Disclaimer
- Je ne possède rien.
- Les personnages de cette histoire sont tous humains
- Les noms de familles des personnages seront francisés ou germanisés.
- L'apparence physique de certains protagonistes sera légèrement modifiée [pour correspondre aux critères de l'époque ou à la mode] : comme les yeux ( pas d'or ni de rouge, forcément!), taille, coupe de cheveux (rip la belle chevelure d'Aro.) ect. Mais dans la globalité, les traits des personnages resteront conformes aux descriptions des livres.
- Cette fiction a nécessité beaucoup de recherches, pour plus de réalisme. En revanche, elle n'a aucune prétention historique.
Avertissements :
Rating entre T et M (choisi par précaution) car :
- Période violente
- Mort de personnages
- Relations charnelles
- Vulgarité
- Personnages racistes
IMPORTANT :Cette fiction a lieu dans le contexte très particulier qu'est la Seconde Guerre mondiale. Je ne le préciserai qu'une seule fois puisque cela paraît évident (mais je le dis une fois au cas où ça ne serait pas clair): certains personnages tiendront des propos racistes, antisémites, sexistes et/ou xénophobes que je ne cautionne absolument pas à titre personnel.
Le but n'est évidement pas d'attiser (ou d'inciter à) la haine, car toute forme de racisme est intolérable. Et si cette histoire n'a aucune prétention historique, elle se veut néanmoins réaliste. Certains sujets sensibles, tabous, seront donc évoqués sans détour.
.
.
.
Le jour de gloire
.
.
.
°oOo°
Prologue
La génération sacrifiée
°oOo°
Souvigny-en-Sologne, France, 14 novembre 1944
L'amour, souvent, s'éteint dans une fin sordide. Quelques fois, on le tue : sa mort est alors poignante. L'instinct de tuer est en chaque homme et chaque femme. Mais grâce au ciel, tous les hommes et toutes les femmes ont d'un dispositif qui leur permet de le garder sous contrôle. Cependant, il existe toujours un point de rupture. Un déclic. Alors, la mort révèle l'amour. Et l'inconsolable pleure l'irremplaçable.
Dans sa chambre, Bella grelotte.
Elle met ses mains en prière et souffle sur ses doigts glacés. Le froid passe à travers sa jupe grise. Elle serre son châle en laine contre sa poitrine, et plaque sa jupe contre ses cuisses. Elle ne sent plus ses pieds. Elle essaye de se souvenir la dernière fois où elle a eu chaud. C'était il y a longtemps. Trop longtemps.
Elle se lève avec difficulté. Ses jambes et ses pieds sont engourdis par le froid. Elle titube légèrement.
En bas, la radio est allumée. De Gaulle parle. Elle ne distingue pas ses mots. Elle ne distingue plus rien. Elle s'est battue pour lui pendant quatre ans. Mais aujourd'hui, tout ce qu'il peut faire ou dire l'indiffère. Elle a tant perdu, tant enduré pour la France. Elle n'en peut plus.
Elle se sent vide. Seule. Il y a un trou dans son cœur. Une plaie béante, qui saigne depuis sept mois. Qui ne cicatrise pas. Qui ne cicatrisera sans doute jamais.
Elle sait qu'elle doit se battre pour quelqu'un d'autre à présent. Elle doit se battre pour l'Amour avec un grand « A ». Elle espère que cet amour-là la sauvera.
Fébrile, elle s'écroule sur son lit et rabat les couvertures sur son petit corps. Elle se met en boule.
Les larmes coulent.
Et cette douleur. Toujours cette douleur. C'est insupportable !
Elle est certaine à présent, que c'était vrai. Que c'était pur. Elle sait qu'elle a mal, parce que cela comptait.
Ses yeux se ferment. Elle dégage une main et la passe dans ses cheveux courts.
Septembre 1944 a brûlé son âme. Elle se souvient de tout… mais surtout des insultes, des « Salopes », « Catins », « Traînées », « Collabos ! », « Putains à Boches ». Le bruit des lames claquant sur les nuques délicates hante encore ses nuits. Les pleurs. Les supplications. Le 22 septembre 1944 à Souvigny, un petit village de Sologne, l'ennemi, c'était elle. Elle et toutes les autres.
Alignées sur cette estrade. Exhibées comme des juments. Certaines étaient enceintes. D'autres avaient été battu. Le chemisier de l'une d'elles fut arraché. C'était une gamine. Quinze ans, pas plus. Elle était enceinte. Ils l'avaient frappée dans le ventre, jusqu'à ce que du sang apparaisse entre ses cuisses. Elle avait perdu l'enfant.
Bella n'avait même pas essayé de se défendre. De dire qu'elle avait appartenu à la Résistance, qu'elle avait donné son corps à la France. Elle avait gardé le silence. Elle pensait mériter ce châtiment.
Toutes avaient une pancarte autour du cou. Et la foule se moquait des inscriptions, « Corps et âme à mon fritz », « Jamais sans mon Boche », « Deutschland über alles », « Mis en plis à la mode nazie », « Bienheureuse aryenne ».
Ce jour-là, la justice fut populaire. Et les bourreaux s'en donnèrent à cœur joie.
C'était des hommes, pour la plupart. Des hommes en colère. Les vainqueurs. Ils disaient qu'elles avaient fusillé des milliers de personnes, des Français, des Juifs, des soldats anglais ou américains, des résistants. Elles étaient les causes de tous les malheurs de la guerre. Tout était de leur faute.
La guerre n'était pas tout à fait finie. Il s'agissait de se débarrasser des traîtres. Des collabos.
Ils ont appelé ça l'épuration.
Elles ont été traqué. Elles se sont rendues, elles ont été tondu et ont « accepté » de défiler devant tout le monde, avec ces pancartes, à moitié nues. Pas de pitié pour les salopes. Elles ont été bousculé. Elles ont été mise à terre. Elles ont été griffé, insulté. Certaines ont été tué par « accident ».
On leur reprochait d'avoir aimé des hommes qu'il ne fallait aimer.
Seule, dans cette pièce froide, Bella resserre la couverture autour de son corps. Elle disparaît dans cette montagne de laine. Elle se laisse engloutir. Elle se souvient de la lame qui a coupé ses cheveux bruns. Ce ciseau, qui a tranché l'amour et brisé ses rêves.
Elle pense à lui.
Son rire spontané lui revient à l'esprit. Sa gentillesse. Ses blagues stupides. Son caractère passionné. Elle repense à ses lèvres contre sa peau. A ses yeux, qui étaient si clairs qu'elle croyait voir à chaque fois le ciel bleu. Et à ses mots de velours. Des mots tellement vrais. Des mots qu'elle n'avait pas su reconnaître, « Il peut parfois se passer de belles choses dans une période comme celle-ci, Isabella. »
Puis elle se souvient de ses propres paroles. Ces mots méchants, rancuniers, qui devaient le blesser mais qui devaient surtout la protéger de ce qu'elle pouvait ressentir « Je ne t'aime pas. Je ne t'aimerai jamais. »
Bella a honte et froid. Tellement froid.