sauvé la vie…

Elle réalisa enfin combien elle avait eu peur, devant sa silhouette allongée parmi les gravas de la caverne, inconsciente.

Aurait-elle eu peur de le… perdre ?

Aleda se surprit à sourire, en repensant comme elle et lui s'étaient chamaillés toute la journée juste avant que ne survienne leur mésaventure au Ragnaröck. Depuis le début de leur collaboration, il n'avait fait que se chamailler, et malgré cela…

« Sirius… » murmura-t-elle d'une voix lointaine.

« Sirius ? »

Une étrange sensation venait de la tirer de sa rêverie… C'est alors qu'un vent glacé se leva dans la pièce, venu de nulle part, faisant frémir sa peau nue sous sa chemise de nuit.

Elle leva les yeux, grands ouverts, vers son reflet dans le miroir. La température de la pièce revint aussitôt à la normale.

Aleda essaya rapidement de se concentrer, rassemblant son énergie pour sonder ce qui se tramait dans la pièce. Mais un second frisson fit trembler son corps de toutes parts, et annihila sa concentration, son énergie même. Aleda ressentit rapidement un immense vide l'envahir, malgré tout sa main chercha automatiquement à se refermer sur sa baguette, posée sur le bois de la coiffeuse.

Or, à peine ses doigts eurent frôlé l'objet magique, que celui-ci roula à terre sans raison.

Aleda se retourna lentement, très lentement. Rien… pas le moindre bruit, pas le plus infime mouvement ou signe autour d'elle, mais un froid toujours plus paralysant.

Elle revint alors à sa position initiale et sursauta à l'instant où son regard accrocha celui du miroir…

A la place de son propre reflet, deux yeux blancs. De fines perles nacrés, étirées telles deux amandes, magnifiques… semblant la fixer, coulant en elle, lui causant d'interminables frissons. Elle gelait littéralement… impuissante. Elle aurait voulut crier, ramasser sa baguette, mais son regard comme pris au piège ne pouvait se détacher du regard profond, pure mais terriblement effrayant apparu dans la glace du miroir.

Puis les globes sans fond grossirent, s'étendirent, si bien qu'Aleda se retrouva totalement immobile dans une toile immaculée. Subitement, la jeune sorcière perdit connaissance.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, son regard ne put analyser l'endroit où elle se trouvait. Elle était plongée dans le noir. Elle avait beau essayer de scruter l'obscurité, d'utiliser ses pouvoirs, mais rien n'y faisait. La noirceur la plus complète la retenait prisonnière, sans qu'aucun mouvement ne soit possible.

Puis d'étranges bruits parvinrent à ses oreilles.

Elle ne s'en rendit pas réellement compte au début, mais bien vite en se calmant tant bien que mal, elle identifia comme une respiration…

Non, pas un mais deux souffles, tantôt longs et lents, ensuite saccadés, intenses.

Loin de l'air glacé dans lequel elle se trouvait précédemment, dans ce lieu régnait une chaleur grimpante. Elle sentait l'odeur de la sueur, de l'humidité…

Et ces respirations toujours plus rapides et bruyantes.

Mais bientôt, elles cessèrent…

Aleda eut l'impression de ne plus entendre que son propre cœur battre sans même sentir quoique ce soit en elle… comme si le temps était suspendu, dans un suspense interminable.

Soudain un cri bestial déchira la noirceur.

Aleda ferma les yeux, puis les rouvrit, attirés par la vague lueur d'une chandelle.

Une chandelle… diable non, pas une chandelle.

Ce qu'elle aperçut alors, sous les lumières d'une étrange sphère blanchâtre lui glaça le sang.

Une sorcière était assise au dessus d'un corps allongé, une chose sans forme identifiable, ni humaine, ni animale, mais recouverte d'une pluie de sang, parcourue de spasmes, retentissant de râles rageurs.

A peine habillée d'un fin drapé noir transparent, la jeune femme s'écarta de sa monture. Ses mouvements avaient une grâce et une sensualité féline.

Le tissu de son vêtement glissa du haut de sa cuisse, découvrant aussitôt une imposante marque noire.

Plissant les yeux pour plus de précisions, Aleda décela les formes d'une fleur… oui, une rose, d'un noir éclatant, luisant sous des coulées rougeâtres d'un sang encore frais.

