Bonjour à tous,

Voilà je me lance, c'est la première fois que j'écris.

Une petite Dramione sans prétention...

L'univers et les personnes appartiennent à JKR ;)


Edit Octobre 2019: version revue et corrigée avec l'aide de Lyra Verin que je remercie chaleureusement !


Chapitre 1: Thomas Nott

Théodore Nott pénétra dans son Manoir complètement exténué. Il venait de passer la nuit au chevet de son père mourant et y serait toujours si les médicomages ne l'avaient pas gentiment poussé vers la sortie, le sommant de se reposer un peu. Cela faisait maintenant cinq ans que Nott Senior était hospitalisé à Sainte Mangouste, mais depuis quelques jours, son état s'était rapidement dégradé. Théodore sentait qu'il ne tiendrait plus longtemps si les guérisseurs ne trouvaient pas rapidement une solution. Malheureusement il ne gardait que peu d'espoir.

Vers la fin de la guerre, Voldemort sentant sa fin approcher, s'affaiblissant à chaque horcruxe détruit, avait voulu recruter davantage de Mangemorts. Les premiers désignés avaient été les enfants des pionniers. Si la plupart s'étaient sentis honorés, d'autres, qui commençaient à prendre conscience de la folie du Grand Mage ou de sa perte, avaient pris peur, ne souhaitant pas de cette vie pour leurs adolescents.

Thomas Nott avait fait partie de ces réticents.

Lui, le fervent partisan de la première heure. Mais cette seconde guerre, il l'avait vécue différemment. Depuis, il était devenu père et surtout, il avait perdu son épouse, celle qu'il aimait par-dessus tout. Et cette douleur qui l'avait martelé chaque jour, il refusait de la vivre à nouveau. Alors, il avait préparé sa fuite avec son fils unique. Il avait contacté l'Ordre du Phénix qui, après moult rencontres, avait accepté de leur offrir asile et protection. Mais tout ce manège n'avait pas échappé à un Voldemort plus paranoïaque que jamais.

Fou de rage, il avait pointé sa baguette sur Nott en pleine réunion, pour que tous voient et craignent sa fureur. Sans même le regarder, il lui avait lancé un sort informulé. Mais pas un Avada Kedavra, non, la mort aurait été un trop beau cadeau pour ceux qui l'avaient trahi. Un sort de magie noire, ancienne, un sort qui l'avait fait souffrir dès qu'il l'avait atteint et qui le ferait souffrir jusqu'à sa mort. Une sorte de Doloris permanent venant par vague, laissant juste au corps le temps de récupérer entre deux crises.

La dernière pensée lucide de Thomas avait été le soulagement d'avoir réussi à mettre son fils à l'abri quelques heures plus tôt, une imprudence qui l'avait certainement trahi, mais cela lui avait peu importé à l'époque, car déjà la douleur le faisait sombrer dans l'inconscience. Seul son corps traversé de soubresauts avait révélé son état vital.

Voldemort l'avait gardé là, au milieu de la salle de réception du Manoir des Malefoy, signe qu'il avait voulu dissuasif, ordonnant qu'on l'abreuve et qu'on le nourrisse dans ses moments d'éveil pour éviter sa mort et prolonger le supplice au maximum.

A la chute du Lord la semaine suivante, Lucius et Narcissa Malefoy l'avaient immédiatement conduit à Saint Mangouste. Mais l'effervescence qui y régnait suite à la Grande Bataille, n'avait pas permis une prise en charge optimale. Dans l'urgence, les médicomages l'avait plongé dans un coma magique, dont ils ne l'avaient sorti que quelques semaines plus tard.

A ce moment là, Théodore, qui avait rapidement appris la nouvelle, était venu le voir chaque jour. Il avait été fou de joie d'apprendre son réveil, mais son père n'avait émis que de faibles gémissements, n'arrivant même plus à crier sous la douleur. Celle-ci s'était vue uniquement à ses traits crispés ainsi qu'à son corps tendu et tremblant.

Cela avait duré une vingtaine de minutes avant qu'il ne s'évanouisse à nouveau. Un jour, une infirmière lui avait expliqué qu'au vu de leurs efforts toujours vains de guérison, ils se résignaient à ne donner plus que des soins palliatifs. Il avait maudit l'incompétence des médicomages. Et au bout d'un an, ne supportant plus d'assister impuissant à la souffrance de son père, il avait arrêté ses visites.

C'était seulement il y a un an et demi, après avoir reçu une lettre inattendue, qu'il s'était promis de ne plus abandonner son père, celui qui avait tout perdu pour le sauver lui.

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Hermione Granger était épuisée. Sa garde n'en finissait pas. En réalité, elle s'était terminée depuis trois heures, mais comme à chaque fois qu'un cas lui tenait à cœur, c'est-à-dire souvent, elle jouait les prolongations.

Après la guerre, Hermione avait tenu à passer ses ASPIC avant de se diriger vers des études de Médicomage qu'elle avait brillamment réussies, il y avait un an à présent. Si plus jeune, elle n'avait jamais vraiment envisagé cette branche, cela lui était venu comme une évidence à sa sortie de Poudlard. Sainte Mangouste vivait alors une pénurie d'infirmiers et guérisseurs, conséquence des nombreux cas lourds qui y séjournaient victimes de Voldemort et de ses partisans.

