En cette froide soirée d'hiver, la tour de Gryffondor vivait au rythme de la musique discrète qui s'échappait d'un vieux tourne-disque posé sur le guéridon près d'une haute bibliothèque. Rémus Lupin et Peter Pettigrow l'avaient ensorcelé une heure auparavant avant de s'installer autour de la table basse avec leur deux meilleurs amis, un jeu de cartes à la main.

« Elle te regarde encore, commenta Sirius Black avec un sourire malin. »

Il venait de tourner la tête vers un coin de la pièce où se trouvaient plusieurs autres septième année, dont Lily Evans qui, prise sur le fait, reporta son attention sur Alice et Frank Londubat, faisant mine d'écouter leur conversation avec son amie Mary.

« Peut-être qu'elle regardait juste la cheminée, lui répondit James d'un air nonchalant.

- Elle ne regardait pas la cheminée, ajouta Rémus en levant les yeux au ciel.

- Elle te suit comme un foutu chiot à longueur de journée, qu'est-ce qu'il te faut de plus ? reprit Sirius.

- Et Patmol est bien placé pour le remarquer, fit Peter en souriant. »

James se pencha légèrement pendant que Rémus distribuait les cartes, juste assez pour entrevoir le sujet de leur conversation. Assise autour d'une vieille table ronde en bois, elle jouait nerveusement avec une écharde tout en hochant mécaniquement la tête pendant que Frank Londubat lui racontait quelque chose qui ne semblait pas le moins du monde l'intéresser.

Les jolis doigts de sa main gauche passèrent sur sa nuque. Elle paraissait tendue. Il avait envie d'aller la voir, mais il s'était promis qu'il ne le ferait pas. Il avait tenté sa chance trois fois au total l'année précédente, et elle lui avait fait comprendre qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Il avait fini par se résigner.

Lui qui refusait perpétuellement de croire que l'impossible existait avait dû être forcé de s'avouer qu'il était impossible que Lily Evans partage les sentiments qu'il éprouvait pour elle, alors il avait décidé, l'été précédant leur septième année, de ne plus se mettre en travers de son chemin. Le destin s'était bien moqué de lui en les désignant préfets en chef tous les deux, mais cela ne changeait rien à ses résolutions. Le temps qu'il passait avec elle, il le passait à travailler.

« Il te regarde encore, glissa Mary MacDonald à Lily Evans.

- Ou peut-être que c'est toi, qu'il regarde, répondit-elle sans oser un nouveau coup d'oeil dans la direction du jeune homme en question.

- Il ne me regarderait pas même si je me mettais nue devant lui.

- Mary n'a pas tort, intervint Frank en riant. Pourquoi est-ce que tu ne vas pas le voir ?

- Parce que j'ai déjà utilisé toutes les excuses que j'avais pour passer du temps avec lui, et puis Meadowes m'a dit qu'il avait accepté d'aller à Pré-au-Lard avec elle, soupira Lily en grimaçant.

- Je ne suis pas certain de la véracité des propos de Dorcas, dit Frank.

- Et puis tu n'as peut-être pas besoin d'excuse, lui fit remarquer Alice. Vous êtes amis, non ? »

Lily haussa les épaules. Elle n'en savait rien à vrai dire. Ils s'entendaient mieux que jamais, ça, c'était certain, mais elle n'était pas sûre de pouvoir affirmer qu'ils étaient amis. Ils ne parlaient que de leur travail, s'aidaient de temps en temps pour les devoirs, mais ne dépassaient jamais la sphère du professionnel pour rentrer dans celle du privé, au grand dam de Lily.

Quand elle osa finalement pivoter juste assez pour pouvoir l'observer, il avait les yeux rivés sur la table basse devant laquelle il était assis avec ses amis. Il tenait deux cartes dans ses mains. Elle était presque sûre qu'ils étaient en train de jouer au poker, et probablement en train de parier des gallions, ce qui était absolument illégal dans l'enceinte du château. Elle était peut-être là, son excuse.

Elle le dévisagea avec insistance sans vraiment s'en rendre compte. Elle n'avait pas envie de le sermonner. Elle voulait juste être les deux cartes qu'il tenait entre ses doigts. Elle arracha une bonne fois pour toute cette stupide écharde avec laquelle elle se battait depuis un bon quart d'heure, et baissa les yeux vers sa propre table. Il ne la remarquait plus.

