N/A : Bonjour à vous, chers lecteurs. L'année 2019 n'a vraiment pas été facile côté « real life » (grève, deuil, vol). Puis 2020 est arrivée avec son lot de nouveaux défis (enfants à la maison et télétravail). Ce dernier chapitre en était un tout en longueur, avec de nombreuses « plotlines » qui devaient chacune trouver une conclusion adéquate; jumelés à un petit manque de motivation, un GROS manque de temps et une perte importante de mes idées de départ, voilà, en résumé, ce qui explique l'interminable attente. Vous m'en voyez désolée!

Je ne voulais pas prendre cette décision, mais au final, je trouvais plus logique de séparer le chapitre en deux parties, car je n'ai que 70% du chapitre de complétés et je m'en voulais énormément de vous faire attendre davantage. J'ignore quand la suite sera prête, mais soyez rassurés, j'y travaille en ce moment même.

Bonne lecture.
—Kat


Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.

Un gros MERCI à Lune d'argent (ma Beta) et Miss Wendy Malfoy (ma pré-reader) qui m'ont suivi dans cette aventure de réécriture.


L'ange qui naîtra de nous deux
{La suite}


*NOUVEAU* Chapitre 21- La promesse *NOUVEAU*

Juin.

Hermione, qui était accompagnée de ses amis, retira ses chaussettes et laissa ses orteils caresser l'herbe alors qu'elle accotait son dos au tronc du chêne derrière elle.

« Attends que je t'attrape, » menaça soudain Ron, et Ethan poussa un éclat de rire franc. « Oh, viens-là, toi! » S'exclama Ron en agrippant la taille de l'enfant et en le lançant dans les airs avant de le réceptionner et de tourner sur lui-même.

Hermione, Luna, Ginny et Harry rigolèrent de concert. Ethan était, depuis les dernières semaines, le remède parfait à leurs sombres mines d'après-guerre.

« Mama! » S'exclama Ethan, ravi.

Ginny tourna la tête vers Hermione et lui sourit. « Comment s'est passé ton examen d'Arithmancie? »

La jeune femme lâcha son fils des yeux et regarda la rouquine. « Bien, » avoua-t-elle. Elle avait été stressée pour cet examen en particulier, car elle scellait là son admission à l'Université, mais elle était confiante. Et si les professeurs Slughorn et Vector disaient vrai, Hermione serait admise à la faculté de Magie et de Sorcellerie supérieure de l'Université de Cambridge dans le programme d'Arithmancie avancée sans aucun problème!

L'avenir devenait de plus en plus concret pour Hermione qui sentit une vague de nostalgie l'envahir comme jamais auparavant. Dans moins d'une semaine, elle et ses amis quitteraient Poudlard définitivement. La jeune femme regarda autour d'elle et soupira. L'immense château se dressait devant elle, aussi somptueux et magique qu'au tout premier jour. Le soleil de l'après-midi se reflétait sur le lac et au loin, on pouvait entendre plusieurs élèves qui jouaient au Quidditch sur le terrain. Une fumée grise s'échappait de la cabane d'Hagrid et même la forêt interdite ne semblait plus aussi effrayante. À sa gauche, le saule cogneur bruissait sous le vent et à sa droite, le sentier qui menait vers le portail des Sangliers ailés et vers Pré-au-Lard était visible.

Merlin que cet endroit allait lui manquer! Poudlard avait été sa deuxième maison : elle s'y était fait ses premiers amis, des amis pour la vie; elle avait grandi, mûri, appris la magie; elle y avait combattu les forces du mal et sauvé des vies; et surtout, elle y avait rencontré l'homme de sa vie.

Hermione esquissa un sourire.

Oh oui, Poudlard allait lui manquer, mais la jeune femme était prête à passer à la prochaine étape de sa vie! La dernière lettre de Severus, arrivée ce matin même, se trouvait toujours dans la poche de sa robe de sorcière, lui promettant son retour imminent. Cela faisait bien cinq semaines que l'homme était hospitalisé à Sainte-Mangouste, son rétablissement n'étant pas aussi prompt qu'ils l'avaient espéré puisqu'il devait guérir et cicatriser sans l'aide de la magie. Les Médicomages ignoraient toujours le pourquoi du comment, mais au moins, la magie de Severus n'en semblait pas affectée.

Le sorcier et Hermione avaient passé les dernières semaines à correspondre par hiboux, ce qui avait aidé la jeune femme à passer à travers les moments les plus difficiles. En effet, même s'ils avaient « gagné » la guerre, cela n'avait pas été fait sans sacrifice et dans le mois qui avait suivi la 'bataille du Manoir Malefoy', la victoire s'était fait ressentir plutôt amèrement.

Le sacrifie de Lily et James Potter, il y a 17 ans, avait été affreux, mais les Potters et leur fils avaient été acclamés en héros, seuls victimes de la fin du règne de terreur de Voldemort, plongeant la communauté magique dans les festivités.

Cette fois-ci, néanmoins, les pertes étaient plus lourdes, la réalité beaucoup plus sombre.

Avant de célébrer et de féliciter qui que ce soit, le Ministère et la communauté magique se virent dans l'obligation d'enterrer leurs morts les uns après les autres. Dans l'Ordre, les pertes de Ted Tonks, Amélia Bones et Alastor Maugrey, entre autres, furent terribles, mais ce fut la maison des Serpentard qui, sans grande surprise, fut la plus touchée. Chaque deuil apportait son lot de larmes et l'ambiance, à la veille des examens, n'avait pas été de tout repos.

