Renaissance du Cauchemar

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Disclaimer : Tous les personnages de Final Fantasy VII appartiennent à Square Enix pour le jeu,Tetsuya Nomura, Takeshi Nozue, Yusuke Naora, Yoshinori Kitase et Shinji Hashimoto pour Advent Children. Harry Potter appartient à J.K. Rowling.

Cast :

Auteur : Fumseck73

Bêta-lectrice/traductrice : Dragonqueen909 (Anglophone)

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Résumé : Chambre des Secrets UA. Harry a trouvé l'entrée de la Chambre des Secrets au cours de l'année. Après avoir manqué de faire une crise cardiaque en rencontrant la Basilic, il réalisa que celle-ci se sentait simplement seule, et se lia d'amitié avec elle. Cette dernière lui montra ce qu'elle gardait réellement : un immense cristal d'un vert pâle, dans lequel dormait un homme aux longs cheveux d'argents. (Où Harry trouve un Sephiroth voulant expier ses péchés et se retrouve avec un grand frère/protecteur. Dumbles et Voldy n'ont qu'à bien se tenir) Weasley (Molly/Ginny)/Dumbledore Bashing.

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Prologue : Un long sommeil

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Le sommeil du Fils de la Calamité avait été long. Très long. Mais le temps n'avait guère d'importance dans son état, prisonnier du cristal. Minutes, heures, siècles… millénaires. Les âges passèrent, les empires se créèrent puis s'effondrèrent, et lui continua à dormir.

Parfois, il percevait vaguement ce qu'il se passait autour de lui. À plusieurs reprises, son cristal avait été découvert. Certains avaient tentés de le détruire, sentant la menace qu'il représentait, échouant à chaque fois. D'autres avaient voulu se servir de son pouvoir pour détruire ou dominer le monde. D'autres encore l'avaient exposé. Toujours, il était retourné sous terre, la Rivière de la Vie le déplaçant vers un autre endroit.

Trouverait-il un jour ce qu'il cherchait ? Un moyen d'expier ses crimes ? Et de se montrer digne de sa promesse ?

La dernière fois… il savait qu'on l'avait trouvé. Il l'avait senti. Mais… il n'avait pas été exposé. Pas plus que celui qui l'avait découvert n'avait tenté de le détruire ou de le sortir de son sommeil.

Son instinct lui disait qu'il avait été placé sous terre, dans un genre de caverne. Celui qui l'avait placé là avait aménagé cette dernière au fil du temps, le dissimulant derrière une statue et laissant un gardien serpentin le surveiller. Plus pour éviter qu'on ne le réveille trop tôt qu'autre chose, lui avait-il semblé.

Et le temps continua à s'écouler. Jusqu'à ce qu'il sente une présence.

Elle était différente de toutes celles qu'il avait sentie jusqu'à présent. Les autres avaient été… puissantes, chacune à leur propre façon. Arrogantes, souvent. Pas celle-ci. Elle… était faible, par rapport à ce qu'il avait put ressentir. Étouffée, presque. Il y avait quelque chose d'anormal avec cette aura, réalisa-t-il.

Puis il se rendit compte qu'il s'agissait de celle d'un enfant. Et en même temps… il n'était pas innocent. Il avait l'aura de celui qui avait grandit trop vite… comme lui. Celle de quelqu'un forcé de subir des épreuves trop grandes pour son âge, et de réussir… ou mourir.

La colère commença à gronder dans son cœur en réalisant ça… suivie très vite par le choc en entendant les mots prononcés par une voix d'enfant, comme une prière :

–Je voudrais juste que quelqu'un me protège…

Le murmure aurait été inaudible pour des oreilles normales, mais il n'était pas quelqu'un d'ordinaire. Son sang se mit à bouillir en entendant ces mots. Jusque-là, tous ceux qui avaient touché son cristal n'avaient voulu que la mort et la destruction. Ils avaient voulu le réveiller pour qu'il mette le monde à feu et à sang, mais cet enfant voulait simplement que quelqu'un le protège… et ça touchait une corde enfouie au plus profond de lui. Il savait ce que c'était, de vouloir que quelqu'un vous protège des monstres, qu'ils soient humains ou non.

Si seulement il pouvait répondre à la prière de cet enfant… il ne laisserait personne lui faire du mal tant qu'il aurait un souffle de vie en lui. Il leur faudrait passer sur son corps mort et refroidit.

À cette pensée, il sentit le cristal réagir. La structure se déstabilisa dans une suite de craquements, avant de se dissiper en un million de lucioles, retournant à la Rivière de la vie. Il flotta pendant quelques secondes avant de retomber au sol, un genou à terre.

Prenant une profonde inspiration, notant distraitement les odeurs d'humidités et de moisissures, il ouvrit lentement les paupières, ses pupilles verticales se dilatant pour capter un maximum de lumière. Ses yeux félins rencontrèrent le regard vert émeraude d'un enfant bien trop maigre, qui le regardait avec de grands yeux surpris et effrayés, se tenant à moitié dissimulé par un serpent immense.

Et ce fut ainsi que Sephiroth, le Cauchemar, le Fils de la Calamité, rencontra Harry Potter, le Garçon-qui-a-survécu.

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Salazar Slytherin n'était pas un Mage Noir, comme le monde sorcier finit par le penser bien plus tard. Il les haïssait même avec passion, et en avait éliminé plusieurs bien avant de créer Hogwarts avec Godric Gryffindor, Helga Hufflepuff, et Rowena Ravenclaw.