Et ce qui rajouta à son choc, fut le visage de cette femme… cette voluptueuse sorcière blonde. Une jeune femme d'une effroyable beauté, aux yeux aussi écarlates que le sang qui colorait la scène. Cette femme, elle l'avait déjà vue. Ça oui, elle en était sûre.

La sorcière regardait sa victime d'un air fier et satisfait. Et tandis qu'elle coulait ce regard triomphant sur le monstre immobile, elle se pencha, et déposa un baiser sur ce qui restait du visage de la créature, et sa main d'un geste lent, dans une dernière caresse laissa apparaître une magnifique rose noire, à la longue tige incrustée de dangereuses épines.

« Merci, pour ce merveilleux, merveilleux pouvoir ! » Murmura-t-elle, sournoise, se délectant de voir sa victime rendre son dernier souffle.

Elle se releva, la lumière blanche se trouvait à présent dans ses mains, et elle la contemplait avidement.

« Aleda… »

Son nom… mais aucun des acteurs de la scène ne semblaient l'avoir appelée. Aleda fut envahie d'une peur panique.

A cet instant elle sentit à nouveau son corps, violemment secoué.

« Aledaaa ! »

Les secousses s'accentuèrent, la chaleur augmenta d'autant plus. Son cœur fut soudainement oppressé. Elle ferma les yeux, priant pour que cela cesse. Tout a coup, le halo blanc provenant de la créature s'intensifia, encore et encore jusqu'à exploser dans une lumière aveuglante.

« Bon sang, PHOENIX ! Réveillez vous ! »

La sorcière se redressa d'un coup brusque. Elle demeura immobile quelques secondes, tentant de reprendre son souffle. Son corps tremblait exagérément. Des pas derrière elle ! Lorsqu'elle se retourna elle sentit le poids d'une couverture venir entourer ses épaules. Elle leva la tête.

« Sirius ! Oh, Sirius ! »

Elle bondit de sa chaise et sauta au cou du sorcier.

Le contact fut rapide. Bien vite elle reprit ses esprits, et libéra aussitôt les épaules du sorcier du cercle de ses bras.

« Oh… pardon. »

Les joues de la sorcière s'empourprèrent vivement.

« Hum… »

Sirius se racla la gorge, ne voulant pas laisser paraître son étonnement.

« Jeune fille, ça fait deux fois en… deux jours ! Je vais finir par croire que vous faites exprès d'avoir l'air en détresse, pour avoir le plaisir de vous jeter à mon cou ! »

Aleda s'était détachée du sorcier mais visiblement, il ne le remarquait pas, bien que ces yeux continuaient de loucher sur sa silhouette à demie révélée sous sa chemise de nuit claire.

« Sirius ! C'est si embarrassant ! »

« Ça me rassure de savoir que je n'ai pas perdu la main ! Continua-t-il d'un ton prétentieux. Ah… quel tombeur je fais !

BLACK ! S'exclama-t-elle de son ton à la fois indigné et sévère.

Roh quoi ! C'est moi qui devrais râler ! Et puis d'abord que faisiez vous endormie là ? Vous êtes en retard ! Qu'est ce qui c'est passé ici ? Il fait un froid pas possible !

Aurore Du Lac ! »

Le visage de Sirius se durcit.

« Vous voulez dire, Madame Aurore Rogue, la reprit il d'un ton moqueur et méprisant. Quel est le rapport avec cette folle ?

Avez-vous entendu ce que son fils a dit sur elle hier !

Pitié, vous n'allez pas encore prêter attention aux paroles de ce sale petit démon ! »

Mais Aleda n'avait jamais eu l'air aussi grave et anxieux.

« La Voleuse de Sorts, ça vous dit quelque chose ! »

-

Plus tard dans la journée, Daren transplanait là où la mission devait être poursuivie et menée à bien, sans que rien n'y soit changé.

Ainsi la forêt interdite, près du château de Poudlard, accueillit le sorcier sur son lit de sombres branchages.

Sa mère s'était évanouie au cœur de la nuit, mais la tranquillité que cela lui avait permis de savourer l'espace d'une nuit disparut tandis qu'une ombre se glissait non loin de lui dans le silence angoissant de la forêt.

