Hello tout le monde ! Me revoilà, un peu plus tard que prévu je l'avoue, avec le tome 5 des aventures d'Elisabeth Bishop !

Un petit récap de ses aventures ? Pas besoin, tout est dans le prologue pour vous rafraîchir la mémoire ! Mais... Si vous insistez... Elisa veut changer le monde, a pris Harry sous son aile dès la première année, commence à être repérée par Dumbledore, est devenue Championne du Tournoi des Trois Sorciers à la place de Cédric, s'est fritté avec Voldy et lui a arraché un bras (GG Magister), et maintenant son monologue intérieur se résume à un grand "AAAAAH" épouvanté, parce qu'elle n'avait pas du tout prévu de se retrouvé propulsée dans une guerre.

Pour ceux qui ont encore du mal à se souvenir des détails, je vous conseille de lire le prologue, puis d'aller relire le Bonus Spécial à la fin du tome 4, qui vous remettra en tête les différents plot-twist =)

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Quoi de neuf chez Ywëna ?

Eh bien la vie IRL a pris un tournant inattendu pour moi. Vous vous rappelez, lorsque le publiait la fin du tome 4, je terminait mon stage de fin d'année ? Je comptais alors entrer au CFPN de Poitiers (l'école de mon choix pour une formation en alternance) pour trois ans, afin d'obtenir le diplôme supérieur du notariat. Mon dossier avait été retenu, il ne restait qu'un entretien à passer, je me disais que c'était dans le poche... Eh bien non !

Oh, j'ai mon M2. C'est déjà bien. Je suis Bac +5, yeaaah. Mais le CFPN m'a rejetée après l'entretien, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout. VLAN, comme ça, dans ma tronche. Bref. Du coup, ça fait que je suis passée de la vie étudiante, que je pensais poursuivre durant encore trois ans, au chômage. En une après-midi. Autant dire que ça n'a pas été une super-nouvelle. J'avais le moral dans les chaussettes.

Du coup, bah, j'ai postulé dans l'étude notariale où j'ai bossé cet été, parce que j'ai quand même un bac +5 et que je sais qu'ils manquent de monde. Mais en attendant leur réponse, je glande. Et ma motivation pour écrire a bien baissé. Raaah. C'est frustrant.

Je ne suis toujours pas allée à Pôle Emploi pour leur annoncer mon existence, d'ailleurs. Une part de ça vient du déni (ouais, je suis pas vraiment dans le besoin, blablabla), et une autre vient de ma certitude qu'ils vont m'embaucher avant octobre. La divination me l'a dit. J'ai tiré les pierres runiques à ce sujet et j'ai eu que des bons présages. Mais voilà, j'aime pas l'idée d'être au chômage, parce qu'être rejetée du CFPN... C'est mon premier gros gros échec. Bof. Je vais mieux que quand on me l'a annoncé, ça c'est sûr, mais ça me contrarie toujours de regarder cette réalité en face.

Bref.

Sinon ! J'ai passé mon temps devant l'ordi, comme vous vous en doutez bien quand on déprime x) J'ai regardé la série Dirk Gently, qui est tordante et géniale. Le début est un peu lent, mais au bout de quatre épisodes je ne décrochait plus. C'est hilarant, perpétuellement inattendu, et à la fin tout a du sens ! Bref. Cette série m'a fait repenser au bon vieux temps où Raiu-chan et moi-mêmes mettions nos deux OC dans tous les univers possibles et imaginables et où ça finissait en crack-fic totale. On les avait mis dans Pirate des Caraïbes une fois et elles étaient membres de l'équipage de la Tortue de Mer, le rafiot de contrebandiers qui permettait à Jack de quitter l'île déserte où Barbossa l'avait abandonné après sa première mutinerie. Pour vous donner une idée de ces OCs... C'est Astrid et Alyssa dans ma fic Etrange, Bizarre et Insolite. C'est aussi Kathleen et Cassie de Polydipsie (en moins folles, parce que certains de leurs traits de caractères sont allés à Lucas et Delmar). Yep, elles sont tarées. Ah, c'était le bon temps. Raiu-chan et moi écrivions nos histoires durant les cours à la fac, côte à côte sur notre banc en lisant chacune par-dessus l'épaule de l'autre, et on s'est tapé des fous-rires magistraux...

Enfin bref ! J'ai aussi regardé Dragon Prince, la nouvelle série par les créateurs d'Avatar le Dernier Maître de l'Air. Eh bien, j'ai adoré, j'approuve à 100% et je recommande. Le héros a la voix (et la personnalité !) de Sokka. Le système de magie est très bien fait. Les méchants sont cool. Mon perso préféré ets la jeune mage noire qui a genre deux neurones et qui les partage à mi-temps avec son frère. Bref, c'était un moment de détente bienvenu !

Quoi d'autre... Ah oui. J'ai du le mentionner dans mes racontages de vie déjantés lorsque je postait le tome 4, mais je suis allé eà Kandorya 2018 et j'ai adoré. Du coup j'ai acheté mon billet pour Kandorya 2019 et je suis curieuse de savoir si certains parmi vous sont familiers avec les GN, et avec Kandorya en particulier. Qui sait, on pourra peut-être se croiser ! Il y a environ 50% de chances que je fasse une magicienne avec un putois comme familier. Ou une loutre, bien sûr, mais... Le putois a un potentiel comique bien plus grand x)

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In Otter News : Ecriture

Elisabeth Bishop continue à viiiivre, ne vous inquiétez pas. Mais la publication va ralentir un peu... Le temps que l'énergie me revienne. J'ai bon espoir de finir la saga, ne vous inquiétez pas ! J'ai déjà 300 pages d'écrites =) Mais voilà, au lieu de publier toutes les semaines, je pense que je vais publier toutes les quinzaines, ou tous les mois. A voir. Avec bien sûr les aléas des délais pour les deux Bêta (Fiona qui est toujours présente, et Isy qui débarque). Je pense que vu le temps entre la publication de chaque chapitre, je ferai un petit récap' au début de chaque nouveau chapitre. Ca vous tente ?

Je compte toujours faire des fiches de perso, comme durant les tomes précédents ! Cela dit, je manque d'idées pour l'instant. On a fait les plus importants x) Mais bon, il y a toujours plein de possibilités ! Bill Weasley, Percy Weasley, Ajurna Balaji le Préfet des Serdaigle, Lee Jordan, Adélaïde Murton, Théodore Nott, les jumelles Patil... Voilà, quoi. Je présenterai moins ça sous forme de sondage, mais vous aurez toujours des fiches de perso à lire en début de chapitre !

