Bonjour, bonjour !

Si vous saviez comme cela m'avait manqué de ne pas écrire toutes les semaines les deux mots ci-dessus ... Un an et un mois après la publication du prologue de Voulez-vous m'aimer ? me revoici avec une nouvelle fanfiction (autre qu'un OS). A la base, je pensais en faire un truc très court, deux ou trois chapitres, pas plus. Sauf que l'intrigue en a décidé autrement ! Pour l'instant, six chapitres sont écrits, j'ai donc pas mal d'avance en cas de panne d'inspiration. Je remercie d'ailleurs Jess-Lili, ma relectrice et amie qui me soutient dans cette entreprise :)

Pour vous parler un peu de cette histoire (et après promis, je vous laisse lire tranquille), je suis revenue à mes premières amours : la Dramione. Toutefois, aucune Magie présente dans cette histoire. J'ai décidé de laisser libre court à mes envies d'écriture dans un univers alternatif à celui créé par J.K. Rowling. Bien évidemment, les personnages lui appartiennent toujours, sauf pour les OCs qui sont de ma création. L'histoire est sombre, je ne vous le cache pas. Cependant, l'humour est aussi présent, et j'espère que vous passerez de bons moments en compagnie des personnages !

Sur ce, je vous laisse avec le chapitre premier de Que Justice soit faite. Bonne lecture :)


Chapitre 1

Comment était-elle arrivée là ?

C'était cette question qui taraudait Hermione Granger, tandis qu'elle marchait parmi les gratte-ciels qui peuplaient le paysage du quartier de la Défense à Paris. Malgré son envie impatiente de détailler du regard toutes les imposantes bâtisses qui l'entouraient, la jeune femme se retint pour parvenir à se fondre dans la masse des hommes et femmes d'affaires pressés. Il était sept heures et demie du matin, ce n'était pas le moment de jouer les touristes. Elle ne savait pas si elle devait aimer cette ambiance, ou si cela lui faisait regretter la chaleur et le cocon qu'avait été, pour elle, la bibliothèque de l'université. La candidate secoua la tête. Ses années d'études lui semblaient bien loin, alors que cela ne faisait pas si longtemps qu'elle était diplômée. De plus, elle avait bien changé depuis cette période.

Comme toujours, la brune était en avance. Elle avait rendez-vous à huit heures. Ce fut pourquoi, quand elle se présenta devant l'immeuble à bureaux dans lequel elle avait son entretien, elle se retint d'entrer tout de suite. Arriver trop tôt lui avait déjà joué des tours par le passé. Attendre pendant de trop longues minutes sur des chaises inconfortables de salle d'attente, ce n'était plus ce qu'elle voulait. Alors, elle arrivait toujours en avance dans le quartier, trouvait le bâtiment qui abritait l'entreprise et tournait un peu dans le secteur. Cela lui permettait aussi de se familiariser avec son potentiel environnement. Même si ce dernier ne restait le plus souvent que potentiel.

Premier emploi, second emploi, troisième emploi…, énième emploi.

Hermione ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû s'adapter à un nouveau cadre de vie. La désillusion était devenue sa meilleure amie depuis sa sortie de la faculté. Pendant ces cinq années d'études, on lui avait promis un emploi stable dans les six mois suivant sa remise de diplôme. Cependant, ce n'était pas ce qui s'était réellement passé. Alors, oui, elle ne pouvait pas nier qu'elle avait eu des contrats de travail. La stabilité était parfois présente, mais pas toujours. Ce qu'on ne lui avait pas dit, c'était qu'elle allait plonger dans la fosse aux lions. Elle, la sage et discrète rat de bibliothèque avait fait face à des personnes qui auraient plus pu s'apparenter à des tigres enragés qu'à des êtres humains.

