Disclaimer : Harry Potter et son univers ne m'appartiennent pas, je ne gagne aucun argent à publier cette traduction, laquelle m'appartient, par contre. Les passages en italiques sont une emphase sur certains mots, ou la pensée d'un personnage, le contexte vous aidera.

Ceci est une traduction de la fanfiction de Lomonaaeren, « Conditionnally », ( s/13327410/1/Conditionally ). Je n'ai pas encore son autorisation pour publier ma version française, je la retirerai si elle me le demande. Le récit originel est écrit au présent, je me suis permise de le mettre au passé, ça sonnait trop bizarre à mes oreilles sinon.

Cette histoire commence l'été entre la quatrième et la cinquième année, juste avant l'audience de Harry au Magenmagot pour son usage du Patronus devant Dudley.

Chapitre 1.

Severus entra en titubant un soir au Square Grimmaurd, à peine une semaine après l'arrivée de Harry, alors que celui-ci essayait de ne pas songer à l'audience qui se rapprochait et qui pourrait signifier son expulsion de Poudlard. Au moins, Snape permettrait de penser à autre chose.

Le professeur s'effondra sur le sol de l'entrée, Potter fut le premier à le trouver. Ses robes étaient imbibées de sang, et, sur son flanc, le garçon put voir percer un os. Dans un cri, il appela immédiatement Kreatur, et peut-être était-ce à cause de la panique dans sa voix, mais l'elfe apparut. Il fixa l'espion un instant, puis le jeune homme.

- Sales Sang-Mêlés veulent que Kreatur fasse quelque chose ?, demanda-t-il.

- Si tu l'aides, si tu apportes des potions de soin ou je ne sais quoi, je ferai en sorte que ta tête soit accrochée au mur avec les autres quand tu seras mort !, s'exclama Harry avec désespoir.

C'était la seule chose à laquelle il pouvait penser. Il n'osait pas faire de magie, pas avec l'audience. Il tomba à genoux aux côtés de Snape, essaya de faire pression sur la blessure avec ses mains pour retenir le sang. Kreatur disparut au moment où les jumeaux Weasley dévalaient l'escalier.

- On a cru entendre quelque chose…

- Bordel de merde !, s'écria Georges. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

Comme il était majeur, il put conjurer des bandages, qu'il fit s'enrouler autour de la blessure ouverte sur le torse de Snape. Harry secoua la tête en signe d'ignorance, et se déplaça de façon à voir le visage de son professeur. Ses lèves bougeaient, et ses traits étaient contractés dans une horrible expression. Potter se pencha. Si le Maître des Potions devait avoir un dernier mot sur cette terre, il voulait l'entendre. Le blessé parvint à siffler :

- Découvert… comme espion. Seigneur des Ténèbres… pris mon sang. A lancé un sort pour trouver…

Son corps s'affaissa, sa tête roula sur le côté dans une cascade de cheveux graisseux. Sirius arriva à ce moment-là, et puis il y eut plus de cris, et Harry parvint à peine à calmer tout le monde suffisamment pour pouvoir demander à son parrain d'envoyer un Patronus à Dumbledore, parce qu'il pensait que les derniers mots de Snape à propos de son sang devaient être entendus.

Mais il n'aurait jamais imaginé qu'ils avaient un rapport avec lui. Pourquoi est-ce que ça aurait été le cas ?

88888888

Harry regarda fixement Dumbledore et Snape pendant de longues secondes, bien après que les derniers mots eurent quitté les lèvres du Directeur. Puis il déglutit, essayant de chasser la sécheresse de sa gorge, et murmura :

- Vous plaisantez.

- Hélas, Harry, non, déplora Albus en plaçant une main devant ses yeux.

Le Gryffondor ne l'avait jamais vu aussi fatigué.

- Le professeur Snape espérait pouvoir emporter le secret dans sa tombe, poursuivit le vieil homme, mais avec le sang que Voldemort possède maintenant, il sera à même de pister toute personne reliée biologiquement à Severus. Et cela signifie qu'il est nécessaire de t'en parler.

