Chapitre troisième

Dans la volière, Sirius était pétrifié plus efficacement qu'avec un sort. Il regardait avec horreur, crainte et espérance la personne qui l'avait pris la main dans le sac.

- Tu n'essayais tout de même pas de contacter Harry par ce hibou ? demanda une voix insidieuse.

- J-je …

Sirius était incapable de répondre quoi que ce soit, il regarda l'homme en face de lui. Fatigué, les traits tirés, mais cela pouvait s'expliquer par la pleine lune approchant, des mèches commençant à grisonner à son âge, pourtant pas si vieux, et des habits rapiécés. Un peu maigre aussi, mais il n'eut aucun mal à le reconnaître.

- Remus …

- C'est mon nom, fit le loup-garou.

Le lycanthrope s'approcha d'une chouette, sûrement pour donner l'alerte. Sirius ne savait pas quoi faire ni quoi dire, alors il dit la première chose qui lui vint à l'esprit.

- C'était une lettre de Harry.

Remus se retourna en quête d'une explication, pas sûr d'avoir correctement compris, même si les sens du loup lui indiquaient clairement ce qu'il avait parfaitement entendu.

- La lettre, c'est Harry qui voulait l'envoyer, expliqua Sirius.

- Comment ça ? Quand ? Comment l'as-tu approché ? menaça le postier.

- De-depuis toujours, hésita le fugitif. Depuis ce soir-là, je suis aux côtés de Harry.

- Tu-

- Remus, un problème ? s'éleva une voix depuis la poste.

Avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste, un grand chien noir lui passait entre les jambes et fila à travers la sortie. Plantant là, Remus et le second postier qui venait d'arriver.

- Ce chien a attaqué les hiboux ?

- Non, je suis arrivé juste à temps, j'ai dû lui faire peur …

- Ma foi, fit l'autre homme en comptant les hiboux. Par Merlin, il nous en manque un !

- Non, je viens d'envoyer une lettre, dit Remus automatiquement en se fustigeant d'aider celui qu'il avait cru être son ami.

- Ah ? Toi, envoyer du courrier ? T'as quelqu'un à qui écrire ? ria le postier. D'ailleurs, t'as dû te tromper de papier, ta lettre est sur ton bureau, signala-t-il en retournant dans les bureaux.

Remus arriva à son tour et regarda le bout de papier plié en lisant « Pour Remus » de cette écriture. Son écriture.

- Jolie écriture. Dis-moi, je serais curieux de rencontrer cette demoiselle à l'écriture si soignée, siffla le postier avec un sourire goguenard à Remus en lui donnant la lettre. T'as raison de lui répondre si vite !

C'est sur ces bonnes paroles que l'homme repartit se coucher en laissant seul Remus qui tomba sur sa chaise, scié que Sirius ait eu le culot de lui laisser une lettre en le fuyant.

« Pour Remus », il n'était même pas drôle se dit le destinataire. Il déplia la lettre pour découvrir quelques mots griffonnés à la-va-vite, comme sur ses notes de cours à l'époque des maraudeurs. Peut-être que si finalement, Sirius avait toujours son humour douteux. Il avait fait passer cette lettre pour un pli amoureux avec son écriture bien soignée sur le dessus mais il n'avait pas hésité à écrire comme un cochon à l'intérieur.

« Dans trois jours, parc de jeux de Magnolia Crescent, Little Whinging, 10h »

Dans la banlieue moldue, un grand chien noir courait comme un dératé à travers les rues, cherchant à mettre le plus de distance entre lui et le loup. Il fallait qu'il prévienne Harry. Finalement le gamin allait bien piquer sa crise, il avait modifié ses plans sans même le vouloir. C'était bien sa veine ! Il entendit au loin sonner les coups de trois heures du matin. En réalité, mieux valait informer le gamin plus tard, une bonne nuit de sommeil s'imposait en premier lieu.

En rentrant en douce dans la maison de la famille, si on pouvait appeler ces gens ainsi, Sirius sentit très clairement l'odeur de l'angoisse émanant de la chambre de l'enfant. Cela n'aurait pas été la première fois qu'Harry faisait un cauchemar en relation avec son passé mais l'odeur était différente, elle n'avait pas cette panique que provoquait la tristesse ou la peur.

