Heyy tout le monde !

J'espère que cette histoire vous plaira. J'y mets tout mon coeur donc n'hésitez pas à me donner votre avis.

Pendant l'écriture, j'ai écouté "When You're Gone" d'Avril Lavigne.


Ma Lilly,

Un an. Ça fait un an. Tu es partie. Tu m'as laissé alors qu'on s'était promis le contraire. Je ne t'en veux pas. Du moins, je ne t'en veux plus. Ta vie aura été difficile jusqu'à a fin. J'espère juste l'avoir égayée un minimum. C'est ridicule. Je suis parfaitement ridicule de t'écrire ces choses futiles alors que j'ai tellement plus important à te dire. Mais je n'ai pas le choix alors je laisse mes pensées se libérer, sans les retenir, priant que ça soit utile. La psy et Stillman l'ont exigé. Il se sent coupable tu sais. Ils se sentent tous coupables. Et moi… moi je suis rongé par la culpabilité et le chagrin. Je ne devrais pas. Après tout, tu as dit 'hey' et je suis venu. Je suis venu. Mais cette culpabilité ne me quitte pas Lil'. Tout comme elle ne quitte pas les autres. Si tu étais là, tu saurais quoi me dire. Mais si tu étais là, je ne ressentirais pas cette culpabilité. Si tu étais là, tout irait mieux. Parce que si tu étais là, aucun de nous ne serait contraint de vivre avec cette culpabilité sur la conscience. Parce que si tu étais là, nous irions tous bien. Parce que si tu étais là, nous n'en serions pas là.

J'aurais aimé te dire tellement de choses ma Lilly. Si tu savais toutes ces choses tu me rirais sans doute au nez. Mais tu n'es plus là et je n'ai plus rien à perdre, si ce n'est un boulot qui est bien triste sans toi. Tu es partie avec une part de moi Lil', et ça fait si mal. Depuis ce fameux sept Mai, il s'est passé tant de choses. Tu aurais mérité de les voir, de les vivre, plus que quiconque. Mais tu n'es plus là et certaines ne seraient jamais arrivé si tu n'avais pas succombé ce soir-là. Dans mes pires moments, je t'en veux encore alors que c'est ma faute. C'est ma faute et c'est à toi que j'en veux. Ridicule. Horrible. Je suis horrible. Comment pourrais-je être autre chose en même temps ? Je n'ai jamais su t'aider, je ne sais même pas si j'ai déjà réussi à te rendre heureuse. Vraiment heureuse, je veux dire. J'étais ton équipier, j'étais censé te rendre heureuse, t'aider, te protéger, toutes ces choses pour lesquelles j'ai échoué. Lamentablement échoué. Irrémédiablement échoué.

Tu ne liras jamais ces mots pathétiques alors autant écouter leur conseil jusqu'au bout. D'ailleurs, tu l'aurais trouvé ridicule ce conseil, et tu ne l'aurais certainement pas mis en pratique, si les rôles avaient été inversés. Déjà, tu n'aurais peut-être pas capitulé à la demande de Stillman de voir un psy. Quoique dans mon état je n'ai pas pu résister longtemps. Mon état, je ne sais comment t'en parler. Enfin, ce n'est pas comme si j'en parlais à qui que ce soit d'autre que la psy. La mort d'Elisa me semble presque anecdotique à côté de la tienne Lilly. C'est atroce à dire. Mais Elisa était malade, et elle l'a choisi. J'ai réussi à accepter ce fait. Mais toi, tu n'as pas choisi de mourir. Tu as choisi de jouer les héroïnes, pas de prendre une balle, pas de laisser tomber ton job, tes amis, moi. Tu n'as pas choisi tout ça Lils et c'est en ça que ta mort est si insurmontable. Parce qu'elle l'est, même un an après. Je ne sais pas si c'est à cause de ce que je ressentais pour toi, et ressens toujours d'ailleurs, ou si c'est pour tous les autres pareil. Mais ton décès a, en quelques sortes, détruit la Criminelle tout entière. L'équipe n'est plus pareille sans toi. Tu étais le cœur de notre équipe Lil', à tel point que Nick est reparti sur le terrain. Kat a fait une demande de transfert. Jeffries semble moins attaché aux affaires classées que quand tu étais parmi nous. Quant à Stillman et moi, c'est le contraire. Nous nous sommes enfermés dans notre boulot, parce que c'est ce qui nous rapproche le plus de toi, de ta personnalité. Ton boulot était toute ta vie, il est devenu la nôtre. Nous passons plus de temps à résoudre des affaires classées qu'à essayer réellement de s'en remettre. On ne peut pas, tout simplement. D'ailleurs, John et moi nous sommes énormément rapprochés depuis ce fameux 7 Mai. Il savait à quel point mes sentiments pour toi étaient profonds, et nous nous sommes soutenus. Nous sommes devenus réellement amis. Alors bien sûr au travail il reste mon boss et je reste son subordonné. Malgré cette distance obligatoire, il est présent et me soutient beaucoup. J'essaie de faire de même. Dès que la journée est terminée, il n'y a plus cette limite boss/subordonné, alors nous sommes juste deux amis liés par le même drame. C'est terrible qu'il ait fallu un événement aussi insurmontable pour connaître le boss sous un nouveau jour. Mais c'est arrivé, et je pense que si tu nous voyais tu serais contente. Je me trompe ma Lilly ?