« Qu'est-ce qu'il fabrique ? »

La voix étouffée de Mary à côté d'elle la sortit de sa torpeur, et cette fois, lorsqu'elle leva de nouveau les yeux vers le groupe de maraudeurs, James Potter était en train de se débarrasser de son tee-shirt, et son sweat de quidditch était négligemment posé sur le bras du fauteuil sur lequel se trouvait Peter Pettigrow, juste à côté de lui.

« Hé, Evans, tu aimes ce que tu vois ?! s'exclama Sirius Black en lui adressant un clin d'oeil et un large sourire. »

Lily resta de marbre pendant une seconde avant de jeter un regard perplexe à Sirius. Ses joues chauffaient. Elle détestait quand ses joues chauffaient. Cela signifiait que tout le monde pouvait se rendre compte de son embarras. C'était pire que tout.

« Est-ce que j'aime voir des gens jouer à un jeu illégal ? C'est ta question ? répliqua t-elle habilement.

- Oh allez, ne sois pas rabat joie, viens !

- Je n'ai aucun gallion sur moi, et même si j'en avais, je ne suis pas assez stupide pour rejoindre une partie avec vous. Je suis sûre que vous avez une dizaine de façons différentes de tricher.

- Une dizaine, répéta Peter en gloussant, lui indiquant clairement qu'elle pouvait multiplier par cinq son hypothèse.

- On ne joue pas avec des gallions. Celui qui perd enlève un vêtement, et comme tu peux le voir, James est proportionnellement aussi nul à ce jeu qu'il est doué au quidditch.

- Et tu voulais jouer à ça parce que tu ressentais l'irrésistible envie de voir tes meilleurs amis nus ? »

Sa dernière remarque eut le mérite de faire éclater de rire aussi bien ses propres camarades, que les trois autres maraudeurs. Sirius, lui, lui accorda un sourire, mais elle ne s'en souciait guère parce qu'elle avait fait rire James. Il était celui qui la faisait rire, normalement.

Elle s'était retournée vers Mary lorsque le tee-shirt de James vola à travers la pièce pour venir s'échouer sur son visage. Elle soupira lourdement et le retira en s'efforçant d'ignorer que le parfum qui en était recouvert était son odeur préférée depuis plusieurs mois et qu'elle aurait voulu ne jamais respirer autre chose.

« Allez Evans ! On t'attend ! réitéra Black.

- Tu es en train de proposer à une préfète en chef de jouer à un jeu illégal, Merlin ! Lui rétorqua t-elle.

- Ça ne semble pas poser de problème au préfet en chef, pointa Rémus avec un sourire espiègle.

- Je n'y peux rien s'il n'y en a qu'un seul d'entre nous qui est responsable.

- Je ne suis pas si responsable que ça, Lily, ne nous emballons pas.

- Très bien Potter. Tu vois ce tee-shirt ? Dit-elle en agitant le bout de tissu devant elle. Tu ne le reverras plus.

- Tu vas dormir avec ?

- Tu aimerais bien ? »

Ils échangèrent un long regard et, pour la première fois depuis de nombreux mois, Lily se demanda si tout était vraiment perdu. Mary ricanait avec Alice et Frank à côté d'elle en chuchotant des obscénités, et Sirius laissa échapper un rire tonitruant.

« A toi de distribuer, Queudver, reprit James après être resté stoïque pendant une petite minute. »

Lily se tourna vers ses amis en se mordant la lèvre. Elle avait essayé. Ils ne pouvaient pas prétendre le contraire.

« Je ne sais plus quoi faire, murmura t-elle. Il s'en fiche totalement. Je viens de lui tendre une perche monumentale, et il ne l'a pas prise.

- J'avoue que je n'y comprends pas grand chose non plus, la rassura Alice.

- Voyons, James a un ego surdimensionné, il a besoin d'être courtisé, c'est tout, plaisanta Frank.

- Ou peut-être que je ne lui plais plus. »

Mary s'apprêtait à lui répondre lorsqu'une énorme gerbe d'étincelles s'éleva de l'autre extrémité de la salle commune et qu'une pluie de confettis en jailli. Peter Pettigrow, bras croisés, baguette à la main, et pantalon sur les chevilles faisait une tête de six pieds de long.

« C'EST DE LA TRICHE ! protesta t-il. JE N'AVAIS PAS PERDU !

- Les règles sont faites pour être contournées, Queudver, chantonna Sirius avec un sourire aux lèvres.