Plusieurs secondes s'écoulèrent encore, puis Harry éclata d'un rire hystérique, à en perdre le souffle. Quelque chose de chaud atterrit sur son épaule, et il put entendre Fumseck chantonner son inquiétude, mais il ne put lever les yeux vers le phénix. Il ne put prêter attention à Dumbledore qui lui demandait s'il allait bien. Il ne put penser à autre chose que… que le fait que Snape et sa mère avaient couché ensemble une nuit, il y a si longtemps, neuf mois avant sa naissance. Et que son père, c'est-à-dire, James Potter, ne l'avait jamais su. Et qu'il n'était lui-même pas un Potter, et que Snape l'avait toujours su, et ne l'avait jamais traité différemment, et…

- Harry !

Un charme le frappa au moment même où le professeur de Potions grognait : « Potter ! ». Le jeune homme se redressa, un peu calmé, et sortit la première chose qui lui passa par la tête.

- Vous ne pouvez plus m'appeler comme ça, Snape.

Lequel ne répondit rien, ses lèvres formaient une sinistre ligne mince en travers de son visage. Harry se détourna de lui et fit face au Directeur.

- Vous auriez juste pu me dire que Snape avait été découvert en tant qu'espion et me garder sous les protections de sang que vous dites qu'il y a quand je suis chez les Dursley, énonça-t-il platement. Vous n'étiez pas obligé de me le dire. Vous pouvez m'effacer la mémoire maintenant ?

- Harry, soupira Dumbledore d'un air triste et peiné. Tu devrais affronter la vérité de ton identité.

Fumseck posa son bec contre la joue du Gryffondor, qui le repoussa brusquement et ignora les tentatives de l'oiseau de pleurer sur lui. Il n'avait plus qu'une question à poser.

- Est-ce que Sirius sait ?

- Vous pensez que j'aurais fait confiance à Black avec ça ? Vous êtes vraiment aussi stupide que je le pensais.

Harry se leva et sortit du bureau du Directeur sans se retourner, même s'il était arrivé par Cheminette et savait qu'il devrait attendre quelqu'un pour repartir de cette façon ou pour Transplaner au Square Grimmaurd. Son cœur battait fort dans sa poitrine, et sa tête était pleine de vide, et tout ce à quoi il pouvait songer était tout ce qu'il avait perdu. Tout. Toutes les choses.

Il n'avait plus rien.

88888888

- Sors.

Harry avait anticipé ça aussi, une fois qu'il aurait annoncé à Sirius qu'il était le fils de « Snivellus ». Il avait déjà préparé ses affaires. Il épaula son sac, glissa sa valise, dont la taille avait été gentiment réduite par Tonks, dans sa poche, et partit. Sirius l'interpella avant qu'il ne parvienne à l'escalier, cependant.

- Je récupère le balais que je t'ai donné. Et la Cape. Et la Carte. Puisque tu n'es pas vraiment un Maraudeur, après tout.

Le garçon s'arrêta, les épaules voûtées au possible. Puis il se retourna et regarda son parrain dans les yeux. Un chagrin sauvage y régnait. Sirius ne le haïssait pas, mais Harry le connaissait suffisamment bien pour savoir que pour lui, c'était comme perdre James de nouveau, et maintenant il n'y avait plus rien dans ce monde de son meilleur ami, et rien ne réparerait ça.

Le Gryffondor n'était que trop habitué à ce sentiment, lui aussi.

- D'accord, finit-il par accepter.

Sa tête lui semblait pleine de fadeur. Il prit sa valise. Sirius lui rendit sa taille normale si vite qu'elle tomba presque sur les pieds de son propriétaire. Lequel sortit la Carte et la Cape d'Invisibilité, avec l'Éclair de Feu, et les rendit. Black les lui arracha presque des mains, avant de tendre la main vers l'album photo que Hagrid lui avait offert.

- Non.

Sirius sursauta et lui jeta un regard noir.

- Ces photos de James ne sont pas à toi.

- Mais ma mère est toujours ma mère, et ce n'est pas toi qui me les as données, rétorqua Harry en chassant les cheveux de son visage.

Black suivit des yeux le mouvement de son filleul, et commença à rire, presque du même rire qui le secouait quand Harry l'avait vu pour la première fois en photo sur la première page de la Gazette du Sorcier.

