Auteur : Nat, pour vous servir… sur un plateau des textes que personne n'avait envie de lire. Si vous n'avez besoin de rien, je suis là pour vous !

Disclaimer : Les elfes ne m'appartiennent pas, pas plus que la Terre du Milieu en général. Oui, je sais, c'est un scoop. Prévenez les médias. Par contre, les personnages racontant l'histoire sont des OC. Mais ils sont pas très importants.

Warnings : Je ne sais pas trop où je suis partie avec ce texte. J'avais juste envie d'écrire un truc sur ma famille elfique préférée qui dort à l'auberge et le bidule m'a échappé. …Si. C'est possible. Un texte qui échappe à l'auteur avec des personnages qui font ce qu'ils veulent, c'est possible, d'abord. Enfin bref. Du coup, je ne sais pas trop quoi mettre ici. A priori, y'aurait rien de trop choquant dans ce texte, c'est juste un truc bizarre sans être drôle, pour une fois. Et je crois pas que ça soit triste non plus. Au pire, vous me direz ce que vous en pensez. Donc voilà : Attention, euh… truc bizarre en approche.

°0oOo0°

Mohor

°0oOo0°

La salle commune de l'auberge était comble. Les lourdes gouttes de l'averse automnale qui s'était abattue sur le pays en fin d'après-midi avait largement contribué à l'entassement des voyageurs dans la grande et chaleureuse pièce à vivre. Une aubaine pour l'aubergiste, même si cela mettait le personnel dans tous ses états. Dans la cuisine, la Femme s'activait aux fourneaux. Deux gamins débauchés des fermes avoisinantes l'aidaient à laver la vaisselle, saucer les plats ou tourner la soupe. Assise sur son tabouret favori, auprès de la seule fenêtre, la Vieille devait avoir épluché des centaines de navets, carottes et autres rutabagas si l'on devait en croire les monceaux de déchets qui s'entassaient dans le baquet à ses pieds. La Petite, une gamine de treize ans particulièrement douée pour entasser les assiettes pleines sur ses bras sans rien faire tomber, galopait en tous sens perpétuellement chargée de mets appétissants à porter en salle ou de plats vides à faire laver. Quant au Petit, du haut de ses six ans, il était censé aider à la plonge mais excellait surtout à exaspérer son monde en traînant dans toutes les pattes qu'il croisait.

De derrière son comptoir où il servait à tour de bras la bière et le cidre, Mohor gardait un œil à la fois sur l'agitation de la cuisine et sur le bourdonnement des conversations de la salle commune pleine à craquer. Se trouvaient massés là des habitants du coin qui revenaient de la foire et s'étaient posés un instant avant de rentrer chez eux, deux caravanes de marchands Nains qui plaisantaient bruyamment dans leur langage guttural et comparaient leurs tarifs et marchandises, une poignée de baladins et quelques francs coureurs pour assurer leur protection, un beau chevalier de la maison de Hador avec sa dame et son écuyer… et d'autres encore. La foire, qui avait lieu à la ville proche, attirait chaque année les foules. Les Valar en soient loués, un bon tiers des clients de ce soir ne s'étaient arrêtés que pour souper. S'il avait fallu coucher toute cette assemblée, les lits auraient cruellement fait défaut : il ne lui restait plus qu'une chambre libre, au dernier étage de l'établissement.

Dans un grincement de gongs mangés de rouille et de panneaux de chêne malmenés par l'humidité, la lourde porte de l'auberge pivota sur elle-même. Luttant pour faire sauter le bouchon d'un tonnelet singulièrement récalcitrant, Mohor n'y jeta d'abord qu'un coup d'œil rapide, histoire de s'assurer que ni brigands ni va-nu-pieds n'auraient la prétention de pénétrer dans son établissement. L'allure pour le moins surprenante de ses nouveaux potentiels clients l'étonna tellement qu'il y jeta bien vite un second regard, puis un troisième, avant de finalement garder les yeux solidement ancrés sur la tripotée d'Elfes qui passaient en silence la vieille porte de la Tasse Vide. Perplexe, l'aubergiste se gratta la barbe. Il n'avait pas souvent l'occasion d'en voir mais, oui, ceux-là, il était certain qu'il s'agissait bien d'Elfes. La confusion le poussa un instant à se demander ce qu'il était censé faire de ces gens-là, mais l'approche de quelques habitués venant réclamer leurs boissons au comptoir lui remit les idées en place. Après tout, ce n'étaient que des clients comme les autres.

