Chers lecteurs,
L'idée de la fin me vient de Nictocris ! On la remercie.
Portez-vous bien,
Al
« C'est bientôt l'heure de la compète ! Debout ! »
Blaise reçut un oreiller en pleine figure et le pas pressé de Théodore, à qui appartenait cette voix agressive, disparut dans les escaliers. Blaise se frotta les yeux d'une main, l'autre coincée sous le corps chaud de Pansy.
« Eh, debout ma belle…, lui souffla-t-il dans les oreilles.
- J'adore quand tu m'appelles ma belle, grogna Pansy en se blottissant encore plus contre lui. En revanche, ton haleine du matin…
- Il est bientôt quatorze heures…
- Ça change rien, t'as l'haleine d'un scroutt ! »
Blaise soupira fortement en sa direction, elle gloussa et glapit en même temps (ce qui est impossible à faire, mais rien n'était impossible pour Pansy Parkinson) et cela dégénéra en bataille d'oreiller.
« Eh les gars… Merlin Pansy t'es à poil !
- T'as qu'à pas regarder, répondit négligemment Pansy en se couvrant tout de même avec le drap.
- Tu vois pas qu'on est occupé ?, répondit Blaise. Qu'est-ce que tu veux ?
- C'est dans vingt minutes ! »
Théodore disparut de nouveau. Vingt minutes… Blaise avait entendu Drago quitter le dortoir tôt, pour s'entraîner avant le concours. C'était la compète, le moment à ne pas louper si l'on voulait garder Drago Malefoy au nombre de ses amis. Et Blaise, malgré tous les défauts de Drago, voulait conserver cette diva blondinette dans son cercle proche.
« Allez, Pansy, on se bouge. »
Ils s'habillèrent à la hâte et descendirent dans le parc.
Une foule d'élèves et de professeurs se massait autour du lac. Un son mitigé sortait des enceintes qui encerclaient la surface gelée à intervalles réguliers. Weasley était aux platines, nota Blaise. En un mois, il avait appris à reconnaître la patte du maître. Drago avait raison : Weasley était le meilleur.
« Je ne vois pas Drago, nota Pansy, agrippée à son bras.
- Moi non plus, reconnut Blaise en le cherchant dans la foule. Il a disparu. J'espère qu'il s'est inscrit. »
Les inscriptions se faisaient en fonction de l'arrivée. Premier arrivé, premier servi. Vu l'horaire auquel s'était levé Drago, il devait avoir choisi de passer à la dernière place. C'était une stratégie qui pour l'instant se révélait payante, puisque les jurys, époustouflés par son numéro, avaient une légère tendance à oublier les candidats précédents.
« Viens, on va se rapprocher de la glace. »
L'avantage d'être Blaise Zabini et de faire un bon mètre quatre-vingt-quinze, c'est qu'on pouvait fendre la foule sans problème. L'avantage de sortir avec Pansy Parkinson, c'est que ceux qui ne s'écartaient pas sur son passage fuyaient les remarques acerbes de sa petite-amie. Ils parvinrent au premier rang sans encombre. Blaise aperçut en face d'eux, à l'autre bout du lac, Weasley sur une petite estrade, avec son casque sur les oreilles, et Granger à côté de lui.
« Tiens, Potter n'est pas avec eux.
- Il devrait pas tarder. Tu sais comme moi qu'il ne raterait le passage de Drago pour rien au monde. »
Blaise et Pansy s'échangèrent un regard plein de sous-entendus : ils se comprenaient parfaitement (enfin, la plupart du temps. Parfois, leur communication presque télépathique posait problème.)
Ils savaient tous deux que Potter éprouvait une attirance pour Drago. Et que Drago était obsédé par Potter depuis des années. Blaise n'avait jamais compris l'acharnement de Drago sur Potter. Depuis qu'ils se voyaient tous les soirs, des choses s'étaient éclaircies. Granger et Weasley avaient dû faire le même constat. Tacitement, ils s'étaient tous les quatre débrouillés, à force de baisers langoureux, pour leur créer de plus en plus de moments de conversation obligée.
Patil version Serdaigle passa près d'eux, toute trémoussante. Blaise se crispa : la fille devait avoir trouvé un tout nouveau potin.