- PARFAIT ! JE VAIS ME COUCHER ! »

Le jeune homme trébucha dans son pantalon et manqua de s'étaler sur le vieux parquet avant de le remonter d'un geste peu gracieux, faisant éclater de rire ses trois amis. Le jeu de carte n'était plus qu'un tas de minuscules morceaux de papier carbonisé que Rémus Lupin envoya dans l'âtre de la cheminée d'un simple coup de baguette.

« Bon... Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

- Hé, Londubat et compagnie, ça vous dit un détour dans un monde d'illégalités, d'aventures, et d'exaltation ? lança Sirius.

- Ça dépend de ce que tu proposes, Black, lui répondit Alice.

- Ce que je propose, ma chère, est un cache-cache.

- Un cache-cache ? Tu as douze ans ou quoi ? se moqua gentiment Mary.

- Oh mais ma chère MacDonald, je ne parle pas d'un cache-cache banal dans la salle commune. Je parle d'un cache-cache dans tout le septième étage, un cache-cache de tous les dangers, puisque comme tu le sais très bien, notre cher concierge patrouille tous les soirs dans l'espoir de nous attraper.

- Un cache-cache illégal, pointa Lily.

- Mais pourquoi est-ce que tu veux toujours tout gâcher ? l'interrogea t-il en prenant un air boudeur.

- Allez, Lily. Ce n'est pas bien méchant. La pire chose qui pourrait nous arriver serait de nous faire attraper par Rusard. C'est notre dernière année. On peut bien s'amuser un peu. Lequel d'entre nous n'a pas déjà pensé à faire une partie de cache-cache ici ? C'est le terrain de jeu le plus légendaire. »

L'argumentation de Frank, bien qu'elle fut loin d'être très étoffée, fit son petit chemin dans la tête de Lily. Elle avait beau rester de marbre en apparence, l'idée de Sirius lui semblait en fait très attirante. Et puis, ce n'était pas comme si elle n'avait jamais enfreint le règlement. Il lui était arrivé de faire des écarts. Celui ci ne serait pas considéré comme une horrible faute dans son dossier si elle se faisait attraper. Et puis, pour être honnête, elle avait une idée en tête.

« Très bien, mais dans ce cas, tu comptes, reprit-elle à la surprise générale.

- Oh Evans, tu as plutôt intérêt à bien te cacher, tu as deux minutes ! tonna t-il avant de s'échouer sur le canapé et d'enfouir sa tête dans les coussins. »

Cinq gryffondors se hâtèrent vers la porte de la salle commune pendant que Rémus, lui, se contentait de monter vers les dortoirs. Une fois dans les couloirs en pierres, un vent froid les fit frissonner. Tenant toujours le tee-shirt de James à la main, Lily le lui tendit.

« Tu vas en avoir plus besoin que moi.

- Merci. Je t'en dois une, lui dit-il en enfilant le vêtement.

- Si tu m'aides à me cacher, on efface l'ardoise. »

Il resta immobile une seconde avant de hocher la tête et de lui faire signe de le suivre. Les autres s'étaient déjà volatilisés et quand ils parvinrent au pied de la tour nord, ils n'entendaient plus aucun bruit de pas à part les leurs.

« La salle de divination ? Vraiment ? l'interrogea Lily en montant l'échelle derrière lui.

- Il n'y a pas plus désordonné que cette pièce là. Il y a beaucoup trop d'informations pour que Sirius arrive à tout assimiler. »

Lily laissa échapper un rire qu'elle étouffa rapidement quand une voix lointaine parvint à ses oreilles. Sirius était sorti de la salle commune sans faire preuve de la moindre discrétion, et elle se demandait si sa stratégie ne consistait pas à alarmer le concierge pour que ce dernier rabatte inconsciemment ses camarades de jeu vers la salle commune de gryffondor.

« Merlin, il me connaît trop ! Pesta James alors que la voix tonitruante de son meilleur ami se faisait de plus en plus forte. »

Lily balaya rapidement la pièce des yeux. James avait raison, il y avait d'infinies possibilités ici. Elle se précipita vers une grosse armoire en chêne au fond de la pièce, mais quand elle l'ouvrit, elle constata qu'elle comportait beaucoup trop d'étagères et de potions en tout genre pour qu'ils puissent avoir le temps de trouver un moyen de s'y glisser.

Ils auraient pu se cacher derrière les innombrables poufs et fauteuils, mais si Sirius faisait le tour de la pièce, ils étaient fichus, et il était peu probable qu'il se contente de jeter un coup d'oeil par la trappe.