- Qu'ont-ils fait pour que tu ressembles à James, hein ? Snivellus n'a pas de problème de vue, ni ces cheveux. Ils ont posés des sorts sur toi. Ou Lily l'a fait. Tu ressembleras à quoi une fois que ces sorts seront brisés ?

C'est une chose chose à laquelle Harry n'avait pas songé, et il chancela en y pensant. Mais il fut quand même suffisamment rapide pour refermer le couvercle de sa valise juste avant que Sirius ne réussisse à prendre l'album. Ce n'était pas à lui.

- Tu n'auras plus accès aux coffres des Potter, non plus, persifla l'Animagus en reculant, frottant ses doigts probablement douloureux de leur brusque rencontre avec le couvercle de la valise. Il faudra que ton papa achète tes affaires pour toi. Tu sais, je n'ai jamais trouvé que tu étais suffisamment comme James.

- Eh bien, si on en est à se dire les choses qui fâchent, chuchota Harry. Je n'arrive pas à croire que tu aies pourchassé Peter alors que j'étais bébé et ton filleul, à ce moment-là.

Sirius vacilla, les yeux écarquillés et trahis, et le jeune homme se détourna pour emprunter la Cheminette. Personne ne savait qu'il allait à Poudlard, mais où pouvait-il aller ? Les Dursley pourraient peut-être le reprendre si Dumbledore venait avec lui, mais pas autrement, et il ne pouvait pas rester ici.

Il avait aussi perdu son parrain.

88888888

Dumbledore essaya bien de parler à Sirius et le convaincre de permettre à Harry de revenir au Square Grimmaurd, mais échoua. Harry l'avait anticipé. Il dormait tout seul dans le dortoir qui serait celui des cinquième année de Gryffondor quand l'année scolaire commencerait, pratiquait la magie dans son coin, lisait, finissait ses devoirs d'été, et allait aux cuisines pour passer du temps avec Dobby quand il ne pouvait vraiment plus supporter la solitude.

Il ne vit Snape qu'une seule fois, alors qu'il sortait des cuisines pour retourner à sa Tour. Il se figea un instant, puis hocha simplement la tête en guise de salutation et reprit son chemin. Il pouvait sentir le regard de l'enseignant sur lui, il savait ce qu'il voyait probablement. Il semblait que le fait que Snape ait reconnu leur relation biologique était tout ce qu'il fallait pour briser les sorts dissimulant les traits de Harry sous ceux de James Potter. Harry avait des cheveux plus longs, plus raides maintenant, même s'ils étaient toujours noirs, et il avait un plus long nez. Autrement, les changements dans la forme de son menton et de ses joues semblaient venir principalement de sa mère.

- Ne pensez pas que vous viendrez vivre un jour avec moi, lança Snape alors que le garçon passait devant lui. Pour ça, vous devrez devenir un jeune homme bien plus accompli.

Harry lui retourna son regard, et songea plus tard que c'était son expression de totale surprise qui avait stupéfié son professeur.

- Je n'ai jamais pensé à ça, répliqua-t-il.

Puis il reprit sa route vers la Tour Gryffondor, sombrement amusé. Pourquoi diable voudrait-il vivre avec Snape ? Il n'avait jamais véritablement désiré que vivre avec des gens qui l'aimaient sans condition. Cela faisait longtemps qu'il avait baissé les bras avec sa famille de sang, qui voulait qu'il soit différent. Ceci n'en était qu'une nouvelle occurrence.

88888888

L'annoncer à ses amis se révéla être bien plus difficile que ce que Harry avait prévu, parce qu'il avait été certain que Sirius le leur aurait dit. Mais apparemment, celui-ci s'était juste enfermé dans sa chambre du Square Grimmaurd pour le restant de l'été et avait refusé d'en sortir, faisant apporter ses repas par Kreatur. Harry avait dû écouter Hermione radoter avec indignation à ce sujet avant d'abandonner et cingler :

- Je suis le fils de Snape.

Ils étaient dans un coin plus sombre de la Salle Commune, avec des sorts d'intimité tissés autour d'eux, mais Hermione regarda quand même alentours, affolée, comme si elle pensait que quelqu'un les espionnait. Puis elle déglutit et balbutia :

- C'est… c'est pour ça que Sirius est devenu fou.