Sinon, j'ai des nouvelles au sujet de Polydipsie ! Je pense l'imprimer au format papier, afin d'en faire un livre (comme Alixe l'a fait avec sa saga Les Survivants, par exemple). Qui serait intéressé par le concept ? Le prix serai d'environ 15 €...

Toujours pas d'avancée pour Renouveau, avant que quiconque ne me le demande. Cette série est en hiatus pour une période indéfinie. Pas abandonnée, hein ! Mais en hiatus. Donc n'espérez pas de tome 6 de sitôt...

Pour ce qui est d'Elitha, ou plutôt : Elisa qui se réincarne après sa mort dans différents univers. Eh bien, ça n'a pas chômé xD Après s amortd ans l'univers d'HP, Elisa se réincarne dans Star Wars sous le nom d'Ithaca Pallando, Jedi, et apprentie de Dooku. Mais ensuite elle se réincarne dans Fullmetal Alchemist sous le nom de Lexie Blake, alchimiste, qui se retrouve embarquée dans l'armée juste à la fin de la guerre d'Ishval. Et ensuite elle se retrouve dans l'univers d'Avatar, sous le nom de Natsui Shaonu, maître du feu pacifiste qui a le malheur d'être repérée par Zhao comme une prodige durant son enfance. Bref, ma Si a une vie mouvementée x)

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Je crois que c'est tout ! Du coup, je ne vous fait pas attendre plus longtemps. Voici le prologue !

Il est quasiment entièrement dévolu au "recap" des tomes précédents, parce que ça commence à faire beaucoup d'infos. Mais il y a aussi le commencement de l'intrigue, des précisions sur l'impact du retour de Voldemort chez les sorciers, etc. Bref... J'espère qu'il vous plaira =)

Enjoy !

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Prologue

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Elisabeth Bishop, plus couramment surnommée Elisa ou Magister, n'était pas vraiment une jeune fille normale.

Même si on passait outre le fait qu'elle soit une sorcière, Elisa avait toujours été particulière. A sa connaissance, elle était l'unique personne au monde à être née avec les souvenirs d'une vie antérieure, une vie dans laquelle elle avait lu des bouquins de fictions qui décrivaient de manière très exacte l'univers où elle s'était ensuite réincarnée. Et bien sûr, étant la seule personne à connaître l'avenir (ou, du moins, une version de l'avenir), Elisa était aussi la seule personne à essayer activement de faire dérailler le destin.

Elle n'en avait jamais parlé à personne, et parfois, ça lui pesait un peu. Lorsqu'elle regardait en arrière, lorsqu'elle voyait à quel point le monde était différent de ce qu'il était supposé être dans "l'histoire canon"… Ça lui semblait un peu écrasant.

Pas toujours, cela dit. Elle avait aussi des soucis tout à fait normaux pour une adolescente de dix-sept ans qui ferait sa rentrée dans un peu plus d'un mois…

– Voilà pour la Métamorphose ! s'exclama-t-elle avec satisfaction en laissant tomber sa pile de parchemins sur la table.

Sa mère, Isabelle Bishop, se mit à feuilleter son devoir pour corriger d'éventuelles fautes, et haussa un sourcil. Elisa allait entrer en septième année au collège de sorcellerie de Poudlard, et le travail que leur demandait McGonagall, leur professeur de Métamorphose, était de plus en plus technique.

– Tu aurais pu choisir un sujet plus facile que "l'animation de l'inanimé et l'illusion de la vie", remarqua sa mère.

Elisa agita vaguement la main :

– Ça recoupait un peu les Sortilèges. Et puis, j'ai utilisé Ényo comme inspiration.

Ényo, le dragon miniature, choisit justement ce moment pour sauter sur les genoux d'Isabelle et s'y lover. De la taille d'un chaton, le dragon était à l'origine une statuette, sculptée avec des détails d'une infinie précision. Un sort complexe lancé par les organisateurs du Tournoi des Trois Sorciers lui avait ensuite donné l'illusion de la vie, donnant de la couleur à ses écailles, de la souplesse à ses muscles, et un esprit autonome. Il n'était pas difficile de voir pourquoi Elisa l'avait choisi comme sujet d'inspiration : ce petit dragon était une œuvre d'art.

Elle grattouilla le dessus du crâne d'Ényo, qui la laissa faire en émettant un grondement bas semblable à un ronronnement, se roulant en boule sur les genoux d'Isabelle qui lisait toujours. C'était Elisa qui avait obtenu le dragon, qui l'avait nommé, et qui en était la propriétaire officielle, mais… C'était sur les genoux d'Isabelle, sa mère, qu'Ényo préférait faire la sieste. Certains jours, Elisa se sentait un peu jalouse. Surtout que sa mère préférait de loin les chats aux reptiles (même à sang chaud !), et n'éprouvait qu'une vague affection pour le dragon qui squattait sa maison. Quel gâchis ! C'était quand même vraiment épique, d'avoir un dragon miniature qui pouvait se percher sur votre épaule comme un perroquet.

Mais sa mère avait toujours été particulière. Elisa savait qu'elle était elle-même quelqu'un d'assez étrange : mais Isabelle Bishop, avec sa passion pour la divination, ses coiffures tressées élaborées et fantasques, ses vêtements au teintes claires ou pastelles, son regard rêveur, sa peur de la foule, et son amour des voyages… Isabelle Bishop avait toujours l'air de venir d'un autre monde, telle une fée tombée chez les humains par hasard. Elisa adorait sa mère, mais elle l'avait toujours cru fragile, et elle avait toujours pensé que c'était à elle de la protéger. Ce n'était que récemment qu'elle avait réalisé son erreur.

– Est-ce qu'Harry a finit ses devoirs lui aussi ? demanda soudain Isabelle.

Elisa haussa les épaules :

– Possible. Il en avait déjà fini une partie hier. Et il est au miroir avec Tracey Davies, elle est intarissable sur les Potions.

