Attention, ça n'est définitivement pas une histoire joyeuse, elle est même carrément triste !

Je me devais de publier un second chapitre, pour clore le récit.

J'espère avoir corriger toutes les fautes, mais hélas, je suis certaine qu'il en reste, mille excuses.


Les journaux avaient fait leurs choux gras dès qu'ils avaient eu vent de la procédure lancée par Drago contre son épouse. Les pires élucubrations étaient parues, absolument tout et n'importe quoi pourvu que ça fasse vendre. Heureusement pour Scorpius, son père avait eu l'intelligence de le placer hors de la tempête, dans la même école que Rose Weasley, chez les moldus. Une jeune fille au pair venait le chercher tous les jours et le ramenait chez lui, auprès de Drago qui avait obtenu une garde exclusive provisoire.

Hermione avait la charge de le récupérer tous les midis pour le déjeuner. Harry ne le voyait surtout pas, tenant à rester loin des Malfoy tant qu'il n'aurait pas la certitude que son témoignage ne serait pas demandé par l'une ou l'autre des parties.

OoO

Astoria avait hurlé dans le grand hall du ministère. Les aurors de permanence avaient fait venir d'urgence des médicomages de Sainte Mangouste afin de la prendre en charge. La plupart des membres du magenmagot avaient décidé à ce moment-là que la femme était folle et que l'enfant serait mieux chez son père, même si les lois que le jeune Potter avaient fait voter les obligeaient à tenir une audience en bonne et due forme.

Mais Drago ne s'était pas attendu à être convoqué à l'hôpital. Il n'avait pas voulu y aller et avait d'abord ignoré les courriers. Il n'avait pourtant rien pu faire lorsqu'un membre du personnel était venu en personne pour l'obliger à se présenter à la convocation, avec une commission stipulant que son absence serait mentionnée au magenmagot.

Alors, après avoir poussé un long soupir, il avait pris sa cape, pris sa baguette et avait suivi l'homme, le cœur au bord des lèvres, en se demandant ce qui allait encore lui tomber dessus.

Et il n'avait pas été déçu.

Elle était là, assise sur un fauteuil dans la salle de repos, le visage serein, calme, presque souriant. Le visage du début de leur mariage, avant qu'elle ne commence à être en colère. Le visage d'avant Scorpius.

-Elle est sous traitement, un traitement plutôt lourd mais qui supprime les crises et les délires.

-Attendez, de quoi est-ce que vous parlez ? demanda Drago, ahuri, en se tournant vers le médicomage.

-Et bien, je vois que vous n'avez pas lu mes courriers…

Drago rougi légèrement avant de reconnaitre d'un bref signe de tête que non, il ne les avait pas lus.

Alors, le médecin le conduisit à son bureau et le fit asseoir. Puis il exposa calmement les troubles graves de la jeune femme.

-Votre épouse souffre d'une psychose. C'est très rare chez les sorciers, et déjà peu courant chez les moldus. C'est une psychose puerpérale. Normalement, prise en charge, la maladie est gérée dans les premiers mois de vie de l'enfant et puis la vie reprend son cours. Mais chez votre épouse, comme rien n'a été fait, elle a évolué. Si je puis me permettre, je trouve particulièrement ironique que votre très « sang pure » épouse souffre d'une maladie moldue.

-De quoi souffre-t-elle ?

-Votre femme est schizophrène. C'est une maladie psychique ou la personnalité s'effondre. Le malade a du mal à faire face aux changements, à utiliser ses capacités intellectuelles.

Chez Astoria, la maladie se développe en symptômes tels que des hallucinations, un appauvrissement affectif. Cela signifie qu'elle voit et entend des choses que personne d'autre ne perçoit. Et elle s'éloigne de ses proches parce qu'elle ne parvient pas à établir de lien. C'est une maladie cruelle, particulièrement dans son cas, car un traitement précoce aurait pu lui permettre de rester dans une certaine réalité. La plupart des gens auraient pu ne rien voir. Mais là…

-Ca fait cinq ans… cinq ans de souffrance pour tout le monde et personne n'a rien vu… je n'ai rien vu. Et mon fils …

Le médicomage regarda avec compassion l'homme en face de lui. Il était pâle, un peu plus que d'habitude. Il avait eu l'air hagard pendant une trentaine de secondes mais à présent, on pouvait presque voir les rouages de son cerveau en train de faire face aux multiples possibilités avant de faire les choix qui seraient certainement les meilleurs. Les Malfoy étaient connus pour leur extraordinaire sens de la stratégie et il n'y avait pas de doute sur le fait que la stratégie allait s'appliquer à la situation actuelle.

