Peste - 93 mots

Certains médecins disaient que c'était probablement la peste, cette maladie fatale qui empoisonnait l'Agenais depuis quelques temps. Il l'avait bien dit que partir en mission de pacification dans cet endroit contaminé était une mauvaise idée, qu'ils auraient mieux fait de partir en Dordogne quelques temps... Maintenant, son ami était gravement malade, c'était probablement très contagieux, et... Peu importait. La Boétie lui avait demandé de se tenir à l'écart, mais Montaigne n'avait pu s'y résoudre. C'était son ami. Son frère. Il resterait avec lui jusqu'au bout. Quels que fussent les risques pour sa santé.

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Laurier - 120 mots

Ils étaient assis ensemble à côté d'un bosquet de lauriers. Normalement, ils auraient dû se trouver à l'intérieur du Parlement de Bordeaux, en train de faire leur travail de magistrats, mais... eh bien, Montaigne ne lésinait pas à favoriser les loisirs au travail, et La Boétie, qui était si sérieux et impliqué pourtant, ne rechignait pas à se laisser convaincre de temps en temps. De toute façon, son ami avait été appelé à la Cour de France, il partait bientôt et ils ne se reverraient plus durant plusieurs mois. Alors, autant en profiter maintenant. Les autres parlementaires, tout amicaux qu'ils fussent, ne le persuaderaient sûrement jamais de prendre le soleil et de composer des vers durant les heures de travail.

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Siamois - 106 mots

Ils étaient tous les deux un peu comme des frères siamois. Pas de corps, mais d'âme : ils partageaient les mêmes ressentis, les mêmes intérêts, les mêmes buts, et quoi qu'ils ne fussent pas toujours d'accord, leur amitié ne s'encombrait pas de querelles ou de désapprobation. Ils se comprenaient avant tout, l'un savait ce qui était important pour l'autre, naturellement, entièrement. Ils n'étaient pas siamois de corps, ni même frères de sang, mais leurs deux âmes n'en formaient qu'une. Il étaient à moitié de tout. Leur amitié était profonde et entière; ce n'était pas pour rien qu'ils se donnaient, l'un à l'autre, le nom de "frère".

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Nager - 129 mots

"Éloignons-nous de cette peste ! Allons nager en Dordogne ! s'exclama soudain Montaigne avec enthousiasme en faisant mine de se lever de son siège."

La Boétie l'attrapa par la veste et le ramena à sa place sans difficulté; il avait anticipé le mouvement de son frère d'alliance -ce n'était pas difficile, ça faisait des heures qu'il parlait tout seul pour essayer de trouver un moyen d'échapper à ses obligations. Pour sa part, il n'était d'ailleurs pas question qu'il s'y dérobe. S'ils faisaient tout ça, c'était pour ramener la paix sur le pays entre Catholiques et Protestants.

Au final, il aurait dû écouter son ami et s'éloigner quelques temps avec lui. Car la peste l'avait rattrapé. Et plus jamais son si cher ami ne pourrait connaître le bonheur après ça.

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