La mère et la fille levèrent toutes les deux les yeux vers le plafond. A l'étage, Harry Potter (le Survivant, héros du monde sorcier, et officieusement membre adoptif de la famille Bishop) s'était installé dans sa chambre pour passer un coup de miroir communicant à ses amis. Il ne pouvait pas les appeler depuis le salon, car cela aurait ruiné la charade : il devait continuer à faire croire à tout le monde qu'il passait l'été chez les Dursley.

Elisa se massa le front en y pensant. Elle était une Poufsouffle, elle accordait une importance toute particulière à la vérité, à l'honnêteté, et à la simplicité. Pourtant, depuis plusieurs années, elle s'enfonçait dans un véritable puits sans fond de mensonges et de supercheries, le tout sur un fond d'intrigues et de responsabilités d'une complexité à donner la migraine.

Mais bon, ce n'était pas vraiment de sa faute. Du moins, à l'origine.

Lorsqu'elle était née avec les souvenirs d'une autre vie, lorsqu'elle avait réalisé quel avenir l'attendait dans ce monde (un monde de fiction, bon sang !), Elisa avait décidé de changer le destin. Au début, ça avait été discret, léger. Elle avait lutté pour apaiser les tensions entre les différentes Maisons, et rendre les sorciers moins ignorants de la culture moldue. Elle avait ainsi fondé le Club d'Education Moldue, qui permettait aux jeunes sorciers qui avaient suivis des cours dans des écoles moldues de poursuivre leur éducation non-magique. Elle s'était fait des amis dans toutes les Maisons, rapprochant les élèves de différentes promotions. Elle avait officieusement parrainée tous les petits nouveaux, et ainsi facilité l'intégration des Nés-Moldus. Elle avait inventé divers objets, depuis les miroirs communiquant aux MagicoGlisseurs en passant par la plume rechargeable qui évitait d'avoir à utiliser un encrier. Elle avait encouragé la création de divers clubs extrascolaires dans tout Poudlard : un club de football, un club d'Histoire, etc. Elle avait monté, avec l'aide d'une amie, un club de duel secret : le Challenge, qui rassemblait quasiment toute sa promotion. Elle avait aussi encouragé Flitwick à organiser un club de Sortilèges pour les gens qui, comme elle, se passionnaient pour cette matière.

Mais Elisa avait aussi eu un rôle plus… actif.

Elle était en troisième année quand Harry Potter, héros du monde sorcier et protagoniste de l'histoire canon, avait fait sa rentrée. A partir de là, Elisa avait été beaucoup plus directe dans ses interventions sur le canon.

Elle avait pris Harry sous son aile et s'était arrangée pour le faire venir chez elle au lieu de le laisser retourner chez les Dursley. C'était un arrangement qui s'était poursuivi tout les étés depuis, et dans le plus grand secret. Elle avait fait entrer le jeune Potter au CEM, et l'avait poussé à se faire plein d'amis. Elle s'était opposée à Dumbledore à plusieurs reprises, pointant du doigt ses erreurs (comme le fait d'utiliser la Pierre Philosophale comme appât dans l'école, ou le fait d'envoyer les Serpentard dans les cachots où se trouvaient un troll furieux). Elle avait commencé à vraiment se faire connaître.

Puis, l'année suivante, elle avait dérobé le journal de Jedusor dans les affaires de Ginny.

Bon, ça n'avait pas été son meilleur plan, car elle avait fini par écrire dans ce journal… Et, durant quatre mois, l'Horcruxe de Voldemort avait corrompu son esprit. Encore aujourd'hui, elle en conservait les marques. Elle était devenue plus dure et plus froide, et lorsque les Détraqueurs étaient proches, elle entendait la voix moqueuse de Tom Jedusor dans sa tête…

Mais elle avait survécu. Elle avait survécu à Lockhart, qui avait cherché à la tuer lorsqu'elle avait découvert (avec deux autres témoins) qu'il était un escroc. Elle avait même survécu à la Chambre des Secrets, plusieurs mois après, quand elle s'y était rendue pour sauver la nouvelle victime du journal, Drago Malefoy. Bref, elle ne s'en était vraiment pas trop mal tirée. Et en prime, maintenant les Malefoy avaient une Dette du Sorcier envers elle, pour avoir secouru Drago. Enfin, les Malefoy et les Black, puisque cette histoire de journal avait fait divorcer Narcissa et Lucius.

En prime, Elisa s'était aussi arrangée pour que la presse obtienne la vérité sur Tom Jedusor, et les origines moldues du Seigneur des Ténèbres… Et que Lucius soit accusé d'être la source de cette fuite, se mettant à dos tous les Puristes !

Oui, cette année-là avait été le début d'une sacrée divergence du canon…

L'année d'après, lorsque Sirius Black s'était échappé, Elisa s'était concentrée sur les problèmes de Poudlard. C'était l'année de ses BUSES, et elle avait aussi beaucoup de travail. Elle n'avait cependant pas abandonné tous ses projets ! Ainsi, elle avait établi un système de parrainage pour aider les petits nouveaux à trouver leurs marques. Elle avait aussi fondé une école pour Cracmols, nommée Tourmaline, avec plusieurs amis qui avaient déjà quitté Poudlard. Elle avait travaillé sur de nombreuses inventions. Elle avait appris le Patronus à tous ceux qui le voulaient. Elle avait mis Dumbledore sur la piste des Horcruxes. Elle avait elle-même détruit un Horcruxe, le diadème. Et elle avait enquêté sur Sirius, histoire de faire croire aux gens qu'elle s'inquiétait.

Le souci, c'était que son enquête lui avait échappé et que toute l'école avait appris, par le biais du témoignage haineux d'une ancienne victime des Maraudeurs, que James Potter et Sirius Black avaient été des petites brutes à l'école. Ça avait été horrible. Surtout pour Harry. Le pauvre refusait de parler de son père, depuis, et son Patronus avait même cessé d'être un cerf.

A la fin de l'année, Elisa avait permis la capture de Pettigrew (avec l'aide de Percy, et du Trio d'Or). Donc, techniquement, elle aurait dû compter cette année scolaire comme un succès. Pettigrew avait été capturé et condamné : Sirius avait été innocenté : et Lupin, même s'il avait quitté l'école en disgrâce après que le directeur ait été forcé de reconnaître les frasques des Maraudeurs, n'avait failli tuer personne. Pourtant, y repenser laissait toujours Elisa amère. Elle avait détruit les fantaisies d'Harry au sujet de ses parents, elle avait détruit quelque chose qui le rendait heureux dans le canon, et elle s'en voulait toujours.

