Disclaimer : Tout ceci est à JK Rowling, on le sait.

Un gros merci à Mélaïnas pour le beta reading.

Chapitre 1 : Collégien.

En ce premier jour de septembre, le soleil se levait sur les coquettes maisons de Privet Drive, à Little Whiming. La plupart des habitants dormaient encore, mais la rue commençait à s'animer. Petit à petit, des lumières s'allumaient derrière les fenêtres, des voix ensommeillées se faisaient entendre. L'occupant de la plus petite chambre du numéro 4 dormait encore. Mais lorsque la sonnerie stridente du vieux réveil rafistolé qui trônait sur la table de chevet se fit entendre, il fit un bond avant de tendre le bras pour l'éteindre, parfaitement réveillé.

Harry se leva sans attendre, anxieux et impatient. Aujourd'hui, pour la première fois, il devait aller au collège. Pour la première fois de sa vie, il ne serait pas dans la même classe que Dudley, que ses parents avaient envoyé dans un collège privé. Jamais encore il ne s'était trouvé quelque part sans aucun Dursley à proximité, à moins de considérer les fois où il avait été envoyé chez Mrs Figgs, une vielle voisine de son oncle et sa tante. Mais cela ne comptait pas vraiment. Ce n'était pas comme s'il avait été plus libre chez Mrs Figgs que dans sa famille : tout ce qu'il faisait là-bas, c'était écouter la vielle femme parler de ses nombreux chats. Au collège, peut-être pourrait-il enfin avoir des amis.

Plein d'espoir, le jeune garçon se leva et entreprit de s'habiller. Son humeur s'assombrit d'un coup quand il dût enfiler ce que sa tante appelait son uniforme. En le passant plusieurs fois dans la machine à laver, quand sa famille ne regardait pas, il avait réussi à faire disparaître l'horrible odeur de la teinture. Mais les vêtements ressemblaient plus que jamais à des morceaux de peau d'éléphant. Jusqu'à ce matin, Harry n'avait même pas osé l'essayer, repoussant jour après jour le moment d'enfiler l'horrible costume.

Aujourd'hui, cependant, il n'avait pas le choix. Et pendant toute sa scolarité, il allait être obligé de porter cette horreur. Et même en l'absence de Dudley, il savait que les autres ne seraient pas tendres avec lui. Mais il espérait que tous ne suivraient pas ce mouvement. Dans son ancienne école, tous ne se moquaient pas de lui, mais ceux qui ne disaient rien craignaient trop la bande à Dudley pour oser l'approcher. Il ne demandait pas à être l'objet de l'admiration générale, juste à avoir quelqu'un à qui parler, un peu d'amitié à défaut de l'amour qu'il n'avait jamais eu.

Avec une grimace, Harry enfila son uniforme. Le pantalon était un vieux jean beaucoup trop grand pour lui, et que la teinture avait rigidifié. On aurait dit un vieux bout de carton gris grossièrement coupé. La chemise avait aussi appartenu à Dudley, et était trop large pour Harry, mais au moins elle n'avait pas subi la teinture, devant rester blanche, et en la rentrant dans le pantalon il pensait obtenir quelque chose d'à peu près correct. Enfin, Harry mit la veste. C'était un désastre. Les épaules de Dudley, même à l'époque où il avait acheté ces vêtements, étaient beaucoup plus larges que les siennes, et là où s'était trouvé l'énorme ventre de son cousin, Harry n'avait rien, et le tissu faisait d'énormes plis. Harry essaya de le maintenir avec des épingles, mais la quantité de tissu superflue était telle qu'il n'y parvint pas.

Imaginant déjà la réaction des autres collégiens, il se dirigea vers la salle de bains pour tenter d'aplatir ses cheveux. Il se retrouva en face du grand miroir en pied de la tante Pétunia. Il hésita un instant, puis prit une grande inspiration et regarda à quoi il ressemblait.

Harry cligna des yeux et regarda à nouveau, portant sa main à son nez pour s'assurer que ses lunettes étaient bien là. Puis il sourit. Sa surprise et son soulagement étaient si intenses qu'il aurait pu se mettre à courir et à sauter partout dans la maison, mais son oncle et sa tante auraient probablement exigé des explications. Son uniforme ne ressemblait pas à un costume grand luxe, mais au moins il avait l'air à peu près à sa taille. Le pantalon et la veste portaient certes des traces d'usure, mais ils tombaient à peu près normalement. Se demandant comment la vision qu'il avait dans le miroir pouvait être tellement différente de celle qu'il avait eue dans sa chambre, en se regardant directement, le garçon baissa les yeux pour observer ses vêtements sans l'intermédiaire de la glace. Non, ce n'était pas une illusion. Il n'y avait plus de plis au niveau de la veste et le pantalon ne tombait plus. C'était incroyable... et pourtant pas complètement extraordinaire du point de vue de Harry. C'était simplement une de plus de ces petites choses bizarres qui arrivaient tout le temps autour de lui, et qui mettaient son oncle et sa tante tellement en colère.

Après avoir en vain essayé d'appliquer une couche de gel sur ses cheveux, Harry descendit l'escalier pour aller prendre son petit déjeuner. Il appréhendait un peu la réaction de l'oncle Vernon et la tante Pétunia s'ils s'apercevaient des modifications qui avaient été apportées à son uniforme. Mais la différence valait la peine d'affronter la colère de sa famille. Après tout, il la subissait depuis dix ans, et y était habitué. Et maintenant qu'il avait une chambre, il était peu probable qu'ils l'enferment dans le placard sous l'escalier.