Je trouve cette lettre horriblement longue pour quelqu'un qui s'y refusait complètement, mais j'ai encore une tonne de choses à te dire ma Lilly. Je ne sais par où commencer pour être tout à fait honnête. Parce que ces choses me font peur, même si tu n'es plus parmi nous, même si jamais plus tu n'auras la chance de savoir. Je dois me libérer de tous ces poids mais j'ai peur. C'est idiot hein, mais j'ai peur. J'ai peur et je suis perdu. Tout ça parce que tu m'as laissé. Tu t'es battue pour survivre. Je le sais parce que tu as fait ça toute ta vie. Mais je ne supporte pas de t'avoir perdue. J'en veux à l'ordure qui t'a tuée. Il est mort aussi. C'est une des dernières choses que tu as vues avant de sombrer. Heureusement qu'il est mort d'ailleurs. Je t'aurais vengée sinon. Je m'en veux de ne pas être intervenu plus tôt. Et je t'en veux à toi aussi Lilly, parce que tu as joué les héroïnes, parce que tu as foncé comme si tu n'avais rien à perdre, comme si tu pensais qu'on se moquerait tous de ton sort. Je t'en veux parce que tu as donné l'impression de n'avoir pensé à personne. Quand je suis monté ce soir-là, et que le chef m'a dit que tu étais dans la salle avec lui, mon sang n'a fait qu'un tour. Il avait l'air de t'en vouloir aussi, de t'être enfermée, sans arme, avec ce type. Tu ne l'as pas écouté quand il t'a demandé de ne pas y aller. M'aurais-tu écouté si je te l'avais demandé ? Pour finir, je m'en veux horriblement parce que la part raisonnable qu'il reste en moi sait que ceci est faux. Mais mon cœur… mon cœur est déconnecté du reste de mon corps. Mon cœur est, métaphoriquement parlant, mort en même temps que toi. Je ne fais que survivre depuis que tu n'es plus à mes côtés. Si tu lisais ça tu serais sans doute en train de me lancer ton 'Ice Queen look', et ça aurait été pire quand tu aurais lu que c'est parce que je suis amoureux de toi. Éperdument amoureux. Et je veux tout t'expliquer ma Lils, même si jamais tu ne sauras jamais.

