Bonjour à tous, amis lecteurs-trices, et bienvenue sur cette "modeste" (ahaha, genre) introduction ! Si vous n'aimez pas les blablas d'auteurs, je vous invite à passer directement au texte un peu plus bas, je ne m'en vexerai pas !

Vous me connaissez et vous connaissez la série Shadowhunter ? Ravie de vous retrouver ici ! Profitez-bien, et bonne lecture ! ;)

Vous ne me connaissez pas, mais vous connaissez la série Shadowhunter ? Enchantée de vous rencontrer :) J'espère que nous passerons un bon moment ensemble ! Cette fic est née d'un besoin de ma part de réapprendre à écrire. J'ai eu un gros passage à vide dans ma relation à l'écriture, j'ai eu besoin de me lancer sur quelque chose de plus "simple" pour moi que d'autres choses sur ma "to write list", ça a donné ça... Quand je saurai faire simple, les poules auront des dents ! x)

Vous me connaissez, mais vous ne connaissez pas la série Shadowhunter ? Vous devez sans doute être en train de me maudire un peu : "quoi, elle recommence à publier et écrire, mais pas sur Sherlock, alors qu'elle a une liste de trucs à écrire longue comme le bras qui s'allonge d'année en année ? Mais quelle arnaque !" Oui, bon, vous avez un peu raison, c'est de l'arnaque. Et je m'en excuse (un peu mais pas trop, parce que je fais encore ce que je veux quand même !). Comme je le disais plus haut, comme j'ai pu le dire à plusieurs reprises dans mes blablas d'auteures (que personne ne lit de toute manière...), j'ai connu des périodes à vide, des grosses difficultés. Écrire ce texte grâce au confinement, ça m'a aidé. J'ai repris un rythme d'écriture plus positif, j'espère pouvoir continuer comme ça, et ainsi en revenir à du Sherlock très vite. Je n'exclus pas, selon comment les choses évoluent, de publier en parallèle cette fic et une autre sur Sherlock. Tout est possible. Je ne promets rien, mais je ne me ferme pas de porte pour autant.

En attendant, bon, c'est pas comme Merlin, comprendre ce truc là sans aucune connaissance de l'univers, ça va être tendu, mais vous avez un court blabla explicatif un peu plus bas !

Vous ne me connaissez pas et vous ne connaissez pas la série Shadowhunter ? Je serais très curieuse de savoir comment vous en êtes arrivés là, du coup... et un peu inquiète aussi, parce que c'est bizarre xD

Bêtas : Aucune. J'ai décidé de ne pas infliger ça à mes deux bêtas habituelles, Merveille et Biquette, les deux amours de ma vie, pour tout un tas de raisons personnelles. Normalement, il ne devrait pas y avoir trop de fautes, mais pardonnez-moi si c'est le cas. Et si VRAIMENT, j'ai écrit une grosse bêtise, n'hésitez pas à me le faire remarquer gentiment :)

Disclaimer général : L'univers de Shadowhunter appartient à Cassandra Clare, la série dérivée appartient à Ed Decter, Todd Slavkin et Darren Swimmer, produite pour Freeform par Constantin Film. Je ne perçois pas de rémunération sur ce texte, sinon le plaisir de vous faire sourire. À l'exception des personnages originaux qui pourraient faire leur apparition, et du texte en lui-même, rien ne m'appartient.

Rating : M. Faut pas déconner non plus, ça m'arrive jamais d'écrire des trucs longs qui ne soient pas du M xD

Rythme de publication : Ça fait 264 pages, et la bagatelle de 136 000 mots environ, découpés en 40 chapitres environ, et trois parties (12 + 12 + 16 chapitres). C'est entièrement écrit, et ce sera publié tous les mercredis, de manière hebdomadaire, avec simplement une pause de deux semaines à la fin de chaque partie, soit mon rythme habituel de publication. On rajoutera à ça trois OS bonus que je publierai à la fin.

Point important : J'ai pas lu les bouquins, juste vu la série. Pour les puristes, vous allez probablement vous étouffer d'indignation toutes les deux lignes. Pardonnez-moi ! Je brode allégrement en fonction de mes souvenirs de la série, et si j'ai pu vérifier un certain nombre de choses, je sais que j'ai aussi fait l'impasse sur d'autres, juste pour me simplifier la vie ! Et pour info, j'écris shadowhunter et jamais chasseur d'ombre. Pourquoi, je sais pas !