Harry pénétra dans la cuisine et dit bonjour à ses oncle et tante. L'oncle Vernon grommela une réponse, sans lever les yeux de son journal. La tante Pétunia le regarda un instant en répondant. Elle eut l'air surprise de son apparence mais ne dit rien. Soulagé, Harry se servit en oeufs et bacon, et s'assit à sa place. Le petit déjeuner fut des plus calmes. En fait, toute la maison était extrêmement tranquille depuis la veille. Depuis que ses parents avaient emmené Dudley à Smeltings, le collège privé où il avait été inscrit.

Finalement, l'oncle Vernon replia son journal et mit sa cravate, signe de son départ imminent. Il embrassa Pétunia sur la joue, puis, juste avant de quitter la maison, il sembla s'apercevoir de la présence de Harry. Celui-ci se raidit sur sa chaise : en général, quand l'oncle Vernon s'intéressait à lui, c'était plutôt mauvais signe. Mais celui-ci lui sourit et dit, d'un ton aimable qu'il n'avait que rarement utilisé avec son neveu :

"Alors, mon garçon, tu rentres au collège aujourd'hui ? J'espère que tu es content.

- Oui, oncle Vernon.

- Bien, bien. J'espère que tu te montreras digne de tout ce que nous avons fait pour que tu en arrives là. Et bien sûr que rien de bizarre ne se produira.

- Non, Oncle Vernon."

Avec une expression satisfaite, le gros homme hocha la tête. Peu de temps, après, Harry entendit la voiture démarrer dans l'allée. Le comportement de son oncle et sa tante, ces derniers temps, le surprenait. Bien sûr, il n'allait pas leur demander des explications, ni s'en plaindre. Au contraire, il trouvait plutôt que sa situation s'était améliorée. Bien sûr, ils n'en étaient pas à lui faire des cadeaux, comme à Dudley. Harry avait toujours sa part de corvées dans la maison, il n'avait toujours pas le droit d'utiliser les jeux de son cousin, notamment son ordinateur, ni de donner son avis sur les programmes de télévision. Si on lui avait demandé d'expliquer ce changement, Harry en aurait été bien incapable. Mais il le sentait dans des petites choses, comme le fait que son oncle lui ait adressé la parole ce matin. Vernon n'avait formulé ni menace ni reproche, et il avait paru satisfait. De lui-même sinon de Harry, mais c'était quand même une amélioration.

Harry ignorait la cause exacte de ce changement, même s'il connaissait les événements qui l'avaient provoqué. Le changement d'attitude de son oncle avait coïncidé avec l'arrivée de ces lettres étranges, à la fin du mois de juillet. La première de ces lettres avait été adressée à Harry, mais celui- ci n'était jamais parvenu à la lire. Quand Dudley s'était aperçu que son cousin avait du courrier, il s'était empressé de prévenir toute la maison. Vernon avait aussitôt arraché la lettre des mains de son neveu. Il l'avait lue, son visage était devenu d'une pâleur de craie, et il avait tendu le morceau de parchemin à la tante Pétunia, qui avait semblé sur le point de s'évanouir. Harry avait lutté en vain pour avoir le droit de lire sa lettre, Dudley avait exigé qu'on le laisse voir, habitué à ce que ses parents obéissent à ses quatre volontés et ne lui cachent rien. Mais pour une fois ceux-ci ne lui avaient pas même accordé un regard. Finalement, l'oncle Vernon avait saisi les deux enfant par la peau du cou et les avait expulsés de la pièce sans ménagement. Dudley ayant gagné le combat pour le trou de la serrure, Harry en avait été réduit à écouter la conversation entre son oncle et sa tante par l'espace entre le bas de la porte et le sol.

Il avait cependant entendu la conversation et celle-ci restait gravée dans sa mémoire.

"Vernon, avait dit la tante Pétunia d'une voix tremblante, regarde l'adresse. Comment ont-ils pu savoir où il couche ? Tu crois qu'ils surveillent la maison ?

- Ils nous surveillent, ils nous espionnent, peut-être même qu'ils nous suivent, marmonna furieusement l'oncle Vernon.

- Qu'allons nous faire, Vernon ? Est-ce qu'il faut leur répondre ? Leur dire que nous ne voulons pas...

Harry apercevait les chaussures bien cirées de l'oncle Vernon qui faisait les cent pas dans la cuisine.

- Oui, dit-il enfin. Nous allons leur faire connaître clairement notre position. S'ils voulaient en faire un des leurs, ils n'avaient qu'à l'élever eux-même. Nous n'avons qu'à leur dire que je ne dépenserai pas un centime pour qu'il aille là-bas, et que s'il met les pieds dans ce... ce... cet endroit, alors il est hors de question qu'il repasse un jour la porte de cette maison.

- C'est impossible... dit la tante Pétunia. Il y a dix ans...

- Il y a dix ans, coupa Vernon, lorsque nous l'avons pris avec nous, nous nous sommes jurés de refuser toutes ces idioties. C'est beaucoup trop dangereux. Et c'est ce que nous allons leur dire. Que nous avons peur pour notre sécurité, et aussi pour la sienne.

- Ils ne pensent pas comme nous.

- Mais ça, ils devraient le comprendre.

- Tu dois avoir raison, admit finalement Pétunia d'une voix tremblante. Après tout, ma s?ur et son mari avaient bien cherché ce qui leur est arrivé, mais nous ne souhaitons pas que Harry finisse pareil, n'est-ce pas ?

