Note : A la fin.


Le sommeil nébuleux s'effaça.

Hermione hurla, déchirée par la douleur.

Une grande lumière l'éblouit, le temps de mettre au point ses pupilles qui semblaient agressées par une telle blancheur.

Elle s'agita, sans savoir où elle était.

-" Bon sang, Miss Granger, ne bougez pas !" Ordonna une voix féminine.

Elle s'étouffa de sa salive avant de haleter comme un nouveau-né.

Une main vint cercler la sienne puis quelqu'un tenta de lui faire garder sa tête en place sur... Un oreiller ?

La sorcière paniqua.

-" Miss Granger, tout va bien, vous êtes à l'infirmerie." Dit alors cette même voix sur un ton qui se voulait rassurant.

Ses yeux, remplis de larmes brûlaient.

Elle essuya d'un revers de bras afin de mieux appréhender cet environnement inconnu.

Rassemblant ses forces, elle découvrit que la voix ne lui avait pas menti.

Elle était bel et bien à l'infirmerie de Poudlard.

Son interlocutrice ?

Nulle autre que Madame Pomfresh en personne.

-" Tout va bien, vous êtes restée longtemps dans le coma." Dit la matronne avec un visage soulagé.

-" Non ce n'est pas possible." Dit alors la jeune femme avec une voix enrouée.

Dieu qu'elle avait soif !

-" Tout va bien !" Répéta-t-elle. " Vous êtes en sécurité. Vous êtes saine et sauve."

Mais la panique persista.

Comment pouvait-elle être ici ?

Comment pouvait-elle parler à Madame Pomfresh qui était morte quelques années après la guerre ?

-" Vous avez subi un choc important à la tête, nul besoin de vous affoler, vous êtes tirée d'affaire."

La Gryffondor scruta autour d'elle.

Tout était si calme.

-" Severus ! Je veux voir Severus !" Se mit-elle alors à réclamer avec anxiété.

-" Comment ? Non, ma chère, on en reparlera plus tard... Je vais appeler votre directrice de maison et le médicomage pour qu'il vous ausculte."

-" McGo... Le professeur McGonagall est en vie ?"

-" Dieu merci, mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ?"

Quelques minutes suivirent et Minerva apparut avec à ses côtés... Harry et Ron.

Exactement tels qu'ils avaient été la dernière fois qu'elle les avait vus.

Hermione ouvrit un regard rond.

Qu'est-ce que c'était que cette mascarade ?

-" Mionne, on était tellement inquiets !" Dit alors le jeune homme aux cheveux noirs.

Il alla pour l'enlacer, mais Poppy le retint de justesse.

-" Elle est très perturbée, mieux vaut la laisser." Dit-elle sur un ton défiant.

-" Miss Granger, oh, comme je suis contente que vous alliez mieux." Fit la directrice de Gryffondor avec un sourire maternel.

-" Je ne comprends pas." Hermione secoua la tête, submergée par l'envie de pleurer.

-" Que vous arrive-t-il ma chère ?"

-" Elle a très certainement dû faire un mauvais rêve durant tout le temps où elle dormait." Posa l'infirmière.

-" Non ! Ce n'était pas..." S'égosilla-t-elle, mais la matrone la coupa.

-" Le médicomage ne va plus tarder maintenant, vous serez fixée."

Ron engagea la conversation le premier lorsque McGonagall disparut dans les couloirs.

Ils étaient tous les trois seuls.

La jeune femme semblait dubitative, stressée, en proie à un choc émotionnel intense.

-" Mionne, c'est bon, on est là, tu peux tout nous dire." Dit-il.

Pour toute réponse, elle fixa l'horizon depuis la fenêtre.

-" Où est Snape ?" Demanda-t-elle perdue.

-" Snape... Il est... Mort, Hermione... Tu étais là." Répondit le survivant.

Des larmes silencieuses dévalèrent les joues de la jeune femme.

Elle comprenait.