Camouflée sous une cape noire, celle-ci comme un souffle de vent s'engouffrait derrière de sinistres troncs d'arbres.

L'instinct de Daren tiqua. L'expression de son visage se durcit, laissant apparaître son inquiétude.

Sans perdre de temps son corps tout entier prit une teinte sombre, et à la manière de l'ombre qu'il avait découvert, il se faufila à sa poursuite.

Bien plus rapide qu'elle et parfaitement indécelable, Daren se retrouva à sa hauteur.

Il s'arrêta, son corps se rematérialisa, et contenant son impatience, il observa la silhouette encapuchonnée arrêter sa course, scruter les alentours, flairer sa présence et enfin, lentement, se retourner.

« Qu'est ce que tu fais là ? L'interrogea-t-il, une pointe d'appréhension et de colère mêlées au ton de sa voix. »

Mais ayant juste croisé son regard bleu sombre, l'ombre ne répondit pas et se prépara aussitôt à détaler à nouveau.

« Répond ! la somma-t-il encore. »

Elle préféra de loin partir, sans prendre la peine de répondre.

Emporté par son irritation, Daren tendit la main vers elle, écartant et resserrant les doigts brusquement.

Un pas encore et au même moment l'ombre fut stoppée net. Dans un mouvement brutal, sa capuche retomba le long de son dos, révélant la cascade de vaguelettes de ses cheveux couleur de paille.

Elle leva la tête au ciel, attrapant d'un mouvement paniqué la base de son cou, visiblement oppressée.

Le visage de Daren se déformait sous la colère alors qu'il refermait davantage son poing.

« Da-… pitié. » Parvint-elle à articuler en perdant de plus en plus son souffle.

Daren tremblait sous les coups de son énervement, il prit quelque seconde à se raisonner.

Alors, brutalement il écarta les doigts de sa main, et envoya d'un même mouvement la sorcière à terre.

Elle reprit bruyamment son souffle, agenouillée et les paumes contre le sol.

Sa colère se relâchant, une seconde lui fit réaliser la portée de son acte. Il se précipita aussitôt vers elle.

« Skuld ! » prononça-t-il en un souffle en attrapant la frêle sorcière dans ses bras.

La sorcière attrapa d'un mouvement vif, la main qu'il attardait dans ses cheveux clairs. Elle fit descendre la paume du jeune homme sur son visage, et en inspira profondément l'odeur familière et apaisante qui s'en dégageait.

Elle leva ses yeux blancs vers son visage, et lui sourit faiblement.

« Daren… »

L'interpellé enfouit son visage dans le cou de la sorcière, se cachant dans la douceur des cheveux caressant ses joues, respirant à son tour le parfum délicat et réconfortant qu'il avait toujours connu.

« Oh Skuld, je suis désolé.

Ce n'est rien Maître. souffla-t-elle à son oreille.

Ne m'appelle pas comme ça, pas toi. S'il te plait… lui chuchota-t-il. Pardon Skuld. »

Elle entrelaça affectueusement ses doigts dans les mèches de cheveux sombres du sorcier, et d'un baiser le long de son cou, l'incita à relever la tête.

Osant finalement, il amena son regard vers les iris nacrés de la jeune sorcière, se maudissant plus fortement de l'avoir malmené, elle, sa si fragile poupée de porcelaine.

Puis d'un élan plus tendre encore, Skuld effleura de ses lèvres rosées la bouche entrouverte du sorcier, et hasarda un nouveau baiser sur sa joue.

L'entourant le plus délicatement possible, passant et repassant sa main le long des cheveux de la jeune Rose Noire, il s'enquit d'un ton maladroitement assuré.

« Skuld, pourquoi ne me dis-tu rien… Que faisais-tu là ? »

Mais elle ne pouvait parler, pas même à son Maître, son frère de Clan, le sorcier qu'elle appelait sa moitié retrouvée. Non, on le lui avait interdit…

« Je me suis tellement inquiétée pour toi ! lâcha-t-elle alors sans réfléchir. »

Egarant ainsi ses yeux de nacre en amande dans le vague, la sorcière avait agrippé avec force le col du sorcier, comme prise de panique.