L'année suivante, Elisa s'était juré de rectifier l'essentiel. C'était l'année du Tournoi des Trois Sorciers, et elle s'était promis de tout arranger, d'empêcher Cédric de mourir, d'empêcher Voldemort de revenir. Hélas, tout ne s'était pas passé comme prévu.

Oh, elle avait sauvé Cédric, tout simplement en prenant sa place de champion. Elle avait traversé le Tournoi de façon brillante. Elle avait aussi inventé des sorts et des armes. Elle avait appris l'Occlumancie à Harry. Elle avait réussi à récupérer le médaillon de Serpentard, et détruit un nouvel Horcruxe. Oui, elle s'en était très bien sortie… Mais le souci, c'était qu'elle n'avait pas réussi à empêcher la résurrection de Voldemort.

Elle n'était pas morte, Merlin soit loué. L'Avada Kedavra de Barty Croupton avait tué son familier, le serpent doré Malta, qu'elle gardait précieusement avec elle dans une poche au niveau de sa poitrine. Elisa s'était juste écroulée, complètement indemne, mais laissée pour morte. Elle avait alors rampé jusque derrière une pierre tombale, tracé des runes explosives dans tout le cimetière, et fait tout explosé pour fuir avec Harry. Tous les Mangemorts avaient été blessés, et Voldemort avait perdu un bras. Ça avait été un carnage, et une victoire… Mais Elisa n'avait ressentit que de la panique. Heureusement, toute la scène avait été retransmise à Poudlard grâce au miroir communiquant qu'elle avait sur elle : la communauté magique avait donc eu la preuve indiscutable du retour du Seigneur des Ténèbres. Elisa ne savait pas comment elle aurait géré le fait que le Ministère joue l'autruche.

Mais bref. Après ce que la presse appelait "la bataille de Little Hangleton", Elisa s'était retrouvée propulsée au rang de figure de proue, figure publique, avec une guerre sur le point d'éclater, un Ministère désorganisé, des Mangemorts qui voulaient sa peau, et environ six-cent élèves affolés. Evidemment, elle ne pouvait pas rester les bras croisés.

Et donc… Avec l'aide de ses parents, elle avait créé un réseau de résistance. Les Mangemorts étaient moins nombreux et plus subtils que dans le canon, privilégiant les attaques ciblées au chaos de grande envergure, mais ils n'en demeuraient pas moins mortels, et ils avaient déjà fait plusieurs victimes. Les Bishop avaient les moyens de faire disparaitre les gens, de financer l'installation de protections enchantées sur des maisons, ce genre de choses. Elisa avait des espions, des appuis, et la moitié de la population de Poudlard qui était prête à mettre à sa disposition toutes les ressources qu'ils possédaient. Elisa était à présent à la tête d'un paquet de responsabilités bien plus intimidantes qu'un devoir de Métamorphose…

Et encore. Ça, c'était la version courte.

Elisa secoua la tête. Certains jours, tout ça lui semblait encore irréel. Elle avait changé l'univers canon sans jamais se faire remarquer, auparavant, et… soudain, elle était l'une des personnes les plus recherchées par les Mangemorts, et un symbole pour le pays. Fudge avait tenté de lui décerner un Ordre de Merlin (qu'elle avait poliment refusé). Le Bureau des Aurors lui avait offert un job. Et elle recevait des demandes d'interview par dizaines, chaque jour ! Heureusement, le Cottage des Erables était protégé par des enchantements qui le rendaient introuvable, et les gens qui savaient où elle se trouvait se comptaient sur les doigts d'une main. Cela lui assurait une paix relative… Même si, pour sortir (rechercher des financements, lancer des sorts de protection sur une maison, faire du repérage sur un terrain, démontrer à une famille moldue sceptique que oui, Voldemort était de retour…), Elisa devait changer son apparence afin de passer incognito.

Mais bref.

– Quand est-ce que Papa rentre ? demanda-t-elle brusquement.

Sa mère cligna des yeux :

– Après-demain.

Elisa marqua un temps d'arrêt. Sa mère était habituellement tellement désorganisée que lui demander de se souvenir d'une date précise était généralement perdu d'avance. Il n'y avait qu'à voir l'état du Cottage, envahi de bibelots, souvenirs et bouquins en tous genres, pour comprendre que l'ordre ne régnait guère dans le mode de vie d'Isabelle Bishop.

Mais quand les Mangemorts attaquaient, se souvenir des dates de départ et de retour des êtres aimés prenait une toute autre importance.

– J'aurais peut-être dû partir avec lui, marmonna Elisa.

– Tu as des choses à faire ici, lui rappela sa mère. Et ton père est parfaitement capable d'aller à Galway tout seul.

Elisa faillit dire que Michael Bishop aurait été plus en sécurité avec une sorcière. Elle se retint. Déjà, ce n'était vraiment pas ce qu'elle ou sa mère avaient envie d'envisager. Et ensuite… Son père avait voyagé au quatre coin du monde, y compris dans des zones hautement dangereuses. Et puis, il allait dans un endroit complètement Moldu, pour voir d'autres Moldus, et tester la fausse identité que sa femme lui avait créée pour circuler incognito. La présence d'une adolescente à ses côtés l'aurait rendu plus repérable, rien d'autre.

– N'empêche que j'aimerais bien me rendre utile, soupira-t-elle.

Isabelle leva les yeux du devoir de Métamorphose en prenant un air incrédule, et sa fille se hâta d'amender :

– J'aimerai bien faire quelque chose d'actif, quelque chose qui me fasse sortir.

– Tu sors déjà trop à mon goût, lâcha sa mère avec regret.

Elisa ouvrit la bouche pour protester… puis la referma. D'habitude, l'été, elle restait cloîtrée à la maison pour bosser sur ses inventions, lire, rêvasser. Elle ne sortait qu'occasionnellement, soit pour aller voir ses associés (le personnel de Tourmaline, et Gwendolyn qui gérait la boutique de B&B sur le Chemin de Traverse), soit pour aller sur le Chemin de Traverse avec sa meilleure amie Trisha.