- Allons, bon, qu'est-ce qu'il a encore fait, bougonna Sirius qui voyait sa nuit lui échapper. Il le pressentait.

Dans la chambre, Sirius trouva Harry assis sur son lit, regardant le ciel à travers sa fenêtre, parfaitement réveillé. Ce dernier tourna sa tête vers lui et se mordilla la lèvre. Le canidé soupira et s'assit au bord du lit et passa sa main dans les cheveux en bataille de son filleul pour l'encourager à parler.

- … Je crois qu'on va avoir un problème, chuchota Harry.

- Ce ne serait pas nouveau. C'est quoi cette fois ? demanda Sirius sur le même ton.

- Rogue … il peut lire dans les pensées …

- … … Et tu ne pouvais pas le dire avant que je n'envoie cette lettre ?!

- J'ai oublié …, se justifia l'enfant mais réellement embêté lui aussi.

- Je le savais, soupira Sirius, c'est pas tout de suite que j'irais dormir. De toute façon, tant que nous y sommes, Remus passera dans trois jours.

- … Et tu ne pouvais pas le dire avant ?! singea Harry.

- Bon, d'accord je me rends, sourit Sirius. On est tous les deux fautifs. Mais quelle équipe de bras cassés, j'te jure.

Harry s'écroula sur ses genoux, secoué de spasmes, qu'il retenait plus ou moins bien alors qu'il riait silencieusement. Sirius laissa échapper un rire qui ressemblait fort à un jappement avant de redresser Harry pour le recoucher.

- Aller mini Cornedrue, au lit ! On verra pour tous ces problèmes demain matin car franchement, l'aller-retour à l'autre bout de la ville pour poster ta lettre, c'est fatiguant. Même pour un chien.

- Mais qu'est-ce que tu faisais aussi loin ?! Il devait y avoir une poste sorcière plus près !

- Oui, mais mieux vaut prévenir que guérir comme on dit. Maintenant, au lit !

Sans pouvoir protester, Harry se retrouva bordé par Sirius qui l'embrassa sur le front avant de se rouler lui-même en boule, sous sa forme de chien au pied du lit.

- J'ai passé l'âge Tonton, souffla Harry alors qu'il crut voir le chien lever les yeux au ciel. Et je savais pas que tu connaissais des expressions moldus …

Sur ces mots, il s'endormit alors que le chien ricanait les babines retroussées. Il se leva et se plaça en travers du lit, s'allongeant de tout son long sur la largeur, toujours au pied du gamin.

Le lendemain, toujours dans le parc, Sirius faisait l'école à un Harry ravi de cette leçon d'étiquette sang-pur.

- Tonton, franchement …

- C'est toi qui m'as demandé de t'apprendre tout ce que je sais sur le monde sorcier, le coupa Sirius. Et en tant qu'héritier du titre de Lord Potter, les cours d'étiquette, de bienséance, de lois, de droit et de tout ce qui va avec sont inclus dans le lot. Quand bien même, je ne serais pas pour, je t'instruirais malgré tout. Donc, on reprend. Et si tu me coupes la parole, je te donne des devoirs ! prévint Sirius.

Harry se tut mais bougonna quelque chose à propos de vacances d'été et de travail mais écouta le plus religieusement possible son professeur personnel improvisé.

- Il faut aussi que tu saches, Harry, que chaque famille de sang-pur a en sa possession un livre propre à chaque famille, un grimoire. Dedans se trouve des sorts, des potions, des enchantements, des malédictions, des-

- Les enchantements et les sorts ne sont pas la même chose ? coupa Harry.

- … Tu ne sais pas la différence ?

- Non.

- Je ne sais pas ce qu'on vous apprend en Défense Contre les Forces du Mal mais ton prof a oublié la plus élémentaire des leçons, se désola Sirius. Je suppose qu'avant, la malédiction du poste était toujours là ?

- Oui et les profs étaient, pour la plupart, des incompétents et des incapables, râla Harry. Sauf Lunard en troisième année comme je te l'ai déjà dit.