Pourtant, elle venait de la province. Elle avait traversé de nombreuses villes avant d'atterrir dans celle qui l'a vue naître vingt-six ans auparavant. Toutefois, elle avait pu observer que, que ce soit dans la capitale ou ailleurs en région, les jeunes diplômés n'étaient pas les personnes les plus agréables. Passer l'euphorie d'avoir reçu un diplôme les faisant appartenir aux cinq pour cent de la population les plus instruits, ils devenaient enragés et ambitieux. Ils étaient nombreux à postuler aux mêmes offres, à échanger des regards hostiles quand ils se croisaient dans les salles d'attente. Hermione avait l'impression d'être totalement étrangère. La jeune femme n'avait pas été comme eux, tout du moins au début. C'était peut-être pour cela qu'elle n'avait pas réussi à passer la période d'essai parfois. Ou peut-être était-ce dû à ce qu'elle avait découvert en elle par la suite ?

Soudain, quelqu'un la bouscula, la faisant sortir brutalement de ses pensées. Elle se retint de justesse à un mur, évitant ainsi de tomber sans la moindre grâce sur le trottoir humide. Malgré tout, son sac se répandit sur le sol, déversant l'intégralité de son contenu sur le macadam. La brune se mordit la lèvre inférieure et se mit à rougir. C'était son système de défense quand elle se sentait mal à l'aise. Se dépêchant de s'accroupir pour récupérer ses affaires, elle fit tout de même attention à la position qu'elle adoptait. Sa jupe noire cintrée ne lui permettait pas de faire des folies. Bien évidemment, personne ne vint l'aider. Par chance, tous les piétons avaient un minimum de jugeote et l'évitaient. Ses affaires et ses mains ne se retrouvèrent donc pas sous les chaussures de ville des hommes ni sous les talons affûtés des femmes.

Une fois son sac à main rempli à nouveau, Hermione se releva tant bien que mal sur ses jambes. Elle épousseta ses vêtements, passa une main dans ses cheveux, et jeta un coup d'œil à sa montre. Si la scène d'avant l'avait fait rougir, la suivante la fit blanchir à une vitesse folle. Elle était en retard ! Sa mésaventure lui avait coûté de précieuses minutes. À son tour, elle bouscula quelques personnes pour se faufiler jusqu'à la porte-tambours. Elle s'engouffra dans le tourniquet et se présenta essoufflée à l'accueil. La jeune femme blonde qui s'y trouvait, releva les yeux vers elle et la jaugea du regard. Sans se cacher, elle esquissa un rictus moqueur. La brune passa outre et ouvrir la bouche pour justifier de sa venue.

– Bonjour, je suis Hermione Granger. J'avais rendez-vous à huit heures avec Monsieur Sloper.

– Effectivement. Attendez ici, je vais l'appeler.

Hermione remercia la jeune femme et s'éloigna quelque peu pour ne pas assister à l'appel. Finalement, elle prit le temps de regarder l'intérieur du bâtiment. D'immenses baies vitrées faisaient entrer la lumière. Dans le lobby, un stand de boissons chaudes était installé. Un léger brouhaha venait des quelques tables aménagées là pour les salariés. Un peu plus loin, des ascenseurs menaient aux différents étages. La jeune femme se demanda combien de personnes pouvaient se rassembler dans une telle construction. Combien d'entreprises étaient représentées ici ? Cependant, il n'y en avait qu'une seule qui l'intéressait pour le moment. Celle où elle avait déposé sa candidature.

– Mademoiselle Granger ?

Sortant brusquement de ses pensées, pour la seconde fois de la journée, la susnommée se retourna vers la voix féminine qui l'avait interpellée. Une femme d'âge mûr, aux cheveux blonds, se tenait à quelques pas, et semblait l'attendre. Hermione s'avança vers elle et tendit une de ses mains. La blonde lui rendit son salut d'une poigne ferme.

– Marianne Jubard, je suis la secrétaire de Monsieur Sloper. Veuillez me suivre s'il vous plaît.

Hermione s'exécuta sans ajouter un mot. Les deux femmes partirent en direction des élévateurs. Elles n'attendirent qu'une trentaine de secondes avant que les portes ne s'ouvrent. Elles entrèrent toutes les deux, ainsi que d'autres travailleurs dans la cabine. La candidate vit la secrétaire appuyer sur le bouton numéro sept. Le silence régnait en maître dans l'ascenseur. Personne n'échangeait le moindre regard. Les salariés étaient sûrement déjà concentrés sur les tâches qui les attendaient dès qu'ils auraient franchi le seuil du monte-charge. Certains avaient aussi des écouteurs ou des casques audio sur leurs oreilles. Quant à la brune, elle sentit son stress grimper encore d'un cran. Ses mains devenaient moites et elle faisait de son mieux pour les essuyer sur son blazer, sans que sa voisine ne le remarque.