C'est pourquoi, lorsqu'il était tombé sur le cristal contenant le Fils de la Calamité, son premier réflexe avait été de le détruire. Avant d'hésiter. Il savait que l'histoire avait une fâcheuse tendance à être déformée au fil du temps, selon les vainqueurs et l'agenda des dirigeants du moment. Était-il possible que la sienne l'ait aussi été ?

Après de longues heures de réflexion, il avait été demander conseil à Rowena. Celle-ci lui avait malheureusement confirmé que les histoires étaient vraies. Cependant, elle avait aussi ajouté qu'il n'avait pas toujours été quelqu'un de mauvais, et qu'il désirait expier ses crimes. Tenter de détruire le cristal ne ferait que le faire réapparaître à un autre endroit, que ce soit un an ou un millénaire plus tard. À la place, elle avait suggéré de le dissimuler quelque part où les personnes animées de mauvaises intentions ne pourraient y accéder.

Avec l'aide des autres Fondateurs, il avait créé une chambre secrète, accessible uniquement si l'on parlait Fourchelang. Même s'il ne pensait pas que ce soit nécessaire, il préférait que le moins de monde possible puisse y accéder. Pour plus de sécurité, il avait placé une statue de son oncle devant la pièce où il avait placé le cristal.

Oui, la fameuse statue hideuse n'avait jamais été celle de Salazar, mais de son oncle Morfin, une blague privée entre lui et les Fondateurs. Les autres avaient aidés à créer la légende sur la Chambre des Secrets, et il avait également créé une Basilic pour protéger la Chambre, ainsi que l'école si jamais une attaque de grande envergure venait à se produire. Il ne haïssait pas les non-sorciers, à l'exception de ceux qui tuaient des personnes sans défenses, sorcières ou non, mais il savait que le danger qu'ils représentaient était bien réel. Et éduquer les enfants était primordiale pour la survie du monde sorcier, afin d'éviter la découverte.

Lorsqu'elle avait été assez âgée pour comprendre les concepts complexes, il lui avait expliqué sa mission.

§Tu as bien compris ce que je te demande, Esméralda ?§ Demanda Salazar à sa Basilic, qui avait dépassé les 15 mètres récemment.

§Oui,§ siffla la Basilic en réponse. §Protéger ce cristal et son dormeur des personnes mal intentionnés. Mais si un de tes descendants apprend qu'il est là et demande à le voir?§

§Ne lui montre que si tu es sûre qu'il ne cherchera pas à utiliser son pouvoir pour détruire le monde ou tuer des nés-non-sorciers,§ répondit Salazar, mesurant prudemment des ingrédients pour une potion. §Si tu vois qu'il veut utiliser tes capacités pour tuer des innocents, ne lui en parle surtout pas. Et si quelqu'un parlant la noble langue des serpents mais qui n'est pas pour autant mon descendant vient te voir, ne l'attaque pas immédiatement. Pas avant de savoir ses intentions. Avec un peu de chance, tu pourras te lier d'amitié avec lui après ma mort.§

§Je n'aime pas quand tu parle de ça, Sal,§ siffla doucement Esméralda, visiblement mal à l'aise, sa langue sortant pour goûter l'air avec agitation.

Salazar soupira doucement, levant la tête pour regarder sa Basilic avec affection.

§Tu sais bien que les humains, même avec la magie, sont fragiles et ont une vie courte, Esméralda. À moins de tremper dans la magie la plus noire, notre vie ne dure qu'un temps. Et je REFUSE d'en arriver là.§

§Je sais,§ siffla-t-elle tristement. §Je sais. Et si la personne ne parle pas la langue des serpents, mais parvient à entrer ?§

§Alors étudie son attitude. Et détermine si tu dois le laisser approcher le cristal ou non. Je te fais confiance sur ce point,§ dit-il doucement, caressant sa tête.

Il savait qu'elle resterait seule pendant très, très longtemps. Mais c'était inévitable. Le « seul » moyen, si l'on pouvait dire, d'atteindre une forme d'immortalité, c'était un objet appelé Horcrux. Et c'était l'une des magies les plus noires qui soient.

Même les Basilic n'étaient pas immortels. Oh, ils vivaient vieux, près de 9 siècles, mais ils finissaient aussi par mourir. Avec un peu de chance, les mesures qu'il avait mit en place lui permettraient de vivre plus longtemps que les autres, mais le futur changeait constamment, et n'était pas fixé. En Fourchelang, il lui avait donc dit de dormir le plus longtemps possible, et de ne se réveiller que deux ou trois fois par siècle.

Il avait laissé l'héritage de sa baguette en bois d'amourette (1) et cœur de corne de Basilic (offert par Esméralda lorsqu'elles avaient commencé à pousser) à ses enfants, tout comme son locket contenant un dessin de sa femme bien-aimée. Elle était morte en couche à la naissance de leur dernier enfant, qui n'avait pas non plus survécu très longtemps. Il n'avait pas eut le cœur de se remarier, et était resté veuf malgré les nombreuses propositions de sorcières voulant épouser LE Lord Slytherin. Il les avait toutes refusées, restant fidèle jusqu'au bout.

Finalement, alors qu'il atteignait un âge avancé pour les non-sorciers, il décida de quitter Hogwarts pour poursuivre ses expériences sur les potions. Il voulait notamment réussir à inventer une potion permettant de soigner les loups-garous ou, si ce n'était pas possible, leur permettre de garder leur esprit humain pendant la transformation.

Avec son départ, la vraie raison disparut petit à petit jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le minimum sur lui, et des faits complètement déformés ou attribués à lui par un de ses descendants.

