XV - Une notion de justice

Un peu avant Noël, alors que Marinette et Adrien rentraient ensemble du lycée, la jeune fille vit le visage de son compagnon se figer et perdre ses couleurs. Elle suivit son regard et découvrit Gabriel, en train de sortir d'une voiture et se placer sur leur chemin.

D'instinct, elle s'avança pour s'interposer entre Adrien et son père. Sans en être consciente, elle adopta la posture de Ladybug quand elle couvrait son partenaire. Cela n'échappa pas à Gabriel qui la fixa avec colère. Elle soutint le regard sans ciller. Le temps où le père de son amoureux l'impressionnait était révolu.

Durant cet échange, Adrien s'était ressaisi et, inspiré par sa compagne, se plaça à la hauteur de celle-ci, puisant lui aussi son assurance dans son ancien rôle.

Gabriel reporta son attention sur lui et assura d'un ton pincé :

— Je ne suis pas ton ennemi, Adrien.

— Je ne veux plus avoir affaire à vous, l'informa froidement celui-ci.

À ce moment, Tom, qui les avait aperçus par la fenêtre de la boulangerie qui n'était que quelques maisons plus loin, arriva en courant derrière Gabriel. Le Gorille, qui s'était placé en renfort en retrait de son employeur, s'interposa. Les deux hommes s'évaluèrent, jugèrent qu'ils étaient de même force. Le Gorille s'écarta légèrement, sans pour autant libérer le passage, pour permettre à Tom de constater que les deux jeunes n'étaient pas en danger. Tom ne chercha plus à avancer, tout en restant prêt à intervenir.

— Tu es toujours mon fils, rappelait à ce moment Gabriel, sur un ton factuel.

— Malheureusement, en convint Adrien adoptant l'inflexion glacée de son père.

Marinette était toujours parfaitement immobile, les yeux en alerte. Elle tentait d'évaluer la situation, imaginer les développements possibles, bâtissant des plans d'action. Gabriel ou le Gorille allaient-ils tenter de forcer Adrien à entrer dans la voiture ? Nathalie était-elle quelque part en embuscade ? Son père allait-il forcer le passage ? Elle vit sa mère arriver à son tour et se placer à côté de son mari. Avait-elle pris le temps d'alerter André Bourgeois ?

— N'ai-je pas le droit de présenter ma défense ? plaida alors Gabriel avec force. Est-ce là ta notion de la justice ?

Le regard d'Adrien fléchit avant de se rattraper dans celui de Sabine. Elle lui sourit sereinement. Nul conseil ou injonction dans le message silencieux qu'elle lui envoya. Mais il y puisa le calme dont il avait besoin pour réfléchir clairement à ce qu'il désirait et les options possibles.

Il inspira profondément et s'efforça de raffermir sa voix. Il ne se soumettait pas. Cette fois-ci, c'est lui qui avait le pouvoir d'accorder ou non la faveur demandée et selon ses propres conditions.

— Très bien. Samedi prochain, au Grand Paris.

— Seul, exigea Gabriel qui ne se rendait pas si facilement.

— Cela va de soi, répliqua froidement son fils.

Après un dernier regard méprisant en direction de Marinette, Gabriel réintégra son véhicule. Son garde du corps ferma la portière sur lui avant de contourner la voiture et s'installer derrière le volant. Le véhicule s'inséra dans la circulation et repartit.

Adrien expira alors profondément, comme s'il avait retenu son souffle. Il tendit la main vers Marinette qui s'en saisit. Ils restèrent immobiles, à assimiler ce qu'il venait de se passer, jusqu'à ce que Sabine ne leur dise :

— Rentrez, les enfants. Vous allez prendre froid.

Les deux adolescents retournèrent chez eux, encadrés par les deux parents.

Adrien était fébrile quand il se réfugia dans la boulangerie, accompagné de sa nouvelle famille. Des sentiments contradictoires l'envahissaient : peur, colère, exaltation, tristesse. Il sentit la grosse main de Tom sur son épaule.

— Viens, mon garçon, je vais te montrer comment on fait de la pâte à chou.

Il suivit le boulanger dans son fournil et apprit à mesurer les ingrédients, utiliser le robot mélangeur, mettre la préparation au frais pour l'utiliser le lendemain. La concentration demandée, les gestes répétés et l'atmosphère paisible du lieu lui permirent de retrouver son calme, à défaut de sa sérénité.