« Ici ! »

L'index pointé vers un massif coffre en bois miteux surplombé de coussins sur lequel des groupes d'élèves s'asseyaient souvent en tailleur, James venait de désigner l'endroit rêvé sans vraiment le réaliser. Lily n'aurait pas espéré mieux si elle l'avait voulu. Elle se hâta derrière lui, ouvrit le coffre, et fit signe à James de s'y installer.

« Je ne vais pas y aller en première, je suis plus petite, je vais m'adapter, lui expliqua t-elle à voix basse. »

Il sembla réfléchir à la question pendant un instant, puis il enjamba le mobilier et s'allongea à l'intérieur, repliant ses genoux contre lui. Ils pouvaient maintenant entendre Sirius chanter une chanson grivoise, et Lily n'avait plus aucun doute sur le fait qu'il avait décidé de jouer à un jeu dangereux avec le concierge.

« Il a ma cape d'invisibilité, il sait qu'il ne risque rien, marmonna James comme s'il avait lu dans ses pensées. »

Lily poussa un juron et s'empressa de rentrer dans la malle, essayant tant bien que mal de la refermer sans faire le moindre bruit. James était dos à elle, couché de profil, et elle avait l'impression que chaque centimètre carré de son corps était en contact avec le sien. C'était à la fois très agréable et très inconfortable.

« Dorcas Meadowes m'a dit que tu allais à Pré-au-lard avec elle le week-end prochain, murmura t-elle alors que la voix de Sirius se rapprochait dangereusement.

- Vraiment ?

- Ce n'est pas vrai ?

- Je ne me souviens pas avoir consenti à quoi que ce soit avec Meadowes.

- Elle avait l'air très sûre d'elle.

- Dorcas est souvent sûre de beaucoup de choses sauf de la vérité, si tu veux mon avis, commenta t-il avec une pointe d'agacement.

- Alors tu ne vas pas sortir avec elle ?

- Non, bien sûr que non. »

Il y eut un silence entrecoupé seulement des chants douteux de Sirius qui se faisaient de plus en plus proches, et de la respiration lente de James.

« Pourquoi est-ce que ça t'intéresse ? reprit-il d'une voix étouffée.

- Parce que.

- Tu m'as habitué à une meilleure répartie, lui fit-il remarquer en laissant échapper un rire discret. »

Elle avala sa salive avec difficulté. Ses deux bras étaient calés contre le dos de James et elle avait très envie de les passer par dessus sa taille et de le serrer un peu plus contre elle. Elle doutait pourtant que cela soit possible, mais cela aurait au moins le mérite de répondre à sa question.

« Tu vas me rendre ce tee-shirt, après ? le questionna t-elle.

- Te le rendre ? Je te rappelle qu'il m'appartient.

- Je ne peux pas dormir avec si tu ne me le rends pas. »

Il ne répondit pas immédiatement, et Lily remercia Merlin qu'il soit dos à elle et qu'ils soient tous les deux plongés dans le noir pour qu'il ne puisse pas la voir grimacer. Les dents serrés, les yeux fermés, et les poings crispés, elle s'insultait mentalement. C'était le silence de trop, mais aussi celui qui clarifiait tout. Elle se ridiculisait, et elle aurait certainement dû s'en rendre compte avant.

« Est-ce que tu... Flirtes avec moi ? finit-il par lui demander avec une pointe d'hésitation dans la voix.

- Ça dépend. Est-ce que ça te gêne ?

- Non. Enfin... Non. Non pas du tout, balbutia t-il. Au contraire, je... Non. Ça ne me dérange pas. »

Elle ne put retenir un soupir de soulagement et son souffle s'échoua sur la nuque de James, lui octroyant un bref frisson qui aurait été imperceptible s'ils n'avaient pas été aussi collés l'un à l'autre.

« Je le fais depuis un moment déjà, mais tu ne réagissais pas, alors je pensais que... Et puis Meadowes m'a dit ce truc à propos de Pré-au-lard, alors...

- Quel idiot, chuchota t-il. Pendant tout ce temps, tu flirtais ?

- Oui. Enfin... J'essayais...

- Je suis désolé. Merlin. Je suis un imbécile. Est-ce que tu... »

Il fut coupé par l'ouverture soudaine de la trappe qui menait à la salle de divination. Tous les deux retinrent leur souffle.