- Je vois ça, grogna Sirius, ça, ça s'apprend en première année, première leçon et c'est au professeur de Défense Contre les Forces du Mal de vous apprendre cette distinction. Ce n'est pas à Flitwick de le faire, après tout son métier est d'enseigner des sortilèges et enchantements pas d'en faire la distinction pour vous défendre. Donc, en fait, tous sont des sortilèges mais on y distingue plusieurs catégories. Il y a les sorts, qui utilisent une magie dite neutre, les enchantements qui utilisent la magie dite blanche et les maléfices, celle dite noire. Après il y a les bénédictions et les malédictions, mais elles relèvent d'une utilisation de la magie d'un niveau supérieur. Voilà pour la différence. Par contre un enchantement peut être aussi dangereux qu'un maléfice et inversement un maléfice aussi doux qu'un enchantement. Tout dépend de l'utilisation que tu en fais et de tes intentions.

- Donc, il y a bien une magie blanche et une magie noire et tu dis aussi qu'une magie neutre existe, reprit Harry plus perdu par ce fait que par la différenciation des types de sortilèges.

- Non, une magie est dite blanche, dite noire et dite neutre ou grise. Tout tient dans le « dit ». Par exemple, en Chine ces magies sont symbolisées par le yin et le yang. Mais m'en demande pas plus, je ne suis pas du tout qualifié pour t'enseigner les différences précisément. Pour en revenir au début, ces livres familiaux contiennent plusieurs informations qui sont propres à chaque famille. On peut retrouver, par exemple, une même potion chez deux familles différentes mais une famille ayant accentuée plus une caractéristique pendant qu'une autre aura rajouté ou changé un ingrédient. Au final, même si la potion de base est la même, elle est complètement différente.

- On dirait ces recettes de grand-mère qu'ont les moldus quand ils s'échangent la recette d'un plat depuis des générations. La plus jeune est chargée de perpétuer le plat mais en l'améliorant ou en le modifiant.

- C'est ça. En fait, les recettes de grand-mère moldus comme tu dis, ont d'abord été inspirées par les sorciers. Certaines familles s'échangeaient le livre aux yeux de tous et ils disaient qu'il s'agissait de veilles recettes de famille. Les moldus ont pris ces recettes pour des plats.

- Je n'ai jamais vu ce livre, réfléchit Harry en pensant à son passé.

- … Tu n'es pas allé au manoir Potter avant ?

- J'ai un manoir ?!

Sirius grogna encore une fois. En fait, il grognait beaucoup pendant ces leçons en découvrant l'ignorance de son filleul concernant leur monde. Quelques fois, il s'en arracherait les cheveux comme à cet instant.

- Personne ne t'a remis ton héritage ? Non, ne dis rien, tu ne savais même pas que tu avais un héritage hormis ton coffre pour les études à Gringotts. Sirius se pinça l'arête du nez alors qu'il sentait un mal de crâne poindre.

Bon, je ne t'ai pas parlé de ce livre pour rien. Dans celui des Black, il existe une recette pour se protéger de la legilimancie, même si en théorie ne pas regarder Rogue dans les yeux serait suffisant. Mais il se douterait de quelque chose.

- Je ne t'avais pas dit qu'il était Legilimens.

- Non, mais il n'y a pas trente-six moyens de lire dans les esprits. De toute façon, ce sort te protégera contre toutes intrusions dans ton esprit quelle qu'elle soit. Mais pour cela, je vais avoir besoin de toi Mini Cornedrue.

- Oui ?

- Il faudrait que tu te procures une bougie blanche, un objet en métal - de préférence une clef ou une pièce - un objet tranchant et une corde pour faire une attache de collier.

- Tante Pétunia a toujours des bougies rangées dans le placard sous l'escalier. Pour le couteau il suffit d'en prendre un dans la cuisine mais pour la clef … Je suppose qu'une pièce d'argent moldu ne marchera pas ?

- Non, de l'argent sorcier. Mais pour la clef, j'ai peut-être une idée. Cette nuit, je suis passé devant un magasin d'antiquité, peut-être qu'ils auront des clefs.

- Je ne pense pas pouvoir aller en ville comme ça.

- Ah ! Mais non, il est juste quelques rues plus loin.