Il savait bien qu'elle mentait, mais il ne pipa mot.

« L'état dans lequel Aliorune est partie hier soir… reprit elle. Lorsqu'elle a appris ce qui s'était passé dans la cage au monstre, avec le fils de notre ennemi. J'ai eu si peur ! Si peur qu'elle ne te-

Tout va bien. La rassura-t-il aussitôt en embrassant à son tour sa joue de porcelaine. Allons, tu vois bien que je suis toujours là. N'ai-je pas l'air en pleine forme ?

Je ne l'avais jamais vu avoir une telle haine contre toi. Cela a dû être si dur… »

La contemplant avec tristesse et gratitude, il la serra d'autant plus contre lui.

« Puisque je te dis que ce n'est rien.

Je sens la colère qu'elle a déversé sur ton corps, je vois, les coups que tu as reçu, tu ne peux me cacher cela.

Je ne l'ai jamais pu… Acheva-t-il en se relevant, entraînant la sorcière avec lui. »

Il la garda près de lui, tandis qu'elle reposait son corps si vulnérable contre le sien.

Il existait au monde peu de chose de plus savoureuse et rassurante pour Daren, que le corps de Skuld lové contre le sien. Sa sorcière, abandonnée au plus près de lui, que lui seule était capable de protéger. Tout comme lui l'avait été des années auparavant, à son tour dans les bras de Skuld. Une sensation qu'il avait seulement retrouvée auprès de Morgane…

« Je serais toujours derrière toi, et derrière Aliorune ! Reprit Skuld après une seconde de silence.

Tu sais bien que Mère n'approuve pas que l'on se voie ainsi.

Mais ça ne fait rien, n'est ce pas ?

Bien sûr que non, ma toute belle Rose Noire. Je te dois tant… »

Ils se sourirent d'un air sincère mutuellement et s'étreignirent encore brièvement avant de se détacher doucement l'un de l'autre.

« Skuld ! reprit il d'un air plus grave. Dis moi réellement, ce que tu es venue faire ici… »

Elle hésita.

« Il le faut, ma Rose, dis moi.

Daren, mes lèvres doivent rester scellées. Mais, tu le sauras sous peu, dit elle d'un ton énigmatique.

Toi que je considère comme ma sœur, Skuld, nous n'avons jamais eu de secrets ! S'exclama-t-il indigné.

Mais Aliorune me… »

De son index sur ses lèvres, Daren la fit stopper sa phrase.

« Mère ne te fera aucun mal, tu sais que je l'en ai toujours empêché.

Je refuse que ses folies te coûtent encore, à cause de moi. Tu as déjà assez souffert !

Parle moi sans crainte, Skuld, s'il te plait. »

Devant l'insistance de Daren, qui était tout de même un maître auquel il était dur, voire fou de résister, Skuld baissa la tête en soupirant.

« J'ai reçu l'ordre d'éloigner la Voleuse de sorts. Je ne peux t'en dire plus…

L'éloigner ?

Tu pourras bientôt finir ce que tu as commencé. Et nous pourrons rentrer chez nous, enfin. »

-

Le regard de la sorcière se porta vers l'unique fenêtre de la minuscule pièce.

La luminosité s'atténuait, lentement.

Son regard toujours fixe observait le lent déclin du soleil, et successivement, l'éveil de la nuit, la révélation de la lune, ne laissant guère plus qu'un halo de lumière laiteuse emplir la pièce.

Les larmes d'Aurore ne coulaient plus, de son regard asséché par la contemplation de la lumière au travers de la fenêtre, si lasse qu'elle était… anéantie par les cris et les pleurs de rage de sa fille, l'abandon de son fils et Severus enchaîné tel un fou pour l'empêcher de bouger, d'aller jusqu'à elle, pour la laisser s'en aller, pieds et poings liés, comme une vulgaire criminelle. Et le regard à la fois haineux et apeuré d'Aleda, l'incompréhension blanchissant la figure de Sirius, immobile, alors que les gardes du Ministère l'avaient emmenée, emprisonnée. Elle, la Voleuse de Sorts.

Il lui aurait été si simple de les flouer, de s'évader.