Harry haussa les épaules, s'adossant dans le fauteuil moelleux qu'il occupait et fixa le plafond. Il se demandait presque s'il était même censé être là. Est-ce que le Choixpeau avait voulu le Répartir à Serpentard à cause de son héritage ? Cela semblait stupide, mais pas plus stupide que présumer qu'il devait être à Gryffondor à cause de ceux qu'il pensait être ses parents.

- Ouais, c'est pour ça, lâcha-t-il. Il ne pouvait pas supporter que je ne sois pas le fils de James Potter.

- Mais comment ça s'est passé ?, demanda Ron, avant de verdir quand ses amis le regardèrent. Oubliez, je sais comment ça se passe. Je veux dire, pourquoi ça s'est produit ?

Harry secoua la tête.

- Je n'ai eu que le minimum des faits de la part de Snape et Dumbledore.

- Harry, ce sont des professeurs…

- J'en ai rien à foutre, claqua-t-il en se tournant vers son amie qui écarquilla les yeux. Tout ce qu'ils m'ont dit, c'est que Snape et ma mère ont couché ensemble neuf mois avant ma naissance. Et c'est tout, Hermione. Ils étaient là tous les deux tout l'été, et Snape a été découvert en tant qu'espion par Voldemort -arrête de sursauter, Ron !-, alors il aurait pu me dire toute la vérité. Mais aucun des deux ne l'a fait. Dumbledore ne voulait même pas me regarder dans les yeux. Alors ne me dis pas que je devrais être respectueux envers eux.

- Ils auraient dû t'en dire plus, agréa Hermione, l'air agité. Le Professeur Snape ne veut aucune sorte de relation avec toi ?

Harry agita la tête une nouvelle fois. Ses cheveux devenaient ennuyeusement longs, même s'ils étaient raides maintenant et poussaient bien plus vite que lorsqu'ils étaient courts. Enfin, il avait une idée sur ce qu'il allait faire à ce sujet.

- Il a dit que ce ne serait le cas que si je devenais un jeune homme bien plus accompli.

- Je suis désolée, Harry, compatit la jeune fille en posant sa main sur la sienne. Et euh, j'ai remarqué… j'ai remarqué que Sirius avait la Carte….

Il acquiesça de la tête.

- Il a récupéré la Carte et l'Éclair de Feu et la Cape. Il a dit que ça appartenait aux Potter, et je n'en suis pas un.

Hermione le fixa.

- Mais ce n'est pas juste ! Même s'il avait raison à propos de la Carte, la Cape ne lui appartient pas, et il t'a offert l'Éclair de Feu ! Il ne devrait même pas être autorisé à te les reprendre !

Cela fit chaud au cœur de Harry de savoir que quelqu'un était de son côté, mais il secoua la tête.

- Il pense différemment, et j'ai demandé à Dumbledore si je pouvais récupérer mon balai, mais il a dit qu'il ne pouvait rien faire. Désolé mec, ajouta-t-il en tournant son regard vers Ron. Mais je ne pourrai pas faire partie de l'équipe cette année.

- Harry, tu ne peux pas ! Tu es le meilleur Attrapeur que j'ai jamais vu !

- Je pense que ça tenait pour beaucoup à mon balai, surtout. Je ne vaudrais rien sur les balais miteux de l'école.

Le rouquin secoua la tête, refusant de croire ce que Harry considérait comme du simple bon sens.

- Viens au moins essayer un Brossdur avant de décider que c'est vrai.

Harry accepta, parce qu'il s'y sentit obligé, mais Hermione reprit la parole :

- Je pense que ce que Sirius a fait est horrible, mais ne peux-tu pas juste acheter un nouveau balai, Harry ?

Ce fut la partie la plus difficile. Il fixa le mur droit devant lui, avant de cracher le morceau.

- Peux pas. L'argent des Potter non plus n'est pas à moi.

Le silence fut complet pendant trois secondes, puis son amie se jeta à son cou et pleura sur son épaule. Il caressa ses cheveux. Il avait envie de dire qu'elle était plus perturbée que lui à propos de ça, mais, honnêtement, il avait été plutôt carrément bouleversé plus tôt cet été. Il avait juste eu plus de temps pour s'y habituer. Allongé sur son grand lit, à fixer le baldaquin, il avait eu le temps de s'habituer à plein de choses, tourner et retourner les pensées dans son esprit, et accepter le fait que, ouais, de bien des façons, il était seul.