Néanmoins, ces sombres moments de l'histoire des sorciers et sorcières de Grande-Bretagne semblaient être derrière eux, ainsi que le stress des examens de fin d'année, et, en cette magnifique journée de juin, les élèves de Poudlard profitaient tous, sans exception, d'un moment de répit bien mérité.

Hermione se laissa distraire par la conversation de Ginny et Harry qui parlaient de la remise de diplôme des septièmes années, qui, à l'occasion de la fin de la guerre, serait jumelées à la remise des titres de l'Ordre de Merlin, les principaux concernés pour cet honneur étant Harry et Ron —des diplômés—, et plusieurs professeurs/membres de l'Ordre. L'idée n'était pas mauvaise, pensa Hermione pour elle-même alors qu'Harry admettait se sentir gêné par l'idée. Décidément, la fin de ses études ne passerait pas moins inaperçue que son entrée à Poudlard, 7 ans auparavant.

« Hermione, » héla soudainement Ron, et Hermione leva les yeux vers lui. Il sembla à Hermione que son ami avait encore grandi. Il installa Ethan sur sa hanche et indiqua, à l'aide de son menton, l'endroit où il voulait que son amie redirige son attention.

Hermione dévia le regard vers le chemin qui menait vers Pré-au-Lard et y reconnut immédiatement Drago Malefoy qui y courait en direction du village; ou, plus précisément, vers le portail délimitant l'enceinte de Poudlard, là où un sombre sorcier vêtu de noir venait d'apparaître, accompagné des professeurs Flitwick et Chourave, ainsi que d'un sorcier portant la robe officielle des guérisseurs de Sainte-Mangouste.

« Severus, » souffla Hermione, son cœur bondissant dans sa poitrine. Elle se releva aussitôt et s'élança dans sa direction, oubliant ses souliers dans sa hâte. Ses amis la suivirent avec le même empressement.

Hermione arriva en haut du chemin à temps pour voir Drago ralentir à quelques pas de Severus seulement, lequel offrit un rictus à son filleul. Surprenant autant Hermione que ses amis, le jeune sorcier enlaça l'homme dans une étreinte masculine, un bras dessus, un bras dessous, dévoilant au grand jour l'affection insoupçonnée qu'il avait pour son parrain.

D'abord surpris, Severus ne mit que quelques secondes à réagir et finit par rendre l'étreinte, une main aux longs doigts allant s'appuyer sur la nuque pâle du jeune homme qui avait désormais la même grandeur que lui. Son autre main, elle, restait fermement fixée sur une canne de bois d'acacia.

Lorsqu'Hermione arriva à leur hauteur, suivie de près par ses amis et son fils, les deux hommes s'étaient séparés, mais parlaient toujours entre eux, excluant les sorciers autour. Hermione n'entendit que la fin de leur conversation privée.

« Tu devrais écrire à ta mère, Drago, » disait le professeur Rogue à son filleul, lequel sembla soudain mal à l'aise.

« Tu as vu ma mère? » Demanda le Serpentard, mais Severus ne répondit pas, ses yeux se fixant sur quelque chose –ou plutôt quelqu'un– derrière le jeune homme.

« Hermione, » murmura-t-il avec le même ton que la jeune sorcière avait utilisé un peu plus tôt : empli de soulagement et d'amour secret.

Drago Malefoy eut le bon sens de reculer d'un pas afin de leur laisser l'occasion de s'accueillir. Malheureusement, Hermione et Severus étaient conscients que cela leur était encore interdit. Comme unique réponse, Hermione sourit, les yeux pleins d'eau, et répondit d'un « Salut, » insuffisant et pourtant rempli de non-dits. Severus sourit à son amante, passant une main dans ses cheveux courts qui ne cessaient de lui tomber devant les yeux, bien conscient que ses collègues et plusieurs élèves les observaient.

Car, depuis peu, Drago, Hermione et ses amis n'étaient plus les seuls à avoir eu conscience du retour du Maître de potions et professeur de Défense contre les forces du mal. Le professeur McGonagall et le directeur de Poudlard s'avançaient vers eux, ainsi qu'Hagrid, Trelawney et Slughorn. Madame Pomfresh et madame Pince restaient près du château, mais les observaient de loin. Plusieurs étudiants s'approchaient également, prêts à féliciter leur professeur pour son rôle dans la bataille, ou tout simplement pour lui souhaiter un bon retour.

Heureusement, les retrouvailles des deux amants —aussi douloureusement modestes que leurs adieux l'avaient été— ne s'éternisèrent pas alors qu'un « PAPA! » déchirant vint bousculer Severus et Hermione. La jeune fille se retourna vers Ron, qui fit deux pas vers le professeur afin de lui remettre son petit garçon.

Malgré la main qui ne quitta pas sa canne, Severus enveloppa Ethan dans une étreinte contre son torse, avant de le déposer à son tour sur sa hanche. L'homme à la robe de Sainte-Magouste s'avança, comme s'il voulait partager son désaccord avec la situation –sûrement que Severus avait reçu l'ordre de se ménager— mais le Directeur de maison le fit taire d'un seul regard.

Ethan, qui voulait bien plus qu'un câlin, passa les secondes qui suivirent à tapoter le visage de son père de ses petites mains dodues, comme s'il vérifiait que c'était bien lui et qu'il était bien là. Quelques élèves et professeurs ricanèrent avec bienveillance devant le comportement d'Ethan, trop mignon et innocent pour qu'on l'associe aisément au professeur Rogue. Et pourtant, cet enfant était bel et bien le sien.

« Papa, papa, papa, » chantonnait gaiement l'enfant alors que Severus déposait un doux baiser sur ses boucles sombres.