Et Esméralda dormit comme il lui avait ordonné, ne sortant de son sommeil magique que de temps en temps pour se nourrir et muer, soit dans la Forêt autour du château, soit dans le système de tuyaux aménagés spécialement pour elle.

Son sommeil fut perturbé une première fois par un descendant de Salazar, qui voulut l'utiliser pour « purger » l'école de tous les né-moldus comme on les appelait en ce âge. Elle fit de son mieux pour éviter d'obéir à cet ordre, parvenant à seulement pétrifier la majorité de ses victimes, à l'exception d'une fille nommée Myrtle Warren, qui fut plus tard connue sous le sobriquet de « Mimie Geignarde ». Cette dernière en vint à hanter les toilettes dans lesquelles elle était morte, ajoutant à la misère de la Basilic, qui n'avait JAMAIS voulu tuer une enfant.

Finalement, à son grand soulagement, le Mage Noir, comme elle l'appelait, se refusant à utiliser son nom, cessa de l'appeler. Durant un demi-siècle, elle fut laissée en paix.

Puis, à son plus grand désespoir, il revint. Mais pas en chair et en os. Non, il revint sous la forme la plus noire qui fut, un fragment d'âme attaché à un journal intime, possédant une innocente pour la forcer à tuer de nouveau. Et elle était obligée de lui répondre. Parce que la même magie qui lui permettait de dormir était également celle qui la poussait à obéir à un descendant de Salazar Slytherin, à moins que quelqu'un ne se montre plus digne de son allégeance.

Ce qu'elle ignorait, c'était que ce quelqu'un était en train d'approcher. Et qu'il réveillerait précisément la personne qui lui permettrait de recouvrer sa liberté. Du moins… s'il ne mourait pas avant.

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Harry était désespéré. Entre le staff qui (de son point de vue) ne faisait rien et la pétrification de Hermione, il était au bout du rouleau. Ron n'aidait pas vraiment, tenant de le convaincre de jouer aux échecs ou de rester inactif. Sauf que Harry n'arrivait pas à ôter de sa tête l'image d'Hermione allongée sur ce lit d'hôpital, raide comme une planche.

Pomfrey avait eut beau lui assurer que, dans son état, son amie ne risquait rien, il était malheureux comme les pierres. Il passait son temps libre dans l'infirmerie, en profitant pour faire ses devoirs en paix. À part le premier jour, Ron ne l'avait plus accompagné, ce dont il était en un sens soulagé.

Ron avait beau être le premier ami qu'il s'était fait, son manque total de manières à table et son tempérament explosif le gênaient très souvent.

Soupirant, Harry releva la tête pour regarder son amie. Il avait juste tellement hâte que les Mandragores soient prêtes, pour qu'il la retrouve en pleine forme. Son regard passa sur Hermione, avant de redescendre sur ses devoirs. Il se figea soudain, posant les parchemins et étudiant la main droite de son amie. Il dut se pencher en avant, mais il eut la confirmation qu'il n'avait pas rêvé : Hermione tenait une feuille de papier dans son poing serré.

Qu'est-ce qu'elle a trouvé de si important qu'elle en vienne à arracher une feuille d'un livre ? Se demanda-t-il en jetant un coup d'œil en arrière pour vérifier que l'infirmière n'était pas là. Il se détendit en voyant qu'elle était toujours dans son bureau, la porte entrouverte pour garder un œil sur ses patients et leurs rares visiteurs. Prudemment, il déplaça sa chaise pour dissimuler ce qu'il faisait, et se mit au travail. Après de longues minutes d'efforts, où il crut plus d'une fois qu'il allait déchirer la page, il parvint à la libérer.

La lissant, il réalisa qu'il avait eut raison, et qu'il s'agissait d'une page arrachée à un livre de la bibliothèque, accentuant la gravité de la situation. En effet, à moins qu'il ne s'agisse d'une question de vie ou de mort, JAMAIS Hermione n'aurait abîmé un sacro-saint livre. Il pâlit en lisant ce qui était écrit sur le morceau de papier.

De tous les monstres et créatures qui hantent nos contrées, il n'en est guère de plus étrange ni de plus mortel que le Basilic, connu également sous le nom de Roi des Serpents. Ce reptile, qui peut atteindre une taille gigantesque et vivre plusieurs centaines d'années, naît d'un œuf de poulet couvé par un crapaud. Pour tuer ses victimes, la créature recourt à une méthode des plus singulières : outre ses crochets venimeux, le Basilic possède en effet des yeux meurtriers qui condamnent à une mort immédiate quiconque croise son regard. Il répand également la terreur parmi les araignées dont il est sans nul doute le plus mortel ennemi. Le monstre, quant à lui, redoute plus que tout le chant du coq qui lui est fatal si d'aventure il lui parvient aux oreilles.

Sous le texte, un mot était écrit de la main d'Hermione : tuyaux.

Harry eut l'impression qu'un rayon de lumière venait d'illuminer son cerveau.

–Ça y est, murmura-t-il, voilà l'explication. Le monstre enfermé dans la Chambre est un Basilic, un serpent géant ! Cette voix mystérieuse, c'est pour ça que j'étais le seul à l'entendre… Elle s'exprimait en Fourchelang…

Harry regarda les lits autour de lui.