Quand ils eurent fini, Sabine terminait de nettoyer la boutique et Marinette mettait la table dans l'appartement. Ils dînèrent sans évoquer l'incident. Le soir, une fois dans leur chambre, Adrien enlaça sa petite amie et la serra fort contre lui.

— C'est normal d'avoir peur, Chaton, lui murmura-t-elle. Mais je sais que tu peux le faire. Tout va bien se passer. Allez, viens dormir avec moi cette nuit.

oOo

Dire qu'Adrien était serein quand il poussa les portes du Grand Paris serait mentir. Dans le hall, Marinette lui serra doucement la main avant de la lâcher. Elle l'attendrait chez Chloé. Lui même poursuivit sa route vers le petit salon qu'André Bourgeois leur avait réservé pour l'occasion.

Jean, le majordome, l'attendait devant la porte.

— Monsieur Agreste est déjà arrivé, Monsieur Adrien.

Le jeune homme lui sourit nerveusement. Il était soulagé d'avoir une personne qu'il connaissait dans les parages. Il se sentait protégé. L'employé le fit entrer.

Une table avait été dressée dans la pièce, apprêtée pour que soient servis des boissons chaudes et des gâteaux. Gabriel avait originellement proposé un déjeuner. Adrien avait refusé : il était bien temps que son père souhaite manger avec lui ! Le maire les avait amenés à transiger sur une simple collation.

Il ne se sentait pas en faute d'être arrivé le dernier. Il avait lui-même plusieurs minutes d'avance. Il s'assit sur la chaise vacante.

— Père, dit-il simplement en guise de salut.

— Avais-tu besoin de te faire massacrer ainsi ? attaqua immédiatement Gabriel en regardant sévèrement la nouvelle coupe de son fils.

— Mon nom devenait lourd à porter, répondit Adrien s'enjoignant à rester calme.

— La faute à qui ? Avais-tu besoin de m'envoyer cette petite intrigante et ces horribles fouineurs ? Ne pouvais-tu pas rester et t'expliquer avec moi, comme un homme ? Comptes-tu rester toute ta vie dans ses jupes ?

— Au moins, moi, je me battais directement ! rétorqua Adrien les dents serrées. Je n'utilisais pas les autres comme des marionnettes.

Le père et le fils se toisèrent avec fureur.

— Que puis-je vous servir ? demanda Jean, qui s'était positionné près d'eux sans se faire remarquer.

Ils recouvrèrent empire sur eux-mêmes et indiquèrent ce qu'ils désiraient. Adrien ne prit qu'un thé, sachant qu'il ne pourrait rien avaler de solide.

Quand le service fut terminé, ils se retrouvèrent seuls de nouveau.

— J'aurais pu faire revenir ta mère, enchaîna Gabriel.

— À quel prix ? demanda Adrien qui avait adopté le point de vue de Marinette à ce sujet.

— Il n'y a que les faibles qui se posent cette question.

— Maman l'aurait posée ! Elle aurait été horrifiée par ce que vous avez fait, assura Adrien d'une voix tremblante. Je suis content qu'elle ne l'ait jamais su !

— Tu ne sais pas ce que tu dis ! As-tu la moindre idée de ce que ces hommes lui ont fait subir ?

Adrien savait par le maire que son père avait fini par faire incinérer sa femme. La remarque de Gabriel voulait-elle dire que l'information n'avait pas été complète ? Oui, évidemment, cela avait dû être précédé d'une autopsie pour déterminer les causes de la mort.

Gabriel vit la compréhension se faire jour sur le visage de son fils et chercha à en tirer avantage.

— Si tu étais resté et que tu m'avais donné ton Miraculous, rien de tout ceci ne serait arrivé. Elle serait de retour et nous serions heureux.

Cet aveuglement exaspéra Adrien :

— Heureux ? Mais depuis quand vous souciez-vous de mon bonheur ? Était-ce pour me rendre heureux que vous m'avez laissé enfermé à la maison après la mort de maman ? Vous êtes-vous demandé ce qu'il me fallait ? Pensiez-vous qu'en m'abrutissant de travail j'allais me sentir mieux ? Était-ce si compliqué de comprendre que la seule chose qui aurait pu m'aider était que vous me preniez dans vos bras pour me dire que vous m'aimiez ?