« Je suis là, maintenant, Ethan. Je suis là, mon bonhomme, » répondit l'homme dans un murmure, uniquement pour son enfant, mais les quelques personnes proches de lui l'entendirent sans commenter. Les yeux d'ébène du professeur croisèrent ceux d'une certaine Gryffondor, il sembla à Hermione que sa respiration se bloquait dans sa gorge.

Remarquant l'état de son amie, Harry se lança.

« Bon retour à Poudlard, professeur! Ça fait plaisir de vous revoir, » s'exclama le Survivant, rapidement suivi de plusieurs élèves et professeurs. D'un mouvement naturel, Severus redonna son fils à Hermione libérant ainsi une main afin de saisir celles de tous ceux qui voulaient la lui serrer. Les remerciements et les félicitations fusèrent de toute part, étourdissant un peu Severus qui avait passé les dernières semaines quasi seul dans une chambre d'hôpital. Seules les visites des Médicomages et de la docteure moldue venaient remplir ses journées. Dumbledore l'avait bien visité plus d'une fois, et Nymphadora Tonks, qui avait dû séjourner quelque temps à l'hôpital également, lui avait rendu visite les quelques premiers jours, afin de le remercier d'avoir sauvé leurs vies, à elle et son bébé. Une fois, Remus Lupin l'avait même accompagnée. Molly et Arthur Weasley étaient passés le voir, reconnaissants envers lui pour avoir veillé sur Harry et leurs fils pendant la bataille, et Minerva lui avait, à deux reprises, apporté des nouvelles de Poudlard.

Mais sa convalescence ayant duré cinq semaines entières (les guérisseurs voulaient s'assurer que toutes ses blessures cicatrisaient bien, surtout celle à la gorge), il avait été seul avec ses pensées pour unique compagnie. Le plus clair de son temps, il le passait à écrire. À son Hermione, en premier lieu, mais aussi des théories sur des charmes ou des débuts d'idées d'expérimentation à faire pour ses potions; quoi acheter pour l'installation de son laboratoire à domicile; où trouver les meilleurs ingrédients; qui contacter pour initier un contrat… ce genre de chose.

Narcissa Malefoy, fraîchement retournée en Angleterre, était aussi passée le voir la dernière semaine, l'aidant un peu à garder son calme lorsqu'il tentait de convaincre le Médicomage-en-chef qu'il se sentait mieux et qu'il voulait quitter l'hôpital pour retrouver le calme de ses quartiers à Poudlard et aussi, et surtout, sa famille qui l'attendait.

À mesure que les sorciers et sorcières autour d'eux félicitaient Severus et lui serraient la main, lui demandant comment il allait et s'il était content d'être de retour au château, Hermione cessa d'écouter et se contenta de regarder l'homme devant elle, enfin si près et pourtant encore si loin. Severus aussi ne semblait pas capable de détacher ses yeux de son amante, saluant les personnes s'avançant vers lui d'un regard distrait. Ses deux pupilles noires comme l'abysse retournaient toujours vers sa douce d'Hermione, comme si le simple fait de la regarder comblait un manque.

Le contact visuel était si intense qu'Hermione le ressentait comme une caresse.

Au bout d'un moment, alors qu'un trio de Serpentard s'avançait pour saluer leur directeur de maison, Severus se tourna simplement vers le Médicomage qui l'accompagnait et murmura quelques mots, ses yeux toujours fixés sur ceux d'Hermione. L'homme en robe verte s'approcha et acquiesça.

« Je vous l'avais bien dit, Professeur, que de revenir aussi tôt vous demanderait un effort soutenu. » Puis, s'adressant aux professeurs Dumbledore, Chourave et Flitwick, il ajouta : « Professeur Rogue a besoin de repos, il vaudrait mieux que quelqu'un l'accompagne dans ses quartiers. »

Aussitôt, Professeur Chourave se porta volontaire, ainsi que le petit Flitwick. McGonagall resta pour supporter Dumbledore, affaibli. Severus ne demanda pas son reste et suivit les deux autres directeurs de maison vers le château. Le Médicomage lui annonça qu'il reviendrait le voir dès le lendemain, mais Rogue n'acquiesça que d'un hochement de tête.

Hermione replaça Ethan sur sa hanche et écouta la conversation lointaine entre le Médicomage et les professeurs Dumbledore et McGonagall, ainsi que madame Pomfresh qui les avait rejoint. Ils parlaient de l'état physique de Severus.

Celui-ci, malgré sa volonté de fer, démontrait encore quelques faiblesses; rien, selon le Médicomage, qu'une bonne alimentation et des exercices quotidiens ne pourraient arranger. Il y avait des limites à ce qu'une promenade dans les corridors de Ste-Mangouste pouvait accomplir, et l'air frais du début d'été d'Écosse serait sans aucun doute un atout. Ça, et aussi le fait d'avoir sa famille à proximité, car c'était bien connu, un patient se remettait beaucoup plus vite s'il était parmi ses proches, les gens qui l'aiment et l'encouragent.

À ces mots, quatre têtes se tournèrent vers Hermione et Ethan. Madame Pomfresh et professeur McGonagall gratifièrent Hermione d'un sourire.

« Ah, oui, » acquiesça Dumbledore, « Severus a dû ressentir leur absence durement. »

« Pas un jour ne s'écoulait sans qu'il ne parlât d'eux, » admit le Médicomage.