Enfin, le septième étage arriva. Il y eut un tintement léger de la part de l'ascenseur et les deux femmes s'extirpèrent de la cabine, laissant derrière elles trois personnes qui montaient encore plus haut dans le bâtiment. L'ambiance à ce niveau était toute autre que dans le lobby. On retrouvait tout de même les grandes baies vitrées, signe de l'appartenance des bureaux à la construction. Cependant, il y régnait un silence de plomb. Même dans les open-spaces, qu'Hermione pouvait apercevoir au loin, on entendait les mouches voler. De temps à autre, un téléphone sonnait, mais guère longtemps. Il n'y avait aucun signe d'agitation, ce qui fit monter la pression que ressentait la brune. Toutefois, elle se finit par se raisonner, et se rappela les raisons de sa venue dans ces bureaux, retrouvant ainsi un semblant de quiétude.

– Mademoiselle Granger, puisque vous étiez en retard, Monsieur Sloper a pris un rendez-vous téléphonique. Vous devrez donc attendre une dizaine de minutes ici même. Voulez-vous quelque chose à boire pour patienter ?

– Non, je vous remercie. Je comprends que Monsieur Sloper soit un homme occupé. Je suis vraiment désolée de m'être présentée en retard.

– Si jamais vous êtes prise pour le poste, veillez à ne jamais refaire cette erreur.

Voilà qui était dit. Hermione opina et alla s'asseoir sur les sièges désignés par la secrétaire. Cette dernière repartit, probablement vers son bureau, ses talons claquant sur le sol carrelé. La candidate n'avait pu s'empêcher de rougir sous la critique. En son for intérieur, elle espérait que le dénommé Sloper soit plus chaleureux que son employée. Pour se détourner de son stress pendant quelques instants, la jeune femme se focalisa sur le paysage qui s'étendait par les baies vitrées. Le soleil était déjà bien présent et lui chauffait le visage. Des immeubles pouvaient se voir à perte de vue. Puis, elle baissa les yeux pour apercevoir le sol. Avec la hauteur, les passants semblaient de petite taille. Toutefois, la brune dut arrêter rapidement de les observer, prise d'une sensation de vertige. Son souffle s'accéléra dans sa poitrine. Pour ne pas éveiller l'attention des autres personnes, elle ferma les yeux et se concentra pour réduire son rythme cardiaque.

– Mademoiselle Granger ?

Et pour la troisième fois de la journée, Hermione sursauta et manqua de perdre tous ses moyens. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de se faire surprendre comme cela. Probablement que la pression qu'elle ressentait vis-à-vis de cet entretien d'embauche lui mettait les nerfs à vif. Cependant, elle avait besoin de cet emploi. Enfin, surtout des relations qui allaient venir avec. Elle ouvrit brutalement les yeux, et se fit éblouir par le soleil. Elle ne put retenir un juron, et rouvrit les yeux un peu plus délicatement pour leur laisser le temps de s'habituer à la luminosité. Visiblement, elle n'avait pas vu les dix minutes passer. Trop concentrée dans sa tâche, elle avait complètement occulté le monde extérieur. Comme elle aurait voulu devenir une souris et disparaître par un petit trou. Finalement, elle leva la tête vers la personne qui l'avait appelée. C'était un grand homme blond, qui semblait avoir son âge. Ses yeux gris étaient perçants. Sous son regard imperturbable et devant son visage impassible, la figure de la candidate se para de rouge. Elle se releva rapidement, passa une main sur sa jupe et se redressa. Comme précédemment pour la secrétaire de Monsieur Sloper, elle tendit son bras pour saluer son interlocuteur.

– Elle-même. Ravie de vous rencontrer, Monsieur… ?