Mohor abandonna deux grandes cornes à bière à un gaillard qui les réclamait à corps et surtout à cris avant de tourner à nouveau son regard vers les arrivants. Les Nains, il avait l'habitude d'en voir, mais ce n'était pas souvent qu'il accueillait de ces gens aux oreilles pointues dans sa modeste auberge. Pour tout dire, c'était bien la première fois : ces individus-là préféraient ne pas se mêler au commun des mortels, quitte à camper dans les bois. Son grand-père lui avait dit une fois, quand il était encore tout petiot, qu'il avait été un temps où les Elfes paradaient en grands seigneurs sur ces terres qu'ils nommaient leurs et que les auberges, c'étaient eux qui les ouvraient pour y accueillir des Hommes tous écrasés par leur majesté. Mais cette époque était depuis longtemps révolue, les armées de Morgoth ayant infligé de cruelles défaites à ces nobles seigneurs, et les luttes intestines avaient fini le travail. La plupart vivotaient maintenant sur les côtes où ils avaient encore, paraissait-il, un semblant de roi. Les autres se cachaient dans les bois ou vagabondaient de ruines en ruines, discrets et sauvages. Parfois, certains venaient commercer avec les fermiers et les tisserands, à la foire. Mais, en dépit de leur déchéance, ils persistaient à regarder les Humains de haut, tous engoncés dans une espèce d'affable suffisance, et jamais ils ne s'arrêtaient à l'auberge.

Aussi Mohor fut-il particulièrement surpris de les voir franchir le seuil de son commerce. Le premier à entrer devait avoir du sang de géant, car il était si grand qu'il dut se baisser pour passer la porte –et Mohor pouvait jurer ses grands dieux qu'elle n'était pourtant pas basse. De la main gauche, le géant ôta le capuchon de sa cape trempée de pluie, révélant une épaisse chevelure d'un roux cuivré surmontant une figure aussi sévère qu'elle était longue et grise, et qu'agrémentaient moult cicatrices. L'individu, ne tarda pas à remarquer Mohor, jouissait en outre de l'ablation de sa main d'épée. Il portait des vêtements de voyage, simples mais taillés dans un tissu de grande qualité, et sa tunique sombre arborait une étoile savamment brodée. Ses yeux d'acier firent le tour de la salle commune, prestement, et il dût juger que la gargote lui convenait : il fit un pas de côté, essuyant discrètement ses bottes boueuses sur le paillasson, et les autres entrèrent à leur tour. La seconde personne à pénétrer dans la pièce était grande elle aussi, sans toutefois égaler l'Elfe roux. Les longs cheveux de jais élégamment tressés, le visage doux aux traits gracieux, les épais cils noirs bordant les lacs d'argent de ses yeux, les robes bleues elles aussi brodées d'étoiles et les deux petits enfants qui s'y cramponnaient, tout, jusqu'aux fines mains blanches et délicates, concourait à la désigner comme féminine; et lorsqu'elle glissa quelques mots à l'oreille du grand rouquin, lui abandonnant l'un des enfants, l'aubergiste assuma qu'elle devait être son épouse.