Hermione sentit son cœur se serrer. Elle s'était réellement ennuyée de son sorcier et ne douta pas que cela avait été réciproque, mais de se le faire confirmer de la sorte était plutôt amer. Que Severus, de nature si réservée, parle d'elle et d'Ethan à des guérisseurs chaque jour prouvait qu'elle était devenue plus qu'importante à ses yeux. Et il s'était ennuyé d'elle. Et de leur fils, aussi, bien sûr, évidemment. Mais Hermione aimait à croire qu'il s'était ennuyé d'elle autant qu'elle, de lui!

Oh, par les caleçons de Serpentard! jura silencieusement Hermione en se traitant mentalement d'idiote.

Elle se retourna vers ses amis, remarquant que la foule s'était à nouveau dispersée sur le territoire de l'école.

« Je— je peux vous laisser Ethan quelque temps? » demanda-t-elle en panique aux deux couples surpris. « Je dois aller… » Elle hésita. « Il faut que j'y aille! »

Ginny tendit les bras la première et Hermione lui passa le petit garçon de quinze mois avant de se mettre à trotter vers le château, pieds nus. Elle ignora les regards que certains lui lançaient, ou même les quelques ricanements lorsque d'autres déduisirent l'endroit où elle se rendait, mais Hermione n'en avait que faire; il fallait qu'elle le voie, qu'elle lui explique, à lui et à ses collègues, la raison de l'état de ses appartements!

Elle monta les marches vers le 3e étage à la course, espérant arriver avant, ou du moins, en même temps que Severus et les deux autres directeurs de maison, afin de les empêcher d'entrer là où l'évidence de leur relation serait dévoilée au grand jour! Elle espérait que la canne de Severus les avait suffisamment ralentis, mais lorsqu'elle vit le portrait de ses appartements apparaître au bout du couloir et que personne, aucun professeur, n'était en vue, elle sut qu'ils étaient déjà tous entrés.

« Pater incertus, mater semper certissima, » dit-elle à bout de souffle. Elle entra tel un coup de vent et s'arrêta net lorsque trois paires d'yeux étonnés se braquèrent sur elle.

Professeur Chourave avait sa baguette en l'air et derrière elle, les tasses de thé aux fonds cernés et les assiettes vides s'empilaient par magie. Un petit tas de vêtements sales appartenant autant à la Gryffondor qu'à son fils s'assemblait de lui-même dans un coin et, par la porte de la chambre, elle vit les draps de Severus recouvrir son lit auparavant défait. Les nombreux livres de cours et parchemins qu'Hermione avait utilisés lors de ses séances de révision au salon se rangeaient d'eux-mêmes.

Alors que la professeure Chourave la regardait avec circonspection, Severus, lui, une main appuyée sur le dossier du sofa, l'autre tenant toujours sa canne, la regardait avec un rictus amusé. Le professeur Flitwick semblait être le plus étonné du lot.

« Miss Granger, que signifie tout ceci? » Demanda le petit professeur.

Hermione sentit son visage virer au cramoisi tellement elle était gênée de s'être fait prendre en si flagrant délit. Non seulement elle avait passé le dernier mois à vivre dans les appartements de son professeur —à coucher dans son lit, à partager sa salle de bain privée—, mais elle avait complètement transformé l'endroit en une véritable salle de révision, parchemins, bouquins, bouteilles d'encre et plumes encombrant une bonne partie du salon. Dans la cuisinette, elle s'était à plusieurs reprises commandé du thé et des repas via les Elfes de maisons, mais elle avait refusé leur aide quant au nettoyage. Ils ne venaient plus laver la cuisine ou la salle de bain, ramasser le linge sale et surtout, au grand jamais, ils ne devaient changer les draps!

Il y avait, bien entendu, une raison toute simple au raisonnement d'Hermione, mais la jeune femme s'était fait surprendre par l'étendue des tâches que de se préparer pour les ASPICS tout en prenant soin d'un enfant représentait. Elle avait quelque peu perdu le contrôle sur le ménage, préférant passer ses temps libres avec Ethan lorsqu'il était éveillé et qu'il la réclamait, puis à étudier, étudier, étudier lorsqu'il dormait.

« J'avais laissé l'accès de mes quartiers à Miss Granger, » retentit soudain la voix doucereuse de Severus qui vint la sauver. « J'avais jugé que cela serait plus… pratique… pour elle et Ethan ».

Elle le remercia d'un sourire penaud, mais Chourave s'exprima : « C'était bien sûr très généreux de ta part, Severus, mais Miss Granger aurait dû faire plus attention à cet endroit qui ne lui appartient pas. Vous vous êtes aisément installée, jeune fille. »

Hermione ouvrit la bouche pour s'excuser lorsque Severus s'interposa. « Ça ne me dérange guère, Pomona, ce ne sont que des biens. »

« Ce sera l'endroit de votre convalescence, Severus, » contra la sorcière rondelette, ce à quoi le sombre sorcier roula les yeux. À en croire son expression, il était las de ce mot, 'convalescence'. Hermione rigola.

« Il n'y a pas de quoi rire, » la gronda gentiment le professeur Flitwick en faisant léviter un top de pyjama qui traînait sur le dossier d'une chaise — une camisole aux bretelles spaghetti si usée qu'elle en était semi-transparente. Ses yeux s'agrandirent, scandalisé. « C'est complètement inapproprié. »

« Oh, » gémit Hermione, mortifiée.

Une main aux longs doigts élégants s'empara du vêtement, le dissimulant aux yeux des deux autres professeurs. « Merci, Filius, » souffla Severus avec une note d'avertissement dans la voix. « Je crois que Miss Granger et moi pourrons résoudre cette situation entre nous. »

« On se demande juste pourquoi elle n'a pas continué d'utiliser les services des Elfes de maison, » clarifia Pomona. « Cet endroit aurait besoin d'un bon nettoyage! On dirait le dortoir de mes Poufsouffle de quatrième année. »

Encore une fois, Hermione allait ouvrir la bouche pour s'expliquer lorsque Severus la devança.