– Malefoy. Drago Malefoy. Je fais partie de l'équipe de Monsieur Sloper. Veuillez me suivre. Je vais vous conduire à la salle de réunion.

Hermione hocha la tête et relâcha la main de Malefoy. Il avait une voix grave, mais totalement neutre. Rien dans son attitude ne laissait filtrer le moindre avis sur sa personne. Ce n'était pas comme avec la jeune femme de l'accueil ou encore Marianne Jubard. Ces dernières lui avaient bien fait sentir que quelque chose ne leur plaisait pas chez la candidate. Finalement, la brune préférait le masque stoïque de l'homme qu'elle suivait, plutôt que les reproches à peine déguisés des deux autres.

En silence, les deux jeunes adultes se rendirent jusqu'à la salle de réunion. Ils traversèrent quelques blocs de bureaux ouverts, où des salariés concentrés faisaient ce pour quoi ils étaient rémunérés. Ils arrivèrent ensuite vers des salles entièrement vitrées, où des équipes étaient rassemblées. On n'entendait pas un bruit en provenance de ces lieux, malgré parfois les grands gestes faits par ces personnes, qu'Hermione pouvait observer. Enfin, ils arrivèrent devant une pièce vide. Malefoy ouvrit la porte et laissa passer la candidate. D'un geste de la main, il l'invita à s'asseoir et il rejoignit une chaise en face d'elle.

– Monsieur Sloper va nous rejoindre dans quelques instants.

– Bien.

Le silence revint s'installer entre les deux jeunes adultes. La nature curieuse d'Hermione avait envie de reprendre le dessus et de demander à son interlocuteur quel métier il faisait. Elle se l'imaginait bien en avocat. Cependant, elle se retint, de peur de paraître trop interrogatrice. Elle ne savait pas trop sur quel pied danser face au blond. Ce dernier sortit son téléphone portable et se focalisa dessus. Très vite, la candidate se sentit seule. Elle voulut croiser les doigts sous la table, mais le plateau était en verre et laissait donc voir tous ses mouvements. Alors, elle se contenta d'espérer dans sa tête que Monsieur Sloper arrive au plus vite dans la salle de réunion. Sa prière fut exaucée deux minutes plus tard, tandis qu'elle entendit derrière elle, la porte s'ouvrir.

– Marianne, qu'on ne me dérange sous aucun prétexte.

– Bien Monsieur.

La voix masculine était ferme, mais Hermione put sentir la chaleur de son ton. La candidate se releva de son siège. Le blond fit de même, en apercevant son mouvement, rangeant du même temps son téléphone. La brune se tourna vers la porte. Elle tendit la main, un sourire qui se voulait naturel plaqué sur ses lèvres. Son stress était revenu en flèche. L'entretien commençait, et la première impression était primordiale. Devant elle, un homme, s'apprêtant à entrer dans sa quarantième année d'existence, habillé d'un élégant costume, et ayant les cheveux bruns, lui tendit également sa main. La poigne qu'ils échangèrent fut franche.

– Bienvenue chez nous, Mademoiselle Granger. Veuillez vous asseoir.

– Merci de me recevoir Monsieur.

Tous trois prirent place autour de la table en verre. Hermione d'un côté, Malefoy et son patron de l'autre. La candidate se concentra, posa ses mains jointes sur la table, et attendit les premières questions. Elle jeta un coup d'œil vers l'homme blond, qui sembla se concentrer également sur elle. Il n'avait pas lâché son masque d'impassibilité d'un iota. Quant à Monsieur Sloper, il sortit d'une pochette cartonnée, estampillée du logo de son entreprise, le Curriculum Vitae et la lettre de motivation de la jeune femme. Cette dernière porta son regard dessus, et vit des annotations. Elle pouvait en déduire qu'ils avaient étudié sa candidature de près, ce qui la rassura un peu. Le chef d'équipe reporta ensuite son regard sur elle, et elle comprit qu'il allait commencer.

– Permettez que je vous appelle Hermione ?

La jeune femme fut quelque peu décontenancée, mais elle se garda bien de le montrer. Elle s'éclaircit la gorge, pour ravaler sa surprise, et continua la discussion.