-" Est-ce que tu peux me donner la date d'aujourd'hui s'il te plait." Fit-elle en se tournant vers Harry.

-" Le 28 mai."

-" 1998 ?"

-" Bah... Évidemment, pourquoi ?"

-" Pour rien, laisse tomber."


-" Stress post-traumatique."

Le diagnostic du médicomage tomba aussi sec.

-" Il va falloir vous ménager. Je ne sais pas à quoi vous avez rêvé durant votre convalescence, mais je vous garantis qu'il va falloir que vous restiez accrochée à la réalité, cela ne va pas être facile."

Lorsque le médecin était arrivé, il avait prié à tout le monde de quitter la pièce.

-" Mais... C'était si réel." Réitéra-t-elle.

Il aboya un rire.

-" Ah, Miss Granger, si vous saviez... Tous les patients dans le coma font état du même syndrome et le diagnostic est toujours le même. L'un d'entre eux, en se réveillant, croyait dur comme fer qu'il était le duc de Wellington... Croyez-moi, vous avez de la chance d'être là, essayez de vous débarrasser de ça et tout ira pour le mieux, vos résultats sont très optimistes.

Après une journée encore alitée dans l'infirmerie et avec l'ordre formel de ne pas quitter sa couche, Hermione fut enfin autorisée à déambuler dans l'école.

Le temps lui échappait.

Elle n'avait nulle part ailleurs où aller.

Le midi, elle déjeuna seule avec Harry.

Ron était rentré au Terrier.

En bordure du lac, ils profitèrent de cette belle journée d'été et le survivant se montra tout à fait disposé à répondre à toutes les questions de son amie.

-" Tu sais où est enterré Snape ?" Demanda-t-elle la voix coupée.

-" Non... En fait... J'ai entendu McGonagall dire que personne ne l'avait retrouvé." Avoua-t-il.

-" Il est peut-être en vie !" Dit-elle avec tout l'espoir du monde.

-" Mionne... Tu étais là quand... Bref... Au fait, Pomfresh a vraiment fait du bon boulot avec ton bras." Dit-il en détournant le sujet.

Hermione avait oublié la marque de Bellatrix tant et si bien que lorsqu'elle posa son regard dessus, elle eût la désagréable surprise de voir qu'elle était bien plus nette que dans ses rêves les plus fous.

Elle n'y répondit rien et se laissa ensuite conter la merveilleuse histoire de la bataille de Poudlard.

-" Est-ce que... Où est Ginny ?" Demanda la sorcière un peu perdue, mais contente tout de même d'apprendre que tous ceux qu'elle chérissait étaient ici sains et saufs.

-" Ginny... Ginny s'est évaporée dans la nature pendant la guerre... Elle a dû aller se cacher, mais... Je garde espoir." Tira le jeune homme assis à ses côtés, les yeux tirant inévitablement vers le lac pour cacher des larmes de manque.


Le soir, elle fut menée dans ses quartiers provisoires.

Elle n'avait pas d'affaires.

Lorsqu'elle se rendit à la salle de bains des préfets, elle se jeta à l'eau paresseusement.

Les questions martelaient sa tête.

Elle était folle.

Et puis un petit quelque chose attira son attention lorsqu'elle lava ses cheveux.

Un tout petit rien du tout.

Elle avait passé ses doigts sur sa nuque et...

La marque.

Sa marque.

La protection.

Leur moyen de communiquer.

Elle frotta avec vigueur, jusqu'à s'en faire saigner la peau.

Elle était folle.

Elle attendit.

Jusqu'à ce que l'eau soit froide.

Et attendit encore.

Jusqu'à ce qu'elle soit glacée.

Mais rien.


-" Un ticket pour Liverpool s'il vous plaît."

Pré-au-Lard- Londres - Liverpool - Cokeworth.

Elle s'était éclipsée de Poudlard sans le moindre avis, sans rien dire.