- Exactement. Je vais écrire la lettre, ne t'inquiète plus pour ça."

Une demi-heure plus tard, lorsque l'oncle Vernon était finalement parti travailler, il avait à la main une lettre fermée, et paraissait très content de lui. Deux jours plus tard, une nouvelle lettre étrange était arrivée. Cette fois ci, elle était adressée à l'oncle Vernon et la tante Pétunia, mais c'était le même parchemin jauni, la même encre vert émeraude et la même absence de timbre que celle que l'on avait envoyé à Harry. Pour ce dernier, il n'y avait aucun doute possible : il s'agissait du même expéditeur.

Mais cette fois, le visage de l'oncle Vernon s'était éclairé en lisant ce qui était écrit sur la lettre. Il l'avait tendue à la tante Pétunia en disant : " Ils disent qu'ils acceptent mes arguments. D'un autre côté, ce n'est pas comme s'ils avaient eu le choix.

- Ils ne peuvent pas renoncer aussi facilement. Je les connais, Vernon, ils doivent avoir quelque chose de prévu."

Profitant de ce que son oncle et sa tante semblaient avoir oublié sa présence, Harry s'était approché de Pétunia, espérant lire par dessus son épaule ce que disait la lettre. Mais l'oncle Vernon avait surpris son manège, attrapé sans ménagement et mis dehors une fois de plus, saisissant également Dudley sur le chemin de la porte. Aucun des deux cousins n'avaient jamais réussi à savoir ce que disaient les lettres. Après ces incidents, la tante Pétunia avait paru moins nerveuse envers Harry, moins prompte à crier. L'oncle Vernon avait souvent un regard triomphant qui s'opposait au dégoût lorsqu'il regardait son neveu, et le fait que Harry rentre au collège semblait le réjouir au plus haut point. Ce qui expliquait sans doute ses sourires de ce matin. Harry désespérait de pouvoir un jour comprendre ce qui avait bien pu provoquer ces réactions. Qui étaient ces "ils" qui avaient fait si peur à ses oncle et tante, mais qu'ils semblaient finalement avoir vaincus ? Quelles étaient ces "idioties" auxquelles avait fait allusion son oncle ? Et surtout, quel était le lien avec lui ? Où était-il censé aller ? Ces gens qui avaient écrit voulaient quelque chose de lui... mais comment pouvaient-ils le connaître ? Tout cela avait-il un lien avec ses parents ? Mais s'il s'agissait d'amis de ses parents, de gens qui, d'après son oncle, auraient pu l'élever, pourquoi ne se manifestaient- ils que maintenant ? Il y avait près de dix ans que son père et sa mère étaient morts...

Perdu dans ses pensées, Harry en avait presque oublié la rentrée, mais la voix perçante de la tante Pétunia se chargea de le lui rappeler.

" Secoue-toi un peu ! Tu t'es rendormi ou quoi ? La table ne va pas se débarrasser toute seule ! Tu tiens à manquer ton bus dès le premier jour ? J'espère que tu ne comptais pas sur moi pour t'emmener ?

- Non, bien sûr, tante Pétunia, s'écria Harry en bondissant de sa chaise. Un coup d'?il à la pendule qui trônait au dessus de la porte de la cuisine lui confirma qu'il ne lui restait qu'un quart d'heure avant le passage du car qui devait l'amener au collège, et qu'il ferait mieux de se dépêcher s'il voulait éviter de se faire remarquer avant même le début des cours. En un temps record, il débarrassa la table de la cuisine, et chargea le lave- vaisselle, sachant que, retard ou pas, sa tante ne le laisserait pas partir avant qu'il n'ait accomplit sa part du travail, puis monta l'escalier quatre à quatre, se brossa les dents en un peu moins que les trois minutes réglementaires, fit un saut dans sa chambre pour y prendre ses affaires et redégringola les marches, soulagé de voir, en revenant à la cuisine, qu'il lui restait cinq minutes. Il aurait même le temps d'arriver à l'arrêt sans courir.

" A ce soir, tante Pétunia, lança-t-il en passant la porte. Il n'attendait pas de réponse et n'en obtint pas. Jamais sa tante ne lui avait souhaité une bonne journée quand il partait le matin, ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait commencer. Son sac sur l'épaule, Harry prit la direction de l'arrêt de bus, qui se trouvait un peu plus bas dans Magnolia Crescent. Il était impatient de voir ses nouveaux camarades. Bien sûr, il retrouverait sans doute certains des enfants qui avaient fréquenté son école primaire, ce qui ne le réjouissait pas vraiment. Mais même eux devraient être plus supportable sans Dudley, ni Piers qui était parti avec lui.

En arrivant à l'arrêt, il ne reconnut aucun des jeunes qui attendaient. Tous semblaient plus âgés que lui. À la fois soulagé et déçu, il resta à l'écart. Le car ne tarda pas à arriver, et Harry s'assit seul au milieu. Il ne pensait pas qu'aucun de ceux qui étaient avec lui seraient dans sa classe. Les autres premières années s'étaient problablement fait accompagner par leurs parents pour le premier jour.