–Le Basilic tue par son simple regard. Mais personne n'est mort, parce que personne ne l'a regardé droit dans les yeux. Colin l'a vu à travers un appareil photo. Le regard du Basilic a brûlé la pellicule, mais Colin n'est pas mort : il a été seulement pétrifié. Justin, lui, a dû voir le Basilic à travers Nick Quasi-Sans-Tête ! Nick a pris le regard de plein fouet, mais il ne pouvait pas mourir une deuxième fois… Et quand on a trouvé Hermione et la préfète de Ravenclaw, il y avait un miroir à côté d'elles. Hermione devait savoir que le monstre était un Basilic. Je parie qu'elle a conseillé à la première personne qu'elle a rencontrée de regarder avec un miroir si la voie était libre avant de tourner un angle de mur !

Et là, Harry pâlit en réalisant les implications. Un putain de serpent géant se baladait dans la plomberie de l'école ! Il était supposé faire quoi ? Aller voir les profs ?

Il rejeta cette idée presque aussi vite qu'elle lui était venue. La dernière fois, avec Quirrelmort, ça avait lamentablement échoué. Bon d'accord, il croyait que c'était Snape à l'époque. Mais la manière dont McGonagall l'avait envoyé promener (poliment, mais l'idée était là), ne le poussait pas vraiment à avoir confiance en sa Directrice de Maison. Et Lockhart était un incapable. Même Ron l'avait remarqué.

Mais si les choses continuaient ainsi, l'école allait fermer. Et il perdrait la seule chose approchant d'une maison qu'il ait connue. Privet Drive ne comptait pas. Pour lui, même s'il ne l'avait jamais formulé à voix haute, c'était une prison. Pas une maison. Il se mit à réfléchir à toute allure. Il savait qu'il y avait eut au moins une élève morte lorsque la Chambre avait été ouverte la première fois.

Une nouvelle illumination le frappa. Et si c'était Mimie Geignarde ? Après tout, elle était morte dans des toilettes, qu'elle hantait désormais. Faisant glisser son sac sous le lit d'Hermione pour ne pas être encombré avec, il salua poliment Madame Pomfrey et sortit de l'infirmerie le plus vite possible, se mettant à courir dès qu'il estima être assez loin.

Il n'avait guère de plan au-delà de tenter d'entrer dans la Chambre et de raisonner avec le serpent. Il ne savait même pas si ça marcherait, raison pour laquelle il n'avait pas cherché à alerter qui que ce soit, y compris Ron. Mais si le serpent parlait, alors peut-être que, comme avec le boa constrictor du Zoo, il pourrait le convaincre d'arrêter d'attaquer.

Il devait au moins essayer. Freinant devant les toilettes des filles hors service, il se plia en deux pour reprendre son souffle. Après quelques instants, il se redressa et entra prudemment. Pour une fois, le sol était sec.

Mimi Geignarde était assise sur le réservoir de la chasse d'eau, dans la cabine du fond.

–Ah, c'est toi, dit-elle en voyant Harry. Qu'est-ce que tu veux, cette fois ?

–Te demander comment tu es morte, répondit Harry.

Mimi sembla alors changer du tout au tout, comme si elle était très flattée qu'on lui pose la question.

–Oh, c'était abominable, dit-elle avec délectation. C'est arrivé ici même. Je suis morte dans cette cabine, je m'en souviens très bien. J'étais venue me cacher ici parce qu'Olive Hornby s'était moquée de mes lunettes. La porte était fermée à clé et j'étais en train de pleurer quand j'ai entendu quelqu'un entrer. Quelqu'un qui parlait une drôle de langue. Mais c'est surtout la voix qui m'a frappée, parce que c'était un garçon qui parlait. Alors, j'ai ouvert la porte pour lui dire de filer et d'aller dans les toilettes des garçons et c'est à ce moment là - Mimi se gonfla d'importance, le visage rayonnant - que je suis morte.

–Comment ? demanda Harry.

–Aucune idée, répondit Mimi dans un murmure. Je me souviens seulement d'avoir vu deux grands yeux jaunes. Tout mon corps s'est engourdi et je me suis sentie partir dans les airs…

Elle posa sur Harry un regard rêveur.

–Et puis je suis revenue. J'étais décidée à hanter Olive Hornby. Elle a vraiment regretté de s'être moquée de mes lunettes.

–À quel endroit exactement as-tu vu ces yeux ? demanda Harry.

–Quelque part par là, dit Mimi en pointant le doigt vers le lavabo qui se trouvait en face de sa cabine.

Harry s'en approcha immédiatement. Au moins, il avait vu juste jusque-là. Maintenant, comment ouvrir l'entrée…

Le lavabo n'avait rien d'extraordinaire. Il l'examina centimètre par centimètre, y compris les tuyaux qui se trouvaient au-dessous. Harry vit alors le dessin d'un minuscule serpent gravé sur l'un des robinets d'arrivée d'eau.

–Ce robinet n'a jamais marché, dit Mimi lorsqu'il essaya de le tourner.

Un peu cliché, pensa Harry. Après quelques secondes, il comprit qu'il fallait probablement parler en Fourchelang pour faire apparaître l'entrée. Se tournant vers Mimie, il rassembla son courage avant de lui parler.

–Est-ce que tu peux me rendre un service Mimie, s'il te plaît ?

Le fantôme vira au gris foncé, et il réalisa qu'elle était en train de rougir. Il grogna mentalement. Comme s'il n'avait pas assez de fangirls comme ça, il fallait que les fantômes s'y mettent aussi !

–Tout ce que tu veux, Harry, murmura Mimie en flottant pour s'approcher de lui.

–Est-ce que tu peux me dire si j'ai parlé anglais ou pas ? Demanda-t-il, la faisant cligner des yeux. Cette entrée ne s'ouvre probablement qu'avec le Fourchelang, et je ne sais pas quand je le parle. Tu peux confirmer ça pour moi s'il te plaît ?