Cet été, elle s'était rendue chez un tas de gens. Souvent les familles d'élèves qu'elle connaissait, et qui voulait qu'elle jette des charmes protecteurs sur sa maison, ce qu'elle faisait elle-même ou faisait faire par un Briseur de Sorts qu'elle engageait et supervisait. Il y avait aussi des gens à qui elle avait demandé une contribution financières. Des gens (souvent Moldus) qu'il fallait convaincre que la guerre était une réalité. Au début de l'été, Elisa avait passé tout son temps à courir d'un rendez-vous à un autre.

On était désormais à la fin du mois de juillet, et cette agitation s'était beaucoup calmée. Elisa pouvait désormais gérer l'essentiel des problèmes par miroir ou par lettre. Mais oui, elle avait souvent été dehors cet été, et ça n'avait sans doute pas été rassurant pour sa mère.

– C'est nécessaire, finit-elle par dire.

Isabelle soupira, et reposa le devoir de Métamorphose de sa fille :

– J'ai presque hâte que tu retournes à l'école.

Elisa marqua un temps d'arrêt, surprise :

– Tu détestes Poudlard, pourtant !

– Pas complètement, nuança sa mère avec un vague sourire. Je ne leur fait tout simplement pas confiance pour avoir à cœur la sécurité quotidienne des élèves.

Quand on savait le genre de personnes qu'on trouvait au moins une fois par an dans le château c'était une inquiétude tout à fait légitime. Puis Isabelle reprit son sérieux, et continua d'un air grave :

– Mais au moins… Au moins, cette année, je sais que le personnel de Poudlard sera complètement focalisé sur la sécurité. Ce sera l'endroit le plus sûr du pays.

Elisa grimaça :

– Pour une fois, oui, on sera peut être plus en sécurité à Poudlard qu'ailleurs…

Puis elle se rembrunit :

– … Et le travail de l'Alliance est d'autant plus nécessaire. Le pays entier ne peut pas se cacher à Poudlard.

L'Alliance Rebelle était le nom du réseau de résistance créé par Elisa. Depuis des années, c'était son plan B, au cas où elle n'arriverait pas à stopper le retour de Voldemort. Une organisation qui mettrait à l'abri les gens poursuivis, qui aiderait les familles à protéger leurs maisons, qui s'assurerait que personne ne soit à la rue, qui distribuerait des provisions ou des fournitures aux gens qui en avaient besoin… et qui, en dernier recours, combattrait les Mangemorts. C'était à peu près son plan, et ce, depuis qu'elle avait environ trois ou quatre ans.

Le nom avait été choisi au dernier moment, cela dit. Et par sa mère, en plus. Eh oui, les Bishop adoraient tous les trois Star Wars.

Le cœur de l'Alliance Rebelle était composé d'une poignée de personnes : Elisa elle-même, ses parents, et ses deux amis Trisha et Cédric. Ensuite, il avait divers groupes, qui ne se connaissaient pas forcément entre eux, mais que ce "noyau de commandement" connaissait et pouvait solliciter au besoin.

Elisa trouvait les idées, coordonnait les troupes, et connaissait l'identité de tout le monde. Cédric et Trisha, ses deux meilleurs amis, étaient plus ou moins ses lieutenants : ils relayaient ses ordres et agissaient à sa place si besoin. Trisha habitant sur le Chemin de Traverse, et Cédric ayant un père employé du Ministère, ils jouaient aussi un rôle d'espion et prenaient la température de l'ambiance chez les sorciers… Quelque chose qu'Elisa ne pouvait pas faire, puisqu'elle évitait Mangemorts et journalistes en restant au Cottage des Erables le plus possible.

Isabelle et Michael Bishop avaient, quant à eux, un rôle assez à part. Ce qui était une bonne chose, parce qu'Elisa ne s'imaginait pas donner des ordres à ses parents. Non, ils se débrouillaient tous seuls. Michael s'occupait de tout ce qui concernait les Moldus : trouver des itinéraires de métro pour perdre des poursuivants en ville, établir des comptes bancaires à mettre à disposition de gens qui voudraient disparaitre chez les Moldus, acquérir des maisons ou des appartements par les moyens moldus pour que ça n'apparaisse pas dans les registres du Ministère… Isabelle, quant à elle, était en charge du réseau des planques et des refuges, ces habitations cachées et sécurisées où Elisa prévoyait d'installer les fugitifs en quête d'un abri sûr. Elle avait parfois besoin de l'aide d'un Briseur de Sorts pour protéger un lieu, mais sinon, elle s'en sortait très bien. Enfin, c'était surtout parce que pour l'instant, personne n'avait encore eu besoin d'une extraction d'urgence !

Sinon, Elisa avait aussi tout un tas de contacts : des gens qui l'aidaient activement, en lui donnant de l'or par exemple, mais aussi des gens qui étaient prêts à l'aider. Certains étaient des adultes, mais beaucoup étaient des élèves de Poudlard, qui l'avaient assuré de leur soutien avant le début des vacances. En tout, il y avait plus d'une centaine de personnes.

Tout ça allait être… assez compliqué, il fallait l'admettre.

Elle n'osait pas imaginer ce que ça serait pour gérer tout ça une fois à Poudlard. Heureusement, ses parents pourraient s'occuper du côté "refuge et protection" seuls, mais… C'était elle qui détenait toutes les infos pour rendre le réseau fonctionnel. Elle devrait être joignable 24h/24 pour pouvoir indiquer à ses parents le nom d'un "passeur" pouvant cacher un fugitif, pour pouvoir écouter un rapport d'espion (une fois qu'elle aurait recruté lesdits espions, bien sûr), ou coordonner un ravitaillement une fois que les refuges seraient remplis. Bon sang, pourquoi s'était-elle lancée là-dedans ?!

Ah oui. A cause de sa tendance pathologique à intervenir dans les affaires des autres qui risquaient de se conclure par un génocide. Effectivement.

Il y eut un bruit de pas dans l'escalier. Isabelle et Elisa tournèrent toutes les deux la tête, à temps pour voir Harry Potter apparaître dans l'encadrement de la porte du salon. Le Survivant avait subit une poussée de croissance durant ces derniers mois. Dans le canon, ses étés de privation avaient eut un impact sur sa croissance tout au long de son adolescence. Pas dans cet univers… Oh, Harry ne serait jamais une grande perche comme Ron Weasley par exemple. Peut-être que ses parents avaient été petits, peut-être que onze ans de malnutrition avaient eu un impact irréversible, peut-être les deux. Mais en tous les cas, il avait grandit de trois centimètres depuis juin, et tous ses pantalons étaient trop courts. Il aurait quinze ans dans deux jours, après tout : il commençait vraiment à avoir l'air d'un adolescent dégingandé.