Une dernière chose ? Comme je le répète souvent, je n'écris que pour moi, pour exsuder mes névroses et mieux survivre à ma vie. A partir du moment où le texte a été écrit et me plaît, il a atteint son but. A fortiori, dans ce cas, où il m'a permis de réconcilier avec une écriture apaisée et tranquillisée. La publication, en revanche, est pour vous, lecteurs-trices, en me disant que ce qui me plaît tant à moi pourrait plaire à d'autres. La review est un droit du lecteur-trice, qu'il choisit ou non d'exercer, cela m'est égal, tant que vous restez courtois et respectueux :) Mais sachez que tous les mots d'amour, y compris les critiques fondées et argumentées, sont un bonheur incommensurable pour l'auteure, même simplement avec quelques mots simples pour dire que vous aimez, ça n'a pas de prix. La réponse à review est pour moi un devoir de l'auteur... Je réponds toujours à toutes mes reviews, pardonnez-moi si je prends un peu de temps parfois...

Désolée d'à quel point je parle ! Bravo à ceux qui arriveraient jusqu'ici, et qui gagnent un cookie au M&M's ! Je vous souhaite une excellente lecture !


Résumé rapide de l'univers pour néophytes égarés :

"Toutes les légendes et tous les mythes sont vrais. Existent, bien cachés du monde des terrestres, des créatures surnaturelles ; les créatures obscures, d'un coté (Vampires, fées, sorciers et loups garous) vs les néphilims de l'autre (dits shadowhunter, descendants de anges, garants du secret de leurs existences et luttant contre les démons. A l'issue de la série, et de tous un tas de péripéties de lutte entre le bien et le mal, on en est là : Alec (shadowhunter de son état) épouse Magnus (sorcier de son état), posant au passage les bases d'alliances plus solides qu'avant entre les deux mondes, Izzy (shadowhunter et soeur d'Alec) finit avec Simon (vampire), et Jace (shadowhunter et frère adoptif d'Alec et Izzy) perd l'amour de sa vie, Clary, punie par les Anges à perdre la mémoire de leur monde. Le reste ? Honnêtement, globalement, on s'en fout."


[Une dernière (dernière) chose ? Si vous me connaissez pas, sachez que le gentil, doux, mignon et mièvre n'est vraiment pas ma tasse de thé. S'ils ne souffrent pas, ce n'est pas drôle !]

Bonne lecture !


PARTIE 1

Chapitre 1

– T'inquiètes, c'est la routine. Je ne risque rien. Passe une bonne journée.

Cela avait été les derniers mots d'Alec quand il avait franchi la porte du loft, tôt ce matin-là. Il avait sa tenue de chasseur d'ombres, il était absurdement beau, et son visage exprimait l'innocence et l'assurance. Ses lèvres s'étaient ourlées d'un doux sourire, alors qu'il attrapait Magnus par le haut de son pyjama pour le presser contre lui et l'embrasser avant de partir.

Cela n'avait pas été un baiser d'adieu, mais un baiser taquin, amoureux, promesse de plus pour quand Alec reviendrait. La présence d'Alec était requise à l'Institut de New York. Être le plus jeune Inquisiteur de l'histoire de leurs mondes n'était déjà pas une sinécure, mais être le pont entre néphilims et créatures obscures rendait la tâche plus ardue encore. Il se rendait régulièrement dans tous les instituts de la planète, mais New York avait toujours sa préférence, pour des raisons évidentes. Isabelle en était à sa tête, et Max y poursuivait sa formation.

Et outre sa famille de sang, Alec ne pouvait décemment pas rester bien longtemps de Jace, son parabatai et son frère de cœur. Magnus en avait l'habitude. Il n'y avait plus de jalousie entre eux depuis bien longtemps à ce sujet.

C'était la routine. Isabelle avait râlé quelques jours plus tôt, Alec avait daigné trouver du temps dans son emploi du temps pour aller voir sa sœur. Au pire, il risquait la furie de sa sœur, mais comme elle était incapable de faire du mal à son grand frère adoré, il ne risquait rien. Ce n'était que de la routine.