— Je voulais te protéger ! se défendit son père.

— De quoi ? questionna Adrien avec amertume. De l'amitié ? De l'amusement ? De la liberté ? Ce n'était pas de la protection, c'était du contrôle.

— Et dès que je t'ai fait confiance, tu es allé te jeter au cou de cette petite idiote qui t'a tourné la tête et t'a monté contre moi ! gronda Gabriel.

Adrien refusa de mordre à l'hameçon :

— Si c'est ce que vous préférez croire, soupira-t-il avec lassitude.

Il prit sa tasse de thé et la but. Son père l'observa, pensif.

— La notion de lien de sang ne signifie donc rien pour toi ? finit-il par demander.

— J'ai pris le nom de Maman, le contredit Adrien.

— Tu es un Agreste, que tu le veuilles ou non.

— C'est une malédiction ? questionna Adrien.

Gabriel eut une moue d'agacement.

— Je vais épouser Nathalie, informa-t-il son fils du même ton qu'il aurait pu prendre pour annoncer qu'il changeait la décoration de son bureau.

Adrien, décontenancé par le changement de sujet, ne trouva rien à répondre. Des félicitations lui parurent totalement déplacées.

— Je vois, se borna-t-il à prononcer.

À son tour, Gabriel vida sa tasse puis attaqua la tartelette au citron qu'il s'était fait servir.

Constatant que le silence s'éternisait, Adrien demanda :

— Avez-vous autre chose à me dire ?

— Je ne perds pas mon temps avec ceux qui n'écoutent pas, répliqua son père.

Adrien se leva et se dirigea vers la sortie. Alors qu'il ouvrait la porte, Gabriel ajouta :

— Oh, juste une chose… Que ta petite copine n'imagine pas travailler dans le milieu de la mode. Je veillerai personnellement à ce que personne ne lui accorde le moindre crédit.

À cette flèche du Parthe, Adrien se raidit. Bouillant de rage, il se força à franchir le seuil de la pièce et renfermer le battant dans son dos. Malgré sa vision brouillée, il distingua Jean qui le regardait d'un air inquiet.

— Je vais vous faire prendre le chemin le plus court, décida le majordome.

Il entraîna alors Adrien vers une petite porte, puis utilisa sa carte puis un code pour programmer un ascenseur de service qui mena directement le jeune homme dans l'appartement des Bourgeois.

Toujours furieux, il déboula dans la chambre de Chloé. Les deux filles étaient installées chacune dans son coin sur leur téléphone, ayant visiblement renoncé tant à faire semblant de travailler qu'à se parler.

Elles levèrent un regard interrogatif sur lui. Incapable de se retenir plus longtemps, il hurla :

— Je le déteste ! Je le hais !

oOo

Finalement, l'entretien entre Adrien et son père ne changea rien pour le jeune homme. La seule chose qu'il avait apprise était les projets matrimoniaux de Gabriel, ce qui l'indifférait.

La menace à l'encontre de Marinette l'avait au début bouleversé et inquiété. Mais la principale intéressée, André Bourgeois et les Dupain-Cheng avaient minimisé le danger que cela représentait. Le temps que la jeune fille termine ses études, plusieurs années auraient passé. Nul ne savait quel serait le pouvoir réel de Gabriel à ce moment-là. Il serait alors temps de s'en préoccuper.

L'année continua donc sans changements. Ils allaient en classe, travaillaient et voyaient leurs amis. Le buzz qui avait suivi la perquisition chez Gabriel Agreste l'année précédente avait amené leurs anciens camarades du collège Françoise Dupont à joindre Marinette et Nino pour avoir des nouvelles. Cette inquiétude commune avait ressoudé le groupe qui tentait de se réunir régulièrement. Parfois Kagami arrivait à échapper à la vigilance de sa mère et se joignait à eux.

Ils fêtèrent Noël, parvinrent à bout du second et le troisième trimestre et enfin passèrent leur bac de français.