Nerveusement, le petit garçon posa son sac sur ses genoux et regarda les rues défiler. Tous les deux ou trois cent mètres, le car s'arrêtait. Harry scrutait avec intérêt ceux qui montaient, mais la seule personne qui lui parut avoir son âge était une fillette qui était accompagnée par un garçon et une fille plus âgés, et ne s'intéressa pas à lui. Il repoussa une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, regrettant d'avoir passé du temps à essayer de se coiffer alors qu'il savait pertinemment que cela ne servirait à rien. Finalement, un bâtiment apparut devant lui que Harry reconnut comme étant son collège. Sa tante le lui avait montré quelques jours plus tôt, lorsqu'ils étaient passés devant en allant faire des courses en voiture.

Le car s'arrêta et il suivit le flot des élèves qui en descendaient. Ils avaient vingt minutes d'avance sur l'heure prévue pour le début des cours, pourtant c'était déjà l'affluence. Des dizaines de jeunes se tenaient devant les portes de l'établissement, la plupart, heureux de se retrouver après les mois de vacances, parlaient avec animation. Et d'autres arrivaient de partout, certains à pieds, seuls ou accompagnés de leurs parents, d'autres à vélo ou pour les plus vieux en mobylette. D'autres encore descendaient des voitures qui se frayaient tant bien que mal un chemin. Enfin, des bus comme celui qui avait amené Harry, mais venant d'autres quartiers de la ville, déversaient eux aussi leur quota d'étudiants. Plusieurs centaines de personnes s'étaient ainsi regroupées devant les grilles lorsque celles-ci s'ouvrirent enfin. Les jeunes commencèrent à s'engouffrer dans la cour. Un garçon et une fille, qui semblaient avoir environ dix-sept ans, se tenaient de part et d'autre l'ouverture, hurlant des indications.

" Les premières années, sur la droite. Vous cherchez votre nom sur les listes et vous vous rangez devant, on va venir vous chercher.

- Non, Monsieur, vous ne pouvez pas accompagner votre fille. Ce n'est plus l'école primaire.

- Balac, Folks, j'espère que vous vous êtes un peu assagis pendant les vacances !

- Mais ne poussez pas ! Tout le monde rentrera !"

Ballotté et bousculé, Harry faisait son possible pour atteindre la grille. Finalement, sa petite taille lui permit de se faufiler à travers l'ouverture. Ainsi qu'on le lui avait demandé, il se dirigea vers la droite. Une petite centaine d'enfants de son âge étaient déjà rassemblés devant les listes de noms. Il y avait six listes, qui devaient correspondre à six classes de première année. Après être arrivé jusqu'aux panneaux, il commença à scanner les noms, cherchant le sien.

Potter, Harry. Soulagé, il se plaça en face d'une feuille qui portait le nom de sa classe : 1A3, et regarda autour de lui. La plupart de ses camarades de classes étaient déjà là. Certains parlaient entre eux, venant de la même école primaire. Harry constata qu'il y avait peu d'élèves de son ancienne école. Il était rare que les enfants habitant Privet Drive ou les rues voisines se retrouvent dans les collèges de quartier. Ils devaient être à Smeltings avec Dudley ou, pour les filles, dans un équivalent. Harry repéra cependant quelques têtes qu'ils connaissait, mais ses anciens camarades n'avaient pas été mis dans la même classe que lui. Ce qui n'était pas pour le gêner : il n'avait pas vraiment de bons souvenirs des années précédentes.

" Salut", fit une voix derrière lui.

Harry se retourna. Un garçon grand avec d'épais cheveux bruns se tenait devant lui. Son visage était très mat, et ses yeux presque noirs avaient une expression rieuse.

" Toi aussi tu te retrouves seul ? demanda le garçon.

- Oui, répondit Harry, gêné. Il n'avait pas vraiment envie d'avouer que, bien qu'ayant passé toute son enfance dans la ville, il n'y avait pas d'ami.

- Ca ne te dérange pas qu'on reste un peu ensemble ? Je ne connais personne dans cette classe.

- Non, répondit Harry ravi.

- Merci. Au fait, je m'appelle Will Pickard.

- Harry Potter, dit Harry. Tu connais un peu le collège ?

- Mon frère entame sa troisième année ici. Il m'a dit que c'était plutôt cool. Même s'ils sont assez durs.

- Durs ?" Harry repensa à ce que Dudley lui avait dit, sur le fait que les anciens s'en prenaient aux nouveaux, leur mettaient la tête dans les toilettes, et d'autres bizutages peu agréables. Il n'y avait pas cru, bien sûr, c'était Dudley, mais le ton de Will l'inquiétait.

- Ouais. Le directeur, les profs, et tous ça. Il vaut mieux se tenir à carreau, ou en tous cas ne pas se faire prendre, si tu ne veux pas passer tes samedis ici.

- Et les élèves des autres années ? Tu crois qu'on aura des problèmes avec eux ?

- Oh, on t'a parlé de ces histoires ? D'après mon frère, c'est des blagues. Il y a toujours un ou deux deuxièmes années qui sont contents de ne plus être "les petits" et le font savoir, mais ce n'est pas bien méchant. Et en général, c'est aux filles qu'ils s'en prennent. Au fait, tu as des frères et s?urs ?

- Non." A ce moment, une femme d'un certain âge à l'air sévère s'approcha de l'endroit où ils étaient rangés.

"Les 1A3, suivez-moi s'il vous plaît. En silence", dit-elle d'une voix qui n'admettait pas la contradiction. Docilement, le groupe d'élèves intimidés se mit en marche derrière elle. Elle les guida jusqu'à l'entrée du bâtiment principal du collège, puis dans un escalier et à une salle de classe au deuxième étage.