Je pars en mission avec Max. Ça lui fait plaisir. A ce soir, Amour.

Le SMS, arrivé dans la journée, n'était pas étonnant non plus. Magnus aurait pu le prédire quand il avait dit au revoir à son amant, ce matin-là. Il avait pris son arc et ses flèches. C'était fréquent. Max était devenu un shadowhunter très doué, et quand l'Inquisiteur se détendait et rendait visite à ses frères et sœur, il ne pouvait s'empêcher d'accompagner son cadet sur le terrain. Ce n'était jamais dangereux. Max était encore un gamin, et il ne faisait pas les missions dangereuses. Alec y veillait au grain.

Mais cela lui faisait du bien de partager ça avec son petit frère. Magnus regardait ça avec attendrissement. Il savait parfaitement que son amant avait besoin de retrouver l'adrénaline du terrain, parfois, le plaisir de décocher plusieurs flèches à la fois qui atteignaient toutes leurs cibles.

Il n'y avait donc rien de surprenant qu'il profite de son déplacement à New York pour aller s'amuser avec son frère en mission.


Rien de plus que la routine. Magnus, lui, avait pourtant eu un drôle de pressentiment au creux du ventre toute la journée, sans qu'il ne puisse se l'expliquer. Son amant était indépendant, parfaitement capable de se débrouiller tout seul, et lui-même ne supportait pas qu'on le surveille, alors il avait fait de son mieux pour s'occuper de sa vie et de ses clients toute la journée comme si de rien n'était. Alicante n'était pas de tout repos, depuis qu'il était devenu Grand Sorcier de la citadelle.

Puis il y avait eu l'appel, très officiel, de l'Institut de New York.

– Magnus Bane ? Vos services de sorciers sont requis à l'Institut, pour raisons médicales et empoisonnement.

Il n'avait même pas attendu de savoir le prix qu'on était prêt à lui payer pour cela. Qu'Isabelle soit désormais à la tête de l'Institut n'y avait rien changé : Magnus était toujours rétribué par ses services magiques, et ce au prix fort et rubis sur l'ongle. Mais depuis qu'il partageait sa vie avec l'Inquisiteur et que leur appartement était officiellement situé à Alicante, l'Institut ne l'appelait plus pour ce genre de choses. C'était le rôle de Lorenzo, Grand Sorcier de Brooklyn.

Le simple fait que cette voix froide et impersonnelle d'un shadowhunter que Magnus n'avait même pas envie d'identifier retentisse dans l'écouteur était la preuve qu'il s'était passé quelque chose de grave. Ne pas appeler Lorenzo était presque une violation des Accords longs et complexes qui géraient désormais les relations avec le monde obscur et que Alec avait eu tant de mal à faire ratifier par tout le monde.

Magnus franchit rapidement la porte de l'appartement, la réglant pour atterrir à New York, envoyant un message de feu simultanément. Son pressentiment lui hurlait qu'il s'agissait d'Alexander.

Et il refusait de perdre son amant.


Son pressentiment avait eu tort. Quand il avait débarqué dans l'infirmerie de l'Institut avec pertes et fracas, ayant semé sans effort le shadowhunter qui avait proposé de l'accompagner en sa qualité de visiteur officiel, il balaya la pièce des yeux et ne vit rien. Rien qui l'intéressait. Pas de yeux bleus plus exceptionnels que la couleur de la mer. Pas de cheveux noirs en bataille. Pas d'Alexander.

– Magnus !

Isabelle venait de se précipiter sur lui. Elle était couverte de saletés, de boue et de terre, ses cheveux étaient en bataille, sa peau était brûlée par endroits, de manière superficielle, marquée de larges ecchymoses à d'autres, elle était pieds nus et son mascara avait coulé. Magnus adorait sa belle-sœur, et il ouvrit naturellement les bras pour la serrer contre lui et la rassurer. Perchée sur ses talons, la jeune femme était habituellement aussi grande que lui, et il en fut presque déstabilisé quand il la sentit contre lui, si petite, tremblante et effrayée. Quelque chose n'allait pas.