Aujourd'hui, toute son attention était retenue par Thomas Nott, cet homme qu'elle avait détesté puis appris à apprécier à travers son fils.

Cela avait été sa première surprise lorsqu'elle avait fait son stage à Sainte Mangouste, lors des six derniers mois de sa formation. De nombreux Mangemorts étaient également hospitalisés, victimes de Voldemort lui-même ou de proches de disparus qui avaient agis par vengeance. Car dans une guerre, rien ni personne n'était tout blanc ou tout noir et ça Hermione avait fini par le comprendre.

Quand elle avait vu cet homme alité, semblant souffrir le martyr, elle avait eu un pincement au cœur. Puis elle avait lu son nom dans son dossier « Nott » et un frisson l'avait parcourue. Elle ne l'avait pas reconnu, ne l'ayant jamais vu qu'au travers d'un masque, mais le souvenir de la bataille au département des mystères, ainsi que la mort de Sirius, lui était revenus comme un flash. Malgré tout, en tant que la professionnelle qu'elle tentait de devenir, elle s'en était occupée comme de tout autre patient.

Un soir, alors qu'elle entrait dans sa chambre pour lui administrer une potion anesthésiante, elle avait été surprise d'y trouver quelqu'un. Narcissa Malefoy avait été assise là, à côté du lit de Thomas, lui tenant la main, silencieuse. A l'arrivée d'Hermione, elle lui a avait lancé un regarde surpris. Hermione qui l'était tout au tant, lui avait bafouillé qu'elle repasserait plus tard.

- Attendez ! l'avait alors interpellée Narcissa. D'habitude, cela ne dérange pas que je sois présente mais je peux sortir si vous le souhaitez. Miss Granger, c'est bien cela ?

Ainsi donc, Narcissa Malefoy rendait régulièrement visite à Monsieur Nott. Dans le fond, c'était logique, entre Mangemorts, ils devaient sûrement être amis, avait pensé amèrement Hermione. Puis elle s'était dit qu'elle était injuste, Narcissa et la famille Malfoy avaient été innocentées, par Harry de surcroît. Sans cette femme, si hautaine soit elle, Harry et le monde sorcier tel qu'il était, ne seraient plus.

- Je sais que vous ne nous appréciez pas beaucoup, et je le comprends aisément, avait continué Madame Malfoy, sortant Hermione de ses pensées. Mais Thomas ne mérite pas ce qu'il lui arrive.

Hermione s'était alors approchée du malade, indiquant à Narcissa qu'elle pouvait rester. Au fil de ses visites, la femme lui avait raconté comment il en était arrivé là, les risques qu'il avait pris pour sauver son fils, la torture et l'humiliation que lui avait fait subir Voldemort, comment elle et son mari l'avaient retrouvé agonisant au milieu de leur salon. Elle lui avait confié ne pas être très proche des Nott auparavant, mais elle avait admiré son sacrifice et le courage dont il avait fait preuve. Estimant qu'il ne devait pas subir cette épreuve seul, elle se rendait régulièrement à ses côtés.

Hermione avait été touchée par cette histoire. Elle comprenait difficilement que Théodore, soit absent . Quel genre d'homme abandonnait son propre père, celui-là même qui avait perdu gros pour lui éviter l'enfer?

Une nuit, réveillée par des cris provenant de la chambre de Thomas Nott, elle s'était rendue à son chevet, tentant, sans résultat, de le soulager à l'aide de divers sortilèges. Dépitée que ses trois ans d'études ne lui soient pas d'une grande utilité, elle avait décidé d'outre passer son rôle de soigneur. Elle devait faire plus. Elle avait pris une plume et un parchemin sur lequel elle avait écrit une longue lettre à Theodore, expliquant sa rencontre avec Narcissa, tout ce qui avait été vainement tenté jusqu'à présent, n'oubliant pas d'y mentionner les fois où, entre deux crises, dans un semi-sommeil, Monsieur Nott prononçait le nom de sa femme et de son fils.

Trois jours plus tard, Théodore était là.

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« Toc-toc-toc »

- Oui c'est bon, j'arrive, grommela Théodore en sortant de son lit. Il jeta un œil à sa montre – cinq heures. Il ne dormait plus de toute façon.

Il ouvrit la fenêtre de sa chambre pour laisser entrer un oiseau qui laissa tomber un parchemin au sol. Il n'eu pas le temps de lui donner une friandise que la chouette avait déjà rebroussé chemin. Il ramassa la lettre, et si ce n'était pas réellement une surprise, sa lecture lui retourna l'estomac.

Théodore,

Le médicomage en chef pense que ton père ne survivra pas à la prochaine crise.

Viens dès que possible,

Hermione

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Hermione et deux autres médicomages s'activaient autour du mourant. Ils faisaient tout leur possible pour qu'il puisse partir paisiblement. Ils pouvaient user de potions et sortilège sans se soucier de la dose létale, c'était fini de toute façon.