–Bien sûr.

Harry se concentra. Les seules fois où il avait réussi à parler cette langue, c'était face à un vrai serpent. Il fixa des yeux le petit dessin en s'efforçant de croire qu'il était réel.

–Ouvre-toi, dit-il.

Il se tourna vers Mimie, qui secoua la tête.

–Non, tu as parlé normalement, dit-elle.

Harry regarda à nouveau le serpent en pensant de toutes ses forces qu'il était bien vivant. Quand il remuait la tête de droite à gauche, il avait l'impression que le serpent bougeait à la lueur des chandelles.

§Ouvre-toi§, dit-il.

Cette fois, ce fut un étrange sifflement qui sortit de sa bouche et aussitôt, le robinet se mit à briller d'une lueur blanche en tournant sur lui-même. Un instant plus tard, le lavabo bascula et disparut, laissant apparaître l'entrée d'un gros tuyau suffisamment large pour permettre à un homme de s'y glisser. Harry observa un instant le tuyau et prit sa décision :

–J'y vais. Merci pour ton aide, Mimie.

La fille fantôme rougit de nouveau.

–De rien Harry. Dis… si jamais tu viens à mourir… est-ce que ça te dirait de venir hanter ces toilettes avec moi ?

Le garçon la fixa avec de grands yeux choqués, puis, sans répondre, sauta sans hésiter dans le tuyau. Il avait l'impression de dévaler un toboggan sans fin, obscur et visqueux. Au passage, il aperçut d'autres tuyaux qui partaient dans toutes les directions mais aucun n'était aussi large. Harry était secoué en tous sens par les sinuosités du tuyau qui le précipitait dans des profondeurs insoupçonnées, bien loin au-dessous des cachots.

Puis soudain, le tuyau redevint horizontal et Harry fut projeté sur le sol humide d'un tunnel aux parois de pierre, juste assez haut pour s'y tenir debout.

Il se redressa prudemment, vérifiant qu'il était indemne, et résolut de s'excuser auprès de Mimie quand il remonterait… si, toutefois, il s'en sortait en vie. Mais il avait quelque peu paniqué quand elle lui avait dit ça. Les Dursleys ne l'avaient pas vraiment préparé à interagir avec des filles. Il renifla en pensant à ça. C'était l'euphémisme du siècle, ça. À part le préparer à entretenir une maison de manière si stérile qu'on aurait put effectuer une chirurgie, ils ne l'avaient préparer à rien.

Pas pour la première fois, il se prit à souhaiter que quelqu'un s'occupe de lui et le protège. Les Dursleys avaient fait de leur mieux pour détruire cet espoir, mais ils n'avaient jamais totalement réussit.

Un craquement le tira de ses pensées, et il leva la tête vers le plafond avec inquiétude. S'il se basait sur la distance qu'il avait parcourue dans ce tuyau, il était probablement sous le Lac Noir en ce moment même. Les parois couvertes de vase attestaient de la véracité de cette théorie.

Lumos ! murmura Harry et sa baguette magique s'alluma.

Il s'enfonça alors dans le tunnel, pataugeant bruyamment dans les flaques d'eau qui recouvraient le sol. Le tunnel était si noir qu'il ne pouvait pas voir très loin. À la lueur de la baguette magique, l'ombre de sa silhouette paraissait monstrueuse.

Le tunnel paraissait aussi calme qu'un tombeau. Le premier bruit bizarre que Harry entendit fut un craquement sonore lorsqu'il marcha sur quelque chose qui se révéla être un crâne de rat. Il éclaira le sol de sa baguette et il vit qu'il était jonché d'os de petits animaux. En essayant de ne pas penser à l'état dans lequel il risquait de se retrouver s'il échouait, Harry reprit sa marche. Il finit par s'arrêter lorsque le tunnel forma un coude, et avala sa salive.

Il pouvait voir une forme juste derrière le coude, et, pour la première fois depuis qu'il avait décidé de descendre, son courage vacilla. Harry prit une profonde inspiration, puis, les genoux jouant des castagnettes, avança prudemment. Très lentement, les paupières à peine entrouvertes, Harry s'avança, en levant sa baguette. La lueur qui brillait à son extrémité éclaira la gigantesque peau vert vif d'un serpent qui avait mué. La peau vide était enroulée sur elle-même en travers du tunnel. Le soulagement qu'il ressentit en réalisant qu'il s'agissait juste d'une mue faillit lui couper les jambes, mais il se reprit.

Les Gryffindor étaient supposés incarner le courage, merde ! Pourtant, la simple taille de la peau morte était terrifiante : à l'époque où le Basilic avait mué, il devait déjà dépasser les 20 mètres. Harry n'osait même pas imaginer la taille qu'il faisait à présent.

Respirant profondément pour reprendre son calme (autant que possible dans ces circonstances), il repartit dans le tunnel. Après de longues minutes de marche silencieuse (si on ne comptait pas les craquements des os au sol), le tunnel ne cessant de tourner, Harry sentait qu'il avait les nerfs à vif. Il avait envie de voir la fin du tunnel mais il redoutait en même temps ce qu'il risquait d'y découvrir. Enfin, après une dernière courbe, Harry se retrouva devant un mur sur lequel étaient gravés deux serpents entrelacés. De grosses émeraudes étincelantes étaient serties à la place des yeux.

Harry s'approcha, la gorge sèche. Il n'eut aucun mal à imaginer que ces serpents-là étaient bien réels : leurs yeux brillaient avec une telle vivacité qu'ils paraissaient vivants.