– Max est blessé ! Et les autres aussi ! Il faut que tu nous aides, Magnus ! S'il te plaît !

La petite sœur d'Alec n'avait pas pour habitude de trembler et pleurer. Chasseuse d'ombres émérite, elle avait grandi comme Alec dans la famille Lightwood, avec tout ce que cela impliquait.

– Je suis là pour ça ! décréta-t-il, l'écartant de ses bras pour continuer d'avancer dans l'infirmerie.

Elle le suivit sans mot dire, sans rien préciser de plus. Magnus n'avait qu'un mot, un seul prénom, une seule question à la bouche. Mais Izzy ne dit rien, et tout s'évanouit quand le sorcier tira un rideau, et découvrit les corps. Il retint une exclamation de surprise. C'était des gamins, des bébés Shadowhunter selon Magnus. Ils n'avaient sans doute pas quinze ans, pour la plupart. Sans surprise, Magnus devina que la mission d'Alec avait été théoriquement facile et basique, et il avait emmené, outre son frère, trois apprentis de l'Institut. Même si les quatre étudiants se débrouillaient difficilement, Alec à lui seul compensait largement.

Mais clairement, les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu quand il voyait les quatre corps.

Si Isabelle avait l'air mal en point comme si elle était passé sous un rouleau compresseur, elle était capable de se tenir debout. Elle paraissait souffrir, au point de laisser échapper des soupirs d'inconforts et des gémissements de douleur quand un mouvement tirait un peu trop sur sa peau lacérée.

Mais ce n'était rien à côté des enfants gisant, inconscients, sur les lits de l'infirmerie. Deux médecins shadowhunter s'affairaient en courant autour d'eux. Max et ses camarades avaient plutôt l'impression d'avoir été jeté par la fenêtre du sixième étage. Plusieurs fois de suite.

Magnus remonta aussitôt ses manches, se débarrassa de son veston. Il claqua des doigts, laissa sa magie se répandre dans son corps, allumer ses yeux, et faire des volutes de fumée au creux de ses paumes.

– Izzy, fais appeler Catarina ! Dis-lui que tu peux garder Madzie, qu'elle peut l'amener ici au besoin. On ne sera pas assez de deux sorciers pour ça ! N'oublie pas d'en référer à Lorenzo au passage !

Magnus entama aussitôt, sans plus y réfléchir, une longue psalmodie et laissa s'écouler sa magie. Pour éviter que les dégâts commis ne soient irréversibles.


Catarina était arrivée, venue lui prêter main forte. Dès son entrée dans la pièce, Magnus avait senti sa magie répondre à la sienne, et venir le soutenir. Ils n'avaient pas eu besoin de parler pour se comprendre, se répondre et se reconnaître, mêlant leurs deux puissances au service des quatre jeunes shadowhunter inconscients.

Magnus s'était écroulé, réellement écroulé, plusieurs heures plus tard. Il était vidé, plus épuisé qu'après un marathon, et incapable de tenir debout. Catarina n'était pas loin d'être dans le même état, et elle était livide, le front couvert de sueur. Magnus ne savait pas à quoi il devait ressembler, mais il doutait que sa coiffure et son maquillage aient survécu à l'intense session de magie qu'il venait de pratiquer.

Les jeunes combattants respiraient naturellement ou presque. Ils étaient allongés tranquillement endormis, les plaies refermées, les hémorragies stoppées, les os remis d'aplomb, les organes réparés. Ils étaient chacun reliés à un moniteur cardiaque, qui bipaient tranquillement au rythme lent de leurs cœurs. Pour plus de sécurité, on leur avait placé à tous les quatre un oxymètre au bout du doigt, et un tube à lunettes dans le nez pour leur fournir de l'oxygène pur jusqu'à leur réveil, bien que leurs poumons soient parfaitement capables de fonctionner seuls.

Magnus se traîna jusqu'au fauteuil le plus proche, s'éloignant des lits des patients, mais pas trop. Tant qu'ils n'étaient pas réveillés, au moindre signe inhabituel, il leur faudrait agir. Catarina se laissa tomber à côté de lui.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle enfin.

Sa voix était rauque, abîmée. Elle avait usé de trop de magie sans dire un mot, et cela avait asséché sa gorge.