- Mais tu as tes livres, et ton chaudron, et de nouvelles robes, mec, opposa Ron, les sourcils un peu froncés. Comment tu les as eu ?

- Dumbledore est allé sur le Chemin de Traverse et les a acheté pour moi. Il ne me l'a pas dit, mais je suis presque sûr qu'il a utilisé son argent à lui.

Le roux pâlit et lui offrit le regard le plus compatissant que Harry pensa avoir reçu de sa part. Eh bien, Ron savait ce que c'était de vivre de la charité, lui aussi. Hermione se recula.

- Alors comment vas-tu faire l'an prochain, Harry ?

- J'ai quelques idées, répondit-il vaguement, ce qui était la stricte vérité.

Mais Hermione, sinon Ron, désapprouveraient la grande majorité de ces idées, alors il n'en parla pas.

- J'ai jusqu'à l'été prochain avant de devoir me soucier d'acheter d'autres fournitures scolaires. Et les frais de scolarité pour Poudlard ont été payés l'année de ma naissance, et ils ne les remboursent pas, donc je n'ai pas à m'inquiéter de ça non plus.

- Sûrement que le Professeur Dumbledore pourrait parler à Sirius pour qu'il te rende les coffres ! C'est vraiment injuste qu'il ait ton argent !

Harry fit un signe négatif du chef.

- Apparemment mes parents, je veux dire James Potter, avait un testament qui stipulait que si quelque chose m'arrivait, Sirius et Remus recevraient l'argent. Je suis content pour Remus, il en a bien besoin.

Il s'enfonça dans son fauteuil et se remit à fixer le mur.

- Mais le Professeur Dumbledore ne pourrait-il pas faire quelque chose ?

- Je te l'ai dit, Hermione, il ne m'a pas regardé de tout l'été, répéta le brun en haussant les épaules. Quelque chose d'autre a dû se passer. C'est comme si savoir que je suis le fils de Snape le contrariait. Ou contrarie ses plans, peut-être, ajouta-t-il dans un bas murmure que, selon lui, Hermione n'entendit pas.

Et ce n'était pas que son impression. Quand il avait posé des questions au sujet de son coffre, le Professeur Dumbledore avait froncé les sourcils et répondu qu'il était désolé, mais qu'il était sûr que Harry trouverait un moyen de subsister. Et chaque fois que le jeune homme avait essayé de parler de ce qui lui était arrivé après la fin de l'année, le Directeur avait tourné des talons et était reparti dans l'autre sens.

Tout ça aussi était sous conditions, alors. Dumbledore ne l'appréciait que tant qu'il était un fils de Gryffondor.

Mieux vaut le savoir que l'ignorer.

Au moins, il semblait qu'une autre chose qu'il redoutait, Ron et Hermione l'abandonnant en entendant la vérité, n'allait pas se produire. Ils levèrent les sorts d'intimité et jouèrent aux Cartes Explosives avant d'aller se coucher, et, honnêtement, la vie de Harry n'avait jamais été aussi normale depuis des mois, et il allait défendre cette normalité de toutes ses forces.

88888888

- Potter, qu'est-ce que je vous ai dit à propos de couper vos ingrédients en dés correctement ?

Harry leva les yeux. Snape se tenait là, le fusillant du regard, Harry le regarda aussi, et ressentit une sorte de clarté jusque là inconnue. Tout ce temps, il avait pensé que son professeur de Potions le détestait parce qu'il était le fils de James Potter, parce que James Potter avait sauvé la vie de Snape, et parce qu'il ressemblait à son père. Mais Snape savait que Harry était son fils. Il ne le détestait pas à cause de ce que son père avait fait. Il le détestait parce qu'il était un connard, au bout du compte.

- Rien, monsieur, répondit facilement Harry.

- Quoi ?

L'enseignant le fixait avec un regard noir. Il jeta un coup d'œil au sommet de la tête de son élève, où Harry avait appliqué pour la première fois ce matin sa solution contre ses cheveux longs. Maintenant, sa chevelure était incroyablement courte, coupée juste au-dessus de ses oreilles, ce qui signifiait que personne ne pouvait voir si elle était raide ou ébouriffée ou peu importe comment elle était censée être.