C'était d'ailleurs sans doute ce qui tracassait Harry, car la première chose qu'il dit fut :

– Quand est-ce qu'on pourra aller sur le Chemin de Traverse ?

Elisa échangea un bref regard avec sa mère. Le Ministère avait beau veiller au grain, le Chemin de Traverse était toujours assez chaotique durant l'été. Un Mangemort aurait vite fait de profiter de la foule pour attaquer…

– Quand on aura reçut les listes de fournitures scolaires, finit par dire Isabelle. Inutile de faire plusieurs voyages. Pourquoi ?

– J'ai vraiment besoin de nouveaux pantalons, se lamenta Harry. Et j'ai une idée de cadeau de Noël pour Ron. Un balai de Quidditch ! Il veut tenter de devenir Gardien cette année. Il veut me faire la surprise, mais Tracey m'en a parlé pour qu'on se cotise avec les autres, et qu'on lui offre le dernier Brossdur.

Tracey Davies était une Serpentard, mais aussi la petite-amie d'Harry. C'était sympa de sa part de penser à Ron, dont elle n'était pas proche. Quoique… Elisa ne put s'empêcher si ça ne faisait pas partie d'un plan plus vaste. Tracey avait beau aimer sincèrement Harry, elle était aussi assez calculatrice. Vu que l'ambiance chez les Serpentard allait être plutôt tendue, elle assurait peut-être ses arrières dans les autres Maisons…

C'était ce qu'Elisa aurait fait, à sa place. Et Tracey avait déjà prouvé qu'elle obtenait toujours ce qu'elle voulait.

– Gardien ? répéta Elisa. Ah oui, c'est vrai que Dubois a été diplômé…

– Il y a deux ans, confirma Harry. Mais l'année dernière, le Quidditch a été annulé, alors on n'a pas pu constituer d'équipe de Gryffondor. Ron a participé aux matchs amicaux organisés par Cédric, cela dit. Il était dans l'équipe d'Heather Thatcham, et il n'était pas mauvais, il paraît…

Harry se mit à lui décrire dans le détail les différentes tactiques employées par Ron, ce que la jeune fille n'écouta que d'une oreille. Elle essayait vraiment de faire un effort pour apprécier ce sport, mais… Le Quidditch, ça lui passait complètement au-dessus de la tête. Elle trouvait que le rôle de l'Attrapeur était une gigantesque arnaque, mais c'était le genre d'opinion qu'on gardait pour soi quand on était entouré de fans de ce sport…

Ényo le petit dragon finit par quitter les genoux d'Isabelle et, traversant la pièce en quelques battements d'aile, retourna s'installer sur son perchoir, dans la grande cage qui était installée dans un coin du salon. Harry interrompit son récit un instant. Même après un certain temps, il y avait toujours quelque chose de surréaliste à voir un dragon traverser le salon.

– Tu comptes l'emmener à Poudlard ? demanda-t-il à Elisa.

La Poufsouffle cligna des yeux, surprise par le brusque changement de sujet :

– Ényo ? Non, c'est le dragon de maman, il devrait rester avec elle.

Du coup, ils se tournèrent tous les deux vers Isabelle. Celle-ci haussa les épaules, posant un regard pensif sur le reptile qui faisait à présent sa toilette et se lissait les ailes :

– Tu peux l'emmener. Rester enfermer tout le temps ne doit pas être très sain.

– Tu me le prêteras alors ! s'enthousiasma Harry. Les autres Gryffondor vont l'adorer !

Elisa esquissa un sourire crispé. Oui, elle laisserait sans problème Harry se balader avec un dragon sur l'épaule. Aussi classe que ce soit d'avoir un dragon comme animal familier… Elisa n'était pas prête à remplacer son serpent, Malta.

Comme à chaque fois qu'elle pensait à Malta, son sourire se fana et une pointe de douleur lui perça la poitrine. Une partie d'elle-même se fustigeait d'être aussi émotive, aussi affectée par la mort d'un simple serpent. Mais Malta avait été son familier, l'avait accompagnée presque partout durant deux ans, et son absence ouvrait toujours un vide dans sa poitrine.

Elle n'avait même pas pu enterrer Malta. Son serpent était mort pour elle, avait été frappée de plein fouet par l'Avada Kedavra qui lui était destiné, et quelqu'un avait simplement jeté un sortilège de Disparition sur le serpent mort qui traînait à l'infirmerie.

– En parlant de Gryffondor ! lança Elisa d'un ton qui se voulait léger. Tu as dit à Ron que tu n'étais plus chez ta tante ?

– Je pensais que Ron Weasley était déjà au courant ? s'étonna Isabelle.

– Ron et Hermione savent où je suis, confirma Harry. Mais le but c'est que ses parents entendent la conversation, et qu'ils la rapportent à Dumbledore, et qu'il arrête de faire surveiller Privet Drive… Je n'ai pas envie que les Dursley voient un sorcier et piquent une crise. Ou bien qu'ils leur révèlent que je ne suis pas rentré chez eux depuis cinq ans.

Elisa n'osait pas imaginer cette conversation, si jamais le directeur de Poudlard découvrait que son précieux Survivant avait complètement ignoré ses ordres et préféré suivre les directives d'une Poufsouffle caractérielle. La relation entre Elisa et Albus Dumbledore s'était améliorée au cours des dernières années, mais il y avait toujours une certaine méfiance entre eux, et ce n'était vraiment pas le moment pour créer des tensions internes. Ils étaient tous dans le même camp.

– Mais je ne sais pas s'ils ont entendu le message, reprit Harry en fronçant les sourcils. C'est toujours le chaos au Terrier…

Isabelle fronça le nez mais ne dit rien. Ses relations avec les Weasley étaient cordiales, mais distantes. Les Bishop vivaient plus ou moins en reclus à Loutry St Chaspoule. Et Arthur Weasley avait le chic pour prendre Michael Bishop à rebrousse-poil, avec ses questions stupides et la façon dont il s'émerveillait que les Moldus ne vivent pas dans la crasse, comme s'ils étaient des petits animaux mignons devant lesquels il fallait s'extasier dès qu'ils accomplissaient un tour savant. Elisa trouvait Mr Weasley farfelu mais sympa, cependant. Cela dit, c'était sans doute parce qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de parler des Moldus avec lui. Elle ne l'avait rencontré que deux à trois fois, la dernière occasion en date étant le jour où elle avait dérobé le journal de Jedusor sur le Chemin de Traverse, un an plus tôt...