André Bourgeois leur proposa de retourner dans sa maison de vacances pour leurs deux mois de repos. Chloé protesta énergiquement, proposant un séjour aux Canaries, aux Antilles ou « au moins un endroit où on peut s'amuser ». Mais son père fut intraitable. Adrien qui savait vivre aux crochets de ses bienfaiteurs – il était désormais persuadé que même sa modeste bourse ne venait pas de son père – approuva le projet. Il avait hâte d'avoir dix-huit ans et d'être financièrement indépendant. Marinette, dont les parents avaient un budget vacances réduit, s'en réjouit ouvertement. Elle avait apprécié rester à Paris pour les petites vacances avec ses amis, mais ce changement d'air était le bienvenu.

Comme l'année précédente, ils profitèrent de la piscine et du court de tennis. Plus autonomes et moins traumatisés que l'année précédente, Marinette et Adrien organisèrent des randonnées dans les environs où Chloé les suivait en ronchonnant, prétendant que c'était les pires vacances de sa vie.

oOo

Sabine sourit à ses deux jeunes quand ils traversèrent la boutique pour sortir. Les vacances de Noël commençaient et ils s'étaient octroyé quelques jours de liberté. Ils avaient prévu une séance de cinéma avec leurs amis.

Comme souvent, c'est enlacés qu'ils s'éloignaient maintenant dans la rue. Leur relation avait toujours été très tactile. Il était évident qu'Adrien en avait besoin. Dès ses premières visites, Sabine et Tom avaient remarqué à quel point l'adolescent était en manque d'affection.

Depuis quelques semaines, la boulangère avait la nette impression que quelque chose avait changé entre eux. Jusque-là, ils se tenaient fréquemment la main ou s'enlaçaient au niveau de la taille ou des épaules. Depuis quelque temps, les mains d'Adrien s'égaraient volontiers sur les hanches de Marinette, tandis que celle-ci n'hésitait pas à caler sa main dans la poche arrière du jean de son amoureux quand ils marchaient côte à côte.

Sabine appréciait qu'ils aient attendu avant d'arriver à ce degré d'intimité. Il y a des expériences qu'il ne faut pas précipiter, surtout en pleine tempête émotionnelle. Elle savait que la terrible nuit qui avait marqué la fin de leurs activités de héros avait définitivement mis fin à l'innocence des deux adolescents. Ils avaient tous les deux pris des décisions difficiles qu'ils avaient ensuite pleinement assumées.

Quand Marinette s'était installée dans la suite de son amoureux au Grand Paris, Tom et Sabine ne s'y étaient pas opposés. Il était évident que le malheureux jeune homme ne pouvait pas rester seul. Il ne leur avait pas paru utile ou sensé d'y mettre leur veto. Dans son malheur, Adrien restait respectueux et reconnaissant de ce qu'on faisait pour lui. Ils lui faisaient confiance pour ne pas exiger de Marinette plus qu'elle ne voulait donner.

Ayant coupé les ponts avec son seul parent, Adrien s'était raccroché à l'amour profond que Marinette lui portait. Elle était devenue son point d'ancrage. Il avait semblé cruel aux boulangers de les séparer et c'est tout naturellement qu'ils lui avaient proposé de loger avec eux après les vacances.

Après deux mois et demi de cohabitation chez les Bourgeois, leur imposer de faire chambre à part n'avait pas de sens. Tom avait donc installé un lit dans la mansarde. Sabine était restée attentive. Si elle avait senti tensions ou disputes entre eux, elle aurait proposé une autre organisation. Mais même pendant les moments les plus tendus, quand Gabriel Agreste avait demandé à voir son fils et avait menacé Marinette notamment, Adrien était resté facile à gérer. Il avait passé beaucoup de temps avec Tom, épuisant sa fureur dans les travaux physiques, ou blotti contre Marinette pour se rassurer.

Il y avait eu des critiques, bien entendu. Si personne n'avait reconnu Adrien pour ce qu'il était, le bruit avait fini par courir que leur fille vivait en concubinage, alors qu'elle n'avait pas seize ans. Dans leur dos, on leur avait prédit grossesse précoce et vie gâchée pour cause de laxisme parental (pour les versions les plus polies).

Heureusement, les jeunes n'avaient pas semblé avoir conscience de ces cancans. Leur intégration dans leur nouveau lycée s'était bien passée. Marinette avait su se faire apprécier par ses nouveaux camarades, comme toujours. Adrien était resté plus en retrait. Pas facile de se faire de nouveaux amis quand on a tant de choses à dissimuler sur son passé. Mais il n'était pas solitaire pour autant. Il continuait à voir ses anciens camarades et s'amuser avec eux.