Quand je suis arrivé à la Criminelle, je m'attendais à travailler avec un homme. Et puis Stillman nous a présentés. J'avais 'hérité de la seule femme de l'unité', tes mots. Les débuts ont été tendus, sans doute parce que nous étions deux forts caractères. Je me souviens. J'étais persuadé de retourner sur le terrain après quelques semaines à travailler avec toi. Je t'ai demandé pourquoi tu travaillais aux affaires classées. Tu as répondu que tu l'avais choisi. Moi et l'égo surdimensionné que j'avais à cette époque ne comprenaient pas pourquoi tu avais fait ce choix. Finalement, il n'aura pas fallu longtemps pour que je comprenne. J'aimais ce boulot autant que toi à la fin. Maintenant, je le fais parce que je me sens proche de toi ici. La Criminelle. La salle des cartons est l'endroit où je me sens le plus proche de toi ma Lilly car je sais que tu étais bien quand tu étais dans cette pièce. Je le voyais. Et je savais que j'avais aussi le loisir de t'admirer dans cette pièce, quand nous y étions que tous les deux. Mais revenons-en à ce que je disais plus tôt.

Malgré ces débuts, disons-le, un peu… compliqués, j'ai été captivé par tes yeux. Ces yeux gris qui me manquent un peu plus chaque jour. Ces yeux qui avaient des reflets bleus au soleil. Ces yeux qui se voilaient quand tu étais triste, ou que tu étais en colère. Les photos n'y changent rien. Elles me semblent bien fades comparés à la réalité. Elles le seront toujours. Parce que rien n'était aussi beau que tes yeux Lilly. Tu étais magnifique, mais tes yeux étaient uniques et envoûtants. Si tu savais le nombre de fois où je les regardais. Je les connais par cœur. En fait, je connais chaque détail de ton visage et, heureusement, parce que je n'aurais jamais tenu sans ça. Sans les photos et mes souvenirs. J'ai mal quand j'y pense, mais en même temps j'en ai besoin. J'ai ce besoin d'imaginer que tu es encore là. En tout honnêteté, j'en rêve chaque nuit. Je crois que ce sont ces petits détails pathétiques qui me tiennent en vie. Parfois je rêve que la prise d'otage n'est jamais arrivée. Parfois je rêve que tu n'as jamais été dans cette salle d'observation. Parfois je rêve que tu n'as pas été touchée. Parfois je rêve de ce qui aurait pu se passer entre nous si tu étais encore ici. Parfois... parfois, je me vois être honnête avec toi, te dire que je suis fou de toi. Et je te vois me répondre par la positive. Mais jamais je n'aurais cette chance. Et… après Elisa et toi, jamais plus je n'aimerais. C'est impossible. Après Elisa, je ne pensais pas être capable d'aimer à nouveau. Mais en fait, j'étais déjà tombé amoureux de toi. Et je pense qu'Elisa le savait. Elle me connaissait mieux que personne, mieux que moi-même. Après sa mort, j'ai vrillé. J'ai fait des choses que je regretterais jusqu'à la fin de ma vie. Une, plus que les autres.

Tu sais déjà ce dont je veux parler. Christina. Evidemment. Tu m'avais prévenu. Mais elle était accessible. Elle était ce qu'il y avait de plus proche de toi. Je voulais t'oublier, oublier tes yeux. Et elle était là. Accessible. Je pensais ne jamais t'avoir alors j'ai couché avec ta sœur. C'est horrible, là aussi. C'est horrible et tu m'as quand même pardonné. Mais cette aventure n'a rien changé. Au contraire. Elle a empiré la situation. Je te voulais encore plus. Je t'aimais encore plus. Parce que cette aventure avec ta sœur m'a fait réaliser à quel point tu étais unique. De ton côté, tu m'as détesté. Tu m'as ignoré, tu m'as fait regretter mon erreur très vite. Même si je l'ai regretté à l'instant où je l'avais commise. Tu étais spéciale, Lilly Rush. Et je t'aimais. Je t'aime. Et d'après Stillman, il était possible que tu m'aies aimé aussi. Que tu n'assumais pas non plus. Que tu avais peur. La partie raisonnable de moi refuse d'y croire. Mais mon cœur est tombé dedans. Après tout, Stillman te connaissait depuis tes 10 ans. Il m'a raconté, sans entrer dans les détails. Il ne voulait pas. Et je ne voulais pas non plus. Parce que nous aurions eu l'impression de te trahir tous les deux. Si tu ne m'as jamais parlé de ces drames, c'est que tu ne voulais pas. Alors je ne peux pas lui demander à lui. Même si ça nous fait du bien de parler de toi. D'ailleurs, on se voit souvent dans ce but. Quand l'un de nous est dans un mauvais jour -ils sont tous mauvais, mais certains sont pires-, on se voit et on parle de toi pendant des heures. Souvent, on finit en pleurs. Parfois, on finit en rigolant. Mais qu'importe la réaction, tu nous manque.