De toutes façons, ils l'auraient tous prise pour une cinglée.

Jusqu'au plus profond de sa chair, elle était convaincue.

Son instinct ne pouvait pas la tromper.

Elle avait alors engagé le chemin vers Londres de nuit, tout en sachant que son périple n'allait guère être simple.

Et elle maudit les sorciers de ne pas avoir d'autres liaisons que celle entre Londres et Pré-au-Lard, lui faisant faire le double de ce qui était nécessaire.

Lorsqu'au bout de quinze heures de transport elle arriva, ce fut in-extremis qu'elle se retint de pleurer de joie.

Tout était exactement comme dans son rêve.

Enfin... Si compté que s'en fut bien un.

Hermione remonta vers le nord, à la seule mémoire de ses souvenirs.

Jusqu'à arriver devant ce vis-à-vis qui ne payait pas de mine.

Elle déglutit et chercha tout le courage du monde.

Puis frappa.

Il n'y avait pas de lumières à l'intérieur.

La seule chose qu'elle pouvait voir fut son propre reflet sur une fenêtre mal entretenue.

C'était le petit jour.

De tous petits cliquetis.

Elle s'impatienta.

La porte s'ouvrit.

Sans visage, personne.

Méfiante, elle entra.

Tout était dans la pénombre matinale et il n'y avait rien, absolument rien qui témoignait du passage qu'elle avait écrit dans sa mémoire.

C'était vétuste, froid et... L'odeur de tabac.

Sans prendre plus de temps dans sa contemplation, elle monta les marches des escaliers.

Elle ne frappa pas à la porte de la chambre, entrant directement.

Il était là. Juste là, le regard posé directement sur elle.

-" Plus de vingt ans emprisonnée et à la seconde où tu es libre, tu reviens te jeter dans ta cellule... C'est à rien n'y comprendre."

Il était alité, sa baguette encore en main, mal en point.

Hermione lâcha sa propre baguette sur le sol et se précipita à la bordure du lit, tentant de cacher ses larmes de bonheur, mais aussi son inquiétude.

-" Je savais que je n'étais pas folle." Murmura-t-elle entre deux sanglots.

-" Ne me saute pas à la gorge, j'ai apparemment un souvenir du Seigneur des Ténèbres." Confessa-t-il. " Bon sang... Tu es jeune !" Rit-il.

-" Est-ce que tu t'es croisé dans un miroir récemment ?!" Pesta-t-elle malgré le rire et ses larmes. " Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi on est là dans ce présent ? Je croyais qu'on devait mourir." Demanda-t-elle.

-" La magie est tordue... Est-ce que... Tu as eu mal ?"

-" Pas avant que tu ne t'effondres." Avoua-t-elle en décalant sa chevelure noire du large bandage qu'il arborait le long de la gorge.

-" C'est... Le serpent qui t'a fait ça ?"

-" Cette foutue salope de maledictus... Quand je suis revenu à moi, j'étais dans la cabane hurlante... C'était il y a vingt jours... Je n'ai pas compris ce qui s'est passé, mais aujourd'hui, c'est limpide... Dieu merci Voldemort avait déjà fait son affaire... Je ne sais pas, je ne comprends pas tout." Avoua-t-il.

-" Je n'ai pas envie de comprendre, je me fiche de comprendre... Pourquoi tu ne soignes pas ça ?" Reprit-elle.

-" Je fais de mon mieux avec ce que j'ai... Et je n'ai pas grand chose... Je suis trop faible."

-" Alors je vais brasser pour toi... J'espère simplement que tu as ce qu'il faut."

-" On se fiche de savoir si j'ai ce qu'il faut... Si tu as bien regardé autour de toi, il me semble que tu es libre d'aller où ça te chante, même chez l'apothicaire." Sourit-il.

-" Je sais, comment crois-tu que je suis arrivée ici." Rit-elle, caressant sa main. " Alors... Et maintenant ?" Demanda-t-elle la voix enrouée.