Elle posait la question la question à Magnus, mais ce dernier n'avait pas la réponse. C'était pourquoi il regardait Izzy, attendant qu'elle explique tout. Et surtout qu'elle réponde à la question qui brûlait le corps de Magnus.

La jeune femme avait été soignée, elle aussi, durant les heures que Magnus et Catarina avaient passé au chevet des grands blessés. Sa joue était barrée d'un large pansement, et elle arborait des bandages similaires à plusieurs endroits. Les hématomes visibles noircissaient presque à vue d'œil. Quand ils passeraient par le bleu, le jaune et le vert, cela ne serait pas joli à voir. Heureusement, elle était une chasseuse d'ombre, et elle guérissait vite, cela ne durerait pas.

Elle s'était lavée, changée. Sans maquillage, sans talon, sans lèvre rouge sang et yeux de biche, on aurait dit une enfant effrayée.

– Izzy, appela doucement Magnus. Izzy, que s'est-il passé ? Où est... où est Alec ?

La jeune femme, qui caressait doucement les cheveux sombres de son petit frère, son précieux trésor se détacha à contre cœur de son cadet pour revenir vers Magnus. Ses yeux baignaient déjà de larmes, et Magnus aurait voulu exploser de colère et de rage, hurler et tout détruire, se mettre immédiatement en quête de son amant. Mais il était trop épuisé pour cela, et son ventre déformé par la douleur de l'inquiétude ne lui permettait pas de s'énerver, juste de souffrir en silence.

– Je ne sais pas où est Alec... se mit-elle à pleurer, manifestement encore traumatisée. C'était une mission tranquille. De routine. Alec est parti avec les apprentis. Max et Tina sont très doués, même si les deux autres sont légèrement en dessous. Il n'y avait aucune raison que ça se passe mal.

Jusqu'à présent, c'était ce qu'avait deviné Magnus, et il attendit la suite avec une angoisse mal dissimulée.

– Ils avaient fini la mission. Alec m'a appelé pour me dire qu'ils rentraient, que je devais me préparer à disputer Tim, qui avait besoin d'un rappel à l'ordre. Puis j'ai entendu du bruit. Cela n'avait pas de sens. La mission était basique, finie, facile. Comme prévu.

Magnus attendit la suite, la boule au ventre. Izzy arrivait à peine à le regarder dans les yeux.

– Et ? demanda-t-il, le cœur au bord des lèvres, quand il constata qu'elle ne disait plus rien.

Il voulait le nom du démon, ou n'importe quoi qui permettrait de l'identifier. Il retournerait l'Enfer tout entier s'il le fallait. Il serait même prêt à pactiser avec n'importe quel prince de l'enfer, bafouant tous les Accords si chers à Alec si ça lui permettait de se venger. Il nourrissait déjà une haine tenace et féroce contre une créature sans nom et sans visage, qui l'avait privé de son amant, de son âme-sœur, de son tout.

– Il y a eu... un tremblement... un tremblement de terre. C'est Max qui m'a rappelé, quelques minutes après. Je m'y suis rendue, immédiatement. Il y a eu une réplique, je suis tombé, et cogné... Il y avait du bruit, et de la poussière partout, des arbres déracinés, des rochers qui roulaient... J'ai trouvé Max, Tina, Tim et Lynnie... Mais ils étaient tombés dans une crevasse, et le sol... le sol s'est partiellement refermé sur eux.

Dire que Magnus et Catarina étaient estomaqués était un doux euphémisme. Ils étaient, sorciers comme shadowhunter, rompus au surnaturel, aux démons, aux attaques, à l'imminence de la mort et aux combats pour défendre leurs vies. Jamais ils ne pensaient aux choses naturelles.

Magnus n'en avait même pas entendu parler. Alicante ne diffusait pas le bulletin météo du reste de la Terre. Un tsunami aurait pu engloutir l'Indonésie, le pays qui l'avait vu naître, sans même qu'il ne soit au courant.

Sans même réfléchir, il dégaina son téléphone et entra « tremblement de terre » dans la barre de recherches des news. La réponse ne se fit pas attendre. Un séisme très localisé, de magnitude 6 sur l'échelle de Richter, qui avait heureusement touché uniquement une forêt nationale au nord du pays. Les villages alentours avaient ressenti la secousse, mais aucun dégât n'était à déplorer.