« N'insiste pas, Pomona, ou tu te retrouveras avec un badge de la S.A.L.E. »

Devant les airs étonnés, mais amusés des professeurs, qu'Hermione soupçonna d'être parfaitement au courant de sa croisade pour le Front de libération des Elfes lors de sa cinquième année, la jeune femme félicita et maudit simultanément son amant. Elle était consciente qu'il ne se moquait pas d'elle, mais le moyen qu'il avait trouvé pour détourner leur attention de leur relation était un peu gênant, pour ne pas dire humiliant.

C'est avec des regards tendres, mais un peu moqueurs, que les deux professeurs dirent leur au revoir et laissèrent enfin—enfin!—le couple seul.

Hermione, qui s'était collée au mur pour les laisser passer vers la sortie, se retourna vers son amant qui était toujours appuyé sur le dossier du divan. Elle mordilla ses lèvres, peu sûre de comment elle devait s'y prendre pour expliquer la situation : elle n'avait pas voulu transformer ses appartements en dortoir d'adolescent de Poufsouffle, c'est juste que…

« À chaque fois que les elfes passaient faire le ménage, ton odeur disparaissait un peu plus, » avoua-t-elle, penaude, le regard vers le plancher.

Elle entendit plus qu'elle ne vit Severus s'approcher. Lorsque ses bottes et le pied de sa canne se retrouvèrent dans son champ de vision, à peine quelques centimètres devant ses orteils, elle continua : « Tu nous as horriblement manqué, tu sais. Tu m'as horriblement m—hmfp! »

Hermione ne put finir sa phrase que les lèvres de Severus s'écrasèrent sur les siennes. Un SMACK! résonna lorsque la canne de Severus tomba au sol et qu'il encadra le visage de la jeune sorcière entre ses paumes.

Toute l'émotion retenue jusque-là d'Hermione remonta à la surface et un sanglot secoua la Gryffondor alors qu'elle rendit le baiser, ses petites mains s'emparant des robes du sorcier et le rapprochant d'elle.

Severus tenta un pas de plus vers elle, collant son torse au sien alors que les mains d'Hermione montèrent vers ses cheveux, mais l'homme perdit l'équilibre et chancela.

« Severus? »

« Mhm, » gronda le sorcier en pinçant les lèvres. « Peut-être que le divan serait une meilleure option, » admit-il avec un air contrit.

Hermione ne le fit pas répéter et aida Severus jusqu'au divan, où il se laissa tomber avec une moue embarrassée. Les yeux brillants de promesses, Hermione se plaça à califourchon sur ses cuisses et reprit le baiser là où ils s'étaient arrêtés.

Peu à peu, Severus oublia son embarras et redevint passionné.

« Tu m'as affreusement manqué aussi, ma belle, » avoua le sorcier à l'oreille d'Hermione avant d'entamer une série de baisers enflammés dans son cou et vers sa clavicule. Cet aveu sonnait de façon alarmante à une demande à laquelle Hermione acquiesça aussitôt dans sa tête. Il avait autant besoin d'elle, qu'elle avait besoin de lui. En particulier puisque le manque qu'ils ressentaient n'avait pas commencé avec la convalescence de Severus à l'hôpital, mais plutôt à la réunion de l'Ordre durant laquelle Severus avait décidé de ne plus la traiter comme sa compagne, mais plutôt comme une élève. Que les quatre fondateurs soient loués, Severus s'en était sorti vivant, sinon jamais Hermione ne se serait pardonné ce froid qu'il y avait eu entre eux deux.

Mais que cela soit dit, deux mois d'abstinence et d'absence étaient affreusement longs!

Ni une ni deux, les mains d'Hermione descendirent le long du torse de l'homme et défit son pantalon. La respiration de Severus devint saccadée et le temps d'une seconde, Hermione se demanda si cela était trop rapide, trop intense pour lui. Mais lorsqu'il réclama sa bouche tel un affamé et qu'il suça sa langue de façon plus qu'érotique, toute pensée rationnelle quitta la Gryffondor. Elle poussa son caleçon hors du chemin et elle entoura sa main autour de lui au même moment où il lui agrippa les fesses sous sa jupe. Ses longs doigts vinrent tirer sa culotte hors du chemin et il grogna son appréciation lorsqu'il la découvrit déjà naturellement lubrifiée.

« Hermione, j'ai besoin de toi, » gémit-il et sans plus attendre, elle s'empala sur son membre. Il renversa sa tête vers l'arrière du divan, exposant son cou pour la toute première fois à son amante.

Hermione hoqueta, horrifiée — comment avait-il pu survivre à ça? — et les yeux noirs de Severus plongèrent dans les siens. Il y eut un court instant, une seconde, ou aucun des deux ne sut comment réagir. Puis, avec une expression réservée qu'Hermione ne lui connaissait pas, Severus remonta une main vers son cou comme pour dissimuler l'affreuse cicatrice aux yeux d'Hermione, qui sentit son cœur se serrer d'amour pour lui.

« Oh, Sev… Tu n'as pas à la cacher. Pas à moi, » dit-elle.

Si elle crut lire dans l'expression de Severus une certaine honte et du dégoût, elle espérait surtout qu'il ne voyait, dans la sienne, aucune pitié. Merlin qu'elle le trouvait beau et courageux, et comme elle était contente qu'il ait survécut.