« Mesdames et mesdemoiselles les sorcières, messieurs et mesdamoiseaux les sorciers, tonitrua enfin la voix de Dumbledore, bienvenue à la finale de Poudupatin ! »
Les vivats de la foule explosèrent. Blaise sentit une euphorie due à la foule monter en lui.
« Aujourd'hui, le programme s'annonce chargé ! Et nous commençons avec… Justin B-ber ! »
Blaise rapprocha Pansy de lui et ils observèrent Finch-Fletchey évoluer sur la glace. Il était bon, mais pas aussi bon que Drago.
Les candidats et le temps passèrent. La nuit tombée, la glace s'illumina par en dessous :
« Eh, mais c'est nouveau, ça, s'étonna Pansy.
- Dumby a passé un accord avec les tritons. »
L'ambiance, en quelques instants, était devenue romantique. Blaise serra encore plus Pansy contre lui, prétextant le froid. Autour du lac, la tension des débuts se calma. Les couples s'étreignaient. La musique changea, devenant plus douce. Des pissenlits lumineux, comme des flocons floraux, s'envolèrent et parcoururent en flottant le lac. Blaise jeta un coup d'œil sur l'estrade : Granger, baguette levée, continuait d'envoyer des fleurs dans l'air. Entre la lumière, dont les rayons se réfractaient en traversant la glace, qui explosait en étoiles cristallisées dans la glace, et les fleurs volantes qui rayonnaient d'une lueur bleutée, l'ambiance devenait magique (et pour Poudlard, c'était quand même plutôt rare).
Alors la musique changea. C'était toujours du made by Weasley, mais c'était un morceau que Blaise avait déjà entendu. Le morceau que Drago avait finalement choisi. Un morceau à son image, avec des notes discordantes qui l'accompagnaient, comme si Weasley avait voulu y ajouter une autre personnalité.
Alors s'élancèrent sur la glace, sans annonce, deux silhouettes assombries qui virevoltèrent ensemble. Ils étaient plus que talentueux. C'est lorsque la silhouette plus râblée fit une levée en étoile avec l'autre qu'il les reconnut.
Drago et Potter.
Drago et Potter patinaient à l'unisson comme la neige fabrique des flocons. Comme une évidence.
Des murmures parcoururent le public, qui reconnaissait peu à peu les deux sorciers qui patinaient. Blaise, ébloui par le talent de son meilleur ami et par l'inventivité de Potter, n'en croyait toujours pas ses yeux. Une levée Hydrant, grâce à laquelle Potter récupéra lascivement Drago dans ses bras, fit pousser une exclamation ravie au public.
On n'entendait que la musique de Weasley qui suivait à la perfection les mouvements des deux patineurs (à moins que ce ne soit le contraire), et les crissements des patins sur la glace.
Le numéro finit sur une levée plateau, où Potter tourna sur tout le tour du lac en gardant Drago au bout des bras sous le regard ébahi de la foule. Le silence revint alors qu'ils faisaient tous deux une révérence parfaite.
Personne n'osait troubler cette quiétude. Personne n'ose troubler la majesté d'un moment.
« Yeah ! »
Un cri perça le coton sonore et la foule explosa. La victoire revenait, sans conteste, aux deux derniers candidats. Les applaudissements ne cessaient pas, et Blaise et Pansy continuaient à frapper des deux mains avec enthousiasme, sans pouvoir s'arrêter. L'ambiance était électrique autour du lac.
« Blaise… »
Blaise aurait entendu la voix de Pansy dans un concert lyrique de trolls. Il se pencha vers elle :
« Tu te rappelles le délire de Drago sur les pierres précieuses et les yeux du patineur mystère ? »
Elle avait les yeux sur Potter et Drago qui saluaient la foule, main dans la main. Ses yeux étaient brillants, ses cils frôlaient ses pommettes rougies par le froid, un pissenlit lumineux s'était coincé dans ses cheveux. Blaise la trouvait particulièrement belle ce soir.
« Oui, je m'en souviens bien. Il nous a bien tannés avec. »
Il n'avait d'yeux que pour elle. Elle releva le regard vers lui :
« Drago n'a jamais été trop précis pour trouver son vocabulaire. C'était pas émeraude ou aigue-marine ou béryl. »
Blaise tourna le regard vers le couple qui continuait des tours de piste sur la glace, leurs doigts étroitement enlacés. Pansy conclut après lui avoir embrassé le menton.
« Les yeux de Potter, au fond, c'est de la serpentine. Parfait pour un Malefoy. »