Toujours sans parler, les élèves entrèrent dans la pièce et vinrent se placer derrière les tables. Harry et Will se retrouvèrent au deuxième rang. Lorsque tout le monde fut rentré, le professeur ferma la porte et les regarda avec attention.

"Asseyez-vous", dit-elle enfin. On entendit les raclements des chaises sur le sol alors que les élèves obéissaient.

" Bien, dit alors la femme. Je suis le professeur Thomson. J'enseigne l'anglais, et cette année je serai également votre professeur principal. Ce qui signifie qu'en cas de problèmes, quels qu'ils soient, c'est moi que vous devez venir voir. N'hésitez pas à venir me trouver, contrairement à ce que veut la rumeur, je ne mords pas. Par contre, j'exige des élèves qu'ils soient attentifs pendant mes cours. Les devoirs doivent être rendus en temps et en heure." Le discours continua pendant encore plusieurs minutes, pendant lesquelles le professeur expliqua le fonctionnement du collège, et leur fit un sermon sur la nécessité de travailler, étant donné qu'ils ne seraient plus maternés comme à l'école primaire.

" Très bien, conclut-elle finalement. Y a-t-il des questions ?" Personne ne levant la main, elle hocha la tête. "Dans ce cas, sortez une feuille." Les élèves se regardèrent, effarés. Allaient-il avoir droit à un test dès le premier jour ?

"Ne faites pas cette tête, reprit Thomson. Ceci n'est pas un examen. Je vais simplement vous poser quelques questions afin de vous connaître mieux. Lorsque nous aurons fini, je ferai l'appel. Vous viendrez me remettre votre feuille et je vous donnerai en échange un cadenas, qui vous permettra de fermer le casier qui vous est attribué dans le hall. Oh, pendant que j'y suis, même avec le cadenas fermé, ne laissez rien de valeur dans vos casiers, nous avons eu des vols l'année dernière."

Soulagé de n'avoir à répondre qu'à des questions anodines, Harry sortit de son sac une feuille de papier et un stylo. Une demi-heure plus tard, après avoir demandé s'ils avaient une idée de ce qu'ils voulaient faire plus tard, le professeur Thomson conclut l'interrogation et, ainsi qu'elle l'avait annoncé, se mit à faire l'appel. A l'appel de leur nom, les élèves se levaient pour aller remettre leur feuille. Le professeur lisait rapidement et silencieusement ce qui était écrit, et faisait parfois un commentaire. Harry regardait avec intérêt, essayant au début de retenir les noms de ses camarades, mais il abandonna rapidement.

"Pickard, William" Le garçon brun se leva et passa derrière Harry pour gagner le bureau.

" Etes-vous le frère de Simon Pickard ? demanda le professeur au moment où il tendait sa feuille.

- Oui, madame, répondit le jeune garçon. Elle ne fit pas de commentaire mais lui jeta un regard suspicieux avant de parcourir rapidement ce qu'il avait écrit et de cocher le nom sur sa liste.

- Potter, Harry." Harry se leva, et, à son tour, s'approcha du bureau pour remettre sa copie.

" Vous n'avez pas mis votre lieu de naissance, remarqua-t-elle.

- Je ne le connais pas, répondit Harry.

- Vraiment ? Eh bien, tâchez de vous renseigner, Potter, et vous me direz ça au prochain cours. Cela fait partie des renseignements administratifs de base que vous devriez connaître.

- Oui, madame", dit Harry. Il attrapa le cadenas qu'elle lui tendait et retourna à sa place. Il songea que peut-être, les Dursley accepteraient de répondre à cette question. Jusqu'ici, ils ne lui avaient jamais donné le moindre renseignement sur ses parents, mais il pourrait peut-être profiter de leur relative bonne humeur du moment, et du fait qu'ils appréciaient beaucoup de le savoir dans ce collège.

Arrivée au bout de sa liste, le professeur leur distribua leurs emplois du temps, juste avant que le cours ne se termine. Harry et Will suivirent les autres, et rejoignirent la salle où devait se dérouler leur deuxième heure de cours.

" Mr Helmett, histoire et géographie, lut Harry sur l'emploi du temps qu'il venait de récupérer.

- Lui aussi, mon frère l'a eu, dit Will. Il est cool, pas comme la vieille Thomson." En effet, le qualificatif de "cool" s'appliquait tout à fait au professeur Helmett. Agé d'une trentaine d'années, il avait des cheveux châtains qui lui arrivaient presque aux épaules, et, bien qu'il soit vêtu du costume de règle dans l'établissement, les boutons ouverts de sa veste et du haut de sa chemise, l'absence de cravate, lui donnaient un air négligé."

Il salua ses élèves d'un "bienvenue, asseyez vous", et sans se perdre davantage en préliminaires, il commença son cours. Celui-ci, qui portait sur la préhistoire et les premiers hommes. Jamais Harry n'avait autant rit, et surtout en classe. Il commença à manquer d'air lorsque le professeur se mit à mimer la transformation du singe à l'homme, débutant son show en se mettant à quatre pattes et en se grattant la poitrine, poussant des cris perçants. La fin de l'heure arriva bien trop vite au goût de la classe. Les élèves rassemblèrent néanmoins leurs affaires et sortirent de la pièce, alors que le professeur remettait un semblant d'ordre dans sa tenue.

Avant d'aller déjeuner, Harry et Will descendirent dans le hall, déposer leurs sacs dans les casiers qui leur étaient réservés. Harry glissait la clé du sien dans sa poche quand des éclats de voix le firent se retourner.