« Je t'aime, » continua-t-elle simplement, enlaçant ses bras autour de son cou et venant déposer un doux baiser sur sa joue. « Il n'y a rien qui puisse changer ce que je ressens pour toi, et surtout pas tes cicatrices de guerre qui ne font que témoigner de ton courage exceptionnel. Alors, fais-toi à cette idée, Severus Rogue. Je t'aime. » Puis, pour accompagner ses paroles, elle ondula du bassin et l'homme oublia pratiquement ce dont ils parlaient pour apprécier au maximum ce moment tant attendu.

Il enroula ses bras autour de la jeune femme et la laissa pratiquement faire tout le travail. Elle embrassa une fois de plus ses lèvres fines, avant d'aller embrasser sa mâchoire, puis le derrière de son oreille gauche et de descendre, doucement, mais sûrement, vers cet endroit rosi, boursouflé et horrible où deux crocs de serpent avaient tenté de l'arracher à elle. Elle l'embrassa à cet endroit et étonnament, la fragilité de la nouvelle peau en voie de guérison, ainsi que la réalisation de son acceptation, accentua la sensation.

« Ah, uh! » S'exclama l'homme dans un orgasme aussi puissant qu'inattendu. Puis, clignant des yeux, il réalisa que ce n'avait pas été le cas pour Hermione. « Mhm. Je suis désolé, » dit-il plus satisfait que contrit.

Hermione gloussa, amusée, et enfouit son visage dans le cou de son amant, inhalant son odeur si masculine qui lui avait tant manqué. « Tu te reprendras, » dit-elle simplement et Severus sourit en acquiesçant vigoureusement.

« Oh, je t'en fais la promesse, sorcière! »

oOo

Hermione et Severus passèrent le restant de la soirée séparément; elle, avec ses amis dans la tour de Gryffondor; lui, avec Minerva et Albus. Voulant le ménager lorsqu'il était en convalescence à l'hôpital, Albus venait tout juste de lui avouer la problématique liée à son état de santé. Après toutes ces années de guerre et de dévotion, Albus Dumbledore allait mourir, le sortilège que le vieux sorcier avait reçu de la main de Voldemort lui-même agissant tel un compte à rebours fatidique. Severus avait du mal à encaisser la nouvelle, voyant cela comme un échec…

Une fois seul dans ses appartements, assis dans le fauteuil berçant aux côtés de la couchette de son fils, Severus avait veillé des heures durant, ses pensées un mélange de défaitisme et d'espoir. Après cette bataille et tous les sacrifices qu'il avait faits, plus jamais les choses ne seraient comme avant. Voilà qu'il avait enfin la possibilité de vivre, de vraiment vivre sa vie, et son mentor ne serait plus là pour le voir. Un verre de whiskey-pur-feu à la main et le regard fixé sur son petit ange, Severus ne s'endormit pas avant les petites heures du matin.

Quelques étages au-dessus de lui, dans la tour des Gryffondor, dans le lit qu'elle n'avait plus utilisé depuis des mois, Hermione mit également du temps à trouver le sommeil. Elle avait l'impression d'avoir oublié quelque chose... quelque chose d'important.

oOo

Elle était dans un petit cottage au nord d'Édimbourg. Severus, vêtu d'un vieux pantalon noir délavé et d'une chemise blanche aux manches repliées, était agenouillé dans le petit jardin, cueillant quelques herbes pour assaisonner le repas du soir – il était logique qu'un maître des potions fasse un talentueux cuisinier. Ethan et elle raffolaient de sa cuisine toujours goûteuse et bien assaisonnée.

Severus se retourna soudain, comme s'il avait senti sa présence et il la gratifia d'un sourire ravageur. Le cœur d'Hermione s'emballa alors qu'il se releva et vint vers elle.

« Bonsoir, mon amour, » dit-il en embrassant la commissure de ses lèvres et en déposant une main sur le ventre d'Hermione qui, elle le réalisa soudain, était énorme et arrondi. « Comment vont les deux femmes de ma vie? »

Hermione recula d'un pas, subjuguée. « Qu—quoi? » Elle posa une main sur son énorme ventre, assourdie par la soudaine révélation.

Severus, ne semblant pas remarquer l'état de quasi-panique de sa femme, continua : « Les enfants et moi attendions ton retour avec impatience, » lui fit-il savoir.

Hermione cligna des yeux, tentant avec mal de comprendre ses paroles.

Les enfants?

Elle tourna la tête en direction du jardin et y vit Ethan, son petit Ethan, du haut de ses quinze mois, qui lui souriait. Seulement il n'était pas seul! Derrière lui, deux garçons aux cheveux noirs et bouclés, âgés d'environ trois et cinq ans la regardaient avec amour, et, dans une balançoire, une petite demoiselle aux boucles brunes et aux yeux brillants, et qui ne semblait pas avoir plus de six mois, babillait gaiement.

« Uhh, Severus? » La voix d'Hermione craqua.

« Oui, mon amour? » L'homme ne semblait pas ressentir sa panique et se contenta de lui caresser le bas du dos, qui devait sans aucun doute être douloureux, mais dont elle ne sentait pas la douleur, et il lui couvrit le cou de baisers fiévreux.

« Qui sont tous ses enfants? » Sa voix tremblait; elle connaissait la réponse.

Non, une partie plus rationnelle d'elle tentait de raisonner dans son subconscient, leurs âges ne concordent pas! Comment pouvait-elle avoir des enfants plus vieux qu'Ethan, et d'autres (un bébé et une grossesse) qui ne respectaient pas les neuf mois de gestation?