Tout à l'heure, je te parlais des autres. Personne n'est sorti indemne de cette prise d'otage. Personne. Je ne sais même pas pourquoi j'en parle alors que ça me fait mal. J'ai l'impression que c'était hier et que jamais je me relèverais. Pourtant, j'ai fait un peu de progrès depuis. Quand tu as succombé à ta blessure, je suis tombé en dépression. Je m'enfermais dans le boulot et, les rares moments où je ne travaillais pas, je buvais. Beaucoup. Après un an, je ne bois plus aucun alcool fort. Je travaille encore plus que quand tu étais là, mais jamais les 7 et 8 du mois. John refuse que je sois au central à ces dates. Un mois sur deux, nous nous réunissons à la date du 7. Il y a toujours les premiers jeudis du mois, mais ça ce n'est pas pareil. Plus rien n'est pareil sans toi. Le 7, ce ne sont que des gens qui t'ont connue personnellement. C'est-à-dire Stillman, Jeffries, Vera, Miller, Kite, Lassing, ta sœur, et moi. D'ailleurs, il est sympa ton ancien équipier. Ça nous fait du bien de nous retrouver en petit groupe.

Ta sœur est dévastée, même si elle ne le montre jamais. Faut dire que perdre sa mère et sa grande sœur à moins de 48h d'intervalle, c'est difficile. Ta mort l'a tellement bouleversée qu'elle n'a pas quitté Philadelphie depuis que j'ai dû lui apprendre la nouvelle. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour lui apprendre la nouvelle. Je me souviens juste qu'elle est arrivée le lendemain à Philly, qu'elle est venue me voir, qu'elle m'a serrée dans les bras -sans ambiguïté- et que nous avons pleuré pendant un long moment. Je ne travaillais pas, je n'étais pas en état. Alors on a passé pas mal de temps ensemble. J'ai été honnête avec elle, lui avouant la raison pour laquelle j'avais couché avec elle. Je ne sais pas si c'est le contexte ou si c'est parce qu'elle avait changé, ou qu'elle le savait mais elle ne m'en a pas voulu. Elle m'a soutenu, sans jamais avoir un comportement déplacé. C'est une bonne personne Chris, au fond. Elle a fait des erreurs. Mais c'est une bonne personne. Tu m'en voudrais sans doute, tu me haïrais probablement, mais nous sommes devenus amis après ton décès. Elle s'est souvent excusée de t'avoir fait du mal toutes ces années. Et elle était sincère. Ta sœur a beaucoup changé Lilly. Si tu nous vois, tu peux être fière de Chris. Après tout ça, nous l'avons aidée à se reconstruire une bonne vie. Parce que veiller sur ta sœur est la dernière chose qu'on puisse faire pour toi Lil'. Je n'ai pas réussi à te protéger alors j'essaie de me rattraper avec Chris. C'est minable. Mais ça m'aide un peu aussi. J'espère que tu ne m'en voudras pas trop de ce que je fais pour elle Lils. Tu resteras toujours ma préférée, celle dont j'étais fou amoureux, et elle le sait.

J'ai dit beaucoup de choses dans cette lettre. J'aurais aimé être assez fort pour tout te dire en face. Tout te dire avant que tu ne perdes la vie. Mais j'ai été lâche. Si je pouvais revenir en arrière, je n'aurais pas hésité une seule seconde et j'aurais voyagé dans le temps, pour te sauver. Parce que tu es la personne qui méritais le plus de bonheur. Et tu ne l'as jamais réellement connu. Je suis désolé Lils. Tu me manqueras toujours. Jamais je ne t'oublierais ma Lil'. On se retrouvera, dans l'autre monde.

Scotty.