– Au fait, Ron m'a invité ! poursuivit le Survivant avec plus d'enthousiasme. A partir de la semaine prochaine, et jusqu'à la fin de l'été. Son frère Bill, celui qui est Briseur de Sorts, a mis des protections autour du Terrier.

– Tu veux y aller ? interrogea Isabelle.

Elle savait qu'Harry était adoré et choyé par la famille de rouquins. Depuis cinq ans, le Survivant partageait ses étés entre la maison des Bishop et celle des Weasley, après tout…

– Ça serait bien, acquiesça Harry en hochant vigoureusement la tête. Hermione arrivera quelques jours plus tard, et Ginny veut faire venir son amie Sun-Min. Fred et George veulent inviter Lee Jordan, mais Ron m'a dit que Mrs Weasley l'a banni du Terrier depuis que lui et les jumeaux ont fait exploser sa cuisine.

L'image les fit rigoler, mais Elisa avait dressé l'oreille à la mention des jumeaux Weasley. Elle n'avait pas eu le temps de les contacter depuis le début de l'été. Mais à présent qu'elle avait consacré tout son mois de juillet à mettre en place le noyau dur de l'Alliance Rebelle (le réseau d'exfiltration et de protection), elle pouvait s'intéresser à d'autres projets, plus accessoires. Et elle se souvenait très bien que, en juin, Fred et George lui avait proposé leur aide pour la guerre à venir…

– Il faut que je discute avec les jumeaux, musa-t-elle d'un air pensif. Les explosions, ça n'est jamais inutiles. Oh, et est-ce que tu sais si Percy a un miroir communiquant lui aussi ?

– Percy ? s'étonna Harry.

– Bah quoi ? se défendit Elisa. C'était mon ami à Poudlard. On a arrêté de se parler depuis qu'il est diplômé, mais ça ne serai pas inutile de reprendre contact. Tu sais qu'il est l'assistant d'Amélia Bones, la directrice du Département de la Justice Magique…

Isabelle hocha lentement la tête, voyant la sagesse de ce genre de contact. Mais Harry regarda fixement Elisa, les yeux ronds.

– Tu veux faire de Percy un espion ? Percy Weasley ?!

– Pas un espion ! protesta la Poufsouffle avec indignation. Juste quelqu'un qui laisse traîner ses oreilles et qui me rapporte les informations utiles qu'il entend et auxquelles je n'aurais pas accès en temps normal.

Sa mère émit un reniflement amusé :

– C'est littéralement la définition d'un espion, Ellie.

– Bon. D'accord, je veux en faire un espion.

Harry prit un air scandalisé… puis se dégonfla comme un ballon percé, l'air résigné. Il n'était pas stupide. Il savait qu'être informé était important. C'était en étant informé qu'on était préparé, et être préparé avait sauvé leur deux vies à plusieurs reprises auparavant. C'était une leçon qu'il ne risquait pas d'oublier.

– J'imagine qu'on ne peut pas faire autrement, marmonna-t-il.

– On ne peut pas, confirma Elisa avec fermeté.

Harry avait beau être différent de ce qu'il avait été dans le canon, il demeurait un Gryffondor et l'idée d'utiliser des espions, de demander des gens de mentir, de tromper et de voler des informations… Ça allait à l'encontre de son sens de l'honneur. Ce n'était pas étonnant.

Elisa, elle, n'avait pas hésité une seule seconde. Pas parce qu'elle avait un instinct de Serpentard, un instinct qui prenait parfois la voix de Tom Jedusor pour murmurer dans sa tête : mais parce qu'elle était une Poufsouffle, et que rien ne se mettrait entre elle et la protection des siens, et certainement pas un concept aussi stupide en temps de guerre que l'honneur.

Elle avait déjà des refuges, des moyens de fuite et d'exfiltration, et des gens qui avaient accepté de jouer le rôle de Passeurs et de cacher des fugitifs en cas de besoin. C'était l'essentiel, c'était le squelette de l'Alliance Rebelle. Mais l'Alliance avait besoin d'avoir du muscle pour la défendre, des yeux et des oreilles pour savoir ce qui se passait. Le travail d'Elisa était loin d'être terminé.

Pour ce qui était des espions, ce ne serait pas trop dur. En effet, Elisa avait déjà des contacts : il fallait simplement qu'elle les active, à présent. Heather et ses amis espionneraient la Maison de Serpentard. Les jumelles Carrow espionneraient leur famille. Lester Hopkrik espionnerait le Ministère, et Neal Bowman espionnerait St Mangouste. Et puis, il fallait aussi qu'elle contacte des amis moins proches, ou des amis d'amis, pour garder un œil sur les Aurors, sur le Département des Mystères, sur certaines familles de Sang-Purs, sur certains villages sorciers.

Elle n'avait pas d'espion chez les Mangemorts, contrairement à Dumbledore. Un an plus tôt, elle avait pensé à utiliser Lucius Malefoy… Mais c'était un projet irréalisable. Le père de Drago était un traître, désormais. Voldemort voulait sa tête, pour achever le long travail de torture qu'il avait effectué sur le traître après avoir découvert que tout le pays connaissait les origines de Tom Jedusor suite à l'utilisation du journal qui avait ouvert la Chambre des Secrets.

Actuellement, Lucius était toujours à St Mangouste. Il recommençait à parler et à marcher, mais il était toujours aveugle, et ses mains tremblaient trop pour tenir une baguette ou même une plume. Il n'avait plus rien de l'aristocrate digne et froid qu'Elisa avait rencontré une éternité plus tôt. Désormais, c'était il n'était plus que l'ombre de lui-même, hanté par les dix mois qu'il avait passé prisonnier de son propre manoir. Les articles de Rita Skeeter (qui s'était trouvé une nouvelle proie, maintenant qu'Elisa l'avait libérée de sa jarre de verre incassable) dépeignaient avec délectation sa déchéance et sa santé fragile.