- Vous ne m'avez rien dit à propos de couper les ingrédients en dés, parce que vous ne donnez jamais aucune putain d'explication, expliqua doucement le Gryffondor, et il savoura le silence qui se répandit dans la salle de classe. Monsieur.

Snape le fixa encore. Harry se surprit à se préparer pour une réponse physique comme il le ferait pour un coup de poing de Dudley, avant de secouer la tête et se calmer. L'enseignant n'allait pas lui faire ça. Utiliser le Cruciatus ou l'empoisonner dans son sommeil, peut-être, mais pas ça. Le plus bizarre là-dedans était le soulagement que Harry en éprouvait.

- Vingt points en moins pour Gryffondor, chuchota enfin Snape. Retenue avec M. Rusard à huit heures chaque soir de la semaine pour les deux prochains mois.

Il tourna des talons et se dirigea vers le devant de la classe, où il commença à tancer Lavande et Parvati sur la couleur de leur potion. Seamus murmura quelque chose à propos de Harry causant des problèmes à Gryffondor de la même manière que dans les journaux. Hermione lui lança un regard déçu. Harry se contenta de sourire à son chaudron.

Il n'avait pas à s'inquiéter de ce que pensait Snape, pas quand il était son bâtard non reconnu. Il était libre.

88888888

- Avez-vous une opinion sur le retour présumé de Vous-Savez-Qui, M. Potter ?

Harry regarda leur nouvelle professeur de Défense Contre les Défenses du Mal droit dans les yeux, qui était aussi présente à son audience, expérience aussi connue comme la dernière fois où Dumbledore avait parlé de lui comme s'il était un être humain. Harry savait qu'il devrait s'opposer à elle. Savait qu'il devrait sauter sur l'occasion de proclamer le retour de Voldemort et être l'incarnation de tout ce qui était Gryffondor et vaillant. Ce serait pour le moins bizarre s'il disait qu'il ne croyait pas au retour de Voldemort maintenant, alors que les journaux n'avaient rien imprimé d'autre de l'été.

Mais il n'en avait pas envie. Il avait suffisamment de choses sur lesquelles se concentrer, et cela incluait l'hostilité de ses camarades et des journaux, et le fait que Sirius ne répondait pas à ses lettres, et les tentatives hésitantes de Remus pour réconcilier son meilleur ami et son plus-vraiment-filleul-honoraire, et ses notes, et les BUSEs, et Dumbledore qui l'ignorait, et comment il allait se débrouiller pour l'argent, et son hébergement pour l'été, et le fait qu'il était en train de perdre tout sens de qui il était. Honnêtement, il était presque content que le Directeur ait choisi Ron comme préfet.

Alors il répondit juste :

- Non, Professeur Ombrage.

Et c'était même vrai, parce qu'elle lui avait demandé s'il avait une opinion sur le retour de Voldemort. Harry avait des connaissances, pas une opinion.

Beaucoup de ses camarades l'observèrent fixement. Il pensa même voir Hermione froncer des sourcils. Seamus émit un son dégoûté derrière lui, mais aucune importance. Ce qu'il savoura le plus, ce fut Ombrage, clignant juste des yeux, ouvrant et fermant la bouche comme si elle suçait un bonbon.

- Vraiment, M. Potter ? Les journaux semblaient indiquer autre chose.

- Rita Skeeter a écrit la plupart de ces articles, et lorsqu'elle a voulu une interview de moi l'an dernier, je l'ai refusée, Professeur, expliqua Harry en secouant la tête d'un air le plus désolé possible. Du coup, je pense qu'elle agit comme ça parce qu'elle m'en veut plus qu'autre chose. Elle n'a pas essayé de m'interviewer cette année pour me demander mon opinion.

Ombrage cligna encore des yeux, et ordonna à tout le monde de reprendre la lecture du manuel. Harry sourit légèrement se concentra sur le livre devant lui. Il pouvait maintenant affirmer, au froncement de sourcils d'Hermione, qu'ils allaient avoir une sérieuse discussion après le cours mais pour le moment, il était juste content que quelque chose, pour une fois, ne se finisse pas en problème.