- Je ne savais même pas qu'il y avait un tel magasin ici.

- Maintenant tu sais, fit Sirius en se levant pour épousseter. T'as de l'argent ?

- Je pense que Dudley doit en avoir dans sa tirelire ! fit Harry en faisant de même.

- Mouais, ronchonna Sirius, pas vraiment ravi que son filleul devienne un pseudo voleur de tirelire mais il ne dit rien de plus puisqu'il n'avait pas d'argent non plus.

Harry rentra à la maison, toujours suivi par son fidèle chien noir, sous le regard de Mme Figgs qui trouvait le chien de plus en plus louche.

Dans la maison, Harry monta à l'étage où il trouva son cousin allongé ou plutôt échoué sur son lit, un comics dans les mains.

- Dudley, j'ai besoin d'argent, fit Harry dans l'encadrement de la porte.

- Parce que je vais t'en donner peut être ? répliqua son cousin en plongeant la main dans un paquet de bonbon dissimulé de l'autre côté du lit.

Sirius se serait tapé la tête sur le plancher si cela n'avait pas accentué son mal de crâne. Mais pourquoi Harry demandait la permission ? Ils savaient que Dudley ne serait pas d'accord, mais au moins en douce ils auraient pu prendre l'argent même si l'autre morse allait cafter plus tard et ils auraient eu cette fichue clef !

- Oui, parce que tu vas nous accompagner, Patmol et moi, chez un antiquaire du quartier. Je suis sûr que là-bas tu pourras trouver le fusil que tu n'as pas eu pour ton anniversaire.

Dudley regarda son cousin un moment par-dessus sa bande-dessinée, voulant savoir s'il se payait sa tête. Pourtant, Harry avait toujours été plus ou moins gentil avec lui, même s'il était distant.

- T'as intérêt à avoir raison, fit Dudley se relevant pour prendre sa tirelire et rejoindre Harry. Mais ton chien reste ici !

- Non, on a besoin de Patmol.

- Laisse-ton chien ici, on n'a pas besoin de lui pour m'acheter mon fusil.

- Et moi je te dis que si ! Suis-moi et tu verras !

Harry se retourna et descendit l'escalier avec son chien, l'oncle Vernon le regardait suspicieusement alors que son cousin le suivait.

Dans la rue, le soleil haut dans le ciel tapait fort en cette mi-juillet, alors que ce trio étrange se faisait guider par un chien ronchon. Quelques rues plus loin, les cousins se trouvèrent devant la devanture d'un vieux magasin avec un panneau affichant « Vente et reprise d'objet en tout genre depuis les Fondateurs ».

- Tonton, on a besoin de toi maintenant.

- Wouf !

A la surprise de Dudley, le chien alla se cacher dans les buissons pour laisser sortir quelques secondes plus tard un homme proche de la trentaine pas vraiment ravi.

- Je te préviens gamin, je n'achète pas d'arme !

- Hein ? s'offusqua Dudley, oubliant le phénomène étrange auquel il venait d'assister. Je veux mon fusil ! Sinon je repars avec l'argent, dit-il en ayant compris que Harry avait vraiment besoin de cet argent. Sinon, il ne l'aurait pas laissé voir son chien sous forme humaine même s'il s'en doutait depuis longtemps.

- Je te signale que je viens de me transformer de chien en humain presque sous tes yeux et toi, tu t'intéresses encore à ton joujou à feu ?! se vexa Sirius du peu de cas que faisait Dudley de son tour de magie.

- C'est pas nouveau, je savais déjà que t'étais pas un chien normal, haussa des épaules l'enfant enrobé. Donc, mon arme et mon silence auprès de papa et maman contre l'argent ?

Harry regardait son cousin d'un œil nouveau. Il était plus intelligent qu'il en avait l'air et surtout …

- Dudley, tu n'as pas peur de la magie ?


Hello ! Et un chapitre de plus ! J'espère qu'il vous aura plus. ^^

Merci à Angelyoru, lesaccrosdelamercerie, Pims10, Lia9749, Cocochoco78, aurel8611 et La louve 51 pour leur review !

On se retrouve le premier avril pour le chapitre 4,

Triple A.