Elisa avait changé bien des facettes du monde, souvent de façon positive. Mais ça ? Ça, c'était l'une de ses plus grandes hontes.

Elle poussa un profond soupir. A chaque fois qu'elle repensait au sort de Lucius, ça la déprimait.

C'était étrange : à cause du stress et de l'adrénaline, elle n'avait plus qu'un souvenir assez flou de la bataille de Little Hangleton, mais elle se souvenait parfaitement du visage émacié de Lucius et de ses yeux aveugles, au moment où elle l'avait traîné avec elle vers le Portoloin. Elle ne savait plus ce que Voldemort avait dit à ses Mangemorts, elle ne savait pas combien de sorts elle avait jeté, elle ne savait plus quel chemin elle avait emprunté entre les tombes pour rejoindre le trophée, elle ne savait même plus quelle avait été la forme de la pierre tombale à laquelle Harry avait été attaché. Elle n'avait qu'un souvenir partiel du combat, plein de zones complètement blanches. Il lui faudrait une Pensine pour pouvoir réexaminer la scène sans l'effet de l'adrénaline qui avait brouillé sa mémoire. Mais le visage de Lucius hantait toujours ses cauchemars. Ça, et Barty Croupton lorsqu'elle lui avait planté une lame dans la gorge, juste avant que les Aurors ne l'attrapent. C'était ses deux souvenirs les plus nets. Pourtant, au regard de la bataille, du carnage, c'était deux scènes insignifiantes.

Elle s'entraînait dur à l'Occlumancie tous les soirs, désormais. C'était la seule chose qui rendait ses cauchemars supportables.

D'ailleurs, en parlant d'Occlumancie…

– Tu as lu le bouquin que j'ai acheté sur la protection de l'esprit ? demanda-t-elle innocemment à sa mère.

Harry avait apprit l'Occlumancie à sa demande des mois plus tôt, dès qu'il avait commencé à avoir des visions de Voldemort. Mais Elisa voulait que tous ceux qui connaissaient les secrets de l'Alliance apprennent également à protéger ses secrets. Trisha et Cédric, ses deux amis, apprenaient l'Occlumancie cet été. Cela laissait seulement Isabelle…

– J'ai commencé les exercices, sourit celle-ci en levant les yeux au ciel. Ce n'est pas si différent de la transe méditative dans laquelle il faut entrer pour tenter de lire dans les flammes ou dans une boule de cristal. Cela dit, je ne serais jamais une bonne Occlumens, et tu le sais.

– Pourquoi ? s'indigna Harry. Je suis bon, et je trouvais ça horrible au début !

La mère d'Elisa sourit avec douceur :

– Depuis que je suis petite, je m'efforce d'ouvrir mon esprit pour lire l'avenir. Le fermer va à l'encontre de tout ce que j'ai appris.

Harry grimaça. Il connaissait Isabelle depuis cinq ans, il la voyait quasiment comme une mère de substitution, et il savait qu'elle était quelqu'un de distrait, rêveur, dont l'esprit volait toujours dans six directions à la fois. Et il connaissait aussi l'Occlumancie, et le genre de concentration que cet art demandait…

– Ce n'est pas grave ! lança Elisa d'un ton joyeux un peu forcé. Avec un peu de chance, tu n'auras jamais besoin d'utiliser tout ce vaudou spirituel. C'est juste au cas où !

Juste au cas où. Comme si c'était superflu, comme s'ils étaient déjà assez préparés.

Mais c'était la guerre. Des gens avaient déjà commencé à mourir et, au-dehors, un maniaque assoiffé de sang voulait la tête d'Elisa et celle d'Harry. Les gens avaient peur, les gens allaient se battre, et rien n'était plus imprévisible que le chaos d'une bataille, ou même les actes irréfléchis d'un homme acculé. Même en temps de paix, Elisa avait déjà fait face à l'imprévu… et déjà été vaincue par lui. Plus d'une fois, sa vie n'avait été sauvée que par une bribe de savoir acquise au cas où. Alors, en pleine guerre… il suffirait d'un infime détail pour que tous les beaux plans bien ciselés d'Elisa partent en fumée. On n'avait jamais assez de plans de secours, d'armes cachées, ou de solutions de rechanges. On n'était jamais assez préparé.

Et pourtant…

Et pourtant, même si tout ça avait le potentiel de finir affreusement mal, ils étaient embarqués là-dedans, pour le meilleur et pour le pire. Elisa, sa mère, son père, Harry, leurs amis, tous les gens qui avaient accepté de l'aider, tous. Ils allaient se battre, et ils allaient se battre sous ses ordres, pour elle.

Parfois, c'était une idée tellement suffocante et horrible qu'Elisa avait l'impression que toutes ses entrailles se tordaient d'angoisse à la simple pensée d'être responsable de tout ça. Mais elle commençait à s'y faire. Certains jours, elle se prenait même à penser qu'ils réussiraient ce pari fou.

Elle était Elisabeth Bishop, dite Elisa, dite Magister : elle était une sorcière de dix-sept ans, adolescente, une Poufsouffle de l'école de sorcellerie de Poudlard, une inventrice, une visionnaire, une duelliste. Elle était la fille unique d'une sorcière de la lignée des Bletchley, et d'un homme qui avait fait le tour du monde des dizaines de fois. Elle était la sœur d'adoption d'Harry Potter, la meilleure amie de Trisha Buttermere et de Cédric Diggory, la leader de ses pairs. Elle était l'élève de Filius Flitwick, qui lui avait appris les merveilles de l'art des Sortilèges : et elle avait jadis été celle d'un journal de cuir noir ayant appartenu à Tom Jedusor, qui lui avait légué son savoir et une dureté glacée lors des combats.

Elle était quelqu'un, maintenant. Et si elle se sentait parfois insignifiante, et si elle se sentait parfois comme si son rôle n'était qu'une imposture… Elle n'avait pas le temps de s'apitoyer sur elle-même.

Les gens comptaient sur elle, à présent. Et elle ne les laisserait pas tomber.

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Et voilà !

Le premier chapitre sera posté d'ici... Bah, entre deux semaines et un mois, donc entre le 5 et le 20 octobre. Quoique... Je pourrais le poster à Halloween, ça serai thématique.

Et si vous en avez la possibilité : les cinéma repassent tous les films d'Harry Potter en ce moment, pour célébrer les 20 ans de la série. Profitez-en !

A plus !

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