Et en effet, après quelques minutes de silence, Drago releva la tête et demanda les options à envisager pour l'avenir.

-Nous allons la garder ici pendant quelque temps, pour la stabiliser. Puis, il faudra envisager de la placer dans un centre spécialisé. Le problème étant que les maladies psychiques sont rares et que nous n'avons que l'aile de Sainte Mangouste actuellement côté sorcier.

Drago eu une pensée pour les parents de Londubat. Il secoua la tête d'un air dubitatif.

-Je vais chercher une solution, même si en attendant, il faudra bien envisager cette option. Merci beaucoup pour votre aide.

Il se leva et se tourna pour partir.

Le médecin le trouva vieux dans le mouvement qu'il fit pour ouvrir la porte, mais après un clignement d'œil, il retrouva devant lui un homme fier et impassible. Avec juste une petite ride amère au coin des lèvres.

OoO

-Je veux que tu arrêtes de hurler immédiatement jeune homme ! s'exclama Hermione, faisant face à une colère complétement irrationnelle de Scorpius. De ce qu'elle avait compris, Rose s'était mise à chantonner une comptine et le petit garçon s'était mis à hurler et à frapper tous les enfants autour de lui. Comme Drago était injoignable, l'institutrice l'avait appelé elle.

-Tu dois me dire ce qui ne va pas mon chéri, et pour cela, tu dois arrêter de crier. Est-ce que tu as peur ?

L'enfant s'arrêta brutalement pour regarder avec surprise cette surprenante femme qui n'avait pas décidé de l'enfermer dans le noir jusqu'à ce qu'il se calme. Il prit son pouce, avant de le retirer de sa bouche aussi vite en se remettant à pleurer.

-Tu peux sucer ton pouce Scorpius, je ne vais pas me fâcher. Aller, on va chez moi, on va attendre ton papa.

Avec le petit garçon au bout du bras, elle mit vingt minutes à rentrer chez elle. Mais elle ne se formalisa pas, elle ne parla pas, ne posa aucune question. Aussitôt passé le seuil de la maison, elle envoya un patronus à Drago, pour lui dire de venir chercher son fils chez elle. Puis elle sortit le pain et le chocolat, la grenadine, et fit asseoir l'enfant à la table de la cuisine.

Pendant qu'il émiettait son pain, elle se fit un thé. Et lorsqu'il fut prêt, elle s'assit en face de la petite personne blonde et le regarda droit dans les yeux.

-Est-ce que tu veux bien me dire pourquoi tu as eu peur ?

-Oui.

Et Scorpius reprit son pain et continua son opération de séparation de la croûte et de la mie avec concentration. Au moment ou Hermione allait le relancer, il reprit.

-C'est maman qui chante ça. Quand elle me gronde. Elle dit pas les vrais paroles. Elle dit que le monstre doit dormir dans l'armoire, comme ça, on le voit plus. Et après elle me cache dans le noir.

-Est-ce que tu connais les vraies paroles mon chéri ?

-Oui.

-Rose ne connait pas autre chose que les vraies paroles. Elle ne voulait pas te faire peur tu sais. Ici, nous t'aimons beaucoup et tu ne dormiras jamais dans une armoire.

-Pour de vrai ?

-Pour de vrai. Fini ton goûter et ramasse les miettes. Après tu iras te reposer sur le canapé en attendant papa.

Dès que l'enfant fut sorti de la cuisine, la jeune femme posa le front sur la surface froide de la table.

OoO

-Ron, un message pour toi.

Harry tendit un parchemin froissé à son meilleur ami et collègue. Celui-ci le prit en fronçant les sourcils, il venait de reconnaitre l'écriture de son épouse et en général, il ne découlait rien de bon lorsqu'elle se donnait la peine de lui écrire.

-Oh merde ! s'exclama-t-il en attirant l'attention de Harry. C'est le fils Malfoy, il a fait une crise à l'école. Sa mère est complétement barge…

-Tu ne crois pas si bien dire Weasley ! asséna Malfoy en rentrant sans frapper dans le bureau. Il posa sa cape sur une chaise et se laissa littéralement tomber dans le petit canapé.