Harry devina ce qu'il avait à faire. Il s'éclaircit la gorge et la lueur des yeux d'émeraudes sembla frémir.

§Ouvrez§, dit-il dans un sifflement rauque.

Les deux serpents se séparèrent aussitôt : les deux pans de mur sur lesquels ils étaient gravés venaient de s'écarter en silence. Quelques instants plus tard, ils avaient entièrement disparu, laissant la voie libre.

Harry, tremblant de tous ses membres, franchit alors l'ouverture. Il n'avait qu'une envie, se pisser dessus de terreur. Mais il était venu jusqu'ici. Pas question de renoncer.

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Il se trouvait à l'entrée d'une longue salle faiblement éclairée. D'immenses piliers de pierre, autour desquels s'enroulaient des serpents sculptés, soutenaient un plafond noyé dans l'obscurité et projetaient leurs ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre.

Le cœur battant, Harry s'immobilisa, l'oreille tendue dans le silence glacé. Le Basilic était-il tapi dans l'ombre d'un pilier ?

Il leva sa baguette magique et s'avança parmi les colonnes, chacun de ses pas répercuté en écho par les murailles obscures. Il gardait les paupières à peine entrouvertes, prêt à les fermer à la moindre alerte. À plusieurs reprises, il crut voir bouger l'un des serpents de pierre dont les orbites creuses semblaient suivre ses mouvements.

Lorsqu'il fut arrivé au niveau des deux derniers piliers, il se retrouva face à une statue, adossée au mur du fond, et qui faisait toute la hauteur de la Chambre.

Harry dut tendre le cou pour apercevoir la tête de la statue : elle représentait un sorcier simiesque avec une longue barbe mince qui tombait presque jusqu'au bas de sa robe où deux énormes pieds grisâtres reposaient sur le sol lisse.

Il était seul dans la caverne. Pas de trace du Basilic. Et maintenant ? Se raclant la gorge, il lança avec hésitation :

§Hello ?§

§Tiens, un deux-pattes,§ fit une voix sur sa gauche, le faisant sursauter. §Que fais-tu ici, serpenteau ?§

Harry crut qu'il allait avoir une attaque, et plus encore lorsqu'il tourna la tête dans la direction de la voix. Il se retrouva presque nez à nez avec un serpent gigantesque, dont les yeux dorés légèrement voilés le fixaient. Il mit plusieurs secondes avant de réaliser que la raison pour laquelle il n'était pas mort c'était que le Basilic avait des paupières translucides pour ne pas tuer d'un regard. S'il savait qu'elles existaient, c'était grâce à Hedwige. Les oiseau de proies avaient ce genre de paupières transparentes pour protéger leurs yeux quand ils chassaient. Il avait regardé cette information dans un livre à la bibliothèque du quartier avant de partir pour Hogwarts la première année.

§Je suis désolée, petit serpenteau,§ fit doucement le serpent géant devant lui. §Je ne voulais pas te faire peur.§

Harry se força à calmer son cœur affolé, ce qui lui prit un bon moment. Pour le moment, tout se passait bien mieux que ce qu'il avait craint, vu ce qu'il l'avait entendue dire dans les couloirs. Il était même surprit qu'elle soit aussi polie.

Sa tête était posée au sol, comme pour ne pas l'effrayer davantage, ce qui aurait été difficile. Après tout, avec plus de 60 mètres de long, elle était assez imposante. Au moins, elle faisait un effort pour le mettre à l'aise. Et là, sa tendance Gryffindor à charger (ou, dans ce cas, parler) sans réfléchir se manifesta. À se demander comment Malfoy n'avait pas fini dans sa maison, vu qu'il avait plus les qualités d'un Gryffindor que d'un Slytherin.

§T'es énorme… sans vouloir te vexer,§ ajouta-t-il précipitamment.

Évidemment, le stress lui avait causé de dire la première chose qui passait par la tête, et il se crispa, espérant qu'elle ne se vexerait pas. Il récolta un rire amusé en réponse, la Basilic levant légèrement la tête.

§Je ne le suis pas, serpenteau. J'oserais même dire que beaucoup de choses doivent te paraître énormes. Et, après tout, la taille est une question de fierté pour un serpent, et plus encore pour un Basilic. Parce que nous n'arrêtons jamais vraiment de grandir, plus on est grand, plus on est vieux et donc respectable, d'après Sal.§

§Sal ?§ Questionna Harry, intrigué.

§Salazar Slytherin, un des quatre Fondateurs de l'école. Un spécialiste des potions, et aussi le premier à enseigner comment se défendre contre les Mages Noirs, d'après ce qu'il m'a dit. Il aimait parler de ce qu'il faisait, tu sais,§ ajouta-t-elle tristement, comme s'il lui manquait.

Harry en cligna des yeux, surprit. Ce qu'elle était en train de lui expliquer contredisait totalement ce qu'il avait apprit dans L'Histoire d'Hogwarts. D'un côté, ça ne le surprenait qu'à moitié, vu le temps qui s'était écoulé depuis la mort des Fondateurs. De l'autre, ça lui donnait envie d'en savoir plus.