" Laissez-moi tranquille ! criait une fillette blonde avec un visage pâle et de grands yeux gris pâle. Deux garçons de treize ou quatorze ans se tenaient de part et d'autre d'elle.

- Mais on ne te veux pas de mal, petite, dit l'un d'eux. On veut juste que tu viennes manger avec nous. Ca te pose un problème ? On n'est pas assez bien pour toi ?

- Non, répondit la petite fille, qui semblait au bord des larmes

- Alors porte mon sac, en gage d'amitié. Je ne le laisse pas dans les casiers, paraît qu'il y a des vols.

- Elle est dans notre classe, non ? murmura Harry à Will en désignant la petite fille.

- Ouais, répondit le garçon. On peut dire qu'elle a pas de chance.

- Allons l'aider.

- T'es pas fou ? T'as envie de finir à l'infirmerie dès le premier jour ? Ces deux là, moi j'ai vraiment pas envie de les avoir comme ennemis."

Mais Harry avait trop souvent été la cible de garçons plus grands et plus forts que lui pour ne pas être ému par le sort de la fillette. Trop souvent, il avait prié en silence pour que quelqu'un lui vienne en aide, et l'indifférence des autres l'avait blessé presque autant que les insultes et les coups de Dudley et ses amis. Il se précipita pour rejoindre la petite fille qui ployait maintenant sous le poids des deux énormes sacs des garçons qui la faisaient avancer devant eux en lui murmurant des paroles qui faisaient couler des larmes sur le visage de l'enfant.

" Fichez-lui la paix !" s'écria Harry, en venant se planter en face des deux garçons. Ceux-ci levèrent la tête pour le regarder, puis éclatèrent de rire.

" Non mais pour qui tu te prends, l'avorton ? dit l'un d'eux. Je te donne deux secondes pour dégager si tu ne veux pas finir en deux morceaux."

Regardant la carrure de ses adversaires, qui devaient être à peu près deux fois aussi lourds que lui, Harry eut un bref moment de remords. Qu'est-ce qui lui avait pris de venir se mettre dans cette situation, alors que pour une fois dans sa vie il n'y avait eu personne de plus grand et plus fort que lui de déterminé à le frapper ? Mais il était trop tard pour reculer. Et ils se trouvaient au milieu d'une foule d'élèves, il devait bien se trouver aussi un préfet, ou quelqu'un capable de les arrêter s'ils allaient trop loin.

"Laissez-la", répéta-t-il.

"Eh, t'as vu ? dit un des garçon à son ami. Il tremble de trouille, le môme. Et t'as vu ses lunettes ? A mon avis, il a déjà dû essayer de jouer les chevaliers servants une fois de trop pour qu'elles se retrouvent dans cet état.

- En tous cas lui, il ne s'attaque pas à plus faible que lui simplement pour se prouver... D'ailleurs, qu'est-ce que vous essayez de prouver, les gars ?" Harry avait tourné la tête en entendant la voix à côté de lui, et constaté avec soulagement que Will était fermement campé à ses côtés. " Que vous êtes plus forts qu'elle ?" La voix de Will était suffisament forte pour attirer l'attention et un cercle s'était formé autour d'eux. " Ok, félicitations. En vous y mettant à deux, vous êtes plus forts qu'une fille de première année." Il allait ajouter quelque chose mais le cercle des élèves curieux fut soudain rompu et une voix autoritaire demanda : ''Que se passe-t-il ici ?" Un garçon d'une quinzaine d'années, portant un badge de préfet en évidence sur sa poitrine, s'avança vers eux. Il fut brusquement interrompu quand la fillette, en larmes, lui sauta dans les bras.

"Nick !" s'écria-t-elle. Il la regarda avec stupeur, puis releva la tête pour examiner le reste de la scène, et comprit immédiatement ce qui s'était passé. Son visage devint féroce lorsqu'il s'adressa aux deux agresseurs.

" Barton, Strike, cette fois vous allez vraiment avoir des ennuis.

- Mais, Nicolas, on voulait juste s'amuser un peu, tenta de protester l'un d'eux.

- La prochaine fois, vous choisirez quelqu'un d'autre que ma petite s?ur quand vous chercherez des compagnons de jeu. De préférence quelqu'un de sexe masculin et d'au moins soixante-quinze kilos. Eh, Anton !" Le jeune homme interpella un de ses camarades, également préfet.

- Tu as besoin d'aide ? demanda le nouvel arrivant.

- Ils s'amusaient avec les premières années, expliqua Nicolas en désigna les deux fautifs, qui n'en menaient pas large. Ca te dérangerait de les emmener voir Mrs Cameron pendant que je m'occupe de ma s?ur ?

- Non, bien sûr, répondit Anton. Mais j'espère que cette fois ils seront virés pour de bon, j'en ai assez de les y emmener une fois par semaine. Ok, Barton, Strike, passez devant, vous connaissez le chemin. Et vous autres, ajouta-t-il en direction de ceux qui s'étaient massés autour d'eux, allez déjeuner. Immédiatement. Il n'y a plus rien à voir." Baissant la tête, les deux garçons s'éloignèrent en baissant la tête, alors que le reste des élèves partait en direction de la cantine.

"Ca va, Liz, dit le jeune homme. C'est fini, ne pleure pas. Ils ne t'embêteront plus, je te le garantis.

- Nick, balbutia-t-elle, je suis désolée.