– Aucun souci, je vous en prie.

– Bien. Maintenant, j'aimerais que vous me parliez de vous.

– J'ai vingt-six ans, je suis diplômée de l'université de…

– Non. Dites-moi ce qu'il n'y a pas sur ce CV.

Cette fois-ci, Hermione ne put s'empêcher de montrer sa surprise. Elle ne s'attendait pas du tout à ce genre d'interrogation. Que dire ? Elle croisa le regard de l'expéditeur de la question. Ce dernier semblait intéressé, et n'avait pas l'air de vouloir la piéger. Elle tourna ensuite la tête vers son collègue. Lui aussi attendait une réponse de sa part. Elle allait devoir se montrer inventive. On était bien loin de l'image stricte et droite de l'avocat ou du juriste. Pour ne pas les faire attendre trop longtemps, elle prit une profonde inspiration pour retrouver ses esprits et formuler une réponse, qu'elle espérait être à la hauteur de leurs attentes. Son regard brun se para de détermination, et elle fit ressortir une partie de son caractère qui pouvait transparaître quand elle voulait quelque chose à tout prix.

– Je vais jouer la carte de l'honnêteté avec vous. Je ne m'attendais pas à votre question. Je pourrais presque dire que ce serait sortir de ma zone de confort. Mais je vais m'y adapter, comme j'arriverais à le faire suivant les clients que je vais avoir en face de moi. Je n'ai pas peur de faire des efforts. Ce qui se cache derrière la feuille de papier que vous tenez entre les mains, c'est que j'ai payé mes cinq années d'études seule. J'ai été embauchée comme étudiante salariée pour arriver à payer un loyer, ainsi que les cours. J'ai aussi fait des dizaines d'entretiens avant celui-ci. J'ai été acceptée dans quatre entreprises différentes, où je ne suis pas restée plus que quelques mois. En effet, je ne me sentais pas dans mon élément dans ces structures. Il me manquait quelque chose.

– Et quel est-il cet élément manquant ?

– La satisfaction de mon ambition.

La jeune femme marqua une pause dans ses paroles, pour étudier les réactions des deux hommes en face d'elle. Malefoy arborait un sourire en coin. Hermione ne savait pas trop quoi en penser. Se moquait-il d'elle ? Ou partageait-il ses opinions ? Quant à son chef, ses yeux étaient encore plus chaleureux qu'avant. Elle avait donc réussi à en convaincre au moins un. Toutefois, croyant que Sloper allait reprendre la parole, elle ne s'attendait pas à entendre la voix du blond.

– Ou sinon quoi ? Vous allez menacer de démissionner, parce que vous ne montez pas assez vite les échelons ? Cela me paraît un peu léger.

– L'ambition passe aussi par la valorisation des compétences, Monsieur Malefoy. Je n'ai pas grand-chose à faire des échelons. Tout ce que je veux, c'est conseiller des clients intéressants, avec des histoires. Pas seulement donner une piste de réflexion à un chef d'entreprise qui fait face à une grève.

– Alors vous voudriez choisir vos clients, alors que nous ne connaissons rien de vos aptitudes ? Croyez-vous réellement que nous allons vous confier des tâches à hautes responsabilités pendant votre première semaine ? Vous rêvez, ma parole !

Cela y était. Hermione voyait enfin une once d'émotion dans le comportement de Drago Malefoy. Elle avait réussi à attiser sa curiosité, puis balayer ses pensées à coups de mots. Il tentait de se défendre au mieux. Cependant, il ne savait pas à qui il avait à faire. La candidate, par-delà son image de femme discrète et maladroite, savait de quoi elle parlait. Une fois que l'on touchait à son domaine de prédilection, le droit de l'entreprise et celui du travail, elle devenait une lionne. Le blond, assis en face d'elle, les poings serrés, s'apparentait plus à un serpent. Elle était certaine que s'il était bien avocat comme elle le pressentait, la morsure de ses mots devait faire mouche au tribunal. Toutefois, elle était loin de se laisser démonter par le jeune homme. La vie ne l'avait pas épargnée jusqu'à présent, et la jeune femme avait survécu de justesse. Ce n'était donc pas un avocat récalcitrant qui allait la faire tomber à terre.