Alors, il s'assit par terre, sur l'endroit le plus sec qu'il put trouver, et parla avec Esméralda, qui prit grand plaisir à discuter avec lui. Elle lui apprit tellement de choses sur les débuts de l'école qu'il ne vit même pas le temps passer. Elle était patiente et répondit à toutes ses questions, même s'il pouvait voir que certaines réponses l'attristaient, surtout quand on touchait au sujet de Salazar, qui était, assez littéralement son père. Harry en apprit plus sur lui que sur tous les autres Fondateurs confondus, et la grande majorité des mythes sur lui prirent plus qu'un sacré coup dans l'aile. Les seules choses de vraies sur lui, d'après Esméralda, étaient le fait qu'il était un Fourchelang et un Maître de Potions. D'après elle également, lorsqu'il lui parla de Snape et Malfoy, le premier aurait été viré avec pertes et fracas il y a des années si Salazar avait encore été de ce monde, son absence de professionnalisme et son biais envers Gryffindor et Slytherin plus que suffisants pour justifier son renvoi. Quant à Malfoy, sa bigoterie aurait été suffisante pour des avertissements dès le premier jour, voire même son expulsion et la perte de sa magie.

Et par Merlin, Harry avait été plus que surprit de savoir que Salazar était plus considéré comme un Sang-Mêlé selon les critères actuels que comme un Sang-Pur. En effet, sa propre mère était Née-Moldue, et son père un Moldu, bien que de noble naissance. Et sa femme avait été Née-Moldue aussi. Harry fut attristé d'apprendre qu'elle était morte en couches, et que le bébé lui-même n'avait pas survécu. Il apprit aussi que Salazar ne s'était jamais remarié, et son respect pour l'homme monta encore d'un cran.

Au final, Salazar Slytherin avait été un homme ordinaire, mais plus noble que bien d'autres de la même époque. La plus grosse surprise avait été de savoir que Slytherin était à l'origine considérée comme LA maison des Né-Moldus à Hogwarts, et qu'elle en avait compté plus que les trois autres combinées à l'époque. La tendance s'était lentement inversée avec le temps, les Répartitions et la montée des Sang-Purs. La « doctrine Sang-Pur » était aussi quelque chose qui datait de très peu de temps, selon le point de vue de Esméralda. Salazar aurait immédiatement mis un point d'honneur à écraser cette doctrine, qu'il aurait certainement trouvée absurde.

Étrangement, Harry avait finit par se sentir suffisamment à l'aise pour commencer à parler de sa vie. Il n'aurait même pas su dire comment la conversation avait dérivé sur le sujet. Après une remarque de Esméralda sur sa taille et sa maigreur peut-être ? Et il avait craqué. Il avait déversé tout ce qu'il avait sur le cœur, tout ce que son « aimante famille » lui avait fait. Les coups, le manque de nourriture, les abus aussi bien physiques que psychologiques, « la chambre » sous l'escalier, simple placard à balais, absolument tout. Une partie de lui était soulagée de tout déballer, principalement parce qu'il savait qu'elle ne pourrait en parler à personne, et l'expérience s'était avérée… cathartique. Il avait fini en larmes, mais étrangement soulagé.

Esméralda, elle, était furieuse d'entendre ce qu'ils lui avaient fait subir. Aucun enfant ne devrait avoir à subir ça ! Et pourquoi personne n'intervenait ? Ils ne voyaient rien ? Hé bien, même si elle ne pouvait pas les tuer elle-même (ils étaient trop loin pour ça), elle pouvait faire quelque chose pour Harry.

La bouche de la statue n'était que l'une des deux entrées vers la pièce secrète, uniquement pour son usage. Il y en avait une autre juste à côté de la statue, mais Tom Riddle, connu plus tard sous le nom de Voldemort, n'en avait jamais su l'existence. Il n'en avait jamais été digne. Si elle lui avait montré le cristal, il aurait certainement essayé de réveiller son dormeur. Et le cristal aurait disparut de nouveau, disparaissant pour une période indéterminée, pour réapparaître aléatoirement dans le monde. Avec un peu de chance, il pourrait aider le pauvre enfant.

§Suis-moi, serpenteau,§ siffla-t-elle. §Je veux te montrer quelque chose.§

Harry, curieux, se leva. Il se dit brièvement que sa curiosité finirait certainement par lui causer des problèmes un jour, mais, pour le moment, Esméralda n'avait rien été d'autre que polie et gentille. Quand il avait soulevé le sujet, elle lui avait avoué qu'elle n'avait jamais voulu attaquer les enfants de l'école, mais qu'un Mage Noir (ses propres mots) l'y avait forcée. Et elle était désolée de la mort de Mimie. Elle n'avait jamais voulu la tuer, mais lorsque le Mage Noir la faisait sortir, il lui ordonnait de ne pas utiliser ses paupières protectrices, qui filtraient son regard mortel, le rendant inoffensif tout en lui permettant de voir.

S'arrêtant à côté du pied droit de la statue, Esméralda siffla « Le Grand sommeil du Cauchemar », faisant coulisser une portion du mur assez grande pour lui accorder le passage. Harry fit un bond de surprise, et ne put s'empêcher de lui demander pourquoi.

§Il y a une autre entrée,§ expliqua-t-elle, §mais elle se situe par la bouche de la statue, et je doute que tu aies envie de monter jusque-là sur ma tête,§ gloussa-t-elle. §Sal utilisait cette entrée, et il y a aussi installé son laboratoire de potions privé, ainsi qu'une petite bibliothèque personnelle. Je n'ai jamais pu lire les livres, bien sûr, mais ils sont là. Il y a même ses journaux je crois.§

Harry eut un rire jaune en entendant ça. Effectivement, dit comme ça…

§Et pour le mot de passe ?§ Demanda-t-il, curieux.

§Viens, et tu comprendras,§ dit-elle doucement, ondulant pour avancer.