- Tu n'y es pour rien, petite s?ur. Tu n'es ni la première ni la dernière à qui ces deux là s'en prennent. Je te jure qu'un jour je les ferai virer. Ils sont tout le temps en train de maltraiter les plus jeunes." D'une main maladroite, il tenta de lui remettre les cheveux en place, mais ne réussit qu'à les embrouiller davantage.

" Je crois que je n'ai pas le talent de maman pour ça, remarqua-t-il.

- T'es un garçon, lui rappela sa s?ur, avec un petit sourire. C'est normal, non ?" Elle accepta le mouchoir qu'il lui tendait et s'essuya les yeux. Nicolas se tourna vers Harry et Will, qui se tenaient un peu en retrait.

" C'est courageux ce que vous avez fait, tous les deux. Cinglé, mais courageux." Il leur tendit la main. "Je m'appelle Nicolas March, je suis en sixième année et préfet depuis l'année dernière. Et c'est Liz, ma petite s?ur. Mais peut-être que vous la connaissez ?

- Je crois qu'on est dans la même classe, dit Will. Je suis Will Pickard, et lui, c'est Harry Potter.

- Enchanté, répondit le préfet. Je ne pense pas qu'ils vous cherchent des ennuis, mais au cas où, n'hésitez pas à venir me voir. Ou si vous avez d'autres problèmes..." Il s'interrompit quand une voix percante l'interpela.

" Nikkie, Nikkie, qu'est-ce que tu fais ? Ca fait une demi-heure qu'on te cherche !

- Maggie ?" Le préfet se retourna juste à temps pour voir une belle jeune fille se précipiter vers lui. " J'arrive, dit-il. Il y a encore eu un problème avec Barton et Strike. Mag, je te présente Liz, ma s?ur. Liz, Maggie une amie. Mag, tu me laisse encore une minute ?

- D'accord... " Elle s'éloigna et rejoignit un groupe de jeunes.

"Ca va aller ? demanda Nicolas à sa s?ur.

- Oui, répondit celle-ci. Elle eut un sourire malicieux. " Nikkie ? Je ne savais pas ! C'est pour quand le mariage ?

- Ne commence pas ! Et ne parle pas de ça à la maison.

- Pourquoi ? je suis sûre que maman serait enchantée de connaître ton amie.

- Lisa !" Le homme essayait de se montrer menaçant, mais ses yeux riaient.

"D'accord, finit par admettre la fillette. Je ne dirai rien à la maison si tu ne parles pas de ce qui m'est arrivé. Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent.

- Ça marche. Bon, je vais vous laisser, tous les trois."

Après le départ du jeune homme, Harry et Will échangèrent un regard. Liz les regarda également puis elle dit : "Merci.

- N'en parlons plus, dit Harry. Bon, vous venez manger, cette fois ?"

En début d'après midi, la 1A3 avait un cours de maths. Le professeur, Mrs Smith, était une petite femme boulotte. Avec une voix perçante et aucune autorité. Un chahut monumental ne tarda pas à s'installer. Installés à une petite table au fond, Harry et Will renoncèrent rapidement à prendre des notes.

" Tu sais, c'était vraiment stupide ce que tu as fait tout à l'heure, répéta Will pour la énième fois.

- Je sais, répondit Harry d'un ton las. Mais t'étais pas non plus obligé de venir me soutenir.

- Je vois que tu as apprécié mon intervention, mec, ça fait plaisir. Mais tu t'es regardé ? T'es un des types les plus petits et maigres du collège, et tu t'amuses à aller provoquer deux pachydermes. Mais qu'est-ce qui t'a pris ?

- Écoute, pachydermes ou pas, je ne risquais rien. Ils ne m'auraient pas frappé devant tout le monde.

- Ah oui ? Tu as bien vu ce qu'ils faisaient à Liz devant tout le monde.

- Ils ne l'auraient pas frappée. Si elle avait résisté ils se seraient énervés mais ils auraient fini par partir. Par contre, si ensuite elle les avait croisés dans un coin un peu moins fréquenté, là elle aurait eu de gros problèmes.

- Et toi ?

- Pareil.

- Excuse-moi mais je ne vois pas la différence entre se faire tabasser immédiatement ou plus tard.

- Si j'avais évité un moment de me retrouvé seul avec eux, ils auraient fini par m'oublier. Tout s'est bien terminé, non ? On est sous la protection d'un préfet, ils n'oseront plus s'en prendre à nous. Alors parlons d'autre chose.

- Tu es quand même cinglé."

Harry commençait à s'énerver et il dut se retenir pour ne pas hausser la voix.

"Tu sais ce que c'est que de subir ce genre d'assaut jour après jour ? Tu sais ce que c'est d'être la cible favorite de ces mecs là en n'ayant aucun moyen de te plaindre ou de leur rendre la pareille ? Et de voir tous les autres qui savent ce qui se passe, mais qui ne disent rien par peur de représailles ? De n'avoir aucun ami parce que personne ne veut être associé avec toi pour ne pas subir le même sort ? Crois-moi, quand tu es dans cette situation, tu donnerais n'importe quoi pour que quelqu'un intervienne juste pour te rappeler qu'il y a des gens qui ne te détestent pas. Et même si tu sais que tu devras le payer très cher."

Un silence gêné suivit l'éclat de Harry, qui fit mine de s'intéresser au cours bien qu'il n'entendît rien de ce que disait le professeur à cause de ce que disaient les autres élèves. Puis Will demanda doucement :

"C'est du vécu, n'est-ce pas ? "

Harry hocha la tête sans le regarder.