Maintenant, les barreaux de sa cellule semblaient se resserrer toujours plus autour d'elle. La faisant presque étouffer. Et elle n'y pouvait rien, rien. Qu'en bien même elle aurait voulu utiliser ses pouvoirs pour se sortir de cette prison, elle s'en sentait totalement incapable.

Et sur sa cuisse, sa marque était ressortie, sans qu'elle ne parvienne plus à la camoufler.

Elle l'avait réalisé quelques instants plus tôt ; sa force ne lui permettait plus de prendre le dessus sur sa rose noire.

Sa rose, voilà qui était le plus inquiétant. Ses pétales n'étaient plus aussi noires, à peine pouvait-on voir les épines de la tige… Aurore la sentait fondre, disparaître progressivement.

Ses mains, allant jusqu'à son ventre, elle se mit à repenser, impuissante, à ce qui l'avait conduite jusqu'ici, dans un cachot puant d'Azkaban.

Ce matin là, après leur si dure dispute, Severus était parti depuis plus d'une demi-heure.

Si seulement elle en avait fait de même plus tôt.

Mais elle s'était vue contrainte de donner des explications à Hermione, de rassurer Morgane, et de préparer Evan, pour qu'il ne se réveille pas avant que tous deux ne soient arrivés au Temple des Roses Noires.

Sa nuit lui avait paru si paisible… plongée qu'elle était dans la chaleur et la rassurante présence de ses deux enfants silencieusement lovés contre elle, enveloppés d'un sommeil tranquille, et son Severus, également endormi près d'eux, là, toujours là. Que n'aurait-elle fait ? S'il n'avait pas été là ?

La demi-heure qui les avait séparés lui avait paru si longue, tandis qu'elle agissait dans la hantise que jamais il ne revienne.

Severus… reviens… s'entendait-t-elle à nouveau murmurer, comme une prière.

Elle n'aurait jamais cru prier si fort.

Et Severus était bien revenu ce matin là, quand elle l'en conjurait si fortement.

Hermione venait à peine de passer la porte pour emmener Morgane à l'abri.

Puis, tout était allé si vite.

Ses yeux s'écarquillaient encore, en se représentant Severus apparu dans l'embrasure de la porte, essoufflé comme jamais.

« Fuis ! Lui avait il crié. Aurore, FUIS ! »

Stupéfiée, immobilisée par l'ignorance, elle n'en n'eut pas le temps… trois hommes bousculèrent son mari, et deux autres furent à peine suffisants pour le retenir lui. Les trois premiers fondirent sur elle, l'immobilisèrent.

Terrifiée d'étonnement, elle distingua tout juste la jeune collègue de Sirius, Aleda, qui tremblante vint de poser devant elle.

« Aurore du Lac, Rogue. Avait-elle énoncé d'une voix peu sûre. Vous êtes accusée d'appartenir au Cercle très dangereux des Roses Noires, pour ce motif nous vous emmenons sur le champ à Azkaban, en attendant votre procès. »

Aurore se revoyait, rester muette quand Aleda prononçait ces mots, incapable alors de figurer en son esprit une seule pensée, et encore moins d'articuler le moindre son.

La seule chose qu'elle comprit, avant de commettre l'irréparable et d'envoyer valser les trois gardes qui s'imaginaient encore la stopper, fut de ne rien tenter, rien, se laisser mener, malgré la honte et les cris de protestation de son mari.

Elle était encore loin d'imaginer que de toute façon, elle aurait été incapable de se libérer, vidée qu'elle était de ses pouvoirs les plus puissants.

Elle franchit la porte derrière Aleda, entendant encore Sirius, arriver en courant, près de Minerva, interdite.

Et Morgane de se libérer férocement des bras d'Hermione, de se jeter contre un des gardes et de lui crier.

« Lâchez la ! Lâchez la ! Ou prenez moi aussi ! J'en suis une aussi ! » Hurlait-elle, avant que Severus ne réussisse à se dépêtrer des quatre bras des deux autres molosses.

Il alla rapidement vers elle, la saisissant. Tant bien que mal, il la retint contre lui, sans parvenir à l'empêcher d'appeler sans cesse sa mère, qui disparaissait pourtant à l'autre bout du couloir.