Il lut l'article en diagonale, rapidement, glanant la moindre information. L'article précisait qu'il y avait eu des glissements de terrain, mais la zone touchée n'était pas habitable, et personne n'aurait dû s'y trouver, c'était une chance.

Personne, sauf cinq chasseurs d'ombres aux prises avec des démons hargneux. Magnus ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil aux corps des shadowhunter, toujours alités et endormis. Pas étonnant qu'il ait cru qu'ils avaient été jetés par la fenêtre. La Terre qui s'ouvre et se referme sur soi devait faire cet effet-là.

Izzy avait été épargnée par le tremblement de terre, elle avait subi la réplique et ses ecchymoses provenaient sans doute des efforts qu'elle avait dû faire pour récupérer ses frères et ses agents.

– J'ai eu un mal fou à les extraire de là, poursuivit-elle quand Magnus releva son visage de son téléphone. J'ai appelé Alec, j'ai crié, j'ai appelé son téléphone, mais il n'a jamais répondu. Je ne savais pas où il était. Max... et les autres, ils saignaient beaucoup, malgré les iratzes. Je devais les ramener. J'y arrivais à peine avec tous les quatre sur les bras. J'ai demandé des renforts, mais les blessures étaient urgentes et j'ai pu les ramener ici... Mais Alec... je ne sais pas où est Alec.

Magnus n'avait même pas la force de s'énerver contre elle. Elle était chasseuse d'ombres, pas sismologue. Le tremblement de terre l'avait terrifié, les blessures importantes des gamins l'avait inquiété. Il savait qu'elle aurait voulu ramener Alec, savoir où il était. Mais elle avait dû faire un choix, et elle le regrettait sans doute amèrement.

Alexander était son frère, son grand frère adoré, la seule personne sur laquelle elle comptait absolument aveuglément, pour laquelle elle aurait tout fait. L'abandonner sans savoir où il était et ce qu'il advenait de lui avait dû la tuer de douleur, mais elle avait eu raison de ne pas abandonner son frère et ses camarades. Un peu plus et ils seraient morts sans soin. En sa qualité de cheffe de l'Institut, elle avait pris la bonne décision. C'était ce qu'il fallait faire, ce que son éducation l'avait conditionné à faire, et elle avait eu raison. Ils avaient sauvé quatre vies. Si elle s'était acharnée à retrouver Alec, c'était entre quatre et six morts avec lesquelles il aurait fallu composer, dont potentiellement l'Inquisiteur et la Directrice de l'Institut de New York.

– Ça va aller, Izzy, la rassura doucement Magnus, sans en penser le premier mot. Il va revenir. Ce n'est pas un séisme qui va l'achever ! C'est Alec. Il est vivant. Il est forcément vivant, je le sens. Tu as envoyé une équipe ?

Magnus avait beau réfléchir à toute vitesse, il était incapable de situer avec précision où avait eu lieu le tremblement de terre, à partir des maigres informations publiées sur le web. Sans quoi, épuisé ou non, il aurait déjà fait voler toutes les barrières de l'Institut (qu'il avait lui-même mis en place il y avait longtemps, de toute manière, et ce n'était les renforcements de Lorenzo qui auraient changé quoi que ce soit) pour ouvrir un portail au milieu de l'infirmerie et filer sur les lieux du drame pour en retourner chaque centimètre carré et retrouver l'amour de sa vie.

– Oui, acquiesça la jeune femme en essuyant ses yeux bordés de larmes. Une équipe de shadowhunter est parti le chercher et sécuriser la zone et gérer les terrestres dès que je suis revenue. Je n'ai pas encore eu de nouvelles.

C'était déjà ça. Magnus n'avait aucunement confiance en les camarades de son compagnon, mais c'était mieux que rien. Aucun shadowhunter n'oserait revenir bredouille. Alec était leur Inquisiteur, il avait été leur directeur d'Institut, et même si sa relation avec Magnus et sa volonté de nouer des alliances avec les Créatures Obscures avaient parfois fait grincer des dents, il avait gagné le respect de ses pairs et était aimé et apprécié ici. Ils le ramèneraient. Amoché, blessé, mais vivant. Magnus n'en doutait pas.