Il devait y avoir une réponse logique, mais Severus se contenta de ricaner doucement, relevant sa tête afin de regarder avec une fierté non feinte sa nombreuse progéniture.

« Mais voyons, mon amour, ce sont les nôtres, » confirma-t-il avec patience et amusement. « Un pour chaque fois qu'on a omis le sort de contraception. »

oOo

Hermione se réveilla en sursaut, un frisson lui parcourant le dos, alors qu'elle réalisait avec horreur que ni elle ni Severus n'avait songé au sort de contraception.

oOo

Hermione entra dans l'infirmerie aux aurores. Elle avait longtemps débattu de ses options. Severus, à n'en pas douter, aurait dû être son premier choix; il aurait facilement été en mesure de lui concocter une potion contraceptive sans alerter qui que ce soit de leurs 'activités', mais pour une raison qu'elle ne pouvait s'expliquer – peut-être à cause de son rêve où il semblait si comblé par leur famille nombreuse – elle n'avait pas le cœur de lui avouer qu'elle ne voulait pas prendre le risque de tomber une nouvelle fois enceinte. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas un autre enfant de lui, parce qu'en toute honnêteté, elle le souhaitait! Mais pas maintenant. Pas tout de suite. Pas à 19 ans.

Mrs. Pomfresh, elle le savait, gardait toujours en réserve ce genre de potion. Celles que l'on pouvait prendre jusqu'à 48 heures après l'acte. Hermione avait d'abord jonglé avec l'idée de demander à Ginny d'aller la chercher pour elle, mais il y avait cette règle à Poudlard qui voulait que l'infirmière de l'école avertisse les parents de tous élèves mineurs demandant cette potion, spécifiquement. Hermione savait que Ginny aurait accepté, néanmoins, Hermione trouvait cela injuste pour la jeune fille, ainsi que pour Harry, de leur imposer la vigilance accrue de Mr. et Mrs. Weasley alors que le jeune couple avait toujours fait parfaitement attention… contrairement à elle.

À son grand soulagement, Mrs. Pomfresh ne lui posa aucune question indiscrète, bien qu'Hermione sentit son regard calculateur sur elle alors qu'elle ingurgitait ladite potion. Plus tard cette journée-là, sur l'heure du dîner, elle remarqua Mrs. Pomfresh qui avait une discrète conversation avec un maître des potions qui semblait plus blême qu'à son habitude.

Hermione mordilla ses lèvres, anxieuse. Qu'arriverait-il si madame Pomfresh ne respectait pas le secret professionnel et que Severus se retrouvait dans le pétrin à cause d'elle? La veille infirmière de l'école les avait vus s'embrasser après la naissance d'Ethan et elle n'avait jamais rien dit ni même commenté, mais cela ne voulait pas forcément dire qu'elle approuvait. Merlin, ce qu'Hermione avait été idiote! Elle aurait dû aller retrouver Severus aussitôt qu'elle s'était souvenue du sort de contraception. Même s'il eut été affolé par l'oubli, ou blessé par le rejet d'Hermione d'avoir un autre enfant, ces deux scénarios étaient mille fois mieux que de le voir avoir des ennuis pour avoir couché avec une de ses élèves. Encore une fois.

Hermione remarqua Mrs. Pomfresh serrer la main de Severus d'un geste réconfortant alors que celui-ci se levait et, aidé de sa canne, quittait la grande salle.

« Hermione, tu es partante? »

« Hum, quoi? » Hermione cligna des yeux et reporta son attention sur ses amis qui rigolaient autour d'elle.

« Party d'adieu, salle sur Demande, ce soir, 20h. Ça te dit? »

La jeune femme força un sourire. « Ouais, c'est une super idée… Excusez-moi— » Elle se leva soudain, souleva son petit Ethan qui grignotait encore un craquelin salé et qui mit des miettes partout sur le col et les épaules de sa mère, puis couru vers les portes de la grande salle sans remarquer les regards stupéfaits de ses amis, ou encore, celui averti d'une certaine infirmière de l'école.

« Severus—Professeur… Severus? » S'exclama Hermione en montant les escaliers vers le troisième étage, derrière le sombre sorcier. « Attends—attendez, s'il-vous-plaît! »

Venant tout juste d'atteindre le palier, Severus Rogue se retourna pour voir la jeune femme le rejoindre dans un état de semi-panique, son discours un mélange de tutoiement et de vouvoiement.

« Miss Granger, » l'accueilli-t-il avec un rictus amusé, regardant autour afin de s'assurer qu'ils étaient seuls. Il redevint sérieux et interrogateur lorsqu'il remarqua l'attitude inhabituellement anxieuse d'Hermione. « Est-ce que ça va? »

Hermione hésita et replaça maladroitement Ethan sur sa hanche. « J'ai vu que tu discutais avec Mrs. Pomfresh tout à l'heure… » Hermione ne termina pas sa phrase, ne sachant pas comment. Elle mordilla ses lèvres.

Severus acquiesça. « Oui, elle m'informait que le Médicomage de Ste-Mangouste viendrait me voir ce soir seulement. »

« Oh! » S'exclama Hermione, soulagée. « Oh, bien sûr, ça a du sens. » Elle lui offrit un sourire tremblant. « Donc elle ne t'a pas parlé de moi? »

Severus leva un sourcil. « De toi? Non. »

Hermione acquiesça et regarda Ethan avec un regard affectueux. Deux élèves de Serdaigle les dépassèrent, faisant réaliser au couple qu'ils étaient en train d'avoir une conversation en apparence délicate – cela faisait un moment qu'Hermione n'avait pas agi de façon si nerveuse devant lui – en plein milieu des couloirs de Poudlard alors que le repas dans la grande salle prenait fin.