Et seul restait figé à l'esprit d'Aurore ce tableau, qu'elle eut en se retournant, Morgane déchirant le couloir de ses pleurs, enfouie dans les bras de Severus, le visage fermé, dépassé de celui-ci, et derrière eux, les yeux teintés d'écarlate, le jeune maître comprenant qu'il était livré seul face à sa force incontrôlable.

De retour dans la noirceur de sa cellule, Aurore caressa son ventre, la courbe de sa grossesse ne se montrait pas encore. Mais la rage vint la reprendre, à repenser à ces derniers évènements, quelle était cette impuissance ? Ses pouvoirs qui lui échappaient ? Comment ! Alors qu'un simple regard aux barreaux de cette fenêtre aurait été suffisant pour tout faire exploser !

Une effroyable douleur lui cingla alors le haut de sa cuisse, et alla foudroyer son ventre.

La même douleur qui l'avait saisie lors du combat contre celui qui n'aurait pas du naître, lorsqu'il lui avait envoyé le sortilège qui, songea-t-elle après coup, aurait du l'anéantir sur le champ.

Elle l'encercla d'autant plus de ses bras et se recroquevilla sur elle-même. Voulant protéger ce qui lui restait, son bébé, là, elle le sentait si présent en elle. Etrangement présent… comme jamais encore elle ne l'avait ressenti.

Elle s'effondra sous la douleur, sur le côté, et reposa immobile en position fœtale.

Elle referma les yeux, mais dans la noirceur qui l'encerclait d'autant plus, elle distingua une étrange lumière, accompagnée d'une étrange mélodie.

Sans chercher à comprendre davantage, elle rouvrit les yeux, guidée par ces notes enfantines qui résonnaient d'un air léger.

Lorsque ses paupières se levèrent, les murs sales et fétides de sa cellule avaient disparu. Elle se trouvait dans un jardin, la lumière claire d'un soleil d'été baignait chaleureusement l'espace.

Au centre de ce apparition, une petite silhouette était assise en tailleur. Elle n'en distinguait que les longs cheveux lisses, qui retombaient sagement sur son dos. Ses cheveux bruns clairsemés de reflets dorés. Des rires emplissaient le lieu, mais tout à coup, ils cessèrent, et alors, la silhouette se retourna. La petite fille se leva, et courut vers Aurore, révélant son petit visage rond, aux traits plissés par un air malicieux, et ses yeux, ses iris sombres dans lesquelles brillaient des cristaux bleutés.

Comme son visage rappelait celui de Morgane ou d'Evan, lui rappelait elle-même, et ses yeux… Severus, mais pas seulement lui, l'autre également, l'autre. Comment osait-il se retrouver au milieu d'eux ? Il n'avait pas sa place !

« Maman ? »

Aurore écarquilla les yeux, tandis que ceux de la fillette, deux joyaux d'azure noyés dans l'ombre, la fixaient avec attention.

« Maman ! Ne sois pas en colère contre lui ! Je l'aime aussi mon grand grand frère ! »

Etait-ce réellement possible ? La folie gagnait donc les prisonniers si vite à Azkaban ?

« Non ! Maman, je suis là ! Tu n'es pas toute seule ! Moi je reste avec toi ! Promis ! Dis, tu viens jouer avec moi ? »

Alors la fillette se retournant, et sautillant joyeusement, repartit à ses jeux, au centre du petit jardin.

Aurore referma les yeux et se laissa pénétrer par la chaleur de ce lieu, fut-il vrai ? Ou simple hallucination ? Peu lui importait désormais…

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Voilà, j'espère que ça vous aura plut !

Je voulais également vous informer, pour ceux qui aime La et Les Roses Noires, l'ouverture d'un pitit forum RPG sur l'univers des Roses Noires (histoire de sorcières, du cercle, d'inquisiteurs etc etc qui se déroule au moyen âge !) que j'ai fait, et où quelques membres et moi formons déjà une joyeuse bande de petits fous ! Et comme plus on est de fous plus on rit, je vous invite cordialement à y faire un tour, si le cœur vous en dit :

Voilà l'adresse :

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remercie boucoup si vous aller le visiter, et qui sait, peut être vous inscrire, lol :-) !

bisous à tout le monde !