" Et personne n'est jamais intervenu, personne n'a jamais rien dit ? Tout se savait dans mon école primaire, et les instits finissaient toujours par être au courant de tout.

- Bien sûr qu'ils étaient au courant. Et parfois obligés d'intervenir. Le problème, c'est que je vivais avec le chef de ces idiots. Je devais aussi le supporter à la maison. Et si jamais par malheur il était puni, alors ça bardait pour moi. Donc j'étais obligé de le protéger.

- Je croyais que tu étais fils unique ?

- Je le suis. Dudley est mon cousin." Harry se tut, attendant la question qui, il en était sûr, n'allait pas manquer d'arriver.

" Pourquoi tu vivais avec ton cousin ?

- Mes parents sont morts. J'habite chez mon oncle et ma tante depuis l'âge de un an.

- Oh, désolé...

- C'est pas grave. Tu sais, je ne vais pas m'effondrer en pleurs si on m'en parle. Je ne me rappelle même pas de mes parents, d'un certain côté ça fait moins mal de penser à eux.

- Tu sais ce qui m'énerve le plus dans toute cette histoire, quand j'y repense ?

- Non ?

- C'est que maintenant, on va être obligé de se coltiner Liz. Je suis sûr qu'elle va nous considérer comme ses sauveurs et nous suivre partout. Et moi je n'ai aucune envie de jouer les protecteurs."

Ce soir là, Harry alla voir sa tante pour lui donner des papiers à signer. Ce qu'elle fit sans même jeter un coup d'oeil, ni à ce qu'elle signait ni à Harry. Elle allait retourner à ses pluches de pommes de terre quand Harry lui demanda :

"Tante Pétunia, J'aurais aussi besoin de connaître mon lieu de naissance." La main déjà sur son couteau, elle leva soudain la tête et le regarda d'un air soupçonneux.

" Ton lieu de naissance, hein ?

- Oui... L'endroit où je suis né, quoi.

- Je ne suis pas stupide, merci. Où tu es né, hein ? Qu'est-ce que j'en sais moi ? Et qu'est-ce que ça peut bien leur faire ?

- Ca fait partie des renseignements administratifs de base, répondit Harry, reprenant les paroles de son professeur. Ils ont bien dû vous le dire quand on m'a amené ici.

- Ce n'est pas comme si les gens qui t'ont amené ici se préoccupaient de ce genre de détails.

- Pourquoi ?

- Parce que." Elle se mordit la lèvre soudain consciente d'en avoir trop dit. " Ne pose pas de questions.

- Mais qu'est-ce que je dois dire à mon professeur ? Si je lui dit que personne ne le sait, elle va trouver ça étrange." Harry obtint la réaction souhaitée. Les Dursley détestaient tout ce qui sortait de l'ordinaire, et il le savait.

" Très bien, finit-elle par lâcher. Godric's Hollow. C'est là qu'était la maison de tes parents, et probablement là que tu es né.

- Godric's Hollow ? C'est où ?

- Pas très loin de l'Ecosse. C'est un village où les gens respectables évitent de mettre les pieds, crois-moi. Et maintenant file dans ta chambre, j'ai autre chose à faire que de répondre à tes questions."

Harry obéit sans protester. D'habitude, toutes les questions qu'il osait poser sur ses parents n'obtenaient pas de réponse, sinon un "ne pose pas de questions" grinçant. L'information qu'il avait obtenue sur eux, ce soir là, aurait pu paraître sans importance. Le nom du village où ils avaient vécu. Mais par rapport à ce qu'il savait d'eux, c'était énorme. En effet, les renseignements que Harry possédait sur ses parents pouvaient se résumer à ceci : Lily Evans était la s?ur de la tante Pétunia. Elle avait épousé James Potter. Ils avaient eu un fils, Harry, et étaient morts dans un accident de voiture un an plus tard. Et aussi l'information capitale, la seule chose sur ses parents que son oncle et sa tante ne se privaient pas de lui répéter : ce n'étaient pas des gens bien. Pourquoi exactement, et ce qu'ils avaient fait pour être jugés ainsi, il l'ignorait. Mais ce devait être extrêmement grave. La tante Pétunia avait un vieil album photo qu'elle sortait de temps en temps pour le montrer à Dudley quand ils étaient plus jeunes, et sur lequel on voyait des photos d'elle, enfant, et de ses parents. Lily n'y aparaissait jamais. Par contre, certaines photos avaient été plus ou moins habilement découpées, et Harry avait peu de doutes sur ce qui s'était trouvé dans la partie manquante.

Quelle que soit la raison pour laquelle le souvenir de ses parents était banni de la maison, et lui-même y était si peu le bienvenu, Harry se doutait qu'il y avait un lien avec les étranges lettres qui étaient arrivées pendant l'été. Ce qu'ils s'étaient juré de refuser lorsqu'ils avaient pris Harry chez eux, c'était probablement quelque chose que ses parents faisaient, ou avaient. Et il avait beau se creuser la cervelle, il ne voyait pas ce que c'était. Ni, pourquoi la communauté ou l'organisme dont avaient fait partie ses parents aurait cherché à le contacter, lui, dix ans après leur mort.

En tous cas, maintenant Harry avait un indice, une petite information qui le rapprochait de ses parents. Ce nom : Godric's Hollow. Et il avait bien l'intention de l'utiliser pour tenter d'en apprendre davantage.

Note : Je ne connais absolument rien au système scolaire anglais, et la description que j'en fait est probablement complètement à côté de la plaque. Toutes mes excuses.