« Il y a quelqu'un ici ? Demanda Sirius. »

N'obtenant évidemment aucune réponse, il fit quelques pas dans la pièce, ouvrit la grande armoire que Lily avait brièvement envisagée, et la referma dans un grincement sinistre avant de se remettre à marcher. Ses bruits de pas se rapprochèrent tant que Lily s'agrippa au tee-shirt de James et ne desserra son étreinte que lorsque le maraudeur s'éloigna.

Elle l'entendit remuer les poufs, les pieds des fauteuils raclèrent le sol, et cinq minutes plus tard, la trappe se referma. Il était parti. Ils demeurèrent tout de même immobiles pendant quelques instants, tous les deux bien conscients que Sirius était un être fourbe et qu'il pouvait tout à fait avoir fait semblant de partir. Quand il leur sembla qu'ils étaient hors de danger, ils émergèrent enfin de la malle.

James s'étira longuement et s'empressa d'aller jeter un discret coup d'oeil vers l'échelle avant de revenir au centre de la pièce et de faire signe à Lily qu'il n'était plus là. Comme pour l'appuyer, les chants grivois avaient repris, mais ils s'étaient considérablement éloignés.

« J'ai cru que j'allais étouffer ! s'exclama Lily en se laissant tomber sur des coussins qui jonchaient le sol.

- Pas maintenant. Demain, à la limite, si tu veux, mais là j'ai besoin d'éclaircir quelques détails. »

Il s'échoua à côté d'elle qui s'était mise à rire, et ils s'accoudèrent tous les deux pour se faire face. Ils se dévisagèrent un long moment sans avoir envie de mettre des mots sur ce qu'ils ressentaient tous les deux, et pour la première fois, Lily eut l'impression qu'ils se comprenaient.

« Si je meurs vraiment demain, tu t'en mordras les doigts, lui fit-elle remarquer.

- Peut-être que je rebondirais. Après tout, il paraît que j'ai rendez-vous avec Dorcas Meadowes. »

Elle l'observa en haussant les sourcils, faussement vexée, puis rapprocha son visage du sien juste assez pour le prendre au dépourvu.

« Sors avec Meadowes si tu veux sortir avec Meadowes, mais ce sera la dernière chose que tu feras.

- Tu me menaces ? Est-ce que ce n'est pas un peu illégal, tout ça ? pointa t-il moqueusement.

- Ce qui est illégal, c'est que tu m'aies proposé d'aller à Pré-au-lard trois fois l'année dernière, et pas une seule fois cette année.

- Vraiment ? Il y a une ligne là dessus dans le règlement ? »

Elle plissa les yeux alors qu'il lui adressait un léger sourire. Et, sans qu'elle ne s'y attende, elle sentit sa main se poser sur sa joue, puis s'enfouir dans ses cheveux roux, et s'arrêter sur sa nuque. Il rapprocha son visage du sien, se contenta d'un bref baiser, et s'écarta juste assez pour qu'elle se sente submergée par une insurmontable vague de frustration.

Elle savait que c'était exactement ce qu'il voulait, mais de toutes façons, elle n'avait pas l'intention de résister à quoi que ce soit. Ses doigts s'agrippèrent à son tee-shirt et elle l'embrassa, se laissant retomber sur les coussins et l'entraînant sur elle. Il n'y avait plus d'obstacle. Tout était clair comme de l'eau de roche. Elle voulait être avec lui et à en croire l'ardeur avec laquelle il lui rendait son baiser, il voulait aussi être avec elle.

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«Il te manque du monde ? demanda Rémus à Sirius devant les escaliers menant aux dortoirs de la salle commune.

- Eh bien Alice et Frank sont dans le bureau de Rusard, ils se sont fait attraper dans les couloirs grâce à mon sublime chant d'alerte, et MacDonald est montée se coucher, je l'ai trouvée en première, elle a voulu se cacher derrière une statue dans le couloir mais elle l'a faite tomber, je n'ai même pas eu besoin d'utiliser la carte du maraudeur.

- Et James et Lily ?

- Oh. Ils sont dans la salle de Divination. J'ai fait semblant de ne pas m'apercevoir qu'ils étaient dans la malle. J'imagine qu'ils se bécotent à l'heure qu'il est. Enfin, j'espère. Je n'ai pas renoncé à la victoire pour qu'ils reviennent ici avec le même balai coincé dans le derrière que lorsque la partie a commencé, expliqua t-il en haussant les sourcils. »

Un sourire malin scotché au visage, Rémus lui serra la main. Il était temps.