– Pourquoi croyez-vous que j'aie terminé major de ma promotion ? Que tous mes stages se soient excellemment bien passés. Vous pouvez passer des coups de téléphone à tous les employeurs présents sur mon CV, ils vous diront tous la même chose.

– Alors pourquoi ne vous ont-ils pas gardé puisque vous êtes si parfaite, Hermione ?

Il avait insisté sur son prénom, comme si cela devait l'intimider. Il pensait avoir touché une corde sensible. Rappeler les échecs de la jeune femme était sa stratégie pour la briser, pour la forcer à avouer qu'elle n'était pas si bonne. Il devait sûrement se dire qu'elle avait honte de ne pas avoir gardé un emploi pendant plus de trois mois. Mais c'était peine perdue, il n'y arriverait pas comme cela. Hermione avait réponse à tout.

– D'un commun accord avec tous mes anciens patrons, nous avons rompu les contrats. Ils avaient remarqué mes aptitudes et pensaient me ralentir dans ma carrière plus qu'être un tremplin pour elle.

– Et qu'est-ce qui vous fait dire que vous resterez ici ?

– Votre cabinet de conseil est le meilleur sur le marché. On s'arrache vos services, si je ne m'abuse. Et je ne veux que le meilleur.

– Vous êtes prise, Hermione. Rendez-vous lundi à sept heures trente précises.

– Jack, tu n'es pas sérieux !

Malefoy s'était levé de sa chaise et regardait son supérieur hiérarchique, des éclairs dans le regard. Monsieur Sloper, lui, n'observait que la jeune femme devant lui. Il avait été impressionné. Peu de personnes arrivaient à tenir tête à son protégé. C'était pour cela qu'il l'emmenait toujours avec lui pour les entretiens d'embauche. Outre ses méthodes de recrutement peu orthodoxes, la présence du blond avait toujours réussi à faire ressortir la véritable personnalité des candidats. Il était certain que ces deux-là allaient faire des étincelles. Un peu de compétition ne faisait jamais de mal, toutefois il allait devoir les surveiller un peu plus. Drago n'allait pas se laisser marcher sur les pieds par une bleue. Cette dernière n'allait pas se laisser faire. La vigilance était donc de mise.

– Merci, Monsieur Sloper, j'ai hâte de commencer à vos côtés.

– Vous pouvez m'appeler Jack. Ici tout le monde s'appelle par son prénom, à part Marianne qui s'évertue à me donner du « Monsieur » malgré toutes ces années… Veillez à ne pas arriver en retard lundi.

Comme si Hermione n'était pas au bout en termes de surprise, voilà que son patron lui faisait un clin d'œil. Elle croisa ensuite les yeux gris de son, désormais, nouveau collègue, et ce dernier ne manqua pas de la fusiller du regard. La collaboration s'annonçait rude. Cependant, la jeune femme n'en avait pas peur. Cela rajoutait même la pointe de piquant qu'elle n'avait pas eu dans ses autres emplois. Elle se leva de sa chaise en même temps que Jack. Ils se serrèrent la main pour manifester leur accord mutuel. Il lui promit un contrat d'ici la mi-semaine. Puis, il la raccompagna jusqu'à l'ascenseur où ils se souhaitèrent une bonne journée. Malefoy ne les avait pas suivis. La brune ne s'en offusqua pas le moins du monde. Elle échangea un dernier sourire avec son patron et entra dans la cage de l'élévateur. Une fois hors du bâtiment, elle laissa éclater sa joie, s'attirant le regard des quelques passants.

Mission réussie. Je vais pouvoir te sortir de ce bourbier, Papa.


Et voilà ! J'espère que ce début vous a plu. Si c'est le cas (et même si cela ne l'est pas), n'hésitez pas à me laisser un petit mot juste en dessous :) Le tout dans le respect et la bienveillance, bien entendu.

Je vous donne rendez-vous tous les jeudis pour un nouveau chapitre !

Prenez soin de vous,

MrsBrunette