Tom et Sabine ne regrettaient pas leurs choix et laissaient dire les gens. Ils voyaient leurs deux jeunes heureux, travailleurs et s'accordant parfaitement. Ils leur avaient fait confiance, et, avec le recul, constataient qu'ils avaient eu raison de la faire.

oOo

L'année scolaire était studieuse pour Adrien et Marinette qui voulaient avoir le meilleur dossier possible. Le jeune homme visait les classes préparatoires pour présenter les grandes écoles d'ingénieur. Marinette avait dans l'idée qu'outre son goût pour les sciences, il voulait prouver à son père qu'il pouvait réussir brillamment sans être cloîtré. Elle-même n'avait pas abandonné l'idée de faire une école de mode. Ce n'était pas les menaces de Gabriel Agreste qui allaient lui faire abandonner une passion qu'elle cultivait maintenant depuis près de dix ans !

Au mois de février, les lycéens réfléchirent sur les vœux qu'ils allaient indiquer dans Parcoursup, l'application de l'Éducation nationale qui déciderait ce qu'ils feraient l'année suivante. Un soir, André Bourgeois se présenta en fin de soirée chez les Dupain-Cheng. Adrien s'empressa de débarrasser et nettoyer la table du dîner pendant que Marinette préparait un café pour leur invité surprise. Le père de Chloé attendit d'être servi et indiqua :

— C'est surtout à toi que je voulais parler, Marinette. Mais tout le monde peut rester, ajouta-t-il rapidement alors que les autres commençaient à se lever par discrétion. Alors voilà, Adrien m'a dit que tu demandais des écoles de mode à Paris pour la suite de tes études.

— Vous me le déconseillez ? s'inquiéta la jeune fille.

— Pas du tout, la rassura le maire. Mais il est maintenant temps d'assurer tes arrières. Personne n'a oublié la menace qui pèse sur toi.

— Je n'ai pas peur, affirma l'ancienne héroïne.

— Vous sous-estimez l'importance de la réputation et du réseau dans un si petit milieu, lui rétorqua gentiment le père de Chloé. Mais vous avez des atouts dans cette bataille et je suis ici pour vous les présenter.

— Je ne comprends pas, avoua Marinette en regardant ses parents et Adrien qui suivaient attentivement la conversation.

— Audrey Bourgeois ! devina soudain son petit ami. Elle fait la pluie et le beau temps dans la mode. Si elle est de ton côté, Marinette, mon père ne pourra rien faire.

— Rien, je ne sais pas, tempéra le maire. Mais son action sera très fortement amoindrie par un parrainage aussi indiscutable.

— Oh, merci, Monsieur Bourgeois ! se réjouit Adrien. Vous ne pouvez pas savoir comme je suis soulagé. J'avais tellement peur d'avoir causé du tort à Marinette.

— Elle va m'aider ? tenta de comprendre l'aspirante styliste d'un air perdu.

— Elle est au courant de toute l'histoire par Chloé, expliqua André Bourgeois. Elle est très en colère contre Gabriel. Je l'ai convaincue de ne rien révéler à ce propos, mais elle est ravie de pouvoir le contrarier. Je lui ai donc parlé de toi, Marinette, et elle a promis de faire son possible pour te soutenir.

— Mais, je ne veux pas… commença Marinette.

— Pour commencer, elle te conseille vivement de poser ta candidature à l'Université des Arts de Londres dont elle préside le conseil d'Administration, la coupa Monsieur Bourgeois. Si ton portfolio est aussi bon que ce que Chloé lui a montré de tes créations, elle y mettra une mention favorable.

Marinette ouvrit de grands yeux.

— Central Saint Martins ? balbutia-t-elle. Mais c'est une des écoles les plus prestigieuses au monde ! De grands couturiers y ont fait leurs études. Et c'est très cher quand on est étranger.

— Tu pourras demander une bourse, suggéra le maire.

— Mais, ce n'est pas juste ! Pourquoi aurais-je cette chance alors qu'il existe sûrement des gens plus doués que moi, paniqua Marinette.