-Euh bonjour Malfoy ? demanda perplexe Ron.

-Je suis pas sûr que « bonjour » soit le terme approprié. Et tu sais pourquoi ? parce que tu as raison, ma femme est folle. Je venais te voir Potter, je vais abandonner les poursuites, ça ne sert à rien.

-Attends, pourquoi est-ce que tu dis qu'elle est folle ? interrogea Harry, perplexe devant l'attitude de Drago.

Drago Malfoy n'était vraiment pas en forme, se disaient les deux amis, en voyant l'homme affalé sur le canapé, sa cape froissée en dessous de lui et les cheveux ébouriffés comme s'il avait passé un millier de fois sa main dedans. Ce qui était probablement le cas réalisa Harry en le voyant faire à l'instant. Il avait pris dix ans en seulement quelques jours, sa peau était grise et ses yeux cernés. Harry réalisa qu'en effet, la journée n'avait pas dû être bonne, la période était mauvaise et le blond, malgré toutes ses prétentions était humain.

-J'ai vu un médicomage aujourd'hui. J'en sors même. Et ma femme est folle. Elle est malade, une maladie moldue, elle est schizophrène.

Ron se tourna vers Harry mais celui-ci lui fit signe qu'il expliquerai plus tard. Drago poursuivi.

-Si j'avais su quoi voir, quoi regarder, elle pouvait s'en sortir avec un traitement. Les gens n'auraient même rien su. Mais j'ai rien vu et maintenant, j'ai un fils traumatisé et une femme folle. Une femme qui ne pourra plus jamais s'occuper de son fils et qui ne pourra même pas revenir vivre à la maison. Quand je l'ai vu, elle avait l'air bien, tellement bien depuis si longtemps… mais elle ne m'a même pas vu, pas regardé, elle est ailleurs. Alors j'arrête les poursuites, parce que sinon, il faudrait me poursuivre moi-même avec, non ?

Harry et Ron échangèrent un regard consterné.

-Et pourquoi est-ce que tu disais que ma femme est folle Weasley ? demanda Drago en reprenant pied dans la réalité.

-Ton fils a fait une « crise de panique ». Hermione est allé le chercher à l'école. Tu n'as pas eu son patronus ?

-Non… enfin j'en sais rien, j'avoue que je n'étais pas dans mon état normal en sortant de Sainte Mangouste. Il est chez vous ?

-Oui. Aller, on y va, de toute façon je vais devoir aller chercher Rosie.

Harry prit note de reconvoquer Malfoy et ouvrit un autre dossier pendant que les deux autres mettaient leurs capes puis sortaient du bureau.

En arrivant devant la maison des Weasley, Drago se surprit à apprécier la demeure, une maison moldue au départ, certainement, avec cette architecture tellement typique, le bow window et le petit jardin vert devant.

-Vous n'avez pas de chien ? demanda le blond en se tournant vers son hôte.

-Haha ! non ! on a déjà parfois du mal à gérer nos enfants, il ne faudrait plus que ça !

Et il éclata de rire en regardant ses poches pour trouver ses clefs. Mais la porte s'ouvrit seule et un petit garçon blond regarda les deux hommes côte à côte.

-Comment vas-tu mon fils ? demanda Drago en s'approchant de lui.

Et le petit garçon se jeta dans ses bras avec tellement de force qu'il tomba à la renverse, dans les jambes de Ron qui ne s'était pas méfié.

Plus tard dans la soirée, après avoir couché son fils dans un pyjama propre, Drago décida de faire le point. Il savait qu'il allait lui falloir prendre des décisions, certaines ne seraient pas confortables et il lui fallait être bien au point sur tout. Il ne pourrait pas affronter le monde sans certitude, sans le maximum de contrôle. Actuellement, il avait perdu toutes ses certitudes et par conséquent, il ne contrôlait plus rien. Or, cela devait cesser. Un Malfoy contrôle son environnement et ses émotions, rien ne le submerge.

Il entreprit de faire une liste. Et au matin, son plan d'action était en place. Après avoir fait moult recommandation à la jeune fille au pair, il transplanna.

Le manoir Greengrass n'avait pas changé. Il avait l'espoir que ses habitants, eux, aient fait les efforts pour devenir de meilleures personnes. Mais il savait reconnaitre quand il se berçait d'illusions.