-" Maintenant avec tout le savoir, tu as eu... Je pense que tu peux investir dans certaines compagnies moldues qui risquent de rapporter à l'avenir, partir profiter de ta vie dans un endroit un peu moins austère et peut-être fonder une famille." Soupira-t-il.

-" Tu penses vraiment ce que tu dis ?" Demanda-t-elle un sourcil levé.

-" C'est toi qui vois."

-" Mais... C'est ici que je me sens chez moi." Dit-elle raffermissant sa prise sur sa main.

Elle se mordit la lèvre d'angoisse.

L'angoisse qu'il la rejette encore.

-" Alors... Reste... Je suis prêt à t'accorder ce qui te chantera pour que tu sois à l'aise."

-" Tu dis ça parce que je suis un choix de dépit ?" Se moqua-t-elle.

-" Je dis ça parce que j'ai enfin vu la mort en face et que l'idée de te savoir loin de moi est mille fois plus terrifiante."

Elle se hissa doucement sur lui, prenant garde de ne pas lui causer d'autres souffrances.

Assise sur sa taille, elle le surplomba et alors il leva paresseusement ses mains afin d'atteindre ses hanches, caressant sa peau.

-" Tu n'avais pourtant pas l'air très inquiet de ne pas savoir où j'étais jusqu'à présent." Dit-elle.

-" La nuance réside dans le fait que je savais très exactement dans quel état tu étais... C'est Dumbledore qui me donnait des nouvelles." Dit-il.

-" Mais, le tableau, il est toujours à Poudlard, je lui ai parlé hier !" S'étonna-t-elle.

-" Tu as oublié que la copie de Dipett dans la bibliothèque est très bonne pour faire des liaisons."

-" Ahh." Se souvint-elle.

Hermione ferma les yeux un instant, se laissant posséder par les mains voraces du potioniste.

Se mordant la lèvre elle sentit ses hanches se balancer seules contre son bassin.

-" Il faut que je te repose une question." Chuchota-t-elle.

-" Mhh ?" Grogna-t-il laissant échapper un soupir voluptueux.

-" Qu'advient-il de nous ?"

-" Maintenant que la donne est changée, je suis tout à fait disposer à participer à ta crise de la trentaine avec un peu d'avance." Laissa-t-il planer en mimant un coup de reins en elle. " Et puis, je suis tellement jeune ici, mes articulations sont presque intactes... Et quand ça n'ira plus, tu pourras prendre tes jambes à ton cou quand bon te semblera." Dit-il.

-" Ce n'est pas mon souhait, j'ai vécu suffisamment longtemps avec toi pour savoir à quoi m'attendre et... Regarde-moi... Ma peau n'est plus flétrie, mes seins tiennent droit."

-" Tu étais parfaite, même à quarante-deux ans, avec tes cheveux blancs et tout ce qui t'incommodait."

-" Oh et j'imagine que si à soixante-deux ans et en des temps bien plus sombres, tu trouvais encore la force d'avoir une érection le matin alors ça me parait très prometteur... Quoi que... Ta barbe me manque."

-" Oui, c'est étrange de passer ma main sur mon menton et de constater son absence." Sourit-il.

En retour, elle se déhancha davantage, lui faisant aspirer l'air bruyamment.

-" Tout ce que tu as dit, sur ma vie hypothétique... C'est avec toi que j'en ai envie... Pas avec Ron." Reprit-elle.

-" Si tu es là, alors je n'en doute pas un seul instant... Je suis heureux de ne pas être un choix de dépit."

-" Donc tu veux enfin bien de moi ?" Demanda-t-elle naïvement.

-" Pour l'éternité."

Fin.


Note : Merci à vous pour votre suivi. Merci pour vos retours, merci pour l'accueil. Vous êtes formidables.

Ah et si vous croyez que c'est une fin heureuse... Je vous invite à lire entre les lignes.

Bisous.