— Pour commencer, Audrey ne l'aurait pas proposé si elle n'avait pas estimé que tu avais le potentiel suffisant, lui assura Monsieur Bourgeois. Ensuite, tu as autant le droit que les autres de postuler. Ton admission n'est pas garantie. Et enfin, tu vas partir avec un handicap que les autres n'auront pas. Le coup de pouce d'Audrey sera un simple rééquilibrage.

— Marinette, fais-le ! Tu as le niveau, insista Adrien.

La jeune fille se tourna vers ses parents. Tom avait l'air fier et émerveillé. Inutile de lui demander ce qu'il en pensait. Il était persuadé que sa fille méritait la meilleure formation. Sabine était plus réservée :

— Excusez-moi, André, de paraître terre à terre, mais que couvrirait la bourse exactement ? Seulement les frais de scolarité ou aussi l'hébergement ?

— La scolarité, répondit-il. Mais Marinette pourra trouver un petit boulot qui l'aidera à payer le reste.

— On pourra travailler tous les deux cet été, proposa Adrien. Cela lui fera un pécule pour les premiers mois. Pour la suite, j'aurais dix-huit ans peu après la rentrée et je pourrai enfin utiliser mon argent.

— Non, non, tu n'as pas à… Adrien, il n'en est pas question… Nous allons nous arranger, fusèrent des bouches des trois membres de la famille Dupain-Cheng.

— Et pourquoi pas ? protesta le jeune homme. Je vis à vos frais depuis des mois. C'est à cause de moi que la future carrière de Marinette est menacée. Il est normal que moi aussi je participe à ses études. Si elle est prise et n'obtient pas de bourse, je compte bien lui donner l'argent pour l'inscription.

Quand André Bourgeois partit une demi-heure plus tard, chaudement remercié par toute la famille, il était acté que Marinette ferait les démarches nécessaires pour poser sa candidature. Ce qui ne l'empêcherait pas de faire les demandes qu'elle avait prévues auprès des écoles françaises.

Ce même soir, quand Marinette et Adrien eurent regagné leur chambre, celle-ci demanda à son petit ami :

— Cela ne t'ennuie pas l'idée que je parte à Londres ?

— Mais non, c'est génial pour toi !

— Mais nous serons séparés.

Adrien se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras.

— Ma Lady, pour commencer, il est hors de question que tu remettes tes études ou ta carrière en question pour moi. Ma dette envers vous est déjà bien assez lourde. Ensuite, tu dois nous faire confiance. On peut rester ensemble même sans se voir chaque jour. Je ne dis pas que j'apprécierai, mais je peux le supporter. On se téléphonera tous les jours. Londres n'est qu'à quelques heures de train, on pourra se voir pendant les vacances. On n'a pas surmonté tout ça ensemble pour craquer parce qu'on est séparés par quelques centaines de kilomètres et un bras de mer.

— Adrien…

— Et puis tu oublies le plus important. Aucun garçon ne m'arrive à la cheville. Tu es obligée de revenir vers moi.

Marinette sourit et l'embrassa.

— Et toi, Chaton, tout seul ici, je ne crains rien ? vérifia-t-elle.

— Ma Lady, à mes yeux, tu seras toujours la seule et unique.

oOo


Et voilà, c'est la fin de cette partie. La suite s'appelle "La fille de la photo" et raconte les années d'études de nos deux héros, alors qu'ils suivent des cours dans deux pays différents. Un nouveau personnage sera introduit et on continuera à suivre Chloé, et de plus loin Alya et Nino, ainsi que toute la classe du collège.

Grand merci aux 11 lectrices qui m'ont laissé un ou plusieurs reviews (s'il y a un garçon parmi vous, sachez que j'applique le féminin pluriel vu la prééminence féminine chez les lectrices et autrices de fanfiction). J'ai nommé : Anne O'Delly, Crookshank, darklou, ilai, Krokmou du 13, Lukas Black, , naruhina2, rouky666, Saint seiya dreamer, sokadens.

Un remerciement particulier à darklou, Ilai et Crookshank qui m'ont laissé plusieurs petits mots.

Pour recevoir une notification pour la publication de la suite, je vous conseille de vous abonner à mon compte (Alert Author). On se retrouve d'ici une semaine.