Harry la suivit. Il avait décidé que, au point où il en était, un animal magique « monstrueux » était plus digne de confiance que la plupart des humains de sa connaissance. Au moins, elle l'avait traité comme une personne normale, pas comme Le-Garçon-Qui-A-Survécu. Merlin, comme il haïssait ce titre. Il était quasiment sûr que c'était plutôt sa mère qui avait quelque chose à voir là-dedans, mais vu qu'elle était Née-Moldue…

Son train de pensée connut une fin brutale quand son regard tomba sur la pièce cachée. Il pouvait voir deux portes sur les côtés, menant probablement aux fameux laboratoire et bibliothèque, mais ce qui avait réellement attiré son attention, c'était l'énorme cristal d'un vert pâle au fond de la pièce. À l'intérieur se trouvait un homme adulte aux longs cheveux argentés devant lui arriver aux genoux, tel un insecte dans l'ambre. Le cristal devait facilement faire dans les cinq à six mètres de haut, et deux à trois mètres de large. L'homme se situait à peu près au milieu, et paraissait presque dormir.

Harry se demanda brièvement s'il était seulement encore vivant, avant de se rappeler du mot de passe. Après tout, Esméralda avait parlé de sommeil, pas de mort. Comme hypnotisé, il s'approcha doucement, prêtant à peine attention à Esméralda qui le suivait de près, mais à une distance respectueuse tout de même. Il finit par s'arrêter devant le cristal, levant la tête pour regarder l'inconnu à l'intérieur.

Harry ne comprenait pas vraiment pourquoi elle avait parlé de Cauchemar (il avait senti la majuscule dans le mot) dans le mot de passe. Il n'avait pas l'air si cauchemardesque pour lui. Assez grand (Harry l'estima à au moins 1m80), mince mais musclé de ce qu'il pouvait distinguer, il était vêtu d'un trench-coat et d'un pantalon noirs, sans t-shirt, dévoilant son torse, sur lequel s'entrecroisaient deux lanières. Des épaulettes plus claires (impossible de définir la couleur avec certitude à cause du cristal) se situaient sur chacune de ses épaules, et il se demanda à quoi elles servaient.

L'un dans l'autre, il était assez impressionnant, trouva Harry. Mais il n'avait pas l'air si dangereux que ça pour l'enfant. Un sentiment étrange se mit à enfler en lui. Il était encore à vif de ses révélations, et son esprit était confus. Pourquoi Esméralda lui avait-elle montré cette homme ? Aucun adulte ne lui était jamais venu en aide. Pourtant, en regardant l'inconnu, il eut une impression bizarre. Son visage était paisible, pourtant, il y avait comme une nuance de tristesse. D'attente presque. Comme s'il attendait quelque chose.

Lentement, Harry leva la main, et la posa doucement sur la surface lisse du cristal. À son plus grand étonnement, celui-ci était presque tiède. La solitude s'abattit sur lui, presque suffocante, et il appuya son front sur le cristal, fermant les yeux, des larmes perlant à ses paupières.

–Je voudrais juste que quelqu'un me protège… murmura-t-il, presque comme une prière.

C'était le désir enfouit au plus profond de son cœur, celui que les Dursleys avaient essayés de détruire, sans jamais y arriver, second à celui de se trouver une famille qui viendrait le sauver.

Crack !

Harry fit un bond de surprise à ce son, reculant d'un pas en ouvrant de grands yeux surprit. Son regard se posa sur une fissure au niveau de là où il avait posé son front. Cette dernière s'agrandit tout en se multipliant, couvrant le cristal d'une véritable toile d'araignée, et il recula jusqu'à atteindre Esméralda, surprit et effrayé.

C'était quand même pas ses mots qui avaient provoqué ça, si ?

Juste au moment où il pensa que le cristal allait tomber en morceaux au sol, il se dissipa, disparaissant en un million de lucioles lumineuses d'un vert pâle comme le cristal, le laissant bouche bée. Son regard fut attiré par l'homme, qui flottait dans les airs, comme si la gravité n'avait pas encore de prise sur lui. Ses longs cheveux argentés flottaient autour de lui, comme soutenus par les lucioles, qui se dissipèrent presque simultanément, le laissant retomber au sol, où il atterrit un genou à terre.

Harry resta figé de stupeur et d'inquiétude, un peu réconforté par le fait que Esméralda avait légèrement bougé pour se rapprocher de lui, le dissimulant à moitié avec sa tête. Harry ressentit un léger frisson d'appréhension lorsque son vis-à-vis prit une longue inspiration, comme s'il avait retenu son souffle pendant une éternité, avant d'ouvrir lentement les paupières, les yeux d'un vert acide, aux pupilles verticales venant se fixer dans les siens, d'un vert émeraude semblable à celui du Sortilège de Mort.

Et ce fut ainsi que Harry Potter, le Garçon-qui-a-survécu, rencontra Sephiroth, le Cauchemar, le Fils de la Calamité.

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À suivre…

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(1)Bois d'amourette : d'après le Wiki de Harry Potter, le bois de la baguette de Salazar Slytherin est appelé Snakewood en anglais, ou « bois de serpent ». Comme avec la Baguette de Sureau, le jeu de mot est perdu à la traduction.

Le Cauchemar est de retour, et il est en colère :) Dumbles et Voldy feraient bien de surveiller leurs arrières, parce que ça va chauffer pour leur matricule !

Ma bêta-lectrice habituelle étant AWOL depuis des mois, c'est Dragonqueen909, auteure du prompt qui m'a poussé à écrire cette histoire, qui me sert à la fois de bêta-lectrice et de traductrice, ainsi que de mur pour faire rebondir mes idées ^^