Les Elfes restants étaient entrés pêle-mêle : cinq en armes savamment couverts de mailles et de cuirs cirés qui devaient servir d'escorte à la petite famille, et deux autres vêtus plus simplement. Mohor avait vu suffisamment de nobles gens se succéder dans son auberge pour pouvoir identifier ces deux-là comme simples caméristes. Deux écuyers détrempés s'étaient finalement hâtés à l'intérieur, sans doute après avoir installé les chevaux à l'étable. Tout ce beau monde se décrottait poliment les pieds sur le paillasson râpeux lorsque la Petite passa près d'eux, deux bols de soupe fumante dans les mains. La femme en bleu l'interpella et lui posa une question que son père n'entendit pas. En revanche, il entendit la Petite crier dans sa direction, sa voix peinant à couvrir le brouhaha de la pièce :

« P'PAAA, 'RESTE DES CHAAAAMBRES ? »

Puis elle ajouta quelque chose d'inaudible à l'adresse de la femme, en désignant l'aubergiste du bout de son bol de soupe. Et elle disparut entre les tablées. La femme Elfe et le géant roux se frayèrent un chemin jusqu'au comptoir, leurs petits à la remorque piaulant dans une langue incompréhensible. Le rouquin arriva le premier, mais il ne devait pas parler le Langage Commun car ce fut la femme qui exposa leur requête d'une belle voix chaude et enrobée de miel, quoiqu'un peu grave.

« …Sommes rompus par la route, expliquait-elle avec les accents chantants de la langue elfique, et je crains que les enfants ne couvent quelque chose. Je préfèrerais qu'ils passent la nuit au chaud. Vous reste-t-il des chambres de libre ? »

Mohor avait jeté un regard aux enfants en question. Sept ans tous deux, peut-être huit. Cheveux bruns, yeux gris glacier, fossette au menton. Ils se tenaient bien pour leur âge, tout accrochés qu'ils fussent à leurs parents, avec la même goutte au nez, agités d'identiques tremblements dans leurs vêtements détrempés, et qui se donnaient le tour pour toussoter et renifler. Pas des gosses à faire coucher dehors par un temps pareil, c'était certain.

« J'ai plus qu'une chambre, messire, déclara-t-il au géant en se tournant vers l'homme par habitude, et au dernier étage en sus. Mais z'êtes chanceux : y trouverez un grand lit pour vous et votre épouse, plus un petit que vos enfants pourront s'partager. J'crois bien qu'y me reste une paillasse qui peut être mise au sol pour un d'vos caméristes. Les autres par contre, je serai bien en peine d'les loger. Mes gamins peuvent bien leur dégager des places dans la grange, y seront à l'abri du froid et d'la pluie… A moins qu'vous trouviez quelqu'un pour vous céder une autre chambre, c'est le mieux que j'peux proposer. »

Les Elfes s'étaient figés à ce discours, et Mohor se demanda si c'était sa proposition de faire dormir leurs gens dans la grange qui leur avait déplu. Puis, à sa grande surprise, la femme en bleu poussa un long soupir désabusé et le géant roux esquissa ce qui, sur toute autre figure que la sienne, aurait pu passer pour un sourire. Il désigna la femme Elfe d'un mouvement de tête :

« C'est mon frère. »

Il laissa gracieusement le temps à Mohor d'intégrer l'information et de se sentir rougir, puis il reprit d'une voix étrangement rauque et totalement dénuée du moindre accent elfique :

« Mais nous prenons la chambre. Installez-y votre paillasse, l'un de nous pourra y dormir. Nos caméristes passeront la nuit dans votre grange avec le reste de nos gens. Ne vous inquiétez pas pour les couvertures, ils ont les leurs dans leurs paquetages. Nous voulons seulement que les garçons soient au chaud. »

Ainsi s'était conclue l'affaire.

°0oOo0°

Voilà, voilà. J'aime me moquer de certains elfes, de temps en temps. : )

Oui, je commence une autre histoire. Mais elle est courte. Et déjà complètement rédigée depuis deux semaines, faut juste que je modifie un truc dans le cinquième chapitre et c'est bon.

Je ne sais pas si ce texte vous a plu ni si la suite vous intéressera, mais l'écrire m'a occupée pendant plusieurs soirées de vacances et je ne suis pas totalement mécontente de l'ensemble. Alors voilà, je le pose là, faites-en ce que vous voulez. Si vous avez envie de laisser un avis quelconque, tant que ce n'est pas un cassage en règle bête et méchant, je suis preneuse ! Bonne soirée et bon week-end !