– Ça va aller, Izzy. Il faut que tu prennes un peu de repos. Toi aussi, Cat'. Rentre chez toi. Je vais rester ici pour surveiller ces quatre là, au besoin.

– Tu dois dormir, toi aussi ! protesta Cat'.

– Et toi, tu dois ramener Madzie chez vous. Elle a école demain matin. Moi ça va aller.

Catarina s'apprêtait à répliquer quelque chose de parfaitement censé à laquelle Magnus n'aurait probablement pas eu de réponse, quand Izzy les interrompit.

– Magnus peut dormir ici. Dans la chambre d'Alec. C'est pas loin. S'il y a un problème, on pourra venir le chercher rapidement. Et puis comme ça, il sera ici quand Alec reviendra.

Magnus était d'accord avec elle. Quand Alec reviendrait, il viendrait directement à l'Institut. Parce qu'aussi inquiet qu'il soit pour son amant, et aussi désireux de le voir et de le rassurer, Alec restait un soldat, et il viendrait là où l'appelait son devoir. Là où il pourrait trouver ses frères et sa sœur, et les shadowhunter entraînés dans cette catastrophe naturelle. Et puis, logiquement, là où Magnus ayant connaissance d'un problème l'attendrait.

– Je suis d'accord avec ça, décréta Magnus avant que Catarina puisse protester.

Son amie ne paraissait pas spécialement d'accord, mais elle céda de mauvaise grâce, avec un regard lourd de sens.

– Appelle-moi pour me tenir au courant, ou au moindre problème d'accord ?

– Toi aussi, répliqua Magnus.

Elle se releva péniblement de son siège, laissant une grimace d'inconfort passer sur son visage alors que ses muscles épuisés la trahissaient.

Magnus fit de même, enlaçant brièvement la sorcière.

– Il va me falloir un taxi, plaisanta faiblement Catarina. Je ne suis pas en état de faire un portail et encore moins de prendre le métro.

Ils sourirent tous du bout des lèvres, pas encore assez rassurés pour rire franchement, mais suffisamment épuisés pour avoir besoin de ce genre de divertissement.

Magnus, soudain pris d'une impulsion subite, se détourna brusquement de Catarina et Izzy qui marchaient vers la sortie de la pièce, et retourna en direction des lits où gisaient les patients.

– Magnus ? appela Izzy, surprise.

Le sorcier venait de penser à quelque chose. Sur le bras de Max, à un endroit miraculeusement épargné par les bandages, il y avait un tatouage noir. Le même qui ornait le bras de Tim.

– Où est Jace ? demanda-t-il.

Jace et sa rune parabatai. Jace, le baromètre d'Alec.

– En mission, répondit aussitôt Izzy. Enfin... il devrait être rentré, le reste de l'équipe est revenu, mais...

Izzy soupira, détourna le regard, ses lèvres pincées avec une moue désapprobatrice. Magnus combla les vides tout seul, devinant aisément où avait disparu Jace, ce qui ne fut pas le cas de Catarina, qui fronça les sourcils.

Cela ne l'empêchait pas pour autant d'avoir suivi la réflexion sous-jacente à la question de Magnus.

– Mais s'il n'a pas rappliqué dans les dix secondes qui ont suivi le rapatriement des autres ici, c'est qu'Alec va bien, n'est-ce pas ? Si sa rune lui avait fait mal, il serait déjà là.

– Il serait même déjà reparti sur place en remuant ciel et terre pour retrouver Alec, oui, confirma Isabelle doucement.

Magnus avait beau sentir que quelque chose n'allait pas, il hocha la tête. Il ne pouvait se départir de son horrible pressentiment, mais Izzy et Catarina avaient raison. Quoi qu'à soit occupé Jace, si Alec avait été blessé, le shadowhunter serait revenu dans la minute. Alec était son frère, son parabatai, la deuxième moitié de son âme.

– Alec va probablement bien. Il va revenir, ou bien on va le retrouver, décréta bravement Magnus. Ça va aller.

Il n'en pensait pas le premier mot.


Prochain chapitre Me 20/05

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