Le meilleur indice étant quand même que personne n'avait pris la peine de le contacter au moment du scandale, et qu'il n'y avait toujours aucun signe depuis qu'Astoria était à l'hôpital.

La porte s'ouvrit tout de même devant lui et un elfe le conduisit au salon. Le patriarche ne se leva pas, mais il fit signe à son gendre de s'asseoir.

-Je pense que vous êtes là pour que j'accepte de reprendre ma fille à ma charge.

-En fait, non. Je suis là pour vous informer que votre fille est malade. Et qu'elle ne va ni guérir, ni mourir.

-Je vous demande pardon ?

-Votre fille souffre d'une maladie rare chez les sorciers, elle n'a plus vraiment conscience de la réalité. C'est une maladie psychique et elle va finir ses jours dans un hôpital.

Le silence qui suivit dura longtemps. Le vieil homme ne bougeait pas. Il respirait à peine et Drago devina que s'il ne s'était pas levé, c'était certainement parce qu'il ne le pouvait pas.

-Voilà ma décision.

Monsieur Greengrass leva sa baguette et un parchemin apparut sur la table basse.

-Prenez le mon garçon.

Drago s'en saisi et vit une sorte de contrat. Le chef de famille avait fait en sorte de ne léser personne.

-Vous voulez reprendre la charge de votre fille ? s'exclama Drago, surpris de ce choix.

-Je veux vous en libérer. Vous êtes jeune. Et je ne fais pas ça gratuitement. Je vous libère de votre contrat, mais vous payez pour son entretien. Nous connaissons des « maisons » ou elle pourrait être admise. Elles sont chères.

-Je veux un droit de regard sur le lieu où elle ira vivre. Je veux qu'elle soit bien traitée. Elle a assez souffert maintenant.

-Je ne vous voyais pas comme quelqu'un de sentimental.

-C'est de la culpabilité.

Après avoir fait les modifications sur le parchemin, les deux hommes signèrent et instantanément, le lien magique reliant Astoria et Drago se brisa, reformant celui qui liait la femme à son père.

Malfoy se leva et repartit, sans un mot de plus.

OoO

Scorpius regarda la toute petite foule présente autour de cette femme. La plupart des gens n'étaient même pas de ses amis au départ. En fait, les plus vieux étaient là pour son père et les plus jeunes pour lui.

Il avait finalement peu de souvenirs d'elle. Il se souvenait du noir, de la gigantesque armoire dans laquelle il avait dormis plus d'une fois et des cris. Des hurlements. « Le monstre dans l'armoire, il est là le monstre ! » et elle criait cette phrase partout dans la maison.

Donc, il avait comme un pincement au cœur en voyant que maintenant, il n'y avait plus aucune chance pour qu'elle le prenne normalement dans ses bras, et qu'elle lui chante les comptines pour enfant avec les bonnes paroles. Elle ne pouvait pas, elle ne pourrait plus. Et il ne savait pas s'il était triste où soulagé. Un peu des deux lui aurait dit madame Weasley. Son mari aurait haussé les épaules avant de faire apparaitre tous les plis de son visage dans un bon grand sourire, avant de lui ébouriffer les cheveux. Potter (Harry, Scorpius, Harry !) lui, aurait pris le temps de réfléchir avant de lui sortir une analyse pertinente mais incompréhensible. Mais ça aurai marché, il se serai senti mieux.

Seulement là, il devait paraitre un petit garçon triste. Oh, il y arrivait bien, enfin, presque tout le monde voyait en lui de la tristesse, mais les proches, ceux qui le connaissent bien, ceux là ne sont pas dupes.

Parce qu'en vérité, il sait que dès cette après-midi, la vie va reprendre exactement comme avant. Sa mère était déjà une ombre, maintenant elle sera un fantôme. Mais ça ne changera rien, il ira avec ses amis sur le chemin de Traverse pour acheter ses fournitures. Et il entrera enfin à Poudlard.

Drago donna une tape au bras de son fils et le jeune garçon lui jeta un coup d'œil rapide avant de comprendre. C'était son tour de jeter la poignée de terre sèche qu'il avait à la main. Ce qu'il fit avant de retenir le geste de s'essuyer la main sur son pantalon. Son père aurait désapprouvé.

D'un coup de baguette, le mage combla la fosse et fit apparaitre une belle pierre grise.

Astoria Greengrass-Malfoy, épouse et mère.