Son attention fût attirée par le bruit de la porte. Petit, maigre, les yeux fatigués, Theodore se tenait devant elle, fébrile. Il n'avait pas tardé après son courrier. Il avait juste enfilé une chemise et un pantalon noirs, comme toujours, avant de transplaner jusqu'à Sainte Mangouste.

- On sera avec lui jusqu'au bout, lui dit Hermione en serrant sa main dans une tentative de réconfort.

- Je sais, murmura Thėo, le regard vide.

Ils en avaient parlé tellement de fois.

Quand il avait fait la connaissance d'Hermione, un an et demi auparavant, enfin quand il avait réellement appris à la connaitre puisqu'ils se connaissaient depuis leurs onze ans, il s'était lié d'amitié avec la jeune femme. Ensemble, ils avaient fait de nombreuses recherches pour tenter de découvrir le maléfice dont était victime son père. Et ils avaient fini par trouver, le Sine Fine Dolorum.

Malheureusement cela n'avait pas suffit car ils n'avaient jamais trouvé de contre-sort. Les rares livres qui en parlaient témoignaient de cas de suicide ou de proches qui avaient eux-même mis fin au supplice en leur lançant le sortilège de mort. Théo avait été dépité, comprenant qu'il ne sauverait jamais son père. Mais Hermione, avait été là, lui offrant un appui indéfectible dont il ne la remercierait jamais assez. Elle lui avait parlé de l'euthanasie chez les moldus mais il n'avait pu s'y résigner. Elle lui avait expliqué qu'un corps normalement constitué ne pouvait supporter une telle douleur plus d'un dizaine d'années, mais que son père déjà âgé ne survivrait pas autant de temps. Elle l'avait préparé doucement à ce jour tant redouté.

Le fils pris place à côté du lit, posant une main sur celle de celui à qui il devait la vie. La porte s'ouvrit à nouveau sur Narcissa. Hermione s'était permise de lui envoyer un hibou. Elle avait toujours été présente et serait certainement un bon soutien pour Théo.

Ils restèrent ainsi une vingtaine de minutes, jusqu'à ce que Hermione voie une larme couler sur la joue de son ami. Voilà c'était fini, il avait senti sa respiration déjà faible, s'amoindrir encore jusqu'à s'arrêter complètement.

- Tu veux que je te ramène un thé ? lui demanda Hermione, brisant le silence qui était devenu pesant.

Il fit non de la tête et tous sortirent pour qu'il puisse se recueillir en toute intimité.

En sortant de la chambre, Hermione vît Drago Malefoy appuyé contre un mur. Il avait dû accompagner sa mère. Elle ne l'avait plus revu depuis son procès, il y a presque cinq ans.

- Malefoy, le salua-t-elle.

Elle s'attendait à ce qu'il lui lance un petit rictus moqueur, comme à l'époque, mais il n'en fit rien, se contentant de répondre par un signe de tête. Il l'observa une seconde avant de reporter son attention sur sa mère qui la suivait. Hermione se demanda finalement s'il l'avait reconnue.

- Madame Malfoy, je dois rédiger le rapport du décès avec mes collègues. Je serai de retour dans deux heures. D'ici là, Théo aura peut-être besoin d'une présence à ses côtés, pourriez-vous…

- Évidemment, Miss Granger, la coupa Narcissa, je vais rester jusqu'à votre retour.

- Je vous remercie.

- Voyons, il n'y a pas de quoi, très chère. Puis je sais que vous avez fait beaucoup pour lui, mais le monde des Sang-pur est, disons particulier, et vu qu'il est dorénavant orphelin, je pense l'aiguiller dans ses démarches.

- Oui, j'imagine qu'il appréciera. Hermione savait effectivement que la noblesse sorcière était très codifiée, et n'en connaissait pas tous les rouages .

Drago suivait la conversation légèrement stupéfait. Depuis quand sa mère entretenait une relation cordiale avec Granger ? Il avait été un peu surpris quand il l'avait vue sortir de cette chambre, ne s'attendant pas à la voir ici. D'ailleurs, il ne savait pas du tout ce qu'elle était devenue. Ils ne côtoyaient visiblement pas les mêmes milieux, et il avait arrêté de lire la presse après son procès, ne supportant plus de constater les abominations que les journalistes se plaisaient à publier sur le compte de sa famille.

Il se rappela finalement que sa mère avait déjà parlé de la si charmante mage qui s'occupait de Nott senior. Charmante ? Sa mère devait être tombée sur la tête. Il comprenait toutefois qu'elle n'ait pas précisé son nom devant son paternel. Bien que sa famille fût ressortie blanchie de la deuxième guerre, elle le devait plus au courage de sa mère qu'à son père qui, s'il n'était plus aussi radical, continuait de penser qu'il existait une hiérarchie dans le monde sorcier, les Sang-Pur à sa tête.

Lui ne partageait plus ce point de vue. La guerre avait laissé des marques, changeant la société sorcière irrémédiablement. Mais delà à trouver Granger charmante, il y avait un monde!