Severus saisit donc le coude de la jeune sorcière et dirigea mère et enfant dans la salle de classe la plus proche d'eux, fermant doucement la porte. Puis, d'un mouvement de baguette, il fit apparaître une balançoire pour bébé en bois et en tissu, en apparence suspendue par deux cordes tombantes du haut-plafond. Il prit Ethan des bras d'Hermione et, jonglant baguette, canne et bébé, entreprit de l'installer dedans.

Hermione le regarda faire, silencieuse. Elle regarda autour et découvrir qu'ils se trouvaient dans la classe de Charmes du professeur Flitwick.

« Éclaire-moi, » demanda Severus en poussant doucement Ethan qui émit un rire de joie, « pourquoi Poppy m'aurait-elle parlé de toi? »

Hermione plongea ses yeux marron dans ceux noir charbon et sans jugement de son amant, réalisant qu'elle lui devait la vérité. Ils étaient une équipe; ne l'avait-elle pas sermonnée il y a un mois par rapport à cela? Prenant une grande respiration, elle se lança.

« Je suis allée la voir ce matin pour une potion de contraception. Je sais que le moment était plutôt suspect avec ton récent retour, mais je ne voulais prendre aucun risque, parce qu'hier on a oublié, tous les deux, et avec le déménagement cet été, et mon entrée à l'université en septembre prochain, ce n'est pas que je ne veux pas d'autre enfant de toi, Sev, à dire vrai j'aimerais bien qu'Ethan ne soit pas enfant unique comme je l'ai été » -elle lança un regard attendri à leur fils- « mais je préférerais attendre quelques années et bien qu'il y ait très peu de chance que je sois enceinte après notre relation d'hier, j'ai cru bon de ne prendre aucun risque et j'ai été complètement idiote d'aller voir Mrs. Pomfresh au lieu de venir te voir, mais j'ignorais comment tu allais réagir et voilà quoi, j'ai l'impression que Mrs. Pomfresh se doute de quelque chose. »

Hermione se tut enfin et regarda son amant. Severus n'avait pas bronché depuis le début de son petit monologue répétitif, assis sur un coin de pupitre. Ses yeux étaient un tantinet plus écarquillés que d'habitude et ses lèvres étaient entrouvertes, comme s'il était dans un état de choc complètement charmant, pensa Hermione qui ne put retenir un gloussement.

Le son défigea Severus qui ferma les yeux tout en passant une main dans son visage, frottant ses yeux de son pouce et index. « Merlin, Hermione, » souffla-t-il, contrit. « Je suis tellement désolé. »

La réplique fit sursauter Hermione. « Quoi? Non! Non, Sev, c'est moi qui ai été idiote… »

Il se leva et la fit taire d'une étreinte. « Nous avons tous les deux été idiots, » dit-il dans ses cheveux. « Néanmoins, j'aurais dû être là pour toi ce matin. »

Hermione secoua la tête. Ce n'est pas comme si elle avait subi une fin de grossesse ou quoique ce soit de ce genre; pour elle, la potion était un substitut au sort de contraception, une décision responsable, tout simplement.

« Ce n'est pas grave, » dit-elle dans son torse avant de se reculer et de lever son visage vers celui du sorcier. « Mais je m'en veux d'avoir alerté Mrs. Pomfresh quant à notre relation. »

Severus eut un rictus amusé. « Je ne m'en ferai pas trop avec ça si j'étais toi; Poppy a des doutes depuis des mois. »

Hermione rougit. « Oh. »

« Elle ne dira rien, » assura Severus en replaçant une mèche de cheveux derrière l'oreille d'Hermione.

Il se pencha et déposa un chaste baiser à la commissure de ses lèvres. « Quant à la possibilité d'un autre enfant, je suis d'accord avec toi, » murmura-t-il de sa voix grave et envoûtante. Hermione en ressentit des papillons dans son ventre. « Cet enfant sera voulu, intelligemment planifié. Dans un monde parfait, ce sera après avoir emménagé, après que tu aies terminé tes études universitaires, et, si tu le veux bien, après que j'ai fait de toi ma femme. »

Hermione eut un hoquet et se recula les yeux agrandis par la surprise. Severus, lui, affichait un sourire en coin, les yeux brillants, bien conscient de ce qu'il venait de provoquer en elle.

Hermione croisa les bras.

« Severus Rogue, est-ce que tu viendrais de me demander en mariage? »

Le sorcier ricana. « Oh, non. Pas du tout, » dit-il d'une voix amusée, puis, devant l'expression un peu déconfite de la jeune femme, il se reprit, encerclant ses petites mains de ses longs doigts. « Crois-moi, ma belle, quand je te ferai la demande, tu n'auras pas à t'interroger si c'est bien cela que je suis en train de faire. »

Hermione rigola, comprenant ce qu'il voulait dire : il ne lui ferait pas la grande demande dans une salle de classe vide de Poudlard après une conversation de corridors. Néanmoins, la jeune sorcière se sentait heureuse comme elle ne l'avait pas été depuis des semaines.

« Oh, mon amour, » murmura-t-elle, osant le nom doux que Severus lui avait donné dans son rêve. Elle se suréleva sur la pointe de ses pieds et enlaça le cou de l'homme, l'embrassant longuement avant de se reculer et de lui dire, « et quand tu poseras la question, j'espère qu'il n'y aura aucun doute en toi concernant ma réponse. »

Le sourire de Severus s'élargit.


À suivre…