88888888

- Harry ! Comment as-tu pu dire ça ?

Il ne leva pas les yeux de son devoir de Divination pour lequel il rédigeait des prédictions aléatoires.

- Parce que je m'en fiche, Hermione.

Il y eut une longue, longue pause. Il leva finalement les yeux. Ils étaient dans la Salle sur Demande, que Dobby leur avait montrée, puisque les avis dans la Tour Gryffondor changeaient si vite qu'il ne pouvait vraiment pas faire ses devoirs tranquillement là-bas. Bien sûr, la Salle ressemblait à une réplique de la Salle Commune la plupart du temps, la seule différence résidait donc dans la taille et le silence.

Hermione posait sur lui un regard si choqué, si déçu qu'il soupira et repoussa son livre.

- Je ne voulais pas dire que je me fiche de vaincre Voldemort.

Elle sursautait toujours quand il disait son nom, mais elle s'améliorait.

- Je voulais dire que je m'en fiche qu'une enseignante bigote me croie ou non.

- Mais Harry, si les autres t'entendent dire ça dans sa classe, ils vont penser…

- Ils le pensent déjà ça, Hermione, contra Ron en levant les yeux de ses propres devoirs.

Harry cacha un sourire, même Trelawney n'accepterait pas les gribouillis qu'il pouvait apercevoir sur la feuille de son ami comme un véritable travail, sauf si le rouquin parvenait à les faire passer pour des symboles mystiques.

- Seamus ne croit pas Harry, et il est dans notre dortoir depuis quatre ans. Pourquoi Harry devrait-il se décarcasser pour convaincre le premier idiot venu ?

- On doit maintenir l'espoir, s'entêta Hermione, mais sa voix trembla.

Elle s'assit sur le fauteuil rembourré le plus proche d'elle et les regarda alternativement.

- Elle va ruiner notre éducation en Défense.

Le brun soupira.

- Notre éducation en Défense est déjà merdique, Hermione, affirma-t-il en ignorant sa réprimande à son juron. Je vais devoir étudier de mon côté pour m'assurer de réussir mes BUSEs.

- Ou…

- Quoi ?, demanda-t-il lorsqu'elle laissa ses mots en suspens à escient.

Elle inspira profondément.

- Je pensais qu'on pourrait créer notre propre groupe d'étude de Défense. Et tu pourrais le diriger, Harry ! Penses-y ! Tu en sais tellement sur la magie, tu as survécu à tellement de duels, tu sais comment lancer un Patronus, …

- Non.

Hermione s'interrompit de nouveau. Au moins, elle n'a pas l'air aussi anéantie qu'avant. Peut-être qu'elle s'y attendait presque.

- Pourquoi, Harry ?

- Je n'en ai pas envie.

Il leva la main quand elle ouvrit la bouche, et elle s'arrêta pour l'écouter.

- Je ne veux pas le faire. J'ai d'autres chats à fouetter. Et j'en ai marre des gens qui me traitent comme un sauveur et puis m'ignorent l'instant d'après, ou décident que je suis du côté de Voldemort, ou que je suis en plein délire mythomane. Et ça nous ferait des problèmes avec Ombrage. Tu sais comment elle est, à répéter encore et encore qu'on n'a pas besoin de pratiquer les sortilèges. Non. Je vais vivre ma propre vie pour une fois.

- Mais.. tu es Harry Potter.

- Non, même pas.

Hermione cligna des yeux, et cligna encore des yeux. Puis elle baissa les yeux sur ses mains, puis regarda Ron, qui avait l'air compatissant mais ne dit rien.

- Quelqu'un doit faire quelque chose, murmura-t-elle enfin.

- Tu sais qui pourrait faire ça ?, proposa Harry, et elle l'observa. Dumbledore. Il aurait pu engager quelqu'un pour le poste de Défense avant que le Ministre ne lui refourgue Ombrage. Il pourrait contredire Ombrage, là, maintenant. Il pourrait dire aux journaux que je ne suis pas un menteur, mais il ne le fait pas. Il ne me parle même plus maintenant. Je ne sais pas pourquoi. Je lui ai demandé, mais il m'a tourné le dos et il est parti dans l'autre sens.

Il y eut un silence encore plus long après ça. Harry retourna à son devoir.